• L’AMÉRIQUE INSIDIEUSE ; L’ISLAM IMAGINAIRE…

    Une rumeur circule depuis déjà une bonne décennie, sur une éventuelle « islamisation » de la société française.

    De quoi est il question exactement ?

    Tout d’abord, qu’on se rassure, nous vivons toujours sous le calendrier grégorien, et pas celui de l’Égire !

    Les jours fériés officiels sont toujours ceux des fêtes catholiques(orthodoxes et coptes doivent solliciter d’autres jours de congé, comme les fidèles d’autres confessions). Cet état de fait pourrait être considéré comme une entorse à la séparation des Eglises et de l’Etat, qui est censé ne « reconnaître » aucun culte….

    On aurait pu imaginer des fêtes chômées par roulement : 5 ans de fêtes chrétiennes, 5 ans de fêtes juives, 5 ans de fêtes musulmanes….ce qui aurait contribué à un mieux-vivre ensemble, une meilleure connaissance des autres. Mais cela n’a pas été fait. Dont acte.

    Les bâtiments de culte les plus nombreux demeurent les églises catholiques, suivis par les temples de l’Eglise Réformée Unie. Les mosquées sont beaucoup moins nombreuses encore que les synagogues ; notons d’ailleurs que personne n’a songé à compter le nombre de synagogues existantes dans les grandes villes, comme certains s’évertuent à le faire pour les lieux de culte musulmans…

     

    Une véritable « islamisation » signifierait que le nombre de musulmans déclarés augmente de façon significative, et ce autant par conversions que par apport de nouveaux arrivants musulmans.

    Or, si la population étrangère établie sur le sol français ne représente que 7% de la population totale, elle est loin d’être uniquement musulmane(polonais, roumains, asiatiques, ukrainiens depuis 2022, pour ne citer qu’eux).

    Par ailleurs, y aurait il de plus en plus de français musulmans ? Il y a des descendants d’algériens, de tunisiens, de marocains, nés en France de parents eux mêmes français puisque ces territoires étaient un département français, et des protectorats français.

    Donc à supposer que, selon les souhaits de la majorité des personnes qui crient actuellement à l »islamisation », l’Algérie soit demeurée française, ce nombre serait le même..

    Beaucoup de ces descendants se décrivent comme étant simplement de culture musulmane, et pas forcément pratiquants.

    Ajoutons que souvent, les tenants de « l’immigration zéro » ignorent ou oublient que les Irakiens, les Syriens, les Libanais sont en partie chrétiens, de même que les Nigérians, et une majorité d’Ethiopiens et de Rwandais(récemment des-bas-du-front britanniques ont incendié des mosquées après le meurtre de 3 fillettes par un citoyen britannique d’origine rwandaise, élevé en catholique !)

    Si on ne peut nier que l’Islam politique militant, dont l’emprise est relativement marginale en France, soit relié à des organisations terroristes, et présente un danger réel , on n’a pas l’impression que cela soit le sujet : en effet, des musulmans combattent ce même islam politique en Iran, en Afghanistan, le subissent au Nigeria (Boko Haram) ; et c’est bien l’islam « ordinaire » qui est visé en France, accusé de vouloir s’imposer, et d’imposer, surtout un « mode de vie ».

    L’expression « notre mode de vie » répétée ad libitum a de quoi surprendre.

    D’abord parce que le mode de vie de chacun, en démocratie, est libre, et ne saurait être contraint ; ensuite parce qu’on se demande ce que le mode de vie français peut avoir de si extraordinaire qu’il doive servir de modèle ?

    Reprenons la rhétorique des pourfendeurs de l’islam courant : l’égalité femmes/hommes.

    Une égalité à laquelle ces messieurs (en majorité) ne s’intéressent que lorsqu’il s’agit de l’immigration. Ils encaissent sans sourciller les 23% d’écart de salaire en défaveur des femmes, les 40% d’écart de niveau de retraite, et les 30% de représentantes parlementaires ; un des taux les plus faibles d’Europe avec la Grèce…

    De même, le collectif pseudo féministe, allié à l’extrème droite « Némésis », dénonce les viols  commis par des étrangers, alors dans 87% des cas, la victime connaissait son violeur, et que dans 37% des cas , il s’agissait de son conjoint…mis en équation avec le taux de population étrangère, c’est absurde.

    Quant à la liberté des femmes de circuler librement sans se faire harceler, elle n’a pas attendu qu’il y ait des étrangers pour être mise à mal. Personne n’a jamais remis en question le droit tacite des hommes à interpeller les femmes dans l’espace public, à juger leurs tenues, et on continue à les tenir pour responsables des agressions qu’elles subissent…*

     

    Notre « mode de vie » consiste aussi à boire de l’alcool : l’apéritif serait en France, une véritable institution…est ce si glorieux ? L’alcool est responsable de 49 000 décès par an, et désinhibe les personnes violentes. L’incitation à boire en société est ressentie par beaucoup comme pénible, preuve de virilité, de convivialité ? Et si c’est une femme qui s’abstient, on la suppose immédiatement enceinte…

    Je ne vois donc aucun motif de fierté spécifique du « mode de vie » occidental et français.

     

    Par contre, j’ai relevé une américanisation galopante de la société française, passée pratiquement inaperçue tant elle s’est banalisée. Et lorsqu’on y regarde de prés , cette américanisation est bien plus prégnante  qu’une prétendue « islamisation ».

    C’est dans un double but économique que les USA ont créé après guerre le modèle de la ménagère au foyer super consommatrice : réserver les emplois aux hommes, et augmenter la consommation et la croissance. Ce modèle n’a pas pris en France. Ou très peu. Mais les mœurs américaines, à partir des années 60, ont commencé à s’infiltrer doucement : les jouets genrés, l’accent mis sur une soi-disant attirance des petites filles pour la couleur rose et les colifichets, les figures de « pin-up »…dont l’actrice Brigitte Bardot s’est visiblement inspirée ; la notion de « week end » ..(les français ont travaillé le samedi jusqu’en 65).

     Après une période de stagnation, l’américanisation est revenue en force dans les années 90. D’abord par le biais de l’alimentaire :  les restaurants Mac Donald ont pris un essor considérable. A l’aide d’une publicité tapageuse, indiqués partout, dans les villes, sur les autoroutes, les routes ; en un clin d’œil, ils sont devenus quasi plus courants que les boulangeries… ont suivi les « Quick » et les typiquement nord-américains «  Kentucky Fried Chicken ».

    Comment une nation reine de la Gastronomie, où avant les 35 heures, tout le monde prenait un minimum d’une heure et demi pour déjeuner, la nation de Rebuchon, a t elle pu sacrifier à de la « bouffe rapide », mangée avec les doigts ? On n’a entendu personne s’en alarmer, jusqu’à ce que tout à coup, le taux d’obésité chez les jeunes se mette à grimper , et les quelques feuilles de salade servies avec les sandwiches, ainsi que l’incitation à « bouger » devenues obligatoires dans les publicités, n’y ont rien changé : c’est une nourriture peu couteuse plébiscitée par les jeunes.

    Le nombre de familles allant traditionnellement prendre leur repas du samedi dans un fast-food est devenu conséquent. Certaines enseignes ont astucieusement proposé aux parents de fêter l’anniversaire de leur enfant au fast-food, avec une animatrice qui leur épargnait tout effort.. c’était gagné ! le « mode de vie américain » était là. (Ces restaurants ont eu moins de succès dans d’autres pays d’Europe, la population ayant boudé leurs produits salés pour ne consommer en priorité que le sucré(Europe de l’Est).

    Le plaisir de faire la cuisine avait il disparu au profit d’une restauration bon marché ?

    Pour que la mère de famille se repose d’une cuisine quotidienne un peu astreignante, autrefois,  c’était le dimanche que les familles allaient dans de petits restaurants ou partaient en pique-nique dés les beaux jours…. De nombreuses photos des années 50, 60, 70, en attestent.

    Il y a donc bien eu une transformation du mode de vie, qui a influé sur la santé publique.

    Car l’obésité est facteur de diabète, de pathologies cardio-vasculaires à l’âge adulte, entre autres.

    Ont suivi les films, séries, sit-coms américains télévisés, qui ont envahi les écrans.

    Les USA sont bien plus éloignés que le Royaume Uni , l’Espagne ou le Portugal, mais les français ont été gavés d’images de familles modèles dans des quartiers pavillonnaires, avec le panier de basket à l’arrière de la maison, la pelouse bien tondue, la ménagère transportant éternellement des paniers à linge de ses mains manucurées…de ‘Ma Sorcière Bien Aimée » à « Desesperate Housewives », ces séries ont glissé vers le sarcasme et la critique, certes, mais…

    Enfin, la « déchristianisation » de société française, sa laïcisation, a entraîné une chute spectaculaire des prénoms du calendrier chrétien pour les nouveaux nés, prénoms de saints & saintes ayant tous une histoire spécifique, qui avait entraîné leur canonisation. Mais ce n’est pas au profit de prénoms musulmans ! Du tout. Ce sont les personnages fictifs de ces séries américaines qui sont devenus les héros des temps modernes, dont on donne les prénoms à ses enfants, ainsi parfois que des personnages de films : le nombre de petits « Ryan » a explosé après le film « Il faut sauver le soldat Ryan », mais aussi les Dylan, Djeyson, Jonathan,  Jordan, Loanna, Louanne, Charlène, Charlize….j’ai même vu des jumeaux dénommés « Jonathan et Jennifer » en référence à la fameuse série « les Justiciers Milliardaires »…ou de personnages de B.D, Enzo, Corto.. Doit on le déplorer ? les saints ne sont pas imaginaires, leurs prouesses le sont parfois ; sont ce de meilleurs modèles ? Les références à un ou une aïeule chéri ou exemplaire ne semblent plus avoir le vent en poupe, sauf exceptions. Restent les prénoms régionaux, qui persistent : Loïc, Soisick ou Magali se donnent encore fréquemment.

    Mais contrairement à une pseudo carte des « petits Mohammed » envahissants élaborée par des obsessionnels, ceux –çi demeurent tout à fait minoritaires.

     

    Plus grave, certaines idéologies nées aux USA ont infiltré la France : le masculinisme, les « incels » (célibataires involontaires) qui revendiquent le libre accès aux femmes, même non consentantes, puisqu’aucune ne semble vouloir faire le choix d’être leur compagne.

    Ces deux mouvements comprennent des groupuscules ou individus violents, qui se sont rendu coupables de tueries de masse en Amérique du Nord. (École Polytechnique de Montréal, massacre de Charlotteville)

    Ils ont rendu populaire l’idée que les femmes avaient pris le pouvoir, et que les hommes étaient devenus victimes. Quelques statistiques (qu’ils contestent ou ne veulent pas entendre) leur remettraient les idées en place sur qui sont les réelles victimes, et surtout les auteurs de crimes et délits :à 96% des hommes pour ce qui est de la France.

    En France sévissait surtout le machisme classique du « charbonnier est maître chez soi » et « elle l’a bien cherché », mais aucune revendication collective d’une classe des hommes visant à remettre les femmes « à leur place » n’existait.

    Ces hommes-même les pacifiques qui ne font que répandre leurs idées sur les réseaux sociaux- ont récemment promu un concept masculiniste ultra-conservateur directement venu des USA : le « body count », version revisitée de la « maman et la putain » mais qui fait de la femme un objet stricto sensu : à partir d’un certain nombre d’amants, une femme est bonne à jeter pour avoir été trop « utilisée ». Donc, n’en faites pas la compagne de votre vie !…ils se permettent d’ailleurs de donner des injonctions aux femmes dans le sens d’une « préservation » de leur corps, qui naturellement, ne s’applique pas au corps masculin…

    Ce concept hélas fait recette, et des jeunes femmes se culpabilisent déjà…

     

    Depuis quelques années, l’idéologie « Queer » a fait couler beaucoup d’encre. Elle a été initialement portée par l’autrice américaine Judith Butler, intéressante dans sa dénonciation du sort réservé aux femmes dans toutes les sociétés, mais qui prétend résoudre le problème par un effacement des catégories.(plus de « femmes », plus d’oppression ??)

    Sans aucune réflexion critique, ni prudence, les média français se sont précipités faire la louange de notions telles que la « non binarité » et  la « transidentité », dans une énorme confusion entre sexe et genre jamais remise en question. L’intolérance des groupes adeptes de cette idéologie dans le monde anglophone(USA, Royaume Uni, Australie, Canada) :attaques « ad hominem », menaces, vindictes, harcèlement, annulations de meetings ou conférences de certains auteurs par la force) ne les ont pas troublés : ils les ignorent, ou pire, hurlent avec les loups….

    Je n’irai pas jusqu’à compter le nombre de mots américains qui se sont imposés dans le langage des français, alors que les termes francophones existent amplement : « date » pour rendez vous ; « smart » pour futé ou intelligent, « ghoster » pour faire le mort ;  « fake » pour faux, « drive » pour achat en voiture, il en existe certainement des centaines d’autres.

    Or, une langue est une manière de penser.

    La pensée anglo-américaine a donc pénétré de nombreuse couches de la société, surtout dans les jeunes entreprises (»open space » « coaching » « manager ») ainsi que le contestable concept de « bureau mobile » : le travailleur n’a plus d’espace personnalisé dédié à son poste. Une déshumanisation certaine du travail. En progression constante.

    Mis en parallèle avec quelques femmes en niqab (qui n’est pas une tenue religieuse mais d’Arabie saoudite, rappelons le) et quelques quartiers de banlieue parisienne ou lyonnaise où effectivement, on compte pas mal de femmes voilées-et alors ?- l’infiltration d’une culture étrangère n’est pas celle qu’on croit…

    Le voile en France a t il un rapport avec le harcèlement des filles et des femmes dans l’espace public ? C’est un autre débat, mais la question et rarement posée. Elle le mériterait.

    Certaines féministes persistent à parler de soumission, mais la soumission à l’idée de « body count » est elle meilleure ?

    Je laisse les lectrices et lecteurs en juger, le débat reste ouvert….

    Michelle DROUAULT

     

    * Il n’en faut pour preuve que les propos des défenseurs de 2 rugbymen accusés de viol : la victime aurait suivi de son plein gré les agresseurs dans leur chambre. Ce qui revient à affirmer que les hommes sont de véritables bêtes, et que demeurer seule avec eux dans leur habitation ou leur chambre équivaut à un permis de violer… ces affirmations sont à comparer avec l’expertise médico-légale, qui constate des lésions d’une rare violence…


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