• La Jupe, pomme de discorde!

     

     

    « Le  tout n’est pas d’avoir une jupe ! » avait assuré l’Archevêque de Paris en 2008, en évoquant la place des femmes -et des laïcs- dans l’Eglise catholique …

    Il avait ainsi provoqué la fondation du célèbre « Comité de la Jupe », destiné à lutter contre les discriminations envers les femmes dans l’Eglise.

    Nous pourrions le paraphraser, en ajoutant : « une jupe…encore faut il qu’elle soit de la bonne longueur ! »

    En effet, peut-on parler d’un harcèlement des jeunes filles sur leur apparence et leurs codes vestimentaires ?

    La semaine passée, une jeune fille de 15 ans a été exclue des cours (pas de l’établissement) d’un collège de Charleville Mézières, en raison du port d’une jupe noire « trop longue », que les autorités de l’établissement avait jugée constituer un signe religieux.

    Pourtant, la jeune fille retirait bien son voile à l’entrée de l’établissement.

    Nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissants de ce conflit ; il est seulement probable que cette jeune personne et ses camarades-elles ont été plusieurs à arborer des jupes longues- ont voulu protester ainsi de façon pacifique contre une directive inefficace et contestable : la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école.

    Inefficace sur le fonds, car enfin s’il s’agit de ne pas laisser voir son appartenance religieuse dans l’enceinte de l’école, mais que chacun peut vous croiser dans le quartier, jusqu’à l’entrée même de l’établissement, avec un voile ou une kippa, cette appartenance est sue de tout le monde. La laisser au vestiaire dans l’espace scolaire est alors purement symbolique.

    Ce symbole est il important ?

    Depuis plus de dix ans qu’elle existe, cette loi semble n’avoir rien résolu. Le port du voile n’a pas régressé. Au contraire. Les violences diverses envers les femmes ont régulièrement augmenté, quelle que soit leur tenue. On a infligé des amendes à des femmes portant un « niqab » ; mais les faits d’agressions parfois mortelles sont toujours le fait d’hommes dans les quartiers où elles se produisent.

    Contestable, car on peut estimer que la loi de 2004 contrevient à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui stipule que nul ne peut être inquiété pour ses opinions philosophiques ou religieuses ; et que chacun est libre de manifester ses croyances, y compris au sein de l’espace public, du moment qu’il ne trouble pas l’ordre public. En cela, la loi récente peut être considérée comme discriminatoire.  Nous l’avons déjà mentionné, des mères d’élèves ont été ouvertement discriminées pour leur appartenance à la religion musulmane.

     

    Mais si nous revenons à la jupe, dans quelle situation ubuesque se trouvent donc les jeunes filles actuellement ?

    Si leurs jupes sont estimées trop courtes par leurs camarades, elles se font traiter de « salopes », voire de « putes ». (Ce qui ne serait jamais arrivé dans les années 60/70 avec la mode de la mini-jupe).

    Si les jupes sont trop longues, cette longueur est suspecte ; les enseignants les blâment pour port de « signes religieux ».

    Encore une fois, on réduit les filles à leur apparence physique, et on conditionne leur accès au savoir et leur tranquillité d’esprit pour étudier, à des normes, édictées par des assemblées majoritairement masculines*, ou par le groupe dominant des élèves de sexe opposé. Situation qui n’est aucunement celle des garçons.

    « La patrie est en danger », ironise le « Canard Enchainé » (… )» on va droit à la guerre civile (…) « Sara et ses camarades ont promis de porter des pantalons, mais de quelle forme ?

    Bouffants ? A pinces ? (….) « Il est urgent de saisir le Conseil Constitutionnel »…

    Merci à l’hebdomadaire de son ironie mordante, qui  démontre bien l’absurdité d’une telle polémique.

    « Est ce qu’on n’a vraiment pas autre chose à faire que de s’occuper des jupes des filles ? » demande à son tour un internaute retraité. 

    Hélas, Monsieur !

    Le « jeu de dupes » de « voir sous les jupes des filles » (selon la chanson d’Alain Souchon) est une des grandes affaires de ce monde, parce que le contrôle des femmes est un des grands enjeux du patriarcat.

    Le contrôle sur l’apparence des jeunes filles n’a pratiquement jamais cessé :

    Ma mère ne pouvait sortir du lycée sans gants ; je ne pouvais y rentrer en pantalons, sauf si il gelait ; ni porter de talons ou de maquillage … trente ans plus tard un professeur a réprimandé une élève de la classe de ma fille parce qu’elle portait un vernis à ongles voyant… (Seule nouveauté, la demoiselle aux ongles vernis a rétorqué calmement que cela ne l’empêchait pas d’étudier, et refusé de sortir).

    Récemment, des femmes politiques expliquaient dans un excellent documentaire sur France 5 comment leurs tenues étaient systématiquement commentées par leurs confrères députés ou sénateurs, et par les journalistes, avant même qu’on ne les questionne sur leurs idées ou leur programme.

    Pour exemple, la colère légitime de Nathalie Kokiuzco-Morizet , interviewée sur sa coiffure, et non sur son programme comme candidate à la Mairie de Paris…

    Nous pouvons en conclure que, de l’adolescence à la vieillesse, les filles et les femmes sont regardées avant d’être écoutées ; jaugées, cataloguées, accusées, par le regard de ceux là mêmes qui veulent continuer à avoir des droits sur elles, des droits sur leur corps et leur vie.

    Et l’énergie qu’elles dépensent à contrer ces manifestations de domination est au détriment de celle qu’elles pourraient mettre dans les projets, les recherches, les actions, les œuvres, dont elles sont les inventeures, et dont pourrait profiter davantage l’humanité.

     

    Un remarquable manifeste intitulé «  Laissons les filles tranquilles », signé par plusieurs groupes et personnalités féministes, demande l’arrêt de toutes ces tracasseries stigmatisantes et inutiles dès l’école :

     

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/24/laissons-les-filles-tranquilles_4599912_3232.html

     

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

    * L’assemblée Nationale comprend 73% d’hommes…

     

     Sur le sujet, le film « Jacky au royaume des Filles » renverse la vapeur, et nous tend un miroir grinçant sur la domination masculine…


  • Commentaires

    1
    levy
    Vendredi 8 Mai 2015 à 00:35

    " … trente ans plus tard un professeur a réprimandé une élève de la classe de ma fille parce qu’elle portait un vernis à ongles voyant… (Seule nouveauté, la demoiselle aux ongles vernis a rétorqué calmement que cela ne l’empêchait pas d’étudier, et refusé de sortir)". Puisque nous sommes en un temps où il est peut-être plus que jamais de bonne hygiène mentale de positiver, au regard de la résurgence des obscurantismes et de la flambée des communautarismes et identitarismes en tous genres, un vrai grand merci pour cette notation qui prouve qu'envers et contre tout, le progrès est bien en marche - et d'autant plus que c'est une demoiselle qui le porte, i.e. une représentante de la moitié de l'humanité vouée à la soumission et la plus millénairement discriminée et outragée. 

     

     

    2
    Alice Damay-Gouin
    Mercredi 13 Mai 2015 à 14:13

    Merci pour votre texte. Permettez-moi de vous transmettre ce que j'ai écrit, il y a 1 mois, à la rédaction de Charlie Hebdo:  

     à Charlie : 4) Débat voilé 

     

    J’aime cet article " Débat voilé" car il est clair et nous rappelle la réalité des femmes dans le monde. Mais puis-je ouvrir un débat ?

     

    Tout d’abord, j’écarte le voile qui ne laisse apparent que les yeux ainsi que la burqa. Même si je pense que chaque personne a le droit de s’habiller comme elle le veut, dans ces 2 situations, ceci est en opposition au droit pour toute personne de pouvoir reconnaître la personne que l’on croise dans la rue. Donc la loi a tranché.

     

    Alors, le voile ?

     

    Vous dites : « C’est un signe religieux », comme une croix, un col romain, un costume religieux. Et alors ? Quelle est la portée d’un signe religieux ? Il y a des costumes religieux qui font partie du paysage et d’autres qui sont nouveaux. Faut-il interdire les nouveaux mais conserver les anciens au nom de la vieille culture catholique. Est-ce que le port d’un signe religieux fait que la personne vive réellement de la religion évoquée ? « L’habit ne fait pas le moine » disait-on !

     

    En fait, vous dites que le voile islamique est devenu un symbole. Il est dans certains Etats signe de la puissance de l’homme et de l’oppression, signe de la soumission de la femme. Est-ce une raison pour l’interdire en France ? Cela ne me paraît pas convaincant. J’ai vu, rencontré des femmes, en France, qui revendiquent le port du voile en réaction contre l’esprit colonialiste de certains Français.

     

    Interdire le voile, cela n’est-il pas en infraction à la Déclaration Universelle des droits humains, votée en 1948 ?

     

    « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion publique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. »

     

    Interdire le voile à l’école avec pour sanction, l’exclusion de l’élève est en contradiction avec le droit à l’instruction pour chaque personne. C’est aussi en contradiction avec la noble pensée que l’instruction est l’élément moteur pour faire évoluer la mentalité !!!

     

    Et puis… je pense à ma mère ! Elle ne sortait jamais de chez elle sans mettre sur la tête un foulard. Elle aurait été malheureuse si on lui avait interdit d’agir ainsi et elle serait restée confinée chez elle. Jeune, je ne sortais jamais sans enfiler une veste à manches longues. Mais, par un bel après-midi d’été, je décidai de sortir à bras nus. Ce jour reste gravé dans ma mémoire car j’ai eu alors, le sentiment violent d’être toute nue dans la rue. Aussi je dis qu’il est intolérable de demander à une personne d’enlever son voile. De toute façon, il est illusoire de vouloir faire le bonheur de l’autre malgré lui, malgré elle. Et il faudrait croire aux vertus de l’école de la république.

     

    Non, je ne souhaite pas bâtir une société pour ma mère, ma grand-mère, comme vous le dites, mais je souhaite un mieux-vivre ensemble, dans le respect de chaque personne.

     

    Merci et longue vie à Charlie

     

    Alice Damay-Gouin

    3
    levy
    Vendredi 15 Mai 2015 à 01:34

    14 05 2015

     

    LA JUPE ET LE VOILE

     

    Bien cordialement à  Alice Damay-Gouin 

     

    J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce texte que vous avez récemment adressé à la rédaction de Charlie Hebdo. Il a ébranlé ma conviction.

     

    Au moins sur le passage par la loi, sur son opportunité et son efficacité, comme seule voie pour assurer à la coexistence des croyances et des convictions dans l’espace public. Coexistence pacifiée à l’intérieur de la république qui est, on ne le rappellera jamais assez, le but visé par la législation de la laïcité.

     

    Là où je puis suivre votre argumentaire, c’est sur ce qui a trait à la représentation du voile - ou de tout autre signe d’identification religieuse propre au sexe féminin.

     

    Ces signe d’identification ont perdu toute visibilité dans les religions chrétiennes - hormis pour les religieuses (celles qui ne sont pas ‘’en civil’’, mais comme pour les clercs, cette visibilité est très majoritairement perçue comme celle d’une tenue professionnelle, à l’instar des uniformes des facteurs, pompiers, policiers …).

     

    Le problème se pose en revanche pour l’islam et pour le judaïsme - concernant ce dernier, on occulte étrangement l’exposition de ses prescriptions vestimentaires (les violences en lien avec le port de la kippa sont dénoncées par les institutions juives, mais la conciliation entre cette exposition publique et la perception dominante de la laïcité n’est pratiquement jamais mise en question). .

     

    S’agissant des prescriptions d’habillement et de coiffure afférentes aux femmes, plus facilement et mieux identifiées par nos concitoyens dans le cas des musulmanes, et en laissant pour celles-ci aux exégètes la discussion sur le point de déterminer si elles ont ou non, et dans quelle mesure, une signification religieuse et un caractère obligatoire, et si, et comment, elles ont à s’appliquer aujourd’hui et dans un pays non musulman, la considération qui doit dominer le débat assez autique qui les concerne me semble être celle-ci : dans une société européenne qui a intégré - si difficilement et si tardivement - l’égalité hommes-femmes au premier rang de ses fondamentaux juridiques et éthiques, de son corpus des libertés publiques et des droits individuels et, plus globalement, du référentiel de son ‘’vivre ensemble’’, le voile et tous les identifiants visuels de même destination ne sauraient être regardés autrement que comme parties prenantes de civilisations patriarcales et des codes appliqués dans celles-ci à l’encontre des femmes.

     

    ‘’Il est dans certains Etats signe de la puissance de l’homme et de l’oppression, signe de la soumission de la femme. Est-ce une raison pour l’interdire en France ?’’.

     

    Codes patriarcaux qui règnent sur une bonne moitié de la planète et dont la conception mentale détermine que la femme ne puisse retirer le voile qui la recouvre que devant l’homme auquel elle appartient ou qui en a la tutelle, ou dans la maison de celui-ci et hors la présence d’autres hommes. Codes qui configurent partout où ils s’appliquent un statut où père/mari et frères disposent d’un droit de vie et de mort, ou au mieux de répudiation familiale et sociale avilissante, sur les femmes placés sous leur autorité quand ‘’l’honneur’’ de la famille est censé être en jeu - la fixation obsessionnelle concentrée sur la virginité (qui mérite d’être interrogée pour ce qui la conforme en perversion sexuelle à travers la fascination prédatrice qu’y exerce le sang et le fantasme de viol qui s’y exprime) entrant évidemment en premier lieu dans la construction de la chape de plomb que le pouvoir absolu des hommes fait peser sur la condition féminine.

     

    C’est en ce qu’il renvoie aux sociétés patriarcales que le voile, traduction de la propriété que détient un homme sur une femme, est en lui-même inacceptable. Ce qui ne signifie pas - et c’est là ou je concède à votre analyse - que son éradication passe nécessairement ou exclusivement par une prohibition légale.

     

    Il est vrai au reste - mais c’est la faiblesse la plus répandue de l’esprit humain de se tromper non pas tant en s’arrêtant à de mauvaises réponses qu’en posant les mauvaises questions - que l’exclusion de l’école publique peut être une sanction pire que le mal en renvoyant les exclues vers les écoles confessionnelles : à cet égard, la réflexion la plus pertinente serait sans doute de se demander, non pas tant s’il faut fortifier davantage l’école publique contre la pénétration des signes religieux ostensibles, mais s’il est concevable que la république puisse s’accommoder de l’existence d’écoles religieuses qui ne sont pas des établissements confessionnels mais des lieux d’enseignement mono-confessionnels ; autrement dit, si elle peut admettre que ceux de ses enfants qui, déjà, sont élevés dans des familles conformés aux schémas intégristes-fondamentalistes, ou participant d’autres visions littéralistes de l’orthodoxie, avec tout ce que cela entraîne comme perspective de rétrécissement intellectuel, soient de surcroît instruits et éduqués dans des établissements choisis pour leur complète insertion dans ces courants religieux et donc fermés à toute autre forme de pensée, de croyance et de conception du monde, et au seul contact d’enseignants et de condisciples dont l’horizon est clos par les mêmes barrières.

     

    Les normes de ‘’la laïcité à la française’’ sont infiniment plus claires que les controverses continues à son sujet le laissent entendre - l’impression contraire venant de l’ignorance ou des arrière-pensées des polémistes qui s’agitent dans ce débat et des arguments que l’une ou les autres leur font produire.

     

    Le principe que cette laïcité met au-dessus de tous les autres (cf. la loi de séparation de 1905 et son article premier) est la liberté de conscience - la liberté d’opinions ‘’même religieuses’’ proclamée par la déclaration des droits de 1789 et que la république a toujours considéré comme son legs le plus précieux parmi ceux reçus de la Révolution. Seules les manifestations de ces opinions sont soumises à condition, celle de leur compatibilité avec l’ordre public.

     

    Le moyen qu’elle a mis en œuvre pour garantir la protection de la liberté de conscience - et le libre exercice des cultes qui, tout autant que la reconnaissance du droit à l’abstention de toute croyance religieuse, en est le corollaire - réside, à travers la séparation des églises et de l’Etat, dans la notification que ce dernier se fait à lui-même de sa neutralité absolue en matière religieuse. Vis à vis de toutes les confessions, cette neutralité assure qu’aucun culte ne sera ni favorisé ni discriminé, et plus encore qu’aucun d’entre eux ne sera en capacité de tourner à son avantage ni d’influencer la législation de la république, la loi étant par essence l’expression de la volonté générale et n’ayant d’autre source que la souveraineté nationale qui décide de cette volonté.

     

    Rapportés au traitement de la question du voile, ce principe et ce moyen dégagent le cheminement de la réflexion qui, par deux voies parallèles, s’accorde au pacte républicain. Il s’y accorde par sa cohérence avec la définition et l’esprit de la laïcité que ce dernier a validés.

     

    La loi - c’est évidemment la première de ces voies - dicte le respect de la liberté de conscience ; il découle de cet impératif qu’elle ne peut interdire le port de signes religieux, ou perçus comme tels, qu’aux agents publics dans l’accomplissement de leurs fonctions où ils sont soumis à l’obligation de neutralité des autorités publiques, et dans le cadre scolaire en vertu des règles qui sont venues trancher la longue bataille entre cléricaux et républicains sur l’école.

     

    Pour le reste - ce qui recouvre toute la problématique du signalement religieux dans l’espace public -, la réponse aux contradictions que fait immanquablement apparaître - simplement parce qu’elles sont dans l’ordre des choses - la recherche d’un agencement consensuel entre prescriptions religieuses d’une part et normes laïques édictées par la loi d’autre part, renvoie à une notion totalement absente dans les débats actuels : celle de civilité, traduction citoyenne de la courtoisie ordinaire entre particuliers.

     

    Une civilité républicaine, qui est complémentaire (et quelquefois accommodante sur des points relativement secondaires) par rapport aux dispositions légales et aux diverses règles qui concrétisent le caractère laïque de la République, et en même temps constitutive d’une politesse civique qui enjoint notamment de ne pas projeter dans l’espace partagé avec ses concitoyens les signes ostensibles d’une appartenance religieuse - ou, à tout le moins, de ne pas se déterminer à le faire sans avoir envisagé l’impact de cette projection sur les sensibilités des concitoyens visés ni les effets en retour qu’on risque d'entraîner. Et qui exclut a fortiori de manifester de façon ostentatoire - i.e. outrancièrement démonstrative -, voire provocatrice, cette appartenance religieuse.

     

    Mettre en avant cette notion de civilité, c’est définir le programme d’une pédagogie du vivre ensemble par rapport au fait religieux - une pédagogie dont il n’est sans doute pas de souligner l’urgence et le caractère prioritaire.

     

    Reste que cette pédagogie ne saurait se limiter à l’ambition de dégager des consensus. A cette finalité qui préside à sa conception s’ajoute la vocation de concourir au combat contre les codes patriarcaux chaque fois que les signes d’identification religieuse, ou culturelle, s’y réfèrent. Il s’agit bien de deux logiques distinctes, ici défendues, qui ont à se développer de pair : d’une part une démarche de pacification civique construite sur l’application de la loi conjuguée à la promotion d’une civilité républicaine agissant dans le quotidien des relations citoyennes, et d’autre part une affirmation forte et inflexible de la part de la République de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et de l’inconcevabilité en son sein, au regard des principes sur lesquels elle est fondée ou qu’elle a fait siens, de toute espèce d’écart de dignité et de liberté entre les deux sexes (comme au demeurant entre les orientations sexuelles).

     

    Et à cette affirmation, ne peut être opposée une quelconque invocation de la liberté de conscience. Sur le terrain de l’égalité et de la dignité humaine, la liberté religieuse est soumise au sort de tous les droits : aucun d’entre eux en effet n’est jamais absolu, sauf à prendre le risque qu’il vienne menacer d’autres droits, et que tel droit donné à une personne physique ou morale, ou reconnu à une catégorie, puisse contredire ou infirmer les droits possédés par des tiers.

     

    Le combat d’idées, de persuasion, contre le voile, et contre toutes les autres discriminations sexuées inscrites dans des prescriptions religieuses, est d’autant plus légitime que la démocratie républicaine, à la différence de la démocratie libérale (encore que celle-ci privilégie les types de référentiels qui lui sont propres), ne se tient pas à une neutralité culturelle : notre république a toujours entendu promouvoir un corpus de valeurs communes, en particulier par l’école et par sa presse, et, autrefois, par le service militaire, et dans la forme moderne de cette apologétique, au moins depuis l’établissement de la III ème république ; et il n’est pas contestable qu’elle est parvenue sur une longue période à faire majoritairement partager ce socle idéologique résumé par sa devise originelle : Liberté, Egalité.

     

    Pour recourir à une argumentation qui penche du côté du raisonnement par l’absurde - parfois le plus démonstratif, on relèvera qu’accorder au voile une sorte d’impunité éthique au nom de la liberté de conscience, ou faire bénéficier du même sauf-conduit tout autre greffe de codes patriarcaux, reviendrait pour une société se réclamant de références et de normes radicalement opposées à ces codes, à accepter, sur une justification identique, la polygamie et les mariages forcés, et voire à tolérer jusqu’aux lapidations et aux assassinats de jeunes filles ou d’épouses rebelles, sans exclure, au titre des pires abominations, la pratique de l’excision dès lors qu’elle serait présentée comme une obligation religieuse.

     

    Il va de soi que le fait que les exemples avancés ci-dessus concernent plus directement l’islam, ne signifie en rien que des prescriptions religieuses sourcées dans d’autres confessions ne soient pas moins inconciliables avec les droits déclarés par la République. La pression exercée chez les uns pour empêcher les mariages hors de leur religion, et pour les autres, l’intention et le climat des manifestations dites ‘’pour tous’’ en apportent l’illustration.

     

    Quant aux atrocités évoquées, on n’en est certes pas là. Mais la dignité de la personne humaine, tous sexes confondus naturellement, ne se divise pas plus que la liberté.

     

    Didier Lévy

     

     

    4
    levy
    Vendredi 15 Mai 2015 à 12:54

    Le même texte, mais avec une correction (mot oublié !) et la rectification de 2 ou 3 à peu près. Navré pour cet envoi en deux temps ...  Merci par avance de procéder à la substitution si celle-ci vous est possible. Bien cordialement.

     

    15 05 2015

     

     

    LA JUPE ET LE VOILE

     

    Bien cordialement à  Alice Damay-Gouin 

     

     

    J’ai lu avec beaucoup d’intérêt ce texte que vous avez récemment adressé à la rédaction de Charlie Hebdo. Il a ébranlé ma conviction.

     

    Au moins sur le passage par la loi, sur son opportunité et son efficacité, comme seule voie pour assurer à la coexistence des croyances et des convictions dans l’espace public. Coexistence pacifiée à l’intérieur de la république qui est, on ne le rappellera jamais assez, le but visé par la législation de la laïcité.

     

    Là où je puis suivre votre argumentaire, c’est sur ce qui a trait à la représentation du voile - ou de tout autre signe d’identification religieuse propre au sexe féminin. Cette identification fût-elle en réalité principalement ou exclusivement d’ordre culturel.

     

    Ces signe d’identification ont perdu toute visibilité dans les religions chrétiennes - hormis pour les religieuses (celles qui ne sont  pas ‘’en civil’’, mais comme pour les clercs, cette visibilité est très majoritairement perçue comme celle d’une tenue professionnelle, à l’instar des uniformes des facteurs, pompiers, policiers …).

     

    Le problème se pose en revanche pour l’islam et pour le judaïsme - concernant ce dernier, on occulte étrangement l’exposition de ses prescriptions vestimentaires (les violences en lien avec le port de la kippa sont dénoncées par les institutions juives, mais la conciliation entre cette exposition publique et la perception dominante de la laïcité n’est pratiquement jamais mise en question). .

     

    S’agissant des prescriptions d’habillement et de coiffure afférentes aux femmes, plus facilement et mieux identifiées par nos concitoyens dans le cas des musulmanes, et en laissant pour celles-ci aux exégètes la discussion sur le point de déterminer si elles ont ou non, et dans quelle mesure, une signification religieuse et un caractère obligatoire, et si, et comment, elles ont à s’appliquer aujourd’hui et dans un pays non musulman, la considération qui doit dominer le débat assez autique qui les concerne me semble être celle-ci : dans une société européenne qui a intégré - si difficilement et si tardivement - l’égalité hommes-femmes au premier rang de ses fondamentaux juridiques et éthiques, de son corpus des libertés publiques et des droits individuels et, plus globalement, du référentiel de son ‘’vivre ensemble’’, le voile et tous les identifiants visuels de même destination ne sauraient être regardés autrement que comme parties prenantes de civilisations patriarcales et des codes appliqués dans celles-ci à l’encontre des femmes.

     

    ‘’Il est dans certains Etats signe de la puissance de l’homme et de l’oppression, signe de la soumission de la femme. Est-ce une raison pour l’interdire en France ?’’.

     

    Codes patriarcaux qui règnent sur une bonne moitié de la planète et dont la conception mentale détermine que la femme ne puisse retirer le voile qui la recouvre que devant l’homme auquel elle appartient ou qui en a la tutelle, ou dans la maison de celui-ci et hors la présence d’autres hommes. Codes qui configurent partout où ils s’appliquent un statut où père/mari et frères disposent d’un droit de vie et de mort, ou au mieux de répudiation familiale et sociale avilissante, sur les femmes placés sous leur autorité quand ‘’l’honneur’’ de la famille est censé être en jeu - la fixation obsessionnelle concentrée sur la virginité (qui mérite d’être interrogée pour ce qui la conforme en perversion sexuelle à travers la fascination prédatrice qu’y exerce le sang et le fantasme de viol qui s’y exprime) entrant évidemment en premier lieu dans la construction de la chape de plomb que le pouvoir absolu des hommes fait peser sur la condition féminine.

     

    C’est en ce qu’il renvoie aux sociétés patriarcales que le voile, traduction de la propriété que détient un homme sur une femme, est en lui-même inacceptable. Ce qui ne signifie pas - et c’est là ou je concède à votre analyse - que son éradication passe nécessairement ou exclusivement par une prohibition légale.

     

    Il est vrai au reste - mais c’est la faiblesse la plus répandue de l’esprit humain de se tromper non pas tant en s’arrêtant à de mauvaises réponses qu’en posant les mauvaises questions - que l’exclusion de l’école publique peut être une sanction pire que le mal en renvoyant les exclues vers des écoles cultuelles : à cet égard, la réflexion la plus pertinente serait sans doute de se demander, non pas tant s’il faut fortifier davantage l’école publique contre la pénétration des signes religieux ostensibles, mais s’il est concevable que la république puisse s’accommoder de l’existence d’écoles religieuses qui dispensent un enseignement strictement mono-confessionnels ; autrement dit, si elle peut admettre que ceux de ses enfants qui, déjà, sont élevés dans des familles conformés aux schémas intégristes-fondamentalistes, ou participant d’autres visions littéralistes de l’orthodoxie, avec tout ce que cela entraîne comme perspective de rétrécissement intellectuel, soient de surcroît instruits et éduqués dans des établissements choisis pour leur complète insertion dans ces courants religieux et donc fermés à toute autre forme de pensée, de croyance et de conception du monde, et au seul contact d’enseignants et de condisciples dont l’horizon personnel est clos par les mêmes barrières.

     

    Les normes de ‘’la laïcité à la française’’ sont infiniment plus claires que les controverses continues à son sujet le laissent entendre - l’impression contraire venant de l’ignorance ou des arrière-pensées des polémistes qui s’agitent dans ce débat et des arguments que l’une ou les autres leur font produire.

     

    Le principe que cette laïcité met au-dessus de tous les autres (cf. la loi de séparation de 1905 et son article premier) est la liberté de conscience - la liberté d’opinions ‘’même religieuses’’ proclamée par la déclaration des droits de 1789 et que la république a toujours considéré comme son legs le plus précieux parmi ceux reçus de la Révolution. Seules les manifestations de ces opinions sont soumises à condition, celle de leur compatibilité avec l’ordre public.

     

    Le moyen qu’elle a mis en œuvre pour garantir la protection de la liberté de conscience - et le libre exercice des cultes qui, tout autant que la reconnaissance du droit à l’abstention de toute croyance religieuse, en est le corollaire - réside, à travers la séparation des églises et de l’Etat, dans la notification que ce dernier se fait à lui-même de sa neutralité absolue en matière religieuse. Vis à vis de toutes les confessions, cette neutralité assure qu’aucun culte ne sera ni favorisé ni discriminé, et plus encore qu’aucun d’entre eux ne sera en capacité de tourner à son avantage ni d’influencer la législation de la république, la loi étant par essence l’expression de la volonté générale et n’ayant d’autre source que la souveraineté nationale qui décide de cette volonté.

     

    Rapportés au traitement de la question du voile, ce principe et ce moyen dégagent le cheminement de la réflexion qui, par deux voies parallèles, s’accorde au pacte républicain. Il s’y accorde par sa cohérence avec la définition et l’esprit de la laïcité que ce dernier a validés.

     

    La loi - c’est évidemment la première de ces voies - dicte le respect de la liberté de conscience ; il découle de cet impératif qu’elle ne peut interdire le port de signes religieux, ou perçus comme tels, qu’aux agents publics dans l’accomplissement de leurs fonctions où ils sont soumis à l’obligation de neutralité des autorités publiques, et dans le cadre scolaire en vertu des règles qui sont venues trancher la longue bataille entre cléricaux et républicains sur l’école.

     

    Pour le reste - ce qui recouvre toute la problématique du signalement religieux dans l’espace public -, la réponse aux contradictions que fait immanquablement apparaître - simplement parce qu’elles sont dans l’ordre des choses - la recherche d’un agencement consensuel entre prescriptions religieuses d’une part et normes laïques édictées par la loi d’autre part, renvoie à une notion totalement absente dans les débats actuels : celle de civilité, traduction citoyenne de la courtoisie ordinaire entre particuliers.

     

    Une civilité républicaine, qui est complémentaire (et quelquefois accommodante sur des points relativement secondaires) par rapport aux dispositions légales et aux diverses règles qui concrétisent le caractère laïque de la République, et en même temps constitutive d’une politesse civique qui enjoint notamment de ne pas projeter dans l’espace partagé avec ses concitoyens les signes ostensibles d’une appartenance religieuse - ou, à tout le moins, de ne pas se déterminer à le faire sans avoir envisagé l’impact de cette projection sur les sensibilités des concitoyens visés ni les effets en retour qu’on risque d'entraîner. Et qui exclut a fortiori de manifester de façon ostentatoire - i.e. outrancièrement démonstrative -, voire provocatrice, cette appartenance religieuse.

     

    Mettre en avant cette notion de civilité, c’est définir le programme d’une pédagogie du vivre ensemble au regard du fait religieux - une pédagogie dont il n’est sans doute pas nécessaire de souligner l’urgence et le caractère prioritaire.

     

    Reste que cette pédagogie ne saurait se limiter à l’ambition de dégager des consensus. A cette finalité qui préside à sa conception s’ajoute la vocation de concourir à l’élimination des codes patriarcaux en les dénonçant chaque fois que les signes d’identification religieuse, ou culturelle, s’y réfèrent. Il s’agit bien de deux logiques distinctes, ici défendues, qui ont à se développer de pair : d’une part une démarche de pacification civique construite sur l’application de la loi conjuguée à la promotion d’une civilité républicaine agissant dans le quotidien des relations citoyennes, et d’autre part une affirmation forte et inflexible de la part de la République de l’égalité des droits entre les femmes et les hommes et de l’inconcevabilité en son sein, au nom des principes sur lesquels elle est fondée ou qu’elle a fait siens, de toute espèce d’écart de dignité et de liberté entre les deux sexes (comme au demeurant entre les orientations sexuelles).

     

    Et à cette affirmation, ne peut être opposée une quelconque invocation de la liberté de conscience. Sur le terrain de l’égalité et de la dignité humaine, la liberté religieuse est soumise au sort de tous les droits : aucun d’entre eux en effet n’est jamais absolu, sauf à prendre le risque qu’il vienne menacer d’autres droits, et que tel droit donné à une personne physique ou morale, ou reconnu à une catégorie, puisse contredire ou infirmer les droits possédés par des tiers.

     

    Le combat d’idées, de persuasion, contre le voile, et contre toutes les autres discriminations sexuées inscrites dans des prescriptions religieuses, est d’autant plus légitime que la démocratie républicaine, à la différence de la démocratie libérale (encore que celle-ci privilégie les types de référentiels qui lui sont propres), ne se tient pas à une neutralité culturelle : notre république a toujours entendu promouvoir un corpus de valeurs communes, en particulier par l’école et par sa presse, et, autrefois, par le service militaire, et dans la forme moderne de cette apologétique, au moins depuis l’établissement de la III ème république ; et il n’est pas contestable qu’elle est parvenue sur une longue période à faire majoritairement partager ce socle idéologique résumé par sa devise originelle : Liberté, Egalité.

     

    Pour recourir à une argumentation qui penche du côté du raisonnement par l’absurde - parfois le plus démonstratif -, on relèvera qu’accorder au voile une sorte d’impunité éthique au nom de la liberté de conscience, ou faire bénéficier du même sauf-conduit tout autre greffe de codes patriarcaux, reviendrait pour une société se réclamant de références et de normes radicalement opposées à ces codes, à accepter, sur une justification identique, la polygamie et les mariages forcés, et voire à tolérer jusqu’aux lapidations et aux assassinats de jeunes filles ou d’épouses rebelles, sans exclure, au titre des pires abominations, la pratique de l’excision dès lors qu’elle serait présentée comme une obligation religieuse.

     

    Les exemples avancés ci-dessus concernent plus directement l’islam, mais cela ne signifie naturellement en rien que des prescriptions religieuses sourcées dans d’autres confessions ne sont pas tout autant inconciliables avec les droits déclarés par la République. Pour les cultes visés, la position de plus en plus prépondérante chez les uns des tenants d’une démarcation communautariste - par un surplus d’obstacles mis aux mariages ‘’mixtes’’, par un encouragement à la ségrégation scolaire ou par un cloisonnement rigide dans des rythmes et des spécificités de vie qui par leur exposition ou leurs conséquences s’apparentent à un séparatisme confessionnel -, et pour les autres, l’intention et le climat des manifestations dites ‘’pour tous’’, en apportent tristement l’illustration.

     

    Quant aux différentes atrocités évoquées, on n’en est certes pas là. Mais la dignité de la personne humaine, tous sexes confondus naturellement, ne se divise pas plus que la liberté.

     

     

    Didier Lévy

     

     

     

    5
    Alice Damay-Gouin
    Lundi 18 Mai 2015 à 10:47

    Merci, Didier pour votre long argumentaire. Il me faut le relire à tête reposée. Mais je ne peux comprendre un argument qui va à l'opposé de l'article des droits humains "nul, nulle ne peut être inquiété-e pour ses opinions politiques, religieuses..."

    6
    Lundi 18 Mai 2015 à 19:39

    Je vous remercie, Alice, d'avoir réagi à mon commentaire. 

    Je pense pas qu'il y ait désaccord entre nous sur l'essentiel - j'adhère évidemment  au ""nul, nulle ne peut être inquiété-e pour ses opinions politiques, religieuses...". 

    Là où nos approches me semblent se séparer c'est sur la considération qui me fait voir le voile non dans sa nature de signe d'appartenance religieuse, mais d'abord - cf. la hiérarchie des droits qui pour moi prévaut en l'espèce - comme l'un des marqueurs de la condition millénairement indigne fait aux femmes au nom de l'infériorité et de l'impureté imparties à leur sexe et en vertu du droit de propriété et de la domination que les hommes ont fondé sur elles. 

    Pour être schématique (et un peu provocateur peut-être sur les bords ...), je ne fais pas de différence entre la prescription du port du voile et le "nous naissons tous entre l'urine et les excréments" où je vois - derrière une anthropologie de l'indignité de la créature humaine qui au demeurant révulse ma vision de la place de cette créature dans le projet de la transcendance - le pire blasphème jamais proféré, en ce qu'il insulte la Création et dénie à l'architecture de la Foi qui s'attache à celle-ci toute la grandeur et toute la beauté spirituelles qu'elle comporte et projette.

    Un dernier mot : mon commentaire a continué à occuper mon esprit et je rédige en ce moment un article qui le développe et l’élargit : je me permettrai de vous l'adresser si vous voulez bien me donner à l'adresse électronique à utiliser pour ce faire. 

    Avec  mes remerciements réitérés pour l’attention que vous avez portée à ma réaction à l'article sur la Jupe et à votre texte adressé à Charlie Hebdo. J’espère apporter une contribution aussi utile à un débat qui me paraît capital et dont je formule pour ma part ainsi l’objet : la conciliation entre la préservation du corpus de droits reconnus et proclamés par la république - de la liberté de conscience à l’égalité entre les sexes et entre les orientations sexuelles - et l’affirmation de l’inacceptabilité des communautarismes et des identitarismes porteurs par nature d’oppressions qui procèdent de la destruction des mêmes droits. 

    Bien cordialement à vous.

     

    Didier Lévy

    7
    Alice Damay-Gouin
    Mercredi 20 Mai 2015 à 16:32

    Je veux bien vous communiquer mon adresse mail mais par quel biais? En commentaire sur ce site? ou y -a-t-il un autre moyen ? Oui, cela m'intéresse lorsqu'un débat s'instaure mais j'avoue que j'ai une semaine surbookée et que je ressens la fatigue. Mais, à bientôt, Amicalement,

    Alice

    8
    Mercredi 20 Mai 2015 à 20:33

    Bonsoir,

    Je vous propose de me l'envoyer à mon adresse courrielle : 

    didier.levy98@gmail.com

    Pour le reste, mon article est encore un peu éloigné du terme de sa rédaction. Et s'il vous intéresse, vous aurez tout le temps de le lire au moment qui vous conviendra le mieux et à tête reposée.

    Pour ma part, je suis à la retraite ... mais plus surbooké que dans les derniers temps de ma vie dite active !

    A bientôt, pour la suite de notre débat dont je me réjouis par avance.

    Amicalement à vous.

    Didier

     

     

     

     

    9
    Michelle
    Samedi 23 Mai 2015 à 18:09

    Merci à Alice et Didier de ce long débat qui enrichit le blog. 


    je me permets de faire à Didier deux observations: à l'école et au collège, ils s'agit d'ENFANTS, et on discrimine de fait des enfants en fonction de la religion de leurs parents; et comme par hasard toujours des filles. Cela pose question.


    Ensuite, l'oppression des femmes consiste aussi bien à IMPOSER le port du voile, qu'àCONTRAINDRE une fille ou une femme à L'ENLEVER. Le critère n'est pas de porter ou pas un fichu sur la tête , mais d'être contrainte à couvrir ou non une partie de son corps, sans l'avoir choisi.


    Le patriarcat peut continuer sa domination par l'une ou l'autre attitude: il s'agit de contrôler le corps des femmes. Le patriarcat, c'est aussi la pornographie, les publicités qui montrent le corps des femmes pour faire vendre un bien de consommation.


    Rappelons qu'en Algérie pendant la guerre d'indépendance, il y eut de la part de la France coloniale des opérations de "dévoilement" des femmes, pour leur montrer combien elles seraient bien inspirées de choisir l'Algérie Française….


    Quant à l'excision, sujet sur lequel j'ai travaillé professionnellement pendant des années, c'est une pratique qui n'a rien à voir avec la religion, est anté-islamique, et n'est nullement prescrite par le Coran. Il existe des chrétiens Somaliens ou Ethiopiens qui excisent leurs filles.


    Cependant, le patriarcat instrumentalise la religion, en prétendant faussement qu'elle en est une prescription.


     

    10
    Dimanche 24 Mai 2015 à 12:12

    Je me réjouis tout autant de ce débat, cette fois à trois voix. Comment ne pas mesurer que c'est précisément faute de débats placés comme celui-ci sous un ciel de fraternité et de raison que notre société est  présentement traversée par les fanatismes, déchirée par une frénésie d'exclusions concurrentes ?  Les arguments qui contredisent mon sentiment sur le voile, je les prends d'autant plus en compte, que ma conviction me porte à penser que le sujet est de ceux où la réflexion ne peut  déboucher sur une réponse par OUI ou par NON. Mais en dernière analyse, sur la conclusion qu'elle a pour bénéfice - ce qui n'est pas rien ! - de cerner le champ des contradictions - philosophiques, politiques, sociales ...  et spirituelles -  au milieu desquelles un point d’équilibre est à trouver. Quant à l'excision, le cours des échanges précédents ne m'a pas donné la place où préciser ma pensée - je m'étais limité, en allant au demeurant tout à fait dans le sens de l'observation de Michelle, à faire une allusion au caractère non religieux de l'excision, en mentionnant (de façon un peu sibylline) cette réserve " dès lors qu’elle serait présentée comme une obligation religieuse ’’ : l'article que j'écris en ce moment sur le voile, dans le prolongement direct de ma discussion avec Alice, et donc avec l'article sur la Jupe, développe mon point de vue en allant plus au fond  de mon argumentaire. Il chemine, suivant la conviction ci-dessus affirmée, en dressant un inventaire des contradictions posées devant lui, en se confrontant à celles-ci et en essayant d'y répondre sans entêtement idéologique mais également sans compromettre en rien  les valeurs qui le guident ... pas si facile (il me faudra encore un peu de temps avant de le tenir pour achevé). Amicalement à vous, fraternelles contradictrices. Didier

    11
    Alice Damay-Gouin
    Samedi 30 Mai 2015 à 14:59

    Oups! Me voilà de retour d'un superbe voyage en famille, 14 personnes âgées (frères, sœurs, belles-sœurs se retrouvant durant une petite semaine en visitant la Bretagne... Je suis encore sur un nuage !!! Alors, à bientôt pour reprendre le débat et merci.

    Alice

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