• LES BEAUX CISEAUX D’ANASTASIE, le retour ?

    Le 3 aout 1914, fut crée en hâte le « bureau de presse du Ministère de la Guerre », dont le but, par la censure médiatique, était d’empêcher tout à la fois de renseigner l’ennemi, et démoraliser les troupes.

    Convaincus  par l’Union Sacrée, les journaux s’exécutèrent d’abord. Pas pour longtemps.

    En septembre 14, Clémenceau dénonce dans « L’Homme Libre » les conditions épouvantables de transport des blessés.

    Alors, la censure, surnommée du sobriquet de « ciseaux d’Anastasie », s’active, et découpe avec zèle : certains journaux paraissent même avec une page blanche !

    Les courriers envoyés aux soldats, et ceux qu’ils écrivent, passent également par les bons soins d’Anastasie, qui biffe des lignes entières…

    Sur Verdun, sur les grèves dans les usines, impossible d’avoir des informations.

     

    La censure réapparait sous le gouvernement de Vichy (qu’il était interdit d’appeler ainsi !)

    La loi du 27 aout 1939 établissant la censure est utilisée pour contrôler à tout va les publications, et se joint à celle de mars 1940, créant le « Ministère de l’Information ».

    Puis, double peine, intervient la censure de l’occupant : une note du 22/11/1940 à la presse l’oblige à publier un article par jour à la louange de la collaboration !

    Ensuite, le 18 décembre 1942, est publié par les autorités allemandes un décret concernant la confection et la distribution de tracts, de toutes catégories, qui sont proscrits.

    La transgression est punie d’emprisonnement, de travaux forcés, voire de la peine de mort (sont visés les tracts gaullistes ou communistes)

    Néanmoins, la censure littéraire proprement dite, elle, est plus précoce : le 27 aout 1940, a lieu un raid de soldats allemands sur les librairies parisiennes :20 000 livres sont confisqués, 143 textes « non désirables « interdits ; et un mois plus tard, le 27 septembre 40, cela recommence. 

     70 éditeurs sont alors visés, 11 maisons d’édition fermées, et 713 362 livres saisis.

    Certains éditeurs « négocient », ou signent des « contrats d’auto-censure » pour arriver à surnager sans contrarier l’occupant ou le régime…

    Et ce sont plutôt ces faits qui m’ont interpellée sur une similitude avec nos temps modernes :

    Peut on estimer qu’actuellement, des organes de presse se censurent pour n’aborder qu’en biaisant des sujets qui fâchent ? que des recteurs d’Université pratiquent une censure répressive des inquiétudes légitimes de la jeunesse ? que des groupes d’activistes cherchent à faire taire, par tous les moyens, toute critique, toute opposition à leur idéologie ?

    Que les autorités ont peur des avis divergents sur les conflits mondiaux actuels et utilisent les lois existantes pour les silencier ?

    Je dirais oui. Et les ciseaux d’Anastasie (le nom signifie « renaissance » en grec !) ont encore de beaux jours devant eux.

     

    Une récente tribune dans « Le Monde » titrait « La lutte contre le terrorisme sert à discréditer les humanistes et les défenseurs des droits(…) dont l’objectif est de dénoncer les violations du droit international »

     

    Les signataires faisaient allusion à la convocation par la police d’une parlementaire pour « apologie du terrorisme », évènement sans précédent, il est vrai, dans l’histoire de notre démocratie française, et ce quelques jours après l’annulation à Lille d’une conférence sur la Palestine de la candidate tête de liste « La France Insoumise » aux élections européennes, Rima Hassan ; et du président du parti, Jean Luc Mélenchon.

    Parallèlement, dans le département du Nord, un syndicaliste était inquiété pour un tract, pour les mêmes raisons….

    Il ne nous appartient pas de commenter ces convocations. Néanmoins elles ont ému au delà de nos frontières. Ont suivi des évacuations d’étudiants reconnus comme pacifiques dans une Université parisienne, mais étiquetés « pro-palestiniens ». Et d’autres…

    Le même phénomène est en train d’avoir lieu aux USA, triste photocopie des occupations des campus lors de la guerre du Vietnam. On traitait alors de dangereux trublions gauchistes des jeunes hommes et femmes qui avaient compris bien avant l’heure la tragédie destructrice de cette guerre…j’en garde la mémoire, j’étais tout prés, au Canada…

    Peut on désapprouver à présent l’inquiétude la jeunesse devant le martyre d’un peuple pris en tenaille entre un mouvement terroriste, et la riposte disproportionnée de l’Etat qu’il a agressé ? L’armée d’Israël attaque des hôpitaux, où soignants et patients meurent sous les bombes ou faute de soins, des écoles, des convois humanitaires, des habitations de civils.

    Tout cela est bien documenté par la presse internationale. Des médecins humanitaires disent n’avoir jamais rien vécu de semblable dans l’horreur. Nous devrions tous être inquiets.

    On ne peut jeter la suspicion d’antisémitisme sur tous ceux qui s’alarment.

    Ni traiter de « pro-terroristes » à la légère les jeunes qui s’indignent. C’est quand la jeunesse cesse de se révolter tant elle est mise sous le boisseau, que l’heure est grave.

    Et si nous tolérons ailleurs les violations flagrantes du droit international, nous pourrions bien en être un jour victimes..

     

    Une autre censure contemporaine a attiré mon attention :  la censure par la maire de Paris de la publicité pour un livre qu’elle n’avait , de toute évidence , pas lu. L’ouvrage « Transmania »* qui évoque les ravages du genre sur les adolescents vulnérables, est qualifié de « transphobe ». Or, quand on sait que sont baptisés « transphobes » tous ceux et celles qui persistent à affirmer la réalité scientifique que l’espèce humaine est sexuellement binaire, il faut croire que les facultés de Sciences et les laboratoires de biologie sont des nids de transphobes !

    Le seul résultat a été une ruée sur l’ouvrage, qui caracole en tête des meilleures ventes récentes…

    Sur le sujet ô combien complexe de la « transidentité », la censure a ouvert grand ses ciseaux, refusant tout débat : partout, dans le monde occidental, les personnes exprimant des craintes sur les traitements hormonaux prescrits avec précipitation et sans discernement à des adolescent-e-s(70% de filles) et les chirurgies mutilantes, ont été empêchées de parler, de donner des conférences ; insultées in situ, harcelées, vilipendées sur les réseaux sociaux.

    Voici 2 mois, une chercheuse canadienne en sociologie était invitée à donner une conférence au ministère de la Justice sur l’importance des données de sexe dans les statistiques criminelles. Elle s’est vu notifier l’annulation de sa conférence sans explication au dernier moment.

    En France, le livre « Transmania » étant impossible à saisir, ou retirer des librairies, les activistes intimident les libraires pour qu’ils le cachent et empêchent les lecteurs d’y accéder ; ou encore viennent eux mêmes coller à l’intérieur des « avertissements » pour les décourager et les prévenir des « horreurs » qu’ils vont lire.

    Les autrices ont subi des menaces incessantes sur les réseaux sociaux, y compris des menaces de mort explicites. Des journalistes ont voulu les inviter sur les ondes pour débattre de leur ouvrage, puis ont envoyé discrètement leurs regrets : ils s’étaient fait « recadrer » par leur direction.  Anastasie, toujours….

    La dernière manifestation pour les « droits des trans »(qui semblent n’avoir jamais été menacés, puisqu’ils recoupent ceux des hommes) a laissé voir des pancartes limpides sur la censure : « Nos Droits/ Vos Gueules ! ». C’est clair !

    Les promoteurs de la maternité de substitution bénéficient également d’émissions biaisées, où l’on invite des hommes agressifs, alors qu’il s’agit du corps des femmes.

    Anastasie est passée par là… L’idéologie transhumaniste serait elle toute-puissante ?

    Elle se veut telle.

     

    Bien sûr il n’est pas ici question  de comparer les volontés de censure actuelles avec celles des 2 guerres mondiales.

    Cependant, le but me paraît être identique : empêcher l’information valable des citoyens ; faire taire pour ne rencontrer aucune opposition aucune contradiction, et influencer ainsi l’opinion.

    Si les media n’ont plus à faire la louange d’un gouvernement, comment se fait il qu’ils se croient obligés de faire celle d’activistes dont on présente les croyances comme des vérités intangibles ?

    Inquiéter un syndicaliste pour un tract*, ou empêcher la diffusion d’un livre et l’expression de ses autrices, ce sont des faits qui résonnent très mal à mes oreilles. Très mal.

    Je rêve de contre-manifestations avec la marionnette géante d’Anastasie et ses grands ciseaux, pour alerter sur la société totalitaire que nous risquons fort de nous préparer sans vigilance….

     

     

    Michelle DROUAULT

     

    * Autrices : Marguerite Stern, Dora Moutot.

     

    * ce tract est maladroit, en langage stéréotypé, mais pas incendiaire, et il ne justifie en aucune manière, à mon sens,  l’attaque du Hamas du 7 octobre.

     


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