• Etre catholique peut-il abolir le discernement ?

     

    J’ai appris avec stupeur qu’un de mes anciens amis, accompagné de son épouse, était allé manifester dernièrement contre la loi permettant le mariage pour tous.

    Un homme à priori cultivé et réfléchi, ayant fait comme sa moitié des études supérieures ; et d’habitude doué de sens critique.

    Qu’est ce qui avait pu pousser ce couple à une telle décision ?  Intriguée, je leur donnai rendez vous dans un café, et les pressai de m’expliquer leur position.

    Ils reconnurent avoir longuement hésité. Ils n’avaient quasiment jamais manifesté.*

    Mais cette loi était dangereuse pour notre civilisation.

    L’argumentaire qu’ils développèrent ensuite me permit de constater avec tristesse que, s’agissant de catholiques pratiquants, ils avaient visiblement été influencés et poussés par les discours publics de certains évêques, et du curé de leur paroisse. Curé qui avait l’an dernier incité ses ouailles à signer la pétition « contre la théorie du genre dans les manuels scolaires ».  

    Tous les clichés sans nuances des familialistes resurgirent, de la loi naturelle à la fausse évidence de la « minorité » que constituaient les personnes homosexuelles, devant s’incliner devant la loi de l’hétérosexualité numériquement triomphante…

     

    Ils se défendirent vigoureusement de toute homophobie. Je les crois sincères.

    Où commence l’homophobie ? Elle ne signifie pas forcément haine des homosexuel-les, mais certitude que ces personnes sont d’une espèce différente, ne partagent pas l’universalité des expériences humaines ; et peuvent être traités à une aune différente du commun des mortels.

    Tout comme l’antisémitisme ne recouvrait pas obligatoirement une haine idéologique des Juifs ; mais plutôt le sentiment d’une différence irréductible mêlée de dangerosité, qui faisait trouver évident qu’ils ne puissent avoir accès à certaines professions.

    Tout comme certains blancs d’Afrique du Sud réprouvaient le régime violent d’apartheid, mais estimaient vraiment impossible de mélanger enfants noirs et blancs dans les écoles.

    Cette conversation me permit de comprendre qu’ils ne connaissaient pas de personnes homosexuelles,( ou alors, des amis d’amis…) et qu’ils étaient dans l’incapacité de comprendre la nature de leur amour : exactement la même que la leur, celle de l’amour humain.

    Poussés dans leurs derniers retranchements (Dieu n’était t-Il pas, justement, la source de tout amour humain ?) ils avancèrent  avec angoisse la PMA.

    La PMA concerne pour le moment les hétérosexuels seuls, on ne le répétera jamais assez.

    Que n’avaient ils été manifester à l’époque contre son autorisation ? ce procédé, quelle que soit l’orientation sexuelle,  aboutit à la fiction juridique qu’ils dénoncent avec vigueur.

    « Pas du tout ! » affirmèrent- ils, « la PMA pour les hétérosexuels pallie un problème de stérilité ». Un peu embarrassés, ils avouèrent même avoir songé à ce recours si la nature ne leur avait donné une petite Estelle longuement attendue.

    « Les femmes lesbiennes ne sont pas stériles » ajouta la dame avec bonne conscience.

    Non, Madame. Pas plus que beaucoup de femmes hétérosexuelles dont le couple a recours à la PMA parce que le mari seul est stérile.

    On trouve alors légitime que, ne voulant pas tromper son conjoint  avec le premier venu pour devenir mère, l’épouse ait recours à un tiers donneur de gamètes.

    Je demandai alors à ce couple au nom de quoi une femme lesbienne irait tromper la femme qu’elle aime avec un homme pour lequel elle n’éprouve rien (que de la répulsion peut être), dans le but d’avoir un enfant ?  Ce qu’ils avançaient me semblait profondément immoral.

    Ils admirent n’y avoir jamais pensé !!

    Quelle sorte de personne extra-terrestre était donc pour eux une femme lesbienne ? Une femme sans morale, sans exigence de fidélité, sans émotions, puisqu’elle pouvait bien supporter un rapport sexuel non vraiment consenti pour avoir un enfant ?

    Et s’il s’agissait de leur fille ? La mener ainsi « au taureau » serait concevable ?

    Mais non, il ne POURRAIT PAS  s’agir de leur fille.

    Emmenée dés 6 ans à la manifestation, Estelle comprendrait sans doute vite que l’homosexualité n’est pas le bon choix…

    Voilà donc des catholiques à qui leur clergé a fait abandonner le fondement même de leur Foi : voir en leur frère ou leur sœur le visage de Dieu, aimer son prochain comme soi même, c’est à dire s’identifier à elle, à lui.

    A en juger par beaucoup de sites chrétiens, les catholiques sont ceux qui se sont montrés les plus suivistes des discours d’intolérance. Protestants et orthodoxes n’ont soufflé mot.

    Les protestants célèbrent déjà, dans certains pays des unions de personnes de même sexe, reconnaissant par là la totale similitude de leur engagement.

    Alors, on est en droit de se poser cette terrible question : Etre catholique abolirait-t-il le discernement ?

    L’Eglise a la mémoire courte : son obsession du familialisme traditionnel lui avait fait applaudir la venue de Pétain, pour se ressaisir ensuite. Son honneur fut sauvé par les prêtres résistants, et les nombreux religieux qui cachèrent des enfants au péril de leur vie.

    Maintenant, la voilà bien ennuyée d’avoir joué les apprentis sorciers pour ce qui devient clairement un front anti républicain.

     

    Michelle .C. Drouault

     

     

    * Est-ce ce manque d’expérience du politique qui cause la naïveté de certains manifestants devant leur proximité avec l’extrême-droite ?


  • Commentaires

    1
    Songlan
    Dimanche 26 Mai 2013 à 10:03

    Qui peut juger d'une relation d'amour ?


    qui peut dire que telle relation d'amour est recevable et pas une autre ?


    qUI PEUT donner le droit à une relation d'amour et d'amitié de s'exprimer et ne pas LA DONNER à une autre ?


    Quant à l'officialisation de telle ou telle relation d'amour, qui peut décider qu'elle a le droit de s'exprimer en public et une autre pas ? et si un enfant peut avoir la chance de 2 parents (la règle grammaticale ne vous dira rien !) au lieu d'un, pourquoi la lui enlever ? vous prendrez la place du deuxième parent ?


     

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