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25 NOVEMBRE 2024, UNE DATE ?
Le 25 novembre est la journée dédiée à l’élimination de la violence envers les femmes et les filles.
Le bilan de l’O.N.U est plus qu’alarmant : 1 femme est tuée par un proche toutes les 10 minutes dans le monde.*
En France, 400 organisations de la sphère associative, militante, syndicale et artistique, ont appelé à manifester aujourd’hui.
Des manifestations ont déjà eu lieu samedi, au cours desquelles des milliers de personnes ont demandé un « sursaut » politique et sociétal pour en finir avec ce fléau, en référence pour certaines à l’emblématique procès de Mazan.
Car la violence envers femmes et filles ne faiblit pas dans l’hexagone :
En 2023, 270 000 femmes ont subi des violences physiques ; 1 million 400 000 des violences non physiques (harcèlement, insultes, humiliations, chantages sur les enfants ou les ascendants, incitation au suicide, pressions psychologiques, violences économiques).
Seules 6% d’entre elles portent plainte. La plus part, qui connaissaient à 52% leur agresseur, estiment que cela ne sert à rien, et craignent de n’être pas crues…
D’où une impunité des agresseurs hautement préjudiciable à la société toute entière.
S’il est indispensable d’apporter une réponse pénale aux violences de sexe, la bataille des mentalités reste à gagner dans notre pays. Beaucoup trop de voix, masculines en grande majorité, s’élèvent pour traiter ces données avec scepticisme, dire qu’elles sont « exagérées », biaisées, et nier la caractère systémique des violences. En privé, et dans les media.
Les pouvoirs publics ont recensé 93 féminicides par compagnon ou ex-conjoint en 2023 ; les organisations féministes arrivent au chiffre de 135. C’est énorme. C’est l’équivalent des victimes du Bataclan. Mais certains hommes contestent encore le terme « féminicide »(meurtre. d’une femme parce que femme). Ils évoquent un prétendu « acharnement » des féministes(parfois qualifiées de « néo-féministes », sans que nous ayons pu comprendre le sens de cette terminologie, jamais employée par les femmes elles mêmes) à présenter les hommes comme coupables.
Que la plus haute personnalité de la République ait déclaré qu’un artiste célèbre accusé de nombreuses agressions sexuelles « rendait fière la France » laisse perplexe.
Que pourront en conclure les jeunes générations, sinon une totale minimisation des violences sexistes au profit de la réputation d’un homme ? Quelle attitude auront ils à leur tour envers les jeunes filles et femmes ? *Il est clair que la France a un problème, car de tels propos n’auraient pu être tenus dans d’autre pays d’Europe sans une désapprobation massive, dont l’anticipation aurait porté son auteur à s’abstenir…(Espagne, Allemagne, Danemark, pour ne citer qu’eux). Et la défense lamentable des personnalités politiques ou artistiques mises en cause dans des affaires de violences domestiques ou sexuelles, n’aide pas : le déni, toujours le déni, un véritable sport national…
Cet atmosphère est délétère pour les femmes. Et toxique. Elles n’ont aucun sentiment de sécurité. Que l’espace soit public ou privé : le lieu le plus périlleux est leur propre foyer : 62% des agressions ont lieu au domicile de la victime. La violence conjugale est en hausse : 244 301 victimes en 2023.
Soit +7%. Est ce par ce qu’elle est davantage dénoncée ?.
L’élimination de la violence envers les femmes et les filles ne se fera qu’avec un total changement de cap. Au niveau éducatif, législatif, judiciaire, et financier.
Si de bonnes mesures ont certes été prises (une augmentation de 10% du budget pour l’égalité-c’est faible- ; l’Aide universelle ; la possibilité récente de pouvoir porter plainte dans le service gynécologique ou d’urgences d’un hôpital, qui alerte la gendarmerie ou le Procureur), elles ne sont pas en cohérence, à l’intérieur d’un loi-cadre assortie de moyens dédiés, tant matériels qu’humains, qui tiennent compte de la complexité du parcours des femmes concernées. Et de leur sécurité, et celle de leurs enfants, à chaque instant.
C’est ce que réclament les manifestantes aujourd’hui !
Il est temps !
Michelle DROUAULT
*1 : en Europe et aux USA, les meurtres par conjoint ou ex sont majoritaires ; sur les autres continents c’est la famille proche qui tue les filles/femmes, et les victimes sont plus jeunes.
*2 Les violences ont été analysées pour des personnes de sexe féminin entre 15 et 74 ans, mais j’estime ce panel pas assez large : si on observe les graphiques entiers, on s’aperçoit que les violences commencent vers 10 ans, avec un pic progressif jusqu’à 18/20 ans, les jeunes femmes sont très impactées ; par ailleurs, en zone rurale, les victimes de féminicide peuvent être très âgées, une victime récente avait 89 ans…
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