• La traite des corps.

     La quatrième mystification moderne de la domination masculine concerne le corps des femmes : il s’agit de démontrer que la prostitution est une « liberté » inaliénable.

    Or, l’éradication de la prostitution ne concerne pas la liberté de disposer de son propre corps (dont les hommes jouissent déjà) mais le fait de LIMITER LA LIBERTÉ DE DISPOSER DU CORPS D’AUTRUI.  Ce qui est différent.

    En fait, les hommes en tant que classe veulent simplement continuer à disposer du corps des femmes, et d’une minorité de personnes transgenres et d’hommes.

    Leurs grandes envolées lyriques sur « le domaine privé » que constitue la sexualité tarifée ne parvient pas à masquer la réalité de la réification des corps : les femmes prostituées étaient d’ailleurs jadis appelées « filles publiques » (qui appartiennent à tout le monde), ce qui démolit immédiatement ce type d’arguments.

    La terminologie ronflante de « sexe entre adultes consentants et autonomes » ne reflète que l’autonomie et le consentement unilatéral d’une moitié des parties à se procurer un corps disponible : les consommateurs des corps mis sur le marché.

    La prostitution est MONDIALEMENT RECONNUE COMME UNE VIOLENCE FAITE AUX FEMMES, car elle concerne 90% de femmes ; les 10% restant étant des hommes ou des transgenres.

    Contrairement à certaines allégations et divagations médiatiques, il n’existe pas de « bordels pour hommes et femmes », mais seulement des bordels à l’usage des hommes ; la pratique des escort boys étant marginale.

    A quoi consent donc une personne prostituée ? Peut-on parler de consentement pour les 85% de femmes, parfois mineures, en provenance de Roumanie, de Bulgarie, ou d’Ukraine, qui sont tombées dans le piège des réseaux maffieux ?

    Depuis une quinzaine d’années, le personnage de la « pute au grand  cœur » bien française (mais à la merci de son souteneur) n’est plus qu’une légende de cinéma.

    Il s’agit de jeunes filles ou femmes sans emploi à l’Est, à qui on a promis « un bon travail » en France ou dans un autre pays d’Europe, sans leur préciser lequel.

    Ceux qui réclament que la prostitution soit « un métier comme un autre », comme en Allemagne, ignorent que seules 1% des prostituées y ont un « contrat de travail », que 60 à 65% d ‘entre elles viennent de Bulgarie et de Roumanie ; par ailleurs le chef de la police a dénoncé « une explosion du trafic humain » en provenance des pays de l’Est.

    Plus courageuse et réaliste que nous, la Grande Bretagne a présenté plusieurs séries télévisées extrêmement bien documentées sur ces trafics d’êtres humains, qui expliquent de manière remarquable comment ils fonctionnent.

    Et 200 associations européennes de soutien aux droits des femmes ont publié à Bruxelles un appel intitulé « Ensemble, pour une Europe libérée de la prostitution ».

    Mais en France, qu’importe les documentaires, les révélations les plus crues sur l’horreur de la traite des corps, et les meurtres que risquent les « désobéissantes » qui veulent s’y soustraire ! Une minorité d’hommes des classes aisées (il faut avoir les moyens de payer, « louer » une femme coûte dans les 700 euros, d’après certains témoignages) clame son refus forcené de la pénalisation des clients prévue par la loi, et s’en prend à une ministre qui a le tort d’être jeune, pugnace, et maintient son projet de loi !

    Le collectif « Abolition 2012 »*1, formé de 55 associations, l’a soutenue ; mais ce sont les artistes et personnalités médiatiques masculines que l’on entend le plus, qui invectivent les féministes et leur « puritanisme », et tiennent des propos qui ne démontrent que leur égoïsme et leur ignorance.

    Pendant que nous écrivions cet article, un summum de grotesque a été atteint avec un « manifeste » de 343 hommes* 2 (qui ne seraient que 19 ??), dont des personnalités diverses du monde du show bizz : ces messieurs crient à la censure, et « refusent que les députés édictent des normes sur (leurs) désirs et (leurs) plaisirs ». Les mots « droit » et liberté », sont supposés avoir les vertus magiques qui les feront considérer comme victimes potentielles, ….

    Centré essentiellement sur le point de vue du client, le texte ne se penche sur la situation des prostitué-e-s que pour revendiquer « le droit pour tout un chacun de vendre librement ses charmes », « et même d’aimer ça » (!)

    La supercherie est à son comble ; et elle est dangereuse. Ce texte insinue que les femmes (et certains hommes) aiment être maltraité-e-s ; et va dans le sens des justifications récentes de jeunes auteurs de viols qui avaient littéralement martyrisé une jeune fille : « elle aimait ça » !

     

    Dans le collectif « Abolition », figurent le Mouvement « Le Nid » et l’ « Amicale du Nid », qui s’occupent de la santé et de la réinsertion des personnes prostituées, et vont à leur rencontre pour tenter d’améliorer leurs conditions de vie.

    La revue « Prostitutions et Société » recueille et publie des témoignages de personnes rescapées de la prostitution. (Des extraits sont lisibles en ligne)

    Or, ces témoignages démontrent que  lorsque les femmes ne sont pas victimes de réseaux mafieux de traite des êtres humains, elles sont acculées à la prostitution par le chômage, les dettes, la misère ; et un profond sentiment de dévalorisation d’elles-mêmes, venu la plus part du temps d’un contexte d’abus sexuels ou de maltraitance dans l’enfance.

    On dit que beaucoup de personnes prostituées sont alcooliques ou droguées ; elles expliquent que pour « tenir », il faut prendre des substances qui vous aident à supporter plusieurs viols quotidiens. Car tout rapport non désiré est un viol.

    Les victimes de réseaux décrivent des coups, des sévices, des menaces, des tortures, de la part des proxénètes. Elles se vivent comme détruites.

    Les autres racontent que le client « paye et estime avoir droit de tout faire », même des violences extrêmes. Beaucoup d’entre eux insistent pour avoir des relations sans préservatif.

    Les termes qui reviennent sont « sodomie, fellation forcée, rapports non protégés ».

    Nul-le ne saurait se soumettre à de tels traitements, (où l’on peut risquer sa santé et sa vie) par plaisir. La plus part des hommes anti-abolitionnistes qui fanfaronnent seraient incapables de supporter fut-ce une seule heure ce qu’endurent les prostituées dans leur corps. La sexualité dont ils parlent est la leur. Ils ne veulent rien savoir de la souffrance de celles qu’ils utilisent. L’imagerie « glamour » et libertine de la prostitution qu’ils évoquent n’existe pas.

    L’expression romantique d’ « arts du lit » , couplée aux « arts de la table » d’un chanteur dont on a passé le refrain en boucle sur les ondes, ne peut suffire à cacher le sordide de la prostitution.

     En fait de puritanisme, il s’agit seulement de faire respecter la dignité humaine…

     

    Ce qui nous a frappées, c’est la corrélation  entre l’attitude des pères qui nient la souffrance des enfants qu’ils contraignent à une résidence alternée, et le négationnisme des utilisateurs de prostituées, le tout au nom de « leur droit ». La réponse de ces hommes est la même, qu’elle soit faite à un pédiatre ou psychologue inquiet ou à une association de femmes : « c’est mon droit », et les autres doivent s’en accommoder, quel que soit le prix à payer.

    La récupération maladroite d’un vocabulaire de gauche ne peut dissimuler les faits :

    S’il ne s’agit pas d’un retour au patriarcat, c’est à dire à la suprématie des droits des individus de sexe mâle, qu’est ce que c’est ?

     

    Résumons nous : les hommes français veulent des femmes visibles, disponibles, qui ne peuvent cacher leur corps ; des femmes sous contrôle qui ne peuvent avoir d’enfants sans qu’ils ne soient la « possession » d’un homme ; des corps à acheter pour assouvir quand et où bon leur semble des pulsions sexuelles indicibles *3

     

    Sachons décoder ce qu’il y a sous le vocabulaire « progressiste » et libérateur » de dominateurs masqués, furieux de voir le pouvoir leur échapper.

    Car le virus mute, et s’adapte….

     

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

    Notes :

    *1- Entre autres : Amicale du Nid, Mouvement du Nid, Femmes Solidaires, Solidarité Femmes, Collectif Féministe contre le Viol, Choisir la cause des femmes, GAMS (groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles), Planning Familial, Chiennes de Garde….

    Osez le Féminisme, et beaucoup d’autres…

     

    *2- Le STRASS( Syndicat des travailleurs du sexe), qui est contre la pénalisation des clients, s’est totalement désolidarisé de cet appel, qui occulte le point de vue des prostitué-e-s.

    « Il y a quelque chose d’absurde à entendre des clients parler de leur droit » a déclaré leur dirigeante

     

    *3- D’après les personnes prostituées, 80 à 90% des hommes sont mariés, et beaucoup pères de famille. Ils décrivent une situation conjugale où ils ne peuvent satisfaire leurs fantasmes avec leur épouse….

     

    Lire aussi :

    http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Le-coin-de-la-cantiniere/Prostitution-et-solidarite-masculine/Default-55-2644.xhtml

     

     


    votre commentaire
  • L’aggiornamento du patriarcat.

    Le but recherché par la domination masculine est simple : reprendre le contrôle des femmes, qui sont autonomes financièrement, refusent souvent le mariage, et ont davantage de droits.

    La première étape était donc d’assimiler l’union libre au mariage ( c’est à dire de » marier tout le monde », notait avec ironie une sociologue), et de promulguer des lois qui soumettaient les compagnes non mariées aux mêmes obligations judiciaires que les ex-conjointes.

    La couverture étant toujours l’intérêt de l’enfant.

     Les hommes en tant que classe ont peu à peu obtenu un maximum de droits avec un minimum d’obligations : le mariage oblige à une contribution financière aux charges, un partage minimal des biens, et une obligation de fidélité. Ce dont ils se dispensent sans problème. En effet, les différentes dispositions législatives successives ont permis une situation de contrôle absolu sur toutes les femmes, quel que soit leur état civil, du moment qu’elles sont mères, en même temps qu’un désengagement progressif des hommes de la charge pécuniaire effective de leur progéniture. Le chiffre des pensions alimentaires non versées est passé de 30% en 2000, à 40% en 2013.

    En sont certainement en partie responsables les demandes de résidence alternée pour de mauvaises raisons. Cependant, un nombre non négligeable de pères (et quelques mères), part sans laisser d’adresse, se rend insolvable, ou…est réellement en grande difficulté sociale.

    Or, ces trois cas de figure sont totalement occultés par les mouvements « de pères ».

    Les deux premiers parce qu’ils ne donnent pas une image  positive et inaltérable de la paternité ; le dernier parce qu’il soulève des problèmes sociaux que les pères bourgeois de ces mouvements n’ont pas envie d’aborder, même si ils les exploitent parfois pour se faire de la publicité.

    En effet, certains « pères perchés » semblent être de condition modeste, et sujets à des problèmes sociaux considérables (chômage, errance, troubles psychiques, violence) qui ont en  général motivé les jugements qui les ont éloignés de leurs enfants. Et comme nous l’avons souligné, il en faut beaucoup pour qu’un magistrat français interdise à un parent de voir son enfant.

    Mais la possibilité de la résidence alternée a ouvert une boîte de Pandore : des hommes perturbés par le cocktail explosif chômage/divorce/précarité/dépression,*1 s’accrochent à cette idée comme à une bouée de sauvetage, et ajoutent à leur colère (légitime) contre la société le sentiment d’être « lésé » de quelque chose de supplémentaire, la garde de leur enfant.

    Ce qui ne fait qu’ajouter à leurs souffrances.  Au lieu de les aider à se soigner, retrouver un emploi ou /et un logement, conditions préalables à des rapports apaisés avec leur enfant, les mouvements de pères les maintiennent dans cette revendication, et dans la désespérance, les utilisant comme étendards.

    Comme bien souvent dans l’Histoire, le prolétariat est instrumentalisé par la bourgeoisie pour parvenir à récupérer un pouvoir.

     

    Une autre catégorie passée pudiquement sous silence, et glissée dans la rubrique « faits divers » ou « drames familiaux », est celle des pères qui tuent leurs enfants et/ou leur ex compagne parce qu’ils ne supportent pas la séparation.

    Ces drames  ne sont pas analysés pour ce qu’ils sont, simplement parce que le faire mettrait en lumière que les hommes (en tant que classe) se croient encore le droit de vie et de mort sur les femmes et les enfants, et leur dénient toute altérité, et toute existence propre.

    S’ils leur échappent, ils et elles doivent être châtiés.

    On objectera que parfois, les meurtriers se suicident ensuite. Certes. Mais cela n’enlève rien à leur refus d’altérité : éternels satellites, femme et enfants doivent les suivre dans la mort, et ne sont pas dignes de vivre sans eux. Par ailleurs, les moyens qu’ils emploient pour leur suicide sont souvent moins efficaces, et peuvent, dans les cas où ils sauvent leur vie, permettre de douter de leur réelle volonté de se supprimer. Ces hommes sont ils des malades mentaux ?

    Je ne suis pas qualifiée pour répondre à cette question.

    Néanmoins, ces meurtres exercent un effet de terreur préventive sur les femmes en instance de séparation. Ils sont fréquents( 3 à 5 par an en France), avec un pic au moment des fêtes de fin d’année et des vacances d’été.

    Quand ils sont interrogés, les mouvements masculinistes évoquent le « désespoir » de ces hommes « privés » de leurs enfants, ce qui masque qu’il s’agit  bel et bien de meurtres d’enfants. Lorsque ces meurtres sont commis par des étrangers à la famille, il y a des « marches blanches » ; s’il s’agit  d’un père, c’est lui qu’on plaint….

     

     

    La domination masculine est parvenue à manipuler l’opinion publique par le biais des media.

    En France, les media sont entre les mains des hommes.

    Une enquête récente du CSA est bien obligée de convenir que 4 personnalités médiatiques sur 5 sont des hommes ; et que les femmes n’occupent que le quart du temps de parole réservé aux hommes dans les magasines d’actualité. Les « experts » sur différents sujets, même la santé, réputée sujet plus féminin, ne sont des femmes que dans une proportion de 30%.

    Ne parlons pas des radios ; certaines stations sont masculines à plus de 90% (animateurs, sujets traités, complicité avec l’auditeur).

    C’est ainsi que les « pères perchés » ont bénéficié d’un traitement médiatique particulièrement complaisant. Et la moindre manifestation de « pères séparés » est montée en épingle, un micro leur est tendu immédiatement, pour diffuser leur point de vue tendancieux, et que les canadiens nomment « anti-mères ».

    En effet, disqualifier les mères est le travail de sape à l’œuvre aujourd’hui.

    Après avoir été sanctifiée, la mère est dévalorisée, mauvaise, suspecte, castratrice, captatrice, etc…Ne peut être une « bonne » mère que celle qui est soumise à la tutelle d’un homme ! car ses mauvais instincts sont alors sous contrôle. Livrée à elle-même, une mère ne peut être que toxique. C’est ce qui transpire des discours contemporains des masculinistes et de leurs alliés, discours qui nous ramène au pire intégrisme sur le pêché originel ; et démontre bien cette volonté de retour au patriarcat musclé.

    Des exemples (rares, heureusement) de résidence alternée accordée à des pères qui s’étaient jusqu’alors désintéressés de leur enfant et ne l’avaient reconnu que tardivement, ont fait dire que n’importe quel enfant pouvait être « jeté en pâture » à un inconnu, pourvu qu’il se prouve géniteur. Ce qui n’est pas forcément désapprouvé. La réussite de ce lent travail d’intoxication de l’opinion peut s’observer facilement sur internet :

    L’affaire du meurtre sordide de la petite Fiona, camouflé en disparition, a défrayé la chronique.

    L’enfant avait une sœur du même père, dont la mère était séparée, et un demi-frère, fils du meurtrier présumé.

    Ces enfants, d’abord confiés dans l’urgence aux grands parents maternels, ont été confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance du département après l’inculpation  et l’écrou du couple de parents maltraitants.

    Le père (qualifié par les media de « biologique ») de Fiona et de sa jeune sœur, s’est porté volontaire pour obtenir ultérieurement la garde de la petite fille, mais ne s’est pas opposé à cette décision de placement, reconnaissant que sa fille ne l’avait pas vu depuis un an, et qu’il devait d’abord reconstruire un lien véritable avec elle, par le biais de ses visites. Position remplie de bon sens et d’égard pour l’enfant, qu’il faut saluer.

    Mais sur plusieurs journaux locaux en ligne, des internautes se sont déchaînés, bramant au « déni de justice », invectivant la justice française : selon eux, la garde d’une enfant de 3 ans déjà traumatisée aurait due être donnée à ce père qui est pour elle jusqu’à présent un presqu’inconnu !

    La notion d’une suprématie absolue du père/géniteur, quelles que soient les circonstances, a donc bien fait son chemin.

    Les besoins réels d’un enfant, et leur spécificité, ne sont plus une priorité ; et l’idée est acquise qu’ils doivent s’effacer devant les « droits du père ». Une potion magique qui rendra à l’enfant son équilibre….C’est ce qui nous est présenté comme « l’égalité homme-femme » en matière de parentalité.

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

    Note :

    *1- Problèmes cruciaux que ces mouvements ne proposent jamais de traiter !

    * Voir aussi :

    http://patricjean.blogspot.fr/2013/09/lamendement-qui-donne-raison-aux-grues.html

     

     


    votre commentaire
  • Un  livre défraye actuellement la chronique : il s’agit de « Marie- toi et sois soumise », de Costanza Miriano, journaliste italienne. 

    Si l’ouvrage a eu un succès incontesté pendant quelques semaines en Italie, il n’a provoqué aucune polémique. Par contre, sa traduction espagnole, éditée par la maison d’édition sponsorisée par le tristement célèbre archevêque de Grenade (voir notre article « Corps brisés, esprits sous influence ») a déclenché la fureur de certains partis politiques, et des organisations des droits des femmes en Espagne. 

    Nous avons tenté d’y voir plus clair, en navigant sur le blog de l’auteure, ses interviews, les commentaires des internautes dans la presse espagnole ; et enfin en explorant la position de Mgr Martinez, qui s’est exprimé pour défendre son poulain… 

      

    Tout d’abord, il existe DEUX livres parallèles : 

    Un à l’usage des femmes : « Marie toi, et sois soumise », dont la couverture évoque une attitude d’humilité et de subordination certaine de l’épouse ; il est présenté comme « une expérience radicale pour les femmes sans peur » 

    Un autre à l’usage des hommes : « Marie toi, et meurs pour elle », 

    « Des hommes de vérité pour des femmes sans peur » 

    Reconnaissons que la presse espagnole parle fort peu du second. 

    Ce sont les deux titres qui ont remporté un succès en Italie. 

    A lire les interviews de l’auteure, et des extraits de son ouvrage, il nous est surtout apparu qu’il s’agissait d’une femme qui vit dans un conte de fées, et certainement pas dans la réalité. 

    Elle reconnaît ne pas avoir écrit un traité de sociologie (nous voilà rassurés), mais vouloir aider les lectrices à « mieux aimer leur mari, et prendre soin de lui, et  demander (à nos époux) de prendre soin de nous (…)  faire l’apprentissage des langages de l’homme et de la femme, qui sont très différents (…) ; apprendre comment assumer tous les différents rôles de la femme moderne :femme, épouse, mère, travailleuse, femme de foi, qui cultive son esprit, mais aime aussi prendre soin de son corps ». 

     Rien de bien extraordinaire ! Ce sont les éternelles recettes des magasines féminins. 

    Mais son propos peut faire penser à une sorte de remake moralisant de « La Belle et la Bête » : 

    Le rôle de la femme dans un couple serait de « montrer à l’homme que le bien et la beauté sont possibles (…) comme une sorte de miroir positif…. » 

    « L’homme tend à l’égoïsme, et la femme peut vaincre cette inclination négative, non en revendiquant, en criant, ou en serrant les poings, mais en montrant la beauté d’un amour total, du sacrifice de son propre égoïsme. »  

    Elle doit faire du foyer une « antichambre du paradis » (….) un lieu magnifique où se reposer la tête… » 

    Costanza Miriano insiste sur la douceur (innée ?) de la femme, qui doit « éveiller les meilleurs sentiments de l’homme, et, « comme dans l’amour courtois, résister au côté animal de l’homme « … 

    « Réclamer en criant le respect de ses propres droits ne sert à rien » ajoute-t-elle. 

    Certes, nous pourrions nous dire que ce livre mérite sa place au milieu des contes de Perrault (encore que certains ne mettent en garde les jeunes filles contre les abus possibles), et hausser les épaules. Mais  sa publication s’accompagne de plusieurs problèmes : 

    -Il ne tient aucun compte de la situation réelle, tant économique que politique, des femmes dans le monde. 

    L’auteure prétend que la violence ne concerne pas les femmes « normales » comme elle (!) ; c’est ce qui montre son degré d’inconscience de ce que vivent la masse des femmes, et surtout son manque de solidarité avec elles. 

    -Il prétend s’appuyer sur une interprétation d’un texte théologique (la lettre de St Paul aux Ephésiens) sans aucune exégèse sérieuse, et tente de faire ainsi pression sur les femmes catholiques pour qu’elles acceptent ce point de vue 

    -Il est sponsorisé par un prélat (l’archevêque de Grenade) qui dans ses commentaires persiste et signe sur une vision du monde manichéenne et infantilisante, qui nie la véritable violence faite aux femmes ; et est par ailleurs accusé par nombre d’espagnols, y compris croyants, d’avoir gardé des sympathies franquistes et des opinions d’extrême droite…. 

    C’est à dire qu’en l’occurrence, l’ignorance tient lieu de savoir. 

      

    1- UNE CONFRONTATION AVEC LA RÉALITÉ 

    Madame Miriano nie absolument justifier la violence machiste, et cela est exact dans les termes de son texte, mais pas dans son signifié ! 

    Elle légitime les stéréotypes de genre ; et nous savons depuis longtemps que les stéréotypes de race et/ou de genre excusent la violence. 

    Si l’homme ne peut s’empêcher d’être animal, alors, violer, frapper, dominer, serait dans sa nature, et non une construction culturelle qui peut être éradiquée. 

    Dire aux femmes que « revendiquer ses droits ne sert à rien »mais que seule la douceur sacrificielle est efficace, est absurde et criminel.*1 

    La confusion entre NON VIOLENCE et abnégation est ici utilisée.
    Si, il faut revendiquer ses droits au respect en tant qu’être humain, mais on peut ne pas le faire avec violence. L’immense majorité des légitimes manifestations de femmes pour leurs droits humains sont pacifiques ; ce sont les pouvoirs masculins qui les répriment avec violence.
     

    L’ignorance totale de l’auteure des mécanismes de violence intrafamiliale est patente ; aussi devrait elle s’abstenir de jouer les conseillères conjugales. 

    Elle accrédite l’idée dangereuse que l’attitude de l’homme va RÉSULTER de celle de la femme, c’est à dire qu’elle en serait responsable. 

    Or, dés qu’une situation de violence survient, qu’elle soit physique ou psychologique, la première phase de sidération passée, la femme pense qu’en MODIFIANT SON ATTITUDE, la violence va passer ; qu’elle n’a qu’à s’ajuster, et tout rentrera dans l’ordre. 

    Certaines épouses d’hommes violents, ou simplement tyranniques, sont de véritables anges de patience et de dévouement, et des femmes appréciées et aimées de tout le monde …sauf de leur conjoint, jamais satisfait. Car le problème est en lui ! 

    Tout homme qui effectue des pressions sur sa compagne pour qu’elle satisfasse ses désirs, a un problème de communication important : il ne peut pas dialoguer et négocier pour tenter de persuader l’autre pacifiquement de son point de vue ; et un problème de maturité : il est incapable de tolérer la frustration (souvent dans le cadre de carences éducatives antérieures). Ou encore, il peut être un pervers qui aime dominer. 

    Dans les deux cas, l’amour, la patience extrême, le sacrifice, ne feront rien, bien au contraire ! Les immatures seront jaloux de la perfection de leur épouse ; et les pervers jouiront de ses perpétuels sacrifices. Nous ne sommes pas à Disneyland ! 

    Les deux catégories d’hommes s’appuient sur les stéréotypes sexistes pour justifier leur domination, aussi les renforcer par de tels propos leur donne du grain à moudre. 

    Un des signes, parmi d’autres, de violence conjugale latente en travail social, est le discours stéréotypé et rigide sur les rôles de chacun. Il ne s’agit pas seulement des tâches familiales, mais de la HIERARCHIE des rôles. Qui décide ? Qui s’incline toujours ? 

    Bien sûr, la journaliste italienne prétend qu’en Italie, l’idée que les hommes et les femmes pourraient n’être pas égaux n’a plus cours ? Si c’est le cas, je me demande pourquoi une marche des femmes contre les violences qui leur sont faites, a eu lieu pas plus tard qu’en Septembre dernier dans une ville du Nord de l’Italie ? 

      

    2- UNE CONFRONTATION AVEC LES TEXTES DE ST PAUL 

    Il semble que l’auteure fasse une lecture fondamentaliste de la lettre de St Paul aux Ephésiens (5, 21). 

    En effet, jusqu’au concile Vatican II, une lecture tout à la fois classique et tronquée en était faite dans les mariages, justifiant l’obéissance et la soumission de la femme : 

    « Que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur, parce que l’homme est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l’Eglise ». 

    La réciproque, c’est à dire que l’époux » chérisse sa femme comme son propre corps, et l’aime comme lui même » était, la plus part du temps, omise ou minorée. 

    MAIS l’encyclique du pape Jean Paul II »Mulieris Dignitatem » (la dignité des femmes), en 1995  établit une RUPTURE sur ce sujet : 

    Le Souverain Pontife commence par une interprétation contextuelle : Si St Paul parle de la soumission de la femme à son mari, c’est en raison «  d’un enracinement dans les mœurs et les traditions du temps » (ch. 24). 

    C’est pourquoi il nous faut comprendre que la seule soumission légitime est celle de l’Eglise au Christ. Par contre, dans la relation époux/épouse, elle doit être réciproque. 

    Cette interprétation se veut ferme : 

    « Le défi de l’ethos de la Rédemption est clair et définitif. Toutes les motivations de la soumission de la femme à l’homme dans le mariage doivent être interprétées dans les sens d’une soumission RÉCIPROQUE. » (Mulieris dignitatem ch. 24) 

    Donc, même un pape a une exégèse plus progressiste ! 

    Par ailleurs, il nous semble que St Paul est très exigeant envers les hommes : « qui ne prend soin de son corps ? » demande- t-il, l’épouse étant comme le corps de l’époux. 

    C’est à dire que cela peut être interprété à juste titre comme une exigence évangélique absolue d’amour du prochain. 

    Or Costanza Miriano ne parle de cette réciprocité qu’en termes de différence : 

    « Marie toi et meurs pour elle », dit elle aux hommes. 

    Mais dans nos démocraties occidentales, il est bien rare qu’un homme ait à mourir pour défendre ou protéger son épouse !! Et dans les pays en guerre, beaucoup le font spontanément sans avoir besoin d’être ainsi apostrophés. 

      

    3- LES RÉACTIONS DE L’ARCHEVÊQUE DE GRENADE, ET CELLES DES INTERNAUTES 

    Sur son blog, Mgr Javier MARTINEZ défend bec et ongles l’ouvrage de sa protégée. 

    Ce texte n’a « rien à voir avec les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes dans le nihilisme contemporain ». Certes, Monseigneur, qui a le pouvoir sur qui ? 

    Les deux livres seraient simplement « une réflexion sur la foi dans le monde contemporain », au milieu de « la culture dominante contemporaine ». Une culture dont il ne précise pas les problématiques ou les enjeux. 

    Puis, il enfourche son dada : « Ce qui facilite la violence sur les femmes est la législation sur l’avortement (…) qui laisse la femme livrée à elle-même sans donner de responsabilité à l’homme ». Quand l’Eglise a-t-elle clamé aux hommes qu’un enfant se faisait à deux, et qu’ils devaient être responsables ? Quand a-t-elle blâmé publiquement les violeurs et les abuseurs ? Jamais ! Au contraire, elle a parfois tenté de protéger des pédophiles, et excommunié la mère d’une fillette abusée. Et avant la législation, les femmes étaient abandonnées aux risques mortels d’avortements clandestins, seules, les futurs pères se désintéressant de la question… 

    Le problème semble en effet la personnalité de l’Archevêque. Rappelons que dans son homélie de Noël de 2009, il avait déclaré l’avortement crime plus abominable que ceux des nazis…. 

    En Espagne, les passions se sont déchaînées surtout contre lui et l’Eglise espagnole ; beaucoup moins contre l’auteure des livres, davantage considérée comme une naïve sous influence. **2 

    Les réactions des internautes sont très violentes, dans une sorte de « backlash » auquel il fallait s’attendre. La blessure du franquisme, et de l’alliance d’une partie de l’Eglise espagnole avec le régime, ne paraît pas totalement cicatrisée, ce qui est normal tant la douleur fut grande pour nombre de croyants. Certains internautes signent fièrement « un républicain ». 

    Beaucoup de commentaires sont carrément anticléricaux : Costanza Miriano ayant déclaré que « si il fallait censurer tout ce qui évoque la soumission, il faudrait brûler la Bible », une internaute déclare : « Brûler la Bible ? Eh bien, c’est la seule parole sensée qu’a prononcé cette femme ! » et un autre répond : « Oui, vite, passez moi une Bible que j’allume la mèche ! ». Ces commentaires sont tempérés par d’autres, qui s’insurgent contre toute idée de censure (certains partis demandent l’interdiction des ouvrages), et disent que quand on commence à vouloir brûler les livres, c’est là qu’on revient à des périodes totalitaires… 

    Le seul résultat tangible de la publication de ces pamphlets, semble être de raviver la souffrance légitime des espagnols d’avoir été trahis par leur Eglise, et d’augmenter la désaffection des fidèles… 

      

    Michelle. C. Drouault, et Michèle Jeunet. 

      

    *  1  Les sites catholiques sont pleins de témoignages de femmes qui se sont sacrifiées pour des hommes égoïstes, parfois violents, et demeurent bien amères au seuil de la vieillesse… 

    Certaines le paient de leur vie, comme à Nantes, en 2011. 

      

     

    ** 2 « Cette brave dame est-elle au courant que nous vivons au XXIème  siècle ? » interroge une internaute  

     

     


    1 commentaire
  • Jadis, le 25 Novembre, c’était la Ste Catherine ! Le jour où les jeunes filles non mariées à 25 ans faisaient la fête….une fête un peu honteuse : « coiffer Ste Catherine », ce n’était pas si valorisant…

    Aujourd’hui, c’est la journée où l’on rappelle que partout dans le monde, ce sont les femmes les premières victimes de violence : politique(non représentation), économique(elles sont les êtres les plus pauvres de la planète), sexuelle(90% des personnes victimes de la traite des êtres humains) maternelle( avortements forcés ou interdits, élimination des fœtus féminins, manque d’accès à la contraception) et domestique(les violences familiales sont internationales et touchent toutes les classes sociales).

    Mais les mots, les discours, les pamphlets les livres, sont aussi une source de violence ; et les religions ou les personnes qui s’en réclament y participent largement, hélas, au lieu de la condamner sans équivoque :

    C’est ce que nous verrons prochainement dans un article intitulé « Femmes, la violence des mots », où nous évoquons un ouvrage qui fait beaucoup de bruit….

     MCD et MJ.


    votre commentaire
  • La notion d’égalité, une manipulation en trompe-l’œil

    Depuis plus d’une décennie, la plus part des décisions des instances d’arbitrage sur l’égalité hommes/femmes ont eu pour résultat d’accorder aux hommes quelques uns des maigres avantages que conservaient les femmes ; ou d’ôter aux femmes les privilèges liés spécifiquement à leur capacité à être mère.

    Ainsi, les femmes ont eu le droit (et souvent l’obligation) de travailler la nuit, alors qu’il est reconnu médicalement que ce type de poste pour une femme enceinte, allaitante, ou mère d’un jeune enfant est hautement préjudiciable à sa santé.

    On a supprimé des avantages de retraite liés à la maternité, pour en donner aux hommes/pères sous certaines conditions ; on a raboté aussi certains avantages fiscaux pour les mères ayant élevé seules des enfants.

    On a accordé aux hommes veufs le droit à la pension de réversion, mais supprimé l’allocation veuvage, qui empêchait de nombreuses veuves sans profession de tomber complètement dans la misère.

    Une décision européenne a accordé à un citoyen espagnol un « temps de disponibilité à l’enfant » en corolaire aux réductions du temps de travail pour allaitement.

    Mais les assureurs, « au nom de l’égalité », ont été contraints de ne plus pratiquer d’abattement sur les cotisations d’assurance-auto des femmes, qui avaient beaucoup moins d’accidents. Au lieu de valoriser la prudence et le civisme des femmes, on les a pénalisées, et les ligues automobiles, où les adhérents sont presque tous des hommes, se mobilisent dés qu’il est question de réduire les vitesses autorisées….

    J’omet certainement des mesures dont je n’ai pas connaissance.

    Mais en attendant, la véritable égalité est un leurre, et l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes en France dépasse encore les 25%, et les obligations des employeurs pour enrayer ce fléau demeurent dérisoires et inefficaces.

     

    Cependant, la plus grande escroquerie intellectuelle au service du pouvoir masculin demeure  la soi disant recherche de « l’égalité parentale ».

    Rappelons que jusqu’à la loi sur l’autorité parentale du 4 Juin 1970 (43 ans seulement !) l’époux et père SEUL avait sur l’enfant tous les droits, représentés par la « puissance paternelle ».

    La mère ne pouvait l’inscrire à l’école, ou décider d’un séjour à l’étranger qu’avec son autorisation écrite. L’enfant relevait automatiquement de l’assurance maladie du père, même si la mère était salariée.

    Jusqu’en 1985 (28 ans seulement !) , le père était seul gestionnaire des biens de l’enfant mineur, au détriment de la mère. Celle ci ne pouvait toucher à un argent qu’elle aurait elle même capitalisé pour son enfant, par exemple, même dans l’intérêt de celui ci.

    La loi sur l’autorité parentale, et celle sur la cogestion des biens de l’enfant ne s’appliquant qu’aux parents mariés, en 1987(loi du 22/7/87) les deux parents non mariés ont la possibilité

    d’exercer en commun l’autorité parentale s’ils en font la demande conjointe devant le juge des tutelles.

    Le balancier était enfin stabilisé.

    La sagesse eut été de ne pas aller beaucoup plus loin.

    Or la loi du 8 janvier 1993, si elle consacre le principe de l’égalité de traitement entre les enfants quelle que soit leur filiation lors des séparations, érige aussi l’autorité parentale conjointe en principe auquel il ne peut être dérogé qu’exceptionnellement si l’intérêt de l’enfant l’impose. *4

    Paradoxalement, c’est à cette époque que se sont développées les formations des policiers et travailleurs médico-sociaux sur les violences conjugales, phénomène jusqu’alors sous estimé et mal connu, sauf par les associations de défense des droits des femmes.

    La délégation aux Droits des Femmes se saisit du problème : une femme en France est tuée par son conjoint ou compagnon tous les deux jours !

    C’est donc au moment où la société réalise combien la domination masculine est violente qu’on répète à satiété cet axiome stupide « le couple parental survit au couple conjugal ».

    Lors d’une séparation, il n’y a plus de couple ! Les parents peuvent garder CHACUN des droits et obligations, mais certainement pas ensemble, et encore moins dans des contextes de violence qui sont si fréquents ! Et dans les meilleurs des cas, parler de couple est préjudiciable à l’enfant qui garde facilement le fantasme de la réconciliation de ses parents.

    Mais peu importe ! On n’est pas à une contradiction prés.

    Les femmes divorcées  ou séparées vont peu à peu commencer à être les otages de leur ex-conjoint, qui, si il est mécontent d’avoir été quitté, ( ce qui est le cas dans prés de 60% des séparations) va utiliser le ou les enfants pour empoisonner littéralement l’existence de leur mère.

    Balbutiantes, les associations de pères se présentent en alliés des féministes et des femmes, faisant croire qu’ils sont prêts à les soulager de cette tâche écrasante qu’est l’éducation des enfants….Que ne le faisaient ils pendant la durée du mariage ? La question reste sans réponse pendant que grand nombre de divorces ont pour cause le délaissement familial de l’époux et père, qui vit sa vie et prend son foyer pour un hôtel, se contentant d’une présence sporadique… les statistiques sur le « partage des tâches » font apparaître de très faibles avancées : 60 à 70% des tâches ménagères et éducatives autour de l’enfant sont assurées par les mères, les pères ayant progressé de 11 minutes par jour en 10 ans ! 

    Mais cette autorité parentale conjointe, là où il y a forcément déchirement, rancune, jalousie, donne une prise formidable à ceux et celles qui n’en finissent plus de se haïr à travers l’enfant. Ils contestent le choix de l’école, des vacances, parfois veulent interdire la fréquentation des grands parents, qui eux aussi saisissent la justice.

     La hache de guerre est déterrée.

    Et au lieu de pacifier la situation, la loi du 4 Mars 2002 va l’envenimer considérablement :

    Elle va consacrer un autre principe : celui de la possibilité de la résidence alternée.

    Oubliant totalement l’idée républicaine fondatrice d’ »intérêt général », le législateur va légiférer pour les classes sociales les plus aisées, la bourgeoisie, qui en imposant son idéologie va provoquer des drames atroces dans les classes populaires, dont les enfants feront les frais.

    En effet la résidence alternée suppose plusieurs préalables :

    -les parents doivent avoir gardé des liens d’estime et de respect mutuel ; ils doivent s’entendre sans conflit sur les règles de vie de l’enfant,

    -les résidences des parents ne doivent pas être trop éloignées, pour la poursuite normale d’une scolarité, et pour éviter à l’enfant la fatigue de transports multiples,

    -les parents doivent bénéficier tous deux de logements suffisamment spacieux.

    -l’âge de l’enfant ne doit pas être inférieur à 3 ans. Jusqu’à cet âge, la stabilité absolue du cadre de vie, et de la personne principale qui s’occupe de l’enfant depuis sa naissance est primordiale. Ce n’est pas une fantaisie, mais une réalité confirmée par l’expérience de la majorité des pédopsychiatres.

    Certains parents plus responsables s’organisent d’une autre manière : ce sont les parents qui viennent à tour de rôle dans l’appartement, et l’enfant ne change pas de lieu.

    Tout ceci suppose des moyens financiers, des facilités, de la disponibilité professionnelle, deux voitures.

    C’est un système qui peut convenir à une élite urbaine aisée. Ceux qui ont les clés, les codes (comme dirait Bourdieu), qui peuvent payer une baby-sitter en cas de problème, ou sauront consulter un médiateur familial si un gros désaccord survient…

    Convient-il aux enfants ? C’est peu probable. Ceux qui sont interrogés se décrivent comme perpétuellement « en transit », ayant toujours oublié quelque chose, avec des existences hachées. Quel adulte, d’ailleurs, accepterait de mener cette vie ? Tous ces bons apôtres de la résidence alternée en ont- ils fait l’expérience pour eux mêmes ? Certains enfants devenus adolescents se décrivent comme des « enfants SDF »….

    Les statistiques sur les parents qui choisissent d’un commun accord la résidence alternée font état d’un revenu moyen de 2163 euros pour les hommes ; 1364 euros pour les femmes.

    Néanmoins, les prestations familiales sont divisées en deux lors de ce type d’arrangement, contrevenant à l’esprit de la loi qui est de corriger les disparités de revenu entre les conjoints pour prendre soin de l’enfant. Les pensions alimentaires versées sont nulles, ou inférieures à 200 euros par mois.  Beaucoup d’avocats ont observé que les demandes de résidence alternée unilatérales n’ont souvent aucun rapport avec l’intérêt de l’enfant, mais surgissent dés qu’intervient une demande de pension alimentaire ! Si le père demeure loin, ou n’a pas l’habitude de s’occuper de l’enfant au quotidien, la mère terrifiée ne demande plus rien : malgré un salaire bien inférieur, elle se débrouillera sans pension, pourvu que son enfant ne soit pas balloté comme un paquet. La résidence alternée est clairement devenue un moyen de chantage.

    Or, la majorité des citoyens français est  actuellement confrontée au chômage, à l’emploi précaire, à la mobilité géographique forcée pour conserver un emploi, aux délocalisations, aux plans sociaux, qui font la une des journaux télévisés. Ils et elles sont en butte aux loyers inabordables, au prix de l’essence, au coût souvent prohibitif de la santé….

    Dans ce contexte, la résidence alternée devient un « cauchemar pour tous » !

    Rendons à nos concitoyens cette justice que la plus part des résidences alternées résultent d’un commun accord….encore qu’il y ait, par suite de chantage ou de pressions diverses, de « faux » commun accord, tout comme il existe des « faux » consentements mutuels, là où un divorce pour faute (violence, maltraitance) se serait imposé.

     Cet accord est explicité dans la Convention remise au Juge aux Affaires Familiales, qui l’entérine, ou peut la modifier.

    Les situations conflictuelles représentent un pourcentage officiel infime des séparations, mais sont montées en épingle par les associations masculinistes « de pères ».

    Et parfois, des magistrats débordés, des avocats lassés, proposent une résidence alternée pour pacifier un conflit, comme si le fait de couper un enfant en deux comme s’il s’agissait d’un bien de consommation pouvait être satisfaisant ! On ordonne des résidences alternées pour des jeunes enfants brutalement séparés de leur mère pour être confiés à un père qui s’est souvent peu occupé d’eux, et peut s’en décharger sur une nouvelle compagne ou une grand’mère.

    Quelques magistrats, campant sur des positions idéologiques, ou totalement inconscients des besoins d’un enfant (ce qui n’est pas rassurant !) ont récemment ordonné par jugement le sevrage de bébés, afin que l’alternance de la résidence puisse être appliquée….

    Cependant, les ravages de la résidence alternée, même au départ consensuelle, commencent à être dénoncés depuis 2004 par des médecins, des pédopsychiatres, et des mères désespérées de voir l’état physique et psychique de leur enfant se détériorer de jour en jour.

    Un certain nombre de pédopsychiatres, alarmés par les dégâts psychologiques sur les enfants qu’ils recevaient en consultation, ont publiquement tiré la sonnette d’alarme, réexpliquant la théorie de l’attachement*5, la nécessité du cadre stable, les conditions d’âge et de résidence impératives pour qu’un tel système soit jouable. Ils le remettent d’ailleurs en question dans son principe, le réservant à des cas très marginaux.

    Pour résumer, un bébé de moins de deux ans ne peut conserver l’image de sa mère que pendant un temps limité, au delà duquel il a le sentiment de l’avoir perdue, et d’être abandonné.(Maurice Berger) Ce qui explique des pathologies psychiques ultérieures ou concomitantes, avec angoisse d’abandon, troubles du sommeil, perte de confiance envers les adultes, et à l’âge adolescent, dépressions chroniques.

    Ce qui est en cause n’est pas forcément un conflit parental, mais des vies morcelées, qui contrecarrent les besoins des enfants jeunes.

    Actuellement, certains enfants en bas âge doivent effectuer des trajets pouvant varier entre 40 et 1300 kms tous les quinze jours pour appliquer une résidence alternée stricte. Nous avons pu lire des témoignages portant sur des enfants de 15 mois, 2 ans, 4 ans, 7 ans…..

    La bonne preuve qu’un père et une mère, ce n’est pas la même chose, c’est que lorsque l’enfant est perturbé, la mère, même si au départ elle était de bonne volonté, veut introduire une certaine souplesse pour essayer de réduire l’anxiété de l’enfant. Et bien souvent, le père refuse, demeurant dans le déni des difficultés.

    Certaines femmes ont l’impression que la résidence alternée est une véritable « arme de guerre », destinée à les punir d’avoir voulu une séparation, dont les enfants font les frais.

    Mais encore une fois, qu’importe !

    La mystification consiste à faire croire que ces solutions violentes pour une majorité de familles, qui n’ont ni le capital économique, ni le capital social et culturel nécessaires pour limiter les traumatismes vécus par les enfants, sont un progrès.

     

    Un pas vient encore d’être franchi avec la proposition de la résidence alternée « par défaut » en cas de conflit ! C’est à dire un perpétuel jugement de Salomon, un enfant clivé, coupé en deux, dont on « jouit », comme d’un bien.

     Une autre disposition, prévoyant l’obligation absolue de communiquer son adresse à l’autre parent quelles que soient les circonstances est plus qu’alarmante : aucune femme ne sera plus à l’abri d’un ex conjoint violent, sous le « prétexte » du ou des enfant(s). Les magistrats français ont d’ailleurs du mal à comprendre le traumatisme que représente pour un enfant le fait de voir sa mère violentée par son père : beaucoup confient encore un droit de visite et d’hébergement à un père qui est un conjoint violent qui a terrifié les enfants, au motif « qu’avec les enfants » , il n’a jamais été violent, et qu’il peut être un bon père !(Pratique qui indigne les magistrats et policiers canadiens)

    Il s’agit encore d’un manque total de capacité d’identification à un enfant comme personne : que diriez vous si on vous enfermait deux jours à la merci d’un agressif violent, que vous avez vu tabasser un ami ou un frère, au motif qu’il n’agresse que les blonds et que vous êtes brun » ?!.

    Cette logique légitime la violence conjugale, comme si elle était particulière, quasi excusable, et n’englobait pas le comportement de la personne toute entière.

    La douleur pour un enfant de voir maltraitée celle qui est son pôle d’attachement est atroce ; elle lui fait de surcroit perdre confiance en son père, elle le remplit de terreur quand il l’approche sans garde-fou. C’est une souffrance dont j’ai été témoin en tant que travailleur social. J’ai vu des enfants confiés pour les week-ends à des pères qui avaient causé à leur mère des blessures graves. Ils revivaient avec acuité les scènes violentes, leur peur et leur impuissance. Souvent, ils étaient malades dès le vendredi soir. Il fallait des expertises psychologiques, des rapports au juge des enfants, avec demande expresse de transmission aux affaires familiales (les juridictions sont très étanches), bref de multiples interventions pour que cesse ce martyr, et ses répercussions sur le plan scolaire et sanitaire.

    Malgré tout cela, la loi s’entête, et se veut « progressiste ».

    POUR QUI EST LE PROGRÈS ? 

     

    Notes :

    * 4 La raison affichée de ce principe d’autorité parentale montre vraiment qu’il existe deux poids deux mesures entre les hommes et les femmes : » les hommes se montreront plus  responsables, ils partiront moins sans laisser d’adresse, si ils ont des droits ! «  Pourtant, pendant des siècles, les mères n’avaient aucun droit, et elles ont été très peu nombreuses, voire rarissimes, à abandonner leurs enfants. De plus cet abandon est deux fois plus mal jugé, et plus mal ressenti par les intéressés une fois adultes.

     

    *5 De par les relations mère/bébé in utéro, au moment de l’accouchement, et au cours de l’allaitement, la mère est la base d’attachement sécure (travaux du pédopsychiatre anglais John BOWLBY,1907-1990 ) qui permet au bébé de s’éloigner progressivement pour explorer le monde( voir aussi S. FREUD, expérience du « for/da)

    Un enfant petit ne s’autonomise que si il est certain de ne pas perdre sa relation avec sa mère quand il s’éloigne d’elle.

    Malheureusement, les travaux de Bowlby, basés entre autres sur son expérience avec des bébés séparés de leurs parents au cours de la guerre de 39/45, ont été détournés, et on en a cité des passages pour culpabiliser les mères qui confiaient leur bébé à une crèche dans les années 70…Pris avec discernement, les exposés tirés des observations de Bowlby sont remarquables.

    La « quantité de présence » n’est pas le facteur prédominant de l’attachement, mais cette stabilité quotidienne de la présence de la mère (même si elle est absente en journée) en particulier le soir et la nuit, avec les rites d’endormissement qui s’y rattachent.

    Voir également les travaux et recherches de Brazelton, et du français Marcel Rufo.

    Tous confirment qu’il existe actuellement une regrettable confusion entre l’égalité du droit au niveau de l’autorité parentale, et l’égalité du rôle au niveau du développement précoce de l’enfant.

     

     

     


    votre commentaire
  • Nous commençons une série de 4 articles sur ce « virus mutant ». 

    Problématique

    Comme tout système de domination, la domination des hommes sur les femmes dans les sociétés occidentales mute. C’est à dire qu’elle s’adapte aux avancées incontestables qu’ont connu les droits des femmes, et aux nouvelles normes de ce qui est considéré comme un consensus acceptable de valeurs.

     Ces valeurs résultent des luttes ininterrompues menées par les femmes, mais elles ont été intégrées : la contraception est un droit ; le viol doit être pénalement puni ; les salaires ne doivent pas être discriminants ; la parité doit s’appliquer en politique, etc….Bien sûr, cette manière d’envisager la vie sociale est affirmée en surface, et INDIVIDUELLEMENT, beaucoup d’hommes ne sont pas d’accord ; mais ils sont obligés de le dissimuler sous peine d’apparaître comme des troglodytes, et, pour certains, de ruiner leur carrière politique ou artistique. Ceux qui, ces derniers temps, se sont hasardés à des caquètements de poule à l’intervention d’une députée, ou à des propos sexistes sur la meilleure place des femmes aux confitures qu’au conseil municipal, en ont fait les frais : amendes financières, et blâmes publics. Car parfois, la surface policée se craquèle, et surviennent les petites phrases qui traduisent le fonds de leur pensée. Les « il n’y a pas mort d’homme » au sujet d’un viol, les « qui va garder les enfants ? » au sujet d’une femme politique candidate à une élection…..les « salope » murmurés entre les dents, et opportunément enregistrés par un journaliste…

    Cependant, le moyen le plus sûr de continuer à dominer collectivement reste encore de se servir des concepts qui sont consensuels pour les détourner, les instrumentaliser au service du pouvoir. Et de faire apparaître, sublime supercherie, les personnes ou les groupes qui dénoncent ces procédés comme réactionnaires !

    ( « comme il sait, avec ruse dernière/ se faire un beau manteau de tout ce qu’on révère » disait déjà Molière dans « Tartuffe »…)

     

    Première mystification : la laïcité, une instrumentalisation des lois

    Comme nous le rappelions voici peu sur ce site, l’Etat seul, en France, est laïque, c’est à dire qu’il ne peut y avoir aucune religion, aucun culte, qui soit officiel ou favorisé et subventionné ; et que tous les fonctionnaires de l’Etat, ses moindres représentants, doivent être neutres, et ne montrer ni professer aucune religion DANS L’EXERCICE DE LEURS FONCTIONS.

    Par contre, la liberté religieuse, et le droit d’exprimer ses convictions pour l’ensemble des citoyens, restent inscrits dans la Constitution.

    On a voulu faire croire que le devoir de neutralité s’étendait à tous les citoyens français, et la répression s’est particulièrement abattue sur les femmes et les filles musulmanes, puisque l’expression de leurs convictions passe par le fait de se couvrir les cheveux.* 1

    Au nom de la laïcité, des petites filles, des jeunes filles, ont été exclues du savoir, de la connaissance, de la possibilité d’accès à un métier valorisant, et renvoyées chez elles à faire le ménage tout en prenant des cours par correspondance ! Julie-Victoire Daubié, première bachelière française en 1861, a du s’en retourner dans sa tombe !

    Voilà comment le droit chèrement acquis des femmes à l’éducation et à l’instruction a été battu en brèche.*2

    On a pu entendre à l’occasion de ces « affaires de foulard », un florilège de préjugés aussi sexistes que racistes, visant à présenter l’ensemble des femmes et des filles comme des personnes faibles et manipulables, qui ne pouvaient avoir de réelles convictions personnelles.  Les mouvements d’extrême droite identitaires se sont saisis de ces affaires en les présentant comme un grave problème, manipulation qui rappelle les fantasmes de « complot juif » ou sur la franc-maçonnerie qui avait cours dans les années 30 et 40. La légende du complot franc maçon qui infiltrerait la sphère politique, est d’ailleurs remise au goût du jour par certaines mouvances…

    Et plusieurs  organisations féministes n’ont pas vu que le critère de l’oppression des femmes était la CONTRAINTE : être forcée à porter ou retirer un foulard rentre exactement dans la même logique de possession des femmes. Nulle part il n’existe de police qui se préoccupe de l’apparence des hommes !*3

    On peut noter au passage que les « Femen » qui découvrent leurs seins, ( symbole de la reproduction que les hommes veulent contrôler) scandalisent autant que les femmes en tchador ou en niqab, voire en simple voile : il s’agit toujours d’actes VOLONTAIRES et revendiqués des femmes de couvrir ou découvrir une partie de leur corps ; et c’est cela qui hérisse ces messieurs….

    Michelle. C. DROUAULT

    Notes :

    *1 Il ne nous appartient pas, si nous ne sommes pas musulman-es, de juger du bien-fondé théologique de cette pratique. C’est un débat qui doit avoir lieu à l’intérieur de l’Islam, et non hors de son cadre, par des « spécialistes de »…

    *2 Oui, un droit chèrement acquis, puisque, bien qu’elle ait réussi l’examen, Julie Daubié a eu beaucoup de mal à obtenir le titre : « lui donner officiellement son diplôme de bachelier és lettres…ridiculiserait le Ministère de l’Instruction Publique », clamait un ministre. Ce qui n’empêchera pas Julie d’obtenir sa licence de Lettres en 1872 !

     *3 Sauf en Iran, où la police des mœurs s’assure effectivement qu’ils ne circulent pas en short…

     

     


    votre commentaire
  • Ce mot s’est répandu à grande vitesse en suscitant beaucoup de controverses. Ceci est mon premier article sur le sujet. 

      

    Les romans peuvent être de bons lieux de réflexion. 

    Voici quelques lignes écrites par Ken Follet dans Le vol du frelon (Livre de poche p 48) 

    L’action se passe en 1941 en Angleterre. Une femme, Hermia Mount, est membre des Renseignements britanniques le MI6, dirigeant la section danoise de l’espionnage. Elle rencontre un membre du gouvernement et voici un de leurs dialogues : 

      

    - On ne s’est pas trompés, lança-t-il en souriant, vous n’avez pas la langue dans votre poche. 

    - Que vous a-t-on appris d’autre ? 

    - Que vous êtes bilingue anglais et danois- ce qui, je présume, explique pourquoi vous dirigez le bureau danois. 

    - Non. La raison en est la guerre : autrefois aucune femme au sein du MI6 ne s’élevait jamais au-dessus du niveau d’assistante secrétaire. 

    Dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux programmées pour tenir un intérieur et élever des enfants. 

    Mais depuis que la guerre est déclarée, notre cerveau a subi de remarquables modifications et nous sommes devenues capables de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin. 

    Il accueillit son ton sarcastique avec bonne humeur. 

    - Je l’ai remarqué aussi, dit-il, et cela ne cesse de m’émerveiller. 

      

    La question du genre se situe d’abord à ce niveau-là : des exclusions de certains rôles sociaux et professionnels (comme ici la responsabilité d’un réseau d’espionnage) relève d’une construction sociale qui se cache derrière une prétendue «  nature des choses » 

    ( dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux  programmées…). 

    Il faut des circonstances comme ici une guerre pour que la tromperie de cette construction soit démasquée. Hermia Mount se révèle capable «de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin.» 

      

    Parmi ceux et celles qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il qui voudraient revenir aux temps où il était inimaginable qu’une femme soit médecin, chirurgien, enseignant, pilote d’avion, écrivain, chercheur etc… au nom d’une différenciation qui tiendrait à une 

    «  nature féminine » incapable de les exercer ou non-programmée pour cela par une volonté divine ? 

    Savent-ils que les arguments qui s’opposaient à l’accès des femmes à ces professions étaient les mêmes que ceux dont ils se servent : le maintien, le respect de la différence. « Si une femme devient chirurgien…elle va perdre sa féminité » disait-on. 

      

    Parmi celles et ceux qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il, qui, par exemple signeraient ces déclarations : 

    « Depuis quand est-il d’usage de voir les femmes abandonner les soins pieux de leur ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur la place publique…remplir des devoirs que la nature a départis à l’homme seul ? » 

    Procureur Chaumette, 1793 

    « Je ne crois pas qu’il faille s’occuper d’un régime d’instruction pour les jeunes filles…L’éducation publique ne leur convient pas puisqu’elles ne sont point appelées à vivre en public». 

    Napoléon 

    « L’homme tire sa dignité et sa sécurité de son emploi. La femme doit l’un et l’autre de son mariage». 

     Jean Foyer, ministre de la Justice 1973 

      

    Il est sûrement légitime de s’interroger sur les positions les plus extrêmes de la question du genre. Mais il est malhonnête de la réduire à cela. Attention à ne pas être manipulé par ceux qui n’ont pas fait le deuil de leur perte de monopole, de leur position dominante et qui se lancent dans cette bataille pour essayer de récupérer du terrain perdu. Ou alors par ceux que cela arrange d’être les défenseurs acharnés de la différence pour justifier le non-accès de femmes à des responsabilités dans leur religion (des Eglises protestantes fondamentalistes, les tendances conservatrices de l’Islam et du Judaïsme, l’Eglise catholique romaine). 

    Michèle Jeunet

     

     


    1 commentaire
  •  

     « Des incidents ont éclaté près du mur des Lamentations, vendredi 10 mai à Jérusalem, des ultraorthodoxes tentant de franchir un cordon de police entourant un groupe de militantes féministes venues prier sur le lieu le plus sacré du judaïsme. »

    Journal le Monde du 10 mai 2013

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2013/05/10/israel-echauffourees-devant-le-mur-des-lamentations_3175248_3218.html

     

    Cette violence vis à vis des femmes, cette volonté d'exclusion de l'espace sacré de la part des ultra-orthodoxes juifs, est de même nature essentielle que l'exclusion des ministères dans le catholicisme romain. (Voir notre article "Malheur à celui qui blesse une enfant")

    Cependant, pour le catholicisme romain, la violence est évidemment de l'ordre du symbolique. On doit la distinguer de la violence physique que reflètent ces images....qui nous montrent aussi le courage de celles qui la bravent.

    Néanmoins, le résultat est identique: la confiscation par le masculin de l'espace de communication avec Dieu.

    Michèle Jeunet

    Michelle Colmard-Drouault 


    1 commentaire
  • Pour les femmes chrétiennes, un « Conclave des femmes », parallèle au Conclave du Vatican pour élire un nouveau Pape, se réunira aujourd’hui 9 Mars à Paris.

    Beaucoup de femmes catholiques estiment en effet que le conclave du Vatican qui débutera le 12 Mars, ne réunit que « la moitié du Ciel », et qu’elles en sont l’autre moitié, jamais consultée. Elles veulent manifester qu’elles ont des choses à dire sur elles mêmes, et sur le chemin que peut prendre l’Eglise pour faire progresser toute l’humanité.

    Elles seront 72 femmes à siéger, comme les 72 disciples envoyés par Jésus en mission.

    L’Eglise doit inclure la voix des femmes, ces femmes sans qui elle péricliterait !

     

    Pour les femmes musulmanes, (et leurs sœurs coptes) ce combat : les femmes Egyptiennes ont décidé de lutter activement contre l’impunité dont bénéficient encore et toujours les auteurs d’agressions sexuelles, quel que soit le régime politique.

    En ce moment, les agressions menées contre des femmes manifestantes dans le secteur de la place Tahrir, sont incessantes.

    Les procédés sont malheureusement les mêmes que lors des manifestations contre le régime de Moubarak l’an dernier : un groupe d’hommes armés isole une femme des autres manifestants, la bouscule, et l’agresse sexuellement, ou tente de la déshabiller.

    Les hommes qui  essayent de défendre leurs compagnes ou leurs sœurs sont eux mêmes violemment agressés physiquement.

    Deux associations de défense des droits humains en Egypte : « Shoft Taharosh » (témoins de harcèlement) et « Opération Anti Sexual Harassment », sont intervenues auprès des pouvoirs publics. Elles exigent que soient menées des enquêtes approfondies pour déterminer qui sont les auteurs de ces agressions, et les traduire en justice.

    « Je ne me tairai pas »  a affirmé une militante, « Toutes les femmes d’Egypte doivent se réveiller ».

     

    Pour les femmes juives : chaque mois, depuis longtemps, les « Femmes du Mur » se rassemblent à Jérusalem devant le Mur des Lamentations, pour réclamer le droit de venir y prier dans les mêmes conditions que les hommes. Seule une minuscule part du Mur est actuellement réservée aux femmes, et elles ne peuvent prier qu’à voix basse (prétexte invoqué : la voix des femmes pourrait troubler les hommes dans leur prière !)

    Les « femmes du Mur » récitent à voix haute la Torah, et quelques unes portent un châle de prière ordinairement réservé aux hommes.

    Régulièrement, ces manifestantes sont arrêtées et interrogées par la police.

    Mais cette année en particulier, en février, la manifestation a été très importante.

    Y ont participé d’anciennes militaires de l’armée d’Israël, ainsi qu’une rabbin, madame le rabbin Susan Silvermann.

    Ces femmes en ont appelé à la Cour Suprême d’Israël. Il y va de leur dignité. Elles ne se laisseront pas faire !

     

    Partout, les femmes réclament de ne plus être exclues, reléguées, utilisées.

    Partout aussi, les femmes sont solidaires des exclus, et risquent leur liberté et leur vie pour les défendre : au Cambodge, depuis de longs mois, elles luttent contre les expulsions forcées et pour le droit au logement, ainsi qu’au Nigéria.

    Au Cambodge, deux militantes du droit au Logement ont été interpellées.

    Femmes, nous sommes courageuses et déterminées, femmes nous méritons le respect !

     

    Michelle.C. Drouault

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique