• Mariages des personnes homosexuelles et préjugés de sexe.

    Les rabâchages normatifs au sujet de l’homosexualité qui irritaient récemment un auteur, me semblent également particulièrement navrants, parce qu’ils suintent la peur.

    Oui, LA PEUR.

    Ce n’est pas un hasard si , lors du tollé (tout aussi lamentable) sur le contenu des manuels de SVT, la malheureuse philosophe Américaine Judith Butler avait été la cible principale des pourfendeurs d’une « théorie du genre » qui n’existe pas. Car Ms Butler analyse et décortique cela : la peur que causent aux êtres humains ceux des leurs qui s’écartent des normes d’une société donnée, quelques soient les normes en question. Et l’angoisse, passagère ou profonde, que nous ressentons lorsqu’il ne nous est pas possible de situer d’emblée le genre d’une personne que nous rencontrons. A la suite de Foucault, elle étudie à quelles répressions, à quelles vengeances phobiques (elle en cite quelques unes) peuvent mener ces angoisses quand elles sont collectives.

    Personne ne peut nier que le mariage soit à l’origine une institution patriarcale pour contrôler les femmes, et s’assurer du « pedigree » de sa descendance. Et donc, une structure hiérarchisée. Cette institution a évolué, mais très lentement. La dernière discrimination entre les conjoints, le fait que seul le père marié ait accès à la gestion des biens des enfants mineurs, n’a été abolie qu’en 1985 !

    Le mariage de personnes de même sexe va provoquer un glissement des lignes, et obliger la société à se pencher sur ce qui demeure des discriminations et des préjugés de sexe.

    Cela, c’est insupportable à certains.

    Les administrations vont être contraintes de se demander s’il est bien raisonnable de continuer à avoir un « chef de famille ». Déguisé, certes, la dénomination ayant officiellement disparu.
    Mais mesdames qui êtes mariées savez bien que sur votre avis d’imposition, à la rubrique « Vous », c’est obligatoirement votre époux qui apparaît, même s’il a été au chômage toute l’année, et que vous avez un salaire deux fois plus élevé que ses Assédics…. Même au cas où vous avez d’importants biens personnels. L’avis d’imposition s’adresse à Monsieur ; et on concède à Madame le droit de faire apparâitre son nom de naissance en cochant une case prévue à cet effet, sinon, elle ne sera plus que « Madame Gaston Dupont », invisible et anonyme. Alors, que faire, quand il y aura « Madame et Madame » ou Monsieur et Monsieur » ? Qui sera « Vous » ? Quelle angoisse !

    Et le nom ? qui prendra l’usage du nom de l’autre ? Madame Juliette Dubois ne saurait être qu’elle même, alors que « Madame Dominique Duval » peut aussi signifier l’épouse de M. Dominique Duval…On cessera sans doute de faire croire aux femmes qu’elles « changent de nom » en se mariant, cela n’a été ainsi (et obligatoire) que durant le consulat et le règne de Napoléon.

     Sur les fiches scolaires, le chef de famille s’est déguisé en « responsable principal », et en cas de parents mariés ou pacsés, c’est le père ! Si on veut lutter contre cet usage, et mentionner les deux parents, il n’y a pas assez de place …

    Le mariage va donc cesser d’être une entité hierarchisée, et chacun va devoir se repositionner face à cette nouvelle donne. Il va être nécessaire d’adapter, d’ajuster, de réfléchir.

    Et cela semble donner des boutons aux évêques et à certains rabbins.

     

    Michelle.C. Drouault


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