• MIGRANTS : LE CAUCHEMAR DU RÉEL  

    « J’ai vu beaucoup de morts » (…) « mais jamais rien de tel. C’est choquant. Cela vous fait penser que vous ne vivez pas dans un monde civilisé ».

    Ce sont les propos du photographe grec de l’AFP ARIS MESSINIS, dans une interview au « New York Times », traduits dans la revue « Courrier International ».

    Le 4 octobre dernier, Messinis se trouvait à bord de l’Astral, un bateau de sauvetage d’une ONG espagnole, au large des côtes libyennes où des migrants tentent pas milliers de gagner l’Italie ou la Turquie.

    Il décrit des scènes qui rappellent le temps de l’esclavage, et des embarcations de négriers :

    « Dans un des bateaux, plus d’une vingtaine de personnes étaient mortes asphyxiées par la foule massée sur le bateau. Dans d’autres embarcations, les corps étaient enchevêtrés sur le sol, contraignant les survivants à grimper sur les cadavres » (…)

    Au cours de cette journée, 4655 personnes ont été secourues ; 28 ont perdu la vie.

    Elles venaient principalement d’Erythrée, de Somalie, du Nigeria, pays où sévissent la dictature, les conflits, ou la famine.

    En 2016,  plus de 4000 personnes se sont noyées en Méditerranée, dont 3500 entre janvier et Mai.

    75000 réfugiés fuyant la Syrie sont actuellement piégés à la frontière avec la Jordanie.

    Plus de 10 000 réfugiés Afghans au Pakistan sont harcelés par les autorités, et souvent contraints de retourner dans leur pays en guerre.

    Beaucoup sont incarcérés illégalement dans des centres de rétention, sans recours possible à un avocat, et sans considération pour leurs enfants.

    Selon Amnesty International, le viol est monnaie courante dans ces voyages avec des passeurs, et beaucoup de femmes et de filles prennent la précaution d’un contraceptif oral pour éviter une grossesse issue d’un viol…

     

    Les photos d’Aris Messinis ne sont pas de la fiction, comme le film « Twelve Years A Slave ». (Bien que ce soit basé sur des faits réels, ce sont des acteurs que nous voyons)

    Elles sont des témoignages insoutenables.

    Le photographe a présenté sur une chaine de télévision une photo emblématique d’une famille rescapée, avec l’espoir que ceux qui la regarderont s’identifieront à cette famille, semblable à la leur, et lutteront pour un meilleur accueil de tous les réfugiés.

    Je crains que ses espoirs ne soient déçus : en France, les communes qui doivent accueillir des réfugiés « se défendent » « organisent la résistance » avec le concours des élus !

    Des habitants manifestent carrément leur hostilité sur la voie publique, comme à Montpellier dernièrement.

    Ils ne veulent pas d’autres êtres humains désespérés, de femmes et d’enfants épuisés. Cet accueil est pourtant prévu dans des bâtiments inutilisés, et avec un accompagnement social et sanitaire. Là où il existe déjà, il se passe bien. Plusieurs reportages ont montré que, d’abord méfiants, les villageois ont du convenir que les réfugiés s’intégraient peu à peu à la vie commune sans problème. Mais peu importe. Les français ont peur de leurs frères humains, une peur irrationnelle qu’ils ne sauraient expliciter. Car enfin, que craignent-ils exactement ? Cela n’est jamais dit. Le mot « migrant » est inlassablement associé avec « insécurité » et « terrorisme » par la presse dite populaire. Or le danger, il est pour ceux qui fuient des pays où ils n’ont pas d’avenir, si ce n’est peu de chances de survie.

    Le reportage « Exode », diffusé sur la chaîne Canal +*, a montré le parcours  d’une famille syrienne, n’ayant échappé à la noyade et à l’arrestation que pour subir une marche forcée.

    « Ce qu’on nous fait » dit le père de famille, « c’est un crime contre nos enfants ».

    La France n’a accueilli que 12000 syriens depuis 2011, alors que la Jordanie en a accueilli 655 000 ! Les premiers pays d’accueil, on ne le dira jamais assez, sont les pays voisins, Jordanie, Liban, Iran, Turquie…

    Mais peu importe en effet cette réalité : un politique français déniait récemment aux réfugiés leur humanité en persistant à évoquer des « flux migratoires », et « l’erreur » de la Chancelière allemande Angela Merkel de leur avoir ouvert les portes de l’Allemagne.

    Madame Merkel a sauvé l’honneur de l’Europe, et les réactions de mes compatriotes me couvrent de honte.

    Comme durant la seconde Guerre Mondiale, l’Europe montre le hideux visage du rejet et de l’égoïsme. Elle n’a rien appris. Rien.

     

    Michelle C. DROUAULT

     

    * Et qu’on peut par conséquent revoir si on l’a manqué

    * ci-joint un texte du maire de Palerme :

     

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/11/leoluca-orlando-il-faudrait-abolir-le-permis-de-sejour-c-est-la-peine-de-mort-de-notre-temps_5011787_3212.html


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