• MÂLES SUPERCHERIES

     

     

    Le numéro de « LIBÉRATION » du 14 Juin nous offre un exemple emblématique de la mutation de la domination masculine pour continuer à bénéficier de privilèges exorbitants tout en se faisant passer pour « progressiste ».

     

    En effet, à lire les 2 articles en page 27 : « GPA, la Cour de Cassation va-t-elle continuer à tergiverser ? »  et « Être père ou mère , chacun doit pouvoir choisir », nous ne voyons aucune position révolutionnaire, comme leur publication dans un journal dit de gauche tendrait à le faire croire. Simplement deux hommes (dont l’un est universitaire) qui défendent l’un la possession et la confiscation du corps des femmes, la vision de l’enfant comme produit ; l’autre la négation du maternel, concepts ultra-réactionnaires contraires à l’humanisme le plus élémentaire.

     

    Ils nous présentent un verbiage technico –juridique froid et abstrait sur la conception , la grossesse et la maternité, démontrant par là qu’ils ignorent TOUT du corps et du psychisme des femmes, de la relation mère/enfant, et ce qu’est , tout bonnement, un enfant.

     

    Tous deux critiquent à l’envi l’assertion qui les dérange : « la mère est toujours certaine ».

     

    La mère est en effet pour l’enfant celle qui le porte, vit pendant 9 mois avec lui des échanges sanguins, sensoriels, émotionnels. Sa mère est celle qui lui donne naissance, l’accueille en ce monde, lui donne son lait. C’est la seule qu’il connaisse et reconnaisse. Ces premiers échanges sont primordiaux pour la constitution d’un être humain.

     

    À partir de 6 mois, un fœtus reconnaît la voix de sa mère et de ses proches, son rythme cardiaque, sa respiration, réagit à ses émotions. Ce n’est pas sans raison qu’on recommande pour apaiser un nourrisson des rythmes musicaux évoquant les battements de cœur de la mère.

     

    Comment peut-on être assez stupide et ignorant pour penser qu’un nourrisson reconnaît les gamètes ?? qu’il va savoir que celle qui lui a donné la vie(car sans elle, il ne VIVRAIT pas) n’a pas avec lui de lien biologique au sens de l’ADN ? La « mère d’intention » n’est qu’une étrangère pour lui.

     

    La GPA (dont l’appellation même réduit les femmes à des mammifères « gestantes » et leur dénie leur formidable travail de construction des êtres humains) est et restera toujours le fait de programmer sciemment d’arracher un bébé à la seule mère à laquelle il est lié pour le « livrer » à un couple totalement étranger dont il porte juste le pedigree biologique et qui l’a monnayé. Oser évoquer dans ce contexte son « intérêt supérieur » pour exiger une existence légale de ces enfants est une vile supercherie. Cet intérêt supérieur même demanderait simplement qu’il ne subisse pas ce traumatisme.* On comprend donc le législateur d’avoir une répugnance légitime à encourager cette pratique dès lors qu’elle est interdite en France, selon d’ailleurs un consensus assez large.

     

    L’auteur de cette plaidoirie s’obstine à  répéter comme un mantra que « la femme porteuse(sic) n’est pas reliée génétiquement à l’enfant puisqu’on lui confie un embryon qui lui est étranger » comme si ce manque de lien génétique empêchait tout le processus physique et psychique de la grossesse par un procédé magique ! Mais il a de plus l’outrecuidance d’affirmer que cette « femme porteuse » ne VEUT surtout pas être reconnue comme la mère de l’enfant, parlant une fois de plus à la place des femmes. Elle ne le PEUT pas, liée qu’elle est par un contrat de véritable esclavage moderne.

     

    La comparaison avec les enfants nés d’un don d’ovocyte chez un couple hétérosexuel dont la femme est infertile est absurde : ces enfants ne sont pas arrachés à celle qui les a portés !Quant à l’accouchement sous X, sans doute est il mal informé sur les ravages psychiques qu’il  peut provoquer tant chez la mère que chez l’enfant, même lorsqu’il est la seule solution raisonnable.

     

    La GPA est une des plus grandes exploitations capitalistes du XXIe siècle, et Libération s’honorerait à ne pas la défendre. D’énormes sommes d’argent sont en jeu (il faut débourser environ 100 000 euros pour « obtenir » un enfant) Parce qu’ils y trouvaient un intérêt financier, des politiques  en ce monde ont laissé agir de grands groupes pharmaceutiques, et des agences « intermédiaires » qui font des profits juteux en sillonnant le continent Indien et l’Ukraine pour trouver des femmes et des filles pauvres qui n‘ont plus rien à vendre que leurs ovocytes et leur utérus, et les négocient pour avoir juste de quoi entretenir leur famille. C’est la réalité.

     

    On ne peut trouver AUCUNE femme blanche et riche qui ait jamais porté un enfant pour un couple noir stérile et pauvre. Assez d’hypocrisie et de déni. Sans tout l’argent qui gravite autour, la GPA n’aurait jamais connu un tel essor. Et les « produits »  humains voyagent !

     

    On peut faire féconder un ovocyte dans un pays et l’implanter dans un autre à moindre coût…

     

     

    Les grands profiteurs de ce système sont des hommes, car ils ont entre leurs mains le principal  pouvoir économique mondial ; mais aussi une constante demeure :une écrasante majorité d’enfants conçus par GPA ont été des embryons fécondés avec le sperme du père « commanditaire », au sein d’un couple hétérosexuel ou homosexuel.

     

     Ce sont donc encore et toujours des hommes blancs et riches qui étendent chaque jour davantage le champ de leur possessions et de leurs possibles, dans une version de science-fiction du patriarcat : avoir un enfant « estampillé » de son patrimoine génétique en utilisant plusieurs femmes : une donneuse d’ovocyte, une « porteuse », et parfois une mère « légitime » pour l’élever.

     

     La GPA peut être adoptée par un homme par haine des femmes. La féministe espagnole  L.Falcon, dans son analyse de la GPA comme exploitation extrême des femmes, cite un célèbre footballer qui a eu recours à une mère porteuse pour éviter que sa fortune « ne tombe entre les mains d’une femme »…

     

    Dans la deuxième tribune de « Libération », un autre intervenant appelle les études de genre à la rescousse pour défendre l’idée qu’on puisse dorénavant « choisir d’être père ou mère ». En effet une femme transgenre qui avait gardé un utérus, mais était devenue un homme civilement, va donner naissance à un enfant.

     

    La science-fiction continue. Balayant d’un trait de plume le féminin et le maternel, l’universitaire souhaite que nous devenions tous « des sujets de droit neutres ».

     

    Il ne daigne pas s’interroger sur ce que va ressentir un enfant dont la mère s’appellera « Monsieur », et aura soit une compagne, soit un compagnon.

     

    Car enfin, les enfants dont on prétend défendre les droits sont dangereusement absents de toute cette littérature. ET LES ENFANTS ?

     

    Que vont ressentir les enfants qui apprendront comment ils ont été « obtenus » malgré les contes bleus qu’on leur fait ingurgiter ? Quels seront pour eux les conséquences psychiques d’avoir été « couvés » par des femmes qu’on a empêché de s’attacher à eux et transformées en machines ? Comment les enfants de transgenres vont-ils construire leur identité sexuelle ?

     

    Questions brûlantes dont tout le monde se fiche, ce n’est pas le sujet ! Leur « intérêt » aurait  pourtant demandé que l’on s’interroge avec minutie sur ce qu’on leur fait vivre, psychologiquement, socialement, affectivement. Mais non.

     

    Nous les femmes devons nous libérer de ces beaux parleurs qui tentent de nous faire prendre des vessies pour des lanternes pour assouvir leurs caprices et entraîner l’adhésion de l’opinion publique.

     

    Et tous ne nous laissons pas abuser par les histoires « d’amour », rapidement démystifiées.

     

    Récemment un hebdomadaire titrait, au sujet du meurtrier de Marie Trintignant, Bertrand Cantat »Tuer passionnément » ! C’est-à-dire qu’on tente de nous faire passer toutes les violences mortifères des hommes sur les femmes et les enfants pour des marques d’amour.

     

    La presse (à peu d’exceptions prés) manifeste le même apitoiement déplacé pour les pères qui tuent leurs enfants lors d’une séparation d’avec la mère, parlant d’ailleurs très peu des victimes.

     

    On a assez méprisé notre intelligence, et notre lucidité.

     

    Tuer n’est pas aimer ; arracher un enfant à sa mère n’est jamais respectable( sauf en des cas de force majeure) ; et ce qui est possible techniquement peut ne pas l’être humainement.

     

    Il est temps de nous lever pour dire « Assez ».

     

     

     

    Michelle DROUAULT

     

     

     

     

     

    * le traumatisme est à peu près le même que celui des enfants qu’on envoyait en nourrice dés leur naissance de la fin du XVIe au XVIIIe siècle. Depuis Rousseau, de patientes et longues recherches scientifiques et psychologiques ont montré la nocivité dramatique de ces séparations précoces…Trois siècles de progrès successifs en biologie, neurologie, psychopathologie ; l’avènement de la psychanalyse ; l’émergence de la pédiatrie comme discipline, sont ainsi effacés d’un coup de baguette par cette éternelle soif de possession !

     

     


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