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Bushra Almutawakel, une photographe inspirée !
Bushra Almutawakel, est une photographe Yéménite qui vit et travaille à Sanaa.
Née en 1969, elle est diplômée de l’Université d’Atlanta, en Géorgie, USA.
Elle a travaillé pour des organisations internationales et humanitaires, avant de se consacrer à son propre travail photographique.
En 1990, elle a été la première femme photographe au Yémen.
A travers la photo, le but de cette artiste est le questionnement des normes.
Elle cherche à provoquer des débats sur les normes sociales. Ses images questionnent les manières dont les peuples les jugent, et ce qu’ils en font.
Les questions d’identité sont un enjeu central de son travail.
Ses principales œuvres sont : « Disparition » (2009), série de photos désormais devenues célèbres ; et récemment « What If », une autre série qui interroge le costume en fonction du genre des individus
http://www.slate.fr/grand-format/cinquante-nuances-de-voile-65983
Le travail de Bushra m’a beaucoup intéressée, parce qu’il aborde la question du voile d’une façon particulière. On lui a reproché de critiquer et de défendre le voile, tout ensemble.
Mais c’est plus complexe.
Dans une de ses interviews, elle explique que « beaucoup de gens en Europe sont persuadés que les femmes voilées sont opprimées, arriérées, et non éduquées ; et c’est absolument faux ! »
Ce qu’elle estime abusif, c’est de couvrir les petites filles (« il n’existe aucune recommandation à ce sujet dans l’Islam », précise-t-elle), ou les costumes de niqab qui ne laissent voir que les yeux, ou pire, obturent aussi le regard des femmes.
Ne pas pouvoir voir les lèvres de celle qui parle, ou son regard, est pour elle une amputation, un effacement dramatique.
Son approche de la dissimulation, du masque, est intéressante : elle établit un parallèle entre le voile intégral et le maquillage épais et stéréotypé en Europe : dans les deux cas, une femme est dissimulée derrière un masque social.
A titre personnel, elle préfère les voiles traditionnels de couleur bariolée, qui ne couvrent pas totalement la chevelure ; et ont plutôt une connotation culturelle.
Cependant, la loi française sur le voile intégral lui est apparu comme une interférence avec les droits humains de chaque individu de se couvrir ou se découvrir comme il (ou elle) veut, et de se vêtir à sa convenance.
C’est aussi ainsi que je l’avais ressenti, et ma position avait énormément de difficulté à se faire entendre en France, tant les stéréotypes sur les Musulmans sont prégnants.
L’humour de Bushra n’est pas compris de tout le monde.
Elle interroge les normes de genre par une attitude ludique, en bousculant les attentes du spectateur.
Sa deuxième série a été très mal comprise en Occident : certains croyaient qu’elle souhaitait le port du voile pour les hommes aussi !!!
Pour le moment, elle travaille sur les poupées ; la poupée « Fulla », homologue orientale de la poupée Barbie, qui porte une garde-robe d’abayas, de hijabs, et de costumes traditionnels orientaux. A travers une poupée, dit-elle, on peut faire passer beaucoup de messages et de questions.
Bienvenue à Bushra Amultawakel dans la ronde des femmes créatrices !
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