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« Gestation pour autrui », des enjeux masqués… (1ère partie
La philosophe Sylviane Agacinski vient de publier une réédition de son ouvrage « Le Corps en Miettes » revue et augmentée.
Rappelons le, ce petit livre dénonce les dangers de la Gestation pour Autrui-en clair le système des mères porteuses-, et donne à voir sa réalité : un contrat qui permet la mise à disposition d’un corps et d’une vie pendant un temps X, et la vision d’un enfant comme un produit ; alors qu’en droit français le corps humain est résolument indisponible.
Dans une interview radiophonique récente, la philosophe va plus loin :
« La GPA, dit elle, est une démission de la pensée ».
La formule nous a intéressées, et nous avons essayé de la questionner.
Est ce vraiment une démission ?
Nous avons plutôt vu à l’œuvre un certain nombre d’artifices, de détournements, de dénis, de dérives langagières, liés entre eux de manière complexe, pour amener la pensée à accepter l’inacceptable.
DÉTOURNEMENTS ET DÉNIS
Les partisans français de la « gestation pour autrui » s’autoproclament en général de gauche, ce qui les pousse à éliminer en vitesse tout l’aspect d’exploitation « de l’homme par l’homme » qui ne peut manquer de surgir ; et à justifier les pratiques revendiquées par des axiomes qui appartiennent à l’idéologie de la gauche humaniste, qu’ils défigurent.
La philosophe établit un parallèle avec la prostitution (après tout, il s’agit de corps à vendre).
Or, nous venons d’assister, concernant la prostitution, au détournement le plus grotesque et le plus obscène d’une des premières revendications des mouvements de libération des femmes, « notre corps nous appartient », par des hommes. La rhétorique est simpliste : si le corps des femmes est à elles, elles sont alors libres de le vendre, au prix qu’elles souhaitent, pour une heure ou neuf mois ! Montrant rapidement le bout de l’oreille en clamant que « nul ne peut limiter nos désirs et nos plaisirs » (les leurs) ils réaffirment la toute-puissance des mâles sur le corps des femmes, vénales ou non.
Les figures de proue des associations en faveur de la GPA sont majoritairement des hommes, même si certaines femmes sont à leurs côtés ; et les déclarations fracassantes et méprisantes de Pierre Bergé (fondateur du Sidaction) : « Louer son ventre pour faire un enfant, ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? », comparaison DÉJÀ utilisées par les défenseurs du droit d’utiliser une prostituée, ne démontrent que l’ignorance et le dédain de son auteur pour ce qui se passe dans le corps des femmes.
Que l’on parle à la place des femmes pour leur imposer des maternités non souhaitées ( dans le cas de l’Eglise) ; ou pour justifier la mise à disposition de leur sexe et de leur corps ( pour ces beaux parleurs arrogants), la place des femmes est la même : sans voix, chosifiées, distributeurs à plaisirs, ou couveuses vivantes… Maintenant qu’on ne peut plus les faire taire avec la menace de l’Enfer, on bâillonne les femmes avec l’argument de la libération qu’elles ont elles-mêmes réclamée, en le déformant, toujours pour le profit des hommes. Leur domination a simplement changé de visage.
Est convoquée également sur un ton péremptoire la notion de « progrès ».
L’archaïsme et la brutalité de ce qui se joue doit être camouflé sous l’étendard du sacro-saint progrès, dont on nous abreuve, avec l’affirmation stupide et mensongère que, comme le souligne Sylviane Agacinski « Tout ce qui est techniquement possible est un progrès ».
Ne pas questionner une telle affirmation est un déni de recherche sur l’Humain.
Le « techniquement possible » ou « techniquement meilleur », peut être au service de projets humanistes OU destructeurs. Et une même invention peut être un bien ou un mal suivant qui l’utilise. Sans vouloir nous livrer à la surenchère argumentative qui fait apparaître à coup sûr le nazisme, il est évident que la recherche du « techniquement possible » et du « techniquement meilleur » a fait partie du champ de recherche du nazisme pour ses éliminations de masse, par exemple. Une telle affirmation est donc irrecevable.
Néanmoins, il ne se passe pas de semaine sans qu’un politique ou une personnalité médiatique, voire un scientifique, ne s’exclame « mais enfin, la France est en retard, terriblement en retard ! » sur la PMA, la GPA, ou la fin de vie, et ne cherche à nous en faire honte.
Récemment, on a osé présenter comme un progrès le fait qu’en Belgique, un enfant malade puisse décider de sa propre mort, lui déniant ainsi le statut d’enfant, avec l’irresponsabilité nécessaire qui l’accompagne.
En retard sur quoi, sur qui, pourquoi, comment ?
Naturellement, la question n’est pas posée.
Mais le déni du réel se cache sous une dérive langagière qui habille, travestit, banalise, déconstruit ; bref habitue en douceur l’esprit à la barbarie….
NOVLANGUE OU TERMINOLOGIE DE L’ABSURDE ?
L’écart entre les mots posés, et la réalité empirique des faits, est une des violences de ce qu’Arendt nommait « la banalité du Mal ».
Linguistiquement, il s’agit d’un écart volontaire entre le signifiant et le signifié, afin d’éroder le scandale que pourrait provoquer la juste dénomination d’un fait ou d’une pratique.
Si aux USA, les termes du « contrat » de gestation pour autrui sont directement posés, très crûment, impliquant la « livraison » d’un enfant en bonne santé, en France, on nous berce d’un sirop douceâtre :
« Altruisme » ; « don d’enfant » « aide à la fertilité » ; parents d’intention » ; « remise de l’enfant » « compensation », indemnité»….. « bonnes pratiques », « GPA éthique » ; « encadrement de la GPA »..
Que recouvre cette terminologie ?
La notion d’altruisme est absolument démentie par le fait que nulle part, en aucun pays, il n’existe de femmes riches qui se proposent de porter des enfants pour des femmes pauvres.
La « gestation » ne va que dans un sens : la mise à disposition de ventres de louage de femmes de pays ou de classes défavorisées pour des couples riches, et en majorité blancs.
Ces femmes n’ont aucune inclinaison altruiste particulière, mais des besoins, dont celui d’entretenir correctement leurs propres enfants. Les « compensations » ou « indemnisations » n’ont aucune commune mesure avec le niveau de vie des mères porteuses, et représentent des gains inespérés. En Ukraine, un des pays les plus économiquement déficient d’Europe, le salaire moyen est de 170 euros ; le coût d’un enfant par mère porteuse varie entre 9000 et 12000 euros. Dix fois le salaire annuel.
Nous pouvons relier cela au trafic d’organes (Turquie, Roumanie, Inde) que l’on peine à enrayer. Quand on n’a plus rien à vendre que son propre corps, il se trouve toujours des professionnels de la traite des êtres humains pour en faire commerce.
Concrètement, dans les pays où la GPA est autorisée, ce splendide altruisme supposé est implicitement mis en doute : aux USA, le « contrat » prévoit l’obligation absolue pour la mère de remettre l’enfant au couple après la naissance, au besoin par l’intermédiaire de la police (cela s’est vu) ; dans d’autres pays, on endort la mère pendant l’accouchement pour qu’elle ne voie pas l’enfant à la naissance ; enfin, on déclare qu’il vaut mieux que la mère porteuse ne porte pas un enfant issu de ses propres ovocytes, afin qu’elle ne « court pas le risque de s’attacher à l’enfant qu’elle porte » et « qu’ils ne deviennent pas trop proches ».
Il faut réaliser la violence de ces propos : l’organisation délibérée du non-attachement de la mère et de l’enfant, comme si la grossesse n’était qu’un travail animal, et pas un travail tout à la fois d’échanges psychiques et physiques.
Lorsqu’une mère accouche « sous X », on soustrait en général l’enfant à sa vue. Mais si une association agréée accompagne depuis une quinzaine d’années ces mères après la naissance si elles le souhaitent, c’est bien parce que des graves dépressions, comportements suicidaires ou addictifs, ont été observés par les services sociaux. Ce qui est sans surprise.
Pour le « don d’enfant », il n’existe pas en droit français ; un être humain ne pouvant être « cédé ». La mère étant, selon ce même droit, celle qui accouche de l’enfant, la mère porteuse serait contrainte de consentir à l’adoption de son enfant.
Or, on ne peut demander une adoption nominale ; l’acte de consentement à l’adoption est déposé devant l’Aide Sociale à l’Enfance, qui se réserve le droit de rechercher les meilleurs parents adoptants. S’en suit, au bout de trois mois, s’il n’y a pas eu rétractation, un jugement de transfert des droits parentaux à l’Etat.
Observons que la mère porteuse ne bénéficie dans aucun pays d’un semblable délai, et que ses choix sont encore plus contraints que ceux de n’importe quelle mère.
Mais, hors du champ juridique, que recouvre de concret la soustraction de l’enfant à celle qui l’a porté ?
Qu’implique –t-elle ?
Nous avons visionné de nombreux reportages sur les bébés prématurés, et grands prématurés, et il nous a été donné d’aller dans des services de néonatologie.
Un bébé prématuré devrait encore être dans le ventre de sa mère. Il ne peut, avant 8 mois, se nourrir ou respirer seul. Ce qui aide à sauver les grands prématurés, c’est la présence quotidienne, rassurante, de leur mère (et si possible de leur père) dont ils ont entendu la voix, ressenti les émotions pendant qu’ils étaient en sécurité au chaud in utéro. ; puis le lait maternel, d’abord tiré, puis donné au sein dés que le bébé en est capable.
La présence de la mère est considérée comme si importante, et même vitale, qu’on commence à essayer d’hospitaliser systématiquement la mère et le bébé dans le même établissement, pour qu’il n’existe aucune rupture de contact.
On a aussi découvert que le « peau à peau », le fait de poser le bébé plusieurs heures par jour sur la poitrine découverte de sa mère, qu’il reconnaît, et aussi de son père, aidait considérablement à la survie de grands prématurés, qui avaient de plus grandes chances de se développer normalement.
Il nait en France 55000 bébés prématurés par an, pourquoi ceux issus de mères porteuses échapperaient ils miraculeusement à cette éventualité ?
Que se passera t-il alors en cas de naissance prématurée ? A-t-on l’intention de substituer à la mère « gestatrice » qui a porté l’enfant la mère « d’intention », qui n’a évidemment pas de lait, et dont la voix et les gestes, inconnus, ne sont pas aptes à rassurer le bébé ?
Voilà donc des enfants à qui on ôterait délibérément des chances de survie ?
A moins que, dernière « traite des femmes », on ne tire le lait de la gestatrice, donné par la mère d’intention… nous voilà dans la pire science-fiction.
On peut aussi craindre que, comme dans le cas de naissance d’enfant handicapé, les parents d’intention déclarent ne pas vouloir d’un prématuré, car trop fragile…..
Dans un débat sur France Culture, la juriste Muriel Fabre-Magnan, auteure du livre « Gestation pour autrui, fiction et réalités » ( Fayard, 2012), évoque en effet avec inquiétude le cas des enfants qui naîtraient handicapés, car des cas de rejet se sont déjà produits aux USA.
Sa contradictrice, favorable à une GPA « encadrée », lui répond benoîtement que l’enfant sera alors « remis aux services sociaux ». Très simple !
Il ne s’agit pas d’un colis postal qu’on « remet ».
Pour avoir pratiqué ce type d’entretien, des parents qui ne se sentent pas capables d’assumer un enfant trisomique, par exemple, et savent qu’il ne pourra être que difficilement adopté, sont en état de grande souffrance en venant le confier à l’Aide à l’Enfance. Quand à l’enfant, il ressent qu’il va quitter pour toujours son univers, et lui aussi ressent une terrible angoisse, qui se manifeste souvent par des cris ou des pleurs, une léthargie totale ; ou une maladie dés l’admission.On a beau parler au bébé, demander aux parents de lui expliquer leurs sentiments et leurs limites, rien n’y fait. Tout le monde est bouleversé. Or, ces situations douloureuses sont le fait des aléas de la vie. Mais les organiser est indéfendable.
N’étant pas psychanalyste, je ne me lancerai pas dans des supputations sur le fait que l’enfant de mère porteuse demeure pour les parents « d’intention » sûrement imaginaire, car il n’est pas réel : force est de constater que personne ne songe à la réalité de son destin si, comme il peut arriver à tous les bébés, il nait prématuré, malade, ou handicapé. C’est un bébé virtuel.
En effet, personne ne parle du fait qu’aucun bébé de mère porteuse, prématuré ou à terme, ne peut être allaité.
Pour eux, finies les campagnes sur les bienfaits de l’allaitement maternel, qui tout à la fois protège des infections, et tisse des liens qui fortifient.
Un lent travail de désinformation parallèle est d’ailleurs mené, à coups de petits articles en apparence sans lien avec la GPA :
une des personnalité médiatiques les plus favorables à une « GPA éthique » est partie en guerre contre l’allaitement maternel (il « aliénerait » les femmes), et soutient à qui veut l’entendre que l’instinct maternel n’existe pas du tout ! Il est certainement très inégalement réparti, et très différent selon les époques et les cultures. Et il existe des femmes pour qui la maternité est impensable. Mais c’est tout un ensemble d’instinct, de mémoire et de conduites apprises et guidées par les autres femmes, qui fait des femmes les « mères suffisamment bonnes » (Winicott) pour procurer aux enfants la base d’attachement stable qui les construit, en Afrique comme en Finlande !
Quant aux complications qui peuvent surgir pour la mère porteuse, nul ne s’en soucie. Autre réalité déniée, pour qu’un enfant naisse, il faut un accouchement !
Cet accouchement peut être compliqué d’une présentation par le siège, d’une mauvaise position du cordon ; d’une subite hypertension de la parturiente, d’une épisiotomie, voire d’une césarienne… et souvent de grandes douleurs. Ya-t-il un prix de la douleur ? De plus, la parturiente ne peut avoir le réconfort de son conjoint auprès d’elle, puisqu’il ne s’agit pas de son enfant.
Qui va prendre en charge ces complications ? Les mères porteuses ukrainiennes se plaignent que ces aléas ne sont pas indemnisés…certaines souffrent ensuite de troubles mentaux, reconnaissent des soignants.
On nous rabat les oreilles des dangers du « baby blues », mais, pour les mères de substitution, ce risque est subitement évacué, inexistant…
La mortalité maternelle est certes très faible en Occident, mais elle existe…Ce risque couru par « altruisme » peut être un risque vital.
Qui courrait de pareils risques pour autre chose qu’une nécessité absolue ?
Peut on « encadrer » les sentiments humains, le lien, l’attachement, la douleur ?
Où est donc la fameuse « éthique » de la GPA ?
Elle est effectivement impossible, renchérit Muriel Fabre-Magnan, car cette pratique porte atteinte aux libertés fondamentales de la mère porteuse : son intégrité physique, psychique, sa liberté de vivre comme elle l’entend (certains contrats américains réglementent même la sexualité de la gestatrice !) On ne peut « encadrer »la mise à disposition du corps et d’une portion de vie d’autrui, sous peine de revenir à l’esclavage : une grossesse, c’est 24h/24.
Elle réduit un enfant « remis » à un produit qui doit être parfait pour convenir, ouvrant la porte à un certain eugénisme.
La dure réalité camouflée par tous ces jolis mots ronflants serait celle d’Aldous Huxley : une sous-classe de femmes dans le besoin destinée à une « fabrique de bébés » pour les classes supérieures. Et une déshumanisation totale du maternel.
A quel prix pour l’espèce humaine ?
Michelle C. DROUAULT
(avec mes remerciements à B. de Dinechin pour son aide documentaire)
Liens : Interviews et débats avec : Sylviane Agacinski
Muriel Fabre-Magnan
http://www.franceinfo.fr/entretiens/un-monde-d-idees/sylviane-agacinski-la-gpa-est-une-demission-de-la-pensee-1331955-2014-02-26
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4618450
Reportage vidéo sur les mères porteuses aux USA
http://m.youtube.com/watch?v=ohozmyEgx_g
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Commentaires
2La chouetteMercredi 12 Mars 2014 à 21:50Bonjour, tout d'abord merci pour cet article que je trouve très intéressant. Une remarque pour dire simplement que non, je ne pense pas qu'il soit question ici de faire un geste d'amour en étant mère-porteuse; nous ne sommes en effet pas qu'un ventre et cela dépasse ici complètement l'altruisme.
Et je ne pense vraiment pas que nous puissions faire des enfants à n'importe quel prix
3michelleJeudi 13 Mars 2014 à 10:50@Alice: En effet, je doute que vous ayez lu le texte jusqu'au bout: il ne s'agit pas d'une "instruction à charge", nous ne sommes pas dans un procès, mais d'un questionnement sociologique et philosophique sur ceci: si nous cessons d'affirmer que la seule mère est celle qui accouche de l'enfant, qu'est ce qui se passe pour cette mère, et surtout , qu'est ce qui se passe pour cet enfant ainsi "fabriqué"?. Vous parlez de don, un enfant ne saurait être "donné" il n'est pas un objet ou un produit. Quand à la misère , source d'aliénation, bien sûr il faut la combattre; mais en profiter est absolument criminel.
Par ailleurs, nous ne sommes pas un site catholique, mais ouvert à toutes les religions, et si vous lisez les autres articles, vous verrez que nous sommes assez éloignées des positions du magistère catholique...néanmoins si sur ce sujet ils sont d'accord avec nous, cela fait au moins un point de débat positif.
4Alice Damay-GouinVendredi 14 Mars 2014 à 11:41J'ai dû lire jusqu'à NOVLANGUE... Mais je n'ai pas aimé le ton de cet article surtout pour parler de ceux et celles qui défendent les Femmes-Porteuses. Mais si, on ne peut pas concevoir qu'une femme puisse agir, dans ce cas, par amour, alors...c'est à désespérer.
Je cois en toute personne humaine et je crois qu'une personne peut aimer dans une situation où moi, je ne m'en sens pas capable. J'ai découvert des femmes s'épanouir durant leur grossesse et je l'ai admis très volontiers même si ne n'ai pas souvenir d'avoie éprouvé ce sentiment...Je crois foncièrement qu'une femme est capable de vivre une grossesse supplémentaire, par AMOUR, afin de permettre à un couple de devenir parents.
De toute façon, pour le projet en France, il n'est pas question de payer cette femme, elle toucherait uniquement les allocations versées pour toute femme enceinte. Alors, arrêtez le mépris sur la location de ventre...
En France, on ne vend pas son corps, ni ses organes... Mais il me semble qu'il y a une petite exception à cette sacro-sainte règle: on paie une personne qui accepte d'être cobaye pour expérimenter les futurs médicaments....
Bon, je vais aller cultiver mon jardin, une fois de plus. car je ne sais pas comment entrer en dialogue.
5Alice Damay-GouinMercredi 7 Mai 2014 à 09:54Nous avons plutôt vu à l’œuvre un certain nombre d’artifices, de détournements, de dénis, de dérives langagières, liés entre eux de manière complexe, pour amener la pensée à accepter l’inacceptable.
DÉTOURNEMENTS ET DÉNIS
Les partisans français de la « gestation pour autrui » s’autoproclament en général de gauche, ce qui les pousse à éliminer en vitesse tout l’aspect d’exploitation « de l’homme par l’homme » qui ne peut manquer de surgir ; et à justifier les pratiques revendiquées par des axiomes qui appartiennent à l’idéologie de la gauche humaniste, qu’ils défigurent.
Comment ne pas être en souffrance devant un tel dénigrement pour moi qui crois en la possibilité de la GPA, qui me dis de gauche, qui n'y vois l'exploitation de "l'homme par l'homme" (ni de la femme par la femme)
et qui proclame que cela peut être un geste d'amour donnant à un couple la possibilité de devenir parents. Et on dit que je suis dans le déni !!! Je peux dire aussi que le travail pour un autre peut aussi être une exploitation...
Comment peut-on aussi faire une erreur de vocabulaire, alors que l'on connaît très bien le poids des mots. Non, il ne s'agit pas de mère-porteuse mais d'une femme-porteuse et dans ce cas, il ne s'agit en aucun cas d'abandon d'enfant par sa mère...Mais pour madame Agacinsky "est mère la femme qui a accouché"... Je ne sais pas ce qu'en pensent les mères adoptives!!! Je ne nais pas femme, je le suis devenue et j'ai acceptée cette réalité à plus de 65 ans, cela veut dire un long bail avant cette acceptation. On ne naît pas mère en accouchant mais en s'occupant de son enfant mais, rester chez moi pour me centrer sur ma famille, je serais devenue déprimée... Heureusement, j'ai repris le travail et mes différents engagements...C'est en m'épanouissant dans ma vie de femme que je pouvais aussi être épanouie pour toute ma famille.
Cette nuit, dans ma lecture, je suis tombée sur une phrase qui m'a réconfortée !!! Je la cite de mémoire: " Outre les réticences catholiques, le modèle était cautionné par la science :les médecins, puis les psychologues et les psychiatres dénoncent la séparation mère-enfant".
Il s'agissait du travail de la femme, en ce temps de la mère-ménagère. Je me souviens de Bernard Pivot parlant de la ménagère de 50 ans,d'avoir lu dans les années 80 ayant 2 enfants en bas-âge "Tout se joue avant 6 ans", de Georges Marchais disant à sa femme:"fais les valises, on rentre."
Alors, bis repetita !!!
Quelle personne bien en vue nous fera l'honneur de dire une bourde pour faire évoluer la mentalité car j'ai envie de penser que je n'ai pas toujours faux !
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Je n'ai pas lu le texte en entier mais il me paraît instruit uniquement à charge... Et je suis de gauche, donc aucune chance de plaider cette cause.
"Le scandale des mères-porteuses" ai-je lu en titre sur une revue paroissiale ! Un mot suffit et la messe est dite !!!On a pensé, jugé pour moi !
Mme Agacinski a réussi la promo de son livre... cela m'a amenée à réfléchir sur la question. Et je lui ai alors écrit, par le biais de mon journal...!!! La lettre a-t-elle été transmise?
Mme Agacinski m'a trompée et s'est trompée en prenant pour principe fondamental qu'être mère-porteuse est une aliénation pour la femme. Pour ma part, c'est la misère (qui pousserait la femme à être mère-porteuse) qui est aliénation. Lorsqu'on vide le pot de chambre de son patron, c'est aussi une situation très humiliante qui peut devenir aliénation. Ma paye est pour un travail donné mais elle ne juge pas de la dose d'amour que l'on peut mettre dans notre travail...
Je n'ai pas réussi à discuter de cela avec Mgr d'Ornellas pourtant évêque référent sur la question, lors de sa visite pastorale, en 2011. Cependant, j'ai réussi à réfléchir avec un groupe d'ami/es laïc/ques et nous avons visionné ensemble le DVD de l'émission 'jour du Seigneur" qui traitait de ce sujet. Le professeur Nisan était seul contre tous et toutes. Sa parole avait le poids de son expérience.
J'ai vu aussi une émission montrant toutes les horreurs possibles lorsque l'on transgresse l'interdiction. L'Eglise devrait méditer la parabole du bon grain et de l'ivraie. Le Christ nous invite à ne pas arracher l'ivraie... Dans ce monde, nous sommes bon grain et ivraie intimement liés, toute avancée scientifique est bon grain et ivraie, cela dépend de l'utilisation que l'on fait. L'Eglise dit non à tout progrès, elle me donne l'impression de refuser de semer le bon grain mais elle oublie que l'ivraie prend toute la place dans une jachère. Alors disons "oui" et réfléchissons pour bien encadrer ce oui, afin de limiter les dérives. Mais n'oublions pas que malgré tout, il peut y avoir des dérives quoiqu'on fasse. Essayons de limiter au maximum.
Je ne comprends pas pourquoi on dénie à certaines femmes le fait d'agir ainsi par amour. C'est aussi un don merveilleux pour un autre couple à qui on donne la possibilité de devenir parents. Ce n'est pas parce que je ne me sens pas personnellement capable d'agir ainsi qu'il faut refuser à d'autres cette capacité de faire un tel geste d'amour...!!!
Je ne suis pas homme, je ne suis pas prostituée et donc ,je ne sais pas ce qui se passe dans le corps, dans la tête des prostitué/es... Voilà votre argument. Mais je ne comprends pas cette volonté d'interdire.
Donc un 'OUI" franc et massif pour les Femmes-Porteuses et laissons aux prostitué/es la possibilité de décider personnellement leur choix de vie. Que l'on fasse par ailleurs des structures pour que les personnes qui veulent arrêter puissent effectivement arrêter.