• HOMMES ET FEMMES, LE DÉSASTRE…

    « La révélation des viols de Mazan a été celle du désastre des relations entre les hommes et les femmes »

    Ce sont les propos d’une féministe moderne interrogée par la presse sur la teneur de ce procès (Camille Froidevaux –Metterie) 

    Rappelons que le procès dont il est question est celui d’un homme, Dominique P, qui durant une dizaine d’années, a drogué sa femme à son insu (c’est d’ailleurs le nom du site sur lequel il proposait ces rencontres !) pour inviter des hommes à la violer, en état de soumission chimique totale. Ces hommes, au nombre d’une cinquantaine, sont également au ban des accusés. Car tous sauf un, qui est parti rapidement, sont passé à l’acte. Aucun n’a prévenu la police. Les hommes incriminés sont de toutes les classes sociales, et de tous les âges(entre 72 et 26 ans), toutes les professions. Beaucoup sont mariés.

     

    La victime a récusé le huis clos pour que le procès soit public. Elle a bien fait.

    Puisque dans sa perversion(ou sa prudence pour se couvrir ?) son époux a tout filmé, et qu’elle a autorisé le visionnage des vidéos, la Cour a pu voir en toute lumière ce que d’aucuns prétendent ignorer : la culture du viol à l’œuvre.

    Et pour se disculper, un des accusés a déclaré «  c’est sa femme, il fait ce qu’il veut avec ».

    Dont acte.

    Tout aussitôt, des hommes se sont précipités pour crier une fois de plus « NotAllMen »(pas tous les hommes !) comme si c’était cela le sujet ! Le sujet ce sont les actes que subissent les femmes dans nos sociétés.  Si des politiques se gargarisent de « nos valeurs » d’égalité homme-femme que devraient respecter tous ceux qui mettent un pied en France, les accusés semblent être de bons français.

    Je ferai une seule objection à l’autrice de ces propos : en l’occurrence, s’agit il vraiment de « relations » quand la recherche du non-consentement, de l’absence de possibilité de le donner, est le but poursuivi? En surface, Madame Gisèle P. avait une relation avec un époux qu’elle chérissait. En réalité, elle n’était qu’un objet utilisé pour réaliser des fantasmes.

     

    Un article récent du journal « Le Monde » a attiré mon attention, comme étant un autre aspect de ce désastre relationnel : il traite du nombre conséquent de femmes malades d’un cancer abandonnées par leur époux ou compagnon. 20%. Dans le cas inverse(c’est l’homme qui est malade) elles ne sont que 2,9% à abandonner le nid…  Etre une femme laisse 6 fois plus de risque d’être abandonnée en cas de maladie ou de handicap.

    Les interviews glacent le sang. Des conjoints qui ne viennent plus aux rendez vous médicaux, se désintéressent de l’état de santé de l’autre, pour finir par prendre la porte ou demander le divorce (prononcé à leurs torts, on espère ?).

    Des soignants qui relatent toutes ces femmes qui souffrent et meurent seules, parce que le conjoint, même sollicité pour les accompagner dans leurs derniers instants, n’a pas voulu venir. Ceux qui viennent, mais en compagnie de leur nouvelle petite amie..

    Pour avoir travaillé en oncologie dans les années 90, je peux confirmer que ces situations sont hélas courantes depuis longtemps.

    Mais le pire était à venir : certaines réactions de lecteurs hommes. Là encore, le sujet n’était pas la maladie, la souffrance des personnes en question, mais encore et toujours EUX.

    Le « NotAllMen » a resurgi . La journaliste caricaturait, ils étaient quand même 80% à rester!

    D’aucuns ont dit honnêtement que le spectacle de la souffrance et de la dégradation leur était insupportable. Certes. Il l’est pour nous tous. Est ce une raison pour partir? Abandonneraient ils leur enfant malade à l’hôpital? Non, cela leur paraîtrait monstrueux, ils auraient trop peur du jugement d’autrui sans doute. Donc l’amour n’est pas le même? L’amour pour une femme n’est pas inconditionnel ; elles ont une date de péremption, elles peuvent être jetées quand elles ne conviennent plus? Ne serait ce pas surtout lorsque la relation demande trop d’efforts?

    Saluons au passage le bref récit d’un lecteur indigné qui égrenne les chimiothérapies, rémissions, rechutes, de son épouse qu’il a toujours accompagnée et soutenue. Simplement parce qu’il l’aime. Tout est dit. Merci Monsieur, vous nous redonnez de l’espoir…

     

    A contrario, d’autres ont rechigné : ils sont restés, oui, mais c’était dur, il fallait faire la vaisselle et la cuisine, et côté sexe, ce n’était plus à l’ordre du jour… pas un mot pour les souffrances physiques et morales de la dame. Dans le corps de qui se trouvait donc la maladie? Pouvons nous considérer qu’une telle sécheresse de cœur, un tel égotisme, sont des maladies de l’âme? Un cynique s’est justifié de son infidélité… un interviewé a dit carrément que « le sexe n’était plus intéressant». Ils aimaient un corps mais certainement pas un être humain.

    Oui, ces faits sont un autre désastre. Un autre voile levé sur la façon dont les femmes sont considérées.

    Dans l’un et l’autre cas, des objets utilitaires.

    Ces hommes ne sont pas des « monstres ». Les accusés de Mizan sont des « Monsieur -Tout –le-Monde » bons professionnels et bons voisins. Sur un plateau de télévision, des intervenants doutaient de leur banalité en précisant qu’une dizaine avaient été victimes de violences sexuelles dans l’enfance, et que quelques autres avaient déjà un casier pour des infractions routières ou de petits délits ; comme si cela constituait des profils spécifiques. Ils sont seulement un échantillon classique de la société française.* 

    Les conjoints des femmes malades sont des hommes ordinaires.

    Un paisible grand père vient d’être condamné à 12 ans de réclusion criminelle pour le viol incestueux de sa petite-fille et des agressions sur ses petites-nièces. Sa petite ville est en émoi.

    Et nous avons appris récemment qu’un homme, un religieux que nous admirions, dont nous rejoignions, comme citoyenne ou comme chrétienne, les combats contre l’injustice ou la misère, avait lui aussi abusé de femmes, de femmes dans la détresse.

    La plaie reste béante.

    Le désastre demeure, qui doit être réparé.

    Faible raison d’espérer : la tribune publiée dans « Libération » de 200 jeunes hommes qui adjurent leurs congénères de se livrer à une urgente remise en question.

    D’être les alliés des femmes, comme beaucoup de jeunes Iraniens.

    Pour que nous nous relevions toutes, et tous.

    Nous avons besoin d’être relevés, pour que nos filles, nos petites-filles, n’en viennent à croire impossible de faire confiance à une personne du sexe opposé.

     

     

    Michelle DROUAULT

     

     

    *160 000 enfants par an sont victimes de violences sexuelles,  et ce dans toutes les couches de la société.  Soit 1 enfant toutes les 3 minutes, précise un site gouvernemental…

     


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