• Samedi 24 Novembre 2018 a eu lieu dans toute la France une grande manifestation contre les violences faites aux femmes, intitulée « NOUS TOUTES ».

     

    Les violences faites aux femmes et aux filles sont hélas universelles, nous le voyons tous les jours.

    Cependant , la plus grande et la plus odieuse consiste en une élimination précoce des fœtus féminins, ou des petites filles à la naissance, dans un véritable processus d’ »épuration sexiste ».

    Ces pratiques sont majoritaires en Asie. En Chine, la politique de « l’enfant unique » à présent abandonnée, a conduit pendant des années les couples, tenaillés par le désir d’avoir un garçon, à demander des avortements de fœtus féminins. En Inde, dans les zones urbaines où les échographies sont usuelles dans la surveillance des grossesses, les avortements de fœtus féminins sont monnaie courante.

    A tel point que certaines régions ont interdit aux médecins de divulguer cette information aux futurs parents. Sans grand succès : les cabinets privés, non soumis à cette réglementation, sont légion…

    Mais c’est au Radhjastan qu’une pratique atroce perdure, sous le prétexte d’une « tradition » ancestrale ré-affirmée sans états d’âme par les « sages » des villages : l’étouffement des bébés filles à la naissance. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une négation de l’humanité des filles.

    Lorsque la mère refuse de s’en charger elle-même, c’est la belle-mère qui prend l’enfant et l’enterre vivante dans le sable… Plusieurs reportages, dont un récent sur ARTE, ont montré des mères dévastées, et rongées par le chagrin et le remords de ce qu’on les avait contraintes à faire ou à accepter.

    Quelques femmes courageuses résistent. L’une d’elles, épaulée par son mari, a réussi non seulement à garder sa propre fille en vie et prés d’elle, mais aussi à « rescaper » une ou deux filles de son village, qui de surcroît vont à l’école. Une jeune fille portant ainsi le « complexe de la survivante » est filmée entourée de garçons : les enfants sont tous des garçons dans ces villages. Où rencontrent ils plus tard des épouses pour fonder une famille ? le reportage ne le dit pas.

    Ne même pas reconnaître à des personnes le droit de vivre pour ce qu’elles sont, est le summum de la barbarie.

    Redisons tout de suite que cette élimination n’a aucun lien avec la religion. Le bouddhisme, l’hindouisme et l’Islam les condamnent également. Et pour les pouvoirs civils, ce sont légalement des crimes. Mais ils ne sont jamais dénoncés. Une omerta tacite scelle les lèvres. Et les femmes qui se risqueraient à appeler la police seraient elles mêmes en danger de mort : une des mères interviewées a du se réfugier chez une amie par peur de représailles de son époux pour « avoir parlé ». Ceux qui s’obstinent à perpétuer cette « tradition » savent donc très bien qu’ils agissent mal. Pourtant, ils continuent…

     

    Au Yémen, en sus du conflit qui provoque misère et famine, ce sont les mariages de fillettes qui sont préoccupants, et connaissent un pic inquiétant.

    Selon l’UNICEF, 52% des filles yéménites sont mariées avant 18 ans, dont 14% avant 15 ans.

    Certaines n’ont que 10 ou 12 ans.

    En 2017, 250 filles ont été mariées de force. 120 ont été hospitalisées dans les premières semaines de leur mariage, et 12 n’ont pas survécu à leur nuit de noces. 6 se sont suicidées.

     Par la suite  de nombreuses jeunes femmes sont mortes de complications dues à des grossesses précoces et à l’accouchement.

    Mais en ce moment , des ONG expliquent que la famine et le désespoir poussent de nombreuses familles à « vendre » leurs filles, mêmes pré-pubères, aux pays voisins pour pouvoir nourrir leurs frères et sœurs.

    Les pays  qui vendent des armes à ceux qui bombardent les civils yéménites, les hôpitaux et les points de ravitaillement , peuvent être considérés co-responsables  de ces crimes.

    Mourir de faim ou être vendue, voici l’alternative pour les filles yéménites.

     

    Et en France ?

    En France, on a déploré 130 féminicides (femmes tuées par leur compagnon ou ex-conjoint ou partenaire) en 2017.

    Une femme meurt tous les 3 jours sous les coups d’un homme qu’elle connaît.

    A cela se sont ajoutés 25 enfants tués dans un contexte de séparation, dont 16 avec leur mère.

    La période de séparation est la plus à haut risque pour une femme ET ses enfants.

    225 000 femmes ont été victimes de viol ou de tentative de viol, mais le nombre de condamnations pour ce crime est paradoxalement en baisse.

    Les viols sur mineures ont été particulièrement pointés du doigt par les manifestantes : la France est un des seuls pays européens à ne pas avoir de véritable seuil d’âge en dessous duquel le consentement est juridiquement impossible. Il varie entre 12 ans à 16 ans dans les autres pays d’Europe.

    Les procès dans lesquels la justice recherchait le consentement/non consentement de fillettes de 11 ans agressées par des hommes de deux à trois fois leur âge ont défrayé la chronique.

    Car ici le non-consentement d’une enfant n’est avéré qu’en dessous de 5 ans !!

    Un de ces jugements a heureusement été révisé. Mais la récente loi sur les agressions sexistes et sexuelles n’a toujours pas déterminé ce seuil irréfragable.

    Les réticences des députés et des magistrats demeurent inexplicables.

     

    Par ailleurs, l’écart de salaires entre les hommes et les femmes stagne à 20% et jamais le harcèlement sexuel ou moral au travail n’a été si fréquent.

    Posons nous la question : les femmes de notre pays se sentent elles en sécurité dans leur vie de citoyenne, de travailleuse, de compagne et de mère ?

    Il semble bien que non….

     

    « NOUS TOUTES » , ce sont les femmes du monde. Toutes solidaires, toutes debout.

    Partout en ce monde , les femmes peinent à trouver leur autonomie : 41 pays ne reconnaissent comme chef de famille qu’un homme ; 27 gardent intégré dans la loi le fait qu’une femme doive obéissance à son mari ; 24 exigent encore la permission d’un homme (époux, père) pour qu’une femme exerce un emploi.

    Du travail en perspective.

     

     

    Michelle .C. DROUAULT

     


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