• Exclusion de l'espace sacré

     

     « Des incidents ont éclaté près du mur des Lamentations, vendredi 10 mai à Jérusalem, des ultraorthodoxes tentant de franchir un cordon de police entourant un groupe de militantes féministes venues prier sur le lieu le plus sacré du judaïsme. »

    Journal le Monde du 10 mai 2013

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2013/05/10/israel-echauffourees-devant-le-mur-des-lamentations_3175248_3218.html

     

    Cette violence vis à vis des femmes, cette volonté d'exclusion de l'espace sacré de la part des ultra-orthodoxes juifs, est de même nature essentielle que l'exclusion des ministères dans le catholicisme romain. (Voir notre article "Malheur à celui qui blesse une enfant")

    Cependant, pour le catholicisme romain, la violence est évidemment de l'ordre du symbolique. On doit la distinguer de la violence physique que reflètent ces images....qui nous montrent aussi le courage de celles qui la bravent.

    Néanmoins, le résultat est identique: la confiscation par le masculin de l'espace de communication avec Dieu.

    Michèle Jeunet

    Michelle Colmard-Drouault 


  • Commentaires

    1
    Maurice Durand
    Mardi 14 Mai 2013 à 22:17

    L’invention du sacré fut un subterfuge des mâles. 

      

     Le recours aux plus faibles des hominiens mâles pour éclairer les origines de notre espèce et de son mouvement vers la civilisation fera sourire, ricaner peut-être. C’est que nous posons le couvercle de la raillerie sur notre faute originelle. L’origine de nos culpabilités est dans le pouvoir pris par la force. Cette invention est masculine. Dès l’origine, le mâle s’est dressé entre l’être et la vie. La côte d’Adam, le phallus de Priape, le sceptre des rois et les cyprès des cimetières, proclament tous la même loi : je ne peux couver la vie mais je peux la ravir. 

     Le pater familias romain, notre modèle de père, avait droit de vie et de mort sur les enfants. L’enlèvement des Sabines fonde la cité de la louve et des jumeaux sur le viol. Jusqu’au grand siècle, parfois bien après, l’enfant ne fut pas une personne. Le produit de la mère n’était qu’un animal. Les pères, sacralisés en patriarches,  réduisaient la mère en terre passive, dépôt fertile de leur semence. Aujourd’hui, ce sont encore les hommes qui glosent sur l’embryon pour décider de ce que doivent en faire les femmes… 

     Pour régir la femme il fallait l’aliéner. L’aliénation première fut probablement celle de la reproductrice. La force des mâles, dans leur compétition pour les accouplements, s’exerce en deux temps. Elle exclut les rivaux puis enclave les conquêtes. Car il faut des femmes pour assurer la prospérité des familles et des hordes. Source du plaisir des forts et de l’avenir du groupe, la femme était le privilège des chefs et le trésor des clans. Elle a connu le sort des magots. On les conquiert, puis on les cache.  

     Mais la conscience d’être et l’angoisse de devenir tourmentent l’homme tout autant que la faim et les gonades. Or le mâle humain, ici, ne domine plus rien. Il craint que la femme, d’où vient la vie, sache aussi où elle va. Celle qui lui donne l’extase ne peut qu’avoir ses accointances avec les forces qui lient la terre et le ciel. Elle n’en dit rien. C’est donc qu’elle cache ce qu’elle sait ou bien qu’elle n’en sait pas plus que ses gardiens. Dans un cas comme dans l’autre le mâle se prémunit. Comment les hommes pourraient-ils accepter que les mères d’où ils sortent disent aussi où ils vont ? Que seraient les mâles s’ils devaient révérer le divin dans leurs conquêtes soumises ? 

     La relation à Dieu fut donc l’affaire des forts, leur exclusivité. Il ne fallait rien laisser de Lui aux femmes qui vivent dans leur faiblesse la révélation de sa gratuité joyeuse. L’homme déclara donc d’abord que la femme avait révélé le secret du bien et du mal pour camoufler sa prétention d’enseigner l’un et l’autre. S’il y a une faute originelle c’est bien celle-là, qui fait de l’homme l’inventeur d’une interdiction là où Dieu parle de connaissance. La logique de ce mensonge premier reléguait le Verbe de Dieu dans les prodiges occultes. Pour l’y enfermer l’homme se réserva l’accès à l’écriture. Instrument du pouvoir, moyen de transmettre la connaissance, elle devait rester l’apanage de ceux qui peuvent imposer un savoir légitimant leur pouvoir.  C’est seulement lorsqu’elle s’est répandue dans le champ du profane que la femme fut autorisée à s’emparer de l’écriture, jusque là tolérée pour une minorité suspecte. 

     Depuis toujours l’homme sacralise ainsi ce qu’il ne peut dominer. Il  l’emberlificote dans les pratiques dont il s’arroge le monopole pour s’approprier le sacré, défini comme l’intouchable. Il en exclut la femme et  la confine dans l’aire qu’il délimite par les rites d’approche qu’il précise. Il en amadoue la puissance par le tragique des sacrifices.  Tout naturellement, de Carthage à Cuzco, c’est   la femme et l’enfant qu’il a privilégié pour l’holocauste. 

     

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