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J’ai eu récemment l’immense surprise de lire dans un grand quotidien un article qui pose une question effarante : est ce que la prostitution ne serait pas une manière de se réapproprier son corps ?
Qu’on puisse se réapproprier quoi que ce soit en le vendant est déjà en soi une incohérence.
Mais cette promotion d’un des principaux aspects, un des plus durs, de l’exploitation des femmes -l’article est bien obligé de reconnaître que 85% des personnes prostituées sont des femmes-pose un sérieux problème.
A l’appui de cette hypothèse, suivent les exemples de deux femmes qui ont « sauté le pas »(quel pas ?) des relations sexuelles « tarifées ».
La première l’aurait fait pour réaliser un fantasme, puis aurait trouvé cela facile : elle a gagné 200 euros en une heure et demi ! Que faire de cet argent ? elle s’est acheté une belle paire de chaussures…
La seconde a elle aussi « sauté le pas » de manière organisée : une dizaine de clients « réguliers » par mois dans une garçonnière, depuis des années. Et son mari a toujours été au courant ( !)…
Cette activité lui rapporte environ 1800 euros par mois, qui lui permettent d’épargner pour sa retraite (voilà une solution à laquelle le gouvernement n’avait pas pensé) ou de s’acheter des « petits plus », sac ou manteau…
Ces deux femmes ne sont à leur dires absolument pas dans le besoin, et ont une profession : l’une est professeure des écoles (bonjour les bambins !) l’autre assistante commerciale.
Ouf ! elles ne sont pas féministes.
Mais une troisième prétend que cette « transgression » peut faire avancer la cause des femmes : elle a pu ainsi acheter à ses enfants les cadeaux de Noêl dont ils rêvaient.
C’est nous, les lectrices et lecteurs, qui croyons rêver !
L’autrice de l’article semble déplorer, dans son commentaire, que pour les abolitionnistes (dont des députées) cette « liberté » de vendre /louer son corps ne soit pas acceptable…
Rappelons à cette journaliste hors-sol quelques principes de droit français :
-le corps humain est indisponible, et ne peut être loué, vendu ou cédé
- acheter des services sexuels est un délit (loi de 2016) puni de 1500 euros d’amende.
-organiser la prostitution, en être complice, ou en tirer bénéfice, est un délit aggravé, puni de peines de prison en sus d’amendes.
Le mari de la dame est donc son proxénète, et il n’y a rien de glamour là dedans.
Elle évoque une « sexualité plus ouverte » ; il ne s’agit pas de sexualité, mais de traite des corps.
Pour avoir accompagné des personnes prostituées en tant que travailleur social, je sais que la prostitution n’est pas un choix. Des femmes s’y trouvent acculées parce qu’un jour, elles sont au chômage non indemnisé, que le RSA ne suffit pas pour garder à leurs enfants un toit sur la tête, et que le frigo est vide. En général vulnérables parce qu’elles ont un piètre sentiment de leur valeur (passé de maltraitance ou de violences sexuelles) le « pas » est plus que douloureux à sauter. D’autres, et elles sont nombreuses, y sont contraintes : étrangères ou provinciales, on leur a fait miroiter un « travail » dans une grande ville, puis elles ont été piégées dans un réseau de prostitution. Ces femmes sont détruites. A les voir sans apprêts, elles paraissent aisément dix ans de plus que leur âge civil. Quand elles veulent sortir de la prostitution, elles sont menacées de mort, on leur fait du chantage sur leurs enfants, leur famille si elles en ont. Rosine, une « survivante » de la prostitution, a sillonné la France à pied pour le clamer, pour militer pour l’abolition.
Cet article est une gifle pour elle, et toutes les autres.
Insulter l’intelligence des femmes pour leur faire croire que leur domination, leur exploitation, peuvent être désirables, celà n’est pas nouveau.
Ce qui l’est , c’est l’instrumentalisation des acquis et des slogans féministes, pour les retourner contre les femmes : « Mon corps mon choix » devient « mon choix d’être réduite à un objet ». Le même argument sordide est d’ailleurs servi par les partisans de la « gestation pour autrui » : « mon choix de louer mon utérus ».
A l’instar de la dame qui améliore sa retraite grâce à la prostitution, une américaine a voici quelques mois assuré la promotion de la maternité de substitution en racontant comment la rémunération de la grossesse pour un couple infertile avait permis à sa famille d’acheter une caravane pour partir en vacances ! Formidable !
A ces journalistes qui frissonnent des récits de « transgression »-dont elles ne vérifient pas la véracité-, rappelons aussi que la prostitution des mineures explose ; ils et elles devraient le savoir, les affaires sont nombreuses à défrayer la chronique : des petits dealers estiment que la prostitution est moins risquée que le trafic de stupéfiants, et plus facile. Ils appâtent et piègent leurs « petites amies » qu’ils prostituent dans des chambres d’hôtel ou des Arb Nb.
Voici quelques semaines s’est tenu le procès de jeunes proxénètes qui prostituaient une fillette de douze ans qui avait réussi à appeler au secours… naturellement, les « clients » ont tous nié savoir qu’ils avaient affaire à une mineure. Jamais il n’est redit que la prostitution n’existe que parce qu’il y a une demande : des hommes lambda sont prêts à tout pour avoir un corps docile à leur disposition.
Alors, oui, « glamouriser » la prostitution, en faire la promotion comme une pratique d’ « empowerment » (retrouver du pouvoir) est irresponsable. Cela peut induire des jeunes filles en erreur, et les faire tomber dans ce piège dont on ne sort plus. La prostitution est faite de traitements inhumains et dégradants, elle ne permet pas juste de s’acheter de belles bottes ! Les récits des rescapées sont glaçants.
Nous n’avons pas la « liberté » de devenir esclave de quelqu’un, ce quelqu’un serait poursuivi, car il n’existe pas de consentement à une aliénation du corps humain.
Courageusement, l’article du quotidien était fermé aux contributions ! Et lorsqu’un ami et moi avons voulu manifester notre désapprobation à la suite d’un autre article, justement sur la prostitution des mineurs, nos commentaires ont été censurés. On n’ose supposer l’influence des puissants lobbies qui défendent la notion de « travailleuses du sexe »… ?
Est ce là l’attitude d’une presse honorable ? Voilà les questions qui m’assaillent, et que je partage avec vous toutes & tous..
Michelle DROUAULT
* dans ma colère, j’ai songé à d’autres titres ubuesquement racoleurs : « l’esclavage, un moyen de se libérer des charges mentales : plus de responsabilités, esprit libre »….je suis preneuse d’autres suggestions….
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« La révélation des viols de Mazan a été celle du désastre des relations entre les hommes et les femmes »
Ce sont les propos d’une féministe moderne interrogée par la presse sur la teneur de ce procès (Camille Froidevaux –Metterie)
Rappelons que le procès dont il est question est celui d’un homme, Dominique P, qui durant une dizaine d’années, a drogué sa femme à son insu (c’est d’ailleurs le nom du site sur lequel il proposait ces rencontres !) pour inviter des hommes à la violer, en état de soumission chimique totale. Ces hommes, au nombre d’une cinquantaine, sont également au ban des accusés. Car tous sauf un, qui est parti rapidement, sont passé à l’acte. Aucun n’a prévenu la police. Les hommes incriminés sont de toutes les classes sociales, et de tous les âges(entre 72 et 26 ans), toutes les professions. Beaucoup sont mariés.
La victime a récusé le huis clos pour que le procès soit public. Elle a bien fait.
Puisque dans sa perversion(ou sa prudence pour se couvrir ?) son époux a tout filmé, et qu’elle a autorisé le visionnage des vidéos, la Cour a pu voir en toute lumière ce que d’aucuns prétendent ignorer : la culture du viol à l’œuvre.
Et pour se disculper, un des accusés a déclaré « c’est sa femme, il fait ce qu’il veut avec ».
Dont acte.
Tout aussitôt, des hommes se sont précipités pour crier une fois de plus « NotAllMen »(pas tous les hommes !) comme si c’était cela le sujet ! Le sujet ce sont les actes que subissent les femmes dans nos sociétés. Si des politiques se gargarisent de « nos valeurs » d’égalité homme-femme que devraient respecter tous ceux qui mettent un pied en France, les accusés semblent être de bons français.
Je ferai une seule objection à l’autrice de ces propos : en l’occurrence, s’agit il vraiment de « relations » quand la recherche du non-consentement, de l’absence de possibilité de le donner, est le but poursuivi? En surface, Madame Gisèle P. avait une relation avec un époux qu’elle chérissait. En réalité, elle n’était qu’un objet utilisé pour réaliser des fantasmes.
Un article récent du journal « Le Monde » a attiré mon attention, comme étant un autre aspect de ce désastre relationnel : il traite du nombre conséquent de femmes malades d’un cancer abandonnées par leur époux ou compagnon. 20%. Dans le cas inverse(c’est l’homme qui est malade) elles ne sont que 2,9% à abandonner le nid… Etre une femme laisse 6 fois plus de risque d’être abandonnée en cas de maladie ou de handicap.
Les interviews glacent le sang. Des conjoints qui ne viennent plus aux rendez vous médicaux, se désintéressent de l’état de santé de l’autre, pour finir par prendre la porte ou demander le divorce (prononcé à leurs torts, on espère ?).
Des soignants qui relatent toutes ces femmes qui souffrent et meurent seules, parce que le conjoint, même sollicité pour les accompagner dans leurs derniers instants, n’a pas voulu venir. Ceux qui viennent, mais en compagnie de leur nouvelle petite amie..
Pour avoir travaillé en oncologie dans les années 90, je peux confirmer que ces situations sont hélas courantes depuis longtemps.
Mais le pire était à venir : certaines réactions de lecteurs hommes. Là encore, le sujet n’était pas la maladie, la souffrance des personnes en question, mais encore et toujours EUX.
Le « NotAllMen » a resurgi . La journaliste caricaturait, ils étaient quand même 80% à rester!
D’aucuns ont dit honnêtement que le spectacle de la souffrance et de la dégradation leur était insupportable. Certes. Il l’est pour nous tous. Est ce une raison pour partir? Abandonneraient ils leur enfant malade à l’hôpital? Non, cela leur paraîtrait monstrueux, ils auraient trop peur du jugement d’autrui sans doute. Donc l’amour n’est pas le même? L’amour pour une femme n’est pas inconditionnel ; elles ont une date de péremption, elles peuvent être jetées quand elles ne conviennent plus? Ne serait ce pas surtout lorsque la relation demande trop d’efforts?
Saluons au passage le bref récit d’un lecteur indigné qui égrenne les chimiothérapies, rémissions, rechutes, de son épouse qu’il a toujours accompagnée et soutenue. Simplement parce qu’il l’aime. Tout est dit. Merci Monsieur, vous nous redonnez de l’espoir…
A contrario, d’autres ont rechigné : ils sont restés, oui, mais c’était dur, il fallait faire la vaisselle et la cuisine, et côté sexe, ce n’était plus à l’ordre du jour… pas un mot pour les souffrances physiques et morales de la dame. Dans le corps de qui se trouvait donc la maladie? Pouvons nous considérer qu’une telle sécheresse de cœur, un tel égotisme, sont des maladies de l’âme? Un cynique s’est justifié de son infidélité… un interviewé a dit carrément que « le sexe n’était plus intéressant». Ils aimaient un corps mais certainement pas un être humain.
Oui, ces faits sont un autre désastre. Un autre voile levé sur la façon dont les femmes sont considérées.
Dans l’un et l’autre cas, des objets utilitaires.
Ces hommes ne sont pas des « monstres ». Les accusés de Mizan sont des « Monsieur -Tout –le-Monde » bons professionnels et bons voisins. Sur un plateau de télévision, des intervenants doutaient de leur banalité en précisant qu’une dizaine avaient été victimes de violences sexuelles dans l’enfance, et que quelques autres avaient déjà un casier pour des infractions routières ou de petits délits ; comme si cela constituait des profils spécifiques. Ils sont seulement un échantillon classique de la société française.*
Les conjoints des femmes malades sont des hommes ordinaires.
Un paisible grand père vient d’être condamné à 12 ans de réclusion criminelle pour le viol incestueux de sa petite-fille et des agressions sur ses petites-nièces. Sa petite ville est en émoi.
Et nous avons appris récemment qu’un homme, un religieux que nous admirions, dont nous rejoignions, comme citoyenne ou comme chrétienne, les combats contre l’injustice ou la misère, avait lui aussi abusé de femmes, de femmes dans la détresse.
La plaie reste béante.
Le désastre demeure, qui doit être réparé.
Faible raison d’espérer : la tribune publiée dans « Libération » de 200 jeunes hommes qui adjurent leurs congénères de se livrer à une urgente remise en question.
D’être les alliés des femmes, comme beaucoup de jeunes Iraniens.
Pour que nous nous relevions toutes, et tous.
Nous avons besoin d’être relevés, pour que nos filles, nos petites-filles, n’en viennent à croire impossible de faire confiance à une personne du sexe opposé.
Michelle DROUAULT
*160 000 enfants par an sont victimes de violences sexuelles, et ce dans toutes les couches de la société. Soit 1 enfant toutes les 3 minutes, précise un site gouvernemental…
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Lors d’une conférence de presse donnée dans l’avion qui le ramenait d’un voyage en Asie du Sud, le pape François a renvoyé dos à dos Donald Trump et Kamala Harris comme étant tous deux « contre la vie ».
La vie de qui ?
S’il est évident que M. Trump a envers les migrants un discours offensif et méprisant, qui les déshumanise (nous n’oublierons pas les Haïtiens qui mangent les chats !) et fait en effet peu de cas de leur vie, il semble que le souverain pontife ait mal écouté Mme Harris, avec qui il partage un certain nombre de points de vue.
Il fait naturellement référence à l’avortement, cheval de bataille insensé du catholicisme, basé non sur des preuves médicales ou scientifiques , qu’il s’agisse de biologie ou de sciences humaines, mais sur une idéologie patriarcale inspirée par des laïcs ultra-conservateurs voici deux siècles. Il est à noter que la religion catholique est la seule, l’unique confession à ne concéder aucune exception à l’interdiction de l’avortement. Pourtant protestant, M. Trump semble épouser cette cause…
Ecoutons Kamala Harris : elle rappelle que 20 états US ont signé une telle interdiction absolue, CE QUI SIGNIFIE QUE une jeune fille ou une fillette victime de viol ou d’inceste, qui sont des crimes, des crimes commis sur son corps, ne peut décider de ce qu’elle veut faire de ce corps. Et que c’est profondément immoral.
De son côté, François a déclaré, au sujet des abus sexuels dans l’Eglise : « l’abus sexuel des enfants, des mineurs, est un crime, c’est une honte ». Et il a poursuivi , s’agissant de l’Abbé Pierre : « l’abus, à mes yeux, est chose démoniaque. Tout type d’abus détruit la dignité de la personne. Tout type d’abus cherche à détruire ce que nous sommes tous : l’image de Dieu ».
Très bien.
Les voilà tous deux d’accord que les femmes les filles les enfants, subissent des crimes abominables qui les détruisent.
Mais à partir de là, que se passe-t-il ? Où est la divergence ?
Un pape avec de telles convictions peut-il défendre l’idée qu’une jeune fille violée, peut être de surcroît par un père ou un beau-père, doive endurer en plus l’intense souffrance physique , mentale , et morale d’avoir à supporter une grossesse ? Rappelons que la constitution physique d’une jeune fille en dessous de 15 ans ne permet souvent pas sans danger grave pour la vie de celle-ci de poursuivre une grossesse: son bassin, son utérus, son organisme, n’ont pas la maturité nécessaire. Ce dont l’agresseur ne s’est pas soucié. Devons nous nous mettre au même niveau que lui ? Doit on risquer de tuer la victime ? est-ce cela la foi chrétienne ?
Quant à la souffrance psychologique engendrée par une telle situation, elle relève de la torture, de traitements inhumains et dégradants tels que proscrits par les Conventions Internationales.
Aussi bien le pape que D. Trump ont recours à la supercherie qui consiste à prétendre que l’avortement "tue des enfants"* alors que la majorité des interventions s’effectuent sur des embryons; mais qui sont ici les enfants qui sont vraiment tuées, dans leur corps et dans leur âme, lorsqu’il y a interdiction dans tous les cas ? Ce sont les jeunes victimes. Tuées deux fois.
Donc être « pour la vie » devait consister en premier à préserver celle des filles et des femmes. Sauf à les déshumaniser, et à estimer que certaines vies valent moins que d’autres, c’est à dire que la vie d’une jeune fille vaut moins que la survie d’un embryon ou d’un fœtus.
A décider(à la place de Dieu) qui doit vivre ou non.
Ce qui est totalement anti-chrétien.
Il y a là, dans les discours de François, une incohérence totale.
Poursuivons avec l’intervention de Kamala Harris : dans ces 20 états, les femmes enceintes ne peuvent accéder aux soins de santé auxquels elles sont droit. Toutes celles qui ont des hémorragies, des fausse-couches, ne peuvent être soignées au prétexte que les soins de santé sont globalement les mêmes qu’il s’agisse d’une fausse couche ou d’un avortement : il faut extraire le fœtus et le contenu de l’utérus. Faisant l’impasse sur le fait que si cela n’est pas pratiqué rapidement en cas de fausse-couche, la patiente risque une septicémie, une infection des trompes, une hémorragie létale, et peut être la mort par hypoxie, les médecins, reniant le serment d’Hippocrate (Primum non nocere ) refusent d’intervenir tant qu’il reste un bruit du cœur du fœtus détectable-y compris lorsque celui-ci est atteint de malformations le rendant non viable en tout état de cause-
Nous sommes ici dans le déni complet de la Science et de la simple humanité, au profit d’une idéologie. Ces lois n’ont pas été basées sur des données médicales. Mais les médecins et infirmiers sont terrifiés, ils risquent jusqu’à 99 ans de prison si leurs soins sont assimilés à une interruption de grossesse illégale…
Plusieurs américaines ayant survécu à de telles épreuves ont attaqué l’Etat en justice, et témoigné. Au Texas, 13 plaignantes ont expliqué que malgré de graves complications de leur grossesse (des grossesses désirées) mettant leur vie en danger, l’avortement leur avait été refusé, et qu’elles avaient du faire un long trajet pour être soignées valablement dans un autre état. Délai qui a entraîné pour certaines des mutilations ou stérilités définitives.
Ainsi, Amanda ZURAWSKI a perdu les eaux à 18 semaines de terme (4 mois et demi). Le médecin a refusé l’expulsion du fœtus, qu’il considérait comme un avortement illégal. Sans liquide amniotique , un fœtus meurt, mais non sans dommages : 3 jours plus tard, Amanda a fait une septicémie, et perdu une de ses trompes. Elle souffre à présent de stérilité partielle.
Samantha CASIANO a vu déceler à l’échographie une encéphalite grave du fœtus qui le rendait non viable. Là aussi, elle s’est vu refuser de mettre un terme à la grossesse. Le bébé est décédé quelques heures après l’accouchement, causant aux parents une intense souffrance morale.
Kamala Harris précise que des couples enthousiastes à l’idée de fonder une famille, mais confrontés à des difficultés, n’ont pas droit aux soins adéquats dans les états cités (et leur fertilité n’est pas préservée). C’est effectivement absurde.
Légalement, l’unique exception à l’interdiction de l’avortement est le danger pour la vie de la mère. Mais la loi n’est pas respectée faute de critères médicaux précis sur cette notion de danger. Repréciser des critères, a dit un sénateur conservateur "équivaudrait à permettre des IVG à des femmes ayant simplement des maux de tête ou une dépression".
Une telle ignorance abyssale de ce qu’est une grossesse, ajoutée à un mépris des femmes non dissimulé, laisse pantois.
C’est bien la santé et la vie des femmes qui sont méprisés.
De tels règlements sadiques ne peuvent venir que de personnes qui haïssent les femmes.
Ils répondent à la définition des traitements dégradants (la privation de soins même en cas de menace de mort) constituant la torture, établis par toutes les instances des Droits Humains.
En ce moment dans les prisons de certains pays, les détenus politiques sont privés de soins médicaux alors qu’ils sont en danger, et cela soulève une indignation unanime…
On ne peut donc renvoyer dos à dos une personnalité politique qui veut faire respecter ces droits humains indispensables à la survie de la société et la dignité des citoyennes ; et une autre qui veut priver plusieurs catégories de population de ces mêmes droits humains.
Par ailleurs, de telles interdictions ne viennent pas de Dieu. Elles ne peuvent venir du Dieu plein de bonté qui s’est si souvent montré, dans son incarnation humaine, si rempli de pitié et de compassion pour ses frères et sœurs.
On ne peut que penser une fois de plus à ceux qui « chargent les autres de fardeaux qu’ils ne veulent pas eux mêmes toucher du doigt » que le Christ a interpellés….
Le martyre obligatoire, oui, mais pour les autres ?
Michelle DROUAULT
*D. Trump, au cours de ce débat avec la candidate démocrate, a proféré le mensonge énorme des « bébés qu’on exécute » après la naissance dans certains états. Il s’est fait rappeler à l’ordre par la journaliste arbitre de la bonne tenue du débat : aucun état américain n’autorise de telles pratiques meurtrières. Aucun. Dont acte.
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Une rumeur circule depuis déjà une bonne décennie, sur une éventuelle « islamisation » de la société française.
De quoi est il question exactement ?
Tout d’abord, qu’on se rassure, nous vivons toujours sous le calendrier grégorien, et pas celui de l’Égire !
Les jours fériés officiels sont toujours ceux des fêtes catholiques(orthodoxes et coptes doivent solliciter d’autres jours de congé, comme les fidèles d’autres confessions). Cet état de fait pourrait être considéré comme une entorse à la séparation des Eglises et de l’Etat, qui est censé ne « reconnaître » aucun culte….
On aurait pu imaginer des fêtes chômées par roulement : 5 ans de fêtes chrétiennes, 5 ans de fêtes juives, 5 ans de fêtes musulmanes….ce qui aurait contribué à un mieux-vivre ensemble, une meilleure connaissance des autres. Mais cela n’a pas été fait. Dont acte.
Les bâtiments de culte les plus nombreux demeurent les églises catholiques, suivis par les temples de l’Eglise Réformée Unie. Les mosquées sont beaucoup moins nombreuses encore que les synagogues ; notons d’ailleurs que personne n’a songé à compter le nombre de synagogues existantes dans les grandes villes, comme certains s’évertuent à le faire pour les lieux de culte musulmans…
Une véritable « islamisation » signifierait que le nombre de musulmans déclarés augmente de façon significative, et ce autant par conversions que par apport de nouveaux arrivants musulmans.
Or, si la population étrangère établie sur le sol français ne représente que 7% de la population totale, elle est loin d’être uniquement musulmane(polonais, roumains, asiatiques, ukrainiens depuis 2022, pour ne citer qu’eux).
Par ailleurs, y aurait il de plus en plus de français musulmans ? Il y a des descendants d’algériens, de tunisiens, de marocains, nés en France de parents eux mêmes français puisque ces territoires étaient un département français, et des protectorats français.
Donc à supposer que, selon les souhaits de la majorité des personnes qui crient actuellement à l »islamisation », l’Algérie soit demeurée française, ce nombre serait le même..
Beaucoup de ces descendants se décrivent comme étant simplement de culture musulmane, et pas forcément pratiquants.
Ajoutons que souvent, les tenants de « l’immigration zéro » ignorent ou oublient que les Irakiens, les Syriens, les Libanais sont en partie chrétiens, de même que les Nigérians, et une majorité d’Ethiopiens et de Rwandais(récemment des-bas-du-front britanniques ont incendié des mosquées après le meurtre de 3 fillettes par un citoyen britannique d’origine rwandaise, élevé en catholique !)
Si on ne peut nier que l’Islam politique militant, dont l’emprise est relativement marginale en France, soit relié à des organisations terroristes, et présente un danger réel , on n’a pas l’impression que cela soit le sujet : en effet, des musulmans combattent ce même islam politique en Iran, en Afghanistan, le subissent au Nigeria (Boko Haram) ; et c’est bien l’islam « ordinaire » qui est visé en France, accusé de vouloir s’imposer, et d’imposer, surtout un « mode de vie ».
L’expression « notre mode de vie » répétée ad libitum a de quoi surprendre.
D’abord parce que le mode de vie de chacun, en démocratie, est libre, et ne saurait être contraint ; ensuite parce qu’on se demande ce que le mode de vie français peut avoir de si extraordinaire qu’il doive servir de modèle ?
Reprenons la rhétorique des pourfendeurs de l’islam courant : l’égalité femmes/hommes.
Une égalité à laquelle ces messieurs (en majorité) ne s’intéressent que lorsqu’il s’agit de l’immigration. Ils encaissent sans sourciller les 23% d’écart de salaire en défaveur des femmes, les 40% d’écart de niveau de retraite, et les 30% de représentantes parlementaires ; un des taux les plus faibles d’Europe avec la Grèce…
De même, le collectif pseudo féministe, allié à l’extrème droite « Némésis », dénonce les viols commis par des étrangers, alors dans 87% des cas, la victime connaissait son violeur, et que dans 37% des cas , il s’agissait de son conjoint…mis en équation avec le taux de population étrangère, c’est absurde.
Quant à la liberté des femmes de circuler librement sans se faire harceler, elle n’a pas attendu qu’il y ait des étrangers pour être mise à mal. Personne n’a jamais remis en question le droit tacite des hommes à interpeller les femmes dans l’espace public, à juger leurs tenues, et on continue à les tenir pour responsables des agressions qu’elles subissent…*
Notre « mode de vie » consiste aussi à boire de l’alcool : l’apéritif serait en France, une véritable institution…est ce si glorieux ? L’alcool est responsable de 49 000 décès par an, et désinhibe les personnes violentes. L’incitation à boire en société est ressentie par beaucoup comme pénible, preuve de virilité, de convivialité ? Et si c’est une femme qui s’abstient, on la suppose immédiatement enceinte…
Je ne vois donc aucun motif de fierté spécifique du « mode de vie » occidental et français.
Par contre, j’ai relevé une américanisation galopante de la société française, passée pratiquement inaperçue tant elle s’est banalisée. Et lorsqu’on y regarde de prés , cette américanisation est bien plus prégnante qu’une prétendue « islamisation ».
C’est dans un double but économique que les USA ont créé après guerre le modèle de la ménagère au foyer super consommatrice : réserver les emplois aux hommes, et augmenter la consommation et la croissance. Ce modèle n’a pas pris en France. Ou très peu. Mais les mœurs américaines, à partir des années 60, ont commencé à s’infiltrer doucement : les jouets genrés, l’accent mis sur une soi-disant attirance des petites filles pour la couleur rose et les colifichets, les figures de « pin-up »…dont l’actrice Brigitte Bardot s’est visiblement inspirée ; la notion de « week end » ..(les français ont travaillé le samedi jusqu’en 65).
Après une période de stagnation, l’américanisation est revenue en force dans les années 90. D’abord par le biais de l’alimentaire : les restaurants Mac Donald ont pris un essor considérable. A l’aide d’une publicité tapageuse, indiqués partout, dans les villes, sur les autoroutes, les routes ; en un clin d’œil, ils sont devenus quasi plus courants que les boulangeries… ont suivi les « Quick » et les typiquement nord-américains « Kentucky Fried Chicken ».
Comment une nation reine de la Gastronomie, où avant les 35 heures, tout le monde prenait un minimum d’une heure et demi pour déjeuner, la nation de Rebuchon, a t elle pu sacrifier à de la « bouffe rapide », mangée avec les doigts ? On n’a entendu personne s’en alarmer, jusqu’à ce que tout à coup, le taux d’obésité chez les jeunes se mette à grimper , et les quelques feuilles de salade servies avec les sandwiches, ainsi que l’incitation à « bouger » devenues obligatoires dans les publicités, n’y ont rien changé : c’est une nourriture peu couteuse plébiscitée par les jeunes.
Le nombre de familles allant traditionnellement prendre leur repas du samedi dans un fast-food est devenu conséquent. Certaines enseignes ont astucieusement proposé aux parents de fêter l’anniversaire de leur enfant au fast-food, avec une animatrice qui leur épargnait tout effort.. c’était gagné ! le « mode de vie américain » était là. (Ces restaurants ont eu moins de succès dans d’autres pays d’Europe, la population ayant boudé leurs produits salés pour ne consommer en priorité que le sucré(Europe de l’Est).
Le plaisir de faire la cuisine avait il disparu au profit d’une restauration bon marché ?
Pour que la mère de famille se repose d’une cuisine quotidienne un peu astreignante, autrefois, c’était le dimanche que les familles allaient dans de petits restaurants ou partaient en pique-nique dés les beaux jours…. De nombreuses photos des années 50, 60, 70, en attestent.
Il y a donc bien eu une transformation du mode de vie, qui a influé sur la santé publique.
Car l’obésité est facteur de diabète, de pathologies cardio-vasculaires à l’âge adulte, entre autres.
Ont suivi les films, séries, sit-coms américains télévisés, qui ont envahi les écrans.
Les USA sont bien plus éloignés que le Royaume Uni , l’Espagne ou le Portugal, mais les français ont été gavés d’images de familles modèles dans des quartiers pavillonnaires, avec le panier de basket à l’arrière de la maison, la pelouse bien tondue, la ménagère transportant éternellement des paniers à linge de ses mains manucurées…de ‘Ma Sorcière Bien Aimée » à « Desesperate Housewives », ces séries ont glissé vers le sarcasme et la critique, certes, mais…
Enfin, la « déchristianisation » de société française, sa laïcisation, a entraîné une chute spectaculaire des prénoms du calendrier chrétien pour les nouveaux nés, prénoms de saints & saintes ayant tous une histoire spécifique, qui avait entraîné leur canonisation. Mais ce n’est pas au profit de prénoms musulmans ! Du tout. Ce sont les personnages fictifs de ces séries américaines qui sont devenus les héros des temps modernes, dont on donne les prénoms à ses enfants, ainsi parfois que des personnages de films : le nombre de petits « Ryan » a explosé après le film « Il faut sauver le soldat Ryan », mais aussi les Dylan, Djeyson, Jonathan, Jordan, Loanna, Louanne, Charlène, Charlize….j’ai même vu des jumeaux dénommés « Jonathan et Jennifer » en référence à la fameuse série « les Justiciers Milliardaires »…ou de personnages de B.D, Enzo, Corto.. Doit on le déplorer ? les saints ne sont pas imaginaires, leurs prouesses le sont parfois ; sont ce de meilleurs modèles ? Les références à un ou une aïeule chéri ou exemplaire ne semblent plus avoir le vent en poupe, sauf exceptions. Restent les prénoms régionaux, qui persistent : Loïc, Soisick ou Magali se donnent encore fréquemment.
Mais contrairement à une pseudo carte des « petits Mohammed » envahissants élaborée par des obsessionnels, ceux –çi demeurent tout à fait minoritaires.
Plus grave, certaines idéologies nées aux USA ont infiltré la France : le masculinisme, les « incels » (célibataires involontaires) qui revendiquent le libre accès aux femmes, même non consentantes, puisqu’aucune ne semble vouloir faire le choix d’être leur compagne.
Ces deux mouvements comprennent des groupuscules ou individus violents, qui se sont rendu coupables de tueries de masse en Amérique du Nord. (École Polytechnique de Montréal, massacre de Charlotteville)
Ils ont rendu populaire l’idée que les femmes avaient pris le pouvoir, et que les hommes étaient devenus victimes. Quelques statistiques (qu’ils contestent ou ne veulent pas entendre) leur remettraient les idées en place sur qui sont les réelles victimes, et surtout les auteurs de crimes et délits :à 96% des hommes pour ce qui est de la France.
En France sévissait surtout le machisme classique du « charbonnier est maître chez soi » et « elle l’a bien cherché », mais aucune revendication collective d’une classe des hommes visant à remettre les femmes « à leur place » n’existait.
Ces hommes-même les pacifiques qui ne font que répandre leurs idées sur les réseaux sociaux- ont récemment promu un concept masculiniste ultra-conservateur directement venu des USA : le « body count », version revisitée de la « maman et la putain » mais qui fait de la femme un objet stricto sensu : à partir d’un certain nombre d’amants, une femme est bonne à jeter pour avoir été trop « utilisée ». Donc, n’en faites pas la compagne de votre vie !…ils se permettent d’ailleurs de donner des injonctions aux femmes dans le sens d’une « préservation » de leur corps, qui naturellement, ne s’applique pas au corps masculin…
Ce concept hélas fait recette, et des jeunes femmes se culpabilisent déjà…
Depuis quelques années, l’idéologie « Queer » a fait couler beaucoup d’encre. Elle a été initialement portée par l’autrice américaine Judith Butler, intéressante dans sa dénonciation du sort réservé aux femmes dans toutes les sociétés, mais qui prétend résoudre le problème par un effacement des catégories.(plus de « femmes », plus d’oppression ??)
Sans aucune réflexion critique, ni prudence, les média français se sont précipités faire la louange de notions telles que la « non binarité » et la « transidentité », dans une énorme confusion entre sexe et genre jamais remise en question. L’intolérance des groupes adeptes de cette idéologie dans le monde anglophone(USA, Royaume Uni, Australie, Canada) :attaques « ad hominem », menaces, vindictes, harcèlement, annulations de meetings ou conférences de certains auteurs par la force) ne les ont pas troublés : ils les ignorent, ou pire, hurlent avec les loups….
Je n’irai pas jusqu’à compter le nombre de mots américains qui se sont imposés dans le langage des français, alors que les termes francophones existent amplement : « date » pour rendez vous ; « smart » pour futé ou intelligent, « ghoster » pour faire le mort ; « fake » pour faux, « drive » pour achat en voiture, il en existe certainement des centaines d’autres.
Or, une langue est une manière de penser.
La pensée anglo-américaine a donc pénétré de nombreuse couches de la société, surtout dans les jeunes entreprises (»open space » « coaching » « manager ») ainsi que le contestable concept de « bureau mobile » : le travailleur n’a plus d’espace personnalisé dédié à son poste. Une déshumanisation certaine du travail. En progression constante.
Mis en parallèle avec quelques femmes en niqab (qui n’est pas une tenue religieuse mais d’Arabie saoudite, rappelons le) et quelques quartiers de banlieue parisienne ou lyonnaise où effectivement, on compte pas mal de femmes voilées-et alors ?- l’infiltration d’une culture étrangère n’est pas celle qu’on croit…
Le voile en France a t il un rapport avec le harcèlement des filles et des femmes dans l’espace public ? C’est un autre débat, mais la question et rarement posée. Elle le mériterait.
Certaines féministes persistent à parler de soumission, mais la soumission à l’idée de « body count » est elle meilleure ?
Je laisse les lectrices et lecteurs en juger, le débat reste ouvert….
Michelle DROUAULT
* Il n’en faut pour preuve que les propos des défenseurs de 2 rugbymen accusés de viol : la victime aurait suivi de son plein gré les agresseurs dans leur chambre. Ce qui revient à affirmer que les hommes sont de véritables bêtes, et que demeurer seule avec eux dans leur habitation ou leur chambre équivaut à un permis de violer… ces affirmations sont à comparer avec l’expertise médico-légale, qui constate des lésions d’une rare violence…
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Il est évident que les personnes féministes et croyantes disent NON à l'intolérance, au rejet de l'autre pour ce qu'il est, (non pour ce qu'il fait) à la division d'une nation, à la haine décomplexée qui commence à déferler et nous fait honte, à l'ignorance, à l'inculture, au mépris de la solidarité et de la vie humaine, à l'abandon de notre devise LIBERTÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ, car RIEN n'en subsisterait sous un gouvernement d'extrême droite!
Nous déplorons, la lâcheté d'une Église institutionnelle qui semble n'avoir rien appris des conséquences de la soumission a l'extrême droite voici 80 ans…
Être chrétien n'est pas rassurant, être chrétien c'est prendre des risques, en particulier celui du refus…
Michelle Drouault
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Le 3 aout 1914, fut crée en hâte le « bureau de presse du Ministère de la Guerre », dont le but, par la censure médiatique, était d’empêcher tout à la fois de renseigner l’ennemi, et démoraliser les troupes.
Convaincus par l’Union Sacrée, les journaux s’exécutèrent d’abord. Pas pour longtemps.
En septembre 14, Clémenceau dénonce dans « L’Homme Libre » les conditions épouvantables de transport des blessés.
Alors, la censure, surnommée du sobriquet de « ciseaux d’Anastasie », s’active, et découpe avec zèle : certains journaux paraissent même avec une page blanche !
Les courriers envoyés aux soldats, et ceux qu’ils écrivent, passent également par les bons soins d’Anastasie, qui biffe des lignes entières…
Sur Verdun, sur les grèves dans les usines, impossible d’avoir des informations.
La censure réapparait sous le gouvernement de Vichy (qu’il était interdit d’appeler ainsi !)
La loi du 27 aout 1939 établissant la censure est utilisée pour contrôler à tout va les publications, et se joint à celle de mars 1940, créant le « Ministère de l’Information ».
Puis, double peine, intervient la censure de l’occupant : une note du 22/11/1940 à la presse l’oblige à publier un article par jour à la louange de la collaboration !
Ensuite, le 18 décembre 1942, est publié par les autorités allemandes un décret concernant la confection et la distribution de tracts, de toutes catégories, qui sont proscrits.
La transgression est punie d’emprisonnement, de travaux forcés, voire de la peine de mort (sont visés les tracts gaullistes ou communistes)
Néanmoins, la censure littéraire proprement dite, elle, est plus précoce : le 27 aout 1940, a lieu un raid de soldats allemands sur les librairies parisiennes :20 000 livres sont confisqués, 143 textes « non désirables « interdits ; et un mois plus tard, le 27 septembre 40, cela recommence.
70 éditeurs sont alors visés, 11 maisons d’édition fermées, et 713 362 livres saisis.
Certains éditeurs « négocient », ou signent des « contrats d’auto-censure » pour arriver à surnager sans contrarier l’occupant ou le régime…
Et ce sont plutôt ces faits qui m’ont interpellée sur une similitude avec nos temps modernes :
Peut on estimer qu’actuellement, des organes de presse se censurent pour n’aborder qu’en biaisant des sujets qui fâchent ? que des recteurs d’Université pratiquent une censure répressive des inquiétudes légitimes de la jeunesse ? que des groupes d’activistes cherchent à faire taire, par tous les moyens, toute critique, toute opposition à leur idéologie ?
Que les autorités ont peur des avis divergents sur les conflits mondiaux actuels et utilisent les lois existantes pour les silencier ?
Je dirais oui. Et les ciseaux d’Anastasie (le nom signifie « renaissance » en grec !) ont encore de beaux jours devant eux.
Une récente tribune dans « Le Monde » titrait « La lutte contre le terrorisme sert à discréditer les humanistes et les défenseurs des droits(…) dont l’objectif est de dénoncer les violations du droit international »
Les signataires faisaient allusion à la convocation par la police d’une parlementaire pour « apologie du terrorisme », évènement sans précédent, il est vrai, dans l’histoire de notre démocratie française, et ce quelques jours après l’annulation à Lille d’une conférence sur la Palestine de la candidate tête de liste « La France Insoumise » aux élections européennes, Rima Hassan ; et du président du parti, Jean Luc Mélenchon.
Parallèlement, dans le département du Nord, un syndicaliste était inquiété pour un tract, pour les mêmes raisons….
Il ne nous appartient pas de commenter ces convocations. Néanmoins elles ont ému au delà de nos frontières. Ont suivi des évacuations d’étudiants reconnus comme pacifiques dans une Université parisienne, mais étiquetés « pro-palestiniens ». Et d’autres…
Le même phénomène est en train d’avoir lieu aux USA, triste photocopie des occupations des campus lors de la guerre du Vietnam. On traitait alors de dangereux trublions gauchistes des jeunes hommes et femmes qui avaient compris bien avant l’heure la tragédie destructrice de cette guerre…j’en garde la mémoire, j’étais tout prés, au Canada…
Peut on désapprouver à présent l’inquiétude la jeunesse devant le martyre d’un peuple pris en tenaille entre un mouvement terroriste, et la riposte disproportionnée de l’Etat qu’il a agressé ? L’armée d’Israël attaque des hôpitaux, où soignants et patients meurent sous les bombes ou faute de soins, des écoles, des convois humanitaires, des habitations de civils.
Tout cela est bien documenté par la presse internationale. Des médecins humanitaires disent n’avoir jamais rien vécu de semblable dans l’horreur. Nous devrions tous être inquiets.
On ne peut jeter la suspicion d’antisémitisme sur tous ceux qui s’alarment.
Ni traiter de « pro-terroristes » à la légère les jeunes qui s’indignent. C’est quand la jeunesse cesse de se révolter tant elle est mise sous le boisseau, que l’heure est grave.
Et si nous tolérons ailleurs les violations flagrantes du droit international, nous pourrions bien en être un jour victimes..
Une autre censure contemporaine a attiré mon attention : la censure par la maire de Paris de la publicité pour un livre qu’elle n’avait , de toute évidence , pas lu. L’ouvrage « Transmania »* qui évoque les ravages du genre sur les adolescents vulnérables, est qualifié de « transphobe ». Or, quand on sait que sont baptisés « transphobes » tous ceux et celles qui persistent à affirmer la réalité scientifique que l’espèce humaine est sexuellement binaire, il faut croire que les facultés de Sciences et les laboratoires de biologie sont des nids de transphobes !
Le seul résultat a été une ruée sur l’ouvrage, qui caracole en tête des meilleures ventes récentes…
Sur le sujet ô combien complexe de la « transidentité », la censure a ouvert grand ses ciseaux, refusant tout débat : partout, dans le monde occidental, les personnes exprimant des craintes sur les traitements hormonaux prescrits avec précipitation et sans discernement à des adolescent-e-s(70% de filles) et les chirurgies mutilantes, ont été empêchées de parler, de donner des conférences ; insultées in situ, harcelées, vilipendées sur les réseaux sociaux.
Voici 2 mois, une chercheuse canadienne en sociologie était invitée à donner une conférence au ministère de la Justice sur l’importance des données de sexe dans les statistiques criminelles. Elle s’est vu notifier l’annulation de sa conférence sans explication au dernier moment.
En France, le livre « Transmania » étant impossible à saisir, ou retirer des librairies, les activistes intimident les libraires pour qu’ils le cachent et empêchent les lecteurs d’y accéder ; ou encore viennent eux mêmes coller à l’intérieur des « avertissements » pour les décourager et les prévenir des « horreurs » qu’ils vont lire.
Les autrices ont subi des menaces incessantes sur les réseaux sociaux, y compris des menaces de mort explicites. Des journalistes ont voulu les inviter sur les ondes pour débattre de leur ouvrage, puis ont envoyé discrètement leurs regrets : ils s’étaient fait « recadrer » par leur direction. Anastasie, toujours….
La dernière manifestation pour les « droits des trans »(qui semblent n’avoir jamais été menacés, puisqu’ils recoupent ceux des hommes) a laissé voir des pancartes limpides sur la censure : « Nos Droits/ Vos Gueules ! ». C’est clair !
Les promoteurs de la maternité de substitution bénéficient également d’émissions biaisées, où l’on invite des hommes agressifs, alors qu’il s’agit du corps des femmes.
Anastasie est passée par là… L’idéologie transhumaniste serait elle toute-puissante ?
Elle se veut telle.
Bien sûr il n’est pas ici question de comparer les volontés de censure actuelles avec celles des 2 guerres mondiales.
Cependant, le but me paraît être identique : empêcher l’information valable des citoyens ; faire taire pour ne rencontrer aucune opposition aucune contradiction, et influencer ainsi l’opinion.
Si les media n’ont plus à faire la louange d’un gouvernement, comment se fait il qu’ils se croient obligés de faire celle d’activistes dont on présente les croyances comme des vérités intangibles ?
Inquiéter un syndicaliste pour un tract*, ou empêcher la diffusion d’un livre et l’expression de ses autrices, ce sont des faits qui résonnent très mal à mes oreilles. Très mal.
Je rêve de contre-manifestations avec la marionnette géante d’Anastasie et ses grands ciseaux, pour alerter sur la société totalitaire que nous risquons fort de nous préparer sans vigilance….
Michelle DROUAULT
* Autrices : Marguerite Stern, Dora Moutot.
* ce tract est maladroit, en langage stéréotypé, mais pas incendiaire, et il ne justifie en aucune manière, à mon sens, l’attaque du Hamas du 7 octobre.
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Lorsque nous sommes de nouveau attentifs à l’Evangile de Jean qui décrit les derniers jours de Jésus auprès des siens, ses gestes symboliques, puis son arrestation, sa comparution devant Pilate , et enfin sa crucifixion après insultes et mauvais traitements, nous y retrouvons un récit tout à fait moderne.
Celui du sort de ceux qui dérangent. Les prisonniers politiques, les prisonniers d’opinion.
Ceux et celles qui ne supportent pas l’injustice, la dénoncent, la combattent, et expliquent publiquement comment la justice pourrait advenir pour le bénéfice de tous.
Ils ont des amis, qui les admirent et les suivent. Des parents, qui s’inquiètent.
Comme Jésus.
Les fondamentalistes qui instrumentalisent une religion et ses principes pour asseoir leur pouvoir ne les aiment pas. Ils cherchent d’abord à les faire taire , parfois à les acheter ;
s’ils n’y parviennent pas, ils s’efforcent de se débarrasser d’eux en excitant la population contre eux, car ils ont enfreint la règle !
Ces défenseurs zélés des réglements peuvent collaborer avec un occupant. Lui livrer cet homme, cette femme comme « opposant ». Et l’occupant, s’il est populiste et ne veut « pas de vagues » va leur donner satisfaction.
Jésus entame le parcours de tout prisonnier politique :Il est arrêté, attaché, interrogé.
Et il garde le silence. Parce qu’il sait qu’il n’a rien fait, et que ce qu’on lui reproche est vide de sens. Mais ses bourreaux veulent « faire semblant » pour leur respectabilité : on ne peut tout de même pas condamner quelqu’un sans raison. Et faire apparaitre la vérité nue « ici on tue ceux qui dérangent ». Ils questionnent encore et encore.
Ensuite, il est dépouillé de ses vêtements, insulté, battu de toutes les façons possibles, et moqué. C’est le récit que livrent invariablement le prisonniers d’opinion d’Iran, de Syrie, du Vietnam ; et de bien d’autres pays…
Avant son arrestation, Jésus savait ce qu’il risquait à persister à prêcher la justice, la charité, l’authenticité, le respect des personnes, l’amour-comme l’amour fait peur !-
Cependant, au moment où son arrestation et les supplices qui en suivraient devenaient certains, comme nous, comme nous tous, comme les plus courageux et courageuses des militants, il a été saisi d’angoisse. Une angoisse profonde.
« Vais je résister ? vais je arriver à tenir ? ». C’est ce que se sont dit les Résistants de la 2 éme Guerre Mondiale, ce que se disent actuellement les Iraniennes qui brûlent leur voile, les Afghanes qui sortent défiler dans la rue.
Alors, il a eu besoin des autres. Des amis. Besoin d’être entouré, réconforté, qu’on lui redise : « Nous sommes avec toi ». Mais les apôtres dorment. Comme nous parfois quand nous ne voulons pas voir la détresse d’un proche.
Tout cela pourrait arriver maintenant ; tout cela arrive, souvent, partout, l’Evangile est totalement actuel et intemporel.
Le sort de Jésus est déjà scellé. Devenu un ennemi public et traîné devant le romain Pilate qui ne veut pas d’émeute et se désintéresse de son sort, il est condamné par une foule chauffée à blanc, au profit d’un truand. Barrabas.
Tous ses amis deviennent suspects. Et susceptibles d’être aussi arrêtés.
Et Pierre a peur. Comme nous il est faible. Lui aussi sera t il capable de résister ?
Il renie son ami. Avec force. Trois fois, comme Jésus le lui avait prédit.
Sa faiblesse temporaire ne l’empêchera pas d’être le socle de l’Eglise des premiers chrétiens.
Et le nôtre. Quelle confiance ! Quelle confiance Dieu a en nous, de quoi ne nous croit Il pas capable ? Pierre subira plus tard le même supplice que Jésus, la tête en bas.. L’inventivité et la perversité des hommes pour se faire du mal est terrifiante, et continue à l’être.
Mais un centurion romain a été touché au pied de la Croix, un soldat de l’armée occupante qui pourtant, au risque de se perdre, déclare de Jésus : « Celui-çi était vraiment le fils de Dieu ! ».
Qu’est il arrivé au centurion ensuite ? l’Evangile ne le dit pas.
Dans les rangs des armées totalitaires, il y en a toujours un ou deux qui finissent par être touchés par le combat de ceux qu’ils persécutent par obéissance. Ils les aident, ils les sauvent, quelquefois…
Après la mort de Jésus, Joseph d’Arimatie va réclamer le corps de Jésus à Pilate.
Peut on imaginer combien cette démarche va lui coûter, aller trouver celui qui l’a laissé condamner, quel courage elle nécessite ?
Cela aussi est d’une terrible actualité . On pense aux parents des jeunes manifestants tués en Iran, ceux des prisonnières pour un voile mal porté et décédées dans des circonstances opaques, qui ne récupèrent leur dépouille qu’en échange de la promesse que les obsèques se feront « dans la discrétion ». Les hommages, les commémorations, ne seront pas tolérées.
Est ce ce que Pilate a recommandé ? Nous ne le savons pas. On peut le supposer.
Comment ne pas évoquer la mère de l’opposant russe Alexandre Navalny qui a réclamé des jours durant le corps de son fils au gouvernement de son pays ?
L’Evangile se déroule encore tous les jours. Dans d’autres parties du monde et sous nos yeux.
Mais à chaque période de Pâques, nous savons que de tout cela, on peut se relever, nous savons que la Résurrection du Christ signifie qu’on se relève toujours de tout.
Michelle. C. DROUAULT
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Plusieurs origines du 8 mars ont été invoquées : une grève d’ouvrières du textile à New York en 1857, source estimée discutable ; et une demande de la militante socialiste allemande CLARA ZETKINE lors du Congrès de Copenhague en 1910.
En 1982, le Mouvement de Libération des Femmes, et d’autres mouvements de femmes en Europe, militent pour faire de cette journée une journée chômée et payée pour toutes les femmes, en reconnaissance de toute la richesse qu’elles apportent aux monde, et en revendication d’égalité. Car si les femmes donnent la vie, si sans elles le monde s’arrêterait, cette spécificité est tournée en handicap et discrimination par presque toutes les sociétés.
Antoinette Fouque explique que les femmes sont 3 fois travailleuses : dans leur emploi, à la maison, et comme mères ; mais elles ne sont payées qu’à l’extérieur, et le travail domestique leur est imposé….la grossesse l’était aussi jusqu’en 1975.
Comment ce jour dédié aux femmes, à ce que les sociétés leur doivent, à l’impératif d’équité de traitement, est il devenu une « journée des Droits des Femmes » ?
Il ne s’agit pas de droits formels. Les droits, les femmes en ont sur le papier.
Mais les lois qui garantissent ces droits ne sont pas appliquées. On le constate chaque jour.
Ce sont les mentalités qu’il faut changer, c’est le regard sur les femmes, c’est le point de vue des femmes qui doit être adopté, au lieu de discours sur les femmes par des hommes.
Le mouvement MeToo a franchi ce cap : imposer à la société de se pencher sur le vécu des femmes-et des enfants-
Parler uniquement de « droits » est illusoire. Car alors, on nous assomme d’autres droits, d’autres catégories de personnes, avec lesquels les droits des femmes devraient composer…
C’est ce qui se passe avec certaines revendications transactivistes, relayées par des ONG qui ne voient que des alignements de « droits » auxquels il faudrait satisfaire.
Alors, je le redis, le 8 mars est la JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES !
Michelle DROUAULT.
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Les promoteurs de la GPA tentent de plus en plus de gagner l’opinion publique française à l’idée que les pouvoirs publics devraient revenir sur son interdiction ; et que c’est être « en retard » ou « conservateur » de ne pas s’ouvrir à cette pratique.
Des journalistes très mal informés de la réalité concrète de la maternité de substitution en diffusent une image glamour et rose bonbon(comme récemment sur France 2) oubliant, quand ils sont sur une chaine de service public, qu’ils vantent une pratique illicite.
En France, deux axiomes législatifs l’interdisent :
« le corps humain est par essence indisponible.
Aucun être humain ne peut faire l’objet d’un contrat »
« la mère d’un enfant est celle qui en accouche ».
Pourtant, des hommes politiques(des hommes)des personnalités médiatiques(masculines elles aussi) n’hésitent pas à se déclarer « favorables » à un procédé qui concerne le corps des femmes au premier chef. Ou à se vanter d’y avoir eu recours à l’étranger.
Il suffit pourtant d’examiner les conditions dans lesquelles se déroule une maternité de substitution dans les pays européens( au sens géographique)où elle est autorisée, pour comprendre que la GPA supprime la dignité et les droits fondamentaux, non seulement de l’enfant, « commandé « comme un objet et menacé d’abandon si il ne convient pas, mais aussi de la mère porteuse, qui ne possède plus son propre corps et doit renoncer par avance à tous les droits qu’exercent toutes les autres mères dans le pays.
Au Royaume Uni, seule la GPA « altruiste » c’est à dire non commerciale, est autorisée.
Est prévue la prise en charge des frais de grossesse, et la « compensation » en argent et cadeaux, des désagréments liés à la grossesse. En réalité, ces compensations sont impossibles à contrôler, et peuvent aller jusqu’à environ 15000`£, plus les frais d’agence.
Car il y a des agences spécialisées, chargées de mettre en contact les donneuses d’ovocytes et mères de substitution, et les parents « commanditaires » ou « d’intention ».
Ces intermédiaires engrangent des bénéfices considérables.
Qui ne sont pas suffisants pour eux, car ils font actuellement des pressions pour obtenir une modification de la loi en faveur d’une GPA « commerciale ».
Mais même dans le cas d’une GPA « altruiste » l’intermédiaire fait remplir à la « gestatrice »(le mot de mère n’est jamais employé) un contrat dans lequel elle s’engage à un certain nombre de choses :
-accepter les traitements et examens médicaux nécessaires à la conception, puis la poursuite de la grossesse, et tous ceux demandés par les parents d’intention
-accepter le lieu où les parents d’intention demanderont qu’elle accouche, et la manière dont elle accouchera(césarienne ou non, accouchement « programmé)
- accepter une IVG si les parents d’intention le demandent(malformation du fœtus ou autre anomalie) Nous n’avons pas compris si, comme aux USA ou en Australie, l’abandon du projet parental oblige la mère de substitution à l’IVG ?
-accepter de remettre le bébé dés la naissance aux parents d’intention. CEPENDANT, la mère de substitution a actuellement 6 mois pour faire valoir auprés d’un tribunal qu’elle veut garder l’enfant dont elle a accouché. Délai que les groupes de pression veulent ramener à 5 semaines !
Les cas où la mère de substitution veut finalement garder l’enfant peuvent se présenter plus fréquemment lorsque l’enfant est issu de ses propres ovocytes, c’est à dire lorsqu’il est biologiquement son enfant.
C’est ce qu’on appelle la GPA « naturelle » : la femme subit une stimulation ovarienne, puis elle est inséminée avec le sperme du « père d’intention » ou d’un donneur de sperme.
Cette solution est déconseillée aux parents « d’intention » comme étant bien davantage source de conflits.(sic)
Le cas le plus pratiqué est celui d’une FIV (fécondation in vitro) avec un ovocyte d’une donneuse(qui a elle aussi subi une stimulation pour pouvoir « donner » plus d’ovocytes viables), fécondé soit par le sperme du père d »’intention » soit par celui d’un donneur.
Ensuite, la gestatrice est inséminée avec l’embryon ainsi constitué.
On endoctrine ainsi la mère de substitution en lui disant que cet enfant n’a rien à voir avec elle, qu’il n’est pas le sien, et qu’elle peut s’en « détacher « facilement , se « dissocier » de sa grossesse. Ceci sans aucune considération pour le vécu du fœtus qu’elle porte, qui bien sûr, ne sait pas qu’il a une autre hérédité génétique !
Cette solution produit une autre difficulté médicale : l’utérus et le système vasculaire de la mère porteuse peuvent rejeter le fœtus comme un corps étranger. Il faut être particulièrement vigilant sur le groupe sanguin et le facteur Rhésus.
Dans ce cas, des produits anti-rejet sont injectés, et dans tous les cas des doses massives d’hormones. Car l’insémination contrevient au cycle naturel de la mère, qu’il faut modifier en conséquence.
Nous allons reproduire ici les exposés d’une agence de GPA britannique agrée par le service de santé publique, à l’adresse de candidates à la maternité de substitution :
« Quand la grossesse se produit naturellement, le corps produit une variété d’hormones pour aider à réaliser et soutenir la grossesse.
Mais, dans le but de réaliser avec succès une maternité de substitution, ce processus doit être recréé dans le corps de la « porteuse gestationnelle » en utilisant des hormones supplémentaires, et autres traitements pour la fertilité.
Il vous sera sans doute recommandé de prendre les médicaments suivants avant le transfert d’embryon :
-Pilule contraceptive
-LUPRON
-Estrogène
-Progestérone
-MEDROL
-DOVYCYCLIN
-Aspirine
Le processus de fécondation in vitro dans la maternité de substitution inclut une fertilisation artificielle, soit des ovocytes de la donneuse d’ovocytes, soit de ceux de la mère porteuse, par le sperme d’un donneur ou le sperme du « père d’intention », ceci dans un laboratoire, afin de produire des embryons.
Ensuite, un ou plusieurs embryons sont transférés dans l’utérus de la mère porteuse, dans l’espoir qu’il s’implantera.
Jusqu’à 12 semaines de grossesse, un traitement hormonal supplémentaire est nécessaire à prendre chaque jour ».
Voilà.
Ajoutons qu’un « transfert d’embryon » est en réalité une opération gynécologique délicate.
On incite au R.U les jeunes filles à partir de 18 ans à donner leurs ovocytes.
Or le processus de ponction d’ovocytes est douloureux et non sans risques.
Elles sont souvent incitées à accepter de prendre des traitements de stimulation ovarienne, afin qu’on puisse récolter davantage d’ovocytes (le terme britannique est d’ailleurs « harvest »(moisson).
En ce qui concerne les mères porteuses, tous les médicaments cités plus haut, qui peuvent être ingérés ou injectés, ont des effets secondaires non négligeables :
-Hypertension(oestrogènes)
-atteintes rénales
- Le LUPRON, médicament largement prescrit, est un bloqueur de puberté qui était donné dans la tristement célèbre clinique Tavistok, fermée par les autorités pour avoir délivré des médicaments offensifs à des mineur(e)s pour de traitements « d’affirmation de genre ».
Le Lupron peut avoir des effets secondaires graves et parfois irréversibles.
-Les risques de cancer ultérieur peuvent être majorés par ces prises de substances.
En résumé, des jeunes filles et des femmes en bonne santé se voient prescrire de substances offensives qui peuvent l’altérer durablement, sans nécessité médicale, afin de satisfaire le désir d’enfants d’autres personnes.
Souvent, deux femmes différentes sont ainsi utilisées et « fertilisées » : la donneuse d’ovocytes, et la mère porteuse.
L’ »assurance » souscrite par les parents d’intention comprend les complications de l’accouchement et les soins afférents, et en théorie la dépression post-partum.
Néanmoins, nous disposons à présent de nombreux témoignages, au R.U comme aux USA, de mères porteuses considérablement déprimées qui ont été abandonnées totalement par les parents d’intention.
En effet, le mensonge selon lequel le bébé avec lequel elles ont eu des échanges sanguins, et qu’elles ont porté dans leur ventre, avec qui elles ont partagé leur vie pendant 9 mois , n’est pas le leur, s’écroule au moment de la naissance. « Remettre » le bébé à d’autres dans les minutes qui suivent la naissance leur est parfois insupportable. Certaines disent avoir sangloté et supplié, sans parvenir à infléchir les parents d’intention, qui les ont renvoyées vers leur avocat….Celles qui ont vécu une véritable dépression, ou un SPT (syndrôme post traumatique) ont du se faire soigner par elles mêmes à leurs propres frais, dans la majorité des cas.
Actuellement, le certificat de naissance de l’enfant porte le nom de la mère porteuse, puis un jugement ou « parental order » désigne les parents d’intention comme les véritables parents.
Les promoteurs d’une révision de la loi voudraient que « afin d’éviter tout conflit préjudiciable »(à qui ?)la mère signe une déclaration anticipée comme quoi elle abandonne tous ses droits maternels, et que l’enfant porte le nom des parents d’intention dés la naissance.
C’est déjà le cas dans certains états des USA.
Le ressenti, le bien –être, la santé, du bébé ne sont jamais des sujets dans les brochures de propagande pour la GPA.
Que peut on penser que ressent un bébé arraché à celle qui l’a portée, nourri, et bercé de sa voix, pour être emporté dés sa naissance dans un univers inconnu ?
Dans un ouvrage très documenté, « L’amour en Plus » Elizabeth Badinter a décrit les pratiques de mise en nourrice immédiate des nourrissons aux XVI et XVII éme siècle en France, et montré leur nocivité certaine. Ces pratiques, considérées peu à peu comme barbares, et surtout, conduisant à un nombre effarant de décès d’enfants, ont été abandonnées au milieu du XVIII éme siècle. Rousseau a largement contribué à promouvoir l’allaitement maternel.
Mais sans sourciller, on voudrait revenir à des arrachements aussi brutaux, qui contredisent toutes les découvertes en psychologie de l’enfant des deux derniers siècles….
Une autre conséquence médicale et sociale de la légalité de la GPA au R.U est la hausse dramatique du nombre de décès néo-nataux des mères(+ 20%)
En effet, on peut mourir de devenir mère porteuse : l’hypertension gravidique, le diabète gestationnel, la nephrite, induits par les prises d’hormones, peuvent provoquer une éclampsie pendant l’accouchement, ou une hémorragie post partum. Ces pathologies peuvent être empirées par le stress de la séparation d’avec le nouveau-né.
De plus, des sage-femmes britanniques ont déploré que certaines de leurs collègues portent plus d’attention aux parents « commanditaires » présents dans la salle d’accouchement(présence imposée) qu’à la sécurité immédiate de la parturiente.
Des parlementaires britanniques se sont saisies du sujet de la GPA , et demandent que l’on revienne à la raison.
En France, il serait temps que des politiques croyant acquérir ainsi des voix, cessent d’ adouber une pratique qu’ils ne connaissent pas.
Michelle DROUAULT
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Un livre intitulé »Le Choix de Sophie »-et un film du même nom où l’héroïne est incarnée par l’actrice Meryl Streep- relate l’histoire d’une jeune femme en route vers la déportation, à qui les nazis demandent de choisir entre ses deux enfants : l’un d’eux peut être sauvé. L’autre , non. Ce choix doit être fait en quelques dixièmes de secondes…
Rescapée, ce moment la ronge et la hante.
Denise HOLSTEIN, 97 ans, a témoigné sur une chaine de télévision à l’occasion du jour du Souvenir de la Déportation, en des termes très précis, et très crus.
Elle a bien fait. Nous devons être confrontés au concret de la déportation.Passée par Drancy avec ses parents, Denise est déportée à 16 ans à Bergen-Belsen, par un des derniers convois en 44.
Voyageant dans un wagon à bestiaux, elle part avec des enfants parfois tout petits –les plus jeunes ont 3 ans- dont on a déjà déporté les parents. Des enfants que les autorités allemandes ne réclamaient pas, et qui ont été « ajoutés » par le régime de Vichy.
Lorsqu’elle arrive au camp au terme de deux jours de voyage, au moment de descendre, un français chargé de nettoyer les trains lui souffle :
-Surtout ne prends pas d’enfant dans tes bras, ou tu es morte !
Denise a le choix entre aider ces enfants désespérés et terrorisés -l’un d’eux pleure car il a perdu ses chaussures-, et survivre.
Elle survivra. Mais on devine à l’entendre, combien le souvenir de ce petit garçon qu’elle nomme « un petit bout de chou », et se traine nu-pieds et en larmes, est vivace encore.
Combien elle aurait voulu le consoler dans ses derniers instants.
Elle l’aurait payé de sa vie : tous ces enfants sans exception ont été gazés dans l’heure suivant leur arrivée, et elle aurait partagé leur sort.
Denise est revenue pour témoigner.
Elle s’est dit « Ils ne m’auront pas ! », affirme t elle. Elle a tenu parole.
Elle a résisté au froid(les appels par moins 40°) à la faim, à l’épuisement(elle raconte comment on faisait effectuer aux détenues des tâches vide de sens dans le seul but de les épuiser). Elle évoque leur terreur du docteur Mengele et de ses expérimentations. La peur d’aller à l’infirmerie. Le découragement.
D’autres avant elle, Simone VEIL ou Primo LEVI, ont exprimé combien l’univers concentrationnaire pouvait contraindre à des dilemmes quotidiens. Survivre voulait parfois signifier survivre au détriment de l’autre. L’altruisme pouvait être suicidaire.
Les seuls qui ne semblaient pas avoir d’états d’âme étaient les gestionnaires des camps…
La notion permanente de choix guide nos vies.
Certains choix sont contraints, d’autres s’imposent, d’autres encore sont impossibles.
Dans un autre film, presque documentaire » Io, Capitano »(moi, capitaine) c’est un choix terrible que le jeune Seydou ne parvient pas à faire pendant sa traversée du Sahara en direction de la Lybie avec d’autres migrants : revenir sur ses pas pour secourir une femme âgée à bout de forces, au risque de perdre le guide et mourir avec elle dans le désert ; ou continuer sa route. Il ne peut pas la laisser…son compagnon de route l’exhorte à continuer..
Il existe d’autres formes de choix.
Le choix entre suivre la règle apprise ou l’ordre donné, et écouter sa conscience qui les refuse.
Dans cette partie occidentale du monde, les consciences ont elles une voix audible ?
Il arrive qu’on en doute.
Quelques courageux et courageuses, lançeurs d’alerte, risque leur emploi, bravent les menaces, pour défendre le bien public contre l’exploitation ou l’injustice.
Quelques solidaires estiment encore que secourir leur prochain en péril est une priorité absolue. Mais ils ne sont guère mis à l’honneur : une directrice d’école a été convoquée la semaine dernière par le Rectorat de son académie pour avoir hébergé une élève sans abri et sa mère dans des locaux scolaires. Elle risquerait un blâme ? L’Education Nationale a rappelé l’importance des règlements (!!).
Il en est de même d’une sage-femme, qui aurait refusé de mettre dehors à 3 heures du matin une mère et son bébé, hébergés dans une salle déserte d’un hôpital par une température négative. Le règlement !
J’ignore les prénoms de ces dames. Leurs choix sont ceux de l’honneur et l’humanité.
Partout, on peut toujours refuser d’humilier, de spolier, de discriminer, de torturer…
Mais c’est le prix à payer qui fait toute la différence.
Il arrive que ce prix soit trop lourd.C’est le travail de tous les systèmes oppressifs de nous rendre ce prix si pesant, que nous préférons renoncer.
« Don’t give up ! » dit un adage américain « ne renoncez pas ! »
A plusieurs, nous sommes plus forts pour essayer de ne pas renoncer.
Et si nous sommes croyant(e)s, Dieu peut donner cette force.
Michelle DROUAULT
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Une commission vient d’être crée par le gouvernement, afin d’évaluer les aides à apporter aux. parents « défaillants » ou « dépassés ».
Elle doit être composée de pédopsychiatres, sociologues, professionnels de l’éducation et de la justice. Il semble qu’à peine créée, certains de ses membres aient démissionné, peu en phase avec ce qui leur était demandé.
Et les mesures annoncées laissent perplexe : une des mesure-phare consisterait à faire effectuer aux parents « défaillants » des TGI (travaux d’interêt général).
Est ce bien le remède approprié ?
Cependant, ce qui nous a interpellées, c’est la raison invoquée pour la création de cette commission : les émeutes ayant eu lieu après la mort du jeune Nahel, en juin 2023.
Rappelons les faits : le 27 juin 23, Nahel, 17 ans, a été tué d’une balle au thorax tirée à bout portant par un policier lors d’un contrôle routier. Il circulait sans permis, à bord d’une voiture signalée comme volée.
Ont suivi des manifestations spontanées de jeunes, bouleversés et en colère, dans toutes les grandes villes et leurs banlieues. Qui pourrait s’en étonner ?
Or les manifestations ont dégénéré en émeutes, et parfois en pillages. Aux manifestants se sont vraisemblablement mêlé des casseurs et des pilleurs.
Les dégâts ont été considérables, et à la stupéfaction générale, de jeunes hommes-souvent des adolescents- se sont livré à la destruction systématique des équipements de leur propre quartier : écoles maternelles, centres de loisirs, centres de santé, transports. Pourquoi ??
Des mères de famille sont venues les supplier de cesser cette auto-destruction incompréhensible. Certains média ont déclaré le pays « à feu et à sang ».
Des forces de police conséquentes ont été mobilisées. Et ont du affronter une riposte…
La réaction d’un syndicat de police ne s’est pas fait attendre : ses membres ont décrété immédiatement nécessaire un « combat contre ces nuisibles ».
Cette terminologie, employée voici 80 ans par le nazisme pour qualifier les Juifs et les Tziganes, a ému plusieurs députés qui ont saisi la justice, accusant le syndicat de police de vouloir créer un « climat de guerre civile ».
L’atmosphère du pays s’est peu à peu apaisée. Mais pas la colère de certains jeunes de quartiers, se sentant délaissés, jamais écoutés, et pris pour cibles. Elle a bien du mal à retomber…
Notre interrogation est celle-ci : Comment, de ces faits, a pu jaillir l’idée que si ils s’étaient produits, les parents des jeunes incriminés en étaient responsables ??
Ils ont aussitôt été pointés du doigt comme « défaillants , « négligents », pendant que la cause des troubles était magiquement oubliée : la mort d’un jeune garçon mineur qui avait la vie devant lui, et auquel ses contemporains se sont rapidement identifiés.
Quitte à rechercher les responsabilités , le bon sens aurait pu conduire à investiguer sur celles qui sont à l’origine des émeutes, et ont conduit à la mort du jeune homme : dysfonctionnements dans les évaluations des forces de police ; insuffisance de leur formation provoquant des réactions disproportionnées…. Mais non. Toute l’attention s’est soudain focalisée sur les parents des jeunes ayant commis des dégradations, dans un préoccupant basculement de culpabilité.
Naturellement, les mères ont été mises sur la sellette. Les mêmes peut être qui imploraient leurs jeunes d’arrêter de détruire ce qu’elles avaient eu tant de mal à obtenir ? un centre de santé pour les femmes a été incendié.
La mère du jeune défunt a été accusée de ne pas donner la bonne image la mère endeuillée(la mort d’un enfant est une telle horreur qu’on peut réagir de manière inattendue : je me souviens d’une jeune collègue ayant perdu un enfant d’un terrible accident, qui est allée en boite de nuit le soir pour essayer de s’étourdir et ne pas devenir folle).
Et un cri a surgi « il n’y a pas de pères ! » Comme si c’était leur faute…
On peine à imaginer la douleur de ces mères-courage, veuves(quand les pères sont présents ils sont souvent ouvriers dans des catégories professionnelles sujettes à de graves accidents du travail) divorcées, ou simplement abandonnées, à se voir ainsi publiquement montrer du doigt.
Femmes de ménage dans les bureaux( 6 h 30-8h 30, 18h 30- 20h 30), aide soignantes en horaires hospitaliers, parfois de nuit ; caissières, serveuses, elles s’efforcent de procurer à leurs enfants un toit sur la tête et une vie correcte, souvent en courant toute la journée.
Alors oui, elles n’ont pas toujours le temps de vérifier les devoirs, elles ne sont pas toujours en mesure de savoir si leur adolescent est à la maison ou sorti.
Les pères présents, eux aussi, ont fréquemment des emplois à horaires difficiles : vigiles, éboueurs, livreurs…
Et c’est là que la perspective des fameux TGI comme incitation à la « responsabilisation » parentale, paraît hors sol, et absurde ! Il y a donc un présupposé que ces parents ne travaillent pas ? Des enquêtes solides ont elles été diligentées ? Parce qu’interrogées , ces mères disent le contraire : elles n’arrêtent pas, et c’est ce manque de temps le problème.
On aurait compris qu’on demande ces travaux aux auteurs de dégradations à partir de 15 ans.
Pourquoi pas ? ces travaux auraient justement pu consister à contribuer à la réparation de ce qu’ils avaient démoli. Mais à leurs parents… Cela ressemble , encore une fois, à une punition collective. La responsabilité financière des parents pour des dégâts causés par un mineur existe déjà dans le Code Civil. Quel est donc le but de ces annonces, qui ne vont que renforcer la stigmatisation et la colère ?
Ces parents ont besoin d’être aidés, pas punis. Ils ont besoin que la lutte contre les trafiquants de drogue qui gangrènent certains quartiers soit intensifiée et sévère.
Ils ont besoin qu’on les aide à s’occuper de leurs enfants avec bienveillance.
Que l’Etat investisse dans des équipements collectifs et des personnels qui permettent aux enfants et adolescents d’être accueillis, de prendre des repas, de faire des activités, d’être aidés à leur scolarité, en l’absence de leurs parents.
A quoi va servir cette commission si on ne consulte pas les populations concernées ?
Y aura t il des parents autour de la table ? On en doute.
Car n’est pas venu le jour où, pour un but autre que commercial, on demandera aux personnes en difficulté « qu’est ce qu’on peut faire pour vous aujourd’hui ? »
Mais, on peut toujours rêver….
Michelle DROUAULT
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HALTE AUX VIOLENCES ENVERS LES FEMMES,
PARTOUT DANS LE MONDE !!!!
En France, en 2022, 244 000 femmes ont été victimes de violences conjugales.
118 ont été tuées, parce que femmes.
Certaines de ces morts auraient pu être évitées : plusieurs de ces femmes sont mortes après avoir signalé antérieurement des faits de violences.
Une rescapée dont le pronostic vital a été longtemps engagé s’était vu indiquer de «revenir le lendemain ». La tentative de féminicide a eu lieu le soir même.
Les forces de l’ordre ne sont pas suffisamment formées. Il n’existe pas de « référent violences conjugales » dans tous les commissariats, loin s’en faut.
Les comportements et observations sexistes ou inappropriées de la part des intervenants sont courants.
Des policiers ou gendarmes eux mêmes auteurs de violences conjugales, et laissés en poste, ont parfois reçu des plaignantes.
L’éviction des conjoints violents du domicile, pourtant facile à réaliser, n’est toujours pas banalisée et mise en place. Des femmes sont contraintes de quitter leur propre logement et de fuir.
Le contexte périlleux post-séparation est toujours ignoré.
Aucun budget conséquent n’a été alloué à une cause qui implique plus de la moitié de la population, sans compter les enfants, dont les traumatismes sont peu ou mal pris en charge.
Une aumône de 600 euros va être accordée aux femmes contraintes de fuir leur domicile…et aussi leur famille, leur emploi, leurs soutiens.
La mesure de l’enjeu n’est toujours pas prise !
Et partout dans le monde :
les femmes sont victimes de viols, mariages forcés, excision, exploitation ou répression de leurs capacités reproductives : avortements forcés ou sélectifs, stérilisations forcées, ou au contraire avortement interdit même en cas de danger pour la santé ou la vie de la mère ; maternité « de substitution »(GPA).
Elles sont victimes de traite des êtres humains et de prostitution( les femmes migrantes en particulier)
Leurs orientations sexuelles sont niées par des « thérapies de conversion » ou des idéologies de genre.
Leurs salaires ne sont pas équitables.
Dans certains pays, elles n’ont plus aucun droit (Afghanistan) ou des droits si restreints que leur vie est impossible (Iran, Yemen).
Les viols utilisés comme arme de guerre surviennent quasi systématiquement dans les conflits.
Les femmes ne sont pas des moyens, des objets, des incubateurs, des monnaies d’échange !
MANIFESTONS NOUS !
Michelle C . Drouault
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Sur une palissade de la première ville frontalière italienne, et sur les murs du marché couvert, on peut voir le portrait en noir et blanc d’un jeune homme souriant coiffé d’une casquette de marin. Avec son nom : MOUSSA BALDÉ.
Le texte qui accompagne ce portrait est moins souriant : »Nous ne pardonnerons pas, nous n’oublions pas ».
Un début d’explication est tagué en jaune sur la palissade grise : « Moussa Baldé é morto di razzismo »( Moussa Baldé est mort de racisme).
Le tag sur la palissade n’a été effacé ou abîmé par personne.
Seul le deuxième portrait a été « gratté ». Des passants s’arrêtent un court instant et lisent.
Puis repartent.
L’autre matin, deux femmes accompagnées d’enfants, qui parlaient une langue rocailleuse à la sonorité slave-sans doute des exilées d’un pays d’Europe de l’Est- se sont arrêtées et ont lu tout haut » Moussa Baldé é morto di razzismo ». L’une d’elle a hoché la tête tristement.
Sans doute avait elle déjà rencontré le racisme…
Le sourire et la légende m’obligeaient à enquêter.
Oui, Moussa Baldé, jeune Guinéen de 22 ans, est mort. Il a été retrouvé pendu le matin du 23 mai 2021, dans une cellule de la zone d’isolement du Centre de Rétention Administrative de Turin.
Comment était il arrivé là ?
Le 9 mai précédent, il avait été pris à partie et tabassé par trois italiens à Vintimille: coups de pieds, de poings, de tuyau plastique et de barre de fer.
Après avoir été hospitalisé 24 heures à Bordighera et s’être vu notifier 10 jours d’incapacité de travail, il a été placé en rétention sans qu’on tienne aucun compte de son état de fragilité physique et psychologique. Ce qui a été retenu en priorité est son statut de personne sans papiers. Il n’a même pas été entendu comme témoin de sa propre agression, et n’a pu porter plainte.
Comme on lui avait confisqué son téléphone, Moussa ignorait que son agression avait eu des témoins oculaires, et que des Italiens se mobilisaient pour lui, avec sa famille qui réclamait sa libération. Il n’était pas seul, mais il n’en savait rien. Totalement isolé, il a désespéré.
Son état psychologique s’est dégradé. Au bout de 5 mois de détention, il s’est donné la mort.
La nuit de son décès d’autres détenus ont dit l’avoir entendu crier, et tenté d’alerter les surveillants sans succès.
A l’heure où on nous parle sans cesse d’intégration, Moussa avait fait tout ce qui lui était demandé pour s’intégrer. Il avait pris des cours, appris l’italien , passé une qualification, puis demandé les papiers de séjour et de travail qui lui ont été refusés
Mais c’est lui qui a été victime d’une agression, et lui qui a été emprisonné.
Ses 3 agresseurs ont comparu libres en première audience devant le tribunal d’Imperia le 4 octobre 2022.
Ils ont finalement été condamnés à 2 ans de prison avec sursis, un peu en deçà de la demande du Parquet, qui avait requis 2 ans et 8 mois. La circonstance aggravante de « haine ethnique » n’a pas été retenue. Les associations de défense des Droits Humains n’ont pas été autorisés à se porter partie civile. Elles assurent cependant qu’il est important que ce procès ait eu lieu.
(source : Amnesty International). Reste celui de la défaillance ou la mauvaise volonté des institutions qui ont conduit à la mort de Moussa. Il est à venir…
De l’autre côté, à la première gare française après la frontière, la traque des migrants continue.
Contrairement aux idées reçues, nul n’est « illégal » avant d’avoir demandé l’asile, mais il n’est pas loisible de le faire à ceux que l’on fait descendre du train. Et ils sont renvoyés en Italie, même ceux qui viennent de pays francophones.
S’il est une chose qu’on ne peut modifier, c’est bien sa couleur de peau.
Et c’est principalement sur le critère de celle-ci que semblent s’effectuer les contrôles.
Il est arrivé que des Antillais en fassent les frais, dont un journaliste, qui avait raconté sa mésaventure, s’étonnant du peu de contrôle des « blancs » de son compartiment.
Au XXI éme siècle, on pourchasse encore des êtres humains au motif d’infraction supposée à des règles administratives, mais le fond du problème est le rejet de la couleur de leur peau.
Comme l’ont affirmé, brutalement, les USA d’avant la guerre de Sécession, et l’Afrique du Sud de l’Apartheid.
Les règles n’ont elles été inventées que pour justifier le rejet ?
Les pouvoirs publics continuent à nous désigner -à juste titre- la persécution des Juifs comme monstrueuse, et nous frissonnons à voir des films ou des documentaires où la « police allemande » et la Gestapo fouillaient les trains.
Mais sans le « statut des Juifs » le racisme mortifère qu’était l’antisémitisme du III éme Reich et du régime de Vichy était nu. Et au fur et à mesure qu’il s’est dévoilé tel qu’il était, les français ne l’ont plus accepté.
La réalité, c’est que oui, le racisme , quel qu’il soit, tue.
C’est un poison.
Et Moussa Baldé est mort de racisme.
Celui de ses agresseurs, et celui d’intervenants aveugles.
MOUSSA BALDÉ, j’espère que tu es dans la lumière de Dieu, pendant que l’Europe reste si cruellement dans les ténèbres de l’injustice et de l’inhumanité.
Michelle DROUAULT
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La punition collective figure t-elle dans les archaïsmes de l’inconscient sociétal français ?
Les propositions de sanctions qui pénaliseraient un pan entier de population en réponse à une problématique, même si ces sanctions n’ont qu’un lointain rapport avec les évènements, reviennent au galop, telles de préoccupants serpents de mer…
Pourtant le passé n’est pas si éloigné où des groupes ont été désignés responsables de crises économiques et/ou politiques. Sans aucun fondement. Il fallait juste détourner l’attention.
Et ces groupes ont été discriminés, spoliés, expulsés, déportés.
En France, entre 40 et 45, aux mesures anti-juives et anti-communistes, se sont ajoutées les exécutions d' « otages » par l’Occupant, pris au hasard. Parfois des villages entiers ont été rayés de la carte avec une extrême violence, simplement pour se venger d’une défaite devenue inéluctable.
Cette période devrait figurer dans notre inconscient sociétal pour allumer une lanterne rouge dés qu’on propose des sanctions collectives.
Bien sûr, celles qui sont sur le devant de la scène en ce moment(la suppression de prestations sociales légales aux parents de mineurs arrêtés pour dégradations sur la voie publique) n’ont aucun caractère létal aussi dramatique. Ce n’est pas comparable. Mais ce qui l’est est la logique absurde qui y préside, déjà dénoncée par La Fontaine dans « Le Loup et l’Agneau » : « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère, c’est donc quelqu’un des tiens ! »
De quoi est il question exactement ?
Voici quelques semaines, s’est produit un drame absolu : Nahel, un jeune garçon de 17 ans a été tué par un policier lors d’un contrôle routier. Chacun a pu lire dans la presse les détails de cette mort qui n’aurait jamais du se produire. Il se trouve que Nahel était français d’origine maghrébine. Les spectres d’autres drames semblables se sont réveillés (Zined et Bouna, 2005, Malik Oussekine, 1986)…
L’émotion a été grande. Légitimement. La révolte et la colère ont conduit de jeunes ou très jeunes hommes à un vandalisme autodestructeur des équipements de leurs propres quartiers.
Pourquoi une telle désespérance ? qui a lésé leurs propres familles ? Eux seuls pourraient le dire.
Les réactions des politiques et des gouvernants ont été plus que surprenantes.
Car enfin, le sujet, c’est le fait qu’un policier expérimenté et confirmé ait tiré à bout portant sur un jeune qui refusait de s’arrêter alors qu’il conduisait sans permis, et ne le menaçait pas.
Jadis, la conduite sans permis et le refus d’obtempérer étaient passibles d’une lourde amende et une garde à vue de quelques heures.
Mais au lieu de placer le focus sur la cause des émeutes(qui peuvent rappeler les émeutes du Bronx aux USA pour des questions de violence raciale systémique) et d’interroger la fréquence grandissante d’accusations de violences policières, de nombreux élus et gouvernants ont préféré se hâter de trouver un bouc émissaire : les parents des émeutiers !
Le questionnement de fonds a donc disparu au profit d’accusations les plus fantaisistes(relayées par les media) et a surgi la proposition, reprise en chœur, que j’incrimine aujourd’hui : la suppression des allocations familiales aux parents des émeutiers mineurs.
Non seulement on fait difficilement plus injuste, mais surtout l’ignorance abyssale des réalités de ces donneurs de leçons paraît criante.
Les prestations sociales et familiales ne sont pas facultatives : les familles y ont droit selon le nombre d’enfants et un plafond de ressources. Il serait donc totalement illégal de les supprimer sans que les conditions d’attribution aient changé.
Celles-çi sont établies par les CAF. Ensuite, ces sommes participent au budget alimentaire et vestimentaire de toute la famille. Les diminuer entraînerait des privations pour TOUS les enfants d’une même famille, y compris les plus jeunes. Aucune mère ne va dire à son enfant «toi tu ne manges pas, je n’ai plus d’allocation pour toi ! » Donc des bébés pourraient se trouver rationnés parce que leur grand frère a participé à une émeute. Bravo ! Quant à supprimer l’allocation de rentrée scolaire pour un enfant délinquant, c’est carrément le jeter dans les bras des trafiquants de stupéfiants qui n’attendent que les « décrocheurs ».
Où donc est l’interêt des enfants, qui, selon les ordonnances de 1945, doit toujours primer en toutes circonstances ?
Ensuite, donner l’injonction aux parents de « tenir » leur adolescent à la maison est inepte.
Beaucoup de familles sont « monoparentales » c’est à dire formées de mères élevant seules leurs enfants(divorce, abandon ou veuvage ne leur pas laissé le choix) et effectuant pour cela avec dignité et courage des travaux que les politiques dénonciateurs n’effectueraient pas plus de 2 heures : femmes de ménage dans les bureaux, aides soignantes, aides à domicile, caissières. Avec les horaires décalés que cela implique.
Rentrée à minuit, ou levée à 4 heures et demi, comment une mère peut elle vérifier que son fils est bien à la maison ? va bien au collège ? Lorsqu’il y a un père présent, il est souvent éboueur, vigile, brancardier. De plus, comment contraindre un grand gaillard d’1, 70 m et 70 kg ??
Tout cela ne tient pas debout.
Mais je note qu’au lieu de chercher comment la police pourrait redevenir une police de proximité bienveillante qui protège les citoyens et ne discrimine personne, on cherche à punir les populations concernées par les dérapages. Au lieu de les aider. Nul n’a demandé « comment aider ces familles, ces quartiers ? comment restaurer la confiance ? », « comment se fait il que des délinquants se livrent à des trafics de manière continue dans certains quartiers ? »
Depuis les années 80, des quartiers entiers ont été abandonnés par les pouvoirs publics, et sont devenus lacunaires en équipements collectifs, en services, en aires de jeux et de sports, malgré les efforts louables de certains élus municipaux. Mais l’Etat n’a pas réagi…
Les conditions de travail et de salaires des enseignants sont telles que leur nombre devient nettement insuffisant, alors qu’il devrait être renforcé dans un but de soutien dans les cités de banlieue.
Un tel renversement de culpabilité est pervers, et démontre surtout l’impuissance des pouvoirs publics à faire autre chose que stigmatiser et punir.
Une tribune de parents aisés, souvent de profession libérale, a dénoncé ce « haro » sur les parents, en précisant que nul, dans aucune classe sociale, n’est à l’abri de voir son fils commettre des actes délictueux. Des enfants de ministres ont même été concernés.
On n’a pas proposé de leur supprimer leurs indemnités….
Alors que cet arsenal punitif finissait juste d’être évoqué, une autre affaire a éclaté, impliquant des policiers pour un jeune gravement blessé sans motif tangible.
Qui va t on trouvé à blâmer cette fois ?
Je laisse les lectrices et lecteurs se faire un jugement . Pour ma part, je demeure consternée et inquiète.
Michelle. C. DROUAULT
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Au cours d’une conférence de presse, le maire d’une ville des Alpes Maritimes a évoqué la semaine dernière une situation selon lui délétère dans les écoles et collèges de la ville, provoquée par des « atteintes à la laïcité » inacceptables : des élèves de primaire auraient organisé une prière à l’école.
Par prière, on entendait évidemment prière musulmane(comme si les autres religions ne priaient pas). Le vocabulaire employé était clairement celui de l’anti-terrorisme.
L’élu s’interrogeait sur les éventuelles « filières » djihadistes qui pousseraient à la radicalisation religieuse des enfants de primaire…
Une partie de la classe politique et médiatique s’est prestement emparée du sujet.
Un imam a été interviewé par une journaliste fielleuse, cherchant à toute force à lui faire dire qu’il était « choqué ». L’imam est néanmoins demeuré prudent.
Après avoir mentionné son attachement indéfectible au principe de laïcité, il a tout de même rappelé qu’il s’agissait de cours élémentaire, et donc d’ENFANTS. Et qu’il fallait raison garder : était on bien sûr qu’il ne s’agissait pas d’un jeu ? Il estimait aussi-et à juste titre-les sanctions envers les « fautifs » disproportionnées : en effet ceux çi ont été exclus définitivement de leur établissement. Navré, le religieux a prôné la bienveillance et l’explication plutôt que l’exclusion.
Peu à peu , des voix dissonantes avec les discours publics se sont fait entendre (l’Education Nationale n’avait pas été en reste dans l’indignation).
D’abord une grand mère a révélé que c’était bien un jeu qui était en question : son petit-fils, non musulman, qui en avait été le témoin, restait traumatisé par la violence et l’inadéquation des réactions.
Des enseignants ont expliqué ensuite qu’effectivement, deux enfants de 9 ans, élèves de CM2, avaient joué lors de la pause-déjeuner à imiter l’appel à la prière dans un coin de cour.
Il leur avait été expliqué avec bienveillance que ce jeu n’était peut être pas approprié, ce qu’ils ont semblé comprendre rapidement.
Cela aurait pu être la fin de l’histoire.
Le chef d’établissement aurait il « signalé « l’incident, après l’avoir mal compris ?
Nous n’en savons rien.
Comment ce fait anecdotique –un jeu d’enfants- a t il fuité, accompagné de déformations grossières ?
A la suite de déclarations incendiaires d’élus et de politiques , les enfants de cette école ont failli être privés de kermesse de fin d’année, car des parents ne voulaient plus ni y amener leurs enfants ni y participer, de crainte d’une stigmatisation. Pauvres enfants !
Puis le syndicat CGT Education a dénoncé une »è instrumentalisation politique d’enfants »particulièrement honteuse. Plusieurs parents d’élèves ont saisi les media pour rétablir la vérité. Saisiront ils la justice ?
A part ce « jeu de prières », les seuls incidents récents , sur un mois et demi, qualifiés d’ »atteinte à la laïcité » dans le département sont :
-le port d’une abaya par une collégienne….mais le Conseil d’Etat vient de stipuler qu’un tel vêtement n’était pas un signe religieux, mais une tenue portée en Arabie Saoudite...
-Egalement lors d’une pause méridienne, un collégien aurait réclamé une minute de silence en souvenir du Prophète, minute observée par lui seul…
Peu soucieux de vérité, piétinant allègrement la sérénité-et donc les apprentissages- d’enfants pour alimenter les paranoïas ‘d’ennemi intérieur », et détourner les regards des citoyens des véritables enjeux contemporains : le climat, la santé, l’emploi ; des politiciens se sont appuyés sur des fariboles, des bribes d’informations non vérifiées.
Sonnant elle aussi avec empressement la cloche d’alarme sur d’aussi faibles indices, l’Education Nationale tenterait elle de faire oublier les suicides de collégiens pour harcèlement, le meurtre sauvage d’une jeune fille de 15 ans après des agressions sexuelles, dont les parents estiment n’avoir pas obtenu toute l’aide des pouvoirs publics à laquelle ils s’attendaient dés qu’ils ont dénoncé les agressions ? Nous n’osons le croire, il s’agit sans doute d’irréflexion. Un manque de discernement bien dommageable.
Je n’ai pu m’empêcher de m’interroger : autant de tapage aurait il été fait autour d’élèves mimant une lecture de la Torah ou le service d’une messe ?
Un article récent de la revue « Golias »déplore un « bilan en demi-teinte » du Pèlerinage annuel Paris-Chartres : ce pèlerinage d’habitude magnifique aurait été troublé par la participation non sollicitée de groupes identitaires, arborant pour certains des symboles nazis, et se mêlant aux pèlerins.
Il semble que des mouvements d’ultra-droite soient en effet venus à la pêche aux « traditionnalistes « pour grossir leurs rangs, sous le prétexte fallacieux de convergences de points de vue sur des sujets de société(avortement, mariage pour Tous, entre autres), mais qui en sus d’idéologies archaïques, ont des positions sur l’immigration totalement incompatibles avec les Evangiles.
La majorité des pèlerins est elle trop jeune pour savoir combien l’Eglise a été l’ennemie du nazisme, aussi bien en Allemagne qu’en France ?
En tout cas le processus de séduction est le même que celui de l’Islam radical : faire miroiter des pseudos combats communs pour lever des troupes. Or ces groupes sont dangereux.
Non seulement « Génération Identitaire « a été dissous par le gouvernement, mais plusieurs projets d’attentats ou d’interventions violentes d’ultra-droite ont été déjoués ces temps derniers. On suspecte ces mouvements d’être à l’origine d’attaques inadmissibles d’élus. Pourtant l’opinion publique est assez raisonnable pour ne pas croire que ces mouvances aient quelque chose à voir avec la majorité des catholiques.Un enfant qui aurait récité un « Notre Père « sur une estrade après la cantine, n’aurait pas été assimilé à un danger public. De même les 300 000 enfants victimes d’abus sexuels par des prêtres n’ont pas jeté l’opprobre sur l’ensemble des fidèles.
Dans un autre ordre d’idées, certains militants sionistes d’ultra-droite violente sont aussi membres du courant judaïque ultra-orthodoxe. Il ne viendrait pas à l’idée d’assimiler à eux un élève arrivant au collège avec sa kippa.
Pourquoi une telle démarche intellectuelle est elle impossible avec l’Islam ?
A mon sens , le véritable danger est là : faire croire à la population que tout musulman même enfant est un(e) terroriste en puissance. Pourtant, c’est bien un chrétien qui a poignardé des enfants dans un parc voici quelques semaines, aliéné ou pas… preuve que les craintes affichées n’ont rien à voir avec le réel.
Dans cette logique, il serait question de « ficher » les enfants que l’ONU presse la France de rapatrier des campas kurdes de Syrie. La moitié d’entre eux a moins de 6 ans, beaucoup sont orphelins… les familles qui les attendent se plaignent souvent d’être traitées en suspectes.
Ce fichage d’enfants rappelle une période si abominable de notre Histoire que , bien sûr, des protestations se sont élevées. Ces peurs irrationnelles et mortifères doivent cesser.
Laissons les enfants être des enfants. Laissons les jouer, à ce qu’ils veulent, et hors des barbelés. Ne les politisons pas avant l’heure, ne les instrumentalisons pas.
Ils méritent mieux. Beaucoup mieux.
Michelle DROUAULT
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Depuis quelques temps, l’intolérance à la frustration du constat que la réalité n’est pas en phase avec le ressenti, les souhaits ou les projets de personnes ou de groupes, semble avoir atteint un paroxysme. Et au déni s’ajoutent la censure et la violence.
Le déni : malgré des images explicites dont l’authenticité ne peut être mise en doute, et de nombreux témoignages, des politiques français persistent à nier l’existence de violences policières envers des personnes pacifiques-parfois des journalistes « couvrant »une manifestation, ou des personnes « en marge » de celle-ci se trouvant simplement dans un périmètre de « nassage »- Le déni est allé jusqu’à incriminer pour ses interrogations sur les libertés publiques, une association de défense des Droits Humains ayant son origine dans l’affaire Dreyfus. Il s’est poursuivi avec la mise en cause de la Contrôleuse des Lieux de Détention & de Privation de Liberté comme « excédant ses compétences » (sic) parce qu’elle avait réuni des témoignages d’arrestations préventives de personnes n’ayant commis aucune infraction, parfois dans des conditions humiliantes.
Ces violences ont blessé physiquement ou moralement des personnes, parfois les ont invalidées temporairement(certaines ont été reconnues en incapacité de travailler X jours).
Les conséquences sont tangibles. Chacun aimerait mieux qu’elles n’aient pas eu lieu, mais pointer le doigt sur ceux qui les dénoncent, pas sur les responsables, ne guérira pas les blessures, et n’empêchera pas les récidives : on ne peut comprendre les causes de quelque chose qui n’existe pas.La censure et la violence : le harcèlement pour « transphobie » supposée de personnes qui continuent à affirmer la réalité biologique de 2 sexes dans l’espèce humaine, bénéficie d’une étrange indulgence. Selon les harceleurs, le sexe ne serait qu’une construction sociale-ils le confondent avec le genre hiérarchisé- et dire le contraire serait une « insulte » aux personnes transgenres….On ne peut se borner à hausser les épaules. Parce que les harceleurs et harceleuses, non seulement sont imperméables à tout débat, mais deviennent extrêmement menaçants. Aussi bien en Europe qu’en Amérique et en Australie, ils ont déjà fait annuler un nombre considérable de débats sur les études de genre, et de débats féministes au prétexte qu’ils excluraient les « femmes trans »(hommes s’identifiant femme) Ils exercent sur les organisateurs des évènements, les auteurs & autrices, les universitaires, des pressions insupportables. Beaucoup d’entre eux ont été menacés de mort.
Les menaces de mort anonymes sont de nos jours devenues monnaie courante.
En effet, quoi de mieux que la mort pour faire taire définitivement quelqu’un ? En apparence seulement, un peu de culture historique aurait appris à ces délictueux que les idées et les découvertes sont éternelles, et survivent aux condamnés pour hérésie. La condamnation de Galilée n’a pas empêché la terre de tourner… Nous voici en effet confrontés à de véritables procès en hérésie : des activistes veulent imposer un point de vue contestable(le sexe est une illusion) au monde entier sous la pression et la menace : ce sont les nouveaux bigots. Une régression à la « Cabale des Dévots ».
Le plus alarmant dans la pluralité de ces menaces violentes contemporaines, quel que soit le sujet des désaccords, est la volonté féroce de faire taire. Affûter des arguments , provoquer des controverses, profiter justement , de l’existence de débats pour venir expliquer son point de vue, aurait été, en France, conforme à nos attentes dans une société héritière des Lumières.
Il n’en est rien. Plongés dans les ténèbres, nous devons nous convertir au transgenrisme ou mourir. Un premier procès pour « mégenrage » se prépare( une femme est accusée d’avoir dit publiquement à un homme s’identifiant femme qu’elle persistait à voir en lui/elle un homme)
S’il a lieu , ce procès ne serait il jamais qu’un de plus fait à une femme pour avoir manqué de respect à une idéologie masculine…. ?
Ajoutons que, de manière générale, il arrive malheureusement que les menaces de mort envers des personnes dont on ne partage pas les options se concrètisent : le maire d’une commune de Loire Atlantique vient de démissionner suite à la tentative d’incendie de son domicile familial en pleine nuit. Ce qui lui est reproché ? avoir voulu créer un centre d’accueil pour migrants. De tels centres, il le souligne, n’ont créé aucun souci dans d’autres communes.
Mais cela a déplu…cette démission est désolante. Le manque de soutien de l’Etat que déplore l’édile est inquiétant.Enfin, le déni et la censure sous la forme de négationnisme et de réécriture de l’Histoire , se répandent comme un trainée de poudre.
Voici une vingtaine d’années, un centre de recherche historique sur la Shoah a vu le jour en Pologne, dirigé par la professeure Barbara ENGELKING, au sein de l’Académie des Sciences de Pologne. Une revue à portée internationale a été publiée, ainsi que de multiples ouvrages.
Un des sujets de recherche est les relations entre Juifs et non-juifs en Pologne pendant la période de la Deuxième Guerre Mondiale. Ces relations ont été tendues.
Or, depuis 2015, il semble que la réalité de ces relations ne plaise pas à ceux qui veulent donner de la Pologne une image héroïque uniforme. Les attaques polonaises contre ce centre ont été récurrentes.
Au cours d’une récente émission télévisée consacrée à l’anniversaire de la révolte du ghetto de Varsovie, Madame Engelking a sobrement constaté que les Juifs captifs du ghetto avaient été déçus du manque de soutien de la population polonaise dans son ensemble, et s’étaient sentis abandonnés.
Ces propos ont provoqué d’énergiques protestations gouvernementales, qui a évoqué la possibilité d’imposer sur ces sujets une « politique historique patriotique » qui ne comporterait pas de recherche critique. Le gouvernement envisage des sanctions contre la professeure Engelking et l’éventuelle fermeture de son centre de recherche.
Le ministre de l’Education nationale polonais, M. Czarnek a assimilé la critique historique à l’insulte envers la population, et déclaré ne plus vouloir subventionner le centre.
Une pétition d’intellectuels et de scientifiques polonais soutient fermement Mme Engelking, et en France, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Il est de notoriété publique, hélas, que de nombreux juifs polonais ont souffert du manque de solidarité des non-juifs. Ce qui explique d’ailleurs la grande migration des survivants des camps dans d’autres pays plus accueillants après guerre, USA, Canada, Israël.
La lecture de la bande dessinée d’Art. Spiegelman « MAUSWITZ » est un excellent documentaire sur le sujet.
La liberté d’expression est ainsi tellement mise à mal que les jeunes polonais sont menacés de ne plus être en mesure de se faire une idée claire de leur Histoire. Et d’œuvrer pour qu’elle ne se reproduise pas.
Les dommages causés à notre stabilité mentale par ces coups de boutoir, sont plus conséquents qu’il ne paraît.
En effet, nous finissons par ne plus avoir confiance en notre propre jugement :
Si précipiter à terre une personne désarmée et non agressive , et la rouer de coups est réputé comme une « réponse proportionnée » (à quoi exactement ?)le langage contredit ce que nos yeux voient. Il en est de même lorsqu’on veut nous persuader que des colosses d’1,80 m à la poitrine plate sont de femmes parce qu’ils/elles portent des talons et des boucles d’oreille, et qu’ils peuvent concourir avec des femmes en compétition sportive sans les léser.
Si on nous présente les agresseurs en victimes, les indifférents en héros, notre identité sexuelle en illusion, notre cerveau ne comprend plus, et notre capacité à évaluer le monde se trouve compromise.
C’est ce qui est arrivé à un politicien canadien à qui on a demandé de définir ce qu’est une femme : il ne savait pas, tant le nombre de messages contradictoires sur le sujet avaient brouillé sa perception.
C’est terrible. Car alors , combien nous allons être vulnérables à des politiques autoritaires qui voudront nous mener où elles veulent…c’est à dire où est leur interêt. Pas le nôtre…
Michelle C. DROUAULT
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Trois jours durant la semaine passée, nous avons subi un matraquage médiatique et idéologique incessant sur « l’aide active à mourir ».
Il était pratiquement impossible d’allumer la radio ou la télévision-sur quelque canal que ce soit- sans entendre rabâcher combien une telle pratique était nécessaire à légaliser d’urgence, les français étant « prêts » à l’accepter, quand ils ne la demandaient pas….
La majorité des commentateurs médiatiques qui abordaient le sujet étaient naturellement jeunes et en bonne santé(comme leurs fonctions le requièrent).
J’ai eu une pensée pour le chanteur québécois Robert Charlebois, qui reconnaissait récemment avoir beaucoup parlé de la mort pendant sa jeunesse, « parce qu’à cet âge là on pense que ça n’arrivera jamais ! ».
Mais on n’ose songer à l’effet produit par cette ritournelle obsédante servie soir et matin sur les ondes, sur les personnes gravement malades, âgées, handicapées, celles qui vivent en EPHAD par manque d’autonomie ; certaines ayant déjà confié que depuis quelques temps, elles avaient l’impression qu’on souhaitait les pousser vers la sortie…
Comment se fait il qu’on nous présente la mort comme solution ? ,
Avant même d’avoir TOUT fait pour éviter la maladie et le handicap, déjà ?
On éprouve quelque gêne à remarquer que ce sont les mêmes pouvoirs publics qui ne veulent pas entendre parler de la pénibilité et des risques au travail, qui proposent cette solution.
Alors que les gestes répétitifs, le port de charges, l’usure nerveuse, l’exposition à la pollution industrielle causent chaque année un nombre considérable de maladies professionnelles et d’accidents du travail(parfois mortels !) et qu’y exposer les personnes plus longtemps est un enjeu qui mérite considération…
Ces mêmes pouvoirs publics sont par ailleurs en train de bercer la population de l’illusion collective que l’épidémie de Covid est terminée. Ne plus relever les taux de contamination et supprimer l’obligation du port du masque dans les lieux de soins met en danger toutes les personnes fragiles. On peine à reconnaître les « Covid longs » particulièrement invalidants.
Mais ne vous en faites pas, usé au travail ou à bout de souffle des séquelles du Covid, on va vous aider à mourir dans de bonnes conditions ?J’avoue avoir ri jaune.
Voici quelques heures, une personne relatait que sa mère de 65 ans avait attendu onze heures sur un brancard dans un hôpital public parisien avant d’être prise en charge, alors qu’elle éprouvait des souffrances atroces dues à une fracture des vertèbres accidentelle. Ses enfants se sont relayés auprès d’elle, révoltés qu’on ne tente même pas de soulager la douleur.
En janvier et février, 30 personnes sont mortes dans les services d’urgence faute de prise en charge assez rapide.
Mais encore une fois, pas de souci, on va vous aider à mourir si tout ça devient trop insupportable ?
Deux maternités vont encore fermer, obligeant les femmes à parcourir des kilomètres pour accoucher, mettant mères et nourrissons devant des risques accrus. La mortalité maternelle en France augmente de façon inquiétante.
Evoquer l’urgence de « l’aide active à mourir » dans ces conditions semble aussi prématuré qu’indécent.
On m’objectera qu’il s’agit de secours à des personnes souffrant de maladies incurables, sans aucun espoir de guérison, dont la médecine est impuissante à soulager la douleur.
Certes. L’accompagnement de ces patients suppose aussi une attention accrue au confort de vie, et au confort moral. La douleur est aussi psychique faute de cela.
Or actuellement, seuls 26 départements français sont équipés de services de soins palliatifs, souvent insuffisants en nombre de places. 21 n’en ont pas du tout !
Pour la plus part, les soignants ne sont nullement demandeurs d’une loi supplémentaire.
Ils comprennent la complexité de la situation. Ils savent et ils expriment que les patients ne veulent pas mourir, mais vivre le plus longtemps possible sans souffrir, entourés de leurs proches. Parfois exceptionnellement aucune thérapie existante ne parvient à apaiser les souffrances. Alors oui, il y a un enjeu.
Cependant les soignants mettent en garde contre les « demandes de mourir » et leur signification.
Une infirmière disait avoir entendu un patient, qui la veille déclarait vouloir mourir , réclamer ses vitamines au petit déjeuner…je ne la contredirai pas, ayant entendu dans l’hôpital où je travaillais, une patiente précédemment dépressive et demandant elle aussi plusieurs fois la mort, s’indigner qu’il n’y ait plus de crème au chocolat une fois apaisée…
Les médecins qui exercent dans les services de soins palliatifs sont d’accord que lorsque la volonté, le personnel, les moyens, sont là, on peut accompagner les malades et leurs familles vers la fin, dignement.
Alors quelle est exactement l’urgence à laquelle on voudrait nous faire croire ?
La première urgence est de s’attaquer au délabrement du système de santé publique, et de multiplier les structures de soins palliatifs. La seconde, d’augmenter les budgets de la recherche sur la douleur, et sa prise en compte.
La troisième serait d’entendre réellement tous les points de vue.
La fameuse « Convention citoyenne » comprenait 184 personnes tirées au sort.
Certains ont dit que cette convention était biaisée.
Tout d’abord, alors que le moindre sondage exige un panel d’au moins mille personnes, sélectionnées pour être représentatives, la modestie du nombre laisse songeuse : comment 184 personnes pourraient elle représenter les 66 millions d’habitants de la France ?
D’aucuns ont prétendu que le « tirage au sort » avait été fait parmi une population ciblée pour être plutôt en faveur de l’euthanasie. Je l’ignore. Par contre, ce lobbying intensif autour de la mort est inquiétant. L’intolérance des promoteurs de cette « aide active » aussi.
L’un d’eux vient de déclarer dans un hebdomadaire très lu qu’il déplorait qu’on ait interrogé des ministres des cultes, car dans une société laïque « ils n’ont pas leur mot à dire » (sic).
Député, ce monsieur devrait mieux connaître la loi de 1905, qui stipule au contraire que chacun a la liberté d’exprimer sa foi ou sa non croyance dans l’espace public sans être inquiété.Il est non croyant, il s’exprime, et les citoyens croyants ont autant le droit de le faire que lui. Avoir l’avis d’un religieux de leur confession est une donnée importante pour beaucoup de personnes, avant de coucher par écrit des directives anticipées sur leur fin de vie.
Au lieu d’empêcher les éventuels contradicteurs de parler, un vrai débat est nécessaire.
Il est nécessaire parce que dans les pays où l’euthanasie est légale, des dérives commencent à y être remarquées et déplorées.
En Belgique , on a accepté d’ôter la vie à des personnes jeunes en grande souffrance psychique, mais dont aucun organe n’était atteint, au motif que les psychiatres et thérapeutes qui les soignaient faisaient un constat d’échec. Une jeune fille de 23 ans. Puis une jeune femme un peu plus âgée qui souffrait de traumatisme irréversible à la suite d’un viol.
Ces décès prématurés ont ému. Car il n’est pas exclu, à leur âges, que leurs souffrances aient pu finir par s’apaiser avec d’autres traitements, ou d’autres conditions de vie, ce qui est fondamental dans la souffrance psychique.
Qui peut avoir le pouvoir de décider que des vies ne valent plus la peine d’être vécues ? malgré le ressenti immédiat de l’intéressé(e), pas toujours objectif ?
On a également voulu étendre la loi aux mineurs.
Si un mineur n’est pas estimé en capacité de décider seul si il peut se marier, gérer ses biens, ou pour qui il peut voter, comment aurait il la maturité nécessaire pour décider de sa mort ?
Sachant combien le cerveau est malléable à cet âge ?
Des jeunes en souffrance « demandent à mourir » sans préavis et sans assistance dans notre pays, en se suicidant, ou tentant de le faire. Or , en France la prévention du suicide est particulièrement lacunaire. Le taux de suicides est le plus élevé d’Europe : chaque jour, 29 personnes se donnent la mort, et 550 autres tentent de le faire. Soit 9200 personnes par an.
Les hospitalisations pour tentatives de suicide chez les 10/24 ans sont en hausse notable depuis 2020. Il existe une dégradation manifeste de la santé mentale chez les jeunes depuis l’épidémie de Covid, mais elle est due aussi à l’angoisse face aux enjeux économiques, sociétaux, aux harcèlement ou au cyber harcèlement, à l’homophobie(le suicide récent d’un jeune garçon de 11 ans en est le triste signe). Les « suicides forcés « chez les jeunes femmes victimes de violence commencent tout juste à être pris en compte. En 2021, 684 victimes de harcèlement dans le couple se sont suicidées ou ont tenté de le faire
La réponse de la société n’est pas à la hauteur de l’enjeu : l’avenir de nos enfants, qu’ils soient eux mêmes concernés , ou que leur mère le soit.
La société n’est pas à la hauteur non plus quand elle laisse mourir des hommes et des femmes, parfois des enfants, faute d’un toit.
Hier 15 Avril, c’étaient les 20 ans du Collectif des Morts de la Rue, qui dénombre les décès de sans abris, et leur assure des funérailles dignes.
« En interpellant la société, en honorant ces morts, nous agissons aussi pour les vivants », dit ce collectif. Car c’est toujours pour la vie qu’il faut agir.
Du 1er janvier au 20 décembre 2022, 449 personnes SDF sont mortes en France, à l’âge moyen de 48 ans. Entre le 1er janvier et le 2 février 2023, ce sont 39 personnes qui ont perdu la vie dehors, au même âge moyen. Un pic avait été atteint en 2021 : 623 personnes à 48, 5 ans.
Tant que les gouvernants et les citoyens n’auront pas pris tous les problèmes que nous avons cité à bras le corps, pour que la vie, la conservation de la vie la meilleure possible pour tous, soit le but essentiel, c’est une impasse et un leurre d’évoquer « l’aide active à mourir » comme évidence.
Michelle. C. DROUAULT
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Un article d’un grand quotidien intitulé « La science –fiction devient réalité », faisait état de la proche naissance chez Madame D.B d’un deuxiéme enfant, la première étant née en 2019 après qu’on lui ait greffé l’utérus de sa mère, pour infertilité utérine.
Ce qu’on nomme « infertilité utérine » est l’impossibilité pour une femme d’être enceinte à la suite d’une absence d’utérus(syndrôme de Koltanski, qui touche 1 femme/4500)ou d’une anomalie de celui-ci, rétrécissement ou autre, couplé parfois avec une anomalie vaginale.
Jusqu’à présent, les femmes ainsi handicapées devaient faire le deuil de la maternité biologique, et se tourner vers l’adoption.
Cependant, un premier essai de greffe a eu lieu en Suède voici quelques années, suivi de 9 autres, couronnées de succès.
Depuis, 90 greffes ont été pratiquées dans le monde, dont 50 en Suède et aux USA.
75% des dons d’utérus sont le fait de donneuses vivantes ; les autres greffes étant pratiquée à partir des utérus de donneuses en état de mort cérébrale(ayant, espérons le, laissé des autorisations anticipées en ce sens, avec l’accord de leur famille).
Ce qui nous a interrogé, c’est que la grande majorité des donneuses vivantes sont les mères et les sœurs des femmes infertiles.
D’abord pour des raisons scientifiques : l’assurance d’une meilleure compatibilité cellulaire et des tissus entre donneuse et receveuse, le moindre risque de rejet de la greffe.(la receveuse doit néanmoins être sous immuno-suppresseurs après l’opération, et tout le temps qu’elle garde l’utérus)
Les donneuses doivent être âgées de 40 à 64 ans.
Il semble que ce soit volontiers que les mères/donneuses se soient prêtées à l’ablation de leur utérus, même si cette opération comporte des risques certains (hémorragies).
Des effets secondaires ont été constatés chez 20% d’entre elles (saignements, infections).
Comment mères et filles ont elles vécu ce processus ?
Qu’est ce que donner son utérus à sa fille ? qu’est ce que sentir son bébé se développer dans l’utérus de sa propre mère ? Qu’est ce que cela signifie pour le conjoint que son futur enfant grandisse dans la matrice de sa belle-mère ?
Interviewée, la mère de Mme D.B a déclaré ne plus sentir l’utilité de sa « poche »(c’est ainsi qu’elle nomme son utérus) et l’avoir laissé pour être implanté à sa fille avec enthousiasme.
Cette vision, je ne le cache pas, m’a mise mal à l’aise de par le morcellement du corps de la femme qu’elle implique. Un être humain n’est pas une somme de pièces détachées, le corps est une unicité, à laquelle participent tous les organes : la femme « est » son utérus.
Pourquoi est ce si différent d’une greffe de rein, me direz vous ?
Justement parce que l’utérus est la matrice où se nident, se forment les enfants, ce n’est pas un organe comme les autres, symboliquement et concrètement.
C’est parce que ce n’est pas un organe comme un autre qu’est évoqué brièvement dans l’article le regard du conjoint. Peut il avoir le sentiment diffus d’une sorte d’ »inceste gestationnel », et être saisi d’une angoisse sur laquelle il ne peut mettre le doigt ?
Nous ne le savons pas.
Il est important d’aborder la symbolique du don.
« la féminité », écrit l’historienne Michelle Perrot, est construite sur l’idée de don.
Qu’il s’agisse de la GPA(« gestation pour autrui ») ou de transplantation d’utérus intrafamiliale, c’est toujours aux femmes qu’on propose de donner une partie d’elles mêmes, voire le « produit » de leur matrice : l’enfant.
L’un et l’autre processus peuvent endommager gravement leur santé.
Quel est le but recherché ?
Qu’ est ce qui est si important, vital presque, que des femmes soient prêtes à faire courir des risques à leur mère, leur sœur, et à en courir elles mêmes ?
Le but recherché ne serait il pas la norme, qui n’a jamais été aussi forte, bien qu’on clame sans cesse l’impérieuse nécessité de sa déconstruction, et son déplacement ?
Interrogée à son tour, la receveuse de l’utérus de sa mère, Mme D.B, a reconnu ne pas se sentir « une femme complète » sans avoir d’enfant naturellement.
De son côté, sa mère dit avoir le sentiment « d’avoir mal fait les choses » en enfantant une fille sans utérus.
Voilà deux femmes au bord de la culpabilité de n’être pas des femmes parfaites.
Il n’est pas question ici de les juger en quelque manière que ce soit (on peut saluer le courage et l’abnégation de la grand mère !) Mais seulement d’interroger l’injonction faite aux femmes soit d’enfanter un héritier par elles mêmes, soit d’en montrer la fiction par la biais de l’utérus /ou de la « gestation » d’une autre femme.
La norme recherchée est celle de la femme-mère, mais aussi de l’épouse qui donne un enfant, peu importe le stratagème déployé.
La seule différence avec les siècles passés serait t elle la connaissance du stratagème par la société, et par conséquent l’époux, voire sa publicité.. ?
Cette connaissance rend elle le processus plus sain ? Il est dit dans le reportage que les circonstances de sa naissance vont être expliquées à l’aînée quand elle grandira. (est ce bien nécessaire étant donné que ses parents sont tous deux et sans équivoque ses parents biologiques ?) Quel peut être le ressenti d’une enfant qui apprend avoir grandi dans la matrice de sa grand mère ? Ne risque t on pas une perte de repères ?
Pour dédramatiser la chose, il lui sera peut être expliqué que sa grand mère a « prêté sa poche » à sa mère, et a été satisfaite de le faire-ce qui n’est pas un mensonge-
Nous en revenons alors à ce danger : si les femmes ne sont plus « Une » mais un assemblage d’organes, dont des organes reproducteurs qu’elles peuvent prêter, louer, et par extension dont elles peuvent vendre le produit(GPA), alors il n’y a plus vraiment de femmes.
Par contre leur mythe, leur stéréotype, leur image , continuent d’exister, triomphants.
La GPA est d’ailleurs brièvement évoquée dans l’article, pour rappeler-plutôt pour déplorer, le ton est ambigü- qu’elle soit interdite. L’adoption est balayée d’un revers de main comme « trop compliquée ». Ne resterait donc comme solution que la greffe d’utérus…. Avec son lot de souffrances humaines.
Ce qui est possible est il toujours souhaitable ? C’est un sujet sur lequel on pourrait faire « plancher « les élèves de terminale.
Mais s’il est exact que l’adoption soit un processus long et compliqué en France, l’adoption simple(l’enfant conserve son nom d’origine, accolé si souhaité à celui de l’adoptant, et un lien éventuel avec ses parents biologiques) n’a guère de succès. Pourtant de nombreux enfants sont soit délaissés par des parents qui ne les ont pas abandonnés pour autant, soit ont des parents dans l’incapacité physique ou mentale de s’occuper d’eux. Et seraient heureux de cette solution.
Le but des manipulations génétiques et chirurgicales actuelles semble bien être la reproduction d’une norme social et familiale.
Autrefois certains étaient fiers de se situer hors de cette norme, contestée à coups de poèmes , de chansons, de déclamations anarchistes et féministes, souvent vivifiants.
Elle semble à présent faire des ravages. Quelle que soit leur orientation sexuelle et leur composition, une majorité de couples adhère au modèle de la famille nucléaire de deux enfants.
On légifère suivant ce modèle.
Est ce un bien ?
Bien malin serait celui, ou celle, qui pourrait avoir une réponse affirmée, mais atteindre ce modèle de vie idéalisée justifie t il tout ?
Abandonnant la priorité du soin, la médecine semble s’être jetée à corps perdu-et à bistouri ouvert- dans la réponse à des demandes sociales.
« Primum non nocere », en premier ne pas nuire, dit le serment d’Hypocrate.
Or , l’ablation d’un utérus peut nuire, nous l’avons vu.Il en est de même, et c’est un autre débat, d’ablations d’utérus et des masectomies effectuées, non pour vaincre des cancers, mais pour affirmer l’identité de genre(c’est le terme employé) de femmes s’identifiant hommes ; de même que des castrations sont effectuées sur des hommes s’identifiant femmes. Certains pays peinent à interdire ces procédés pour les mineurs, qui ne possèdent pas encore la capacité de réflexion nécessaire pour prendre pareilles décisions.
Dans quoi la médecine s’engage t elle ?
A l’heure où nous écrivons ces lignes, un article du « Daily Mail »(Royaume Uni) pose cette question, vue par des féministes britanniques comme un terrifiante dystopie :
« Faut il se servir des femmes en état de mort cérébrale comme mères de substitution pour que les couples infertiles aient une chance d’avoir un enfant ? »
Certains membres du corps médical envisageraient ils cette pratique comme pouvant être usuelle ? S’agirait il de se servir du corps entier de la femme comme couveuse, au mépris du processus de construction de l’être humain dans l’échange materno-fœtal :non seulement les échanges sanguins, mais la respiration, la voix, les émotions, l’environnement familial de la mère ? Il semble que oui : un autre article britannique évoque le « don gestationnel du corps entier » pour éviter la « problématique morale de la GPA » d’une femme vivante…( !)
L’utilisation d’un corps comme container fœtal est donc à l’ordre du jour…
Les dérives possibles aussi.
Mais enfin, les femmes seraient elles destinées à pratiquer le don jusque dans la mort ?
Leur dignité est elle assurée dans de telles pratiques ?
A notre avis, rien n’est moins sûr.
Et il nous semble que le respect du aux défunts est un « tabou » universel qu’il ne faut à aucun prix abandonner sous le prétexte du « bénéfice » des vivants…
Mais laissons les lectrices et lecteurs en juger….
Michelle. C. DROUAULT
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La répression féroce qui s’exerce en Iran à l’égard d’une jeunesse qui manifeste son désaveu d’une théocratie tyrannique, et dont la mobilisation ne faiblit pas, a montré que le régime ne se souciait pas d’avoir une légitimité populaire.
Des couches de plus en plus larges de la population se joignent aux jeunes ; mais surtout, les funérailles de ces souvent très jeunes manifestants, quand ils ont été tués par des tirs de forces de sécurité, deviennent aussi des manifestations.
Le peuple iranien n’accepte pas de voir sacrifier sa jeunesse.
Après les tirs et les arrestations massives, sont venues les condamnations à mort, à l’issue de procès ultra-rapides, sans l’assistance possible d’un avocat pour les accusés.
Puis les exécutions.
Après celle du jeune Moshen SHEKARI, le 8 décembre, a suivi la deuxième en 4 jours, le 12 décembre : celle de Madjidreza RAHVANARD, 22 ans, dix huit jours après sa condamnation, le Code pénal iranien prévoyant pourtant 20 jours pour faire appel.
Cette dernière exécution m’a frappée par son caractère d’inhumanité totale.
Le jeune homme a été accusé d’avoir « pris la vie les biens et l’honneur de personnes, en vue de créer un climat d’insécurité ».
Il ne nous appartient pas de juger les actes. La seule exigence universelle est qu’un accusé bénéficie d’un procès équitable, à charge et à décharge, avec la défense d’un avocat ; et que nul aveu ne soit du à la torture.
Aucune de ces conditions n’a été respectée.
Tous les observateurs disent que les procès durent une quinzaine de minutes, que les accusés semblent terrifiés et avoir été torturés, et qu’ils n’ont aucun défenseur.
Madjidreza a été exécuté par pendaison à l’aube du 12 décembre en public, sans que sa famille en soit avertie.
A 7 heures du matin, ils ont reçu un appel téléphonique, leur indiquant de se rendre dans un cimetière d’Evin où leur fils/frère/petit-fils, avait été enterré.
Les manifestations de désespoir et d’indignation ayant sans doute été grandes dans son quartier, quelques jours plus tard, les forces de sécurité se sont rendues chez sa grand mère pour y retirer les fleurs et les affiches de commémoration. Elles ont retenu son oncle plusieurs heures au poste de police avant de le relâcher.
Une telle volonté tenace d’humiliation, un tel manque de respect pour les morts, et ceux qui leur survivent, va bien au delà de la terreur.
Et je me suis demandé par quelle perversité ceux qui agissent ainsi peuvent prétendre agir au nom de Dieu ; et quelle douleur ils infligent aux véritables croyants.
Voir sa foi dévoyée et instrumentalisée pour tuer doit être une souffrance indicible.
La plus part des manifestants arrêtés ont été condamnés pour « inimitié avec Dieu » ou « guerre contre Dieu ».
Ces allégations paraissent vides de sens :seul Dieu peut juger de qui L’aime ou ne L’aime pas.
Les mollahs iraniens prétendent ils prendre la place de Dieu ?
Il semble que ce soit aussi l’option des talibans qui ont remis au goût du jour les châtiments publics (de femmes, de préférence), sous forme de coups de fouet(donnés par des hommes, et en présence d’hommes). Ces punitions peuvent être la sanction de délits imaginaires, inexistants dans le Coran : avoir écouté de la musique(quid des soufis ?) ou être sortie sans accompagnant masculin(que peut faire une veuve avec enfants en bas âge pour s’approvisionner ? c’est le sujet d’un splendide film d’animation qui met en scène une jeune fille qui se déguise en garçon pour faire survivre sa famille…)
L’ensemble de ces pratiques, tant en Iran qu’en Afghanistan, montre un point commun :le défoulement de pulsions sadiques, honteusement sacralisées par la référence permanente à Dieu.
En Iran, Armita ABBASSI, 20 ans, arrêtée lors de manifestations et incarcérée, a été admise à l’hôpital suite à une hémorragie anale due à des viols répétés durant sa détention-alors que les lois du régime condamnent formellement toute relation sexuelle hors mariage- et que le Coran proscrit non seulement le viol mais ce type d’offense…(après son hospitalisation, la jeune fille a été ré-incarcérée en un lieu inconnu, et sa famille semble avoir perdu sa trace)
C’est en ces circonstances qu’on voit combien la référence religieuse est une imposture complète.
Une situation bien comprise par des femmes voilées, chiites pratiquantes, qui ont pris part aux manifestations en clamant « Nous n’avons pas peur ! nous sommes ensembles ».
Les catholiques contemporains connaissent cette trahison ; ceux d’antan la dénonçaient déjà :
« Comme il sait , avec ruse dernière/se faire un beau manteau de tout ce qu’on révère » faisait dire Molière de Tartuffe…
Mais de nos jours l’heure est grave, et ce sont plus que des forfaitures individuelles de faux dévôts qui perturbent et indignent les consciences : les agressions sexuelles, viols, commis par des prêtres sur des enfants ou de jeunes religieuses sous le prétexte de les « rapprocher de Dieu » se sont avéré être légion, cumulant l’abus spirituel avec les crimes ou délits.
La perversion a connu son comble avec le « strip-tease confessionnel » organisé par un ex-évêque.
Quelles sont les conséquences pour les croyants de toutes ces monstruosités, toutes confessions confondues ?
Faut il beaucoup de grandeur d’âme pour garder la Foi ?
En Occident, dans les pays laïcs, la première observation des athées est « comment Dieu peut il tolérer tout cela ? S’il existe, il est impuissant ou sans compassion ».
Le dégôut, pour le croyant, est une première réaction bien légitime.
Plusieurs personnes de ma famille ont cessé de pratiquer après la 2éme Guerre Mondiale, accusant le clergé de faire beaucoup de bruit pour condamner la contraception, alors qu’il avait (sauf exceptions notables) laissé gazer des enfants juifs.
Des victimes ayant témoigné auprès de la Commission SAUVÉ ou de la « Parole Libérée » ont déclaré ne plus pratiquer.
L’idée d’avoir reçu la communion d’un prêtre pédophile doit être insoutenable.
Mais garder la Foi ?
Se dire que Dieu n’y est pour rien ?
Que nous avons été créés(du moins la possibilité de notre être) libres, libres de faire le Bien ou la Mal, même le Mal en se réclamant de Dieu pour mieux y parvenir ?
Cette démarche est elle accessible facilement ?
Je laisse cette question ouverte. Je ne peux y répondre.
A tous nos frères et sœurs Iraniens croyants, quelle que soit leur religion, à tous les croyants molestés dans leur foi, où que ce soit dans le monde, souhaitons de ne pas céder au désespoir de l’absence de Dieu.Michelle C. DROUAULT.
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La révolte des Iraniennes après le décès de Masha Amini, tuée à la suite de brutalités policières pour un foulard mal ajusté, a provoqué l’admiration et une immense vague de solidarité internationale. Les femmes iraniennes ont été le fer de lance d’un véritable épisode révolutionnaire qui continue à embraser tout le pays, las d’une dictature religieuse qui dure depuis 42 ans.
C’est une révolution populaire, et féministe dans le sens où pour une fois, ce sont les hommes qui ont rejoint le mouvement des femmes. De nombreux jeunes hommes ont d’ailleurs payé de leur vie d’avoir manifesté, ou protégé des manifestantes.
C’est tous les jours que sont relayées les images de jeunes filles et femmes de tous âges qui se montrent fièrement, la tête découverte, au risque de leur vie ; toute une jeunesse dans les Universités qui crie sa colère de voir sa vie et son avenir confisqués par des normes religieuses rigides, et parfois inventées pour mieux contrôler la population. Les minorités ethniques et religieuses, elles aussi opprimées, réclament leurs droits.
Cependant en France, une petite musique dissonante s’est fait entendre : la polémique sur « le voile » a resurgi telle un irritant serpent de mer.
Devant la culpabilisation fanatique de celles qui oseraient encore se couvrir la tête de ce côté du monde, nous avons été nombreux (ses) à affirmer qu’il n’existait aucune contradiction à soutenir la lutte des femmes en Iran, et protéger le droit de porter un voile ou non, en France comme ailleurs. Dicter aux femmes ce qu’elles doivent porter est liberticide sous toutes les latitudes. Notons d’ailleurs que le régime du Shah d’Iran, renversé par la première révolution de 1979,* avait lui interdit strictement le port du voile dans un but d’ »occidentalisation » du pays, sous peine d’une répression féroce.
En Iran, la police actuelle tue celles qui brûlent leur voile.
En France, celles qui le portent subissent souvent vexations et discriminations.
Avant de poursuivre, précisons qu’aucune comparaison ne peut évidemment être établie entre la répression meurtrière d’une dictature, et de simples discriminations ou humiliations ; mais celles-ci sont pourtant bien réelles, et l’Histoire a prouvé que de petites stigmatisations pouvaient en amener de bien plus grandes et plus dangereuses.
Suite aux fameux « arrêtés anti-burkini », il est arrivé que des policiers mal informés s’érigent en « police des mœurs » et importunent ou verbalisent sans discernement sur les plages des femmes qu’ils estimaient trop couvertes(leggings, tunique, turban).Il a fallu que certaines assignent les municipalités en tribunal administratif pour obtenir le remboursement des amendes, estimées injustes.
Une circulaire récente de l’Education Nationale sur les « signes religieux par destination » a laissé les enseignants bien perplexes : il leur appartenait, d’après le ministre, de surveiller les jupes longues et les robes trop amples des jeunes filles, pour voir si elles les « portaient régulièrement », ainsi que les bandanas ne laissant pas voir les cheveux….
Pourtant la loi est la loi : sont interdits à l’école les signes religieux ostensibles et identifiables(kippa, croix visible, voile).
Un précédent ministre, lui, avait fustigé les « crop-tops » de certaines jeunes filles(débardeurs laissant voir une partie du ventre) comme étant de nature à distraire et déconcentrer les garçons…
Déjà éprouvés par une situation difficile de personnels réduits et de classes surchargées, les enseignants ont réclamé des directives claires…qui ne sont pas venues !
On voit ici que le corps des femmes et des filles est partout un enjeu, une sorte de champ de bataille sur lequel s’affrontent des idéologies parfois contradictoires, et des logiques d’injonctions que les intéressées peuvent trouver absurdes.
Ainsi, des vêtement dissimulant trop les formes ou les cheveux pourraient vous faire soupçonner de bigoterie, mais arborer des tenues ultra-légères serait également suspect de…provocation envers le sexe opposé.
Sur ce second argument, l’Education Nationale se rend elle compte qu’elle s’aligne sur les mollahs et talibans divers ? les filles seraient responsables des pulsions des garçons, et il serait de leur responsabilité de ne pas les réveiller ??
Car enfin, la question n’est jamais posée de savoir en quoi le port de robes amples et de bandanas , ou au contraire de débardeurs minimalistes, nuit à la scolarité des JEUNES FILLES. A leurs résultats, leurs progrès, leur avenir ? Il n’est question que de la « liberté » d’étudier sans être distraits des garçons, et de la peur des adultes de l’influence d’éventuels alliés des terroristes islamistes, conduisant à des « radicalisations » de jeunes.
On m’objectera que cette crainte est légitime. Certes.
Néanmoins, la dimension de tâtonnement et de recherche d’affirmation de soi des adolescents des deux sexes, paraît ici totalement ignorée.
Ces costumes mystérieux (hijab, abaya) sont ressentis comme la marque d’une appartenance secrète à un groupe se positionnant contre l’ordre établi, réprouvé comme « immoral ».
Les révoltes de jeunes contre la guerre au Vietnam, l’impérialisme, l’injustice sociale passaient aussi par des signes d’apparence physique emblématiques(cheveux longs des garçons ; abandon des marqueurs de féminité classiques pour les filles ; symbole de la paix) ET parfois des adhésions à des idéologies qui se sont révélées totalitaires( maoïsme, communisme albanais, extrème gauche radicale allemande ou italienne).
Les idéologues et militants des islamismes radicaux , comme des mouvances antérieures citées, savent faire appel aux idéaux de générosité, de justice , de droiture des adolescents et jeunes adultes.
C’est l’accent mis sur l’inaction de l’Occident face aux exactions de Bachar El Assad, et l’appel à l’aide humanitaire qui a précipité beaucoup de jeunes filles dans un départ en Syrie.
Mais la réponse des adultes tutélaires doit elle être la répression et la persécution, y compris en passant outre la loi ?(certains proviseurs auraient réclamé la surveillance des tenues portées hors cadre scolaire !) Quelle crédibilité ont des adultes qui ne respectent pas leurs propres lois ? Il me semble que harceler les jeunes filles sur le port du voile ou d’autres codes vestimentaires ne peut que conduire à des replis et fractures contraires aux buts recherchés.
L’éducation civique, l’enseignement bien documenté de l’Histoire des religions, accompagnant la ré-explicitation des lois de 1905 et de 2004, paraîtraient plus appropriés.
Plus récemment encore, une pédiatre d’un hôpital public en fonction depuis plusieurs années, exprimait sur les réseaux sociaux son épuisement, son angoisse devant la mise en danger de jeunes patients faute de personnels. Elle relatait effectuer le travail d’environ 6 à 7 soignants.
Parallèlement, un groupe de ses confrères demandait à être reçu à l’Elysée pour évoquer ce même effondrement des services pédiatriques français, et demander des actions urgentes.
Les internautes, en majorité, n’ont vu que le voile de cette médecin. Elle en porte un effectivement, la vidéo ayant été réalisée hors des murs de l’hôpital. Elle a été invectivée, et non pas remerciée pour tous les enfants qu’elle a sauvés.
On en reste abasourdie.
Cette obsession française est hautement dommageable.
Au « vivre ensemble ». A la notion de liberté dans une démocratie.
Qui ne doit pas être à géométrie variable.
Voici plus de trente ans, dans une vidéo magnifique d’humanité, Gisèle Halimi expliquait à une opposante « anti-IVG » qu’elle –même n’était nullement « pour « l’avortement (qui l’est ?)mais que son combat était justement pour que son interlocutrice puisse avoir cette liberté, d’interrompre une grossesse si jamais elle ne pouvait l’assumer.
Les démocrates en France ne sont pas « pour » le voile, mais pour la liberté d’avoir la tête couverte ou découverte.
Il ne s’agit pas de « relativisme culturel », comme ont accusé certaines : certaines pratiques comme les mutilations génitales, sont condamnables en elles-mêmes vu la souffrance qu’elles infligent, souvent à vie. Un accessoire vestimentaire se met et se retire. Ce qui fait souffrir est la contrainte sur le corps.
Des féministes françaises ont déclaré que le hijab était en lui même un symbole d’oppression patriarcale, et estimé que toutes les femmes qui le portaient étaient « aliénées ».
Elles ont maintenu leur position même après que des sociologues (Eric Fassin, entre autres) aient tenté d’expliquer dans plusieurs tribunes qu’avoir une grille de lecture indépendante du contexte d’un phénomène, et du lieu où il existait, était absurde.
Si on suit la logique des oukases de ces « féministes », faudra t il arracher leur voile aux réfugiées Ouïghoures au motif de cette « aliénation », alors qu’elles ont été internées dans des camps de travail forcé en raison de leur appartenance à la confession musulmane, leur causant une humiliation supplémentaire ?
Des journalistes iraniens exilés ont d’ailleurs confirmé que le hijab obligatoire n’était qu’un des éléments de l’oppression du régime actuel, et que supprimer cette disposition(comme l’ont proposé assez rapidement des mollahs réformateurs au début des manifestations) ne ferait pas disparaître miraculeusement l’emprise d’un ordre religieux qui veut réglementer jusqu’à la vie privée des citoyens.* Des femmes voilées ont aussi manifesté contre le régime, ont ils dit, ce qu’elles réclament est la liberté, et une vie meilleure, car le peuple iranien vit dans une grande pauvreté.
Nous appelons de nos vœux une société française où l’analyse critique ferait son retour, remplaçant les sempiternels chocs idéologiques-qui n’est pas pour moi est contre moi- qui font fi de la complexité de la vie et de l’évolution des groupes humains.
Est ce pour demain ?
Michelle C. DROUAULT
Note* 1 révolution confisquée par les islamistes.
* 2 il est d’ailleurs étrange que les mêmes personnes qui trouvent odieuse la propension des clercs catholiques à rentrer dans les chambres à coucher par des prescriptions sur la vie intime des couples, ne saisissent pas toujours cet enjeu fondamental.
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Les Lumières ont été le triomphe de la rationalité et des sciences sur l’idéologie obscurantiste d’un christianisme mal compris ; impossible à contester sous peine d’anathème et d’accusation de blasphème.
Il semble hélas que les étoiles des Lumières ne pâlissent considérablement. Et que les monothéismes constitués aient laissé la place à d’autres « religions », employées également comme armes pernicieuses de domination.
L’Ancien Régime était ouvertement conservateur, défenseur de traditions séculaires qui devaient rester immuables. Une société d’ordres, pas de classes, ordre établi pour ce qui se voulait l’éternité. Monarchie de droit divin dans le christianisme, à la suite du premier roi chrétien occidental, Clovis. Protection des métiers et confréries.
Le Roi devait être irréprochable sur le plan de la morale chrétienne (même s’il y faisait des accrocs dans sa vie personnelle) et les confesseurs des monarques veillaient, brandissant parfois l’arme des refus de sacrement (Louis XV, se croyant mourant, contraint de renvoyer Mme de Pompadour..) Le roi était le représentant de Dieu, mais lui était soumis…
Ainsi le peuple devait il suivre ce modèle bon gré mal gré, et aussi accepter les inégalités (comme étant la « volonté de Dieu ») sous peine d’excommunication, voire de châtiment, puisque la religion était religion d’Etat.
Tous ceux qui dérangeaient, et remettaient en question à bas bruit cet ordre implacable étaient stigmatisés, mis au ban de la société, menacés de punitions cruelles allant jusqu’à la mort.
Entre autres, on redouta la puissance satyrique des comédiens et chanteurs, longtemps excommuniés. La crainte de la persécution dura plusieurs siècles dans les campagnes, puisque Balzac fait dire à Madame Grandet, la mère d’Eugénie, qu’aller au théatre serait « pêché mortel »…
Les femmes furent celles qui payèrent le plus lourd tribut à l’idéologie de l’Ordre divin, tel qu’ interprété par ceux qui en profitaient et en jouissaient : rebelles à la soumission, femmes ayant soif d’instruction ou pratiquant la médecine, le vocable de « sorcière » les condamnait au bûcher…
Cette époque était le règne parfait de l’idéologie imposée par la force, sans cohérence avec les dogmes même(qu’est l’Evangile sinon un rejet de l’injustice et des stigmatisations ?) ni même avec le réel : les accusations portées contre les femmes condamnées étaient souvent de la plus haute invraisemblance, sur le fondement de légendes invérifiables.
Peu à peu, les Lumières et leurs philosophes, leurs scientifiques, les récits des explorateurs de retour de voyage, ont éclairé les esprits.
Des écrits, des débats, des cercles d’échanges et de réflexion sous des dehors de salons littéraires, ont fait changer les mentalités.
Jusqu’à ce que la Révolution balaye tout. Par une autre idéologie ? C’est un autre débat.
De nos jours, nous assistons au retour en force des idéologies imposées.
Elles le sont , non plus au nom de la préservation d’un ordre moral, mais au contraire d’un Progrès présenté comme le bien suprême.
Et comme pendant l’Ancien Régime, tous ceux qui remettent en question le Progrès-ou ce qui nous est présenté comme en faisant partie- sont vilipendés, rejetés, invectivés, et accusés d être des « mécréants », censurés-avec la complicité de média avides de scoop-, diffamés….
Le malheur est qu’il y ait encore moins de débats qu’autrefois.
Comment, alors que les sources d’information sont à présent multiples et facilement accessibles, cela est il possible ?
Certes, si les sources d’information abondent, les réseaux sociaux favorisent aussi les mouvements d’indignation sélective et irrationnelle.
Cependant, la conscience aigüe de ce « grand bond en arrière » m’a saisie en lisant qu’une autrice célèbre pour son étude exhaustive, justement, de la persécution des « sorcières » à travers l’Europe, avait cautionné les propos d’activistes qui taggent sur les murs le slogan « les Terfs au bûcher ».
Décidemment, rien n’allait plus…
« Terf » signifie en anglais « trans-exclusionary radical féminist ». (féministe radicale qui exclue les trans).
Cette dénomination est évidemment trompeuse. Comme nous l’avons expliqué précédemment, cette « exclusion » ne vise que les lieux dédiés aux femmes pour leur sécurité (foyers d’hébergement, vestiaires, lieux de détention) ou les compétitions sportives féminines (un homme gorgé de testostérone, s’ »identifiant » femme va évidemment rafler tous les premiers prix).
L’ "exclusion " qui ulcère certains transactivistes est aussi sexuelle : les femmes lesbiennes refusent en toute logique d’avoir des rapports amoureux avec des hommes s’identifiant femmes, mais ayant gardé leurs attributs masculins. Elles sont alors cataloguées « transphobes ». Il faudrait magiquement que les femmes lesbiennes voient dans ces corps masculins des corps de femmes….
On en revient toujours à la même dénégation du réel, la même volonté de forcer l’autre à une croyance qu’il /elle ne partage pas, et pire, une contrainte par corps.
Agresser des femmes parce qu’elles ne veulent pas avoir de relation sexuelle avec vous est une tactique de domination masculine séculaire ; mais c’est à présent en s’appuyant sur une notion moderne et progressiste de « non discrimination » qu’on veut les y obliger.
Sans même écouter ce que ces femmes ont à dire, sans débat, les voilà donc « bonnes pour le bûcher ».
Comment défendre de telles positions ?
Comment ne pas faire le rapprochement avec les thérapies de conversion ou les « viols correctifs » de filles lesbiennes en Afrique du Sud ?
Certaines auteures réputées féministes semblent aveugles…
Les Lumières se sont éteintes.
Nous pourrions nous contenter d’un haussement d’épaules.
Mais l’actualité nous rattrape : des hommes, des femmes , ont été menacés , sanctionnés dans leur emploi(en général des professeur(e)s et des chercheurs/ses) parce qu’ils refusaient d’employer des pronoms neutres, ou rappelaient la réalité biologique de différence des sexes, ceci dans plusieurs pays. En Norvège, une femme a même risqué la prison.
Les féministes qui combattent ces pratiques sont cyber-harcelées.
Voici quelques jours à Paris, une manifestation pour le droit à l’avortement légal et sûr (l’exemple des USA inquiète) a été agressée par de jeunes transactivistes qui clamaient « l’avortement pour les hommes aussi »* et voulaient chasser les « Terfs » de la manifestation… cette définition semble s’être élargie à toutes les femmes hétérosexuelles ou lesbiennes qui défendent leurs droits.
En Autriche, la députée écologiste Faïka El Nagashi, députée au Parlement de Vienne, a vu annuler une de ses conférences sur le mouvement lesbien 24 heures avant la date,
pour raison de « non inclusion » des personnes transgenres….
Nous sommes bien dans une idéologie fanatique, excluante au motif de ne pas vouloir d’exclusion, délivrant des oukases aux « non convertis », qu’on convaincra par la force s’il le faut…
Cette idéologie se répand comme une trainée de poudre, simplement parce qu’elle est un « backlash » au « #MeToo » des femmes qui ne veulent plus se taire.
Elle permet d’entraver la marche inéluctable des femmes vers plus de dignité et d’égalité, de silencier celles qui réfléchissent et veulent partager leurs réflexions.
Sourds à ces avertissements, les media se sont engouffrés, pour la pluspart, dans cette croisade transactiviste. Nous sommes absolument submergés de films, documentaires, interviews, articles sur le sujet de la transition de genre, et ceci sans regard objectif.
Il n’en faut pour exemple que l’interview sur la chaîne Arte de « la première maire transgenre » d’une commune des Hauts de France.
La véritable égalité voudrait que ce n’ait rien d’extraordinaire : cette personne a une apparence de femme, une voix de femme, c’est « Madame le maire », point.
Et c’est très bien.
Elle est autrice d’un livre sur son parcours. Ouvrage que nous sommes libres d’acheter ou non.
A une heure de grande écoute, elle explique qu’elle s’est mariée, qu’elle a eu trois enfants, puis qu’elle a divorcé et entamé sa transition, chirurgicale et hormonale, pour changer ensuite son identité. Or à aucun moment les journalistes présents n’ont posé la question de la réaction de cette épouse, et des enfants. Peut être l’intéressée ne le souhaitait elle pas ? En fin d’interview, elle mentionne juste que ses enfants continuent de l’appeler « Papa ».
Qu’est ce que cela fait à un enfant d’appeler une femme « Papa » ? Ou plutôt, que « Papa » soit devenu une femme ? Cela ne fait il pas bouger les repères avec une certaine violence ?
Comment réagissent les amis d’école ? les interrogations sont multiples. Mais on préfère nous faire penser que tout cela se passe sans heurt pour le bonheur de tous, avec juste une petite allusion aux traitements lourds subis par l’interviewée. Est ce qu’on imagine une seconde les bouleversements de la vie de cette famille ? Ce doit être un véritable tsunami.
Non, on ne veut pas le voir. C’est un merveilleux conte de fées…
Arte invite des auteurs, artistes, explorateurs, et personnes hors du commun, pour les valoriser et montrer leur travail, c’est formidable. Mais cela ne doit pas se transformer en promotion de parcours difficiles quand ils touchent à l’intime, en mystification du réel : ces trajets de vie sont exceptionnels, et ils ne laissent pas ceux qui les vivent et leur entourage indemnes.
Louons au passage les quelques chaînes de radio qui laissent la parole à ceux et celles qui s’interrogent et s’inquiètent, mais font clairement figure de trouble-fêtes…
Cet engouement laisse de côté la critique de la notion de genre comme auto-détermination(le genre déclaratif) et surtout comme performatif de stéréotypes de sexe ; certains exposés, certains films(« Petite fille ») laissent une impression de malaise : est ce que « se sentir fille » est aimer le rose, les poupées Barbie, la danse et les paillettes ? Ou n’est ce pas plutôt ce que la société indique aux filles comme devant être désirable ?(la société comme « machine à montrer le désir » selon Barthes ) Pourquoi un garçon n’aimerait il pas ces mêmes choses tout en restant de genre masculin ? Pourquoi une fille ne devrait elle pas se battre ? Dans une vidéo, un jeune garçon qui s’identifie fille se plaint à l’institutrice que ses camarades le bousculent et le battent, et elle répond » tu es un garçon, tu dois savoir te battre ».
Mauvaise pioche : pourquoi le fait de s’identifier « fille » empêcherait de réagir si on est agressé(e) ?
Depuis plus de 50 ans , et même davantage, les féministes se battent contre les stéréotypes de genre. Des femmes ont montré qu’elles pouvaient être combattantes, aviatrices, scientifiques, cheffes d’Etat. Des hommes ont milité pour la paix et contre toute violence, crée de la beauté.
C’est ainsi que le monde progressera.
Peu d’entre nous sont « né(e)s dans le mauvais corps », mais beaucoup ne veulent pas correspondre aux clichés qui ont construit les sociétés où le genre est hiérarchisé.
Beaucoup d’entre nous ont envie de laisser libre court à leur part « masculine « pour les femmes, et « féminine » pour les hommes.
Nous ne voulons pas être enfermées dans les stéréotypes, car de cette clôture nait la domination. Il est prouvé que les hommes violents sont les plus accrochés aux stéréotypes de genre et de rôles.
C’est en vertu de stéréotypes de genre que les femmes sont cantonnées à des professions de soins et sous-payées ; souvent traitées de menteuses et de manipulatrices par la justice.
C’est en fonction de stéréotypes de genre qu’on demande aux femmes « comment étiez vous habillée ? » lors de plaintes pour viol. Qu’on estime presque systématiquement qu’une mère est « manipulatrice » lorsque son enfant révèle des faits d’inceste de l’autre parent.
Alors ?
Ballionner la critique n’est pas la solution.
Nous ne voulons pas nous taire.
Consolons nous, les milliers de femmes brûlées comme sorcières de par le monde en l’espace de deux siècles n’auront pas empêché la voix des femmes de continuer à porter.
Qu’elles disent ce qu’elles pensent, ce qu’elles ne veulent plus, ce qui les écrase et les efface.
Et dans un autre régistre, il suffit d’écouter l’immense et courageuse révolte de nos sœurs Iraniennes, au risque de leur vie, pour être persuadé(e) que rien, jamais , n’imposera silence aux femmes qui veulent leur liberté.
Michelle. C. DROUAULT
* Nous voilà au delà de la mystification : les « hommes transgenres » qui auraient besoin d’un avortement sont biologiquement des femmes….
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Une affiche du « Planning Familial » a suscité cette dernière semaine une incessante polémique. On y voit deux personnes, dont une enceinte, mais portant des vêtements et une coupe de cheveux masculins. L’autre est un homme, barbe et cheveux longs.
Ils se tiennent comme un couple.
La pomme de discorde réside dans la légende de l’affiche : « Au Planning, on sait que les hommes aussi peuvent être enceints ».
La plus part d’entre nous sont resté-e-s sans voix.
Certains ont cru à une blague, et se sont souvenu de la comédie jouée par Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni »Le plus grand événement depuis que l’homme a marché sur la lune », où l’on assiste aux tribulations de l’acteur, enceint…
Las ! Ce n’était pas une plaisanterie.
Si la philosophe Françoise Héritier a affirmé que la différence des sexes est ce qui nous permet de penser, toute pensée était alors bloquée par cette déclaration ubuesque qui défiait la science universelle. Le plus élémentaire ouvrage de biologie humaine stipule en effet que :
« Seules les personnes de sexe féminin, dotées d’organes sexuels et reproducteurs féminins, et porteuses des chromosomes XX, peuvent concevoir et donner la vie ».
Un fait immuable depuis des millénaires, et jamais démenti !
Le Planning Familial est un organisme à présent subventionné par des fonds publics, qui accomplit depuis 1970 un travail formidable de services rendus aux femmes de tous âges : consultations de gynécologie, éducation à la sexualité et la contraception pour les jeunes filles, information gratuite sur les moyens de contraception et l’IVG/IMG, orientation vers des médecins spécialisés pour suivi de grossesse, problèmes de fertilité, dépistages de cancers génitaux, suivi de ménopause… et soutien de toute situation difficile.
Des milliers de femmes y ont eu recours- certaines en grande détresse avant 1975-, et ont encore envers son personnel soignant, ses militantes et ses bénévoles , une immense reconnaissance.
Alors, que s’est il passé ?
Les explications données par le Planning à cette affiche ont été un défile de non-sens.
Son but serait de ré-affirmer l’accueil inconditionnel de tous et toutes, y compris les hommes transgenres- c’est à dire les femmes ayant « transitionné » vers une identité masculine MAIS ayant conservé leurs organes génitaux et leur utérus- ET vivant une grossesse….
Nous parlons donc de femmes souhaitant s’identifier en hommes. Très bien.
Mais si on ne se sent pas à l’aise avec un sexe de femme et un genre féminin, il semblerait que la dernière chose que l’on ait envie de faire soit de vivre une grossesse, summum de l’expérience d’être-femme…
La grossesse a d’ailleurs été décrite comme repoussante par certaines féministes radicales (Shulamith Firestone, entre autres) et auparavant Simone de Beauvoir la rejetait comme devant entraver sa liberté. Si l’on veut bénéficier du confort(et du privilège !) d’être un homme, à titre social et personnel, la grossesse y est un obstacle absolu.
La dysphorie de genre a été invoquée. Or celle-ci consiste à se sentir dés l’enfance « né(e) dans le mauvais corps », et à détester son corps de fille ou de garçon pour désirer récupérer un corps en accord avec son psychisme, c’est à dire du sexe opposé, et une nouvelle identité. Pour parvenir à ce résultat, des traitements hormonaux lourds, et des opérations chirurgicales comprenant ablation de certains organes, et greffe d’autres, sont nécessaires, préalablement à un changement de prénom. Ce parcours doit s’effectuer parallèlement à des entretiens avec un psychiatre, afin que la personne soit sûre de ses choix.
Mais si l’on déteste son corps de fille, s’il vous paraît non congruent avec son moi profond, quel est le sens de se lancer dans une grossesse ?
Les » hommes enceints » dont il s’agit n’ont effectué aucune de ces démarches.
Ce sont des femmes.
Quant à leur ressenti, il est certainement complexe, et il n’est pas question de le juger.
Mais on ne peut l’imposer comme une vérité à la société entière.
La loi de 2016, qui justement n’impose plus ce parcours pour modifier son identité serait elle responsable de ces incohérences ?
En effet, depuis cette date, il suffit de décider de s’habiller en homme, et de devenir « Jean Claude » au lieu de Claudine, ou l’inverse, pour modifier son genre à l’état-civil.
Est-ce raisonnable ?
Presque tous les pays occidentaux ayant procédé de même, il en est résulté rapidement une terrible insécurité pour les femmes : les vestiaires, foyers d’hébergement, groupes sportifs, lieux de détention non mixtes ont été le théatre d’agressions de femmes par des hommes s’identifiant en « femme » mais ayant conservé leurs attributs biologiques, nous l’avons déjà mentionné ici. (Aucune femme s’identifiant « homme » n’a été répertoriée comme agresseure où que ce soit)
Quant à la « dysphorie de genre », elle n’a pas tardé à poser problème. Elle ne concerne en réalité qu’un nombre infime de personnes. Et soudain, des nuées d’adolescent(e)s disaient en souffrir, soutenus souvent par leurs parents. En y regardant de plus prés, ces adolescents n’aimaient simplement pas les stéréotypes de genre auxquels la société les assignait, et préféraient les activités, vêtements, travaux, préconisés pour l’autre sexe.(sans forcément d’incidence sur l’orientation sexuelle) Ces préconisations sont purement sociales, et varient profondément d’une époque à l’autre : les hommes de la Renaissance française ou italienne, ceux qui vivaient sous le règne de Louis XIV, portaient bijoux, dentelles, rubans, soieries, sans que nul ne questionnât leur virilité…
Pour les filles, les entraves qu’on leur pose encore devraient suffire à se rendre compte qu’être considéré(e) de sexe masculin offre deux fois plus de liberté et de confort qu’être visiblement une femme, ne fut ce que pour circuler et voyager. La domination d’un sexe sur l’autre, les stéréotypes hiérarchisés, ne sont ici jamais questionnés. Au contraire, ils sont renforcés !
A cela s’est ajoutée la découverte de « transitions » par honte de déclarer à sa famille son homosexualité : si une jeune fille est attirée par les femmes, il est plus simple de se prétendre homme, cela ne déroge en rien à la normalité. De même pour un jeune homme attiré par les hommes. Les parents homophobes ont ils produits de faux dysphoriques ?
En tout cas ces situations sont les mêmes que dans des pays autoritaires et répressifs au point de vue des mœurs, comme l’Iran : être homosexuel vous y vaut la pendaison , SAUF si vous acceptez de devenir une femme , et de vous marier..
On voit donc que ce qui est annoncé à son de trompe comme des progrès, reviennent en fait à des positions ultra-conservatrices et des ré-assignations normatives.
J’ignore qui , au Planning, est responsable de la publication de cette affiche.
L’hebdomadaire « Charlie » évoque un groupe de jeunes ne faisant pas de travail « de terrain » (ouf !) mais auteur d’un « lexique trans » totalement hors-sol qui aurait du être distribué dans les collèges(le Planning y intervient)
Outre l’effacement des femmes, la dépossession de la maternité, que le symbole d’une telle affiche implique, ce qui m’a paru alarmant dans ces dérives est le virage dangereux pris par notre société, qui tend de plus en plus à faire primer l’idéologie sur le réel.
Le « ressenti », l’ »intention » , la référence à des théories plus ou moins contestables, sont en train de prendre le pas sur le réel, les faits, la biologie, la souffrance humaine.
Faire tordre le réel pour le faire cadrer avec l’idéologie, jusqu’à l’absurde, est le propre des sociétés totalitaires.
De Galilée contraint de nier que la terre soit ronde, à une des plus grandes famines du XX éme siècle travestie par Staline en « redressement économique », la linguistique est ici fort intéressante, car elle participe à la mystification, au travestissement de ce dont il est , en réalité , question.
On tente de nous faire avaler de plus en plus de couleuvres, douter de notre propre jugement.
Qu’a t- on essayé de nous vendre ces dernières décennies, en dépit des vérités que nous avions sous le nez ?
Que la prostitution est un « travail » comme un autre, voire un « art », qui peut être « choisi ».
Que la location d’utérus et l’achat de bébés par contrat sont des droits.
Que la privation de la proximité d’un père est plus préjudiciable pour un enfant que l’inceste ou les violences commis par ce même père.
Et , dernier avatar, que les hommes peuvent être enceints.
Derrière ces honteuses supercheries, se cachent , encore et toujours , d’énormes profits.
Les syndicats de « travailleuses du sexe » sont notoirement cadrés et noyautés par ceux qui tirent bénéfice de la prostitution , et de la pornographie.
La « Gestation pour Autrui » génère des milliards de bénéfices pour les organismes intermédiaires, sur le dos des femmes et des enfants.
Les « transitions » d’un sexe vers l’autre profitent avant tout à des groupes pharmaceutiques qui fabriquent des hormones dont ces personnes auront besoin à vie, et aux médecins qui , contrairement au serment d’Hypocrate (primum, non nocere) pratiquent parfois sur des mineur(e)s des mutilations irréversibles, payées par les systèmes de santé.
Qu’un organisme comme le Planning Familial prenne le train de ces tromperies m’a profondément affligée.
Sans entendre les inquiétudes des féministes angoissées et en colère d’être ainsi effacées d’un coup d’éponge, le Planning a prétendu pour se défendre que les « attaques »venaient de l’extrême droite ! Nous sommes toujours dans cet univers orwellien où la moindre opposition vous fait taxer d’ »ennemi ». Citons ici la magnifique illustration de l’autrice Sophie Robert, représentant une pomme avec la légende « Ceci est une banane. Si vous voyez une pomme, vous êtes peut être d’extrême droite ». Elle résume tout à fait la situation.
A qui profite l’effacement des femmes ?
S’il n’y a plus de femmes, il n’y a magiquement plus de discriminations, plus de violences, plus de protection nécessaire, plus de respect, plus de reconnaissance de la richesse apportée au monde. Plus d’émerveillement devant l’altérité. Plus rien.
Que du « Un » : le masculin, triomphant.
Alors que nous sommes deux, le masculin et le féminin.
Envers et contre tout.
Michelle C. DROUAULT
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Le sort des enfants en France et en Europe a été peu enviable jusqu’au milieu du XX éme siècle : faible espérance de vie, maladies, travail précoce et disproportionné avec leurs forces, parfois mariages précoces et contraints, ont été le lot de millions d’enfants.
La prise de conscience de ces injustices et de leurs conséquences sur l’avenir d’une nation a été très tardive. Considérer l’enfant comme une personne digne d’interêt a été un long parcours, culminant dans la récente Convention Internationale des Droits de l’Enfant.
Malheureusement, c’est avec désespoir que l’on s’aperçoit que de nouvelles formes de négligence et d’exploitation voient le jour, aussi néfastes que les précédentes.
Et que les enfants demeurent les jouets d’interêts et de désirs d’adultes.
1 La mortalité infantile.
Si l’on prend comme point de référence la période allant du XVI éme au XXéme siècle, jusqu’en 1790, année considérée comme charnière d’un net début de déclin, la mortalité infantile a été un fléau cruel et permanent dans toute l’Europe.
Hormis pour les pays nordiques (Danemark, Suède, Norvège , Finlande) il n’existe aucune statistique annuelle de décès des enfants avant le XIX éme siècle.
Mais les régistres de naissance & décès laissent apparaître qu’en France, par exemple, entre 1740 et 1790, 1 enfant sur 2 ne parvenait pas à l’âge de un an , soit un taux de mortalité de 270%.
En Italie du Nord, entre 1730 et 1770, ce chiffre atteint 300%, c’est une véritable hécatombe.
Le Royaume Uni s’avère moins meurtrier, avec un taux de 170 à 200%, mais jusqu’au milieu du XIX éme siècle, la Bavière (Allemagne) perdait encore 1 enfant sur 3 avant l’âge de un an.
Un net déclin de ce phénomène se produit à la fin du XVIII éme siècle, distinguant 2 sous-groupes, l’Europe du Nord et du Sud.
Alors que le déclin est déjà amorcé, la France se distingue par un taux persistant de mortalité, sans doute en raison de la pratique spécifique de la mise en nourrice précoce(sitôt après le baptême, à quelques jours) des enfants de certaines classes sociales(noblesse, bourgeoisie, artisans , commerçants). Cette coutume n’a été observée nulle part ailleurs en Europe de façon autre qu’anecdotique.
Quelles sont les causes générales d’une mortalité infantile aussi effarante ?
On peut citer en premier les conditions d’accouchement, sans hygiène(on a appris à se laver les mains pour accoucher une parturiente seulement au XIXéme siècle !) et la mortalité maternelle élevée dans les deux jours suivant la naissance :on doit alors trouver une nourrice en catastrophe pour l’enfant, et pas toujours la meilleure…gageons aussi que désemparé et sans repères , le nourrisson est plus fragile et a moins envie de vivre..
1 décès sur 2 a lieu dans la semaine qui suit la naissance.*
Si l’enfant dépasse son premier anniversaire, le sevrage( entre 10 et 18 mois) est une épreuve dont il ne se remet parfois pas : les aliments solides, mal adaptés, donnent des diarrhées qu’on ne sait pas soigner, ensuite les maladies infantiles guettent le jeune enfant qui n’a plus les anticorps de sa mère ou sa nourrice : dysentrie, varicelle, scarlatine, rougeole, oreillons, coqueluche, pour lesquelles il n’existe ni traitements véritables ni vaccins, les « fièvres » donnant des convulsions parfois irréversibles. On ne comprend pas encore que le jeune enfant ne sait pas régler sa température, et la saison de naissance favorise les pneumonies (l’hiver) ou les déshydratations (l’été).
Néanmoins, le déclin constaté ne semble pas être la conséquence de progrès de la médecine, mais plutôt d’un changement de comportements, et d’une attention débutante pour la personne de l’enfant. Les coutumes d’allaitement et la vie collective le favorisant sont un facteur décisif : le taux de mortalité tombe à 130% dans certaines régions de l’Allemagne là où les mères sont longtemps allaitantes.
Ce n’est qu’à partir des années 1860/70 que la mortalité infantile et maternelle deviendra un problème démographique et social.
Mais là aussi, le but des améliorations n’est il pas plus le souci de préservation d’une société que celui du bien-être des enfants ?
Voici notre enfant, après ce parcours semé d’embûches, parvenu à l’âge de 7 ou 8 ans.
Et d’autres dangers le ou la guettent, suivant le sexe ou la classe sociale :
2 Le travail des enfants.
Dans les classes populaires, le travail peut être agricole en milieu rural(ce qui ne l’empêche pas d’être épuisant) artisanal auprès de la famille(moindre mal) ; l’enfant peut être placé comme domestique, palefrenier ; les fillettes comme aides de cuisine dans les maisonnées plus bourgeoises. Les orphelins sont réduits à la mendicité si ils ne sont pas recueillis par des religieux.
Seuls les enfants de la moyenne & haute bourgeoisie et de la noblesse reçoivent une éducation, les garçons étant privilégiés.
L’ère industrielle à compter du XIX éme siècle verra la plus grande exploitation d’enfants en Europe : on les verra travailler dans les mines, les ateliers, les filatures, les usines, pour des salaires dérisoires, leurs petites mains étant très recherchées pour certains travaux.
Cependant, certains se sont émus des conditions de travail des enfants, et ont cherché-bien tardivement- à les réglementer dans certaines sphères d’activité.
En dehors de la Hongrie qui dés 1575 prononce une interdiction de travail des enfants des 2 sexes dans les mines, l’Europe traine les pieds.
En France, si en 1813 un décret impérial interdit aux moins de 10 ans le travail dans les mines(mais il ne sera pas toujours respecté) il faut attendre la loi du 18 mars 1841 pour que l’âge minimum d’embauche soit de 8 ans dans les manufactures et ateliers, et que la journée de travail entre 8 et 12 ans soit limitée à 12 heures !
Le Royaume Uni prononce plus tôt des interdictions :
1801, interdiction de travail de tous les enfants en dessous de 8 ans,
1819, interdiction pour les moins de 9 ans dans les filatures de coton
Enfin, en 1833, le premier « FACTORY ACT » réduit à 48 h hebdomadaires le travail des enfants ; et leur temps de travail journalier ne doit pas dépasser 9 à 11h.
En 1844, le premier amendement au Factory Act ramène à 6 h 30 /jour le temps de travail en dessous de 13 ans, suivi d’un second en 1847 limitant à 10 H/jour le travail des 13/18 ans… et d’un troisième en 1878, établissant l’âge minimum à 10 ans ; aucun enfant entre 10 et 14 ans ne peut travailler plus qu’en demi-journée.
En France , la loi FERRY de 1882 impose la scolarité obligatoire, gratuite et laïque pour les enfants des 2 sexes entre 6 et 13 ans.
D’où il découle que la loi du 2 Novembre 1892 proscrit le travail plus de 10h/jour au delà de 13 ans et ramène le temps de travail à 60 h hebdomadaires entre 16 et 18 ans.
De surcroit , tout enfant doit présenter un certificat médical d’aptitude au travail avant d’être embauché.
Au XX éme siècle, l’importante mortalité des enfants par accidents du travail et maladies découlant de mauvaises conditions de travail fait qu’ en 1919 l’Organisation Internationale du Travail interdit le travail de nuit aux moins de 14 ans.
Cette interdiction sera suivie en 1930 d’une interdiction du travail forcé, difficilement respectée puisque souvent la survie d’une famille dépendait du travail d’adolescents.
L’âge de 14 ans requis pour travailler ne bougera plus jusqu’en 1999, où il passera à 16 ans dans la plus part des pays d’Europe.
Le R.U gardera 12 ans pour certains « petits travaux »(livreurs de journaux, aides aux laitiers) et 15 ans en général.
En France en juillet 1958, la Convention sur les travaux dangereux pour les femmes et les enfants sera suivie en 1959 de la Déclaration des Droits de l’Enfant. Enfin !
Nous n’évoquerons pas ici davantage que brièvement le travail forcé de milliers d’enfants en Europe dans les pays occupés entre 1940 et 1945, du à l’expansion du nazisme.
Il vaut la peine d’être toujours rappelé.
Et l’assassinat dans les camps de la mort de milliers d’entre eux , depuis les bébés jusqu’aux adolescents, car cela fait partie du sort des enfants, et nous avons envers eux un devoir de mémoire.
3 L’âge du mariage
En France, jusqu’en 1792, il n’existait pas d’état civil, ni de dispositions civiles légales.
L’Eglise catholique tenait les registres, (et l’Eglise Réformée ?) et les populations relevaient à la fois du droit coutumier et du droit canon.
Le droit coutumier était différent selon les provinces. Le droit canon stipulait que les garçons pouvaient se marier à compter de 14 ans, les filles de 12, sous réserve du consentement parental. Cet âge sera relevé en 1907 seulement à 16 ans pour les garçons, 14 pour les filles.
En 1894, lors de l’établissement du Code Civil, qui rappelons le n’a guère bougé jusqu’en 1970, Napoléon Ier fait une synthèse des droits coutumiers provinciaux, et reprend des éléments du droit canon.
L’âge du mariage et ses conditions vont grandement varier selon les régions et les classes sociales.
Si l’âge du mariage pour les jeunes filles pouvait être précoce au XVI éme siècle, il s’est peu à peu élevé jusqu’à devenir tardif à la fin de l’Ancien Régime :à cette époque, les épouses avaient 25 à 26 ans lors de leur mariage, les époux de 27 à 30. Il n’était pas rare de voir des mariées de 29 ans au Pays Basque.
Cependant, d’autres provinces ont au contraire conservé des coutumes de mariage précoce des filles, avec des époux qui pouvaient avoir une grande différence d’âge avec elles :
La Bretagne, la Lorraine, la région de Bourg en Bresse, le bordelais..
Dans les classes sociales populaires, surtout rurales, on se mariait par inclination, et on attendait pour s’établir d’en avoir les moyens, ce qui justifie l’âge tardif.
La noblesse, la haute bourgeoisie, les avocats & notaires(dite « bourgeoisie des talents ») les riches négociants, certains propriétaires terriens, utilisaient leurs filles à des fins stratégiques pour conclure des alliances avantageuses pour la famille. Ces jeunes filles étaient alors des pions, des objets, que leur jeune âge laissait à la merci des volontés paternelles.Les minorités religieuses(protestants, juifs) semblent avoir conservé également des coutumes de mariage précoce jusqu’à la Révolution.
Le sociologue Stéphane MINVIELLE a publié une étude très intéressante sur les mariages précoces de femmes dans l’élite bordelaise au XVIII éme siècle.(2006)
S’il relève que cette coutume a énormément diminué au fil du temps, jusqu’à ne plus concerner que 1, 80% des mariages en 1760/70, elle n’en a pas moins été selon son étude un marqueur social considérable, et pouvait concerner souvent des filles de 12 ou 13 ans. Un gros pourcentage d’entre elles avait entre 15 et 19 ans.
La fécondité de ces très jeunes épouses a été fort importante (jusqu’à une vingtaine d’enfants parfois !) et on imagine les ravages sur des organisme juste nubiles en pleine croissance de grossesses aussi nombreuses et rapprochées….quand les mères ne mouraient pas en couches !
Mais il semble que peu à peu, on ait appris à regarder ces adolescentes comme des enfants, et à mieux les respecter. Etait ce aussi, en France à la Révolution, une aversion pour les mariages royaux d’enfants, très fréquents ? Marie-Antoinette avait été mariée à 14 ans..
On peut néanmoins avancer que ces jeunes filles ont été sacrifiées aux ambitions familiales.
Et maintenant de nos jours , quel est le sort des enfants ?
Si aucun enfant ne peut plus travailler avant 16 ans, avec des conditions particulières fixées par les Conventions collectives ; si personne, garçon ou fille, ne peut plus depuis 2006, se marier avant 18 ans, âge de la majorité civile, les enfants et adolescents subissent d’autres mauvais traitements dont les conséquences sont alarmantes, et dont on commence à prendre conscience depuis quelques années sous la pression de groupes de défense et de protection de l’Enfance.
Après la guerre de 39/45 en France les « ordonnances » de 45 ont institué un système de protection de l’Enfance et une justice des mineurs et pour les mineurs, avec la création des Juges des Enfants. Les enfants n’étaient plus livrés sans secours au bon-ou mauvais-vouloir de leurs parents.
Cependant, si ce système a bien fonctionné jusqu’à la fin des années 60, il semble avoir peu à peu déraillé, jusqu’à devenir de nos jours l’objet de virulentes et légitimes critiques : étanchéité des juridictions(le J.E ne sait pas ce que fait le Juge Aux Affaires Familiales, ni éventuellement quelles peuvent être les condamnations pénales d’un des parents), et surtout un paradoxe qui tarde à être résolu : des enfants sont laissés chez des parents gravement maltraitants au motif d’une préservation du lien sacralisée ; tandis que d’autres sont dénoncés comme étant abusivement placés en famille d’accueil ou en institution. Des institutions en manque critique de personnel suffisant et qualifié : salaires et conditions de travail dans la protection de l’Enfance demeurent rebutants. Est ce à dire qu’en fait, on n’accorde pas vraiment d’importance à la vie des enfants en difficulté, puisqu’on ne se donne plus les moyens de les protéger ?
Par ailleurs, la Fondation Abbé Pierre a récemment communiqué qu’un millier d’enfants en France dormaient encore à la rue, issus principalement de familles monoparentales ou migrantes.
Le 115, numéro d’appel pour un hébergement d’urgence, est saturé depuis 2001.
Et les foyers pour mères et enfants restent trop peu nombreux, si bien que de jeunes accouchées sont parfois gardées au delà du temps ordinaire dans les hôpitaux pour leur éviter la rue avec un nouveau –né…
Mais les sujets contemporains explosifs des lacunes de la protection de l’Enfance sont les jeunes victimes d’inceste, et la prostitution des mineurs.
On estime que 160 000 mineurs ont été victimes d’inceste cette dernière année.
Seul un millier de ces incestes ont été reconnus et sanctionnés !
La société fermerait t-elle les yeux, comme elle les a fermés entre 1950 et 2000 sur les 300 000 enfants abusés par des ecclésiastiques dans l’Eglise catholique ?
Les avis divergent sur les raisons de cet aveuglement :les incesteurs étant en apparence de « bons pères de famille », il serait trop dérangeant de reconnaître que n’importe quel homme de notre entourage peut être un agresseur potentiel ?
Le procès d’Outreau et son fiasco a-t-il décrédibilisé la parole des enfants ?
Ce serait un autre débat.
Cependant, une pratique récente est difficile à endiguer malgré des alertes répétées :le placement quasi systématique d’enfants chez un père soupçonné d’agressions sexuelles, voire de viol incestueux, dés l’instant que la plainte a lieu après la séparation des parents, et est initiée par la mère ou sa famille directe.
Les fausses allégations ne représentant qu’à peine 3% des plaintes , on voit mal pourquoi la parole des enfants est si peu écoutée ? L’argument repose sur une théorie fumeuse, jamais scientifiquement validée, d’un unique auteur américain Richard Gardner, par ailleurs ardent défenseur des relations sexuelles entre adultes et enfants, qu’il voyait comme « saines » : le fameux « Syndrôme d’Aliénation Parentale » : la mère inventerait ces accusations pour « se venger » du père, et manipulerait l’enfant pour qu’il les profère…*
Il est absolument stupéfiant que depuis plus de deux décennies, cette unique théorie controversée par tous les psychiatres sérieux ait été appelée pour justifier des jugements remettant des enfants parfois très jeunes(2 à 3 ans) aux mains de leur bourreau ; et que non seulement nul n’ait jugé bon de se pencher sur les autres écrits de l’auteur (peu nombreux mais significatifs d’une approbation de la pédophilie) mais encore que ce mythe de la manipulation maternelle ait été enseigné à l’Ecole de la Magistrature…Arqueboutés sur cette théorie, des magistrats ont ainsi ignoré des rapports médicaux, sociaux, faisant état de graves suspicions d’inceste. Des milliers d’enfants ont été traumatisés, et le sont encore.
Des protestations se sont élevées depuis une bonne décennie sur la faible réponse pénale à l’inceste, et ce qui était vécu comme une indulgence devenue inadmissible.
Des instances d‘évaluation ont été crées.
Le juge Durand, président de la récente Commission Indépendante sur L’Inceste et les Violences Faites aux Enfants* inclut dans ses recommandations de proscrire immédiatement toute référence la théorie du SAP, dont il a démontré la nocivité.
D’autres pays européens, comme L’Espagne, l’ont interdite légalement.
« Il faut se mettre à hauteur d’enfant » dit il, réaffirmant l’impérieuse nécessité d’écoute bienveillante de l’enfant, et de principe de précaution dans un but d’évidente protection.
Certainement. Mais la preuve est faite que jusqu’à présent, c’était l’interêt des adultes, l’interêt d’une société désireuse de ne pas se regarder en face, qui prévalait.
La prostitution des mineurs est un autre fléau
Il n’existe pas de chiffre précis, mais on estime qu’entre 7000 et 10 000 mineurs étaient en situation de prostitution en France(métropolitaine et Outre-mer) en 2021.
Le phénomène est complexe : à la prostitution « de rue » classiquement connue, s’est substituée la prostitution « hébergée » par le biais des réseaux internet.
Cette prostitution est le fait aussi bien de réseaux de traite d’êtres humains, que de petits proxénètes très jeunes animant ce qu’on appelle le « proxénétisme de cité » : dans les cités des périphéries urbaines, de jeunes délinquants coutumiers des trafics de stupéfiants estiment moins risqué et plus avantageux et rapide de prostituer des jeunes filles de leur quartier, en les appâtant par divers procédés qui vont de la séduction suivie de chantages, à la promesse trompeuse d’argent facile.
Ce phénomène, purement français, est en hausse exponentielle de +87% en 5 ans.
Le mot « prostitution » n’est jamais prononcé, et les victimes ont beaucoup de mal à se reconnaitre comme telles :elles se disent « escort « ou croient à un « travail ». Les media qui ont embrayé avec jubilation sur l’expression « travail du sexe » impulsée par les proxénètes ne se rendent souvent pas compte de leur lourde responsabilité dans la banalisation de la prostitution, en particulier celle des mineures.
Si la prostitution des mineures touche tous les milieux, il n’en reste pas moins que les victimes(à 73% des jeunes filles) se rejoignent par les caractéristiques suivantes :
-carences éducatives, négligences parentales
-décrochage scolaire
- ruptures familiales
-violences physiques, psychologiques ou sexuelles subies pendant l’enfance : 7 jeunes femmes sur 10 suivies par des associations avaient déclaré avoir subi des violences incestueuses par un père ou un beau-père
-faible estime de soi(qui découle de ces antécédents)
La très faible répression des violences incestueuses dans notre pays(la plus part des jeunes prostitué-e-s affirmaient que ces violences n’avaient jamais été dénoncées, ou si elles l’avaient été – pour 17% seulement-la réponse pénale avait été dérisoire) peut être considérée comme une des causes de la prostitution des mineures.
La Fondation Scelles et le Mouvement du Nid, qui ont été principalement nos sources d’information, estiment qu’il existe un manque flagrant de moyens mis à disposition des policiers et gendarmes pour lutter contre le proxénétisme, et évaluer l’impact de la loi du 13/4/2016 pénalisant l’achat de sexe tarifé.
En effet, la « cyber prostitution » moderne est quasi invisible, et se passe par messageries cryptées, dans des lieux de location changeants (chaines d’hôtel sans personnel d’accueil, RbnB)
Les investigations pour la traquer demanderaient du temps, et du personnel spécialisé.
Elles seraient pourtant impérativement nécessaires.
Par ailleurs les autres professionnels concernés : travailleurs sociaux, soignants, enseignants, organismes de protection de l’Enfance, sont peu formés au repérage de la prostitution possible chez un mineur et aux facteurs de danger. Leurs services, depuis la décentralisation, ne sont pas assez coordonnés, et aucune constellation suffisante n’est mise en place pour faire de la prévention et du dépistage, de l’information territoriale et nationale.
L’Aide Sociale à L’Enfance, qui manque cruellement de personnels et les rémunère si mal, a placé en hôtel des centaines d’adolescents mineurs(et jeunes majeurs) faute de capacité d’accueil en foyers et familles de substitution, en ignorant royalement les risques énormes d’approche de ces adolescents par des proxénètes. Il a fallu le suicide de deux jeunes placés en hôtel pour que les Conseils Généraux s’émeuvent…
Quand un(e) mineur(e) crie au secours en comprenant enfin dans quel engrenage prostitutionnel il/elle s’est engagé, les réponses apportées, aussi bien dans l’urgence qu’à moyen terme sont insuffisantes : foyers dédiés en faible nombre, désinterêt des acteurs sociaux pour le sujet hors grandes villes, possibilités de « raccrochage « scolaire et de formations indigents.
Le volet prévention tarde à se mettre en place : la lutte contre la banalisation de la pornographie (qui devrait se faire en milieu scolaire), l’information des parents, et leur accompagnement pour comprendre les contenus internet dangereux pour leurs enfants, n’existent pratiquement pas, ou sont faits par des bénévoles.
Les fameux « échanges de nudes » tant prisés par des adolescents de plus en plus jeunes, donnent lieu soit à des chantages entre pairs, soit à des accroches de proxénètes qui induisent des comportements pré-prostitutionnels de cette manière. Cette coutume n’est pas innocente et de nombreux parents l’ignorent.
Les médecins ne sont pas formés à repérer une dégradation de l’état physique et psychique de jeunes filles due à la prostitution. Ils savent mieux repérer les addictions, mais celles-ci accompagnent souvent une situation de prostitution, qu’elles permettent de « supporter ».
Enfin, les Mineurs Non Accompagnés étrangers subissent des situations qui les livrent pieds et poings liés aux trafics en tous genres : souvent considérés majeurs par des tests osseux archaïques, ou renvoyés dans le pays où ils ont accosté à l’origine en raison des accords de Dublin, ils deviennent la proie des passeurs, qui, liés avec des proxénètes, montrent aux jeunes filles que le seul moyen de payer leur passage est la prostitution.
En conclusion, nous devons constater que les enfants , s’ils sont prémunis contre les maladies infectieuses, le travail forcé et les mariages contraints, ne sont toujours pas protégés de l’appropriation de leur corps par les adultes, et que l’empathie à leur égard ne semble pas avoir beaucoup évolué.
Nous avons évoqué dans d’autres articles ce terrible manque d’identification aux enfants qui les fait traiter comme des objets devant satisfaire des fantasmes ou combler des frustrations d’adultes.
Le chantier demeure vaste, car l’hypocrisie est toujours la même : faire accroire que l’interêt de l’enfant converge avec l’interêt de l’adulte.
Ce qui est loin d’être le cas.
Michelle C. DROUAULT
Notes : 1* cette donnée semble avoir une constante biologique à travers les époques, et perdure-à moindre titre- même de nos jours ,
2* Commission indépendante crée à la suite des nombreux témoignages sur l’impunité des crimes d’inceste en France,
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Des événements collatéraux à la guerre en Ukraine ont dévoilé l’amère réalité des difficultés économiques dans lesquelles se débattait le pays avant l’agression russe, et l’exploitation de cette situation par des ressortissants de pays occidentaux riches.
Plusieurs couples-dont un couple d’hommes-sont venus se lamenter sur des chaines de télévision, et auprès de journalistes, sur leur sort de « parents commanditaires » de bébés à naître ou nés par GPA. Ils demandaient anxieusement à être rapatriés avec « leur « bébé, ou s’il n’était pas encore né, redoutaient la non exécution de leur « contrat ».
Pas un mot n’était prononcé sur le devenir de la mère porteuse ukrainienne, accouchée ou sur le point de le faire au milieu des bombardements. Revenait en boucle l’argument financier :
« nous avons quand même déboursé 40 000$ pour ce bébé ! » s’exclamait une « mère d’intention »…
Un couple d’hommes, « pères » de deux bébés de 20 jours, se plaignait d’être bloqué avec eux en Ukraine, étant venu en voiture, et de ne pas trouver de lait infantile( !) Au journaliste qui avançait timidement qu’ils pourraient peut être rendre les enfants à leur mère et rentrer avec elle par un autre moyen, ils ont répondu qu’ils y avaient bien pensé (elle pourrait fournir le lait manquant) mais que c’était impossible, car ainsi , rentrés en France, ils « n’auraient plus aucun droits sur les enfants »…. Pas un mot, ou à peine, sur l’horreur vécue par les ukrainiens, entre autres la mère des enfants.
Les hommes entre 18 & 60 ans ayant interdiction de quitter le pays, pouvons nous souhaiter à ces messieurs d’être enrôlés pour défendre l’Ukraine, pendant que les enfants seront nourris par leur mère ? ne seraient ils pas plus utiles à combattre pour empêcher une agression que nous n’aurions plus cru possible dans l’Europe du XXI éme siècle, qu’à se croire et se vouloir les mères qu’ils ne sont pas ? On peut toujours rêver…
Ce qui m’a frappé dans les propos de tous ces couples, c’est leur candeur inconsciente, la certitude d’être dans leur bon droit et de pouvoir être considérés comme victimes ; l’incapacité à hiérarchiser les drames humains.
La complaisance incompréhensible de journalistes qui leur donnent la parole, parfois photo tire-larme à l’appui, ternit notre honneur à tous.
Heureusement, l’indignation générale des lecteurs de ces quotidiens m’a rendu un peu d’optimisme. Un hebdomadaire-grâce lui soit rendu- a classé le reportage dans la rubrique « Indécence »…
Pourtant, nous pouvons remercier ces personnes de jeter une lumière crue et réaliste sur ce qu’est réellement la « gestation pour autrui » : une transaction, un contrat léonin de couples fortunés qui ont les moyens d’acheter leurs fantasmes avec des femmes dans le besoin, et dont l’objet est un « produit » livré : un ou des bébés.
Avec la prostitution, c’est la pire exploitation des femmes qui ait jamais été faite, car il s’agit de la confiscation aux femmes de leur capacité de construction du vivant…
Il n’y a pas de « GPA éthique », ni « altruiste ». La totale absence d’empathie manifestée, au milieu d’une guerre d’une violence inouïe qui provoque l’afflux de millions de réfugiés, le recentrage immédiat sur des désirs personnels, est un révélateur puissant.
Voici quelques jours , j’ai été alertée sur d’autres phénomènes : les responsables d’ »usines à bébés » s’arrangeraient pour exfiltrer mères porteuses et enfants, afin de satisfaire les parents « commanditaires », et surtout de percevoir leurs commissions. En effet, sur les 40 ou 50 mille dollars versés pour l’obtention d’un bébé, plus de la moitié est versée aux intermédiaires.. Où vont les mères ensuite ? Nous ne le savons pas.
Enfin, il semble, d’après certaines sources, que d’autres « professionnels » oeuvrent aux frontières : les proxénètes. Qui récupèrent leurs protégées qui tenteraient de fuir sans bruit ; ou qui « font leur marché » de femmes jeunes et séduisantes qui pourraient leur rapporter.
C’est le cas de proxénètes allemands, repérés à la frontière polonaise, qui proposent aux femmes jeunes et seules qu’ils détectent de les héberger et les guider.
La corrélation entre les deux procédés-prostitution et GPA- s’impose : une traite d’êtres humains gérée par des groupes puissants.
Des bébés naissent dans les abri anti-aériens, et certains deviennent orphelins dans les jours voire les heures qui suivent leur naissance, à la suite des bombardements incessants.
Qui les prend en charge ? Nous ne le savons pas non plus. Les occidentaux en mal d’enfant ne se précipitent pas pour le faire…
Enfin, des français d’origine ukrainienne en lien avec leur famille restée au pays, font état de l’interdiction faite aux femmes de sortir non accompagnées à certaines heures : des cas de viols par des soldats russes auraient été recensés.
Refusant de subir, des femmes ukrainiennes sont devenues combattantes. Saluons leur courage ! « le Monde » de ce jour indiquait que l’armée ukrainienne comportait 23% de femmes.
Mais la majorité d’entre elles se trouve prise dans les tragédies des femmes et des enfants dans les guerres et les conflits, et cherchent désespérément un lieu sûr, où elles ne seront plus des proies potentielles.
Comme nos grand mères, nos mères, voici à peine 80 ans.
Et ne nous y trompons pas, ces femmes et ces enfants sont les mêmes que celles/ceux qui fuient la Syrie, la Lybie, en mer sur des rafiots, à la merci d’autres profiteurs, les « passeurs » ; qui tentent de passer les frontières hostiles dans les montagnes, au risque de mourir de froid. Qui sont pourtant implacablement refoulé(s)s par les autorités européennes.
L’Ukraine va -t-il sensibiliser l’Europe à l’accueil des réfugiés dans leur ensemble ?
Il faut l’espérer.
En ce 8 mars , espérons la libération de toutes les femmes des violences et des conflits.
Michelle. C. DROUAULT
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Un jugement récent de la Cour d’Appel de Montpellier, relaté dans la presse, m’a d’abord intriguée, puis remplie de perplexité, ensuite franchement alarmée.
Un homme vivant en couple ave une femme, et père de deux enfants, a décidé de devenir une femme, et de subir une « transition » médicale.
En février 2011 »Hervé » est ainsi devenu « Claire ».(les prénoms ont été modifiés)
Mais avant son opération et son changement d’état-civil, cet homme avait conçu un troisième enfant : « Marie », cependant née après la transition.
Marie était jusqu’à présent inscrite à l’état-civil comme ayant une mère +un « parent biologique », c’est à dire son père devenu « Claire ».
En effet , avant la loi de 2016, le changement de sexe à l’état civil d’une personne ne pouvait intervenir qu’après une modification physiologique définitive.
La filiation d’un homme devenu femme à l’égard d’un enfant ne pouvait se poser et se questionner, car il ne pouvait avoir conçu cet enfant qu’avec ses gamètes mâles : au moment de la conception, cette personne était bien évidemment un homme, donc le père.
L’appellation de « parent biologique » a donc paru la plus adaptée à un officier d’état civil surement en présence d’une situation inédite..
A partir de 2016, l’irréversibilité de la transition physiologique n’est plus exigée pour la transcription du changement d’identité(ce qui a causé par la suite des situations injustes ou périlleuses, comme dans tous les pays où cette option a été choisie*).
Insatisfaits de la situation d’état-civil de la famille, les parents de « Marie » et de ses sœurs se sont appuyés sur cette modification de la loi pour demander que l’époux devenu femme ait pour l’enfant la qualité de « seconde mère »(puisqu’à sa naissance il était « Claire »).
Ce que leur a refusé tout d’abord nettement le TGI de Toulouse.
Ils ont alors fait appel.
La loi de 2021 sur la PMA leur a donné raison.
Cette loi permet que , dans un couple de femmes, l’épouse ou la compagne de la mère, désignée comme « mère non gestatrice », puisse reconnaître l’enfant de manière anticipée également comme le sien, lui donnant ainsi une double filiation maternelle.
Et non, comme auparavant, une filiation maternelle + une filiation adoptive.
J’en ai déduit que, sans nous avertir ni consulter les citoyen(ne)s, on avait aboli un des principes fondamentaux du droit français, qui est que nous n’avons qu’une seule mère, celle qui accouche. Si celle-ci nous confie pour adoption, la filiation maternelle adoptive est alors substituée à la filiation biologique.
Et effectivement, la Cour d’Appel de Montpellier, donnant satisfaction aux parents, a énoncé que « la maternité gestatrice n’étant plus exclusive »(il m’a paru assez terrifiant de se voir ainsi dénommer « femme/mère gestante »)il ne résulterait aucun trouble à l’ordre public que l’enfant(Marie) ait une double filiation maternelle ». Enfant dont « l’interêt supérieur « est mis en avant.
Or, il ne s’agit pas ici de trouble à l’ordre public.
Mais de la sécurité et des repères de trois enfants.
Quelqu’un s’est il mis à leur place ?
Comment ont elles vécu cette transition ? Deux d’entre elles ont un père et une mère, la troisième a deux mères, qui se trouve être la même personne.
Comment son histoire lui a-t-elle été présentée ?
La question fondamentale consciente et inconsciente, d’un enfant, est toujours de savoir comment il/elle a été conçu(e).
Quelles réponses cohérentes vont pouvoir être apportées à cette enfant pour se construire ?
Comment réagira-t-elle lorsqu’elle même sera en période de puberté, et en passe de devenir une femme ?
Ces interrogations nous font appeler de tous nos vœux un avocat dédié pour chaque enfant, dés qu’une décision de justice le concerne, représentant vraiment ses interêts.
Les juges aux Affaires familiales n’ont pas la formation suffisante pour trancher de tels débats, malgré toute leur bonne volonté. La notion juridique de « trouble à l’ordre public », totalement incongrue ici, nous le montre bien.
Les motivations des dispositions législatives récentes servent t- elles vraiment l’interêt ds enfants ?
Ou ne sont elles que la traduction dans les lois de désirs d’adultes ?
L’abolition détournée du principe de droit « la mère est celle qui accouche », hors procédure d’adoption, est en tout cas la porte grande ouverte à la GPA(gestation pour autrui )
C’est d’ailleurs de ce procédé qu’a été emprunté ce vocabulaire de « gestation », véritable déni du processus de maternité, qui réduit la femme à son statut de mammifère.
Si on reconnaît les mères « d’intention », il devient alors licite d’arracher son bébé à celle qui l’a porté et en accouche pour le remettre à celle qui a »l’intention d’être mère ».
Ce n’est pas ici la PMA pour les femmes lesbiennes en couple qui est en cause, mais la législation créée autour de cette situation, qui a voulu , sous des motifs louables de non- discrimination, copier le processus de la PMA dans les couples hétérosexuels, sans d’ailleurs s’interroger sur le bien fondé de la supercherie de filiation proposée aux familles.
Or , on ne peut comparer ce qui n’est pas comparable : un homme n’est pas une femme.
(Mais je sais bien que certains et certaines ont été gravement menacés pour avoir osé énoncer cette vérité biologique et psychique…)
Si on peut faire croire à un enfant que son père est le mari de sa mère en cachant l’identité de son géniteur, lorsque la mère a une épousE, le cas de figure est totalement différent : 2 femmes ne peuvent faire un enfant. C’est une bonne chose qu’il le sache ! mais elles peuvent en élever un avec bonheur…
Jusqu’à la loi de 2021, l’enfant se trouvait dans la même situation que les enfants qui vivent avec leur mère et un beau-père-qui si le père est décédé ou défaillant, a pu l’adopter-
Les enfants de couples de lesbiennes avaient une mère et une belle-mère-qui pouvait devenir mère adoptive- Configuration familiale claire.
Le juge Rozensweig, juge des Enfants , a beaucoup insisté et lutté sur l’importance du statut du beau-parent, pour lui essentiel. Ce beau-parent devrait selon lui bénéficier d’une autorité parentale restreinte pour les actes de la vie quotidienne, ce qui simplifierait beaucoup la vie des familles. Rappelons qu’actuellement un beau-parent non adoptant ne peut ni aller chercher un enfant à l’école sans autorisations spéciale, ni le faire soigner, ni signer des documents le concernant pour des activité scolaires ou périscolaires…Ce qui n’était pas le cas autrefois ! Il est paradoxal qu’alors qu’on favorise une maternité « d’intention » les pouvoirs publics aient opéré un retour forcené au biologique pour l’autorité sur les mineurs.
M. Rozensweig n’a pas été entendu.
Les belle-mères non adoptantes se trouvaient dans la même situation.
Néanmoins, l’adoption de l’enfant de leur épouse/compagne était très facile : le géniteur donneur de gamètes n’avait pas à donner son accord, comme les pères biologiques des enfants d’hétérosexuels.
Comment se fait il alors que les femmes aient voulu exiger ce double statut maternel ? que l’adoption ne leur ait pas suffi ? Je ne peux répondre à leur place.
Cette double filiation maternelle fait elle sens pour l’enfant ? oui on peut avoir deux « mamans », deux personnages maternels, mais pas deux mères.
L’important pour un enfant est qu’il y ait un tiers avec sa mère, quel qu’il ou elle soit, pour qu’il ne se croit pas tout puissant avec sa mère pour lui tout seul. Comment cela fonctionne t-t- il pour lui s’il n’y a pas « maman, l’autre et moi » ? C’est un autre débat.
Mais c’est cette possibilité de double filiation maternelle qui a permis que « Marie » et ses sœurs se trouvent dans cet imbroglio juridique et sociétal.
La société actuelle semble considérer le désir ou l’intention comme fait probant.
Dans certains pays (Canada, Australie, Nouvelle Zélande) il suffit de se déclarer homme ou femme pour pouvoir changer d’identité. Il suffit aussi de se déclarer « parents d’intention » même si on est un couple d’hommes, pour être légalement les parents de l’enfant d’une mère porteuse.
Jusqu’où iront ces « déclarations d’intention » ?
S’il est exact que la justice considère qu’existe l’homicide « sans intention de donner la mort », cette absence d’intention ne vaut pas acquittement en général…
J’avoue avoir été submergée par les questions qui me sont venues sur le devenir de ces trois enfants , et de ceux qui suivront si la décision de la Cour de Montpellier fait jurisprudence :
un hebdomadaire a récemment évoqué la « transparentalité » comme quelque chose d’absolument génial et la pointe du progrès ! Une femme devenue homme à l’état civil mais ayant gardé son utérus, avait eu un enfant dont elle voulait être le père, réclamant, elle, une double filiation paternelle avec son mari(l’enfant aurait alors « deux papas »…mais pas de mère).
Quelle est la place des enfants dans ces fantasmes d’adultes ?
En tant qu’ex-enfant victime de supercheries identitaires pour satisfaire à l’ordre patriarcal de l’époque, je m’alarme.
Car si jadis la réprobation sociale pesant essentiellement sur les femmes pouvait être une excuse à ne pas leur laisser voix au châpitre, les mentalités semblent avoir évolué.
Elles semblent seulement….
Enfants abusés, incestés, instrumentalisés dans les séparations, créés pour satisfaire des désirs narcissiques, exhibés comme possessions, les connaissances sur leur développement et leurs besoins paraissent rapidement balayées au profit des adultes.
Qui ne veulent pas voir que le propre d’un désir est de n’être jamais satisfait…
Michelle. C. DROUAULT
Nota * le résultat des « transitions déclaratives » a été la présence non désirée d’hommes se déclarant femmes dans les lieux de protection dédiés à celles-çi, les refuges…et aussi les prisons ; ainsi que les victoires sportives trop faciles dans la section « femmes » de personnes ayant gardé évidemment leur biologie masculine (force musculaire, hormones)
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Est paru récemment sur un site chrétien de réflexion, une contribution qui interpelle.
L’article est intitulé «Féminisme et Néo-Féminisme »
Précisons en préambule que le « néo-féminisme » est une invention pure, et ne recouvre aucune réalité tangible. Aucun mouvement ne s’est jamais désigné ainsi, c’est un terme péjoratif fréquemment employé par des détracteurs du féminisme.
Ignorance ou maladresse ? Ecrit par une femme qui se dit engagée, l’article cumule tous les poncifs diffusés par ceux et celles qui tentent de décrédibiliser les luttes des féministes contemporaines.
On y retrouve la rhétorique « anti-victimaire »chère aux masculinistes : faire semblant de croire que les mouvements et associations de lutte contre les violences faites aux femmes, en particulier conjugales, ont assigné aux femmes un statut « essentiel » d’éternelles victimes, tandis que les hommes seraient perçus en agresseurs/prédateurs quasi biologiques…
Aucun groupe féministe, aucune autrice ou théoricienne féministe n’a jamais prétendu cela.
Les rhétoriciens anti victimaires seraient bien en peine de citer leurs sources, elles n’existent que dans leur imagination.
Il est évident que les femmes sont victimes à un moment donné de leur histoire, et que le sujet c’est qu’on ne les entend pas et qu’on ne les croit pas.
Quant aux hommes, si 96% des agresseurs dans les violences conjugales sont des hommes, il va de soi que cela ne signifie pas que 96% des hommes soient des agresseurs ! Plusieurs psychologues et sociologues hommes, en France comme à l’étranger, sont d’ailleurs les alliés des féministes pour mener des recherches sur les violences de genre.*
Les mouvements féministes s’appuient d’abord sur des chiffres.
Le groupe « Féminicides par compagnons et ex » recense mois après mois depuis plusieurs années les féminicides dans le cadre conjugal en France (113 en 2021) leurs circonstances, l’identité et la situation familiale des victimes.
Il en ressort qu’il n’existe aucun profil type de victime, ni classe sociale, ni âge(la dernière avait 87 ans !)ni profession. Mais il est clair qu’une majorité d’hommes pensent encore que les femmes leur appartiennent, et qu’ils ont sur elles droit de vie et de mort, ainsi que sur les enfants, souvent.
D’autres mouvements enquêtent sur l’accueil des femmes qui veulent porter plainte dans un commissariat ou une gendarmerie.
68% sont mécontentes, et estiment avoir été mal reçues et peu écoutées.
26% déplorent une empathie des fonctionnaires, non envers elles, mais envers le mis en cause !! Rappelons qu’est auditionné en ce moment le policier qui n’avait ni traité ni transmis la plainte de Chahinez Daoud, tuée et immolée par le feu par son ex-mari en pleine rue à Mérignac : le policier était lui même sous le coup d’une inculpation pour violences conjugales…
Rappelons aussi que 60% des femmes tuées avaient déjà franchi la porte d’un commissariat.
D’autres mouvements enfin, observent et suivent le traitement socio-judiciaire des plaintes pour violences conjugales : classements sans suite, rappels à la loi, condamnations avec ou sans sursis. Les condamnations sont longues à être prononcées, l’agresseur reste en général libre, et peut continue d’exercer des pressions ou violences. Et les peines ne sont guère proportionnelles aux dommages subis. Par ailleurs dans plusieurs cas(celui de Ch.Daoud, par exemple) le mari violent sortait de prison pour violences conjugales antérieures, et sa conjointe n’avait ni été prévenue de sa sortie , ni protégée.
Donc, il ne suffit pas, loin de là, de « franchir la porte et porter plainte ».
L’article, qui semble réfuter la notion d’emprise(concept largement étudié par les sciences humaines) certes insuffisante, paraît ignorer aussi le climat de terreur instauré progressivement par l’agresseur, qui rend les départs si difficiles : il faut en moyenne 4 à 5 tentatives à une femme avant un départ définitif.
Cela commence par une dévalorisation systématique, un contrôle accru des activités et fréquentations ; puis des explosions de colère motivés par une broutille(d’où les titres racoleurs de certaine presse »il l’assomme pour trop de grumeaux dans la soupe ») et enfin des coups et insultes de plus en plus violents.
Les formations en direction des travailleurs sociaux, des policiers et magistrats volontaires (elles devraient être obligatoires) décrivent parfaitement le cycle, la « roue » de la violence :
Période de tension grandissante où la femme tente de modifier son comportement pour apaiser son partenaire, explosion de la violence à l’occasion d’une frustration ; excuses , promesses de changement et réconciliation, qui laissent à la femme l’espoir que la situation peut s’arranger, et est un frein puissant au départ, surtout s’il y a des enfants.
Puis le cycle recommence et la violence augmente, jusqu’à faire courir à la femme un risque vital. Il ne s’agit en aucune manière de « conflits » mais d’un processus répertorié d’escalade de la violence.
Les violences subies par les femmes sont multiformes : psychologiques(isolement, chantages menaces) économiques (entrave à l’activité professionnelle, confiscation de l’argent du ménage, vol de biens personnels) et il faut un courage extraordinaire pour en sortir.
Ce courage, les femmes l’ont. Elles se défendent. Elles résistent. Elles cherchent de l’aide.
Et elles partent, parfois sans rien que leur sac à main, avec leurs enfants.
Partir où ? les foyers d’urgence sont insuffisants, et les parents, premiers refuges des victimes, deviennent souvent la cible de l’agresseur. Dans plusieurs affaires de féminicide, les parents, les frères et sœurs, ont été blessés, parfois tués, avec la conjointe.
Car la période la plus dangereuse pour les femmes est celle de la séparation.
Plus de la moitié des féminicides sont commis lorsque la femme annonce sa volonté de séparation, qu’elle organise son déménagement, ou qu’elle est déjà partie.
Les « violences post séparation » ont été largement évoquées au cours du Grenelle des Violences conjugales en 2020 : le continuum des violences persiste : procédures, intimidations, menaces de mort, instrumentalisation des enfants (tentatives d’enlèvement, demandes de garde exclusive) pressions sur l’entourage.
C’est insupportable. Céline Piquet, réfugiée dans sa famille, avait déposé 22 plaintes classées sans suite avant d’être tuée par son ex mari. Son père de 80 ans avait été en garde à vue pour avoir trop insisté pour déposer plainte sur les menaces de son gendre…Les violences conjugales sont une arme de destruction massive des familles ; depuis les enfants –témoins, qui, comme l’a précisé le juge Durand* vivent l’équivalent d’une zone de guerre, jusqu’à tous les proches et les soutiens de la victime.
C’est la surdité des pouvoirs publics à l’ampleur du désastre que les féministes dénoncent sans relâche.
La réalité montrée inlassablement par les mouvements féministes, accusés par leurs détracteurs d’ »essentialiser» un statut de victime, est un véritable cauchemar, dont nous aimerions bien que notre société sorte.
Et oui, la force et le courage de ces femmes, et de celles et ceux qui leur viennent en aide, doivent être honorés.
On rend hommage aux victimes du terrorisme, des catastrophes naturelles, on le doit aussi aux victimes du terrorisme patriarcal, n’en déplaise à l’autrice de cet article.
Une fois de plus, des prises de position maladroites et mal documentées démontrent que de nombreux catholiques se croient compétents à parler de sujets de société qu’ils ne maîtrisent pas, et sur lesquels ils ne cherchent pas toujours à se renseigner valablement, estimant peut être que leur foi peut tenir lieu de savoir ; position dangereuse s’il en est….
Michelle C. DROUAULT
* Notes : Pierre Prigent, Patric Jean, Martin Dufresne, pour ne citer qu’eux…
* le juge Durand, juge des Enfants, est le président de la commission CIIVISE d’enquête sur l’inceste
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C’était voici quelques jours 25 Novembre la journée contre les violences infligées aux femmes. La plus part des media évoquent les violences « faites » aux femmes, et cette terminologie me gène : on dirait en effet que les violences se sont faites toutes seules, tombées d’on ne sait où. Or ces délits et crimes ont des auteurs !
En 2020, 139 000 femmes en France ont été victimes de violence conjugale.
Depuis janvier 2021, 105 d’entre elles ont été tuées par leur conjoint, ex conjoint ou partenaire(la dernière hier 29 novembre). Les agresseurs sont à 98% des hommes.
Parmi les mesures préconisées pour éradiquer ce fléau, peu sont des programmes de prévention.
Ces hommes violents ont été des petits garçons, puis des adolescents, et enfin des hommes.
Le respect des autres-et en particulier de plus faible que soi physiquement-est une notion qu’ils n’ont pas intégrée, non plus que celle du respect du à la mère de leurs enfants.
Pourquoi ? Certains n’ont pas été respectés eux mêmes, témoins ou victimes de violence familiale. Et ils n’ont pas été soustraits assez précocement à la violence, pas suivis psychologiquement, ni aidés. Leur souffrance a été tue, jusqu’à ce qu’elle explose et fasse de nouvelles victimes. Et le cycle continue…
Le jeune garçon qui assiste aux hurlements et aux coups avec lesquels on terrorise sa mère peut la défendre sur le moment : certains enfants héroïques(des 2 sexes) sauvent la vie de leur mère en appelant les secours(ce qui pèse sur leurs épaules est alors inimaginable).
Mais ensuite ? Les dysfonctionnements familiaux incitent un enfant à croire qu’il n’existe pas de limites, que n’importe quoi est possible dans la sphère familiale, et c’est encore plus vrai de l’inceste. Si ce vécu n’est pas repris, l’enfant devenu adulte ne comprendra pas les limites nécessaires à la vie en harmonie avec les autres. Il reproduira ou subira facilement la violence.
Les propos insultants ou dévalorisants de l’agresseur ont pu s’imprimer en lui.
C’est également vrai des enfants ayant supporté une enfance sous la domination d’un pervers narcissique, qui peut exercer une violence psychologique sans jamais élever la voix.
A l’école, dés le plus jeune âge, l’égalité et le respect entre les sexes doivent être enseignés.
Il est plus que regrettable que les ABC de l’Egalité aient été abandonnés sous la pression contestable d’associations .
Rentré chez lui, quoiqu’il se passe, le jeune garçon aura appris que les comportements violents et infériorisants sont anormaux et punissables. La jeune fille l’aura appris aussi.
Tous deux seront consolidés dans l’idée que leur mère n’a pas à subir ces agissements, que leur père les agresse en les exerçant devant eux, et qu’ils sont fondés à chercher de l’aide.
Par ailleurs , l’accès des enfants aux contenus pornographiques, qui sont de véritables écoles de domination et de déshumanisation, devrait être rendu impossible. Car sinon, l’efficacité d’un tel enseignement est rendue nulle.
Il ne semble pas y avoir de véritable courage politique pour s’atteler à cette tâche…
Le gouvernement a centré son action sur les mesures judiciaires de protection (encore trop rares) et les « téléphone grave danger ». Or l’une des dernières victimes avait bénéficié de tout ce dispositif. Mais aucune sanction tangible n’est prévue pour la transgression de l’interdiction d’approcher ; aucune surveillance régulière n’est effectuée pour éviter les récidives : le meurtrier présumé de cette dame sortait de prison pour violences graves..
9000 places d’hébergement d’urgence ont également été prévues. C’est bien , mais insuffisant. Et il n’existe pas de réelle réflexion sur les risques psycho-sociaux de la fuite du domicile, et la priorité de l’attribution du logement à la victime dés qu’il y a des enfants.
Pourquoi serait ce à la victime de fuir ? d’abandonner un logement qui parfois lui appartient, ou dont elle est co-locataire en titre ? qui est prés de son travail ? voisin de l’école des enfants ? du domicile des grands parents ou de la nourrice ? de laisser toutes ses affaires personnelles, ses souvenirs, pour ne conserver que le fameux « sac de départ » censé contenir toute sa vie ?
Les enfants perturbés et déscolarisés souvent après une fuite, peinent à retrouver une stabilité, et se retrouvent aisément en échec scolaire. Une fuite se paye, très cher. Pour les victimes..
Il est évident que, sous le coup de menaces de mort, physiques ou verbales, la fuite est la seule option raisonnable. Cependant 65% des femmes tuées avaient déjà franchi la porte d’un commissariat ou d’une gendarmerie. Comment se fait il que les fauteurs de trouble soient rarement inquiétés ? Les mêmes comportements vis à vis de collègues de travail, ou d’inconnus dans des lieux publics seraient sanctionnés immédiatement . Alors ? La France pense- t-elle encore que « charbonnier est maître chez soi » ?
Force est de constater que non, le fonctionnement actuel n’est pas celui de la prévention.
Ajoutons que les structures d’accueil et d’aide sont très mal réparties sur le territoire :
50% des féminicides ont lieu en zone rurale, où il n’y a pratiquement pas de foyers ou associations d’aide accessibles.
On le voit, c’est la société toute entière qui doit remettre en question l’éducation, la prévention, les stéréotypes et préjugés qui nuisent à un examen réaliste et attentif des conditions de vie des femmes.
Si elle ne le fait pas de son plein gré, la colère qui s’est levée avec #MeToo(et se poursuit avec « #MeToo politique ») la colère des femmes, jeunes et vieilles, noires et blanches, de tous horizons, risque bien d’être immense…
Michelle.C. DROUAULT
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Le rapport de la Commission SAUVÉ, la CIASE( Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise) a mis en lumière des faits accablants, continus, et restés majoritairement impunis : des milliers de prêtres en France ont agressé sexuellement, voire violé, et placé en état de profonde détresse spirituelle, 330 000 enfants entre 1950 et les années 2000. Le chiffre donne le vertige.
Il ne comprend pas les religieuses ou novices ayant également subi ce type d’agressions.
Sans l’action courageuse de l’association « La Parole Libérée » fondée à Lyon par d’anciennes victimes, et la pugnacité d’organes de presse comme « Témoignage Chrétien », cette impunité scandaleuse aurait pu durer encore longtemps.
« Grâce à Dieu, les faits sont prescrits ! » s’est exclamé un prélat….
L’Eglise catholique n’est pas différente de la société civile : s’étant arrogé le pouvoir (ce que le Christ s’est évertué à leur dire de ne pas faire !) des hommes se sont pensés en droit d’user d’enfants et de jeunes femmes comme bon leur semblait.
Mais-et c’est là aussi où le bât blesse-le problème est que l’Eglise institutionnelle se mêle depuis longtemps de morale sexuelle pour le commun des fidèles, sans jamais se regarder elle-même. Une morale souvent excluante (homosexuel(le)s, divorcés-remariés) irréaliste, voire inhumaine. Elle a lancé de terribles oukases. Oui, nous avons entendu des homélies homophobes, et des propos glaçants sur l’interdiction stricte d’avorter même pour des fillettes enceintes de viols incestueux.
Oui, nous avons vu encourager d’oiseuses « thérapies de conversion », dans une ignorance abyssale de ce qu’est le psychisme humain.
Savoir que dans le même temps, certains diocèses détournaient le regard de crimes sur des enfants à jamais blessés met dans un état de folle colère.
Et nous nous sommes aperçus que ceux qui ne voulaient pas être exclus, à aucun prix, même si ils étaient auteurs ou complices involontaires, c’étaient les clercs !
Les réactions consternantes de la Conférence des Evêques de France nous le prouvent.
On aurait pu croire que, consciente de ces incroyables incohérences, la hiérarchie de l’Eglise ferait profil bas. Mais non !
Invité par le Ministère de l’Intérieur à venir s’expliquer sur l’ampleur du phénomène des abus sexuels, le président de la CEF va mettre avec hauteur le secret de la confession au dessus des lois républicaines. !
D’une part , ce n’est pas dans les confessionnaux que les agressions sexuelles sont dénoncées. D’autre part, certaines professions spécifiques (médecins, soignants, travailleurs sociaux, avocats, notaires) sont soumises déontologiquement à un secret professionnel QUI EST AUTOMATIQUEMENT LEVÉ dés qu’il s’agit de mineurs de moins de 15 ans.
Pourquoi donc l’Eglise catholique pourrait elle déroger à la règle ??
Dans une république laïque comme la nôtre, aucun organisme ne saurait faire exception.
(Le Saint Père lui même a rappelé que les prêtres étaient soumis à la justice civile de leur pays. )
Les propos de la CEF ont provoqué un tollé chez les fidèles ulcérés ; et une réponse cinglante du chef de l’Etat : « il n’y a RIEN au dessus des lois de la République »
Sous le coup, peut être, de relever de la fameuse « loi sur les séparatismes » qui a fait couler beaucoup d’encre, et dans un souci d’apaisement, Mgr de Moulins-Beaufort a retiré ses dires.
Du bout des lèvres ?
D’autres évêques ou prêtres eux aussi « convoqués » au ministère, se sont , eux, posés en victimes persécutées, sans aucun égard pour les véritables victimes des abus révélés.
D’aucuns ont eu des mots très durs, à la limite de l’insulte, pour d’anciennes victimes courageuses qui s’exprimaient sur les ondes.
Quant aux prêtres « de base », l’attitude de plusieurs d’entre eux a été pour le moins étonnante : ils ont avec allégresse « dédouané » l’institution de ses responsabilités, en les faisant peser sur les fidèles ! Si l’idée de faire contribuer financièrement ceux-ci aux réparations a vite été abandonnée sous les protestations, on leur a demandé dans quelques paroisses une sorte de « pénitence collective », parfois spectaculaire dans ses manifestations. Le prétexte étant que des familles, ayant connaissance des abus, ne les avaient pas dénoncés…on n’a plus de mots.
L’ensemble de ces réactions dénote une évidence terrifiante : l’absence totale de prise de conscience de la gravité des faits, et de l’entière responsabilité de leurs auteurs, comme dans le civil.
L’Eglise catholique est elle encore crédible ?
Combien de fidèles vont ils se tourner vers l’Eglise Réformée ou orthodoxe ?
Combien d’enfants de couples mixtes vont ils être écartés du catholicisme par un parent musulman ou juif, légitimement effrayé de ce manque de prise de conscience ?
Combien d’athées militants vont ils faire des émules, vociférant sans nuances sur la nocivité des religions ?
Combien de femmes qu’on a voulu déposséder de leurs corps en invoquant fallacieusement des « enfants innocents » vont elles se détourner définitivement ?
Combien d’anciennes victimes, que les faits aient duré quelques mois ou plusieurs années, qu’il s’agisse d’attouchements ou de viols, vont elles éprouver une invincible répulsion à remettre un pied à l’église ?
Au milieu de ces questions qui me taraudent, un grand merci au religieux qui dans sa récente homélie, a dit que si les clercs avaient compris le sens du mot « ministère » c’est à dire « service » et non pas « pouvoir », bien des drames auraient été évités…
Il m’a donné une faible lueur d’espoir.
Michelle. C. DROUAULT
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Le 13 mai 1939, le Saint Louis, paquebot transatlantique allemand, quittait Hambourg pour rejoindre La Havane, avec à son bord 937 passagers, majoritairement des juifs allemands fuyant le III éme Reich.
Arrivés à la Havane, seuls 28 passagers purent débarquer : 4 espagnols, 2 cubains, et 22 personnes ayant des visas pour les USA, sans oublier 1 malade. (on déplora aussi un décès) Tous les autres furent interdits de débarquement par les autorités cubaines. Sur les 908 restant, 743 étaient juifs et risquaient la persécution, la spoliation et la mort s’ils retournaient en Allemagne ou en Autriche.
Cuba était en proie à des problèmes politiques de chômage et de corruption, et la population se montrait très hostile à de nouveaux immigrants.
Le bateau longea les côtes américaines pour repartir, et les 743 ressortissants en danger envoyèrent un câble au président Roosevelt pour le supplier d’accorder des visas :
ils ne reçurent même pas de réponse.Les USA, après la grande Dépression, maintenaient des quotas d’immigration très stricts selon la loi de 1924. Le quota pour 1939 avait déjà était dépassé, et il n’était pas question d’accueillir d’autres immigrants.
Deux sénateurs avaient émis une proposition de loi pour sauver au moins 20 000 enfants juifs des persécutions : le projet fut rejeté.
Finalement, après d’âpres négociations, et grâce à la détermination du capitaine, quatre pays acceptèrent de se répartir les réfugiés du St Louis.
288 partirent en Grande Bretagne, 181 aux Pays Bas, 214 en Belgique, et 224 en France, à titre temporaire.
Par la suite, seuls n’eurent plus de difficultés ceux acceptés par le Royaume Uni.
254 d’entre eux moururent suite aux invasions nazies en Europe…
Si je rappelle ce sombre épisode, c’est parce qu’il m’a paru avoir de grandes similitudes avec l’attente insupportable, huit jours durant, de 550 personnes rescapées en Méditerranée centrale par le bateau humanitaire OCEAN VIKING au cours de 6 opérations en 36 h à peine.
Toutes étaient sur le point de périr sur des rafiots de fortune, dont une femme enceinte et un bébé de 3 mois. 119 enfants ont été recensés. C’était le 31 juillet dernier.
Mais aucun pays européen n’acceptait le débarquement de ces personnes dans un port sûr.
Dans des conditions mettant en danger leur santé physique et mentale : surpopulation, déshydratation, mal de mer, angoisse, traumatismes divers, ces personnes ont essuyé des refus incompréhensibles.
La Sicile a fini par permettre au bateau d’accoster et aux passagers de débarquer au compte-goutte. Le débarquement a duré trois jours.
L’ONG SOS Méditerranée, et d’autres, ont interpellé les gouvernements européens sur cette situation inadmissible , et profondément inhumaine.
De nombreux navires humanitaires sont ainsi retenus en raison de mesures administratives, sans véritable considération pour le vécu des personnes qu’ils ont sauvées et transportent, leur âge ou leur condition. Ces opérations sont un défi constant.
L’avion « MOONBIRD » de l’organisation SEA WATCH a été immobilisé deux mois en 2020 par les autorités italiennes, bien que cette décision ne soit pas légale.
Le but de ses opérations est de repérer les embarcations en détresse dans la zone de recherche (Sicile/ large des côtes libyennes) et de les signaler aux navires et aux autorités.
20 000 personnes en détresse ont ainsi été secourues depuis 2017.Mais les activités du Moonbird ont été considérablement entravées.
On éprouve donc la douloureuse impression que cela ne change pas : certaines catégories de population sont étiquetées « indésirables » pour des raisons économiques et politiques, et toute humanité envers elles disparaît, même lorsqu’il s’agit de personnes vulnérables.
Au premier semestre 2021, on a déploré 792 morts en mer, chiffre sûrement sous estimé, soit 3 fois plus que l’an dernier.
Dans l’indifférence générale, ou pire : la haine de certains dirigeants populistes.
Après de telles épreuves, comment ces réfugiés pourront ils se reconstruire ? y seront ils aidés ? Par des bénévoles, sûrement. Par les états européens, c’est une autre histoire…
Souvenons nous du « St Louis « .
Les USA de 1939 ont été jugés sévèrement par l’Histoire, que dira-t-elle de nous ?
Michelle. C. DROUAULT
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Y a-t-il des morts acceptables ? la question semble incongrue, et même choquante.
Cependant l’actualité et les opinions parfois exprimées dans les média et sur les réseaux sociaux nous obligent à la poser.
Dés la première vague de Covid, les sceptiques sur l’utilité des gestes barrière et des protections ont avancé l’idée que la majorité des victimes étant très âgées, elles seraient mortes de toutes façons dans un délai d’un an ou deux…
Seule une jeunesse inconsciente et égoïste pouvait sans doute les empêcher de mesurer ce que cet « un an ou deux « signifiait pour les intéressés : encore un Noël, un anniversaire à passer prés d’un conjoint chéri, à parler avec ses enfants, même d’un peu loin…
Ces jeunes étaient ils des électrons libres sans famille ? n’avaient ils rien retiré de la présence et de la transmission des « anciens » pour les considérer comme négligeables ?
Mais surtout, quel manque total d’empathie, d’humanité, quel délitement du lien social se dessinait là ! Voir les vieillards en inutiles après avoir travaillé toute leur vie et mis au monde les générations futures.
Ces vies ont été jugées peu dignes de continuer à être vécues.
Le non respect des vieillards a été une des caractéristiques du nazisme dés ses débuts, qui a humilié et frappé des juifs/ves âgés ou opposants politiques, les a déportés même sur des brancards. On m’objectera qu’il n’existe pas de commune mesure entre ces propos inconsidérés et le national-socialisme. A première vue non. Mais l’idéologie sous-jacente est similaire :s’arroger le droit de juger qui doit vivre qui doit mourir.
Actuellement, on a l’impression pénible que la gestion souvent incohérente de la crise sanitaire est davantage ressentie comme mauvaise en raison de l’interdiction des activités de loisirs, que parce qu’elle fait 300 morts par jour, soit l’équivalent d’un crash aérien.
Ou bien sont ce les media qui sur-diffusent ce type d’opinion ?
Les autres morts rendues acceptables pour l’opinion publique sont les migrants morts en mer pour tenter d’échapper à la misère, la guerre civile, le terrorisme et l’esclavagisme.
Le déni de l’Europe dans son ensemble est criminel. Les morts se chiffrent par milliers chaque année dans une Méditerranée devenue un cimetière.
130 migrants ont péri la semaine dernière faute de secours des pays côtiers pourtant alertés.
Malgré sa diligence, le bateau de l’ONG « Open Arms » est arrivé trop tard…
Le pape François a considéré cet épisode comme une honte pour l’Europe.
Y a t-il eu une commémoration publique pour ces anonymes ? Valent ils moins que les victimes d’attentats ?
C’est la valeur de la vie humaine qui est ici sans cesse remise en question, et si cela continue nous pouvons tous devenir en danger, car faisant soudain partie de la catégorie considérée comme « négligeable » ou « indésirable ».
Malgré l’incessant et courageux combat d’organisations féministes, les femmes continuent également de mourir tuées par leur conjoint ou ex-conjoint dans l’indifférence générale, à raison d’1 tous les 2 jours et demi. Les confinements ont augmenté les nombre de victimes par rapport aux années précédentes.
Ces femmes sont de tous âges : la plus jeune avait 19 ans, la plus âgée 85. Et de toutes conditions.
Les justifications sont toujours là : les jeunes sont tuées en raison d’une jalousie soi disant incontrôlable, ou simplement parce qu’elles voulaient rompre une relation.
Les plus âgées, devenues malades ou invalides, deviennent un fardeau.
Des hommes décident encore une fois de leur droit à vivre.
Je ne voudrais pas oublier les morts de la rue, dont l’organisation du même nom fait chaque année le décompte, tués par un déficit chronique de politiques sociales.
Le Covid a été particulièrement meurtrier pour les sans-abri. Il est d’ailleurs stupéfiant qu’une des premières mesures n’ait pas été de mettre ces personnes en sécurité afin d’éviter parmi elles/eux dont la santé est déjà mauvaise, des contaminations massives.
« Ils seraient morts de toutes façons », rediraient certains ? Oui, l’espérance de vie dans la rue est faible : 50 ans environ…
Enfin, j’ai été frappée dernièrement par la rapidité avec laquelle est envisagée par nos contemporains la mort comme solution, avant même de tout faire pour l’éviter.
L’épidémie n’a pas empêché l’euthanasie de revenir dans le débat public, alors que des milliers de personnes mouraient sans avoir rien demandé.
Si la crainte de la souffrance et de la mort est normale et légitime, avant de parler d’euthanasie pour les cas les plus dramatiques et sans issue , nous ne devons pas oublier que les soins palliatifs en France ne sont pas développés, ou très peu, et que la recherche en la matière est la parente pauvre de la médecine.
De nombreux médecins expliquent que les patients ne veulent pas mourir, mais seulement ne plus souffrir. N’est ce pas une urgence que de traiter la douleur ? J’ai eu plusieurs témoignages proches de personnes aux prises avec des douleurs chroniques insuffisamment traitées, épuisées et manquant de sommeil. Ne cesse-t-on pas alors d’avoir envie de vivre ?
La course aux délais de l’IVG m’a tout autant navrée. Ce n’était pas l’objectif de la loi Veil de sans cesse rallonger le nombre de semaines pendant lesquelles une interruption volontaire est possible.
Cette course folle signifie qu’il n’y a là encore aucune prévention.
Education à la responsabilité, la sexualité et la contraception à l’école ? au respect entre les sexes et au consentement ? En principe 2 séances par an à partir du collège(ce qui est déjà dérisoire) mais non appliqué !
Etudes pour connaître les raisons des IVG, et comment faire baisser leur nombre ? on n’en connaît pas de fiable.
La France serait elle un pays où on ne sait pas prévenir ? Où on préfère trancher dans le vif ?
Me poser toutes ces questions me laisse dans une certaine intranquilité.
Ne regardons pas les siècles passés comme barbares : le respect de la vie n’est pas à présent plus fort qu’alors…
Michelle .C.DROUAULT
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