• MANIPULATION DIVINE

    La répression féroce qui s’exerce en Iran à l’égard d’une jeunesse qui manifeste son désaveu d’une théocratie tyrannique, et dont la mobilisation ne faiblit pas, a montré que le régime ne se souciait pas d’avoir une légitimité populaire.

    Des couches de plus en plus larges de la population se joignent aux jeunes ; mais surtout, les funérailles de ces souvent très jeunes manifestants, quand ils ont été tués par des tirs de forces de sécurité, deviennent aussi des manifestations.

    Le peuple iranien n’accepte pas de voir sacrifier sa jeunesse.

    Après les tirs et les arrestations massives, sont venues les condamnations à mort, à l’issue de procès ultra-rapides, sans l’assistance possible d’un avocat pour les accusés. 

     

    Puis les exécutions.

     

    Après celle du jeune Moshen SHEKARI, le 8 décembre, a suivi la deuxième en 4 jours, le 12 décembre : celle de Madjidreza RAHVANARD, 22 ans, dix huit jours après sa condamnation, le Code pénal iranien prévoyant pourtant 20 jours pour faire appel.

    Cette dernière exécution m’a frappée par son caractère d’inhumanité totale.

    Le jeune homme a été accusé d’avoir « pris la vie les biens et l’honneur de personnes, en vue de créer un climat d’insécurité ».

    Il ne nous appartient pas de juger les actes. La seule exigence universelle est qu’un accusé bénéficie d’un procès équitable, à charge et à décharge,  avec la défense d’un avocat ; et que nul aveu ne soit du à la torture.

    Aucune de ces conditions n’a été respectée.

     

    Tous les observateurs disent que les procès durent une quinzaine de minutes, que les accusés semblent terrifiés et avoir été torturés, et qu’ils n’ont aucun défenseur.

    Madjidreza a été exécuté par pendaison à l’aube du 12 décembre en public, sans que sa famille en soit avertie.

    A 7 heures du matin, ils ont reçu un appel téléphonique, leur indiquant de se rendre dans un cimetière d’Evin où leur fils/frère/petit-fils, avait été enterré.

    Les manifestations de désespoir et d’indignation ayant sans doute été grandes dans son quartier, quelques jours plus tard, les forces de sécurité se sont rendues chez sa grand mère pour y retirer les fleurs et les affiches de commémoration. Elles ont retenu son oncle plusieurs heures au poste de police avant de le relâcher.

    Une telle volonté tenace d’humiliation, un tel manque de respect pour les morts, et ceux qui leur survivent, va bien au delà de la terreur.

    Et je me suis demandé par quelle perversité ceux qui agissent ainsi peuvent prétendre agir au nom de Dieu ; et quelle douleur ils infligent aux véritables croyants.

    Voir sa foi dévoyée et instrumentalisée pour tuer doit être une souffrance indicible.

    La plus part des manifestants arrêtés ont été condamnés pour « inimitié avec Dieu » ou « guerre contre Dieu ».

    Ces allégations paraissent vides de sens :seul Dieu peut juger de qui L’aime ou ne L’aime pas.

    Les mollahs iraniens prétendent ils prendre la place de Dieu ?

    Il semble que ce soit aussi l’option des talibans qui ont remis au goût du jour les châtiments publics (de femmes, de préférence), sous forme de coups de fouet(donnés par des hommes, et en présence d’hommes). Ces punitions peuvent être la sanction de délits imaginaires, inexistants dans le Coran : avoir écouté de la musique(quid des soufis ?) ou être sortie sans accompagnant masculin(que peut faire une veuve avec enfants en bas âge pour s’approvisionner ? c’est le sujet d’un splendide film d’animation qui met en scène une jeune fille qui se déguise en garçon pour faire survivre sa famille…)

    L’ensemble de ces pratiques, tant en Iran qu’en Afghanistan, montre un point commun :le défoulement de pulsions sadiques, honteusement sacralisées par la référence permanente à Dieu.

    En Iran, Armita ABBASSI, 20 ans, arrêtée lors de manifestations et incarcérée, a été admise à l’hôpital suite à une hémorragie anale due à des viols répétés durant sa détention-alors que les lois du régime condamnent formellement toute relation sexuelle hors mariage- et que le Coran proscrit non seulement le viol mais ce type d’offense…(après son hospitalisation, la jeune fille a été ré-incarcérée en un lieu inconnu, et sa famille semble avoir perdu sa trace)

    C’est en ces circonstances qu’on voit combien la référence religieuse est une imposture complète.

    Une situation bien comprise par des femmes voilées, chiites pratiquantes, qui ont pris part aux manifestations en clamant « Nous n’avons pas peur ! nous sommes ensembles ».

     

    Les catholiques contemporains connaissent cette trahison ; ceux d’antan la dénonçaient déjà :

    « Comme il sait , avec ruse dernière/se faire un beau manteau de tout ce qu’on révère » faisait dire Molière de Tartuffe…

    Mais de nos jours l’heure est grave, et ce sont plus que des forfaitures individuelles de faux dévôts qui perturbent et indignent les consciences : les agressions sexuelles, viols, commis par des prêtres sur des enfants ou de jeunes religieuses sous le prétexte de les « rapprocher de Dieu » se sont avéré être légion, cumulant l’abus spirituel avec les crimes ou délits.

    La perversion a connu son comble avec le « strip-tease confessionnel »  organisé par un ex-évêque.

    Quelles sont les conséquences pour les croyants de toutes ces monstruosités, toutes confessions confondues ?

    Faut il beaucoup de grandeur d’âme pour garder la Foi ?

    En Occident, dans les pays laïcs, la première observation des athées est « comment Dieu peut il tolérer tout cela ? S’il existe, il est impuissant ou sans compassion ».

    Le dégôut, pour le croyant, est une première réaction bien légitime.

    Plusieurs personnes de ma famille ont cessé de pratiquer après la 2éme Guerre Mondiale, accusant le clergé de faire beaucoup de bruit pour condamner la contraception, alors qu’il avait (sauf exceptions notables) laissé gazer des enfants juifs.

    Des victimes ayant témoigné auprès de la Commission SAUVÉ  ou de la « Parole Libérée » ont déclaré ne plus pratiquer.

    L’idée d’avoir reçu la communion d’un prêtre pédophile doit être insoutenable.

    Mais garder la Foi ?

    Se dire que Dieu n’y est pour rien ?

    Que nous avons été créés(du moins la possibilité de notre être) libres, libres de faire le Bien ou la Mal, même le Mal en se réclamant de Dieu pour mieux y parvenir ?

    Cette démarche est elle accessible facilement ?

    Je laisse cette question ouverte. Je ne peux y répondre.


    A tous nos frères et sœurs Iraniens croyants, quelle que soit leur religion, à tous les croyants molestés dans leur foi, où que ce soit dans le monde, souhaitons de ne pas céder au désespoir de l’absence de Dieu.

     

    Michelle C. DROUAULT.

     

     

     

     

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :