• Que mes lectrices/lecteurs ne m’en veuillent pas de mon mutisme pendant cette période de confinement…Elle m’a au moins permis de visionner plusieurs séries.

    Vous trouverez ici quelques réflexions sur l’une d’elles, qui m’a particulièrement plu.

     

    Une série intitulée « Mrs AMERICA » retrace le parcours peu connu en Europe de Phyllis Schlafly, militante anti-féministe américaine farouchement opposée à L’E.R.A (Equal Right Amendement) établissant l’égalité des droits entre hommes et femmes.


    Pour devenir le 27 éme amendement de la Constitution, l’E.RA doit être adopté par au moins 38 états avant mars 1979. Nous sommes en 1970, et durant presque dix ans, cette conservatrice va militer pour empêcher son vote…
     

    Discrètement, le scenario nous oriente vers les possibles causes cachées de cet engagement à contre-courant. Si Mrs Schlafly se présente comme une mère de famille au foyer, c’est une femme fort instruite diplômée de Harvard (la plus prestigieuse des universités américaines)  Elle a des connaissances très pertinentes et éclairées sur la défense et l’armement nucléaire(20 ans d’expérience) et veut en faire profiter son pays, encore en pleine guerre froide. Malheureusement, lorsqu’elle participe à une réunion d’un groupe politique à la place de son mari, on lui met un bloc-notes entre les mains et on la traite comme une secrétaire, sans l’écouter.
     

    Déterminée à jouer un rôle dans la société, Phyllis va alors se rabattre, à l’instigation des hommes de son entourage, sur le combat anti-féministe : ils la poussent à être leur prête-nom pour contrer le vote de l’ERA et les revendications générales des féministes, dont ils ont peur.

     

    La simple égalité des droits leur est insupportable : après l’obtention des droits civils pour les Afro-Américains en 1965, L’ERA ferait enfin des USA une nation pleinement démocratique.

    Un cauchemar pour les conservateurs républicains ? C’est en tout cas la conviction de Shirley Chisholm, première femme afro-américaine élue au Congrès, que nous voyons militer pour l’amendement, tout en se faisant reprocher par certains de ne pas prioriser la cause noire plutôt que celle des femmes ; et parfois doute…

     

    Peut être inspirées par les œuvres d’Andréa Dworkin (Les Femmes de Droite, en particulier) et de Susan Faludi (Backlash, le retour du Bâton) les réalisatrices montrent habilement comment les hommes américains acceptent très bien que leurs épouses militent, du moment qu’elles roulent pour eux…la manipulation est totale : elles ont l’impression d’être importantes, mais combattent contre leurs sœurs, et servent d’alibis.

    En effet, Phyllis n’est guère dans son foyer, toute occupée à faire campagne auprès des ménagères de l’Illinois  pour les persuader d’empêcher le vote de l’Amendement pour l’égalité des droits des femmes. Elle les mobilise d’ailleurs sur de faux arguments.

    En pleine guerre du Vietnam, la conscription féminine(dont il n’a jamais été question !) peut à juste titre effrayer les électrices pour leurs filles. Jamais non plus n’a été évoquée par les pouvoirs publics une éventuelle suppression  de la prestation compensatoire en cas de divorce ; pourtant elle l’affirme. Elle serait même allée jusqu’à inventer une fausse jurisprudence lors d’un débat télévisé ? Cet épisode est invérifiable.

    A ce combat, cette mère de six enfants en joint un autre : la lutte anti avortement, pourtant réduite à sa plus simple expression en 1973 à la suite du fameux arrêt Roe/ Wade.

    Le film, une fiction basé sur des faits réels, nous présente par petites touches l’envers du décor pour le personnage. Phyllis est une épouse tyrannisée par son mari, contrainte sous tous les aspects. Car ce mari ne la veut pas libre, et a vite fait de lui rogner les ailes dés qu’elle veut prendre de l’envergure et reprendre des études de droit. Elle a beau assurer qu’elle sera rentrée pour le dîner, c’est non ! et il ne se prive pas de rappeler que c’est lui qui paye et qu’elle ne dispose pas d’argent personnel. Elle trouvera pourtant un moyen d’enfreindre ces interdits…

    La suite de la série nous montre comment les droits des femmes et leurs corps ne sont que des variables d’ajustement pour les partis politiques, qui évaluent si défendre les droits des femmes va leur attirer ou leur retirer des voix ; et n’ont aucune conviction particulière en la matière. 

    C’est ce dont Phyllis et sa principale rivale républicaine( de droite mais favorable à l’ERA) vont faire l’amère expérience lors de l’investiture de Reagan en 75/76…

    Phyllis Schlafly va donc être contrainte de se tourner vers des milieux protestants évangélistes, des groupes de plus en plus sectaires, pour tenter d’avoir des appuis.

    Mais en 1982, on peut considérer qu’elle a gagné : seuls 33 états ont ratifié l’ E.RA.

    Et les mouvements « pro- vie » n’ont cessé de prendre de l’ampleur.

    Sans surprise, Mrs Schlafly avait assuré Donald Trump de son soutien.

     

    La série « Mrs America » a le mérite de nous embarquer dans les combats des américaines.

    Nous y voyons aussi Betty Friedan et Gloria Stenheim, principales fondatrices du féminisme américain, aussi bien théorique qu’activiste. Elles n’ont eu de cesse d’agir pour mettre au jour l’oppression des femmes en tant que fait politique ; tandis que Phyllis Schlafly martelait que les problèmes que pouvaient rencontrer les femmes n’étaient que « personnels », ce qui est le leitmotiv de tous les conservateurs afin de les isoler et les faire culpabiliser de ne pas assez bien « réussir «  leur vie au lieu de s’unir.

     

    L’Europe n’a pas connu de mouvements spectaculairement anti-féministes.

    Suite à deux guerres, à l’occupation d’une partie de l’Europe par les troupes allemandes, les femmes ont non seulement fait marcher leur pays, mais aussi résisté avec honneur et courage.

    En France, c’est la participation des femmes à la Résistance qui a incité le général de Gaulle à juger indispensable de leur accorder (enfin !) le droit de vote.

    Un droit pourtant obtenu par les américaines dés 1918..

    A l’occasion de la commémoration du 8 mai 45, je lisais l’autre jour que Cécile Rol-Tanguy, décédée ce même jour à l’âge de 101 ans, transportait des armes dans le landau de sa fille.

    Il est évident qu’un tel modèle ne pouvait laisser trop de place à l’idéologie de la mère au foyer ! Les femmes communistes, assez nombreuses, ont contribué à un modèle de femme à la fois travailleuse et mère de famille, égale de son conjoint. 

    Car la « mère au foyer » est une idéologie, et assez rarement un véritable choix des femmes, qui en France s’y résignaient souvent par manque de mode de garde pour leurs enfants.

     Mais il s’agissait de reconstruire le pays, et nombreuses furent les entreprises publiques et privées qui dés 45 ouvrirent des crèches et garderies. L’innovation de l’école maternelle suivit : l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail rendait ces structures indispensables.
    Le taux d’activité des femmes, de 45% des femmes en 1945, monta à 60% d’entre elles en 1974, puis à 70% en 1994 (dont 54,7% des mères de 3 enfants !) enfin à 80% en 2013…

    Les Etats Unis ont la réputation (méritée hélas) d’avoir la politique familiale la plus hostile de tous les pays développés : le congé de maternité (12 semaines) n’existe que depuis peu, et seulement pour les entreprises de + de 50 salariées ; il n’y a aucune structure de garde collective pour les enfants de moins de 5 ans, âge où commence l’école.

    Si les femmes avaient bien occupé les 38% de postes laissés vacants par les hommes mobilisés à partir de 1941, ceux çi voulaient retrouver leur place, et les autorités américaines embauchèrent des publicistes pour une intense propagande en faveur de la mère au foyer. Malheureusement, elle fut aussi largement dégradante et infériorisante pour l’ensemble des femmes, présentées comme des poupées écervelées incapables de réfléchir.

    Une propagande qui n’aurait pas marché en Europe, même si cette image a tenté de percer chez certains publicistes avec l’arrivée de l’électro ménager…

    Mais nul(le) n’aurait jamais défendu dans les pays européens les « privilèges » des femmes au foyer, dont on a plutôt évoqué la « fonction » ou le «travail à la maison».

    Et si une législation restrictive subordonnait jusqu’en 1965 le travail de l’épouse à l’autorisation du mari, on ne rencontrait quasiment pas d’hommes qui s’y opposaient, raison de la désuétude puis de l’abrogation de la loi.

    Non, en France il n’existe pas d’égérie de l’anti-féminisme.

    Mais les anti-féministes se retrouvent souvent chez les catholiques. 

    Pourquoi, comment ?  ce sera l’objet d’un nouvel article.

    En attendant, aux USA le fameux ERA a enfin été ratifié par 38 états. Il en manquait encore 3 : en 2017 le Nevada ; puis l’Illinois en 2018, fief de Phyllis Schlafly ; le dernier en janvier 2020, fut la Virginie.

    Cependant les anti-féministes ne désarment pas, et disent qu’il est trop tard, la date-butoir étant dépassée. Mais aucun autre amendement n’a été soumis à une telle clause.

    Clause spécifique dès qu’il s’agit d’égalité ? 

    A suivre , donc…

     

    Michelle. C. DROUAULT
     

     


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  • « le Silence des Autres » est un film documentaire sur la loi d’amnistie promulguée en 1977 en Espagne, deux ans après la mort de Franco, et ses conséquences.

     

    En effet , si la fin de la dictature et le retour progressif à la démocratie ont impliqué que sortent de prison les détenus politiques, arrêtés pour simple délit d’opinion, les Cortès(Parlement) ont ajouté un deuxième volet à la loi : l’amnistie AUSSI pour les anciens dirigeants, policiers et militaires  de l’ancien régime. Une « Amnistie générale » destinée à « faire taire les rancoeurs » et provoquer « l’oubli » de cette période sombre, qui a tout de même duré plus de 40 ans…
     

     Or ce vocabulaire, qui n’est pas anodin, est en complet décalage avec la réalité : en 1936/39 suite à la Guerre Civile espagnole, où les Républicains ont combattu avec courage les troupes de Franco qui préparaient un putsch militaire, des milliers de personnes ont été arrêtées, détenues, torturées, éliminées, parfois lors de meurtres collectifs ; et la répression du régime franquiste installé s’est poursuivie régulièrement jusqu’en 1975, forçant des millions d’espagnols à l’exil.

     

     Si la « rancœur » peut concerner des conflits de voisinage, et « l’oubli » des fautes mineures, il ne peut en être question pour des crimes contre l’humanité !

    Nous savons que demander à des victimes l’oubli est une violence supplémentaire insupportable.

    Ce documentaire est le récit du combat contre l’oubli de tous ceux qui n’ont jamais obtenu justice pour eux mêmes ou leur proches décédés.

     

    Trois figures sont marquantes :

     Marià, dont la mère fut arrêtée et tuée par les franquistes dans son village quand elle n’avait que 6 ans, n’a jamais pu récupérer sa dépouille pour l’enterrer décemment. Tous les ans elle fleurit les bords de l’autoroute bétonnée qui recouvre maintenant le charnier. Ses multiples démarches auprès des autorités n’ont eu aucun succès.

     

    Un homme d’une soixantaine d’années à Madrid s’est aperçu qu’il vivait dans la même rue que son ancien tortionnaire « Billy el Nino », tristement célèbre personnage, pourtant jamais inquiété en vertu de cette loi d’amnistie.

     

    Enfin, voici 28 ans, bien après la fin du franquisme, une femme a été victime d’une pratique qui a perduré avec la complicité de l’Eglise catholique espagnole : célibataire, on lui a fait croire que son bébé était mort, pour le faire adopter clandestinement par un couple. Elle recherche son enfant.

    Pour contourner la loi d’amnistie dans leur pays, et faire traduire en justice ceux qu’ils considèrent coupables de crimes contre l’humanité ;pour récupérer et ensevelir dignement leurs morts, toutes ces personnes se battent avec l’aide d’une juge argentine, prête à requérir contre eux. Mais elle se heurte au silence et aux refus de l’Espagne, son action est entravée.

     

    Ce documentaire éprouvant montre l’onde de choc que constitue la violence à la fois pour els intéressés et les générations suivantes. Il nous dit que les propos lénifiants sur « l’oubli » se heurtent à notre soif légitime de justice et de vérité. Une soif insatiable.

     

    Le système a bien fonctionné : interrogés par un journaliste , des jeunes espagnols d’une vingtaine d’années disent tout ignorer des années noires du franquisme et de l’amnistie mortifère.

    Ici en France, malgré tous les efforts faits, 21% des 18/24 ans disent n’avoir pas entendu parler du génocide des Juifs…

     

    Alors, écrivons, sans relâche, contre l’oubli ; informons les jeunes, dans l’espoir que tous ces crimes soient les derniers et ne se reproduisent jamais.

     

    Michelle. C. DROUAULT
     

     Nota : pour les parisiens, le film passe au cinéma l’Arlequin…

     

     

     


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  • Cette année encore, nous entendrons le mot « femme » toute la journée, car aucun organe de presse ne veut passer pour réactionnaire et passéiste en ignorant cette date symbolique.

    Alors, chacun y va  de son couplet admiratif (quelques femmes célèbres, la regrettée Florence Arthaud, par exemple) ou de son lamento (tant de chemin reste à parcourir !).

    Mais la journée est toujours, à quelques exceptions prés, présentée comme « la journée de LA femme », abstraction, généralité, concept éthéré et imaginaire qui nous nie toutes ensembles dans nos diversités :

    Femmes nous sommes Noires, Blanches, Asiatiques, Amérindiennes, Inuits, Africaines du Nord ou du Sud, Perses ou Moyen Orientales… Nous sommes mères par choix ou par contrainte ; homosexuelles, hétérosexuelles, bisexuelles ou transgenre ; libres de nous montrer ou obligées de nous cacher. Nous sommes une multiplicité de visages et de courages, car nous sommes aussi :

    MUTILÉES : si l’excision régresse, grâce surtout à la ténacité de femmes africaines qui forment des sages-femmes pour faire des interventions itinérantes dans les villages, elle reste une pratique majoritaire en Egypte, où elle est médicalisée pour les plus fortunées : seul est supprimé le traumatisme de la souffrance, mais reste celui de la non-jouissance ; d’une sexualité atrophiée et vide de sens demeure. Une médicalisation proposée, au mépris du serment d’Hippocrate, par certains médecins américains, dans le but de « limiter les dégâts » tout en conservant le rite. Or l’excision n’est plus un rite de passage, puisqu’elle n’est plus pratiquée à l’adolescence, avec les rites de passage qui les accompagnaient, mais sur des fillettes de plus en plus jeunes, voire des bébés ! Le but réel de l’opération est alors montré dans toute sa cruauté : contrôler les femmes, et les empêcher d’avoir une sexualité épanouie et des désirs. Elle va souvent de pair avec des MARIAGES FORCÉS, de plus en plus précoces ; c’est à dire des VIOLS DE PETITES FILLES. (Yémen, Soudan, Mali, Mauritanie, Somalie, entre autres)

    Félicitons les hommes et les femmes qui s’obstinent à montrer que dans notre diversité nous sommes toutes égales, et qu’aucune « exception culturelle » ne justifie des mutilations ou des crimes. Bravo au clip  de Julie Gayet montrant le mariage forcé d’une petite blondinette parisienne avec un vieil homme ; merci à Linda Weil-Curiel  d’avoir clamé, voici des années déjà , que Noires ou Blanches, les petites filles avaient les mêmes droits, et d’avoir impulsé les premiers procès pour excision sur le sol français, sensibilisant ainsi l’opinion. Car auparavant on pouvait encore voir des films sur « l’excision rituelle en Afrique », présentée comme un quelconque rituel folklorique et exotique… Merci aux médecins-des hommes pour la plus part- qui effectuent des chirurgies réparatrices sur les femmes excisées, et leur permettent une meilleure vie. Ils sont pour nous l’image de la solidarité humaine, et de l’entente des sexes, la démonstration vivante de l’abandon de la soif de pouvoir pour le respect et la compassion…

    APPAUVRIES : dans le monde occidental, aucun pays ne parvient à une égale représentation politique et économique des hommes et des femmes.

    En FRANCE, les chiffres sont effarants, rappelons-les : 26% d’écart de salaires entre les hommes et les femmes ; 73% d’hommes dans les instances parlementaires ; aucune femme à la tête d’une entreprise du CAC 40 ; mais 80% des personnes gagnant moins que le SMIC sont des femmes, le plus souvent avec enfants…

    ASSERVIES : nous effectuons 89% des tâches ménagères, 60% des tâches liées aux enfants, sans aucune rémunération ;

    HARCELÉES : plus de 90% des femmes ont reconnu avoir subi des attouchements, ou des intrusions ou interventions brutales ou humiliantes dans les transports français.

    Il se produit  un viol toutes les 6 minutes, et pour seulement 10% d’entre eux, une plainte est déposée. Mais les agresseurs sont loin d’être tous des anonymes ! Dans 37% des cas, il s’agit du conjoint ou ex-conjoint ou partenaire !

    TUÉES : une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son partenaire de vie.

    Mais surtout, dans notre pays comme ailleurs, nous sommes sujettes au DÉNI de notre vécu et de notre expérience : les insultes sont de l’humour, le harcèlement est de la galanterie, le viol est une « relation trouble » ou un « non qui veut dire oui » ; les coups sont de la jalousie et de l’amour ; le meurtre est « passionnel », et justifié par la « douleur de la séparation »….Ce sont les errements linguistiques de media eux aussi essentiellement masculins, où ne s’expriment (péniblement), que 30% de femmes.

    Dénier à une personne ce qu’elle vit, c’est lui retirer une partie de son humanité profonde, c’est induire une souffrance psychique énorme. Quelques femmes se prétendant « féministes », mais ayant totalement intériorisé l’idéologie dominante, veulent faire taire les doléances en se gaussant du « féminisme victimaire » qui aurait fait « fausse route » !

    Cette stratégie ne s’applique bizarrement qu’aux femmes, car je n’ai jamais entendu parler de « lutte anti-apartheid victimaire », par exemple.

    Nommer l’oppression est la première étape vers la transformation des mentalités et des sociétés. Une démarche qui provoque souvent des réactions extrêmement violentes de la part de ceux qui ont intérêt au maintien du patriarcat, fut il enrobé ou déguisé. Cette violence (verbale en général) a le mérite de lever les masques. (1)

    Nos filles, nos petites-filles, ont encore du pain sur la planche….

    Dés demain 9 mars, on nous remise aux oubliettes jusqu’à l’an prochain.

    En attendant, ne lâchons rien !

     

    Michelle. C. DROUAULT.

     

    (1) La violence récente d’hommes se prétendant « bons chrétiens » en commentaires d’un article sur les discriminations vestimentaires  et de fonction des petites filles dans l’Eglise Catholique (au mépris de la parole des Papes) est édifiante….

     

     

     


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  • Baby blues, enfants migrants

     

    Ozan Kose, photographe turc de l’AFP[1], a été le témoin du naufrage d’embarcations de migrants entre la Turquie et la Grèce. Il a vu les corps de tous ceux qui n’avaient pu être sauvés, dont de nombreux enfants.

    Impuissant et plein de douleur, il relate dans un article poignant sa découverte du corps d’un bébé. Dans un cliché très pudique, il n’a photographié que son bonnet sur la plage.

    Ce qu’il dit avoir trouvé de mieux à faire au milieu de cette désolation, c’est de veiller le corps de cet enfant avec respect jusqu’à ce qu’un gendarme, très ému lui aussi, ne l’emporte.

    Lui même père de deux enfants de 8 ans et 5 mois, le photographe se demande « QUE FERAIS JE SI CE BÉBÉ ÉTAIT À MOI ? »

    C’est cette question que nous devrions TOUS nous poser, à commencer par les politiques européens, dont certains ferment les yeux sur cette tragédie, quand ils n’appauvrissent pas encore les malheureux réfugiés comme au Danemark. Rappelons que ce pays a décidé de confisquer les biens des migrants/ réfugiés au delà de 1300 euros, ce qui évoque sans surprise les spoliations dont avaient fait l’objet les Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.

    Cet argent est à eux, ce sont peut être les économies de toute une tranche de vie, et il était probablement destiné à faire survivre la famille.

     

     Ils étaient Irakiens, Syriens, Afghans….300 ENFANTS sont décédés depuis Septembre prés de Farmakonisi, Lesbos, Samos, (Grèce) dans le naufrage d’embarcations surchargées par des passeurs peu scrupuleux. Les survivants  racontent qu’ils menacent avec des armes ceux qui ne veulent plus embarquer, jugeant le voyage trop dangereux.

    Sur le seul mois de Janvier 2016, 244 victimes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été recensées[2].

    Ce lundi 8 Février encore, les garde -côtes turcs ont tenté de rescaper un bateau de 33 migrants en détresse. 27 d’entre eux sont morts.

    Un cimetière pour les migrants noyés non identifiés a été crée.

    Mais l’Europe reste sourde.

     

    Et lorsque le scandale de la misère des réfugiés atteint notre sol, à Calais, à Dunkerque, seules les associations, les bénévoles se mobilisent, car les pouvoirs publics détournent le regard, ou veulent envoyer l’armée !!!

    Alarmés depuis longtemps par la situation des mineurs isolés dans la « jungle » de Calais, le Secours Catholique et Médecins du Monde ont encore une fois saisi la justice mercredi dernier 3 Février : suite à une première intervention, le Conseil d’Etat avait ordonné en novembre aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie des personnes migrantes à Calais. Les deux organismes ont constaté que RIEN n’avait changé depuis cette injonction, laissant les mineurs isolés dans des situations parfois dramatiques et inhumaines : particulièrement vulnérables, ceux-ci ont besoin d’être protégés, soignés, encadrés par des dispositifs adaptés. Ceux-ci font totalement défaut.

    Des mesures de justice adéquates devraient permettre aux jeunes qui ont des proches au Royaume Uni de les rejoindre, et non de stagner, sans éducation, dans un environnement préjudiciable à leur santé et leur sécurité. Ces enfants ne sont pas différents des nôtres !

    Dans un article cinglant publié par le journal « UN », daté du 10 Février, et intitulé « CALAIS  UNE HONTE FRANÇAISE » l’écrivain Laurent Gaudé (prix Goncourt 2004) qui s’est rendu sur place dénonce des conditions de vie indignes d’une démocratie dite civilisée : « La République a laissé tomber un peu d’elle même dans la boue », dit-il , décrivant une vision d’enfer boueux sous une pluie froide, un « amas de pauvreté, de saleté (…) la misère démunie, nue grelottante ». Et toujours des enfants qui jouent au milieu des déchets.

    « Je n’aurais jamais pensé voir cela en France », déclare-t-il

    Conseillons à tous cette lecture, qui rejoint l’indignation du photographe. Ils réveillent, comme le dit le Pape François « notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté ». A ceux qui, dans leurs pantoufles au chaud osent parler de naïveté et d’angélisme, proposons une nuit sous la tente aux côtés des migrants.

    A ceux qui osent manifester « contre » la vie même de ces personnes qui fuient la guerre, rappelons qu’ils manifestent contre des enfants en danger.

    « Que ferais-je si cet enfant était à moi ? », c’est la seule question chrétienne qui vaille ; une interrogation qu’une société obsédée par l’éradication des religions ne veut pas avoir.

     Le danger, ce ne sont pas d’éventuelles intrusions du religieux, mais la dureté de cœur, l’absence d’empathie pour nos frères, qui nous feront juger par l’Histoire.

     

     

    Michelle C. DROUAULT

     

     

     

     

     


    [2] A ce jour de publication, 11 Février 2016, 409 personnes au total ont trouvé la mort en essayant de traverser la Méditerranée depuis le 1er janvier

     

     

     

     

     


    [2] A ce jour de publication, 11 Février 2016, 409 personnes au total ont trouvé la mort en essayant de traverser la Méditerranée depuis le 1er janvier


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  • Ce texte, écrit par l‘ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire « la Vie », arrive à point nommé.

    En effet, dans certaines régions, et en PACA en particulier, une banalisation redoutable du Front National fait que des catholiques ne perçoivent pas l’incohérence qui existe entre le message chrétien, qui appelle sans cesse à la fraternité et la tolérance, et celui du Front National, fait de rejets et de replis identitaires.

    Pire encore, dans quelques paroisses, des membres de l’équipe pastorale sont officiellement sur des listes frontistes ; et ils sont demeurés sourds aux appels à choisir entre leurs deux engagements, qui sont incompatibles. Le clergé, par manque de courage, laisse faire.

    S’agit-t-il, de la part des intéressés, d’une tactique pour « infiltrer » et orienter l’électorat catholique, nous n’en savons rien. Mais la gravité de telles situations demeure, et elle ternit considérablement l’image de l’Eglise catholique.

    En effet, pour les anticléricaux, le signe est clair : si tous les musulmans sont des terroristes en puissance, et tous les catholiques des fascistes en puissance, il faut éradiquer les religions et leurs manifestations dans l’espace public, et nous respirerons !

    Réagissons,  montrons que la Bonne Nouvelle, ce n’est pas renvoyer les migrants dans des pays sinistrés, ce n’est pas stigmatiser des personnes pour ce qu’elles sont ; ce n’est pas le recul des droits humains !

    Michelle C.  DROUAULT

     

     

    Le vocabulaire de la haine n’est pas compatible avec l’Évangile 

    Citoyens français attachés aux valeurs de la République, en même temps que chrétiens de toutes confessions qui mettons au cœur de notre foi le message évangélique de justice, de paix et d’amour universel, nous éprouvons aujourd’hui une immense tristesse et une profonde inquiétude pour l’avenir de notre pays face à la spectaculaire poussée du Front national.

    En effet, au moment même où la barbarie du terrorisme nous menace tous et n’a d’autre objectif que de nous diviser, ce parti politique, à son tour, met au centre de son projet la détestation de l’autre jusqu’à son rejet, osant même assimiler les migrants illégaux à une « métastase dans la société ».

    Dans ces heures d’une extrême gravité, porteuses d’un danger mortel pour notre démocratie et notre vivre-ensemble, citoyens et croyants nous ne pouvons pas rester silencieux.

    Citoyens nous n’accepterons jamais que la fraternité, valeur fondamentale de notre République, soit mise en péril par un parti qui use quotidiennement d’un vocabulaire d’exclusion et de haine. C’est pourquoi nous appelons nos compatriotes à se joindre à nous pour lui faire barrage par leur vote.

    Croyants, nous rappelons à nos frères et sœurs chrétiens de toutes confessions que le discours du Front National n’est d’aucune façon compatible avec le message d’amour du Christ dans l’Évangile qui est le cœur de notre foi commune :

    « J'étais étranger et vous m’avez accueilli. » 

    « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » 

    Nous n'avons pas oublié ce passage essentiel du document « Politique, Église et foi » adopté en octobre 1972 par l'assemblée plénière des évêques de France, réunie à Lourdes sous la présidence du cardinal Roger Etchegaray et de Mgr Gabriel Matagrin. (Texte intégral publié par les Editions du Centurion ) :

    « Il est clair que la Bible manifeste un certain nombre d’exigences éthiques qui sont tracées de façon tout à fait nette : le respect des pauvres, la défense des faibles, la protection des étrangers, la suspicion de la richesse, la condamnation de la domination exercée par l’argent, l’impératif primordial de la responsabilité personnelle, l’exercice de toute autorité comme un service, le renversement des pouvoirs totalitaires. La vigueur mobilisatrice de l’Évangilecontre les situations de défi et d’abus – qui sont encore le lot de notre actualité – peut, certes, s’exprimer au travers de choix politiques différents, mais aucun chrétien n’a le droit, sous peine de trahir sa foi, de soutenir des options qui acceptent, prônent, engendrent ou consolident ce que la Révélation, tout comme la conscience humaine, réprouvent. » 

    Ce texte dans lequel les chrétiens de toutes confessions peuvent retrouver l'écho direct des exigences évangéliques sonne aujourd’hui pour tous les croyants comme un appel à résister aux sirènes du repli sur soi. Cet appel, il faudra le traduire demain dans notre vote, et après demain, dans une réflexion collective indispensable pour relever le défi qui nous est lancé par la progression apparemment irrésistible du Front national dans les urnes, mais aussi dans les esprits. Cette réflexion implique d'ouvrir le débat dans toutes les couches de la société, dans les associations, les Églises, les universités, les syndicats et les formations politiques. Pour notre part, nous sommes décidés à y participer activement.

     

    Aimé Savard

     

    Il faut faire vite ! Une adresse : aime.savard@wanadoo.fr
    Aimé Savard, ancien rédacteur en chef de La Vie, se propose de centraliser nos signatures pour cet appel rédigé par des chrétiens de plusieurs régions. Chaque signataire est invité à indiquer : nom, prénom et ville de résidence, puis, s’il le veut, profession et fonction. Cet appel et les signatures parvenues demain soir seront publiés sur le site de « La Croix », dans plusieurs journaux régionaux et sur d’autres sites chrétiens.

     

    Article paru dans :

     

    http://www.baptises.fr/content/urgent-non-au-fn-signons


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  •  A LIRE POUR L’ÉTÉ….surtout si vous êtes à la mer ! …..

    « CERTAINES N’AVAIENT JAMAIS VU LA MER » (en anglais »the Buddha in the Attic »), est le deuxième roman de JULIE OTSUKA, Américaine d’origine Japonaise.

    Il est publié aux éditions Phébus.

     

    Cette écriture à plusieurs voix qui les symbolise toutes, est le récit des vies de jeunes japonaises-parfois de toutes jeunes filles de treize ans à peine-envoyées aux USA dans les années 1920 , pour y rejoindre des époux inconnus, immigrants japonais majoritairement cultivateurs.

    Toutes les facettes des vies de ces femmes se déroulent sous nos yeux : le travail harassant, qu’elles n’avaient souvent pas imaginé ; la vie conjugale ; les maternités ; le rejet des Américains, ou leur condescendance ; les enfants des narratrices devenus Américains ; puis, la guerre, et la politique d’internement des ressortissants japonais, ou d’origine japonaise.

    En refermant le livre, on se sent proche de Makyo, Hishiro, Urako ; on les imagine, et cette page d’Histoire mal connue s’éclaire…..

     

     

    MCD


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