• ESPOIRS ET DÉSESPOIRS

    Le rapport de la Commission SAUVÉ, la CIASE( Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise) a mis en lumière des faits accablants, continus, et restés majoritairement impunis : des milliers de prêtres en France ont agressé sexuellement, voire violé, et placé en état de profonde détresse spirituelle, 330 000 enfants entre 1950 et les années 2000. Le chiffre donne le vertige.

     

    Il ne comprend pas les religieuses ou novices ayant également subi ce type d’agressions.

     

    Sans l’action courageuse de l’association « La Parole Libérée » fondée à Lyon par d’anciennes victimes, et la pugnacité d’organes de presse comme « Témoignage Chrétien », cette impunité scandaleuse aurait pu durer encore longtemps.

    « Grâce à Dieu, les faits sont prescrits ! » s’est exclamé un prélat….

    L’Eglise catholique n’est pas différente de la société civile : s’étant arrogé le pouvoir (ce que le Christ s’est évertué à leur dire de ne pas faire !) des hommes se sont pensés en droit d’user d’enfants et de jeunes femmes comme bon leur semblait.

    Mais-et c’est là aussi où le bât blesse-le problème est que l’Eglise institutionnelle se mêle depuis longtemps de morale sexuelle pour le commun des fidèles, sans jamais se regarder elle-même. Une morale souvent excluante (homosexuel(le)s, divorcés-remariés) irréaliste, voire inhumaine. Elle a lancé de terribles oukases. Oui, nous avons entendu des homélies homophobes, et des propos glaçants sur l’interdiction stricte d’avorter même pour des fillettes enceintes de viols incestueux.

    Oui, nous avons vu encourager d’oiseuses « thérapies de conversion », dans une ignorance abyssale de ce qu’est le psychisme humain.

    Savoir que dans le même temps, certains diocèses détournaient le regard de crimes sur des enfants à jamais blessés met dans un état de folle colère.

    Et nous nous sommes aperçus que ceux qui ne voulaient pas être exclus, à aucun prix, même si ils étaient auteurs ou complices involontaires, c’étaient les clercs !

    Les réactions consternantes de la Conférence des Evêques de France nous le prouvent.

    On aurait pu croire que, consciente de ces incroyables incohérences, la hiérarchie de l’Eglise ferait profil bas. Mais non !

    Invité par le Ministère de l’Intérieur à venir s’expliquer sur l’ampleur du phénomène des abus sexuels, le président de la CEF va mettre avec hauteur le secret de la confession au dessus des lois républicaines. !

    D’une part , ce n’est pas dans les confessionnaux que les agressions sexuelles sont dénoncées. D’autre part, certaines professions spécifiques (médecins, soignants, travailleurs sociaux, avocats, notaires) sont soumises déontologiquement à un secret professionnel QUI EST AUTOMATIQUEMENT LEVÉ dés qu’il s’agit de mineurs de moins de 15 ans.

    Pourquoi donc l’Eglise catholique pourrait elle déroger à la règle ??

    Dans une république laïque comme la nôtre, aucun organisme ne saurait faire exception.

    (Le Saint Père lui même a rappelé que les prêtres étaient soumis à la justice civile de leur pays. )

    Les propos de la CEF ont provoqué un tollé chez les fidèles ulcérés ; et une réponse cinglante du chef de l’Etat : « il n’y a RIEN au dessus des lois de la République »

    Sous le coup, peut être, de relever de la fameuse « loi sur les séparatismes » qui a fait couler beaucoup d’encre, et dans un souci d’apaisement, Mgr de Moulins-Beaufort a retiré ses dires.

    Du bout des lèvres ?

    D’autres évêques ou prêtres eux aussi « convoqués »  au ministère, se sont , eux, posés en victimes persécutées, sans aucun égard pour les véritables victimes des abus révélés.

    D’aucuns ont eu des mots très durs, à la limite de l’insulte, pour d’anciennes victimes courageuses qui s’exprimaient sur les ondes.

    Quant aux prêtres « de base », l’attitude de plusieurs d’entre eux a été pour le moins étonnante : ils ont avec allégresse « dédouané » l’institution de ses responsabilités, en les faisant peser sur les fidèles ! Si l’idée de faire contribuer financièrement ceux-ci aux réparations a vite été abandonnée sous les protestations, on leur a demandé dans quelques paroisses une sorte de « pénitence collective », parfois spectaculaire dans ses manifestations. Le prétexte étant que des familles, ayant connaissance des abus, ne les avaient pas dénoncés…on n’a plus de mots.

     

    L’ensemble de ces réactions dénote une évidence terrifiante : l’absence totale de prise de conscience de la gravité des faits, et de l’entière responsabilité de leurs auteurs, comme dans le civil.

    L’Eglise catholique est elle encore crédible ?

    Combien de fidèles vont ils se tourner vers l’Eglise Réformée ou orthodoxe ?

    Combien d’enfants de couples mixtes vont ils être écartés du catholicisme par un parent musulman ou juif,  légitimement effrayé de ce manque de prise de conscience ?

    Combien d’athées militants vont ils faire des émules, vociférant sans nuances sur la nocivité des religions ?

    Combien de femmes qu’on a voulu déposséder de leurs corps en invoquant fallacieusement des « enfants innocents » vont elles se détourner définitivement ?

    Combien d’anciennes victimes, que les faits aient duré quelques mois ou plusieurs années, qu’il s’agisse d’attouchements ou de viols, vont elles éprouver une invincible répulsion à remettre un pied à l’église ?

    Au milieu de ces questions qui me taraudent, un grand merci au religieux qui dans sa récente homélie, a dit que si les clercs avaient compris le sens du mot « ministère » c’est à dire « service » et non pas « pouvoir », bien des drames auraient été évités…

    Il m’a donné une faible lueur d’espoir. 

     

     

    Michelle. C. DROUAULT

     


  • Commentaires

    1
    Lévy
    Mercredi 20 Octobre 2021 à 22:55

    Applaudissez citoyen(ne)s. Applaudissez croyants et non croyants. Parce que, enfin, ce qu'il était juste d'écrire, enfin ce qui exposait une juste colère à la hauteur des faits et à l'exacte mesure de leur nature, a été publié.

    Et d'abord le diagnostic factuel dont tout devait procéder : "... ce n’est pas dans les confessionnaux que les agressions sexuelles sont dénoncées. D’autre part, certaines professions spécifiques (médecins, soignants, travailleurs sociaux, avocats, notaires) sont soumises déontologiquement à un secret professionnel QUI EST AUTOMATIQUEMENT LEVÉ dés qu’il s’agit de mineurs de moins de 15 ans.

    "Pourquoi donc l’Eglise catholique pourrait elle déroger à la règle ??

    Dans une république laïque comme la nôtre, aucun organisme ne saurait faire exception".

    Ensuite parce que les conséquences du secret, du déni, de l'esprit de pouvoir - le cléricalisme qui est indétachable de la configuration même d'une institution de gouvernance cultuelle - sont clairement posées. Oui, combien vont se détourner ? Combien vont juger sans appel et pas nécessairement dans le bon sens ?

    Et par ailleurs, parce qu'une analyse aussi juste dirige une réflexion utile et bénéfique. On peut en risquer deux ici.

    La première est qu'un clerc ayant, en confession, connaissance d'un crime - quel qu'il soit - est libre, en son âme et conscience, de ne pas le dénoncer. Non que la loi l'y autorise : si elle garantit le libre exercice des cultes, en l'espèce du sacrement catholique de la réconciliation, c'est toujours dans le respect de l'ordre public (on préfèrera parler du respect de la la législation sur laquelle se fonde la République). Le clerc, en l'espèce, et comme tout autre être humain qui choisit pour la même raison de faire silence d'un crime, exerce le droit général et imprescriptible à l'objection de conscience. 

    Une objection personnelle dont le clerc sait, dont tout objecteur de conscience sait, qu'elle l'expose à l'impersonnalité de la loi. Ce qui s'accorde à la grandeur morale que revendique tout(e) émule d'Antigone. Pour ce clerc, son geste d'objection connu, rien dans son état, rien dans son appartenance à une cléricature, ne saurait venir ensuite légitimer une indifférence du juge. Ni compter valablement dans l'adhésion éthique que l'opinion peut accorder à une objection de conscience.

    La seconde - et l'article de Michelle met bien l'accent sur l'aliénation millénaire de l'Eglise institutionnelle à une "morale sexuelle" faites d'oukases inhumains - parce que cette vérité est clairement dite : le catholicisme romain a hérité et s'est cuirassé dans une répulsion de la chair qui ne vient pas de la Bible, mais  d'une réinterprétation paulienne, précoce et missionnaire, puis d'une fixation dès les premiers siècles, sans doute attachée à des "névroses civilisationnelles" de ce temps. 

    Rien dans le judaïsme ne prononce une déchéance du corps : tout au contraire, ce corps est l'objet d'une "action de grâce" prescrite et continue; et la reproduction sexuée est lue dans la Genèse comme un inestimable don à l'Adam, créé homme et femme, accordé au moment de la séparation des deux corps. De ce point de vue, la filiation avec la sainteté du corps né de la Création se trouve dans le christianisme en un énoncé tel que celui du patriarche Athénagoras : "Ce que font un homme et une femme qui s'aiment derrière la porte de la chambre à coucher est forcément saint".

    Exactement l'opposé de l'opposition paulienne entre l'esprit qui élève et le corps qui abaisse et qui entraîne à la concupiscence - le mot recouvrira pour des siècles tout ce qui a trait à la sexualité humaine. 

    Comment ne pas en venir à penser que cette obsession à inscrire cette sexualité dans le péché, au point de confondre à peu de chose près la première et le second, porte en elle ce que l'Institution catholique expose aujourd'hui, et avec une puissance d'enracinement incomparable, comme constructions doctrinales, disciplinaires et organisationnelles provoquant son rejet : célibat des prêtre, exclusion des femmes des ministères ordonnés, pouvoirs de type patriarcal,  outrance de la récusation de la charité et de la dignité du prochain vis à vis, en vrac, de l'homosexualité et de l'avortement ... on n'hésite presque à énumérer des archaïsmes ou des arriérations à ce point rabâchées ...

    Et à aller, non jusqu'à établir un lien de causalité (qui serait par trop sommaire), mais jusqu'à orienter le projecteur d'éclairage sur le mépris et la détestation de la chair professés par l'Institution romaine en ce qu'ils produisent un facteur d'attraction vers une cléricature affichant une claustration mentale qui configure un lieu optimal d'accueil.

     

    2
    Imma
    Mercredi 8 Décembre 2021 à 15:35

    Bonjour,

    Votre page  contact ne fonctionne pas; je profite de ce commentaire pour vous communiquer l'annonce d'une traduction liturgique des Evangiles féministe:

     

    LES 4 ÉVANGILES Version liturgique: TRADUCTION AU FÉMININ MASCULIN

     

        Celle-ci est mise en  vente sous le pseudonyme « Imma » sur Amazon pour des raisons que vous pourrez lire dans l'ouvrage et dans la rubrique auteur de la page de vente. Vous pouvez cliquer sur le titre ci-dessus pour accéder à la page de vente.

     

        Par rapport à la première traduction LES 4 ÉVANGILES: TRADUCTION AU FÉMININ MASCULIN  parue en mai dernier, une cinquantaine de pages supplémentaires ont été nécessaires pour féminiser "à l'oreille" les textes des Évangiles.

     

        Vous trouverez ci-dessous le descriptif du livre qui illustre par quelques exemples les modifications textuelles qu'impose à la lecture orale une traduction incluant les femmes dans le message évangélique, dans la limite du cadre du message

     

    Merci d’avance si vous faites passer l’information dans votre média préféré, ou à vos contacts, ou sur vos pages facebook ou twitter en mettant le lien ci-dessus vers la page du livre.

     

    Merci également de faire connaître ces traductions à des personnes qui n'étant pas chrétiennes ou s'étant éloignées de nos églises, pourraient néanmoins être intéressées par la démarche originale de cette traduction qui rend présente les femmes dans ce texte deux fois millénaire.

     

     

     

     

    Cette nouvelle traduction au féminin masculin des 4 Évangiles reprend en large part la précédente,  LES 4 ÉVANGILES: TRADUCTION AU FÉMININ MASCULIN (Mai 2021), mais ici la féminisation du texte rend audible pour la lecture orale le féminin à côté du masculin. Cette féminisation spécifique est essentielle, car elle participe de la vocation première de ces textes qui est d’être proclamés dans le cadre d’une célébration religieuse. Prenons par exemple le rite de la communion tel qu'il est présenté dans Matthieu 26:

     

    26 Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps.

     

    27 Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous et toutes;

     

    Dans la traduction précédente, le féminin se voit, sans avoir à être prononcé : "Buvez-en tout.e.s"; dans la traduction liturgique que nous proposons ici, le féminin s’entend "Buvez-en tous et toutes".  La féminisation se réalise aussi souvent que possible, avant ou après le masculin, et de façon alternative. Ainsi dans Jean 13:

     

    34 Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns, les unes les autres ; comme je vous ai aimé.e.s, vous aussi, aimez-vous les uns, les unes les autres.
    35 À ceci toutes et tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les unes, les uns pour les autres.

     

    La première traduction féminisait simplement par la lecture " les un.e.s, les autres" et "les un.e.s pour les autres". La pratique du doublet avec l'emploi de la coordination est généralisée aux noms et aux adjectifs substantivés, aussi souvent que la langue le permet. Ainsi à propos de Jean-Baptiste en Jn 3-6:

     

    5 Les habitants et habitantes de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui ;

     

    Enfin, certains termes peu usités en Français contemporain ont été actualisés, remplacés: dans le Magnificat, "miséricorde" a été remplacé par "amour" (Luc 1-50 ,54,58, 72); d'autres ont été choisis délibérément en conformité au sens usuel de la langue grecque comme "jeune fille" au lieu de "vierge" (Matt. 1-23 et Luc 1-27). En ce sens cette traduction choisit de ne pas reprendre les interprétations patriarcales du texte grec des Evangiles, initialement produites par sa traduction en latin et reproduites dans certaines traductions en français.

     

         Cette deuxième traduction manifeste donc oralement la présence du féminin dans ces textes initialement rédigés de manière masculino-centrée, pour que le féminin s’entende lors de la liturgie, et pour que leurs messages nous concernent directement, toutes et tous, alors qu’ils ont été transmis pendant plusieurs millénaires dans des langues et des traditions théologiques et religieuses où tout se dit et s’écrit à l’aune du masculin, prétendant représenter l’humanité entière.

     

    La publication s’inscrit dans une série de réécritures de textes religieux intitulée « Écritures au féminin » qui a pour objectif la féminisation de tout texte religieux, quelle que soit son appartenance.

     

     

     

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