• Aujourd'hui, nous recevons Sabine H, qui nous explique comment son parcours de femme vers la liberté l'a amenée à passer du catholicisme au protestantisme. Il s'agit d'une démarche très personnelle, mais elle est intéressante.

     

    En Juillet 2010, Sabine H publie un manifeste intitulé « Pourquoi je vais quitter l’Eglise catholique romaine », suite au « Motu Proprio » de Benoit XVI,  proclamé le même mois.

    Ce texte a été le déclencheur d’une démarche qu’elle portait en elle depuis quelques années, « goutte d’eau qui a fait déborder le vase catholique romain » dans lequel elle baignait depuis plus d’un demi-siècle….

    Que contenait donc le vase, qui le mettait au bord du basculement ?

    La condamnation de la théologie de la libération, la remise au pas des prêtres ouvriers, la taxation de « relativisme » de certains champs de recherche, la volonté de déclarer « infaillible » la position du catholicisme en matière de mœurs, et la mise au ban des divorcés-remariés, et enfin l’écartement récent des petites filles du service de la messe.

    Le Motu Proprio a été le « trop ».

    Pourtant engagée dans son Eglise et sa paroisse du Sud de la France ( entre autres service celui des funérailles) Sabine a demandé à rejoindre l’Eglise Réformée. Pour vivre sa foi, elle affirme avoir besoin d’une communauté.

    A l’heure actuelle, elle fait partie du conseil presbytéral de l’Eglise Protestante Unie de France ( L’Eglise réformée et l’Eglise luthérienne viennent de s’unir)

     

    En substance, le « Motu Proprio » énonçait les « délits les plus graves » relevant de la Congrégation pour la doctrine de la Foi (

    Parmi ces délits, principal sujet de réglementation, les actes pédophiles. C’est un bien, et il faut savoir gré à l’ancien Souverain Pontife de sa volonté d’éradiquer la pédophilie au sein du clergé. MAIS AUSSI, était citée l’ordination des femmes, ou la tentative d’ordination d’une femme, qualifiée « d’atteinte à l’ordre sacré », tant de la part du donneur que de la receveuse.

    Et c’est là, pour Sabine, que le bât blesse, là que réside sa critique principale :

    La Bonne Nouvelle peut elle être réduite à l’ordre sacré ? demande-t-elle.

    Certes non !

    « Toute religion « païenne » a son sacré, sa caste d’hommes au pouvoir, ses rituels et ses sacrifices…..et une masse de « fidèles » qui ont obligation d’obéissance, et tremblent devant les châtiments annoncés de leurs fautes » explique Sabine dans son manifeste…

    « Or voici que le Fils d’un Dieu plein de tendresse vient proclamer « le shabbat est fait pour les humains ; et non les humains pour le shabbat » Toute sa vie publique, Jésus a lutté contre l’absolutisme des lois prises à la lettre et non dans un sens de vie ; l’emprise même de la famille ou des rites est recadrée  -« laissez les morts enterrer les morts »-.

    « Cet appel à l’ordre sacré pour excommunier toute personne ayant idée d’une prêtrise pour les femmes est pour moi le sujet d’une indignation profonde. C’est oublier que Jésus ressuscité est apparu en premier à Marie Madeleine, lui conférant le rôle de témoin et d’apôtre (« vas dire aux frères ») … Selon St Luc, les femmes ont été nombreuses à suivre Jésus ; et les plus présentes à la Croix, à l’ensevelissement, et au matin même de la Résurrection.

    Jésus n’a JAMAIS discriminé les femmes, louant même leur foi. »

     

    Quelle a été la conséquence pour Sabine de son passage à l’Eglise Protestante Unie de France ?

    « Maintenant, je suis libre » dit-elle « je ne suis plus responsable des positions du Pape (en tous les cas je ne les cautionne plus par ma présence dans l’Eglise catholique).

     Je crois que Dieu par le baptême m’a rendue libre, et je veux lui rendre hommage dans cette liberté là ! »

     

    Qu’a trouvé Sabine chez les protestants ?

    -La notion de « sacerdoce universel » : si le pasteur est absent, la communauté désigne un laïc (formé), et le culte est assuré ;

    -Une meilleure écoute des femmes : elles peuvent être pasteures depuis les années 50, et il existe un véritable essai de répartition des responsabilités hommes/ femmes.

    Néanmoins, s’il y a presque égalité numérique, l’égalité des fonctions n’est pas toujours atteinte, les hommes étant majoritairement dans des fonctions de pouvoir.

    Mais l’homélie de Madame la pasteure est accueillie avec autant de respect et d’attention que celle de son collègue masculin ;

    -la notion que la Vérité reste à trouver pour chacun dans la lecture de la Bible.

    -Chacun-e est justifié-e par la grâce, et non par les œuvres …

     

    Du nouveau Pape catholique, elle salue la simplicité, qui ouvre une brèche dans « l’ordre sacré », et elle espère un travail fructueux sur l’œcuménisme.

     

    Remercions Sabine pour le courage et la clarté de ses positions, et souhaitons lui, en cette période de Pâques, un cheminement dans la Foi que nous partageons avec elle…..et avec vous toutes, quel que soit le lieu spirituel où vous êtes croyantes !

     

    Michelle.C. Drouault

     

     


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  • Âgée de 8 ans, Naama M..s’en allait à l’école, dans une petite commune à l’ouest de Jérusalem, lorsqu’elle a été prise à partie et insultée par des ultra-orthodoxes juifs, sous le prétexte qu’elle n’était pas habillée « modestement », c’est à dire qu’elle n’avait pas les bras et les jambes intégralement couverts. C’était en Janvier 2012.

    Cet incident a été un des déclencheurs des manifestations qui ont eu lieu voici un an à Beith Semesh, en Israël, contre les diktats des « zélotes » qui avaient commencé d’instaurer une ségrégation de sexe dans les autobus(les femmes étant reléguées à l’arrière), et veulent qu’il en soit de même dans la rue ! Ils avaient aussi proscrit toutes les annonces ou publicités montrant des images de femmes, ne fut ce qu’un visage, interdisant l’espace public aux femmes jusque dans leur représentation.

    Les manifestations ont réuni plus de trois mille personnes, y compris des pratiquants orthodoxes qui s’estimaient discrédités par des opérations dignes des talibans.

    Le gouvernement Israélien a vigoureusement condamné ces pratiques discriminatoires.

     

    Si certains ont fait allusion aux tristement célèbres talibans, l’obsession de « modestie » des tenues vestimentaires des femmes avait aussi gagné quelques popes russes fondamentalistes, comme nous l’avions mentionné sur un autre site.

    Ce chorus hétérogène de religieux vise à déresponsabiliser totalement les hommes de leurs actes, en faisant porter le poids de leurs désirs, bons et mauvais, aux seules femmes.

    En supprimant les femmes, on supprimerait les mauvaises pulsions des hommes…

    Ce raisonnement est le même que celui qui conduit aux enquêtes sur les « mœurs » des victimes de viol en Occident, et sous-tendent toujours le même axiome : impures, les femmes conduiraient les hommes au péché ou à la faute.

    Cependant, ce qui nous a paru le plus grave est la discrimination supplémentaire qui s’établit entre les enfants : une fillette n’est pas une enfant comme les autres, elle est une femme en devenir, et à ce titre soupçonnée d’être mauvaise, et ne méritant pas la protection accordée à n’importe quel enfant-être vulnérable dans toutes les sociétés.

    Car enfin, qu’est ce qui peut pousser des hommes adultes à malmener une fillette, sinon une peur irraisonnée du Mal qu’elle est censée incarner, puisqu’une enfant de cet âge est en général habillée par sa mère ?

    Si le traumatisme subi par Naama continue de me préoccuper, c’est que je pense que toutes les discriminations envers les fillettes ont les mêmes racines, même si elles sont inavouées ou inconscientes, ou encore justifiées par de soi-disant louables intentions.

    Les petites servantes d’autel du rite catholique, écartées ou déguisées et reléguées, ne sont pas si loin de la fillette d’Israël. Il y a seulement des degrés dans les brûlures qu’on leur inflige.

    Atteinte au troisième degré, Naama mettra du temps à se remettre. Les manifestations qu’elle aura vues la réconforteront peut être. Effleurées au premier degré, les jeunes catholiques françaises éprouveront le même sentiment diffus : être considérées comme mauvaises ou dangereuses pour ce qu’elles sont.

    Récemment, début 2013, certains fondamentalistes ont suggéré que les petites filles devraient être couvertes dés trois ans…..*

    Le 1er Décembre 1955 en Alabama, Rosa Parks refusait de céder sa place à un blanc, et d’aller s’asseoir à l’arrière d’un autobus, espace réservé aux « personnes de couleur ».

    Arrêtée, elle déclenchait  l’immense vague du Mouvement pour les Droits Civiques.

    Espérons que les mouvements de protestation contre ces régressions insupportables servent de locomotive à un grand mouvement de prise de conscience de la dignité de tous les êtres humains sans distinction de sexe de race ou d’ethnie, qui amène davantage de paix.

    Michelle.C.Drouault 

    * Pour suivre : une érudite juive conteste les règles édictées par des religieux sur l’habillement des fillettes et des femmes, et interroge leur cohérence :

     

    http://www.modernorthodox.fr/article-rabbanim-cessez-de-vous-occuper-de-mon-corps-par-la-rabbanite-ayelet-livazone-113974027.html

     


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  • Pour les femmes chrétiennes, un « Conclave des femmes », parallèle au Conclave du Vatican pour élire un nouveau Pape, se réunira aujourd’hui 9 Mars à Paris.

    Beaucoup de femmes catholiques estiment en effet que le conclave du Vatican qui débutera le 12 Mars, ne réunit que « la moitié du Ciel », et qu’elles en sont l’autre moitié, jamais consultée. Elles veulent manifester qu’elles ont des choses à dire sur elles mêmes, et sur le chemin que peut prendre l’Eglise pour faire progresser toute l’humanité.

    Elles seront 72 femmes à siéger, comme les 72 disciples envoyés par Jésus en mission.

    L’Eglise doit inclure la voix des femmes, ces femmes sans qui elle péricliterait !

     

    Pour les femmes musulmanes, (et leurs sœurs coptes) ce combat : les femmes Egyptiennes ont décidé de lutter activement contre l’impunité dont bénéficient encore et toujours les auteurs d’agressions sexuelles, quel que soit le régime politique.

    En ce moment, les agressions menées contre des femmes manifestantes dans le secteur de la place Tahrir, sont incessantes.

    Les procédés sont malheureusement les mêmes que lors des manifestations contre le régime de Moubarak l’an dernier : un groupe d’hommes armés isole une femme des autres manifestants, la bouscule, et l’agresse sexuellement, ou tente de la déshabiller.

    Les hommes qui  essayent de défendre leurs compagnes ou leurs sœurs sont eux mêmes violemment agressés physiquement.

    Deux associations de défense des droits humains en Egypte : « Shoft Taharosh » (témoins de harcèlement) et « Opération Anti Sexual Harassment », sont intervenues auprès des pouvoirs publics. Elles exigent que soient menées des enquêtes approfondies pour déterminer qui sont les auteurs de ces agressions, et les traduire en justice.

    « Je ne me tairai pas »  a affirmé une militante, « Toutes les femmes d’Egypte doivent se réveiller ».

     

    Pour les femmes juives : chaque mois, depuis longtemps, les « Femmes du Mur » se rassemblent à Jérusalem devant le Mur des Lamentations, pour réclamer le droit de venir y prier dans les mêmes conditions que les hommes. Seule une minuscule part du Mur est actuellement réservée aux femmes, et elles ne peuvent prier qu’à voix basse (prétexte invoqué : la voix des femmes pourrait troubler les hommes dans leur prière !)

    Les « femmes du Mur » récitent à voix haute la Torah, et quelques unes portent un châle de prière ordinairement réservé aux hommes.

    Régulièrement, ces manifestantes sont arrêtées et interrogées par la police.

    Mais cette année en particulier, en février, la manifestation a été très importante.

    Y ont participé d’anciennes militaires de l’armée d’Israël, ainsi qu’une rabbin, madame le rabbin Susan Silvermann.

    Ces femmes en ont appelé à la Cour Suprême d’Israël. Il y va de leur dignité. Elles ne se laisseront pas faire !

     

    Partout, les femmes réclament de ne plus être exclues, reléguées, utilisées.

    Partout aussi, les femmes sont solidaires des exclus, et risquent leur liberté et leur vie pour les défendre : au Cambodge, depuis de longs mois, elles luttent contre les expulsions forcées et pour le droit au logement, ainsi qu’au Nigéria.

    Au Cambodge, deux militantes du droit au Logement ont été interpellées.

    Femmes, nous sommes courageuses et déterminées, femmes nous méritons le respect !

     

    Michelle.C. Drouault

     


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  • Heureux 8 mars

    à toutes

    et partout dans le monde

    Michelle Colmard-Drouault

    Michèle Jeunet

     


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