• PRIER POUR L’ÉGALITÉ DES SEXES, UNE RÉALITÉ !

    Aujourd’hui dans ma paroisse des Alpes maritimes, je n’ai pas regretté d’être « montée » à la messe (la basilique est haut perchée).

    En effet, j’y ai entendu une homélie inhabituelle et très intéressante sur la place des femmes au temps de Jésus.

    Les femmes de cette époque, expliquait le chanoine, n’étaient personne ! Considérées comme des marchandises qu’on pouvait acheter, et dont on pouvait disposer à sa guise, destinées au service, la procréation de la descendance et le service de l’époux; elles étaient bien loin d’avoir une place d’êtres humains à part entière. Une place qu’elles ont mis des siècles à  conquérir. L’occupation romaine de la Palestine -l’homme romain avait droit de vie et de mort sur sa famille- n’a nullement amélioré cette situation.

    L’Evangile du jour, a précisé l’orateur, nous présente une femme dans une position de dénuement et de désespoir absolus : elle est veuve, sans homme pour la défendre et la faire vivre ; et son fils unique vient de mourir. En surcroit de son chagrin, elle est donc réduite à la mendicité selon les codes de la société de son époque. (1)

    Par ailleurs, personne ne la plaint, car le judaïsme de ce temps considérait le malheur comme la punition du péché, commis par l’individu, ou sa famille. Bien fait pour elle !

    C’est cette femme que Jésus va relever en tirant son fils de la mort ; « redresse-toi ! » dit il au

    jeune homme. En grec, les verbes redresser et ressusciter sont similaires.

    C’est à dire qu’où que nous soyons tombés, nous pouvons renaître.

    Jésus, a poursuivi le chanoine, a fait l’impensable pour ses contemporains : donner aux femmes une place d’égale dignité, s’adresser à elles, les traiter en amies (Marthe et Marie) remettre en question les codes qui les maintenaient en servitude (la répudiation) ou les ravalaient à des objets de mépris (les femmes prostituées) ou encore les condamnaient à mort sans jugement (la femme adultère).

    D’où le « scandale » qu’il a causé, les « blasphèmes »  dont on l’a accusé : la remise en cause de l’ordre moral de son temps n’était pas pardonnable….

    Or les hommes (de sexe masculin), conclut enfin le prêtre, pratiquent depuis bien longtemps une politique qui ne sert que leurs intérêts et leurs désirs.

    Mais la Parole de Jésus, malgré toutes les déformations qu’on a tenté de lui faire subir, est restée, et les femmes (du Haut Moyen Age en particulier) ont pu s’appuyer sur elle pour commencer à exiger leur dignité.

    Dans la prière Universelle, le diacre a demandé à l’assistance de prier pour tous ceux et celles qui travaillent à l’égalité des sexes !

    Cela m’a beaucoup touchée, car c’était la première fois de toute ma vie que j’entendais une telle prière !

    Une prière appuyée sur des actes : un garçon et une fille servants de messe, portaient la même tenue ; et une religieuse donnait la communion aux côtés du prêtre en bas de l’autel.

    Me voici renforcée dans mon combat : être féministe et croyante !

     

    Cependant, pour pousser plus loin la réflexion, peut-on considérer que la rigidité à l’égard de codes sociaux inégalitaires et discriminants, l’invention de la « place de la femme différente et complémentaire », les discours « sur » LA femme, sans laisser aux femmes plurielles la possibilité de s’exprimer, sont des résidus du paganisme et d’un judaïsme archaïque ?

    Probablement.

    Jésus n’a jamais évoqué aucune complémentarité, mais a laissé à chaque femme à laquelle Il s’adresse sa pleine place, sa liberté d’être elle-même. Il n’en a jamais exclu aucune.

    Il n’a jamais abordé le sujet de la fécondité des femmes et de la maîtrise de leur corps. Cela leur appartient. Mais les religieux se bouchent les yeux et les oreilles.

    Et, dans la société civile, les véritables conservateurs, les « réactionnaires » au sens de ceux qui réagissent à toute tentative de changer les places et les rôles, ne sont-ils pas ceux qui, y compris sous le manteau d’un progrès soi-disant toujours en marche, veulent continuer à ravaler les femmes au rang de chair à consommer ou de couveuse vivante ?

    Certains athées moqueurs ou détracteurs des religions qu’ils assimilent à l’obscurantisme, veulent en fait revenir à cette époque bénie où une femme n’était personne. Ils veulent pouvoir continuer à acheter des services sexuels sans sanction ; ils veulent pouvoir louer le corps d’une femme pour se fabriquer une descendance selon leurs désirs ; ils veulent pouvoir répudier une femme rapidement quand ils en ont assez. D’autres encore ne veulent pas leur laisser la liberté de se vêtir comme elles le souhaitent, ou de se réunir entre elles, elles doivent être accessibles et disponibles.

    La course en avant du « progrès », la levée des « tabous », ne serait-elle  que l’inflexible tour de roue d’un retour en arrière ? Un bond de deux mille ans…..

     

     

    Michelle .C. DROUAULT

     

    (1)  Le statut de »non-personne » et d’exclue des veuves a encore cours dans certaines régions de l’Inde contemporaine : vêtues du blanc du deuil, nombreuses sont les veuves qui vivent de la charité publique si un fils ou un gendre ne les prend pas à sa charge. Des organisations caritatives, alertées sur ce problème, tentent de leur venir en aide. Et cela ne fait pas si longtemps encore (un siècle), les veuves de certaines provinces indiennes devaient se jeter vivantes dans le bûcher d’incinération de leur défunt époux : preuve irréfutable que sans époux, elles n’existaient pas !

     

     


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