-
PERCEPTION TROUBLE
Depuis quelques temps, l’intolérance à la frustration du constat que la réalité n’est pas en phase avec le ressenti, les souhaits ou les projets de personnes ou de groupes, semble avoir atteint un paroxysme. Et au déni s’ajoutent la censure et la violence.
Le déni : malgré des images explicites dont l’authenticité ne peut être mise en doute, et de nombreux témoignages, des politiques français persistent à nier l’existence de violences policières envers des personnes pacifiques-parfois des journalistes « couvrant »une manifestation, ou des personnes « en marge » de celle-ci se trouvant simplement dans un périmètre de « nassage »- Le déni est allé jusqu’à incriminer pour ses interrogations sur les libertés publiques, une association de défense des Droits Humains ayant son origine dans l’affaire Dreyfus. Il s’est poursuivi avec la mise en cause de la Contrôleuse des Lieux de Détention & de Privation de Liberté comme « excédant ses compétences » (sic) parce qu’elle avait réuni des témoignages d’arrestations préventives de personnes n’ayant commis aucune infraction, parfois dans des conditions humiliantes.
Ces violences ont blessé physiquement ou moralement des personnes, parfois les ont invalidées temporairement(certaines ont été reconnues en incapacité de travailler X jours).
Les conséquences sont tangibles. Chacun aimerait mieux qu’elles n’aient pas eu lieu, mais pointer le doigt sur ceux qui les dénoncent, pas sur les responsables, ne guérira pas les blessures, et n’empêchera pas les récidives : on ne peut comprendre les causes de quelque chose qui n’existe pas.La censure et la violence : le harcèlement pour « transphobie » supposée de personnes qui continuent à affirmer la réalité biologique de 2 sexes dans l’espèce humaine, bénéficie d’une étrange indulgence. Selon les harceleurs, le sexe ne serait qu’une construction sociale-ils le confondent avec le genre hiérarchisé- et dire le contraire serait une « insulte » aux personnes transgenres….On ne peut se borner à hausser les épaules. Parce que les harceleurs et harceleuses, non seulement sont imperméables à tout débat, mais deviennent extrêmement menaçants. Aussi bien en Europe qu’en Amérique et en Australie, ils ont déjà fait annuler un nombre considérable de débats sur les études de genre, et de débats féministes au prétexte qu’ils excluraient les « femmes trans »(hommes s’identifiant femme) Ils exercent sur les organisateurs des évènements, les auteurs & autrices, les universitaires, des pressions insupportables. Beaucoup d’entre eux ont été menacés de mort.
Les menaces de mort anonymes sont de nos jours devenues monnaie courante.
En effet, quoi de mieux que la mort pour faire taire définitivement quelqu’un ? En apparence seulement, un peu de culture historique aurait appris à ces délictueux que les idées et les découvertes sont éternelles, et survivent aux condamnés pour hérésie. La condamnation de Galilée n’a pas empêché la terre de tourner… Nous voici en effet confrontés à de véritables procès en hérésie : des activistes veulent imposer un point de vue contestable(le sexe est une illusion) au monde entier sous la pression et la menace : ce sont les nouveaux bigots. Une régression à la « Cabale des Dévots ».
Le plus alarmant dans la pluralité de ces menaces violentes contemporaines, quel que soit le sujet des désaccords, est la volonté féroce de faire taire. Affûter des arguments , provoquer des controverses, profiter justement , de l’existence de débats pour venir expliquer son point de vue, aurait été, en France, conforme à nos attentes dans une société héritière des Lumières.
Il n’en est rien. Plongés dans les ténèbres, nous devons nous convertir au transgenrisme ou mourir. Un premier procès pour « mégenrage » se prépare( une femme est accusée d’avoir dit publiquement à un homme s’identifiant femme qu’elle persistait à voir en lui/elle un homme)
S’il a lieu , ce procès ne serait il jamais qu’un de plus fait à une femme pour avoir manqué de respect à une idéologie masculine…. ?
Ajoutons que, de manière générale, il arrive malheureusement que les menaces de mort envers des personnes dont on ne partage pas les options se concrètisent : le maire d’une commune de Loire Atlantique vient de démissionner suite à la tentative d’incendie de son domicile familial en pleine nuit. Ce qui lui est reproché ? avoir voulu créer un centre d’accueil pour migrants. De tels centres, il le souligne, n’ont créé aucun souci dans d’autres communes.
Mais cela a déplu…cette démission est désolante. Le manque de soutien de l’Etat que déplore l’édile est inquiétant.Enfin, le déni et la censure sous la forme de négationnisme et de réécriture de l’Histoire , se répandent comme un trainée de poudre.
Voici une vingtaine d’années, un centre de recherche historique sur la Shoah a vu le jour en Pologne, dirigé par la professeure Barbara ENGELKING, au sein de l’Académie des Sciences de Pologne. Une revue à portée internationale a été publiée, ainsi que de multiples ouvrages.
Un des sujets de recherche est les relations entre Juifs et non-juifs en Pologne pendant la période de la Deuxième Guerre Mondiale. Ces relations ont été tendues.
Or, depuis 2015, il semble que la réalité de ces relations ne plaise pas à ceux qui veulent donner de la Pologne une image héroïque uniforme. Les attaques polonaises contre ce centre ont été récurrentes.
Au cours d’une récente émission télévisée consacrée à l’anniversaire de la révolte du ghetto de Varsovie, Madame Engelking a sobrement constaté que les Juifs captifs du ghetto avaient été déçus du manque de soutien de la population polonaise dans son ensemble, et s’étaient sentis abandonnés.
Ces propos ont provoqué d’énergiques protestations gouvernementales, qui a évoqué la possibilité d’imposer sur ces sujets une « politique historique patriotique » qui ne comporterait pas de recherche critique. Le gouvernement envisage des sanctions contre la professeure Engelking et l’éventuelle fermeture de son centre de recherche.
Le ministre de l’Education nationale polonais, M. Czarnek a assimilé la critique historique à l’insulte envers la population, et déclaré ne plus vouloir subventionner le centre.
Une pétition d’intellectuels et de scientifiques polonais soutient fermement Mme Engelking, et en France, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Il est de notoriété publique, hélas, que de nombreux juifs polonais ont souffert du manque de solidarité des non-juifs. Ce qui explique d’ailleurs la grande migration des survivants des camps dans d’autres pays plus accueillants après guerre, USA, Canada, Israël.
La lecture de la bande dessinée d’Art. Spiegelman « MAUSWITZ » est un excellent documentaire sur le sujet.
La liberté d’expression est ainsi tellement mise à mal que les jeunes polonais sont menacés de ne plus être en mesure de se faire une idée claire de leur Histoire. Et d’œuvrer pour qu’elle ne se reproduise pas.
Les dommages causés à notre stabilité mentale par ces coups de boutoir, sont plus conséquents qu’il ne paraît.
En effet, nous finissons par ne plus avoir confiance en notre propre jugement :
Si précipiter à terre une personne désarmée et non agressive , et la rouer de coups est réputé comme une « réponse proportionnée » (à quoi exactement ?)le langage contredit ce que nos yeux voient. Il en est de même lorsqu’on veut nous persuader que des colosses d’1,80 m à la poitrine plate sont de femmes parce qu’ils/elles portent des talons et des boucles d’oreille, et qu’ils peuvent concourir avec des femmes en compétition sportive sans les léser.
Si on nous présente les agresseurs en victimes, les indifférents en héros, notre identité sexuelle en illusion, notre cerveau ne comprend plus, et notre capacité à évaluer le monde se trouve compromise.
C’est ce qui est arrivé à un politicien canadien à qui on a demandé de définir ce qu’est une femme : il ne savait pas, tant le nombre de messages contradictoires sur le sujet avaient brouillé sa perception.
C’est terrible. Car alors , combien nous allons être vulnérables à des politiques autoritaires qui voudront nous mener où elles veulent…c’est à dire où est leur interêt. Pas le nôtre…
Michelle C. DROUAULT
-
Commentaires