• Le genre...parlons-en (1)

    Ce mot s’est répandu à grande vitesse en suscitant beaucoup de controverses. Ceci est mon premier article sur le sujet. 

      

    Les romans peuvent être de bons lieux de réflexion. 

    Voici quelques lignes écrites par Ken Follet dans Le vol du frelon (Livre de poche p 48) 

    L’action se passe en 1941 en Angleterre. Une femme, Hermia Mount, est membre des Renseignements britanniques le MI6, dirigeant la section danoise de l’espionnage. Elle rencontre un membre du gouvernement et voici un de leurs dialogues : 

      

    - On ne s’est pas trompés, lança-t-il en souriant, vous n’avez pas la langue dans votre poche. 

    - Que vous a-t-on appris d’autre ? 

    - Que vous êtes bilingue anglais et danois- ce qui, je présume, explique pourquoi vous dirigez le bureau danois. 

    - Non. La raison en est la guerre : autrefois aucune femme au sein du MI6 ne s’élevait jamais au-dessus du niveau d’assistante secrétaire. 

    Dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux programmées pour tenir un intérieur et élever des enfants. 

    Mais depuis que la guerre est déclarée, notre cerveau a subi de remarquables modifications et nous sommes devenues capables de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin. 

    Il accueillit son ton sarcastique avec bonne humeur. 

    - Je l’ai remarqué aussi, dit-il, et cela ne cesse de m’émerveiller. 

      

    La question du genre se situe d’abord à ce niveau-là : des exclusions de certains rôles sociaux et professionnels (comme ici la responsabilité d’un réseau d’espionnage) relève d’une construction sociale qui se cache derrière une prétendue «  nature des choses » 

    ( dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux  programmées…). 

    Il faut des circonstances comme ici une guerre pour que la tromperie de cette construction soit démasquée. Hermia Mount se révèle capable «de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin.» 

      

    Parmi ceux et celles qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il qui voudraient revenir aux temps où il était inimaginable qu’une femme soit médecin, chirurgien, enseignant, pilote d’avion, écrivain, chercheur etc… au nom d’une différenciation qui tiendrait à une 

    «  nature féminine » incapable de les exercer ou non-programmée pour cela par une volonté divine ? 

    Savent-ils que les arguments qui s’opposaient à l’accès des femmes à ces professions étaient les mêmes que ceux dont ils se servent : le maintien, le respect de la différence. « Si une femme devient chirurgien…elle va perdre sa féminité » disait-on. 

      

    Parmi celles et ceux qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il, qui, par exemple signeraient ces déclarations : 

    « Depuis quand est-il d’usage de voir les femmes abandonner les soins pieux de leur ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur la place publique…remplir des devoirs que la nature a départis à l’homme seul ? » 

    Procureur Chaumette, 1793 

    « Je ne crois pas qu’il faille s’occuper d’un régime d’instruction pour les jeunes filles…L’éducation publique ne leur convient pas puisqu’elles ne sont point appelées à vivre en public». 

    Napoléon 

    « L’homme tire sa dignité et sa sécurité de son emploi. La femme doit l’un et l’autre de son mariage». 

     Jean Foyer, ministre de la Justice 1973 

      

    Il est sûrement légitime de s’interroger sur les positions les plus extrêmes de la question du genre. Mais il est malhonnête de la réduire à cela. Attention à ne pas être manipulé par ceux qui n’ont pas fait le deuil de leur perte de monopole, de leur position dominante et qui se lancent dans cette bataille pour essayer de récupérer du terrain perdu. Ou alors par ceux que cela arrange d’être les défenseurs acharnés de la différence pour justifier le non-accès de femmes à des responsabilités dans leur religion (des Eglises protestantes fondamentalistes, les tendances conservatrices de l’Islam et du Judaïsme, l’Eglise catholique romaine). 

    Michèle Jeunet

     

     


  • Commentaires

    1
    MD
    Lundi 14 Octobre 2013 à 14:20

    Il n'y a pas de véritable égalité sans le respect de la différence; sinon le masculin englobe tout, et est seul représenté. C'est le mur dans lequel vont certaines féministes, qui ne supportent pas qu'on évoque la différence des sexes. Qui existe, qui est humaine, et ne peut être niée.Le noeud du problème est le refus de l'altérité par le masculin: la femme n'est pas un sujet "autre", qui doit être reconnu à l'égal. Pour le masculin dominant, tout" autre" est forcément inférieur ou objet.Dans notre société, les femmes sont tout sauf des humaines respectables (voir la comparaison récente d'une députée avec une poule!)

    Le féminisme égalitaire vulgarisé veut faire des femmes des hommes, les assimiler, les incorporer, en gommant complètement qu'elles donnent la vie, et qu'il s'en suit un vécu différent.Seulement, il est dévalorisé. Vite, vite, pour récupérer de la valeur, accrochons nous un phallus! Non, et non, la véritable révolution serait d'inclure la féminitude et le maternel dans la société, comme ont commencé à le faire certains pays du Nord de l'Europe...

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