• Corps brisés

    SAVITA HALAPPANAVAR, décédée à 27 ans en Octobre 2012 à la suite d’un refus d’avortement en Irlande ; et FENG JIAN MEI, chinoise victime d’un avortement forcé à 7 mois de grossesse, sont les deux tristes facettes d’une même évidence : nulle part en ce monde le corps des femmes n’est à elles.

    Outils de reproduction, et non êtres humains ; elles sont considérées comme de simples réceptacles. Leur contenu doit être gardé par contrainte, ou expulsé de force, au gré des idéologies, ou des planifications démographiques des pouvoirs masculins.

    Dans les deux cas, il y a eu meurtre, l’un pour non assistance à personne en danger ; et l’autre par infanticide. Mais les pouvoirs masculins dominants n’en ont cure : le corps des femmes relève du champ politique, ou du domaine politico-religieux.

    Les hommes se réservent toujours le droit de vie et de mort sur les femmes et les enfants.

    Le dire passe pour une outrance.

    Si on examine les faits, cela s’avère exact.

     

    Enceinte de 17 semaines (4 mois et une semaine), Savita s’est présentée aux urgences d’un hôpital irlandais, alors qu’elle souffrait d’hémorragie, de fièvre et de douleurs lombaires et était en train de faire une fausse couche.

    Un tel tableau pouvait faire penser d’emblée à une fausse couche par suite d’infection(listériose ou autre infection bactérienne), et aurait du, les médecins en ont convenu par la suite, être traité comme une urgence obstétricale ; c’est à dire par un curetage immédiat. Or les médecins ont refusé de mettre un terme à la grossesse sous le prétexte qu’il existait encore un rythme cardiaque fœtal.

    Le mari s’est entendu répondre qu’ils étaient dans un pays catholique.

    Quelques jours plus tard, Savita est décédée de septicémie, faute d’intervention et de soins adéquats.

    C’était une jeune femme heureuse de vivre et d’attendre ce bébé.

    Pourtant , depuis 1992, la loi Irlandaise prévoit que l’avortement peut être pratiqué lorsque la vie de la mère est en danger. Mais les décrets d’application n’ont jamais été promulgués.

    Déjà, en 2010, la Cour Européenne des Droits de L’Homme avait condamné l’Irlande pour un refus d’avortement envers une femme atteinte d’un cancer, la grossesse risquant d’aggraver son état.

    Voilà ce que recouvre le « respect de la vie ». Une posture totalement idéologique et hiérarchisée :le cœur d’un fœtus non viable a plus de poids que la santé et la vie d’une femme.

     

    Venons en à Feng Jian Mei. Cette jeune Chinoise était enceinte d’un deuxième enfant.

    Vu la politique de l’enfant unique en Chine, elle et son mari auraient du payer une amende conséquente : l’équivalent de plus de 4000 euros.

     Ils n’avaient pas cet argent.

    Alors , les agents du planning familial l’ont emmenée de force à l’hôpital, et l’ont avortée contre son gré d’un enfant de 7 mois de terme, qui serait né viable. Feng Jian Mei s’est réveillée traumatisée.

    Désespéré et révolté, son époux l’a prise en photo allongée à côté de son bébé mort dans une enveloppe de cellophane. Cette photo a fait le tour du monde, et les autorités chinoises ont du s’excuser et mener une enquête.

    Cependant, la presse britannique a révélé qu’il s’agissait de pratiques courantes.

    Les Chinoises incapables de payer l’amende essayent de se cacher, mais elles sont traquées par les agents du planning. Lorsqu’on les retrouve, leur grossesse est déjà souvent avancée, mais qu’importe ! Les impératifs socio-économiques du pays ont priorité sur leurs souffrances et la vie de leur bébé.

    Malgré une promotion certaine de la femme au travail en Chine Populaire, le pouvoir et les instances de décision demeurent majoritairement aux mains des hommes.

     

    En Inde, les politiques d’incitation à la stérilisation des hommes déjà pères dans les années 70, ont cédé le pas à la sélection de sexe.

    Ce n’est pas le pouvoir étatique qui est en cause, mais le pouvoir familial et marital. Les hommes pauvres veulent en priorité des garçons pour avoir de la main d’œuvre, les riches veulent transmettre leur nom et leur fortune.

    Ainsi , l’échographie est détournée de son but, la surveillance prénatale, pour devenir un terrible instrument d’avortement forcé des fœtus féminins.

    L’Etat est impuissant à intervenir efficacement sur ce qui devient un déséquilibre démographique inquiétant.

    Est ce vraiment un paradoxe, l’Inde héberge un business de mères porteuses en pleine expansion….

     

    En Amérique latine, les restrictions aux interruptions volontaires de grossesse sont telles que plus de quatre millions d’IVG sont pratiquées clandestinement, causant environ 1000 décès par an.

    En Amérique du Nord, l’avortement est devenu un enjeu politique ; comme l’a montré le retournement subit de Mick Romney au moment des élections présidentielles américaines.

     

    Partout, les femmes sont sectionnées, tronçonnées. La communication entre leur cerveau , leur psychisme et leur corps, bafouée et forclose.

    Objet et instrument, la femme est clivée, l’unité de son être est détruite.

    Or, le clivage du Moi rend fou, disaient en substance les psychanalystes Bergeret et Lacan…

    Les troubles mentaux résultant de toutes ces maltraitances sont certainement non-quantifiables et sous-estimés.

    Les hommes continuent à détourner les découvertes scientifiques à leur profit, et à nier celles qui les dérangent.

    Dénoncer sans relâche ces réalités, exiger le respect de nous-mêmes, est un combat de chaque jour, sur tous les continents.

    http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/breves/53-nouvelles-breves/2842-salvador-avortement-interdit-meme-pour-sauver-vie

     

    Michelle. C. Drouault

     

     

     

     

     

     


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