• Baby blues, enfants migrants

    Baby blues, enfants migrants

     

    Ozan Kose, photographe turc de l’AFP[1], a été le témoin du naufrage d’embarcations de migrants entre la Turquie et la Grèce. Il a vu les corps de tous ceux qui n’avaient pu être sauvés, dont de nombreux enfants.

    Impuissant et plein de douleur, il relate dans un article poignant sa découverte du corps d’un bébé. Dans un cliché très pudique, il n’a photographié que son bonnet sur la plage.

    Ce qu’il dit avoir trouvé de mieux à faire au milieu de cette désolation, c’est de veiller le corps de cet enfant avec respect jusqu’à ce qu’un gendarme, très ému lui aussi, ne l’emporte.

    Lui même père de deux enfants de 8 ans et 5 mois, le photographe se demande « QUE FERAIS JE SI CE BÉBÉ ÉTAIT À MOI ? »

    C’est cette question que nous devrions TOUS nous poser, à commencer par les politiques européens, dont certains ferment les yeux sur cette tragédie, quand ils n’appauvrissent pas encore les malheureux réfugiés comme au Danemark. Rappelons que ce pays a décidé de confisquer les biens des migrants/ réfugiés au delà de 1300 euros, ce qui évoque sans surprise les spoliations dont avaient fait l’objet les Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.

    Cet argent est à eux, ce sont peut être les économies de toute une tranche de vie, et il était probablement destiné à faire survivre la famille.

     

     Ils étaient Irakiens, Syriens, Afghans….300 ENFANTS sont décédés depuis Septembre prés de Farmakonisi, Lesbos, Samos, (Grèce) dans le naufrage d’embarcations surchargées par des passeurs peu scrupuleux. Les survivants  racontent qu’ils menacent avec des armes ceux qui ne veulent plus embarquer, jugeant le voyage trop dangereux.

    Sur le seul mois de Janvier 2016, 244 victimes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été recensées[2].

    Ce lundi 8 Février encore, les garde -côtes turcs ont tenté de rescaper un bateau de 33 migrants en détresse. 27 d’entre eux sont morts.

    Un cimetière pour les migrants noyés non identifiés a été crée.

    Mais l’Europe reste sourde.

     

    Et lorsque le scandale de la misère des réfugiés atteint notre sol, à Calais, à Dunkerque, seules les associations, les bénévoles se mobilisent, car les pouvoirs publics détournent le regard, ou veulent envoyer l’armée !!!

    Alarmés depuis longtemps par la situation des mineurs isolés dans la « jungle » de Calais, le Secours Catholique et Médecins du Monde ont encore une fois saisi la justice mercredi dernier 3 Février : suite à une première intervention, le Conseil d’Etat avait ordonné en novembre aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie des personnes migrantes à Calais. Les deux organismes ont constaté que RIEN n’avait changé depuis cette injonction, laissant les mineurs isolés dans des situations parfois dramatiques et inhumaines : particulièrement vulnérables, ceux-ci ont besoin d’être protégés, soignés, encadrés par des dispositifs adaptés. Ceux-ci font totalement défaut.

    Des mesures de justice adéquates devraient permettre aux jeunes qui ont des proches au Royaume Uni de les rejoindre, et non de stagner, sans éducation, dans un environnement préjudiciable à leur santé et leur sécurité. Ces enfants ne sont pas différents des nôtres !

    Dans un article cinglant publié par le journal « UN », daté du 10 Février, et intitulé « CALAIS  UNE HONTE FRANÇAISE » l’écrivain Laurent Gaudé (prix Goncourt 2004) qui s’est rendu sur place dénonce des conditions de vie indignes d’une démocratie dite civilisée : « La République a laissé tomber un peu d’elle même dans la boue », dit-il , décrivant une vision d’enfer boueux sous une pluie froide, un « amas de pauvreté, de saleté (…) la misère démunie, nue grelottante ». Et toujours des enfants qui jouent au milieu des déchets.

    « Je n’aurais jamais pensé voir cela en France », déclare-t-il

    Conseillons à tous cette lecture, qui rejoint l’indignation du photographe. Ils réveillent, comme le dit le Pape François « notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté ». A ceux qui, dans leurs pantoufles au chaud osent parler de naïveté et d’angélisme, proposons une nuit sous la tente aux côtés des migrants.

    A ceux qui osent manifester « contre » la vie même de ces personnes qui fuient la guerre, rappelons qu’ils manifestent contre des enfants en danger.

    « Que ferais-je si cet enfant était à moi ? », c’est la seule question chrétienne qui vaille ; une interrogation qu’une société obsédée par l’éradication des religions ne veut pas avoir.

     Le danger, ce ne sont pas d’éventuelles intrusions du religieux, mais la dureté de cœur, l’absence d’empathie pour nos frères, qui nous feront juger par l’Histoire.

     

     

    Michelle C. DROUAULT

     

     

     

     

     


    [2] A ce jour de publication, 11 Février 2016, 409 personnes au total ont trouvé la mort en essayant de traverser la Méditerranée depuis le 1er janvier

     

     

     

     

     


    [2] A ce jour de publication, 11 Février 2016, 409 personnes au total ont trouvé la mort en essayant de traverser la Méditerranée depuis le 1er janvier


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