• Le virus mutant de la domination masculine, 3éme partie

    L’aggiornamento du patriarcat.

    Le but recherché par la domination masculine est simple : reprendre le contrôle des femmes, qui sont autonomes financièrement, refusent souvent le mariage, et ont davantage de droits.

    La première étape était donc d’assimiler l’union libre au mariage ( c’est à dire de » marier tout le monde », notait avec ironie une sociologue), et de promulguer des lois qui soumettaient les compagnes non mariées aux mêmes obligations judiciaires que les ex-conjointes.

    La couverture étant toujours l’intérêt de l’enfant.

     Les hommes en tant que classe ont peu à peu obtenu un maximum de droits avec un minimum d’obligations : le mariage oblige à une contribution financière aux charges, un partage minimal des biens, et une obligation de fidélité. Ce dont ils se dispensent sans problème. En effet, les différentes dispositions législatives successives ont permis une situation de contrôle absolu sur toutes les femmes, quel que soit leur état civil, du moment qu’elles sont mères, en même temps qu’un désengagement progressif des hommes de la charge pécuniaire effective de leur progéniture. Le chiffre des pensions alimentaires non versées est passé de 30% en 2000, à 40% en 2013.

    En sont certainement en partie responsables les demandes de résidence alternée pour de mauvaises raisons. Cependant, un nombre non négligeable de pères (et quelques mères), part sans laisser d’adresse, se rend insolvable, ou…est réellement en grande difficulté sociale.

    Or, ces trois cas de figure sont totalement occultés par les mouvements « de pères ».

    Les deux premiers parce qu’ils ne donnent pas une image  positive et inaltérable de la paternité ; le dernier parce qu’il soulève des problèmes sociaux que les pères bourgeois de ces mouvements n’ont pas envie d’aborder, même si ils les exploitent parfois pour se faire de la publicité.

    En effet, certains « pères perchés » semblent être de condition modeste, et sujets à des problèmes sociaux considérables (chômage, errance, troubles psychiques, violence) qui ont en  général motivé les jugements qui les ont éloignés de leurs enfants. Et comme nous l’avons souligné, il en faut beaucoup pour qu’un magistrat français interdise à un parent de voir son enfant.

    Mais la possibilité de la résidence alternée a ouvert une boîte de Pandore : des hommes perturbés par le cocktail explosif chômage/divorce/précarité/dépression,*1 s’accrochent à cette idée comme à une bouée de sauvetage, et ajoutent à leur colère (légitime) contre la société le sentiment d’être « lésé » de quelque chose de supplémentaire, la garde de leur enfant.

    Ce qui ne fait qu’ajouter à leurs souffrances.  Au lieu de les aider à se soigner, retrouver un emploi ou /et un logement, conditions préalables à des rapports apaisés avec leur enfant, les mouvements de pères les maintiennent dans cette revendication, et dans la désespérance, les utilisant comme étendards.

    Comme bien souvent dans l’Histoire, le prolétariat est instrumentalisé par la bourgeoisie pour parvenir à récupérer un pouvoir.

     

    Une autre catégorie passée pudiquement sous silence, et glissée dans la rubrique « faits divers » ou « drames familiaux », est celle des pères qui tuent leurs enfants et/ou leur ex compagne parce qu’ils ne supportent pas la séparation.

    Ces drames  ne sont pas analysés pour ce qu’ils sont, simplement parce que le faire mettrait en lumière que les hommes (en tant que classe) se croient encore le droit de vie et de mort sur les femmes et les enfants, et leur dénient toute altérité, et toute existence propre.

    S’ils leur échappent, ils et elles doivent être châtiés.

    On objectera que parfois, les meurtriers se suicident ensuite. Certes. Mais cela n’enlève rien à leur refus d’altérité : éternels satellites, femme et enfants doivent les suivre dans la mort, et ne sont pas dignes de vivre sans eux. Par ailleurs, les moyens qu’ils emploient pour leur suicide sont souvent moins efficaces, et peuvent, dans les cas où ils sauvent leur vie, permettre de douter de leur réelle volonté de se supprimer. Ces hommes sont ils des malades mentaux ?

    Je ne suis pas qualifiée pour répondre à cette question.

    Néanmoins, ces meurtres exercent un effet de terreur préventive sur les femmes en instance de séparation. Ils sont fréquents( 3 à 5 par an en France), avec un pic au moment des fêtes de fin d’année et des vacances d’été.

    Quand ils sont interrogés, les mouvements masculinistes évoquent le « désespoir » de ces hommes « privés » de leurs enfants, ce qui masque qu’il s’agit  bel et bien de meurtres d’enfants. Lorsque ces meurtres sont commis par des étrangers à la famille, il y a des « marches blanches » ; s’il s’agit  d’un père, c’est lui qu’on plaint….

     

     

    La domination masculine est parvenue à manipuler l’opinion publique par le biais des media.

    En France, les media sont entre les mains des hommes.

    Une enquête récente du CSA est bien obligée de convenir que 4 personnalités médiatiques sur 5 sont des hommes ; et que les femmes n’occupent que le quart du temps de parole réservé aux hommes dans les magasines d’actualité. Les « experts » sur différents sujets, même la santé, réputée sujet plus féminin, ne sont des femmes que dans une proportion de 30%.

    Ne parlons pas des radios ; certaines stations sont masculines à plus de 90% (animateurs, sujets traités, complicité avec l’auditeur).

    C’est ainsi que les « pères perchés » ont bénéficié d’un traitement médiatique particulièrement complaisant. Et la moindre manifestation de « pères séparés » est montée en épingle, un micro leur est tendu immédiatement, pour diffuser leur point de vue tendancieux, et que les canadiens nomment « anti-mères ».

    En effet, disqualifier les mères est le travail de sape à l’œuvre aujourd’hui.

    Après avoir été sanctifiée, la mère est dévalorisée, mauvaise, suspecte, castratrice, captatrice, etc…Ne peut être une « bonne » mère que celle qui est soumise à la tutelle d’un homme ! car ses mauvais instincts sont alors sous contrôle. Livrée à elle-même, une mère ne peut être que toxique. C’est ce qui transpire des discours contemporains des masculinistes et de leurs alliés, discours qui nous ramène au pire intégrisme sur le pêché originel ; et démontre bien cette volonté de retour au patriarcat musclé.

    Des exemples (rares, heureusement) de résidence alternée accordée à des pères qui s’étaient jusqu’alors désintéressés de leur enfant et ne l’avaient reconnu que tardivement, ont fait dire que n’importe quel enfant pouvait être « jeté en pâture » à un inconnu, pourvu qu’il se prouve géniteur. Ce qui n’est pas forcément désapprouvé. La réussite de ce lent travail d’intoxication de l’opinion peut s’observer facilement sur internet :

    L’affaire du meurtre sordide de la petite Fiona, camouflé en disparition, a défrayé la chronique.

    L’enfant avait une sœur du même père, dont la mère était séparée, et un demi-frère, fils du meurtrier présumé.

    Ces enfants, d’abord confiés dans l’urgence aux grands parents maternels, ont été confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance du département après l’inculpation  et l’écrou du couple de parents maltraitants.

    Le père (qualifié par les media de « biologique ») de Fiona et de sa jeune sœur, s’est porté volontaire pour obtenir ultérieurement la garde de la petite fille, mais ne s’est pas opposé à cette décision de placement, reconnaissant que sa fille ne l’avait pas vu depuis un an, et qu’il devait d’abord reconstruire un lien véritable avec elle, par le biais de ses visites. Position remplie de bon sens et d’égard pour l’enfant, qu’il faut saluer.

    Mais sur plusieurs journaux locaux en ligne, des internautes se sont déchaînés, bramant au « déni de justice », invectivant la justice française : selon eux, la garde d’une enfant de 3 ans déjà traumatisée aurait due être donnée à ce père qui est pour elle jusqu’à présent un presqu’inconnu !

    La notion d’une suprématie absolue du père/géniteur, quelles que soient les circonstances, a donc bien fait son chemin.

    Les besoins réels d’un enfant, et leur spécificité, ne sont plus une priorité ; et l’idée est acquise qu’ils doivent s’effacer devant les « droits du père ». Une potion magique qui rendra à l’enfant son équilibre….C’est ce qui nous est présenté comme « l’égalité homme-femme » en matière de parentalité.

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

    Note :

    *1- Problèmes cruciaux que ces mouvements ne proposent jamais de traiter !

    * Voir aussi :

    http://patricjean.blogspot.fr/2013/09/lamendement-qui-donne-raison-aux-grues.html

     

     


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