• De Créteil à Delhi, le vécu des femmes, toujours un continent noir.

    Les jugements prononcés lors du procès des viols collectifs de Créteil ont étonné la plus part des citoyens, accablé les victimes, et révolté les femmes et les associations pour les droits des femmes. C’est à juste titre. Les peines prononcées ne semblaient pas à la mesure de la gravité des faits : des crimes, commis sur des jeunes filles mineures pour certaines.

    Il ne s’agit pas de remettre en question les décisions de justice. Il est seulement nécessaire de s’interroger sur ce problème : qu’est ce que les membres des jurés populaires-et la majorité des citoyens –connaissent de la réalité du viol ?

    Les déclarations de personnalités publiques lors d’affaires de viol sont consternantes tout à la fois de bêtise et d’ignorance.  Entre ceux qui ont déclaré, au sujet de l’affaire DSK « Il n’y a pas mort d’homme »( !), le journaliste français qui a affirmé qu’il fallait une arme pour commettre un viol ; et le politicien républicain(USA) qui a prétendu, lors d’un discours de campagne, qu’il était impossible de devenir enceinte suite à un viol, parce qu’il existait un mécanisme matabolique qui l’empêchait (sic)… nous nageons certes dans le fantasme pur ; mais l’horreur du réel est évacué.

    Tout d’abord, le viol est assimilé au sexe. Ce qui est faux. Le viol est une manifestation de domination, d’assujetissement et de violence. L’erreur vient de ce que cette violence cause à son auteur une jouissance au niveau de son sexe. Mais à la victime, elle ne cause qu’humiliation, terreur, douleur intense, et traumatisme ; exactement comme la torture.

    Le fait que le viol soit devenu une arme de guerre dans certains pays devrait pourtant mettre en évidence la nature de ce crime, et lui ôter toute connotation sexuelle ou érotique.

    Malheureusement, le fait même que des jurés aient pu prêter l’oreille à l’assertion selon laquelle une des victimes « aimait ça », démontre que tout ce qui touche au vécu des femmes est encore un continent noir. Acquitterait-t-on un auteur de tortures sous le prétexte que sa ou ses victimes étaient masochistes ? Dés qu’il s’agit des femmes, les affirmations les plus absurdes, contredisant toute expérience humaine, trouvent un écho.

    Les descriptions concrètes des viols décrivent des actes de torture : pénétrations forcées vaginale, anale, fellations contraintes. On fait effraction dans le corps de la victime par tous ses orifices, de manière répétée, sans tenir compte de son refus et de ses cris.

    Lorqu’une des victimes de Créteil dit qu’elles avaient l’impression d’être de la viande, c’est exact.

    L’éducation des citoyens doit se faire dés l’école ; elle doit être aussi précise que pour les mutilations sexuelles : une femme violée a le vagin déchiré, plein d’hématomes et d’écorchures, et il peut en être de même de son anus ou de son périnée. La souffrance est intense. Cela peut rendre ultérieurement un accouchement plus douloureux.

    Les blessures psychologiques sont immenses, et durent beaucoup plus longtemps que les douleurs physiques, comme pour la torture. Elles vont de la dévalorisation au dégoût de son corps, en passant par la dépression grave et les bouffées suicidaires.

    Une des victimes décrit ce calvaire. Comment les jurés ont ils pu croire un instant qu’elle se laissait faire « par plaisir » comme le prétendent ses agresseurs ? Pourquoi alors aurait elle porté plainte ? Pourquoi a t-on attendu qu’elle ait le visage fracturé pour intervenir ?

    Cela défie toute logique, tout sens commun.

    En Inde, on a attendu « qu’il y ait mort de femme » pour réagir. Pourtant, les viols collectifs sont nombreux, mais les plaintes n’étaient jusqu’ici jamais prises en considération.

    Et la honte rejaillissait sur la femme et sa famille si le crime était dénonçé.

    Une prise de conscience de l’impérieuse necessité d’écouter la parole des femmes, et de ne plus juger les violences qui leur sont faites à l’aune de valeurs masculines misogynes, s’avère urgente et indispensable.

    Michelle.C.Drouault

     

     


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