• L’enlèvement au Nigéria de 223 fillettes et jeunes filles lycéennes (53 ont pu s’échapper) par la secte « Boko Haram » (littéralement « ce qui vient d’Occident est illicite »)  qui les retient en otages, après s’être vantée de procéder à leur vente en tant qu’esclaves, ou à leur mariage forcé, occupe en ce moment, bien tardivement, le devant de la scène médiatique.

    Bien tardivement, parce que ce forfait remonte au 14 Avril, voici presque un mois.

    Et que les ravisseurs ont eu trois semaines pour les transférer dans une autre région d’Afrique.

    D’après Amnesty International, l’armée nigériane aurait été avertie de rumeurs d’enlèvement imminent, mais n’aurait pas agi avec assez de réactivité.

    C’est la mobilisation des parents des jeunes filles, puis des ONG, et enfin de l’opinion publique internationale, qui a fini par enfler jusqu’à provoquer l’intervention de Michelle OBAMA : « Ce qui s’est passé n’est pas un incident isolé » a déclaré la Première Dame des Etats-Unis, « c’est le genre d’histoires que nous voyons tous les jours , tandis que des jeunes filles dans le monde entier, risquent leur vie pour poursuivre leur projet de vie ».

    J’ai traduit « ambitions » par « projet de vie », parce que deux évènements tragiques, qualifiés de « faits divers » par la presse française, ont eu lieu ces jours derniers ; et qu’ils démontrent que depuis l’enfance jusqu’à l’âge mûr, les filles et les femmes ne sont aucunement libres de poursuivre leur vie comme elles l’entendent ; d’avoir accès au savoir et à l’autonomie.

    Dans une proche banlieue ordinaire de Paris, un homme séparé de son épouse vient récupérer des affaires au domicile où cette dame vit avec leur fille de 3 ans et demi.

    Il fait montre de violence avant même d’avoir franchi la porte, et elle appelle la police.

    L’homme parvient à pénétrer dans le logement, et malgré l’intervention massive des policiers s’enferme dans une pièce avec l’enfant qu’il tue de plusieurs coups de couteau.

    Le même jour, dans une autre banlieue, un fonctionnaire de police (!) venu ramener sa fille de 4 ans à son ex-compagne après une journée passée avec l’enfant, menotte et bâillonne la mère, et tue la petite fille à bout portant, avant de retourner son arme contre lui.

    Que sa compagne refasse sa vie lui aurait paru insupportable ? (c’est l’hypothèse avancée par la presse). Ce geste était donc bien dirigé contre elle….

    La mort de ces deux fillettes s’ajoute au féminicide qui se poursuit partout dans le monde.

    Rappelons que près de 117 millions de fœtus féminins sont éliminés parce que féminins avant même leur naissance.

    Mais aussi, ces évènements sont tous liés par une constante : la PUNITION, terrible, atroce, des filles qui veulent s’instruire et avoir une profession* ; des femmes qui osent vouloir se séparer du père de leurs enfants.

    Un organe de presse sur internet précisait à juste titre que jamais la presse écrite ne parle d’infanticide quand c’est un père qui tue son enfant, comme si ce droit de vie et de mort d’un père sur ses enfants, comme à l’époque romaine, pouvait être justifié ; alors que de la part de la mère, il est inexcusable. Ce sont des meurtres d’enfants, et la souffrance de la séparation ne peut en rien les justifier. Ce ne sont pas des « drames de la séparation », ce sont des punitions exemplaires. Comme le soulignait N. HENRY, l’auteure de « Frapper n’est pas aimer », si les femmes hésitent à fuir le foyer d’un homme violent, rien d’étonnant : voilà ce qui arrive à celles qui partent ! Le message est clair. Même si il a mis fin à ses propres jours ensuite, un père qui tue son enfant devant sa mère peut être absolument sûr que la vie sur terre de cette mère sera détruite à tout jamais. Et, consciemment ou inconsciemment (c’est aux experts psychiatriques d’en juger, mais la plus part d’entre eux s’accorde sur cette notion de punition), c’est ce qu’il veut ! Bienvenue en enfer !

    Qualifier la secte pseudo-islamique de « monstrueuse » sans jeter les yeux sur l’actualité occidentale, et la portée symbolique de tous ces actes, permet aussi de rester dans l’illusion.*

    La violence n’a pas besoin de monstres, elle peut être le fait d’hommes bien ordinaires.

    Et si elle se perpétue, c’est que les sociétés les permettent.

    Elle commence avec les mots, avec « la place des femmes » :

    « Les femmes à la cuisine, pas à la mairie », s’était vu taguer sur sa permanence une candidate aux municipales voici quelques semaines.

    Que des hommes nous proclament esclaves, ou que nous le soyons dans leur tête, briser les chaînes est un vaste combat.

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

    * 1 La jeune Pakistanaise Malala a échappé de justesse à un assassinat simplement pour avoir parlé en faveur de l’éducation des filles.

     

    *2 : que le but visé par les ravisseurs soit autre (rançon, pouvoir) est possible, mais le résultat du message est là !

     

     

     

     

     

     


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    Voici l’annonce d’une conférence pour celles et ceux qui sont en région parisienne.

    Elle a l’intérêt de ne pas se lamenter mais de montrer comment par des actions concrètes il est possible de lutter contre les discriminations au sein même des religions.

     

    Conférence - débat du Comité de la Jupe

    Lundi 12 mai 2014

    20h30

    Eglise st Merri

    76 rue de la Verrerie

    75004 Paris

    Métros: Hôtel de ville, Rambuteau

    Machisme des religions: comment en finir?

     « Les religions sont intrinsèquement machistes: supprimons les!... »

     « Il n'y a aucun problème, d'ailleurs les femmes sont admirables... »

     « Patience, les choses évoluent... »

     « Ne baissons pas les bras, changeons les choses de l'intérieur... »

     « Les femmes au pouvoir!... »

     

    Mais assez discuté. Place aux propositions! Le Comité de la Jupe invite des femmes, juive, chrétienne et musulmane, à témoigner de leur expérience de lutte contre la discrimination sexuelle et à proposer des actions concrètes.

    Participantes:

    Janine Elkouby, agrégée de lettres classiques, enseignante, écrivain, responsable associative, auteur de nombreux articles et contributions sur les femmes dans le judaïsme. Janine a obtenu en 2006 l'éligibilité des femmes au Consistoire Israélite du Bas-Rhin et en est actuellement la vice-présidente.

    Hanane Karimi, doctorante en sociologie et diplômée en éthique. Ses recherches portent sur l'autonomie des femmes musulmanes françaises, issues de l'immigration postcoloniale. Hanane est la porte parole du collectif "Les femmes dans la mosquée" qui refuse l'invisibilité des femmes dans les mosquées.

    Églantine Jamet-Moreau, maîtresse de conférences en civilisation anglaise. Auteure du livre "Le curé est une femme " (L'Harmattan, 2012). Eglantine est co-fondatrice de l'association SEM Succès Égalité Mixité qui vise à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes dans la société.

    Avec la participation de Lucie Veyretout, juriste, spécialiste des discriminations dans les religions

    Modératrice: Anne Soupa, présidente du Comité de la Jupe


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  • Les pressions idéologiques en faveur de la gestation pour autrui demeurent fréquentes, et répétées depuis presque une décennie.

    Elles visent à la manipulation d’une opinion publique souvent prête à réagir de façon passionnelle, et impulsivement compassionnelle.

    Les arguments mis en avant sont toujours les mêmes : la détresse des couples stériles, et « l’amour » qui serait le moteur de la décision de devenir mère de substitution.

    Ces propos ne résistent pas à la plus simple analyse.

    Si la détresse des couples stériles est bien réelle, elle ne peut en aucun cas justifier d’infliger volontairement de la souffrance à autrui pour y mettre fin.

    Myriam Szejer* et Jean Pierre Winter, pédopsychiatres et psychanalystes, ont fondé « La cause des bébés », une association pluridisciplinaire qui milite pour « l’éthique du sujet-bébé ».

    Dans une réflexion très rigoureuse parue sous forme d’article dans la revue « Etudes » de Mai 2009, ils détaillent la souffrance et les dommages que la maternité « de substitution » « inflige tant au bébé qu’à celle qui le porte.

    Le fœtus, observe le Dr Szejer, se soucie peu des gamètes, et ce n’est pas elles qu’il reconnaît ! Les parents génétiques sont pour lui des étrangers.

    L’arracher à sa naissance à l’univers de perceptions sensorielles qu’il éprouve depuis le 5ème  mois de grossesse (voix, bruits), bref à l’ambiance familiale de sa vie anténatale, constitue pour lui « un véritable chaos », et une » rupture dévastatrice » avec ce qui permet à un nouveau-né de se repérer dans les premiers moments de sa vie.

    Il faut en mesurer les conséquences.

    Comment, demande-t-elle, les médecins, qui savent tout cela, et ont mis en place tout ce que nous avons cité dans l’article précédent : « peau à peau », « unités kangourous » mère/enfant, pour améliorer le pronostic de survie des prématurés et bébés fragiles, etc… comment certains d’entre eux peuvent-ils apporter leur caution au système des mères porteuses ?

    Prescrire des « abandons sur ordonnance » alors que toutes les recherches sur le psychisme infantile sont unanimes sur le préjudice d’une séparation mère/nouveau-né ?

    Par un processus bien connu, répond le Dr JP Winter : la dénégation.

    La dénégation vient de ceux qui ont intérêt à ce procédé, et retournent en boomerang la violence qu’il implique pour se positionner eux (ou ceux pour qui ils œuvrent) en victimes souffrantes.

    C’est une manipulation mentale bien connue, fort semblable à celle diffusée par les masculinistes concernant les « droits des pères ». La souffrance des enfants y est niée pour mettre en avant celle (réelle ou supposée) des pères, et les droits des enfants se confondent avec ceux des pères ; ce ne sont plus des droits autonomes de sujets.

    Il s’agit d’une régression terrible sur la conception de l’enfance. On a longtemps considéré à tort que les nourrissons ne ressentaient pas de souffrance physique, et qu’on pouvait les opérer sans anesthésie ( !) ; on entend fermer à présent les yeux sur leurs souffrances psychiques et sensorielles, dans le simple but de légitimer une pratique. Il est vrai que le bébé, ici objet de contrat et « produit », n’a pas droit à être sujet pensant….

    Le Dr Winter a été amené à assurer le soutien psychologique d’une mère de substitution.

    En France, le stratagème est simple, et utilisé depuis longtemps, sans que des contrôles suffisants soient effectués pour débusquer ces situations : les parents « génétiques » font pratiquer une FIV à l’étranger, où la mère de substitution se fait inséminer avec l’embryon du couple ; puis elle accouche sous X dans un hôpital français, et le père génétique reconnaît l’enfant.

    Comment, interroge t-il, une femme enceinte d’un enfant peut elle dire que cela ne la fait pas souffrir de l’abandonner à la naissance ?

    En clair, avons nous ici abandonné tout bon sens, et tout sens de l’humain ?

    Comment peut se sentir une femme contrainte de ne pas s’attacher à l’enfant qu’elle porte, quel est ce « déni de grossesse » volontaire ?

    Il est bien étrange qu’une société qui juge à son de trompe les mères en déni involontaire de grossesse par maladie psychique, et s’indigne (à juste titre) du sort des « bébés congelés », soit prête à allègrement prescrire des situations de déni, également sur ordonnance….

    On objectera que jadis, les mères peu certaines de la survie de leur enfant évitaient de trop s’y attacher ; et qu’ils étaient, pendant une longue période (du XVII au XIXème siècle) envoyés en nourrice sitôt après leur baptême.(voir notre article « pères nourriciers ») Certes. Mais revenir à l’équivalent de ces pratiques supposerait, en toute contradiction avec les affirmations précédentes, faire fi des progrès des sciences humaines !

     

    La mère de substitution suivie par le Dr Winter correspondait à tous les critères définis par les partisans de la pratique de la GPA : mariée, déjà mère de plusieurs enfants.

    Elle n’a pas été rémunérée, mais indemnisée.

    Cependant, le praticien souligne qu’il s’agit d’une femme fragile, au passé douloureux, qui s’est laissée attendrir par un couple stérile rencontré sur internet.

    Il évoque le risque que les candidates soient effectivement des femmes qui rejouent inconsciemment par là des maltraitances ou des ruptures infantiles.**

    Les complications sont survenues dés le 6ème  mois, et peu à peu, la mère porteuse a vu ce couple de parents d’intention « souffrant », changer de visage, et ne manifester aucune compassion pour ses difficultés (alitement, souci de garde d’enfants), pour devenir, après la naissance par césarienne, carrément arrogant et envahissant. ( Ce type de comportement a été relaté plusieurs fois aux USA par des mères de substitution qui avaient fini par changer d’avis devant l’emprise tyrannique des parents génétiques sur leur vie familiale)

    La mère porteuse et son mari se sont retrouvés dans une grande souffrance, traitée avec indifférence et désinvolture ; la mère s’était malgré elle attachée au bébé. Mais lorsqu’elle a voulu en demander des nouvelles, les parents « génétiques » sont devenus menaçants.

    Le psychanalyste nous laisse comprendre que la famille de la mère gestatrice mettra du temps à se remettre, ( si cette blessure se referme jamais !) malgré un soutien thérapeutique.

    « J’ai été prise pour un sac », a dit cette femme.

    Voilà à quelle réalité se heurte « l’amour », par lequel on appâte des femmes fragiles, soit par leur situation matérielle, soit par leur situation psychique. Il existe toujours une vulnérabilité.

    N’hésitons pas à dire qu’il s’agit d’un rapport de classe. La pratique des nourrices mercenaires à domicile au XIXème  siècle a été dénoncée comme telle : les bourgeois fermaient les yeux sur le fait que la nourrice devait délaisser son propre enfant pour venir s’occuper en ville d’un enfant de classe aisée que sa mère ne voulait pas allaiter (certains époux l’interdisaient à leur femme).

    Pour les dominants et les commanditaires, peu importent donc les souffrances infligées, du moment que le produit leur est livré. En cela nous pouvons partiellement donner raison à Pierre Bergé (voir 2nde partie) sur un point : les patrons d’usine des siècles précédents ne raisonnaient pas autrement(et ils continuent en Asie et ailleurs).

     

    A la lumière de ces problématiques, il paraît nécessaire de poser la question : qu’est-ce que le désir d’enfant ? Qu’est-ce que le désir d’élever des enfants ?

    Il convient de distinguer le désir de se reproduire, que l’espèce humaine a appris à canaliser pour progressivement maîtriser sa fécondité de manière acceptable, du désir d’avoir des descendants ; et de celui de vivre avec des enfants, et de les aider à grandir.

    Le désir de se reproduire est distinct de l’acte sexuel, et de l’orientation sexuelle.

    Parfois, certaines femmes ressentent une envie très puissante, et très récurrente d’être enceinte, tout le temps de leur jeunesse. Cela ne veut pas dire qu’elles mettent ce désir à exécution, ni qu’elles se retrouvent enceintes tous les ans ! Elles ont assez de raison pour avoir les enfants qu’elles peuvent assumer.

    Le désir de se reproduire implique aussi quelque chose de plus noble, partagé par une majorité d’êtres humains , hommes et femmes : la volonté et le souhait de transmettre un savoir, une terre, un espoir, une foi, des valeurs ; bref la volonté de survivre à sa propre mort par le biais de ses descendants.

    Ce moteur universel est cependant différent selon les époques et les cultures.***

    Il faut y joindre le désir de prolonger l’amour conjugal : donner vie à son amour. Une notion très contemporaine.

    Enfin, il y a le désir de vivre en compagnie d’enfants, et de participer à leur développement.

    Il y a peu de temps que ces trois désirs bien distincts sont censés être condensés dans un terme fourre-tout, le « désir d’enfant ».

    Jusqu’au XVIIIème siècle, la reproduction « animale » était involontaire, et souvent un fardeau pesant et menaçant pour les femmes. Et la volonté de transmettre un domaine ou une charge était plus exacerbée chez les possédants. Quant au désir de la compagnie des enfants, son couplage avec le fait d’être parents est extrêmement moderne : aristocrates et bourgeois ; artisans aisés, n’élevaient pratiquement pas leurs enfants, qui allaient de nourrice en pension, d’apprentissage éloigné en corps d’armée (voir l’article : « Enfances et Famille, des représentations relatives »). Par contre, l’autorité parentale, souvent tyrannique et arbitraire, demeurait indiscutée. De nos jours encore, les nombreuses « nounous »  qui élèvent les enfants des parents de profession libérale ou aisés, montrent la dissociation qui existe entre être parent, et vouloir se charger d’un enfant ou de plusieurs 24h/24. Le désir affiché de la compagnie et de l’éducation des enfants semble plutôt être l’apanage des enseignant-es et éducateur-trices. Qui ne souhaitent pas toujours avoir des enfants à eux….

    Mais plus on descend dans l’échelle sociale, plus l’obligation d’être parent, et surtout d’être mère- de surcroit, une « bonne » mère- se fait absolue.

    Depuis le milieu du XXème siècle, cette obligation a pour les femmes le poids d’une charge écrasante qu’elles assument quasiment seules : la famille élargie a peu à peu disparu, et la participation des pères reste facultative.

    Il semble qu’être mère soit devenu la seule identité constitutive d’une femme.

    Naturellement, plus l’investissement professionnel d’une femme est faible, moins son poste est gratifiant, plus cela est prégnant.

    Néanmoins, le modèle idéologique moderne de la femme « épanouie » « réalisée », est celui d’une femme qui est parvenue à « tout concilier » : carrière, enfants, couple uni….

    Constater que les femmes ne concilient rien, si ce n’est au prix d’une intense fatigue et d’une discrimination stagnante dans le monde du travail, serait l’objet d’un autre débat.

    Pour le moment, interrogeons nous sur l’axiome répété par les partisans de la GPA, à savoir que les mères porteuses vont permettre à d’autres femmes d’enfin « donner un sens à leur vie ».

    C’est un retour à une idéologie issue du XIXème siècle patriarcal et occidental, afin de faire rentrer les femmes à la maison, et de les écarter des études et du marché du travail (du moins celles qui ne pouvaient être exploitées dans l’industrie et les services !) : une femme n’en est une qu’à la condition d’être mère, état qui doit remplir toute sa vie.

    Le « progrès » tant vanté auquel nous ne pouvons pas nous soustraire, est au contraire un rétropédalage idéologique inquiétant.

    On comprend alors l’acharnement des femmes dont le couple est stérile à procréer à n’importe quel prix, si hors de cela, leur vie est réputée sans valeur. A leurs yeux, à ceux de leur conjoint, et de la société.

    Etre mère est une part de la vie d’une femme, cela ne la définit pas.

    Mais pourquoi l’adoption est elle si peu plébiscitée ?

    Jean Pierre Rosenczveig, magistrat, président du Tribunal pour Enfants de Bobigny, donne sur son blog une hypothèse d’explication :

    Quinze mille demandes d’adoption ont été enregistrées dans l’année par les Conseils Généraux.

    Or 2300 enfants seulement sont adoptables, c’est à dire pupilles de l’Etat.

    On ne peut que s’en réjouir : ils étaient 20 000 en 1980.

    Cependant, dit-il, la majorité des candidats à l’adoption veut un bébé de 3 mois environ, de type européen, en bonne santé.

    Et les enfants adoptables sont âgés de 7 à 9 ans, souvent de couleur, souvent handicapés, et beaucoup sont en fratrie.

    Certains, ajoutons-le, ne sont adoptables qu’en « adoption simple », c’est à dire qu’ils gardent leur nom, et un lien avec leurs parents de naissance.

    Devant ce décalage, il évoque le « déphasage » des candidats, qui se tournent alors vers l’adoption internationale, ou….la GPA, alors qu’ils savent se trouver en pleine illégalité !

    A ce propos, le magistrat exprime son exaspération*° devant le tapage médiatique de la poignée de personnes aspirant à « avoir » un enfant coûte que coûte, alors que la loi sur la famille devrait avant tout viser à résoudre les difficultés communes de millions d’enfants (le statut du beau-parent, entre autres).

    Adopter un enfant qui a une histoire de plusieurs années n’est pas simple. Cet enfant a eu en général un parcours difficile : deuil, maltraitance, violence, incarcération ou maladie incurable des parents, placements multiples, scolarisation décousue ou peu valorisée…Il peut avoir été confié pour adoption en raison d’un handicap, et en garder la blessure inconsciente.

    Elever un tel enfant, avec parfois ses frère et sœurs, demande de l’abnégation, de la solidité, et du soutien, familial et psychologique, voire spirituel.

    Ne sommes-nous pas en train d’assister à l’obsession de l’enfant parfait, de l’enfant rêvé ?

    Mais surtout, à la victoire d’un narcissisme exacerbé : l’enfant parfait ne peut venir que des gênes, des gamètes, transmises ou choisies par les parents ; et il doit socialement « donner l’illusion » d’un enfant conçu naturellement. C’est le triomphe d’un étrange biologisme ; de la notion archaïque de « la voix du sang », autre régression impliquée par la préférence de ces pratiques contestables à l’adoption.

    Nous pouvons poser la question : pourquoi toutes ces personnes « en mal d’enfant » ne s ‘occupent-elles pas pour commencer des enfants qui ont des parents en difficulté ?

    Ils et elles pourraient parrainer des enfants, devenir parents de villages d’enfants orphelins, bref donner de l’amour et de l’attention au grand nombre d’enfants sous le seuil de pauvreté (deux millions en France !) qui ont besoin de soutien sous diverses formes.

    Et si tout cet argent investi dans des GPA à l’étranger était utilisé à donner un toit décent à des enfants mal logés ? On peut toujours rêver….

    On pourrait imaginer aussi qu’il existe une « formation de parents adoptants », pour adapter les parents à la réalité des enfants adoptables, et les accompagner dans le deuil du poupon imaginaire qu’il leur faudra faire….

    S’il n’existe pas de « droit à l’enfant », il existe une « Convention des Droits de l’Enfant ».

    Offrir de l’équilibre, du bonheur et de l’éducation au maximum d’enfants qui peuplent déjà la planète devrait être une priorité, avant d’en fabriquer d’autres dans des laboratoires.

    Ceci bien sûr ne remet pas en question les FIV intra-conjugales de couples qui ont des difficultés à concevoir, je m’empresse de le préciser.

    Nous avons peu de recul : les enfants nés par GPA sont encore petits.

    Quels adolescents, quels adultes deviendront ils ? Les traumatismes de leur période néo-natale auront ils une répercussion sur leur devenir ? Comment assumeront-ils leur histoire ?

    Nous l’ignorons.

     

    Michelle C. DROUAULT

    (Avec mes remerciements renouvelés à B. de Dinechin)

     

    Notes :

     

    *Myriam Szejer est l’auteure, entre autres, de « Ces Neuf mois là », préfacés par le Pr René Fryman ; et de « le bébé et les ruptures ».

     

    ** C’est un fait que nous avons déjà constaté en tant que travailleur social chargée des entretiens en vue d’un recueil temporaire à l’Aide à L’Enfance, ou d’un consentement à l’adoption

     

    *** et il est encore teinté de nombreuses discriminations de genre, certaines fonctions ou héritages ne pouvant être laissés à une femme. A l’opposé certains savoir-faire artistiques ou médicinaux ne se transmettent que de grand mère à petite-fille, ou de mère en fille.

     

    *° « Parlez moi de moi, Y’a que moi qui m’intéresse » sur le blog de JP Rosenczveig.

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Dans un de ses colloques , le professeur Jacques Testart, directeur honoraire de recherche à l’Inserm et scientifique, aborde la fuite en avant de ce qu’il appelle la « technoscience », et le manque de précaution et de réflexion qui prévaut , aussi bien dans ce qui touche à l’environnement qu’en matière de bioéthique.

    Il évoque (je cite) « l’escalade récente des propositions pour engendrer les enfants », et la confrontation de la bioéthique à la notion de « progrès » sans limites.

    Citant lui aussi la philosophe Sylviane Agacinski, et sa préconisation de la bioéthique comme une « autolimitation de la puissance », le scientifique reste néanmoins pessimiste.

    Il estime que la séduction du langage dont nous parlions précédemment finira sans doute par « éroder la violence initiale » (je cite) de techniques absolument surréalistes comme le clonage d’organes humains ; ou encore d’êtres humains. Dans cette fuite en avant, certains souhaitent des recherches dans ce sens, et le pire serait encore à venir…

     

    Lorsqu’on voit qu’une célèbre psychanalyste, qui a par ailleurs remarquablement analysé et démonté les motivations passionnelles et  anti-intellectuelles  de beaucoup de sympathisants des « Manif pour Tous », est favorable à la GPA au motif qu’ « il est illusoire de s’opposer au progrès de la science » ; et qu’un autre philosophe très médiatisé dont elle est pourtant une des plus farouches contradictrices**, clame que rien de ce qui est techniquement possible ne pose problème, et pourquoi pas un utérus artificiel ? … les bras vous en tombent, et nous avons de bonnes raisons d’être inquiet-es.

     

    Le professeur Testart pose une question essentielle : la médecine est elle bien dans son rôle quand elle participe à des montages comme l’AMP (assistance médicale à la procréation) ou éventuellement la  « gestation pour autrui » ? Y-a t- il maladie ? La stérilité est elle une maladie ou une incapacité ?

    Nous avons visionné un reportage sur l’IAD (insémination artificielle avec donneur) et les dons d’ovocytes en France. Une impression de malaise s’est dégagée pour nous à regarder ces entretiens où le médecin demande avec précision au « père social » la couleur de ses yeux, de ses cheveux, son groupe sanguin, son poids, sa taille, ses goûts…afin de choisir un donneur qui corresponde au plus près à ce tableau, et créer ainsi une parfaite supercherie organisée, puisque jusqu’à une date récente, on recommandait le secret aux parents d’enfants nés par IAD.

    Il arrive aussi que ce soit la mère qui ait un problème de stérilité, et doive faire appel à une donneuse ; l’ovocyte de la donneuse est alors fécondé avec le sperme du père ; mais ces cas sont plus rares.

    Et il nous est apparu  ce qui a également frappé le scientifique : C’EST AU MÉDECIN QU’APPARTIENT LE CHOIX DU DONNEUR OU DE LA DONNEUSE.

    Est il ou elle à sa place ? Quel pouvoir exorbitant est le sien de décider de la généalogie biologique d’êtres humains ! Et le praticien n’est il pas naturellement tenté de pratiquer une certaine forme d’eugénisme involontaire, c’est à dire d’attribuer ce qu’il y de « meilleur » à ces futurs parents ?

    Dans une récente interview télévisée, J. Testart a rappelé que si dans notre pays 2, 5% d’enfants naissaient par IAD, dans 25% des cas, la stérilité des parents n’était pas démontrée.

    Dans ces cas là, le médecin serait alors une sorte de démiurge qui prend en charge l’impatience ou les difficultés psychiques d’un couple (alors qu’il n’est pas psychiatre) pour les traiter par la satisfaction du désir. Est ce bien le fait du serment d’Hippocrate ?

    En ce qui concerne la GPA, le rôle du médecin est encore plus discutable : il met en relation, en vue d’un montage social, une femme dans le besoin et un couple hétérosexuel ou homosexuel. 70% des demandeurs de GPA aux Etats Unis sont des couples d’hommes.

    Ces hommes ne sont pas stériles. Mais il leur faut souvent « utiliser » deux femmes pour satisfaire leur fantasme et leur désir, une donneuse, et une mère porteuse.

    Dans son intervention, Testart accuse toutes ces pratiques d’ « installer durablement l’assistance médicale dans l‘univers marchand, pour la satisfaction d’intérêts particuliers ». (citation)

    Et en effet.

    Nous avons consulté les sites d’un organisme américain de « mères de substitution » qui fait là bas une grande publicité, et tente de s’implanter en Europe.

    Nous avons étudié les clauses de contrat, et la linguistique.

    Le langage est effectivement un langage commercial, émaillé de termes médicaux.

    Il y a le contrat lui même, les garanties, les tarifs.

    Les notes additionnelles sont assez symptomatiques des glissements sémantiques opérés pour une meilleure accroche : la mère de substitution n’est JAMAIS appelée « mère », mais seulement « surrogate », c’est à dire « substitut » en substantif. L’anglais étant neutre, cela peut être traduit littéralement par « le substitut », ou « votre substitut ». Il y a donc pour les parents une dépersonnalisation progressive de la mère porteuse au profit de la visibilité  unique des « parents d’intention ».

    Ceci s’adresse à eux.

    Le langage médical est assez cru et direct, mais il évite soigneusement toute personnalisation ou mention des êtres humains qui participent à l’opération :

    Je cite :

    « Pour un total de 33 750 $, et une garantie additionnelle de 5000 $* pour les frais d’agence, vous recevrez (qui est « vous » ? En fait, c’est la gestatrice qui reçoit , mais elle est gommée)

    soit 3 transferts de 2 embryons, soit frais, soit congelés ; ou des ovocytes fécondés ou congelés ; OU ENCORE 6 transferts d’1 embryon frais ou congelé, ou d’1 ovocyte fécondé et/ou congelé. Le premier transfert est toujours effectué avec des ovocytes frais provenant d’une donneuse contrôlée par un médecin. Si les parents d’intention n’ont pas de succès au premier essai, et qu’il reste des embryons congelés, ils peuvent utiliser les embryons qui leur sont médicalement recommandés. S’ils ne sont pas recommandés (on les a triés), ils peuvent essayer un nouveau cycle avec dix ovocytes, ou embryons congelés provenant d’une donneuse contrôlée ».

    Les termes « femme », mère », n’existent pas, il n’existe que des manipulations.

    Seuls les parents sont sujets, les donneuses et les porteuses sont objets, non nommées,

    in-nommables. Quant au terme « transfert », d’une terrible froideur technique, il nous a rappelé d’autres enrobages linguistiques de sinistre mémoire.* 1

    Les intermédiaires, qui ont pour FONCTION de produire ou de couver, sont totalement effacées, comme si l’intention était le seul moteur de l’action : ce sont les parents  qui reçoivent, font des tentatives et des essais, utilisent….On supprime ici la réalité humaine du don d’ovocyte et de l’insémination. Nous sommes dans le fantasmatique et l’illusion volontaire.

    Les donneuses d’ovocyte reçoivent souvent des traitements hormonaux pour produire plus d’ovocytes. Ces traitements ne sont pas anodins. Ils peuvent altérer les fonctions rénales, par exemple, qu’il faut surveiller attentivement, ou les fonctions hépatiques. Un don d’ovocyte est douloureux.  Une anesthésie locale peut être nécessaire. Il n’en est nulle part fait mention.

    Quant à l’insémination de la gestatrice, une fois que l’ovocyte de la donneuse a été fécondé avec le sperme du père, elle nécessite un examen gynécologique, et l’assurance que l’intéressée n’ait pas eu de rapports sexuels pendant au moins 72 H  avant l’opération.

    Ce n’est pas anodin non plus.

    Examinons ensuite les « frais payés à l’agence ». Le total estimé est de 88 610$*2

    Ils comprennent des examens médicaux (VIH), psychologiques, de la donneuse et de la gestatrice, et une recherche de casier judiciaire.

    Un don d’ovocyte est rémunéré 8000$,  frais d’agence 6500$

    Chaque « transfert » supplémentaire coute 500$,

    La gestatrice est rémunérée 22 500$ + 1200 de compensation de salaires+ 500 d’allocation de vêture+ 200$ par mois pour frais divers.

    Il existe environ 5000$ de frais d’avocats, 3500$ d’honoraires d’un travailleur social.

    L’agence empoche 41 410$.

    S’il ne s’agit pas d’une traite des femmes, what else ?

    Le fait qu’une assistante sociale soit prévue m’a interpellée. Que vient-t-elle faire là ? Quel est son rôle ? S’assurer que la mère porteuse ne s’attache pas à son bébé ? Ne refuse pas de le « remettre » ?

    Nous assistons à la dérive d’un dévoiement général de missions de service public (médecine, service social, assistance judiciaire) en direction d’intérêts particuliers.

    Quand tant de personnes renoncent à des soins, ont besoin d’une aide sociale personnalisée ou d’un avocat commis d’office, nous voici dans un libéralisme sauvage  qui estime que tout s’achète, et que tout doit être au service du marché.

     

    Mais l’embouteillage des tribunaux avec des affaires de mères porteuses a déjà commencé en Europe :

    La Cour de justice Européenne vient de refuser le congé de maternité à deux « mères commanditaires » (encore un terme intéressant) qui l’avaient demandé.

    En effet, et cela nous rassure, la Cour a estimé que c’est la femme qui porte le bébé et en accouche qui a droit au congé de maternité pour compenser la fatigue de cet état de fait.

    Par contre, les « mères commanditaires » peuvent demander à leur pays de résidence un congé d’adoption. Il est important de noter que la deuxième mère a fait état de sa malformation utérine comme d’un handicap et a évoqué une discrimination à son égard fondée sur le handicap, ce qui également été jugé non fondé.

    L’impossibilité de porter un enfant est certes une souffrance morale, ce n’est pas un handicap qui peut nuire à la carrière ou à la vie d’une personne.

     

    Dans une troisième partie, nous évoquerons le désir d’enfant/désir d’élever un enfant ; et les solutions alternatives raisonnables à l’impossibilité d’avoir un enfant par soi même.

     

    Michelle. C. DROUAULT

    ** p.1 :il s’agit de la controverse entre E. Roudinesco et Michel Onfray sur, entre autres, son ouvrage sur Freud

    ** p.2 : soit 24 258 euros et 3594 eur de garantie additionnelle

    * note 1  « réinstallation » pour déportation, entre autres…

    * note 2 =63 680 euros

    Liens : colloque de J. Testart : http://jacques.testart.free.fr/pdf/texte926.pdf 

     

     


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  •  La philosophe Sylviane Agacinski vient de publier une réédition de son ouvrage « Le Corps en Miettes » revue et augmentée.

    Rappelons le, ce petit livre dénonce les dangers de la Gestation pour Autrui-en clair le système des mères porteuses-, et donne à voir sa réalité : un contrat qui permet la mise à disposition d’un corps et d’une vie pendant un temps X, et la vision d’un enfant comme un produit ; alors qu’en droit français le corps humain est résolument indisponible.

    Dans une interview radiophonique récente, la philosophe va plus loin :

    « La GPA, dit elle, est une démission de la pensée ».

    La formule nous a intéressées, et nous avons essayé de la questionner.

    Est ce vraiment une démission ?

    Nous avons plutôt vu à l’œuvre un certain nombre d’artifices, de détournements, de dénis, de dérives langagières, liés entre eux de manière complexe, pour amener la pensée à accepter l’inacceptable.

     

    DÉTOURNEMENTS ET DÉNIS

    Les partisans français de la « gestation pour autrui » s’autoproclament en général de gauche, ce qui les pousse à éliminer en vitesse tout l’aspect d’exploitation « de l’homme par l’homme » qui ne peut manquer de surgir ; et à justifier les pratiques revendiquées par des axiomes qui appartiennent à l’idéologie de la gauche humaniste, qu’ils défigurent.

     

    La philosophe établit un parallèle avec la prostitution (après tout, il s’agit de corps à vendre).

    Or, nous venons d’assister, concernant la prostitution, au détournement le plus grotesque et le plus obscène d’une des premières revendications des mouvements de libération des femmes, « notre corps nous appartient », par des hommes. La rhétorique est simpliste : si le corps des femmes est à elles, elles sont alors libres de le vendre, au prix qu’elles souhaitent, pour une heure ou neuf mois ! Montrant rapidement le bout de l’oreille en clamant que « nul ne peut limiter nos désirs et nos plaisirs » (les leurs) ils réaffirment la toute-puissance des mâles sur le corps des femmes, vénales ou non.

     

    Les figures de proue des associations en faveur de la GPA sont majoritairement des hommes, même si certaines femmes sont à leurs côtés ; et les déclarations fracassantes et méprisantes de Pierre Bergé (fondateur du Sidaction) : « Louer son ventre pour faire un enfant, ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? », comparaison DÉJÀ utilisées par les défenseurs du droit d’utiliser une prostituée, ne démontrent que l’ignorance et le dédain de son auteur pour ce qui se passe dans le corps des femmes.

     

    Que l’on parle à la place des femmes pour leur imposer des maternités non souhaitées ( dans le cas de l’Eglise) ; ou pour justifier la mise à disposition de leur sexe et de leur corps ( pour ces beaux parleurs arrogants), la place des femmes est la même : sans voix, chosifiées, distributeurs à plaisirs, ou couveuses vivantes… Maintenant qu’on ne peut plus les faire taire avec la menace de l’Enfer, on bâillonne les femmes avec l’argument de la libération qu’elles ont elles-mêmes réclamée, en le déformant, toujours pour le profit des hommes. Leur domination  a simplement changé de visage.

     

    Est convoquée également sur un ton péremptoire la notion de « progrès ».

    L’archaïsme et la brutalité de ce qui se joue doit être camouflé sous l’étendard du sacro-saint progrès, dont on nous abreuve, avec l’affirmation stupide et mensongère que, comme le souligne Sylviane Agacinski « Tout ce qui est techniquement possible est un progrès ».

    Ne pas questionner une telle affirmation est un déni de recherche sur l’Humain.

    Le « techniquement possible » ou « techniquement meilleur », peut être au service de projets humanistes OU destructeurs. Et une même invention peut être un bien ou un mal suivant qui l’utilise. Sans vouloir nous livrer à la surenchère argumentative qui fait apparaître à coup sûr le nazisme, il est évident que la recherche du « techniquement possible » et du « techniquement meilleur » a fait partie du champ de recherche du nazisme pour ses éliminations de masse, par exemple. Une telle affirmation est donc irrecevable.

    Néanmoins, il ne se passe pas de semaine sans qu’un politique ou une personnalité médiatique, voire un scientifique, ne s’exclame « mais enfin, la France est en retard, terriblement en retard ! » sur la PMA, la GPA, ou la fin de vie, et ne cherche à nous en faire honte.

    Récemment, on a osé présenter comme un progrès le fait qu’en Belgique, un enfant malade puisse décider de sa propre mort, lui déniant ainsi le statut d’enfant, avec l’irresponsabilité nécessaire qui l’accompagne.

    En retard sur quoi, sur qui, pourquoi, comment ?

    Naturellement, la question n’est pas posée.

    Mais le déni du réel se cache sous une dérive langagière qui habille, travestit, banalise, déconstruit ; bref habitue en douceur l’esprit à la barbarie….

     

    NOVLANGUE OU TERMINOLOGIE DE L’ABSURDE ?

     

    L’écart entre les mots posés, et la réalité empirique des faits, est une des violences de ce qu’Arendt nommait « la banalité du Mal ».

    Linguistiquement, il s’agit d’un écart volontaire entre le signifiant et le signifié, afin d’éroder le scandale que pourrait provoquer la juste dénomination d’un fait ou d’une pratique.

    Si aux USA, les termes du « contrat » de gestation pour autrui sont directement posés, très crûment, impliquant la « livraison » d’un enfant en bonne santé, en France, on nous berce d’un sirop douceâtre :

    « Altruisme » ; « don d’enfant » « aide à la fertilité » ; parents d’intention » ; « remise de l’enfant » « compensation », indemnité»….. « bonnes pratiques », « GPA éthique » ; « encadrement de la GPA »..

    Que recouvre cette terminologie ?

    La notion d’altruisme est absolument démentie par le fait que nulle part, en aucun pays, il n’existe de femmes riches qui se proposent de porter des enfants pour des femmes pauvres.

    La « gestation » ne va que dans un sens : la mise à disposition de ventres de louage de femmes de pays ou de classes défavorisées pour des couples riches, et en majorité blancs.

    Ces femmes n’ont aucune inclinaison altruiste particulière, mais des besoins, dont celui d’entretenir correctement leurs propres enfants. Les « compensations » ou « indemnisations » n’ont aucune commune mesure avec le niveau de vie des mères porteuses, et représentent des gains inespérés. En Ukraine, un des pays les plus économiquement déficient d’Europe, le salaire moyen est de 170 euros ; le coût d’un enfant par mère porteuse varie entre 9000 et 12000 euros.  Dix fois le salaire annuel.

    Nous pouvons relier cela au trafic d’organes (Turquie, Roumanie, Inde) que l’on peine à enrayer. Quand on n’a plus rien à vendre que son propre corps, il se trouve toujours des professionnels de la traite des êtres humains pour en faire commerce.

    Concrètement, dans les pays où la GPA est autorisée, ce splendide altruisme supposé est implicitement mis en doute : aux USA, le « contrat » prévoit l’obligation absolue pour la mère de remettre l’enfant au couple après la naissance, au besoin par l’intermédiaire de la police (cela s’est vu) ; dans d’autres pays, on endort la mère pendant l’accouchement pour qu’elle ne voie pas l’enfant à la naissance ; enfin, on déclare qu’il vaut mieux que la mère porteuse ne porte pas un enfant issu de ses propres ovocytes, afin qu’elle ne « court pas le risque de s’attacher à l’enfant  qu’elle porte » et « qu’ils ne deviennent pas trop proches ».

    Il faut réaliser la violence de ces propos : l’organisation délibérée du non-attachement de la mère et de l’enfant, comme si la grossesse n’était qu’un travail animal, et pas un travail tout à la fois d’échanges psychiques et physiques.

    Lorsqu’une mère accouche « sous X », on soustrait en général l’enfant à sa vue. Mais si une association agréée accompagne depuis une quinzaine d’années ces mères après la naissance si elles le souhaitent, c’est bien parce que des graves dépressions, comportements suicidaires ou addictifs, ont été observés par les services sociaux. Ce qui est sans surprise.

    Pour le « don d’enfant », il n’existe pas en droit français ; un être humain ne pouvant être « cédé ». La mère étant, selon ce même droit, celle qui accouche de l’enfant, la mère porteuse serait contrainte de consentir à l’adoption de son enfant.

    Or, on ne peut demander une adoption nominale ; l’acte de consentement à l’adoption est déposé devant l’Aide Sociale à l’Enfance, qui se réserve le droit de rechercher les meilleurs parents adoptants. S’en suit, au bout de trois mois, s’il n’y a pas eu rétractation, un jugement de transfert des droits parentaux à l’Etat.

    Observons que la mère porteuse ne bénéficie dans aucun pays d’un semblable délai, et que ses choix sont encore plus contraints que ceux de n’importe quelle mère.

     

    Mais, hors du champ juridique, que recouvre de concret la soustraction de l’enfant à celle qui l’a porté ?

    Qu’implique –t-elle ?

    Nous avons visionné de nombreux reportages sur les bébés prématurés, et grands prématurés, et il nous a été donné d’aller dans des services de néonatologie.

    Un bébé prématuré devrait encore être dans le ventre de sa mère. Il ne peut, avant 8 mois, se nourrir ou respirer seul. Ce qui aide à sauver les grands prématurés, c’est la présence quotidienne, rassurante, de leur mère (et si possible de leur père) dont ils ont entendu la voix, ressenti les émotions pendant qu’ils étaient en sécurité au chaud in utéro. ; puis le lait maternel, d’abord tiré, puis donné au sein dés que le bébé en est capable.

    La présence de la mère est considérée comme si importante, et même vitale, qu’on commence à essayer d’hospitaliser systématiquement la mère et le bébé dans le même établissement, pour qu’il n’existe aucune rupture de contact.

    On a aussi découvert que le « peau à peau », le fait de poser le bébé plusieurs heures par jour sur la poitrine découverte de sa mère, qu’il reconnaît, et aussi de son père, aidait considérablement à la survie de grands prématurés, qui avaient de plus grandes chances de se développer normalement.

    Il nait en France 55000 bébés prématurés par an, pourquoi ceux issus de mères porteuses échapperaient ils miraculeusement à cette éventualité ?

    Que se passera t-il alors en cas de naissance prématurée ? A-t-on l’intention de substituer à la mère « gestatrice » qui a porté l’enfant la mère « d’intention », qui n’a évidemment pas de lait, et dont la voix et les gestes, inconnus, ne sont pas aptes à rassurer le bébé ?

    Voilà donc des enfants à qui on ôterait délibérément des chances de survie ?

    A moins que, dernière « traite des femmes », on ne tire le lait de la gestatrice, donné par la mère d’intention… nous voilà dans la pire science-fiction.

    On peut aussi craindre que, comme dans le cas de naissance d’enfant handicapé, les parents d’intention déclarent ne pas vouloir d’un prématuré, car trop fragile…..

    Dans un débat sur France Culture, la juriste Muriel Fabre-Magnan, auteure du livre « Gestation pour autrui, fiction et réalités » ( Fayard, 2012), évoque en effet  avec inquiétude le cas des enfants qui naîtraient handicapés, car des cas de rejet se sont déjà produits aux USA.

    Sa contradictrice, favorable à une GPA « encadrée », lui répond benoîtement que l’enfant sera alors « remis aux services sociaux ». Très simple !

     Il ne s’agit pas d’un colis postal qu’on « remet ».
    Pour avoir pratiqué ce type d’entretien, des parents qui ne se sentent pas capables d’assumer un enfant trisomique, par exemple, et savent qu’il ne pourra être que difficilement adopté, sont en état de grande souffrance en venant le confier à l’Aide à l’Enfance. Quand à l’enfant, il ressent qu’il va quitter pour toujours son univers, et lui aussi ressent une terrible angoisse, qui se manifeste souvent par des cris ou des pleurs, une léthargie totale ; ou une maladie dés l’admission.

    On a beau parler au bébé, demander aux parents de lui expliquer leurs sentiments et leurs limites, rien n’y fait. Tout le monde est bouleversé. Or, ces situations douloureuses sont le fait des aléas de la vie. Mais les organiser est indéfendable.

    N’étant pas psychanalyste, je ne me lancerai pas dans des supputations sur le fait que l’enfant de mère porteuse demeure pour les parents  « d’intention » sûrement imaginaire, car il n’est pas réel : force est de constater que personne ne songe à la réalité de son destin si, comme il peut arriver à tous les bébés, il nait prématuré, malade, ou handicapé. C’est un bébé virtuel.

    En effet, personne ne parle du fait qu’aucun bébé de mère porteuse, prématuré ou à terme, ne peut être allaité.

    Pour eux, finies les campagnes sur les bienfaits de l’allaitement maternel, qui tout à la fois protège des infections, et tisse des liens qui fortifient.

    Un lent travail de désinformation parallèle est d’ailleurs mené, à coups de petits articles en apparence sans lien avec la GPA :

    une des personnalité médiatiques les plus favorables à une « GPA éthique » est partie en guerre contre l’allaitement maternel (il « aliénerait » les femmes), et soutient à qui veut l’entendre que l’instinct maternel n’existe pas du tout ! Il est certainement très inégalement réparti, et très différent selon les époques et les cultures. Et il existe des femmes pour qui la maternité est impensable. Mais c’est tout un ensemble d’instinct, de mémoire et de conduites apprises et guidées par les autres femmes, qui fait des femmes  les « mères suffisamment bonnes » (Winicott) pour procurer aux enfants la base d’attachement stable qui les construit, en Afrique comme en Finlande !

     

    Quant aux complications qui peuvent surgir pour la mère porteuse, nul ne s’en soucie. Autre réalité déniée, pour qu’un enfant naisse, il faut un accouchement !

    Cet accouchement peut être compliqué d’une présentation par le siège, d’une mauvaise position du cordon ; d’une subite hypertension  de la parturiente, d’une épisiotomie, voire d’une césarienne… et souvent de grandes douleurs. Ya-t-il un prix de la douleur ?  De plus, la parturiente ne peut avoir le réconfort de son conjoint auprès d’elle, puisqu’il ne s’agit pas de son enfant.

    Qui va prendre en charge ces complications ? Les mères porteuses ukrainiennes se plaignent que ces aléas ne sont pas indemnisés…certaines souffrent ensuite de troubles mentaux, reconnaissent des soignants.

    On nous rabat les oreilles des dangers du « baby blues », mais, pour les mères de substitution, ce risque est subitement évacué, inexistant…

    La mortalité maternelle est certes très faible en Occident, mais elle existe…Ce risque couru par « altruisme » peut être un risque vital.

     

    Qui courrait de pareils risques pour autre chose qu’une nécessité absolue ?

    Peut on « encadrer » les sentiments humains, le lien, l’attachement, la douleur ?

    Où est donc la fameuse « éthique » de la GPA ?

     

    Elle est effectivement impossible, renchérit Muriel Fabre-Magnan, car cette pratique porte atteinte aux libertés fondamentales de la mère porteuse : son intégrité physique, psychique, sa liberté de vivre comme elle l’entend (certains contrats américains réglementent même la sexualité de la gestatrice !) On ne peut « encadrer »la mise à disposition du corps et d’une portion de vie d’autrui, sous peine de revenir à l’esclavage : une grossesse, c’est 24h/24.

    Elle réduit un enfant « remis » à un  produit qui doit être parfait pour convenir, ouvrant la porte à un certain eugénisme.

    La dure réalité camouflée par tous ces jolis mots ronflants serait celle d’Aldous Huxley : une  sous-classe de femmes dans le besoin destinée à une « fabrique de bébés » pour les classes supérieures. Et une déshumanisation totale du maternel.

    A quel prix pour l’espèce humaine ?

     

    Michelle C. DROUAULT

    (avec mes remerciements à B. de Dinechin pour son aide documentaire)

     

    Liens : Interviews et débats avec : Sylviane Agacinski

                                                            Muriel Fabre-Magnan

    http://www.franceinfo.fr/entretiens/un-monde-d-idees/sylviane-agacinski-la-gpa-est-une-demission-de-la-pensee-1331955-2014-02-26

    http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4618450

     

    Reportage  vidéo sur les mères porteuses aux USA

    http://m.youtube.com/watch?v=ohozmyEgx_g 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  •  Manifestez-vous !


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  • Au moment où Antoinette Fouque vient de nous quitter, je retiendrai d’elle avant tout sa volonté d’indépendance de pensée des femmes.

    Une indépendance linguistique, d’abord, de par le choix du vocabulaire, l’inventivité du langage :

    Préférer « misogynie à « sexisme », car le sexisme, comme le racisme, est réversible ; publier un essai de « féminologie », science des femmes, étude des femmes ; évoquer le « gynocide » ou le « féminicide » constant de ces meurtres de femmes, souvent au moment où elles allaient se libérer d’une relation mortifère, que les media qualifient complaisamment de « drame passionnel ».Ce vocabulaire nomme, qualifie, reconnait .

    Une indépendance politique, philosophique, essentielle : bien qu’ancré à gauche, le MLF n’a jamais été subordonné à aucun parti, et Antoinette Fouque s’est toujours réservé le choix de la critique ou de la distinction ; accueillant pour dialoguer toutes les femmes en voie de libération ;( sauf celles d’extrême-droite dont les idéologies sont incompatibles ; et qui n’ont jamais manifesté aucun désir de rapprochement !).

    Une indépendance vis à vis de ce qu’elle nommait « le féminisme d’Etat », c’est à dire celui qui croit pouvoir promouvoir l’égalité par l’abolition de différences pourtant irréductibles ; et n’est capable de voir dans toute différence que de l’infériorité.

    Celui qui nous incite à croire actuellement que le congé de paternité va avoir un impact sur ce qui se passe dans le corps des femmes, comme si les deux parents avaient le même rapport à la naissance. Celui qui parle d’une laïcité-bulldozer qui ne veut voir que l’apparence des femmes, souhaitée uniforme.

    Pour A. Fouque, le terme « misogynie » désignait le terme-clé de la haine universelle dont les femmes sont l’objet ; une haine pour les capacités de faire qu’ont les femmes : produire, à partir de leurs corps, des êtres vivants et pensants, la première des richesses humaines.

    A être jaloux de cette capacité, ou à la dénier, on peut être un homme ou une femme, l’expression de la misogynie n’a pas de sexe.

    Les capacités des femmes, productrices, créatrices, artistiques, culturelles ; elle n’a eu de cesse de les mettre à l’honneur, nous rendant plus fortes, plus fières de nous-mêmes.

    Plus armées pour tracer notre chemin, en dehors de toutes influences.

    Réfutant l’appellation de « féministe » trop galvaudée, elle mettait les femmes en garde contre « l’universalisme égalitaire » : ceux et celles qui dénient le principe de réalité humaine qui permet la pensée, la différence des sexes ; pour réduire l’Humain au monosexué, au sexe unique, le masculin, comme par hasard…selon cette idéologie pernicieuse « toute femme qui acquiert une gloire, une visibilité, devient un homme » (Il y a Deux Sexes, éd de 2004).

    Je ne souscris pas à son analyse que le christianisme serait un « filiarcat » qui exclurait les femmes.(voir ouvrage ibid) Cependant, elle a dénoncé à juste titre l’androcentrisme des religions, laissant là un champ en partie inexploré dont nous nous sommes saisies ici.

    Aussi, nous pouvons nous sentir ses héritières en ne nous laissant accaparer par aucune sphère d’influence, asséner sans analyse aucun dogme, récupérer par aucun courant de pensée pré-formaté.

    Merci à cette grande dame de nous laisser indépendantes à tout jamais !

     

    Michelle .C. DROUAULT

     

    Antoinette Fouque,

    Petit historique ;  dates-clés du Mouvement des femmes.

    Naissance le 1er Octobre 1936 (née Grugnardi) à Marseille.

    1961/1964 : Etudiante, puis professeure à Paris,(elle écrit sa thèse sous la direction de Roland Barthes). Etudes supérieures de Lettres, doctorat en Sciences Politiques. Ecrit dans la Quinzaine Littéraire.

    1964, naissance de sa fille

    1968 :débute avec deux amies, Monique Wittig et Josiane Chanel, un mouvement non mixte le MLF, mouvement de libération des femmes, car le mouvement étudiant, trop « viriliste »,  laisse peu s’exprimer les femmes.

    Printemps 1970 : premier meeting public du MLF à Vincennes,

    26 Aout 1970 : 9 femmes issues de groupes féministes déposent symboliquement une gerbe à l’Arc de Triomphe sur la tombe de « la femme du soldat inconnu »

    Cette manifestation est souvent considérée à tort comme l’acte fondateur du MLF, mais il déclenche les échanges entre tous les courants féministes et de libération des femmes.

    1973 : création des éditions « Des Femmes », pour promouvoir l’expression artistique et culturelle des femmes,

    3 librairies « Des Femmes » sont ouvertes à Paris, Lyon, Marseille.

    6 Octobre 1979 : marche des femmes pour la liberté de la contraception et de l’IVG, pour le remboursement de l’IVG.

     

    1979 : Antoinette Fouque crée le groupe « Psychanalyse et Politique », qui s’oppose aux « féministes » (dont les « féministes révolutionnaires). Elle estime que celles-ci, dans le sillage de Simone de Beauvoir, dont elle ne conteste pas l’apport essentiel, veulent nier la spécificité féminine.

    « Egalité et différence ne sauraient aller l’une sans l’autre, ou être sacrifiées l’une à l’autre.

    Si on sacrifie égalité à différence, on revient aux positions réactionnaires des sociétés traditionnelles. Si on sacrifie la différence des sexes, avec la richesse dont elle est porteuse, à l’égalité, on stérilise les femmes, on appauvrit l’humanité toute entière ».

    Avec Antoinette Fouque : Hélène Cixous, Annie Leclerc, Luce Irigaray.

    Avec les « féministes révolutionnaires » Christine Delphy, Colette Guillaumin.

    Gisèle Halimi, de son côté, a fondé « Choisir », la cause des femmes.

     

    1980 : avec les femmes du MLF : création de l’hebdomadaire « des femmes en mouvements », puis du mensuel du même nom.

    En même temps, elle a l’idée d’une « bibliothèque des voix », les premiers audio-livres.

    1981 : campagne « d’initiative populaire » pour faire du 8 Mars une journée chômée et payée pour les femmes,

    8 Mars 1982 : grande manifestation pour l’indépendance politique, économique, et érotique des femmes,

    1986 : devient psychanalyste,

     

    1989 : fondation de « l’Alliance des Femmes pour la démocratie »

    1989 : création de l’Observatoire de la misogynie,

    8 Mars 1990 : Mise à l’honneur de 12 femmes exceptionnelles dans le monde, sous l’égide de l’Alliance des Femmes pour la Démocratie : , Doina CORNEA ;Simone ROZES ;Kanitha WICHIENCHAOREN ;Ela BHATT, Charlotte PERRAND ;Marta MESZAROS ;

    Maria Jimena DUZAN ; Molly YARD ; Jeannie LONGO ; Albertina SISULU pour Adélaîde TOMBO ; Yvonne CHOQUET BRUHAT ; ELENA BONNER .

    Au cours de cette cérémonie, sous la présidence d’honneur de Simone Veil, celle- ci plaide que « les femmes ne doivent pas oublier que l’objet de leur lutte est la reconnaissance de ce qu’elles sont ».

     

    1994/ 1999 : Antoine Fouque siège au Parlement Européen ; elle s’y bat, entre autres, contre la normalisation de la prostitution et la traite des femmes en Europe.

    1995 : parution  chez Gallimard de son livre « Il y a deux Sexes », essai de « féminologie », constitué d’articles, de débats et d’interviews publiés entre 1980 et 1995. Cette édition sera revue et augmentée en 2004.

    1995 : Vice-présidente de la Commission des Droits des Femmes ; déléguée de l’Union Européenne à la Conférence mondiale des femmes de Pékin.

    Parallèlement : directrice de recherche à l’Université Paris VIII St Denis,

    2000 : création de l’Observatoire de la parité.

    2007 : soutient la campagne de Ségolène Royal aux présidentielles,

    2013 : dictionnaire des Femmes Créatrices, fruit de 5 ans de travail collectif,

    Mort le 20 Février 2014.

     

    Distinctions : Commandeur de la Légion d’Honneur, grand Officier de l’Ordre National du Mérite, Commandeur des Arts et des Lettres.

     

     

     

     

     

     


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    Tandis que des milliers de femmes et d'hommes déferlaient dans les rues de Madrid samedi dernier pour clamer le droit fondamental des femmes à mettre fin à une grossesse non désirée dans les délais légaux, les évêques espagnols ont déclaré, eux , que la loi réduisant les possibilités d’IVG aux cas de viol et de danger pour la mère était « une avancée positive ».

    En France, 40 000 personnes ont manifesté leur solidarité avec les femmes espagnoles et plus de 2000 ont manifesté à Bruxelles devant le Parlement Européen.

     

    Poursuivons notre tour d’horizon des positions des religions par rapport à l’interruption de grossesse…

     

    Les PROTESTANTS sont sortis de leur silence en 1971, à l’époque où le débat était déjà bien avancé en France.

    « Dans certains cas, il y a plus de courage et d’amour à prendre la responsabilité d’un avortement qu’à laisser venir au monde des vies menacées » (déclaration de la Fédération Protestante de France). Les cas envisagés étaient limités : viol, inceste, menace pour la santé de la mère ou de l’enfant. Cependant, cette déclaration exprimait aussi que l’avortement était toujours un acte grave, et ne devait en aucune manière remplacer la contraception.
    Les femmes devaient être en mesure de prendre des décisions libres et responsables, accompagnées et soutenues par un service social compétent.

    En 1973, cette position a été élargie aux cas de détresse sociale, tout en précisant que ce n’était pas une raison pour ne pas combattre la misère et les problèmes sociaux.

    Puis le débat s’est poursuivi, avec un appui à la loi Veil, « en raison des convictions chrétiennes » des protestants : ceux ci se montraient particulièrement sensibles aux centaines de décès annuels provoqués par les avortements clandestins.

    En 1994, un document commun aux différentes Eglises protestantes, dans un but louable de débat et de compromis, pose un certain nombre de principes :

     

    -l’avortement est toujours un acte grave, et il doit être combattu,

    -il doit l’être par la PRÉVENTION : éducation à la responsabilité en matière sexuelle, contraception, aides sociales familiales.

     

    -L’IVG doit être dissociée de la contraception : la sexualité n’est pas seulement destinée à la procréation ; elle est un plaisir partagé et gratuit ; la contraception fait partie de la responsabilité des couples. Par ailleurs, la maîtrise de la démographie est quelque chose de nécessaire au point de vue planétaire.

    -L’embryon peut être considéré comme « une personne humaine POTENTIELLE », mais le choix final doit absolument revenir à la femme qui le porte, parce que c’est elle qui éprouve la douleur de la situation ; « Il y a un point où le jugement s’arrête, et laisse place à la simple compassion ».

    Enfin, les protestants soulèvent le point des failles juridiques et humaines de la loi Veil sur l’avortement thérapeutique. Ils suivent avec intérêt les progrès médicaux sur la contraception et la fertilité.(contragestifs, diagnostics prénataux, fécondations in vitro..)

     

    LES ORTHODOXES

     

    Pour les orthodoxes, la fécondité et la reproduction ne sont pas la justification du mariage.

    Le mariage est une « bénédiction de la vie » ; l’amour est une fécondation réciproque.

    La contraception consiste à transcender la nature. Elle est l’affaire des couples, car, dit un patriarche « Si une femme et un homme s’aiment vraiment, je n’ai pas à entrer dans leur chambre ; tout ce qu’ils font est saint »

    Toute forme adaptée de contraception doit être mise en œuvre pour éviter l’IVG.

    Celle ci est un moindre mal dans des cas graves : menace pour la santé de la mère, viol, inceste, malformations incurables du fœtus, détresse psychologique et sociale rendant la maternité impossible.

    Cependant, même en dehors de ces cas, un langage de compréhension et de miséricorde doit être tenu.

    La femme n’a pas à être tenue pour plus responsable de cet acte que l’homme ou la société.

    Afin d’éviter l’IVG, la communauté est tenue de soutenir une mère célibataire, et de ne pas la blâmer.

    Enfin, pour toute interruption de la grossesse, qu’elle soit naturelle et spontanée, ou volontaire, une prière est dite.

    Certains orthodoxes russes ont actuellement des interprétations beaucoup plus restrictives et jugeantes, mais il semble qu’elles soient surtout liées à la volonté d’être en phase avec des mouvances de la société civile très patriarcales et misogynes.

    Dans la religion orthodoxe, le même regard de miséricorde est posé sur le divorce et le remariage. Un évêque peut considérer qu’un mariage a cessé d’exister en cas de séparation de fait durable, de violence, d’aliénation mentale, d’adultère répété.

    Un second mariage peut être béni, mais il doit être accompagné d’une démarche pénitentielle. Eviter les mêmes erreurs, et porter un regard lucide sur l’échec de la première union est indispensable.

     

    A la fin de cette rétrospective, nous voici revenu-es à notre interrogation première :

    Comment se fait-t-il que l’Eglise catholique soit la plus inhumaine, la plus intransigeante, la plus irréaliste, en matière de « morale conjugale et sexuelle », et d’avortement ?

    Et tout d’abord, en affirmant ces positions, est elle vraiment dans le domaine de la Foi ?

    C’est ce que questionne le philosophe Francis Kaplan.*

    Dans un entretien au sujet de son ouvrage « L’embryon est il un être vivant ? » (Paris, 2008, ed du Félin), publié dans la « Quinzaine Littéraire », le philosophe rappelle les données que nous avons citées plus haut, c’est à dire la position de Thomas d’Aquin, confirmée par quatre papes successifs ( SixteV, Grégoire XIV, Pie IV, Pie V) : l’embryon ne devient un être vivant que 40 à 90 jours après la conception. Et les 90 jours correspondent à peu prés à la période d’autorisation légale de l’IVG en France. ( pour lire l’entretien complet, cliquez ici : http://www.francis-kaplan.com/entretien-embryon.html ) 

     

    Ce que Benoît XVI a reconnu, c’est que l’interdiction de l’avortement par l’Eglise ne résultait pas de raisons théologiques, mais de SON INTERPRÉTATION DE CE QUE DIT LA SCIENCE MODERNE.

    Nous voici donc dans un autre domaine, qui lui, est discutable, peut faire l’objet de débats et de controverses au fur et à mesure des découvertes…mais qui ne l’est pas, et est asséné comme un dogme invariant et figé, auquel les fidèles sont sommés d’obéir sous peine d’excommunication !

    Etablissant le distinguo nécessaire entre « être vivant » et « être un être vivant », Kaplan définit l’être vivant comme bénéficiant de fonctions vitales qui forment système ; la dégradation ou l’arrêt d’une de ces fonctions entraînant la mort, ETRE N’AYANT BESOIN D’AUCUN AUTRE POUR LE MAINTENIR EN VIE.

    Or, l’embryon n’a pratiquement aucune fonction vitale ; celles dont il a besoin pour être vivant sont celles de la mère. Ce sont les fonctions digestives, respiratoires, glycogéniques, excrétoires, de celle-ci qui lui permettent de fonctionner. Si la mère ne respire plus, ne se nourrit plus, il meurt. Ces échanges mère/fœtus sont remarquablement détaillés dans son livre.

    Il ressort comme évident que l’embryon ou le fœtus peut être considéré une partie de la mère, comme le pose le JUDAÏSME.

    Mais jusqu’à quand n’est il ABSOLUMENT PAS SUFFISAMMENT un être vivant ?

    C’est à dire sans fonction cérébrale, sans système coordonné ? Pour l’auteur, à la lumière des dernières recherches scientifiques sur lesquelles il s’appuie, la réponse est : jusqu’au terme du troisième mois. C’est à dire douze semaines. Le délai légal français pour une IVG.

     

    Ce n’est donc pas sans raison que certains et certaines ont comparé les positions de l’Eglise catholique, et de certains ultras des autres confessions, au problème rencontré par Galilée : il ne s’agit nullement de foi, mais d’interprétation de la science ; et en quoi l’Eglise est elle plus compétente que d’autres dans ce domaine, au point de vouloir imposer sa vision au monde entier ? Pour affirmer la même position répressive d’interdiction absolue de l’avortement, les protestants évangélistes invoquent eux aussi la science et la philosophie. A quel titre ?

    Cette question reste ouverte, et elle mérite qu’on se la pose.

    Les partisans de l’interdiction absolue de l’avortement pourraient être considérés comme une secte, qui non seulement ne reconnaît pas à la femme le statut d’être vivant dont le droit à la vie est intangible. Mais aussi dénie totalement l’évidence scientifique selon laquelle c’est l’organisme maternel le pourvoyeur de vie.

    Si les croyants sont tenus à certains articles de foi, ils n’ont aucune obligation de croire que la terre est plate !

     

    Michelle .C. Drouault.

     

    * Francis KAPLAN, philosophe et professeur de Philosophie ; directeur au département de Philosophie de l’Université de Tours.

    Principaux ouvrages :

    « la Passion antisémite habillée par ses idéologues » (2011)

    « l’Embryon est il un être vivant, » (2008)

    « le Paradoxe de la Vie, la biologie entre Dieu et Darwin »  « Introduction à la philosophie de la religion ».

     

     


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  • Enjeu politique, l’interruption volontaire de grossesse refait son apparition dans les débats parlementaires des pays européens : L’Espagne veut en restreindre les possibilités (mais 78% des espagnols estimeraient cette réforme non nécessaire), la Suisse, le 9 Février prochain votera sur son remboursement, ou non, par l’assurance maladie ; en France la référence à la notion de « détresse », vient d’être supprimée…

    Nous poursuivons notre enquête sur la position des religions sur ce sujet.

     

    Judaïsme et avortement

    Dans le judaïsme, l’avortement n’est pas radicalement interdit ; il n’est pas non plus autorisé sans distinction.

    C’est la « halaka » (loi juive) qui régit le statut du fœtus.

    Dans la plus part des cas, celui-ci est considéré comme une « personne », mais :

    -La Torah requiert un simple dédommagement financier pour qui provoque une fausse couche ; donc ce n’est pas un crime majeur.

    -Bien qu’il soit vu comme « une forme de meurtre », l’avortement ne requiert cependant pas la peine de mort.

    Selon le Talmud, le fœtus est « m’ayim bealma » (rien que de l’eau) pendant les 40 premiers jours.

    En règle générale, l’avortement n’est permis par la loi juive que si le fait de porter le fœtus à terme constitue une menace pour la vie de la mère.

    Il est alors considéré comme un « poursuivant » qui pourchasserait la mère pour la tuer.

    (Cette option a été posée également par des médecins catholiques libéraux lors des premières explications sur la nécessité de certains avortements thérapeutiques : le fœtus est défini comme un « agent agresseur » de la mère).

    La loi juive tient compte des facteurs psychiatriques autant que physiques dans la menace potentielle envers la mère. Son degré de souffrance émotionnelle dans le cas de viol ou d’inceste doit être pris en compte.

    La menace peut être directe ou indirecte.

    Directe : « placenta praevia »*, siège ; indirecte : diabète grave, hypertension.

    Selon la Mishna, l’enfant est partie intégrante du corps de la mère avant la naissance. Il peut alors être sacrifié pour la sauver comme n’importe quelle autre partie de son corps, (amputation, par exemple) car sa vie a priorité sur un enfant qui n’est pas né.

    Cependant, dés l’instant où le bébé est sorti du corps de la mère, les deux personnes SONT ÉQUIVALENTES. En cas de danger, on peut considérer qu’ « ils se poursuivent l’un l’autre »…. 
    Ces sont des débats posés par les experts rabbiniques.

    Dans tous les cas, la femme qui désire avorter doit soumettre son cas à un comité d’éthique.

    Les débats du judaïsme contemporain sur ces questions prennent en compte toutes les données scientifiques modernes.

    Il est reconnu par tous qu’une IVG doit être pratiquée le plus précocement possible.

    Les malformations fœtales ne sont pas en principe, un motif valable d’avortement ; mais il existe des exceptions dans le premier trimestre s’il y a difformité. (Waldenberg).

    Les débats modernes reconnaissent la rubéole de la mère, la maladie de Sachs,* le syndrome de Down (trisomie 21), comme des indications d’avortement thérapeutique, même tardivement.

    Chaque cas est unique, et particulier, et la halaka doit être examinée dans toute la complexité du problème, qui est discuté à la lumière de la médecine.

    Par exemple, un rabbin a recommandé la « pilule du lendemain » après un viol, qui lui semblait le procédé le moins traumatisant pour éviter des conséquences dramatiques.

    Un autre a autorisé une « réduction embryonnaire » après un traitement hormonal contre la stérilité, tout en reconnaissant qu’il s’agissait d’un problème douloureux.

    Notons que les juifs ultra-orthodoxes seuls ont une position qui rejoint celle de l’Eglise catholique, et estiment que la vie commence dés les premières heures de la conception.

    Il s’agit essentiellement du « Mouvement Loubavitch », et de l’Union des Rabbins orthodoxes des USA et du Canada.

    Les ultra orthodoxes présents en Israël peuvent avoir ce type de position, et il n’est pas anodin de constater que ce sont aussi des groupes favorables à des politiques très dures concernant le conflit israëlo-palestinien.

    Enfin, certains rabbins semblent ne pas désapprouver l’avortement en cas d’adultère ? On reviendrait ici à des notions de droit de l’époux assez complexes, et qui pourraient être considérées comme archaïques….

     

     A la lumière de tout ceci, nous pouvons dire en résumé que dans les autres grands monothéismes il existe un DÉBAT nourri, issu des différentes tendances et écoles de l’Islam et du Judaïsme.

    Par ailleurs, les religieux les plus progressistes essayent d’ADAPTER leurs recommandations au contexte et aux découvertes modernes.

     

    Prochainement, nous envisagerons les positions des autres chrétiens, protestants et orthodoxes.

    Car, à l’exception des protestants évangélistes, TOUS les autres chrétiens montrent plus d’ouverture, d’humanité et de miséricorde que la doctrine catholique de l’Eglise vis à vis des femmes et des couples.

    Mais les affirmations du catholicisme relèvent elles bien de la foi ?

    C’est ce que nous examinerons.

     

    Michelle DROUAULT

    *placenta praevia : anomalie de localisation du placenta, placé trop bas dans l’utérus.

    Risques : rupture et décollement du placenta(entraînant une fausse couche), hémorragies sévères, choc hémorragique (26% de mortalité maternelle), douleurs.

     

    *maladie de Sachs : maladie neuro-dégénérative entrainant une hypotonie musculaire générale, et une perte progressive de l’autonomie de l’enfant, qui décède en général entre 2 et 5 ans. On ignore pourquoi, mais cette maladie est assez répandue chez les Juifs askénases.

     

     

     

     


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  • Pendant qu’une « Femen » a mimé un avortement dans l’église de la Madeleine à Paris, suscitant réprobation et polémique, un député espagnol veut mener une « croisade européenne contre l’avortement ».

    Le débat semble aujourd’hui miné…

    L’Espagne veut modifier sa législation sur l’Interruption Volontaire de Grossesse dans un sens restrictif.

    A compter de la promulgation de la nouvelle loi si elle est votée, seules seront autorisées les IVG pour cause de danger pour la vie ou la santé de la mère ; de viol ; ou de malformation fœtale grave.

    En cas de viol, la femme (ou la fillette ??) doit avoir porté plainte.

    On comprend les organisations féministes d’avoir vigoureusement protesté contre ce « minimum humanitaire », qui ne tient aucun compte, encore une fois, du vécu des femmes et des filles.

     

    Notre cher archevêque de Grenade y serait il pour quelque chose ?

    Avant de poser cette question, il convient d’interroger l’historique de l’avortement en Espagne.

    Totalement proscrit sous le franquisme, l’avortement est devenu une « exception  légale » en 1985, sous le régime de monarchie parlementaire mis en place.

     C’est à dire qu’à ce socle de base (exception à l’interdiction dans les cas extrêmes) a été ajouté le danger pour la santé psychologique de la mère ; ce qui équivaut à des possibilités semblables à celles de la majorité des pays d’Europe (Irlande et Malte excepté).

    Cependant, il existait alors un vide juridique : si des délais sont obligatoires pour le viol et les malformations fœtales (12 semaines), il n’y en a pas lorsque la santé physique ou psychologique de la mère est menacée. Cette législation a été reconduite en 2004.

    En 2010, le gouvernement socialiste de J. Rodriguez Zapatero estime que la loi est hypocrite : dans 90% des cas, c’est la « détresse psychique » qui est invoquée, et acceptée par la commission médicale. Aussi, le Parlement promulgue une loi qui autorise l’IVG pour toutes les femmes qui en font la demande (y compris les mineures d’au moins 16 ans sans avis parental) quelles qu’en soient les raisons, DANS UN DÉLAI DE 14 SEMAINES MAXIMUM.

    Le scandale des cliniques de Barcelone accusées de pratiquer des IVG à des termes excessivement tardifs sur des bébés qui seraient nés viables, n’a sûrement pas été étranger à l’esprit cette loi.*1

    Le résultat n’est pas celui auquel s’attendaient les opposants : le nombre d’IVG a diminué de 4000 dans l’année qui a suivi ; et il est toujours en baisse.

    Aussi le gouvernement de droite (Parti Populaire) de Mariano Rajoy ne peut actuellement se targuer d’une explosion des IVG pour changer la législation !

    La plus part des observateurs s’accordent sur le constat qu’il veut surtout s’assurer une base d’électorat conservateur, en rompant systématiquement avec toutes les mesures emblématiques du gouvernement précédent. On peut par ailleurs compter à l’actif des socialistes espagnols une réduction spectaculaire de la violence conjugale grâce à des mesures énergiques qui allient protection des femmes et pénalisation des violences. Ces mesures-phares ont souvent été citées comme modèles dans d’autres démocraties européennes pour s’en inspirer. Vont- elles être abrogées ?

     

    La démographie est elle en cause ? Certes, la démographie espagnole est en berne. Rien de moins étonnant dans un pays où a sévi jusqu’il y a peu une crise économique et sociale sans précédent, obligeant certains citoyens ibériques à s’expatrier jusqu’au Maroc pour retrouver un travail décent. S’abstenir de devenir parents dans un tel cadre serait plutôt une preuve de responsabilité !

    Toutes les études économiques européennes concordent : ce qui incite les femmes à avoir des enfants, c’est le fait d’avoir elles mêmes un travail stable (c’est le travail de la mère qui protège les enfants de la misère : il assure des revenus dans la famille si le père perd son emploi), et de bénéficier de modes de garde efficients. Si la France et la Suède sont les meilleures élèves de l’Europe en matière démographique, c’est parce que l’emploi des femmes à temps plein et les équipements collectifs en corollaire sont des constantes.

    Interdire l’avortement ne sert à rien : les femmes qui ne veulent pas d’enfant, et deviennent enceintes par accident, ne leur donneront pas naissance. Elles iront à l’étranger, ou, pour les plus pauvres, se tourneront à nouveau vers des moyens de fortune parfois mortels. La mortalité des femmes par avortement clandestin dans certains pays d’Amérique Latine est considérable : cela n’accroit pas la démographie !

    Le ventre des femmes est donc bien, perpétuellement, un enjeu politique, un terrain de lutte idéologique, où leur bien-être, leur santé et leur dignité passent à la trappe.

     

    Cependant, nous nous sommes intéressées à la position vis à vis de

    l’ avortement des différentes cultures, au fil des siècles. Les religions sont elles vraiment les facteurs principaux de répression de cet acte, même lorsqu’il semble la seule solution sensée ?

     

    Dans l’introduction de leur ouvrage remarquable dont nous conseillons la lecture exhaustive (« Histoire de l’avortement, XIX/ XXème siècle » éditions du Seuil, 2003) Catherine VALENTI et Jean-Yves LE NAOUR précisent que l’attitude des civilisations de l’Antiquité, par exemple, a surtout été l’indifférence : que ce soient par les grecs et les romains, ou encore les assyriens ou les babyloniens, si l’avortement était condamné, c’était uniquement parce qu’il constituait une atteinte aux droits du mari et père, qui avait seul droit de vie et de mort sur sa famille. Un père pouvait décider de laisser mourir son enfant à la naissance, personne n’y trouvait à redire ! Et si un avortement était effectué sur son ordre, il n’était pas condamné.

    Chez les Egyptiens et les Hébreux, les textes sont muets sur la question.

    Paradoxalement, le christianisme qui paraît maintenant si patriarcal, a été la première religion à contester le pouvoir absolu des maris et pères, en affirmant le caractère sacré de tout être humain.

    Le problème principal de l’avortement résidait dans le fait qu’une « âme » soit privée de baptême, mais à partir de quand le fœtus était il « animé » ?

    Les mêmes auteurs indiquent que s’inspirant d’Aristote, selon lequel l ‘animation se produisait 40 jours après la conception pour un mâle, 90 pour un embryon femelle ( !), l’Eglise du IVème siècle, embarrassée, prononce une peine de dix ans de pénitence pour les avortées au delà de ce terme…Les excommunications ou pénitences variant de un à dix ans ont ainsi prévalu jusqu’au XVIème siècle, approuvées par les papes.

    En France, le renforcement du pouvoir royal a fait passer l’avortement sous le regard du pouvoir civil, et plus des tribunaux ecclésiastiques.

    Se pose alors une question essentielle qui va perdurer jusqu’au XIX ème siècle : comment différencier un avortement sciemment provoqué d’une fausse couche ?

    Au XVIIIème siècle, la répression est sévèrement critiquée, et la pitié pour les jeunes filles séduites, souvent contre leur gré, et obligées de recourir à l’avortement à cause de la rigidité de la société, prend le pas , même chez les religieux.

    La Révolution de 1789 ne poursuit, dans la Constitution première de 1791, que les avorteurs (20 ans de travaux forcés, tout de même), laissant la femme exempte de toute poursuite.

    Il faut donc attendre Napoléon Ier, parangon de misogynie, pour que le code pénal de 1810, dans son article 317, punisse à la fois les femmes et les avorteurs de manière très sévère.

    Mais l’idée devient alors qu’il s’agit, plus que d’une rébellion éventuelle contre l’autorité maritale, d’un crime contre les intérêts de l’Etat et du pays ; idée qui sera reprise et magnifiée par la loi de 1920, puis par le régime de Vichy.

    De possession du mari, le ventre des femmes passe à bien public à la faveur des deux conflits mondiaux…

    Néanmoins, ce seront des arguments moraux, et non politiques, que médecins traditionalistes et députés conservateurs brandiront dans les années 1860, lorsque les progrès de la médecine poseront le problème de l’avortement thérapeutique. Ils appelleront alors au secours l’Eglise catholique, qui reste évasive, recommande la plus grande circonspection, et bref, se fait tirer l’oreille…car certains théologiens ont exprimé que la vie de la mère était sacrée, et que si celle ci était en danger, le premier devoir du chrétien était de voler au secours de son prochain.

    On dit que le Saint Siège fut « poussé par des médecins plus catholiques que le Pape» (source ibid, Histoire de l’avortement), et de guerre lasse, en 1895, celui-ci promulgue une bulle qui condamne l’avortement. Le problème est que depuis 1871 -date de la bataille pour l’Unité Italienne, comme par hasard-un pape est réputé infaillible…

    En 1930, c’est la catastrophe : toutes les manœuvres abortives sont condamnées par Pie XI, Y COMPRIS celles qui sauveraient la vie de la mère. Le caractère sacré de la vie des femmes disparaît, contre toute évidence humaine et évangélique.

    Le christianisme catholique se démarque complètement du protestantisme, et de l’orthodoxie, qui jugent légitime la préservation de la santé et de la vie d’une mère qui a souvent d’autres enfants. ( En 1970, les statistiques sur les avortements clandestins prouveront que deux tiers des femmes avortées sont mariées et déjà mères de famille.)

    Le catholicisme demeure la religion la plus inhumaine pour les femmes et les familles, éloignant des milliers, voire des millions, de fidèles, puisqu’elle condamne AUSSI la contraception. Mais contrairement à l’idée reçue, il semble que ce ne soit pas l’Eglise qui ait influencé les lois civiles, mais le contraire.

     

    Qu’en est- il des autres monothéismes ?

    Nous avons examiné la position de l’Islam.

    Selon les hadiths prophétiques, un embryon « s’anime »au bout de 120 jours, c’est à dire 20 semaines, d’aménorrhée environ. L’interdiction de l’interruption de grossesse est absolue à partir de ce terme.

    Certaines écoles (les malékites ) datent l’animation au 40ème jour environ de la conception( 7/8 semaines).

    Un grand nombre de théologiens musulmans semblent s’accorder sur la première hypothèse, en citant le 4éme hadith des 40 hadiths de Nawami.

    Si l’Islam affirme lui aussi le caractère sacré de la vie, il admet le « principe de nécessité ».

    C’est à dire qu’une grossesse peut être interrompue « pour une juste cause » :

    -si la vie de la mère est menacée

    -si sa santé physique ou mentale est en danger, ou si elle est handicapée, et ne pourrait supporter la grossesse (hanafites, hanbalites)

    -si elle résulte d’un viol ou d’un inceste,

    - si le fœtus souffre d’une malformation grave.

     

    C’est le choix du moindre mal, « car la perte de la mère est une perte beaucoup plus grande que celle du fœtus(…) la vie de la mère est une réalité, celle du fœtus n’est qu’espérée ».

    Pour les hanafites, l’IVG doit absolument avoir lieu avant que les membres aient commencé à se former, et en cas de nécessité réelle et reconnue.

    Les malékites, beaucoup plus rigoureux, expriment l’interdiction totale de l’IVG depuis le début de la conception SAUF dans les 40 premiers jours, uniquement en cas de raison valable(les mêmes que les autres écoles). Pour eux, l’interdiction prend de l’ampleur au fur et à mesure du développement du fœtus.

    Sont rejetées les interruptions de la grossesse pour raisons économiques (plusieurs recommandations du Prophète), une mésentente de couple, ou-ce qui est intéressant- « le souci de l’opinion publique parce que la naissance aura lieu hors mariage ».

    Il existe de nombreux débats internes à l’Islam, entre croyants et religieux, sur ces sujets, spécialement sur internet.

    C’est ainsi qu’une internaute demandait si un mariage forcé devait être considéré comme un viol ? Nous avons ainsi appris qu’un mariage forcé n’était pas considéré comme valide par l’Islam, et sévèrement proscrit…

    La position islamique est donc beaucoup plus souple et humaine que la position catholique.

    De même l’espacement des naissances est toléré, la méthode étant laissée au choix des croyants, avec une nette préférence pour celles qui empêchent la fécondation, et non la nidation.

    Nous examinerons prochainement les positions du judaïsme, mais en conclusion, peut -on dire que c’est la domination masculine qui colonise les religions ? La question est ouverte.

     

    Michelle. C. Drouault

     

    * 1

    Un médecin péruvien installé en Catalogne, le Dr Morin, s’est mis à pratiquer des avortements jusqu’à 22 semaines d’aménorrhée ou davantage, pour des tarifs allant de 4000 à 6000 euros. Le subterfuge résidait dans de fausses évaluations psychiatriques.

    C’est une journaliste danoise, enceinte de 30 semaines, qui a fait éclater l’affaire : elle avait prétendu demander une IVG sous le prétexte d’une rupture de couple, ce qui avait été accepté

    moyennant une grosse somme.

    L’établissement a été fermé, et le médecin inculpé.

    Alors qu’une quasi perpétuité était requise contre lui, certaines sources affirment qu’il aurait été acquitté ??? Une association catholique s’était porté partie civile, faussant certainement le débat : savoir s’il est un crime de supprimer volontairement la vie d’un fœtus presque à terme sans que quiconque, mère ou enfant, ne soit en danger, et pour un but lucratif, n’est pas une question idéologique, mais humaine et citoyenne.

     

     

     


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  • La traite des corps.

     La quatrième mystification moderne de la domination masculine concerne le corps des femmes : il s’agit de démontrer que la prostitution est une « liberté » inaliénable.

    Or, l’éradication de la prostitution ne concerne pas la liberté de disposer de son propre corps (dont les hommes jouissent déjà) mais le fait de LIMITER LA LIBERTÉ DE DISPOSER DU CORPS D’AUTRUI.  Ce qui est différent.

    En fait, les hommes en tant que classe veulent simplement continuer à disposer du corps des femmes, et d’une minorité de personnes transgenres et d’hommes.

    Leurs grandes envolées lyriques sur « le domaine privé » que constitue la sexualité tarifée ne parvient pas à masquer la réalité de la réification des corps : les femmes prostituées étaient d’ailleurs jadis appelées « filles publiques » (qui appartiennent à tout le monde), ce qui démolit immédiatement ce type d’arguments.

    La terminologie ronflante de « sexe entre adultes consentants et autonomes » ne reflète que l’autonomie et le consentement unilatéral d’une moitié des parties à se procurer un corps disponible : les consommateurs des corps mis sur le marché.

    La prostitution est MONDIALEMENT RECONNUE COMME UNE VIOLENCE FAITE AUX FEMMES, car elle concerne 90% de femmes ; les 10% restant étant des hommes ou des transgenres.

    Contrairement à certaines allégations et divagations médiatiques, il n’existe pas de « bordels pour hommes et femmes », mais seulement des bordels à l’usage des hommes ; la pratique des escort boys étant marginale.

    A quoi consent donc une personne prostituée ? Peut-on parler de consentement pour les 85% de femmes, parfois mineures, en provenance de Roumanie, de Bulgarie, ou d’Ukraine, qui sont tombées dans le piège des réseaux maffieux ?

    Depuis une quinzaine d’années, le personnage de la « pute au grand  cœur » bien française (mais à la merci de son souteneur) n’est plus qu’une légende de cinéma.

    Il s’agit de jeunes filles ou femmes sans emploi à l’Est, à qui on a promis « un bon travail » en France ou dans un autre pays d’Europe, sans leur préciser lequel.

    Ceux qui réclament que la prostitution soit « un métier comme un autre », comme en Allemagne, ignorent que seules 1% des prostituées y ont un « contrat de travail », que 60 à 65% d ‘entre elles viennent de Bulgarie et de Roumanie ; par ailleurs le chef de la police a dénoncé « une explosion du trafic humain » en provenance des pays de l’Est.

    Plus courageuse et réaliste que nous, la Grande Bretagne a présenté plusieurs séries télévisées extrêmement bien documentées sur ces trafics d’êtres humains, qui expliquent de manière remarquable comment ils fonctionnent.

    Et 200 associations européennes de soutien aux droits des femmes ont publié à Bruxelles un appel intitulé « Ensemble, pour une Europe libérée de la prostitution ».

    Mais en France, qu’importe les documentaires, les révélations les plus crues sur l’horreur de la traite des corps, et les meurtres que risquent les « désobéissantes » qui veulent s’y soustraire ! Une minorité d’hommes des classes aisées (il faut avoir les moyens de payer, « louer » une femme coûte dans les 700 euros, d’après certains témoignages) clame son refus forcené de la pénalisation des clients prévue par la loi, et s’en prend à une ministre qui a le tort d’être jeune, pugnace, et maintient son projet de loi !

    Le collectif « Abolition 2012 »*1, formé de 55 associations, l’a soutenue ; mais ce sont les artistes et personnalités médiatiques masculines que l’on entend le plus, qui invectivent les féministes et leur « puritanisme », et tiennent des propos qui ne démontrent que leur égoïsme et leur ignorance.

    Pendant que nous écrivions cet article, un summum de grotesque a été atteint avec un « manifeste » de 343 hommes* 2 (qui ne seraient que 19 ??), dont des personnalités diverses du monde du show bizz : ces messieurs crient à la censure, et « refusent que les députés édictent des normes sur (leurs) désirs et (leurs) plaisirs ». Les mots « droit » et liberté », sont supposés avoir les vertus magiques qui les feront considérer comme victimes potentielles, ….

    Centré essentiellement sur le point de vue du client, le texte ne se penche sur la situation des prostitué-e-s que pour revendiquer « le droit pour tout un chacun de vendre librement ses charmes », « et même d’aimer ça » (!)

    La supercherie est à son comble ; et elle est dangereuse. Ce texte insinue que les femmes (et certains hommes) aiment être maltraité-e-s ; et va dans le sens des justifications récentes de jeunes auteurs de viols qui avaient littéralement martyrisé une jeune fille : « elle aimait ça » !

     

    Dans le collectif « Abolition », figurent le Mouvement « Le Nid » et l’ « Amicale du Nid », qui s’occupent de la santé et de la réinsertion des personnes prostituées, et vont à leur rencontre pour tenter d’améliorer leurs conditions de vie.

    La revue « Prostitutions et Société » recueille et publie des témoignages de personnes rescapées de la prostitution. (Des extraits sont lisibles en ligne)

    Or, ces témoignages démontrent que  lorsque les femmes ne sont pas victimes de réseaux mafieux de traite des êtres humains, elles sont acculées à la prostitution par le chômage, les dettes, la misère ; et un profond sentiment de dévalorisation d’elles-mêmes, venu la plus part du temps d’un contexte d’abus sexuels ou de maltraitance dans l’enfance.

    On dit que beaucoup de personnes prostituées sont alcooliques ou droguées ; elles expliquent que pour « tenir », il faut prendre des substances qui vous aident à supporter plusieurs viols quotidiens. Car tout rapport non désiré est un viol.

    Les victimes de réseaux décrivent des coups, des sévices, des menaces, des tortures, de la part des proxénètes. Elles se vivent comme détruites.

    Les autres racontent que le client « paye et estime avoir droit de tout faire », même des violences extrêmes. Beaucoup d’entre eux insistent pour avoir des relations sans préservatif.

    Les termes qui reviennent sont « sodomie, fellation forcée, rapports non protégés ».

    Nul-le ne saurait se soumettre à de tels traitements, (où l’on peut risquer sa santé et sa vie) par plaisir. La plus part des hommes anti-abolitionnistes qui fanfaronnent seraient incapables de supporter fut-ce une seule heure ce qu’endurent les prostituées dans leur corps. La sexualité dont ils parlent est la leur. Ils ne veulent rien savoir de la souffrance de celles qu’ils utilisent. L’imagerie « glamour » et libertine de la prostitution qu’ils évoquent n’existe pas.

    L’expression romantique d’ « arts du lit » , couplée aux « arts de la table » d’un chanteur dont on a passé le refrain en boucle sur les ondes, ne peut suffire à cacher le sordide de la prostitution.

     En fait de puritanisme, il s’agit seulement de faire respecter la dignité humaine…

     

    Ce qui nous a frappées, c’est la corrélation  entre l’attitude des pères qui nient la souffrance des enfants qu’ils contraignent à une résidence alternée, et le négationnisme des utilisateurs de prostituées, le tout au nom de « leur droit ». La réponse de ces hommes est la même, qu’elle soit faite à un pédiatre ou psychologue inquiet ou à une association de femmes : « c’est mon droit », et les autres doivent s’en accommoder, quel que soit le prix à payer.

    La récupération maladroite d’un vocabulaire de gauche ne peut dissimuler les faits :

    S’il ne s’agit pas d’un retour au patriarcat, c’est à dire à la suprématie des droits des individus de sexe mâle, qu’est ce que c’est ?

     

    Résumons nous : les hommes français veulent des femmes visibles, disponibles, qui ne peuvent cacher leur corps ; des femmes sous contrôle qui ne peuvent avoir d’enfants sans qu’ils ne soient la « possession » d’un homme ; des corps à acheter pour assouvir quand et où bon leur semble des pulsions sexuelles indicibles *3

     

    Sachons décoder ce qu’il y a sous le vocabulaire « progressiste » et libérateur » de dominateurs masqués, furieux de voir le pouvoir leur échapper.

    Car le virus mute, et s’adapte….

     

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

    Notes :

    *1- Entre autres : Amicale du Nid, Mouvement du Nid, Femmes Solidaires, Solidarité Femmes, Collectif Féministe contre le Viol, Choisir la cause des femmes, GAMS (groupe pour l’abolition des mutilations sexuelles), Planning Familial, Chiennes de Garde….

    Osez le Féminisme, et beaucoup d’autres…

     

    *2- Le STRASS( Syndicat des travailleurs du sexe), qui est contre la pénalisation des clients, s’est totalement désolidarisé de cet appel, qui occulte le point de vue des prostitué-e-s.

    « Il y a quelque chose d’absurde à entendre des clients parler de leur droit » a déclaré leur dirigeante

     

    *3- D’après les personnes prostituées, 80 à 90% des hommes sont mariés, et beaucoup pères de famille. Ils décrivent une situation conjugale où ils ne peuvent satisfaire leurs fantasmes avec leur épouse….

     

    Lire aussi :

    http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/Le-coin-de-la-cantiniere/Prostitution-et-solidarite-masculine/Default-55-2644.xhtml

     

     


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  • L’aggiornamento du patriarcat.

    Le but recherché par la domination masculine est simple : reprendre le contrôle des femmes, qui sont autonomes financièrement, refusent souvent le mariage, et ont davantage de droits.

    La première étape était donc d’assimiler l’union libre au mariage ( c’est à dire de » marier tout le monde », notait avec ironie une sociologue), et de promulguer des lois qui soumettaient les compagnes non mariées aux mêmes obligations judiciaires que les ex-conjointes.

    La couverture étant toujours l’intérêt de l’enfant.

     Les hommes en tant que classe ont peu à peu obtenu un maximum de droits avec un minimum d’obligations : le mariage oblige à une contribution financière aux charges, un partage minimal des biens, et une obligation de fidélité. Ce dont ils se dispensent sans problème. En effet, les différentes dispositions législatives successives ont permis une situation de contrôle absolu sur toutes les femmes, quel que soit leur état civil, du moment qu’elles sont mères, en même temps qu’un désengagement progressif des hommes de la charge pécuniaire effective de leur progéniture. Le chiffre des pensions alimentaires non versées est passé de 30% en 2000, à 40% en 2013.

    En sont certainement en partie responsables les demandes de résidence alternée pour de mauvaises raisons. Cependant, un nombre non négligeable de pères (et quelques mères), part sans laisser d’adresse, se rend insolvable, ou…est réellement en grande difficulté sociale.

    Or, ces trois cas de figure sont totalement occultés par les mouvements « de pères ».

    Les deux premiers parce qu’ils ne donnent pas une image  positive et inaltérable de la paternité ; le dernier parce qu’il soulève des problèmes sociaux que les pères bourgeois de ces mouvements n’ont pas envie d’aborder, même si ils les exploitent parfois pour se faire de la publicité.

    En effet, certains « pères perchés » semblent être de condition modeste, et sujets à des problèmes sociaux considérables (chômage, errance, troubles psychiques, violence) qui ont en  général motivé les jugements qui les ont éloignés de leurs enfants. Et comme nous l’avons souligné, il en faut beaucoup pour qu’un magistrat français interdise à un parent de voir son enfant.

    Mais la possibilité de la résidence alternée a ouvert une boîte de Pandore : des hommes perturbés par le cocktail explosif chômage/divorce/précarité/dépression,*1 s’accrochent à cette idée comme à une bouée de sauvetage, et ajoutent à leur colère (légitime) contre la société le sentiment d’être « lésé » de quelque chose de supplémentaire, la garde de leur enfant.

    Ce qui ne fait qu’ajouter à leurs souffrances.  Au lieu de les aider à se soigner, retrouver un emploi ou /et un logement, conditions préalables à des rapports apaisés avec leur enfant, les mouvements de pères les maintiennent dans cette revendication, et dans la désespérance, les utilisant comme étendards.

    Comme bien souvent dans l’Histoire, le prolétariat est instrumentalisé par la bourgeoisie pour parvenir à récupérer un pouvoir.

     

    Une autre catégorie passée pudiquement sous silence, et glissée dans la rubrique « faits divers » ou « drames familiaux », est celle des pères qui tuent leurs enfants et/ou leur ex compagne parce qu’ils ne supportent pas la séparation.

    Ces drames  ne sont pas analysés pour ce qu’ils sont, simplement parce que le faire mettrait en lumière que les hommes (en tant que classe) se croient encore le droit de vie et de mort sur les femmes et les enfants, et leur dénient toute altérité, et toute existence propre.

    S’ils leur échappent, ils et elles doivent être châtiés.

    On objectera que parfois, les meurtriers se suicident ensuite. Certes. Mais cela n’enlève rien à leur refus d’altérité : éternels satellites, femme et enfants doivent les suivre dans la mort, et ne sont pas dignes de vivre sans eux. Par ailleurs, les moyens qu’ils emploient pour leur suicide sont souvent moins efficaces, et peuvent, dans les cas où ils sauvent leur vie, permettre de douter de leur réelle volonté de se supprimer. Ces hommes sont ils des malades mentaux ?

    Je ne suis pas qualifiée pour répondre à cette question.

    Néanmoins, ces meurtres exercent un effet de terreur préventive sur les femmes en instance de séparation. Ils sont fréquents( 3 à 5 par an en France), avec un pic au moment des fêtes de fin d’année et des vacances d’été.

    Quand ils sont interrogés, les mouvements masculinistes évoquent le « désespoir » de ces hommes « privés » de leurs enfants, ce qui masque qu’il s’agit  bel et bien de meurtres d’enfants. Lorsque ces meurtres sont commis par des étrangers à la famille, il y a des « marches blanches » ; s’il s’agit  d’un père, c’est lui qu’on plaint….

     

     

    La domination masculine est parvenue à manipuler l’opinion publique par le biais des media.

    En France, les media sont entre les mains des hommes.

    Une enquête récente du CSA est bien obligée de convenir que 4 personnalités médiatiques sur 5 sont des hommes ; et que les femmes n’occupent que le quart du temps de parole réservé aux hommes dans les magasines d’actualité. Les « experts » sur différents sujets, même la santé, réputée sujet plus féminin, ne sont des femmes que dans une proportion de 30%.

    Ne parlons pas des radios ; certaines stations sont masculines à plus de 90% (animateurs, sujets traités, complicité avec l’auditeur).

    C’est ainsi que les « pères perchés » ont bénéficié d’un traitement médiatique particulièrement complaisant. Et la moindre manifestation de « pères séparés » est montée en épingle, un micro leur est tendu immédiatement, pour diffuser leur point de vue tendancieux, et que les canadiens nomment « anti-mères ».

    En effet, disqualifier les mères est le travail de sape à l’œuvre aujourd’hui.

    Après avoir été sanctifiée, la mère est dévalorisée, mauvaise, suspecte, castratrice, captatrice, etc…Ne peut être une « bonne » mère que celle qui est soumise à la tutelle d’un homme ! car ses mauvais instincts sont alors sous contrôle. Livrée à elle-même, une mère ne peut être que toxique. C’est ce qui transpire des discours contemporains des masculinistes et de leurs alliés, discours qui nous ramène au pire intégrisme sur le pêché originel ; et démontre bien cette volonté de retour au patriarcat musclé.

    Des exemples (rares, heureusement) de résidence alternée accordée à des pères qui s’étaient jusqu’alors désintéressés de leur enfant et ne l’avaient reconnu que tardivement, ont fait dire que n’importe quel enfant pouvait être « jeté en pâture » à un inconnu, pourvu qu’il se prouve géniteur. Ce qui n’est pas forcément désapprouvé. La réussite de ce lent travail d’intoxication de l’opinion peut s’observer facilement sur internet :

    L’affaire du meurtre sordide de la petite Fiona, camouflé en disparition, a défrayé la chronique.

    L’enfant avait une sœur du même père, dont la mère était séparée, et un demi-frère, fils du meurtrier présumé.

    Ces enfants, d’abord confiés dans l’urgence aux grands parents maternels, ont été confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance du département après l’inculpation  et l’écrou du couple de parents maltraitants.

    Le père (qualifié par les media de « biologique ») de Fiona et de sa jeune sœur, s’est porté volontaire pour obtenir ultérieurement la garde de la petite fille, mais ne s’est pas opposé à cette décision de placement, reconnaissant que sa fille ne l’avait pas vu depuis un an, et qu’il devait d’abord reconstruire un lien véritable avec elle, par le biais de ses visites. Position remplie de bon sens et d’égard pour l’enfant, qu’il faut saluer.

    Mais sur plusieurs journaux locaux en ligne, des internautes se sont déchaînés, bramant au « déni de justice », invectivant la justice française : selon eux, la garde d’une enfant de 3 ans déjà traumatisée aurait due être donnée à ce père qui est pour elle jusqu’à présent un presqu’inconnu !

    La notion d’une suprématie absolue du père/géniteur, quelles que soient les circonstances, a donc bien fait son chemin.

    Les besoins réels d’un enfant, et leur spécificité, ne sont plus une priorité ; et l’idée est acquise qu’ils doivent s’effacer devant les « droits du père ». Une potion magique qui rendra à l’enfant son équilibre….C’est ce qui nous est présenté comme « l’égalité homme-femme » en matière de parentalité.

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

    Note :

    *1- Problèmes cruciaux que ces mouvements ne proposent jamais de traiter !

    * Voir aussi :

    http://patricjean.blogspot.fr/2013/09/lamendement-qui-donne-raison-aux-grues.html

     

     


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  • Un  livre défraye actuellement la chronique : il s’agit de « Marie- toi et sois soumise », de Costanza Miriano, journaliste italienne. 

    Si l’ouvrage a eu un succès incontesté pendant quelques semaines en Italie, il n’a provoqué aucune polémique. Par contre, sa traduction espagnole, éditée par la maison d’édition sponsorisée par le tristement célèbre archevêque de Grenade (voir notre article « Corps brisés, esprits sous influence ») a déclenché la fureur de certains partis politiques, et des organisations des droits des femmes en Espagne. 

    Nous avons tenté d’y voir plus clair, en navigant sur le blog de l’auteure, ses interviews, les commentaires des internautes dans la presse espagnole ; et enfin en explorant la position de Mgr Martinez, qui s’est exprimé pour défendre son poulain… 

      

    Tout d’abord, il existe DEUX livres parallèles : 

    Un à l’usage des femmes : « Marie toi, et sois soumise », dont la couverture évoque une attitude d’humilité et de subordination certaine de l’épouse ; il est présenté comme « une expérience radicale pour les femmes sans peur » 

    Un autre à l’usage des hommes : « Marie toi, et meurs pour elle », 

    « Des hommes de vérité pour des femmes sans peur » 

    Reconnaissons que la presse espagnole parle fort peu du second. 

    Ce sont les deux titres qui ont remporté un succès en Italie. 

    A lire les interviews de l’auteure, et des extraits de son ouvrage, il nous est surtout apparu qu’il s’agissait d’une femme qui vit dans un conte de fées, et certainement pas dans la réalité. 

    Elle reconnaît ne pas avoir écrit un traité de sociologie (nous voilà rassurés), mais vouloir aider les lectrices à « mieux aimer leur mari, et prendre soin de lui, et  demander (à nos époux) de prendre soin de nous (…)  faire l’apprentissage des langages de l’homme et de la femme, qui sont très différents (…) ; apprendre comment assumer tous les différents rôles de la femme moderne :femme, épouse, mère, travailleuse, femme de foi, qui cultive son esprit, mais aime aussi prendre soin de son corps ». 

     Rien de bien extraordinaire ! Ce sont les éternelles recettes des magasines féminins. 

    Mais son propos peut faire penser à une sorte de remake moralisant de « La Belle et la Bête » : 

    Le rôle de la femme dans un couple serait de « montrer à l’homme que le bien et la beauté sont possibles (…) comme une sorte de miroir positif…. » 

    « L’homme tend à l’égoïsme, et la femme peut vaincre cette inclination négative, non en revendiquant, en criant, ou en serrant les poings, mais en montrant la beauté d’un amour total, du sacrifice de son propre égoïsme. »  

    Elle doit faire du foyer une « antichambre du paradis » (….) un lieu magnifique où se reposer la tête… » 

    Costanza Miriano insiste sur la douceur (innée ?) de la femme, qui doit « éveiller les meilleurs sentiments de l’homme, et, « comme dans l’amour courtois, résister au côté animal de l’homme « … 

    « Réclamer en criant le respect de ses propres droits ne sert à rien » ajoute-t-elle. 

    Certes, nous pourrions nous dire que ce livre mérite sa place au milieu des contes de Perrault (encore que certains ne mettent en garde les jeunes filles contre les abus possibles), et hausser les épaules. Mais  sa publication s’accompagne de plusieurs problèmes : 

    -Il ne tient aucun compte de la situation réelle, tant économique que politique, des femmes dans le monde. 

    L’auteure prétend que la violence ne concerne pas les femmes « normales » comme elle (!) ; c’est ce qui montre son degré d’inconscience de ce que vivent la masse des femmes, et surtout son manque de solidarité avec elles. 

    -Il prétend s’appuyer sur une interprétation d’un texte théologique (la lettre de St Paul aux Ephésiens) sans aucune exégèse sérieuse, et tente de faire ainsi pression sur les femmes catholiques pour qu’elles acceptent ce point de vue 

    -Il est sponsorisé par un prélat (l’archevêque de Grenade) qui dans ses commentaires persiste et signe sur une vision du monde manichéenne et infantilisante, qui nie la véritable violence faite aux femmes ; et est par ailleurs accusé par nombre d’espagnols, y compris croyants, d’avoir gardé des sympathies franquistes et des opinions d’extrême droite…. 

    C’est à dire qu’en l’occurrence, l’ignorance tient lieu de savoir. 

      

    1- UNE CONFRONTATION AVEC LA RÉALITÉ 

    Madame Miriano nie absolument justifier la violence machiste, et cela est exact dans les termes de son texte, mais pas dans son signifié ! 

    Elle légitime les stéréotypes de genre ; et nous savons depuis longtemps que les stéréotypes de race et/ou de genre excusent la violence. 

    Si l’homme ne peut s’empêcher d’être animal, alors, violer, frapper, dominer, serait dans sa nature, et non une construction culturelle qui peut être éradiquée. 

    Dire aux femmes que « revendiquer ses droits ne sert à rien »mais que seule la douceur sacrificielle est efficace, est absurde et criminel.*1 

    La confusion entre NON VIOLENCE et abnégation est ici utilisée.
    Si, il faut revendiquer ses droits au respect en tant qu’être humain, mais on peut ne pas le faire avec violence. L’immense majorité des légitimes manifestations de femmes pour leurs droits humains sont pacifiques ; ce sont les pouvoirs masculins qui les répriment avec violence.
     

    L’ignorance totale de l’auteure des mécanismes de violence intrafamiliale est patente ; aussi devrait elle s’abstenir de jouer les conseillères conjugales. 

    Elle accrédite l’idée dangereuse que l’attitude de l’homme va RÉSULTER de celle de la femme, c’est à dire qu’elle en serait responsable. 

    Or, dés qu’une situation de violence survient, qu’elle soit physique ou psychologique, la première phase de sidération passée, la femme pense qu’en MODIFIANT SON ATTITUDE, la violence va passer ; qu’elle n’a qu’à s’ajuster, et tout rentrera dans l’ordre. 

    Certaines épouses d’hommes violents, ou simplement tyranniques, sont de véritables anges de patience et de dévouement, et des femmes appréciées et aimées de tout le monde …sauf de leur conjoint, jamais satisfait. Car le problème est en lui ! 

    Tout homme qui effectue des pressions sur sa compagne pour qu’elle satisfasse ses désirs, a un problème de communication important : il ne peut pas dialoguer et négocier pour tenter de persuader l’autre pacifiquement de son point de vue ; et un problème de maturité : il est incapable de tolérer la frustration (souvent dans le cadre de carences éducatives antérieures). Ou encore, il peut être un pervers qui aime dominer. 

    Dans les deux cas, l’amour, la patience extrême, le sacrifice, ne feront rien, bien au contraire ! Les immatures seront jaloux de la perfection de leur épouse ; et les pervers jouiront de ses perpétuels sacrifices. Nous ne sommes pas à Disneyland ! 

    Les deux catégories d’hommes s’appuient sur les stéréotypes sexistes pour justifier leur domination, aussi les renforcer par de tels propos leur donne du grain à moudre. 

    Un des signes, parmi d’autres, de violence conjugale latente en travail social, est le discours stéréotypé et rigide sur les rôles de chacun. Il ne s’agit pas seulement des tâches familiales, mais de la HIERARCHIE des rôles. Qui décide ? Qui s’incline toujours ? 

    Bien sûr, la journaliste italienne prétend qu’en Italie, l’idée que les hommes et les femmes pourraient n’être pas égaux n’a plus cours ? Si c’est le cas, je me demande pourquoi une marche des femmes contre les violences qui leur sont faites, a eu lieu pas plus tard qu’en Septembre dernier dans une ville du Nord de l’Italie ? 

      

    2- UNE CONFRONTATION AVEC LES TEXTES DE ST PAUL 

    Il semble que l’auteure fasse une lecture fondamentaliste de la lettre de St Paul aux Ephésiens (5, 21). 

    En effet, jusqu’au concile Vatican II, une lecture tout à la fois classique et tronquée en était faite dans les mariages, justifiant l’obéissance et la soumission de la femme : 

    « Que les femmes soient soumises à leur mari comme au Seigneur, parce que l’homme est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l’Eglise ». 

    La réciproque, c’est à dire que l’époux » chérisse sa femme comme son propre corps, et l’aime comme lui même » était, la plus part du temps, omise ou minorée. 

    MAIS l’encyclique du pape Jean Paul II »Mulieris Dignitatem » (la dignité des femmes), en 1995  établit une RUPTURE sur ce sujet : 

    Le Souverain Pontife commence par une interprétation contextuelle : Si St Paul parle de la soumission de la femme à son mari, c’est en raison «  d’un enracinement dans les mœurs et les traditions du temps » (ch. 24). 

    C’est pourquoi il nous faut comprendre que la seule soumission légitime est celle de l’Eglise au Christ. Par contre, dans la relation époux/épouse, elle doit être réciproque. 

    Cette interprétation se veut ferme : 

    « Le défi de l’ethos de la Rédemption est clair et définitif. Toutes les motivations de la soumission de la femme à l’homme dans le mariage doivent être interprétées dans les sens d’une soumission RÉCIPROQUE. » (Mulieris dignitatem ch. 24) 

    Donc, même un pape a une exégèse plus progressiste ! 

    Par ailleurs, il nous semble que St Paul est très exigeant envers les hommes : « qui ne prend soin de son corps ? » demande- t-il, l’épouse étant comme le corps de l’époux. 

    C’est à dire que cela peut être interprété à juste titre comme une exigence évangélique absolue d’amour du prochain. 

    Or Costanza Miriano ne parle de cette réciprocité qu’en termes de différence : 

    « Marie toi et meurs pour elle », dit elle aux hommes. 

    Mais dans nos démocraties occidentales, il est bien rare qu’un homme ait à mourir pour défendre ou protéger son épouse !! Et dans les pays en guerre, beaucoup le font spontanément sans avoir besoin d’être ainsi apostrophés. 

      

    3- LES RÉACTIONS DE L’ARCHEVÊQUE DE GRENADE, ET CELLES DES INTERNAUTES 

    Sur son blog, Mgr Javier MARTINEZ défend bec et ongles l’ouvrage de sa protégée. 

    Ce texte n’a « rien à voir avec les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes dans le nihilisme contemporain ». Certes, Monseigneur, qui a le pouvoir sur qui ? 

    Les deux livres seraient simplement « une réflexion sur la foi dans le monde contemporain », au milieu de « la culture dominante contemporaine ». Une culture dont il ne précise pas les problématiques ou les enjeux. 

    Puis, il enfourche son dada : « Ce qui facilite la violence sur les femmes est la législation sur l’avortement (…) qui laisse la femme livrée à elle-même sans donner de responsabilité à l’homme ». Quand l’Eglise a-t-elle clamé aux hommes qu’un enfant se faisait à deux, et qu’ils devaient être responsables ? Quand a-t-elle blâmé publiquement les violeurs et les abuseurs ? Jamais ! Au contraire, elle a parfois tenté de protéger des pédophiles, et excommunié la mère d’une fillette abusée. Et avant la législation, les femmes étaient abandonnées aux risques mortels d’avortements clandestins, seules, les futurs pères se désintéressant de la question… 

    Le problème semble en effet la personnalité de l’Archevêque. Rappelons que dans son homélie de Noël de 2009, il avait déclaré l’avortement crime plus abominable que ceux des nazis…. 

    En Espagne, les passions se sont déchaînées surtout contre lui et l’Eglise espagnole ; beaucoup moins contre l’auteure des livres, davantage considérée comme une naïve sous influence. **2 

    Les réactions des internautes sont très violentes, dans une sorte de « backlash » auquel il fallait s’attendre. La blessure du franquisme, et de l’alliance d’une partie de l’Eglise espagnole avec le régime, ne paraît pas totalement cicatrisée, ce qui est normal tant la douleur fut grande pour nombre de croyants. Certains internautes signent fièrement « un républicain ». 

    Beaucoup de commentaires sont carrément anticléricaux : Costanza Miriano ayant déclaré que « si il fallait censurer tout ce qui évoque la soumission, il faudrait brûler la Bible », une internaute déclare : « Brûler la Bible ? Eh bien, c’est la seule parole sensée qu’a prononcé cette femme ! » et un autre répond : « Oui, vite, passez moi une Bible que j’allume la mèche ! ». Ces commentaires sont tempérés par d’autres, qui s’insurgent contre toute idée de censure (certains partis demandent l’interdiction des ouvrages), et disent que quand on commence à vouloir brûler les livres, c’est là qu’on revient à des périodes totalitaires… 

    Le seul résultat tangible de la publication de ces pamphlets, semble être de raviver la souffrance légitime des espagnols d’avoir été trahis par leur Eglise, et d’augmenter la désaffection des fidèles… 

      

    Michelle. C. Drouault, et Michèle Jeunet. 

      

    *  1  Les sites catholiques sont pleins de témoignages de femmes qui se sont sacrifiées pour des hommes égoïstes, parfois violents, et demeurent bien amères au seuil de la vieillesse… 

    Certaines le paient de leur vie, comme à Nantes, en 2011. 

      

     

    ** 2 « Cette brave dame est-elle au courant que nous vivons au XXIème  siècle ? » interroge une internaute  

     

     


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  • Jadis, le 25 Novembre, c’était la Ste Catherine ! Le jour où les jeunes filles non mariées à 25 ans faisaient la fête….une fête un peu honteuse : « coiffer Ste Catherine », ce n’était pas si valorisant…

    Aujourd’hui, c’est la journée où l’on rappelle que partout dans le monde, ce sont les femmes les premières victimes de violence : politique(non représentation), économique(elles sont les êtres les plus pauvres de la planète), sexuelle(90% des personnes victimes de la traite des êtres humains) maternelle( avortements forcés ou interdits, élimination des fœtus féminins, manque d’accès à la contraception) et domestique(les violences familiales sont internationales et touchent toutes les classes sociales).

    Mais les mots, les discours, les pamphlets les livres, sont aussi une source de violence ; et les religions ou les personnes qui s’en réclament y participent largement, hélas, au lieu de la condamner sans équivoque :

    C’est ce que nous verrons prochainement dans un article intitulé « Femmes, la violence des mots », où nous évoquons un ouvrage qui fait beaucoup de bruit….

     MCD et MJ.


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  • La notion d’égalité, une manipulation en trompe-l’œil

    Depuis plus d’une décennie, la plus part des décisions des instances d’arbitrage sur l’égalité hommes/femmes ont eu pour résultat d’accorder aux hommes quelques uns des maigres avantages que conservaient les femmes ; ou d’ôter aux femmes les privilèges liés spécifiquement à leur capacité à être mère.

    Ainsi, les femmes ont eu le droit (et souvent l’obligation) de travailler la nuit, alors qu’il est reconnu médicalement que ce type de poste pour une femme enceinte, allaitante, ou mère d’un jeune enfant est hautement préjudiciable à sa santé.

    On a supprimé des avantages de retraite liés à la maternité, pour en donner aux hommes/pères sous certaines conditions ; on a raboté aussi certains avantages fiscaux pour les mères ayant élevé seules des enfants.

    On a accordé aux hommes veufs le droit à la pension de réversion, mais supprimé l’allocation veuvage, qui empêchait de nombreuses veuves sans profession de tomber complètement dans la misère.

    Une décision européenne a accordé à un citoyen espagnol un « temps de disponibilité à l’enfant » en corolaire aux réductions du temps de travail pour allaitement.

    Mais les assureurs, « au nom de l’égalité », ont été contraints de ne plus pratiquer d’abattement sur les cotisations d’assurance-auto des femmes, qui avaient beaucoup moins d’accidents. Au lieu de valoriser la prudence et le civisme des femmes, on les a pénalisées, et les ligues automobiles, où les adhérents sont presque tous des hommes, se mobilisent dés qu’il est question de réduire les vitesses autorisées….

    J’omet certainement des mesures dont je n’ai pas connaissance.

    Mais en attendant, la véritable égalité est un leurre, et l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes en France dépasse encore les 25%, et les obligations des employeurs pour enrayer ce fléau demeurent dérisoires et inefficaces.

     

    Cependant, la plus grande escroquerie intellectuelle au service du pouvoir masculin demeure  la soi disant recherche de « l’égalité parentale ».

    Rappelons que jusqu’à la loi sur l’autorité parentale du 4 Juin 1970 (43 ans seulement !) l’époux et père SEUL avait sur l’enfant tous les droits, représentés par la « puissance paternelle ».

    La mère ne pouvait l’inscrire à l’école, ou décider d’un séjour à l’étranger qu’avec son autorisation écrite. L’enfant relevait automatiquement de l’assurance maladie du père, même si la mère était salariée.

    Jusqu’en 1985 (28 ans seulement !) , le père était seul gestionnaire des biens de l’enfant mineur, au détriment de la mère. Celle ci ne pouvait toucher à un argent qu’elle aurait elle même capitalisé pour son enfant, par exemple, même dans l’intérêt de celui ci.

    La loi sur l’autorité parentale, et celle sur la cogestion des biens de l’enfant ne s’appliquant qu’aux parents mariés, en 1987(loi du 22/7/87) les deux parents non mariés ont la possibilité

    d’exercer en commun l’autorité parentale s’ils en font la demande conjointe devant le juge des tutelles.

    Le balancier était enfin stabilisé.

    La sagesse eut été de ne pas aller beaucoup plus loin.

    Or la loi du 8 janvier 1993, si elle consacre le principe de l’égalité de traitement entre les enfants quelle que soit leur filiation lors des séparations, érige aussi l’autorité parentale conjointe en principe auquel il ne peut être dérogé qu’exceptionnellement si l’intérêt de l’enfant l’impose. *4

    Paradoxalement, c’est à cette époque que se sont développées les formations des policiers et travailleurs médico-sociaux sur les violences conjugales, phénomène jusqu’alors sous estimé et mal connu, sauf par les associations de défense des droits des femmes.

    La délégation aux Droits des Femmes se saisit du problème : une femme en France est tuée par son conjoint ou compagnon tous les deux jours !

    C’est donc au moment où la société réalise combien la domination masculine est violente qu’on répète à satiété cet axiome stupide « le couple parental survit au couple conjugal ».

    Lors d’une séparation, il n’y a plus de couple ! Les parents peuvent garder CHACUN des droits et obligations, mais certainement pas ensemble, et encore moins dans des contextes de violence qui sont si fréquents ! Et dans les meilleurs des cas, parler de couple est préjudiciable à l’enfant qui garde facilement le fantasme de la réconciliation de ses parents.

    Mais peu importe ! On n’est pas à une contradiction prés.

    Les femmes divorcées  ou séparées vont peu à peu commencer à être les otages de leur ex-conjoint, qui, si il est mécontent d’avoir été quitté, ( ce qui est le cas dans prés de 60% des séparations) va utiliser le ou les enfants pour empoisonner littéralement l’existence de leur mère.

    Balbutiantes, les associations de pères se présentent en alliés des féministes et des femmes, faisant croire qu’ils sont prêts à les soulager de cette tâche écrasante qu’est l’éducation des enfants….Que ne le faisaient ils pendant la durée du mariage ? La question reste sans réponse pendant que grand nombre de divorces ont pour cause le délaissement familial de l’époux et père, qui vit sa vie et prend son foyer pour un hôtel, se contentant d’une présence sporadique… les statistiques sur le « partage des tâches » font apparaître de très faibles avancées : 60 à 70% des tâches ménagères et éducatives autour de l’enfant sont assurées par les mères, les pères ayant progressé de 11 minutes par jour en 10 ans ! 

    Mais cette autorité parentale conjointe, là où il y a forcément déchirement, rancune, jalousie, donne une prise formidable à ceux et celles qui n’en finissent plus de se haïr à travers l’enfant. Ils contestent le choix de l’école, des vacances, parfois veulent interdire la fréquentation des grands parents, qui eux aussi saisissent la justice.

     La hache de guerre est déterrée.

    Et au lieu de pacifier la situation, la loi du 4 Mars 2002 va l’envenimer considérablement :

    Elle va consacrer un autre principe : celui de la possibilité de la résidence alternée.

    Oubliant totalement l’idée républicaine fondatrice d’ »intérêt général », le législateur va légiférer pour les classes sociales les plus aisées, la bourgeoisie, qui en imposant son idéologie va provoquer des drames atroces dans les classes populaires, dont les enfants feront les frais.

    En effet la résidence alternée suppose plusieurs préalables :

    -les parents doivent avoir gardé des liens d’estime et de respect mutuel ; ils doivent s’entendre sans conflit sur les règles de vie de l’enfant,

    -les résidences des parents ne doivent pas être trop éloignées, pour la poursuite normale d’une scolarité, et pour éviter à l’enfant la fatigue de transports multiples,

    -les parents doivent bénéficier tous deux de logements suffisamment spacieux.

    -l’âge de l’enfant ne doit pas être inférieur à 3 ans. Jusqu’à cet âge, la stabilité absolue du cadre de vie, et de la personne principale qui s’occupe de l’enfant depuis sa naissance est primordiale. Ce n’est pas une fantaisie, mais une réalité confirmée par l’expérience de la majorité des pédopsychiatres.

    Certains parents plus responsables s’organisent d’une autre manière : ce sont les parents qui viennent à tour de rôle dans l’appartement, et l’enfant ne change pas de lieu.

    Tout ceci suppose des moyens financiers, des facilités, de la disponibilité professionnelle, deux voitures.

    C’est un système qui peut convenir à une élite urbaine aisée. Ceux qui ont les clés, les codes (comme dirait Bourdieu), qui peuvent payer une baby-sitter en cas de problème, ou sauront consulter un médiateur familial si un gros désaccord survient…

    Convient-il aux enfants ? C’est peu probable. Ceux qui sont interrogés se décrivent comme perpétuellement « en transit », ayant toujours oublié quelque chose, avec des existences hachées. Quel adulte, d’ailleurs, accepterait de mener cette vie ? Tous ces bons apôtres de la résidence alternée en ont- ils fait l’expérience pour eux mêmes ? Certains enfants devenus adolescents se décrivent comme des « enfants SDF »….

    Les statistiques sur les parents qui choisissent d’un commun accord la résidence alternée font état d’un revenu moyen de 2163 euros pour les hommes ; 1364 euros pour les femmes.

    Néanmoins, les prestations familiales sont divisées en deux lors de ce type d’arrangement, contrevenant à l’esprit de la loi qui est de corriger les disparités de revenu entre les conjoints pour prendre soin de l’enfant. Les pensions alimentaires versées sont nulles, ou inférieures à 200 euros par mois.  Beaucoup d’avocats ont observé que les demandes de résidence alternée unilatérales n’ont souvent aucun rapport avec l’intérêt de l’enfant, mais surgissent dés qu’intervient une demande de pension alimentaire ! Si le père demeure loin, ou n’a pas l’habitude de s’occuper de l’enfant au quotidien, la mère terrifiée ne demande plus rien : malgré un salaire bien inférieur, elle se débrouillera sans pension, pourvu que son enfant ne soit pas balloté comme un paquet. La résidence alternée est clairement devenue un moyen de chantage.

    Or, la majorité des citoyens français est  actuellement confrontée au chômage, à l’emploi précaire, à la mobilité géographique forcée pour conserver un emploi, aux délocalisations, aux plans sociaux, qui font la une des journaux télévisés. Ils et elles sont en butte aux loyers inabordables, au prix de l’essence, au coût souvent prohibitif de la santé….

    Dans ce contexte, la résidence alternée devient un « cauchemar pour tous » !

    Rendons à nos concitoyens cette justice que la plus part des résidences alternées résultent d’un commun accord….encore qu’il y ait, par suite de chantage ou de pressions diverses, de « faux » commun accord, tout comme il existe des « faux » consentements mutuels, là où un divorce pour faute (violence, maltraitance) se serait imposé.

     Cet accord est explicité dans la Convention remise au Juge aux Affaires Familiales, qui l’entérine, ou peut la modifier.

    Les situations conflictuelles représentent un pourcentage officiel infime des séparations, mais sont montées en épingle par les associations masculinistes « de pères ».

    Et parfois, des magistrats débordés, des avocats lassés, proposent une résidence alternée pour pacifier un conflit, comme si le fait de couper un enfant en deux comme s’il s’agissait d’un bien de consommation pouvait être satisfaisant ! On ordonne des résidences alternées pour des jeunes enfants brutalement séparés de leur mère pour être confiés à un père qui s’est souvent peu occupé d’eux, et peut s’en décharger sur une nouvelle compagne ou une grand’mère.

    Quelques magistrats, campant sur des positions idéologiques, ou totalement inconscients des besoins d’un enfant (ce qui n’est pas rassurant !) ont récemment ordonné par jugement le sevrage de bébés, afin que l’alternance de la résidence puisse être appliquée….

    Cependant, les ravages de la résidence alternée, même au départ consensuelle, commencent à être dénoncés depuis 2004 par des médecins, des pédopsychiatres, et des mères désespérées de voir l’état physique et psychique de leur enfant se détériorer de jour en jour.

    Un certain nombre de pédopsychiatres, alarmés par les dégâts psychologiques sur les enfants qu’ils recevaient en consultation, ont publiquement tiré la sonnette d’alarme, réexpliquant la théorie de l’attachement*5, la nécessité du cadre stable, les conditions d’âge et de résidence impératives pour qu’un tel système soit jouable. Ils le remettent d’ailleurs en question dans son principe, le réservant à des cas très marginaux.

    Pour résumer, un bébé de moins de deux ans ne peut conserver l’image de sa mère que pendant un temps limité, au delà duquel il a le sentiment de l’avoir perdue, et d’être abandonné.(Maurice Berger) Ce qui explique des pathologies psychiques ultérieures ou concomitantes, avec angoisse d’abandon, troubles du sommeil, perte de confiance envers les adultes, et à l’âge adolescent, dépressions chroniques.

    Ce qui est en cause n’est pas forcément un conflit parental, mais des vies morcelées, qui contrecarrent les besoins des enfants jeunes.

    Actuellement, certains enfants en bas âge doivent effectuer des trajets pouvant varier entre 40 et 1300 kms tous les quinze jours pour appliquer une résidence alternée stricte. Nous avons pu lire des témoignages portant sur des enfants de 15 mois, 2 ans, 4 ans, 7 ans…..

    La bonne preuve qu’un père et une mère, ce n’est pas la même chose, c’est que lorsque l’enfant est perturbé, la mère, même si au départ elle était de bonne volonté, veut introduire une certaine souplesse pour essayer de réduire l’anxiété de l’enfant. Et bien souvent, le père refuse, demeurant dans le déni des difficultés.

    Certaines femmes ont l’impression que la résidence alternée est une véritable « arme de guerre », destinée à les punir d’avoir voulu une séparation, dont les enfants font les frais.

    Mais encore une fois, qu’importe !

    La mystification consiste à faire croire que ces solutions violentes pour une majorité de familles, qui n’ont ni le capital économique, ni le capital social et culturel nécessaires pour limiter les traumatismes vécus par les enfants, sont un progrès.

     

    Un pas vient encore d’être franchi avec la proposition de la résidence alternée « par défaut » en cas de conflit ! C’est à dire un perpétuel jugement de Salomon, un enfant clivé, coupé en deux, dont on « jouit », comme d’un bien.

     Une autre disposition, prévoyant l’obligation absolue de communiquer son adresse à l’autre parent quelles que soient les circonstances est plus qu’alarmante : aucune femme ne sera plus à l’abri d’un ex conjoint violent, sous le « prétexte » du ou des enfant(s). Les magistrats français ont d’ailleurs du mal à comprendre le traumatisme que représente pour un enfant le fait de voir sa mère violentée par son père : beaucoup confient encore un droit de visite et d’hébergement à un père qui est un conjoint violent qui a terrifié les enfants, au motif « qu’avec les enfants » , il n’a jamais été violent, et qu’il peut être un bon père !(Pratique qui indigne les magistrats et policiers canadiens)

    Il s’agit encore d’un manque total de capacité d’identification à un enfant comme personne : que diriez vous si on vous enfermait deux jours à la merci d’un agressif violent, que vous avez vu tabasser un ami ou un frère, au motif qu’il n’agresse que les blonds et que vous êtes brun » ?!.

    Cette logique légitime la violence conjugale, comme si elle était particulière, quasi excusable, et n’englobait pas le comportement de la personne toute entière.

    La douleur pour un enfant de voir maltraitée celle qui est son pôle d’attachement est atroce ; elle lui fait de surcroit perdre confiance en son père, elle le remplit de terreur quand il l’approche sans garde-fou. C’est une souffrance dont j’ai été témoin en tant que travailleur social. J’ai vu des enfants confiés pour les week-ends à des pères qui avaient causé à leur mère des blessures graves. Ils revivaient avec acuité les scènes violentes, leur peur et leur impuissance. Souvent, ils étaient malades dès le vendredi soir. Il fallait des expertises psychologiques, des rapports au juge des enfants, avec demande expresse de transmission aux affaires familiales (les juridictions sont très étanches), bref de multiples interventions pour que cesse ce martyr, et ses répercussions sur le plan scolaire et sanitaire.

    Malgré tout cela, la loi s’entête, et se veut « progressiste ».

    POUR QUI EST LE PROGRÈS ? 

     

    Notes :

    * 4 La raison affichée de ce principe d’autorité parentale montre vraiment qu’il existe deux poids deux mesures entre les hommes et les femmes : » les hommes se montreront plus  responsables, ils partiront moins sans laisser d’adresse, si ils ont des droits ! «  Pourtant, pendant des siècles, les mères n’avaient aucun droit, et elles ont été très peu nombreuses, voire rarissimes, à abandonner leurs enfants. De plus cet abandon est deux fois plus mal jugé, et plus mal ressenti par les intéressés une fois adultes.

     

    *5 De par les relations mère/bébé in utéro, au moment de l’accouchement, et au cours de l’allaitement, la mère est la base d’attachement sécure (travaux du pédopsychiatre anglais John BOWLBY,1907-1990 ) qui permet au bébé de s’éloigner progressivement pour explorer le monde( voir aussi S. FREUD, expérience du « for/da)

    Un enfant petit ne s’autonomise que si il est certain de ne pas perdre sa relation avec sa mère quand il s’éloigne d’elle.

    Malheureusement, les travaux de Bowlby, basés entre autres sur son expérience avec des bébés séparés de leurs parents au cours de la guerre de 39/45, ont été détournés, et on en a cité des passages pour culpabiliser les mères qui confiaient leur bébé à une crèche dans les années 70…Pris avec discernement, les exposés tirés des observations de Bowlby sont remarquables.

    La « quantité de présence » n’est pas le facteur prédominant de l’attachement, mais cette stabilité quotidienne de la présence de la mère (même si elle est absente en journée) en particulier le soir et la nuit, avec les rites d’endormissement qui s’y rattachent.

    Voir également les travaux et recherches de Brazelton, et du français Marcel Rufo.

    Tous confirment qu’il existe actuellement une regrettable confusion entre l’égalité du droit au niveau de l’autorité parentale, et l’égalité du rôle au niveau du développement précoce de l’enfant.

     

     

     


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  • Nous commençons une série de 4 articles sur ce « virus mutant ». 

    Problématique

    Comme tout système de domination, la domination des hommes sur les femmes dans les sociétés occidentales mute. C’est à dire qu’elle s’adapte aux avancées incontestables qu’ont connu les droits des femmes, et aux nouvelles normes de ce qui est considéré comme un consensus acceptable de valeurs.

     Ces valeurs résultent des luttes ininterrompues menées par les femmes, mais elles ont été intégrées : la contraception est un droit ; le viol doit être pénalement puni ; les salaires ne doivent pas être discriminants ; la parité doit s’appliquer en politique, etc….Bien sûr, cette manière d’envisager la vie sociale est affirmée en surface, et INDIVIDUELLEMENT, beaucoup d’hommes ne sont pas d’accord ; mais ils sont obligés de le dissimuler sous peine d’apparaître comme des troglodytes, et, pour certains, de ruiner leur carrière politique ou artistique. Ceux qui, ces derniers temps, se sont hasardés à des caquètements de poule à l’intervention d’une députée, ou à des propos sexistes sur la meilleure place des femmes aux confitures qu’au conseil municipal, en ont fait les frais : amendes financières, et blâmes publics. Car parfois, la surface policée se craquèle, et surviennent les petites phrases qui traduisent le fonds de leur pensée. Les « il n’y a pas mort d’homme » au sujet d’un viol, les « qui va garder les enfants ? » au sujet d’une femme politique candidate à une élection…..les « salope » murmurés entre les dents, et opportunément enregistrés par un journaliste…

    Cependant, le moyen le plus sûr de continuer à dominer collectivement reste encore de se servir des concepts qui sont consensuels pour les détourner, les instrumentaliser au service du pouvoir. Et de faire apparaître, sublime supercherie, les personnes ou les groupes qui dénoncent ces procédés comme réactionnaires !

    ( « comme il sait, avec ruse dernière/ se faire un beau manteau de tout ce qu’on révère » disait déjà Molière dans « Tartuffe »…)

     

    Première mystification : la laïcité, une instrumentalisation des lois

    Comme nous le rappelions voici peu sur ce site, l’Etat seul, en France, est laïque, c’est à dire qu’il ne peut y avoir aucune religion, aucun culte, qui soit officiel ou favorisé et subventionné ; et que tous les fonctionnaires de l’Etat, ses moindres représentants, doivent être neutres, et ne montrer ni professer aucune religion DANS L’EXERCICE DE LEURS FONCTIONS.

    Par contre, la liberté religieuse, et le droit d’exprimer ses convictions pour l’ensemble des citoyens, restent inscrits dans la Constitution.

    On a voulu faire croire que le devoir de neutralité s’étendait à tous les citoyens français, et la répression s’est particulièrement abattue sur les femmes et les filles musulmanes, puisque l’expression de leurs convictions passe par le fait de se couvrir les cheveux.* 1

    Au nom de la laïcité, des petites filles, des jeunes filles, ont été exclues du savoir, de la connaissance, de la possibilité d’accès à un métier valorisant, et renvoyées chez elles à faire le ménage tout en prenant des cours par correspondance ! Julie-Victoire Daubié, première bachelière française en 1861, a du s’en retourner dans sa tombe !

    Voilà comment le droit chèrement acquis des femmes à l’éducation et à l’instruction a été battu en brèche.*2

    On a pu entendre à l’occasion de ces « affaires de foulard », un florilège de préjugés aussi sexistes que racistes, visant à présenter l’ensemble des femmes et des filles comme des personnes faibles et manipulables, qui ne pouvaient avoir de réelles convictions personnelles.  Les mouvements d’extrême droite identitaires se sont saisis de ces affaires en les présentant comme un grave problème, manipulation qui rappelle les fantasmes de « complot juif » ou sur la franc-maçonnerie qui avait cours dans les années 30 et 40. La légende du complot franc maçon qui infiltrerait la sphère politique, est d’ailleurs remise au goût du jour par certaines mouvances…

    Et plusieurs  organisations féministes n’ont pas vu que le critère de l’oppression des femmes était la CONTRAINTE : être forcée à porter ou retirer un foulard rentre exactement dans la même logique de possession des femmes. Nulle part il n’existe de police qui se préoccupe de l’apparence des hommes !*3

    On peut noter au passage que les « Femen » qui découvrent leurs seins, ( symbole de la reproduction que les hommes veulent contrôler) scandalisent autant que les femmes en tchador ou en niqab, voire en simple voile : il s’agit toujours d’actes VOLONTAIRES et revendiqués des femmes de couvrir ou découvrir une partie de leur corps ; et c’est cela qui hérisse ces messieurs….

    Michelle. C. DROUAULT

    Notes :

    *1 Il ne nous appartient pas, si nous ne sommes pas musulman-es, de juger du bien-fondé théologique de cette pratique. C’est un débat qui doit avoir lieu à l’intérieur de l’Islam, et non hors de son cadre, par des « spécialistes de »…

    *2 Oui, un droit chèrement acquis, puisque, bien qu’elle ait réussi l’examen, Julie Daubié a eu beaucoup de mal à obtenir le titre : « lui donner officiellement son diplôme de bachelier és lettres…ridiculiserait le Ministère de l’Instruction Publique », clamait un ministre. Ce qui n’empêchera pas Julie d’obtenir sa licence de Lettres en 1872 !

     *3 Sauf en Iran, où la police des mœurs s’assure effectivement qu’ils ne circulent pas en short…

     

     


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  • Nous terminons la traduction de la conférence que Juan Jose Tamayo a prononcée à l'inauguration d'une faculté consacrée à la théologie féministe au Salvador.

    On peut lire le texte original espagnol sur:http://www.adital.com.br/site/noticia.asp?lang=ES&cod=76112  

    et la traduction anglaise sur:

    http://iglesiadescalza.blogspot.fr/2013_06_30_archive.html

    Voici  la traduction française faite par Michelle C.Drouault

     

    CONFÉRENCE PRONONCÉE À L’INAUGURATION DE L’ECOLE DE THÉOLOGIE FÉMINISTE DE L’ASSOCIATION DES FEMMES CATHOLIQUES DU SALVADOR POUR LE DROIT À DÉCIDER

    San Salvador, 28 Juin 2013

     

    LA RÉBELLION DES FEMMES

    Dans les dernières décennies, nous avons assisté à une véritable rébellion des femmes dans la sphère des religions, tant au niveau personnel que collectif ; à l’intérieur des religions comme dans la société.

    -A un niveau personnel, elles ont consciemment transgressé les normes et les orientations en matière de sexualité, de relations de couple, de planification familiale, d’options politiques…

    -A l’intérieur des religions, elles ont créé des mouvements et des associations de femmes, qui exercent leur liberté d’organisation et fonctionnent de manière autonome, en marge des hommes, et se confrontent aux autorités religieuses,

    -Dans la société elles jouent une part activent dans les mouvements féministes et les organisations sociales, comme expression de la convergence des luttes pour l’émancipation des femmes, et comme manière de s’engager dans les secteurs où sont les plus vulnérables de la société.

    LA RÉBELLION DES FEMMES À L’INTÉRIEUR DES RELIGIONS CONSTITUE UN DES FAITS MAJEURS DE L’HISTOIRE DES RELIGIONS, d’une signification profonde, et qui a d’importantes répercussions politiques et sociales.

    Elle suppose une avancée de la lutte pour l’émancipation des femmes, et pour la libération des marginaux et des exclus.

    Par conséquent, la rébellion féministe des femmes croyantes doit compter sur l’appui des collectivités et des personnes religieuses ; mais aussi sur celui de tous les citoyens et citoyennes impliqué-es dans la lutte pour l’émancipation des peuples soumis à différentes formes d’oppression.

    L’INDIGNATION DES FEMMES CROYANTES CORRESPOND À LA SITUATION D’INDIGNITÉ DANS LAQUELLE ELLES SONT MAINTENUES dans la majorité des systèmes de croyance, des religions, et des mouvements spirituels.

    Fruit de cette rébellion, surtout cultivée par les femmes, une nouvelle manière de vivre et de penser la foi religieuse à partir de sa propre subjectivité, a surgi dans les différentes religions :

    LA THÉOLOGIE FÉMINISTE !

    -Elle part de l’expérience de souffrance, de lutte et de résistance des femmes contre la patriarcat et ses différentes manifestations,

    -Elle retrouve la mémoire des anciens qui ont travaillé pour faire avancer l’Histoire vers la liberté des opprimés, et pour l’émancipation des femmes de tout type de discrimination,

    -Elle réécrit l’histoire des religions dans une perspective de genre, en donnant une voix et une présence aux femmes silencieuses dans le patriarcat religieux,

    -Elle utilise les catégories des études sur le genre pour analyser de manière critique les structures patriarcales et les discours androcentriques des religions, et proposer une théologie alternative qui contribue à l’émancipation des femmes dans tous les domaines de leur existence.

    La théologie féministe n’est pas une théologie spécifique qui s’occupe thématiquement des questions relatives aux femmes, ni qui intéresse seulement les femmes, et qui serait élaborée par les femmes seules.

    Il s’agit d’une théologie fondamentale, qui veut donner raison à une foi en Dieu qui ne soit pas soumise à un modèle divin patriarcal, mais à l’enseignement de Jésus, et au mouvement égalitaire des femmes et des hommes qui ont décidé de le suivre.

    C’est une théologie de la libération, qui veut contribuer au salut de tous les opprimés, et à la transformation des structures religieuses hors du domaine masculin.

    C’est une théologie critique, qui recourt aux méthodes historico- critiques et à la théologie féministe, et utilise (ce qu’on peut appeler) « l’herméneutique de la suspicion » pour lire les textes fondateurs des religions dans une perspective de genre.

    L’ »herméneutique de la suspicion » s’étend aussi aux traductions et interprétations ; en majorité effectuées à partir de présupposés andro et anthropologico-centriques.

    Cette théologie reconnaît les femmes comme sujets religieux, moraux, et théologiques ; comme interlocutrices directes avec Dieu sans l’intermédiaire des hommes, et porteuses de grâce et de salut !

    Les théologies féministes se répandent dans la majorité des religions.

    A LA RÉVOLUTION FÉMINISTE, LA PREMIÈRE À CARACTÈRE PACIFIQUE DE TOUTE L’HISTOIRE, LE PATRIARCAT RÉPOND PAR LA VIOLENCE DE GENRE !

    A la théologie inclusive du genre, nombre de religions répondent par l’exclusion des femmes !

    CONCLUSION

    Au XIXème   siècle, les religions ont perdu la classe ouvrière* parce qu’elles se sont placées aux côtés des patrons qui exploitaient les ouvriers, et elles ont condamné les révolutions sociales qui luttaient pour une société plus juste et plus solidaire.

    Les travailleurs ont tourné le dos aux religions parce qu’ils se sont sentis trahis par elles, s’éloignant la plus part du temps du message égalitaire et solidaire des origines.

    Au XXème siècle, les religions ont perdu les jeunes et les intellectuels*, à cause de leurs positions philosophiques et culturelles intégristes, s’éloignant des nouveaux enjeux de la modernité.

    Si elles continuent dans la voie patriarcale dans laquelle elles cheminent actuellement,

    au XXIème  siècle, les religions perdront les femmes, jusqu’à présent leurs meilleures et plus fidèles adeptes.

    Sans la classe ouvrière, sans les jeunes, sans les intellectuels et sans les femmes, les religions seront arrivées à leur fin !

    Elles ne pourront rejeter la culpabilité de leur cuisant échec sur personne.

    Elles se seront fait « harakiri » !

    Pour un approfondissement de ces idées, voir :

    Juan José TAMAYO, «  Une autre théologie est possible, le pluriculturalisme religieux, l’interculturalité, et le féminisme », Barcelone 2012, 2éme édition, et plus spécialement le chapitre : « Une révolution féministe dans la théologie », p. 213 à 265.

     

    Notes de la traductrice :

    *1 Cela nous paraît surtout valable pour le christianisme catholique ; par ailleurs christianisme et islam ont légitimé longtemps l’esclavage.

    Cependant, on peut mettre un bémol avec le clergé catholique irlandais, qui a défendu en sous main les ouvriers irlandais contre l’oppression britannique, le clergé polonais qui a soutenu Solidarnosc.

     

    *2 L’islam chiite en Iran s’est attiré les intellectuels, l’islam sunnite en Algérie les jeunes.


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  • Ce mot s’est répandu à grande vitesse en suscitant beaucoup de controverses. Ceci est mon premier article sur le sujet. 

      

    Les romans peuvent être de bons lieux de réflexion. 

    Voici quelques lignes écrites par Ken Follet dans Le vol du frelon (Livre de poche p 48) 

    L’action se passe en 1941 en Angleterre. Une femme, Hermia Mount, est membre des Renseignements britanniques le MI6, dirigeant la section danoise de l’espionnage. Elle rencontre un membre du gouvernement et voici un de leurs dialogues : 

      

    - On ne s’est pas trompés, lança-t-il en souriant, vous n’avez pas la langue dans votre poche. 

    - Que vous a-t-on appris d’autre ? 

    - Que vous êtes bilingue anglais et danois- ce qui, je présume, explique pourquoi vous dirigez le bureau danois. 

    - Non. La raison en est la guerre : autrefois aucune femme au sein du MI6 ne s’élevait jamais au-dessus du niveau d’assistante secrétaire. 

    Dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux programmées pour tenir un intérieur et élever des enfants. 

    Mais depuis que la guerre est déclarée, notre cerveau a subi de remarquables modifications et nous sommes devenues capables de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin. 

    Il accueillit son ton sarcastique avec bonne humeur. 

    - Je l’ai remarqué aussi, dit-il, et cela ne cesse de m’émerveiller. 

      

    La question du genre se situe d’abord à ce niveau-là : des exclusions de certains rôles sociaux et professionnels (comme ici la responsabilité d’un réseau d’espionnage) relève d’une construction sociale qui se cache derrière une prétendue «  nature des choses » 

    ( dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux  programmées…). 

    Il faut des circonstances comme ici une guerre pour que la tromperie de cette construction soit démasquée. Hermia Mount se révèle capable «de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin.» 

      

    Parmi ceux et celles qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il qui voudraient revenir aux temps où il était inimaginable qu’une femme soit médecin, chirurgien, enseignant, pilote d’avion, écrivain, chercheur etc… au nom d’une différenciation qui tiendrait à une 

    «  nature féminine » incapable de les exercer ou non-programmée pour cela par une volonté divine ? 

    Savent-ils que les arguments qui s’opposaient à l’accès des femmes à ces professions étaient les mêmes que ceux dont ils se servent : le maintien, le respect de la différence. « Si une femme devient chirurgien…elle va perdre sa féminité » disait-on. 

      

    Parmi celles et ceux qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il, qui, par exemple signeraient ces déclarations : 

    « Depuis quand est-il d’usage de voir les femmes abandonner les soins pieux de leur ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur la place publique…remplir des devoirs que la nature a départis à l’homme seul ? » 

    Procureur Chaumette, 1793 

    « Je ne crois pas qu’il faille s’occuper d’un régime d’instruction pour les jeunes filles…L’éducation publique ne leur convient pas puisqu’elles ne sont point appelées à vivre en public». 

    Napoléon 

    « L’homme tire sa dignité et sa sécurité de son emploi. La femme doit l’un et l’autre de son mariage». 

     Jean Foyer, ministre de la Justice 1973 

      

    Il est sûrement légitime de s’interroger sur les positions les plus extrêmes de la question du genre. Mais il est malhonnête de la réduire à cela. Attention à ne pas être manipulé par ceux qui n’ont pas fait le deuil de leur perte de monopole, de leur position dominante et qui se lancent dans cette bataille pour essayer de récupérer du terrain perdu. Ou alors par ceux que cela arrange d’être les défenseurs acharnés de la différence pour justifier le non-accès de femmes à des responsabilités dans leur religion (des Eglises protestantes fondamentalistes, les tendances conservatrices de l’Islam et du Judaïsme, l’Eglise catholique romaine). 

    Michèle Jeunet

     

     


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  • Plusieurs organes de presse relatent que l’éditorialiste du journal du Vatican « l’Osservatore Romano », a demandé au Pape François si on pouvait envisager la nomination de femmes cardinales.

    Or, qu’est ce qu’un cardinal ?

    C’est une personne nommée directement par le Pape, et qui devient électeur du Pape pour le prochain conclave.

    Contrairement aux idées reçues, le cardinal ne relève pas du sacrement de l’ordre (diacre, prêtre, évêque) ; il n’est pas « ordonné ». On ne peut donc opposer aux femmes l’argument, discutable d’ailleurs, selon lequel la prêtrise serait réservée aux seuls hommes.

    Dans l’histoire, il y eut des laïcs cardinaux (par exemple Mazarin)

     

    Quelles qualités et compétences doit avoir un-e cardinal-e ?

    Celles que peut avoir toute personne baptisée :

    -une expérience spirituelle personnelle

    -un engagement fort au service de l’Evangile

    -une bonne connaissance de la situation de l’Eglise catholique de son pays.

    Si ce type de nomination avait été possible, on aurait pu penser à Sœur Emmanuelle….

     

    Les articles suivant, vous permettra d’en savoir un peu plus :

    http://www.ilmessaggero.it/PRIMOPIANO/VATICANO/papa_francesco_donna_cardinale_vaticano/notizie/329972.shtml

     

    http://www.newsring.fr/monde/3599-francois-1er-nouveau-pape-le-bon-choix/69057-rlc-vatican-des-femmes-cardinales-lidee-est-lancee

     

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/09/24/97001-20130924FILWWW00514-une-femme-cardinal-pourquoi-pas.php

     

     

     

     


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  • Paradoxalement, la loi sur l’égalité homme/femme va comprendre des dispositions profondément inégalitaires, puisqu’elles vont satisfaire les revendications des masculinistes.

    Mouvements surtout québécois et anglo-saxons, ces groupes ont décidé de reprendre le contrôle de la vie des femmes par le biais de la parentalité.

    C’est à dire de rétablir un patriarcat moderne, qui prend d’autres formes que les lois d’antan, mais revient au même résultat : aucune mère ne peut se soustraire au contrôle d’un homme sur sa vie jusqu’à la majorité du ou des enfants qu’ils ont eu ensemble.

    Constitués principalement en « mouvements de pères », ces groupes ont- comme tous les lobbies masculins- des moyens financiers et des appuis politiques.

    C’est ainsi qu’ils peuvent abreuver les parlementaires de leurs revendications.

    Et que , cédant aux pressions, les sénateurs se préparent à ériger en système la garde alternée, sans respect pour l’intérêt de l’enfant ; et surtout à valider par ignorance la théorie fumeuse du « Syndrome de l’aliénation parentale », dont l’inventeur, Gardner, soutenait par ailleurs que les relations sexuelles entre adultes et enfants étaient naturelles….La communauté scientifique a fermement rejeté ces théories, mais peu importe, le Sénat va s’appuyer sur elles pour rendre la vie des femmes et des enfants un esclavage.

     

    Signez cette pétition, manifestez vous, la notion d’égalité entre les sexes est trop belle pour se laisser instrumentaliser et défigurer de la sorte !

    http://www.change.org/fr/pétitions/ne-votez-pas-l-amendement-masculiniste-dans-la-loi-egalitéfh?share_id=dPztRftOhB&utm_campaign=signature_receipt&utm_medium=email&utm_source=share_petition

     

     


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  • Dans le précédent article, l’auteur évoque un passage de la Bible où un homme sacrifie sa fille pour être fidèle à un vœu fait à Dieu. On trouve ce passage dans le livre des Juges au chapitre 11. On peut légitimement se révolter devant de tel récit, qui plus est dans un livre que l’on dit inspiré par Dieu. Mais il faut aller au-delà d’une lecture fondamentaliste.

     

    Il faut savoir d’abord que le Bible contient des positions contradictoires. Ici un sacrifice, et à d’autres endroits un refus virulent des sacrifices humains. Dieu se contredirait-il ?

    Ensuite comprendre que ces textes témoignent d’une lente progression vers plus d’humanisation. Les textes les plus anciens laissant la trace de ce qui se faisait couramment chez les peuples de l’Antiquité, les textes les plus récents s’insurgeant devant ces pratiques. Mais alors pour quoi les auteurs bibliques ont laissé des textes «  dépassés » par une meilleure compréhension de ce qui est meilleur de faire ?

    Parce que la Bible ne nous livre pas du « tout-fait », du prêt à croire, une carrière de normes monolithes et intemporelles. Elle nous montre que la vérité se cherche, qu’on tâtonne, qu’on peut progresser vers plus d’humanisation. Elle ne gomme pas la lente émergence de l’esprit humain éclairé par Dieu, vers ce qui est meilleur. Elle laisse ces textes, témoins de cette longue émergence, pour nous apprendre à penser, à nous positionner, à nous révolter devant l’inacceptable.

    Enfin il nous est possible, même avec ce texte des Juges, de l’interpréter de manière neuve. C’est ce que je propose dans l’article qui va suivre.

     

     

    Le fille de Jephté

    Ce passage se trouve dans la Bible, au livre des Juges chapitre 11

    On ne sait rien de cette jeune fille, sauf qu’elle est la fille unique de Jephté.

    Au temps des juges, Jephté est rejeté par les siens, car sa naissance est suspecte : il est le fils d’une prostituée.

    Il est devenu un chef de bande, ambitieux et plein du désir de se venger. On est en guerre et à la veille de la victoire, Jephté fait un vœu porteur de haine et de violence : « Si tu livres, dit-il au Seigneur, entre mes mains les Amonites, quiconque sortira le premier des portes de ma maison, celui-là appartiendra à Dieu et je l’offrirai en holocauste »

    Violence et mort déguisées en bien, en offrande, en un geste religieux de reconnaissance envers Dieu : cela  dépeint  l’idée qu’il se fait de Dieu et de sa puissance. Une fausse image qui lui donne le droit de disposer de la vie de ses sujets, en s’autorisant de l’idée qu’il se fait de Dieu.

    Une fois victorieux, Jephté rentre chez lui. Qui va sortir le premier de sa maison pour lui faire fête ?

    « Et voici, sa fille sortant à sa rencontre avec des tambourins et en dansant. Mais elle était son unique …Dès qu’il la vit il déchira ses vêtements et dit : « Ah !ma fille tu me désespères ! Tu es de ceux qui me portent malheur »

    Visiblement sa fille est au courant du vœu prononcé par son père…Sa réponse le confirme : « fais pour moi selon ce qui est sorti de ta bouche puisque le Seigneur a pour toi tiré vengeance de tes ennemis »

    Si elle sort la première, c’est en connaissance de cause et parce qu’elle l’a voulu. C’est elle-même qui pour faire la fête à son père, s’expose en personne, peut-être pour l’empêcher d’exécuter son vœu cruel contre un innocent. En ce sens, c’est un acte libre qu’elle pose pour s’opposer à l’image mortifère de Dieu que se fait son père. En ce sens, elle préfigure l’acte du Christ qui dira : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne »

    C’est son enfant unique : s’il accomplit son vœu en faisant tuer sa fille, il se prive de son enfant unique et de descendance.

    Ainsi, cette fille met son père au défi de faire ce qu’il a promis, espérant que l’affection de son père va l’emporter sur son ambition. C’est un père aimant, peut-il honorer le Dieu qui donne la victoire en lui sacrifiant sa fille pour leur malheur à tous les deux ?

    Mais Jephté ne répond rien.

     Elle lui demande deux mois : pour que son père réfléchisse, pour qu’il prenne la mesure de ce qu’il va faire, pour qu’il pèse le poids de souffrance de part et d’autre ? Elle part dans les montagnes « pleurer sa virginité » : elle est au désespoir, comme son père. A son retour, « il accomplit sur elle le vœu qu’il a prononcé ». 

    Cette fille admirable a l’audace d’affronter son père, (le délire ambitieux de son père), au risque de sa vie. Elle n’a pas de nom puisqu’elle va être privée d’elle-même. En elle est le désir de protéger les gens de sa maison, et peut-être aussi, son père de sa folie meurtrière. Elle espérait que l’amour de son père pour elle l’emporterait sur son désir de revanche et sa soif de pouvoir.

     

     « D’année en année, les filles d’Israël iront célébrer la fille de Jephté le Galaadite quatre jours par an » ; Elle n’a pas de nom mais c’est elle, dont la mémoire restera.

     

    « Pour les femmes de la Bible, Dieu est avant tout le  Dieu de la Vie, plutôt que de la puissance et de la victoire » nous dit Sylvie Germain…. Dieu se dresse au cœur de leur vie …Dans cet Ailleurs (on pourrait dire Autre) qui est Dieu même, au plus profond d’elles-mêmes, elles puisent la force d’affronter les puissants et de risquer leur vie, afin d’obtenir grâce pour les petits : elles ont la foi en Dieu, et elles peuvent en mourir comme le Christ.

     

     


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  • Nous continuons à publier la conférence que Juan Jose Tamayo a prononcée à l'inauguration d'une faculté consacrée à la théologie féministe au Salvador, le 28 Juin 2013.

    On peut lire le texte original espagnol sur:http://www.adital.com.br/site/noticia.asp?lang=ES&cod=76112  

    et la traduction anglaise sur:

    http://iglesiadescalza.blogspot.fr/2013_06_30_archive.html

    Voici  la traduction française faite par Michelle C.Drouault qui est aussi l’auteure de remarques en bas de page.

     

    Deuxième partie

    Les religions légitiment de multiples formes d’exclusion des femmes de la sphère publique, de la vie politique, de l’activité intellectuelle, du champ scientifique ; et limitent leurs fonctions à l’environnement domestique, la sphère privée, l’éducation des fils et filles, l’attention à l’époux, le soin aux malades et aux personnes âgées, etc.

    N’importe quel type de présence des femmes dans l’activité politique ou sociale est censé les éloigner de « l’identité féminine » (qu’est ce ?) et considéré comme un abandon de leur véritable champ de compétence et de travail, qui est le foyer ! Et ce avec la culpabilisation qui en découle…

    Au mieux, les religions défendent le postulat que les femmes peuvent se réaliser A LA FOIS au foyer et au travail ; ce qui ne s’applique jamais aux hommes.

     

    LA MAJORITÉ DES RELIGIONS DÉNIENT AUX FEMMES LA RECONNAISSANCE DE LEURS DROITS REPRODUCTIFS ET SEXUELS

    Les femmes ne sont pas maîtresses de leur propre corps, qui est contrôlé par les confesseurs, directeurs spirituels, époux, etc..

    On ne permet pas aux femmes de planifier leur famille : elles doivent enfanter les fils et filles que Dieu veut, que Dieu leur envoie ; ce ne sont pas elles qui décident librement.

    Elles ne peuvent avoir une sexualité en dehors des limites imposées par la religion (mariage, hétérosexualité).

    La pratique de la sexualité en dehors du mariage et avec des personnes de même sexe est interdite et souvent expressément condamnée.

    Elles sont considérées comme impures à cause des menstruations*1

    Si elles décident d’interrompre une grossesse, même lorsqu’elles le font suivant la loi civile de leur pays ; elles sont accusées d’être des pécheresses et des criminelles et les sanctions peuvent aller jusqu’à la prison (lorsqu’il existe une religion d’Etat, note de la traductrice).

    Les leaders religieux se rejoignent dans la condamnation et la criminalisation de l’avortement, par exemple le catholicisme et l’Islam.*2

    Les femmes ne peuvent utiliser de moyens contraceptifs ; elles sont alors accusées de « faire obstacle à la vie ».

    Les religions ont donc historiquement exercé différents types de violence, physique, symbolique, et religieuse, envers les femmes, et continuent de le faire.

    Certains textes sacrés (ou mythiques) le reflètent. Ils justifient parfois la punition physique des femmes, leur lapidation, l’offrande d’une femme en sacrifice pour tenir une promesse, pour apaiser la colère des dieux *3, le fait de tenir les femmes enfermées jusqu’à leur mort, de leur imposer silence, de ne leur reconnaître aucune autorité, de ne pas accepter leur témoignage à l’égal de celui d’un homme.*4

    Les pratiques religieuses viennent ratifier ces récits. On ne reconnaît pas aux femmes la présomption d’innocence ; elles sont au contraire présumées coupables jusqu’à preuve absolue de leur innocence. Ce sont elles qui succombent à la tentation et tentent les hommes, et pour tout cela, elles méritent d’être châtiées !

    Certains pères de l’Eglise ont considéré que les femmes étaient « la porte de Satan » ou « la cause de tous les maux ».

    Un théologien chrétien aussi influent que St Augustin d’Epone en arrive à affirmer que l’infériorité de la femme vient d’un ordre naturel.

    Un autre théologien aussi distingué en théologie chrétienne que Thomas d’Aquin, définit la femme comme « un homme imparfait ».

    Luther parle des femmes comme d’êtres faibles de corps et d’esprit pour avoir cédé à la tentation, et affirme que les femmes ont été créées sans autre but que de servir les hommes, et de leur servir d’ « aides ».

    La violence des hommes d’Eglise contre les femmes, y compris celle de saints comme Augustin d’Epone, est décrite avec toute sa crudité et son réalisme dans une scène du roman de Jostein Gaarder : « Vita Brevis » ; scène qu’on trouve dans la lettre envoyée par Floria Emilia à  Aurelio Augustin, avec qui elle avait vécu douze ans en concubinage :

    « Une après midi, alors que nous avions partagé de nouveau les plaisirs de Vénus, tu t’es retourné brusquement vers moi avec colère, et tu m’as frappée. Tu te souviens de m’avoir frappée ? Toi qui fus auparavant un éminent professeur de Rhétorique, tu m’as battue brutalement parce que tu t’étais laissé tenter par ma tendresse ! La culpabilité de ton désir retombait sur moi…Évêque, tu m’as battue et insultée parce que j’étais devenue une menace pour le salut de ton âme ! Tu as pris un bâton et tu m’as frappée de nouveau. J’ai pensé que tu voulais en finir avec ma vie (….) Mais je ne craignais pas pour ma vie ; j’étais seulement détruite, si déçue, et j’avais tellement honte pour toi que je me souviens clairement que je t’ai demandé de me tuer une fois pour toutes » (…)

    En plus de raconter l’agression dans les plus petits détails, Floria explique que ce n’est pas elle qu’Augustin a frappé, mais Eve, la Femme ; et elle se souvient, citant Publio Sirio que « celui qui se comporte injustement envers une personne en menace beaucoup d’autres »

    A la fin de la lettre, elle confesse à l’évêque Augustin, d’un ton dramatique qui se justifie : « Je me sens frissonner parce que je crains que ne viennent des temps où les femmes seront assassinées par des hommes de l’Eglise de Rome. » Elle poursuit en posant une interrogation terrifiante « mais pourquoi faudrait il les tuer, honorable évêque ? Pour que vous vous souveniez que vous avez renié votre âme même(…) et pour satisfaire qui ? Un dieu, dites-vous ? Celui qui a créé le firmament qui est au dessus de nous, et la terre sur laquelle vivent les femmes, qui vous donnent la lumière de la vie… »

    L’ancienne compagne d’Augustin dit aux hommes d’Eglise que si Dieu existe, il jugera pour leurs plaisirs ceux qui se sont détournés de Lui ; et il les jugera aussi pour avoir nié l’amour entre l’homme et la femme.

    Floria termine la lettre en disant à l’évêque que si c’est dans le but qu’elle se fasse baptisée qu’il lui a fait parvenir ses « Confessions », elle ne va pas lui donner cette satisfaction….

     

    CEPENDANT, LES FEMMES SONT LES PLUS FIDÈLES ADEPTES DES RELIGIONS

    Certains affirment que l’inclination des femmes pour la religion est innée, plus encore, génétique ! Que les femmes sont par nature plus crédules, et pour cela plus assidues dans leur engagement religieux.

    Aucune investigation dans le domaine génétique ne démontre cela.

    Il s’agit seulement d’un stéréotype, dont le but est de soumettre les femmes à des orientations religieuses restrictives et répressives. Ceux qui pensent ainsi oublient que traditionnellement ce sont les femmes à qui on a le plus inculqué les sentiments religieux.

    Il s’agit d’un processus induit, qui est le résultat d’une éducation et d’un apprentissage déterminé.

    Les femmes ont les meilleures courroies de transmission des enseignements religieux aux enfants dans la famille ; et aux enfants des deux sexes dans les espaces religieux, par le biais de l’éducation religieuse.

    Elles sont aussi les meilleures reproductrices de l’organisation patriarcale et de l’idéologie androcentrique, et celles qui pratiquent le plus les religions.

     

    A suivre, dernière partie et conclusion : LA REBELLION DES FEMMES

     

     

    Remarques de Michelle C.Drouault 

    *1

    On peut considérer que c’est exact dans les 3 monothéismes :

    judaïsme : notion de » pureté familiale », l’épouse ne peut avoir de relation intime avec  son mari que six à sept jours environ après la fin des règles, quand il ne reste plus aucune trace de sang dans ses linges, et qu’elle a pris un bain rituel ;

    christianisme catholique et parfois orthodoxe et copte : exclusion des femmes de la sphère de l’autel dans certaines paroisses,

    islam : la femme est considérée impure pendant la durée de ses règles, et ne doit pas dormir avec son mari, ni avoir de relation avec lui.

    *2

    Nous ne sommes pas entièrement d’accord.

    En effet, l’islam sunnite proscrit l’avortement SAUF dans le délai des trois premiers mois de grossesse (les douze semaines de la loi civile française), dans des cas très précis :

    Menace pour la vie ou la santé de la mère, handicap grave de la mère, malformation   fœtale incurable, viol ou inceste prouvés. L’avortement, certes est considéré comme un mal, mais si pour ne pas le commettre, on provoque un mal plus grand encore ? il revient à la conscience du croyant ou de la croyante de l’évaluer.

    *3

    Livre des Juges, Ancien Testament, chapitre 11, versets 29 à 40 : Jephté fait à Dieu la promesse de lui offrir en holocauste quiconque sortira en premier de sa maison s’il obtient la victoire contre ses ennemis ; or c’est sa fille chérie qui vient en premier au devant de lui…il la sacrifie, après lui avoir accordé sur sa demande deux mois de sursis…

    *4

    Le Coran rend le témoignage de l’homme égal à celui de deux femmes. ( Cependant il s’agit d’une seule référence, qui concerne les dettes et transactions financières, et qui est contredite par une autre, qui stipule que devant la loi islamique, les deux sexes ont la même égalité.) Cette unique référence est malheureusement beaucoup plus vulgarisée que l’autre…

     

     

         


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  • Nous avons la déception de voir la société française devenir de plus en plus intolérante.

    La presse radiophonique relatait ce matin l’agression d’une jeune fille voilée par deux hommes. Agée de 16 ans, la jeune fille s’est vu arracher son hijab avec des insultes.

    Outre une islamophobie aggravée par des lois discutables, le message paraît clair : sur le sol français, les femmes et les filles doivent être accessibles et disponibles !

    Message aussi limpide que celui des juifs fondamentalistes qui, voici deux ans, avaient

    insulté une fillette de 8 ans sur le chemin de l’école parce qu’elle n’avait pas, au contraire, les membres couverts. Comprenons bien : nulle part les femmes et les filles n’ont leur avis à donner sur leur propre corps, leur apparence, et leurs convictions.

    Elles doivent être comme les hommes de leur société les veulent. Point.

    Renvoyons donc dos à dos ces agresseurs d’enfants(les deux jeunes sont mineures), qui n’ont pas le courage, si le fait d’afficher sa religion leur déplait tellement, d’interpeller les hommes qui portent la barbe ou la kamis ; pour les autres d’entamer un dialogue avec le père ou la mère de la fillette. Car le risque est alors grand de ne pas avoir raison ! et peut être de subir un camouflet. Voire quelques coups…

    Agresser des enfants, quelque soit leur sexe, est une lâcheté condamnable avec la plus grande rigueur.

    Nous ne le répéterons jamais assez.  L’agression d’enfants est le signe qu’une société n’a plus de repères.

     

     

    MCD


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  • Un exemple parmi tant d'autres d'une réflexion théologique féministe:

    Voici la conférence que Juan Jose Tamayo a prononcé à l'inauguration d'une faculté consacrée à la théologie féministe au Salvador.

    On peut lire le texte original espagnol sur: http://www.adital.com.br/site/noticia.asp?lang=ES&cod=76112  

    et la traduction anglaise sur:

    http://iglesiadescalza.blogspot.fr/2013_06_30_archive.html

    Voici  la traduction française faite par Michelle C.Drouault

     

    CONFÉRENCE PRONONCÉE À L’INAUGURATION DE L’ECOLE DE THÉOLOGIE FÉMINISTE DE L’ASSOCIATION DES FEMMES CATHOLIQUES DU SALVADOR POUR LE DROIT À DÉCIDER

    San Salvador, 28 Juin 2013,

     

    Je souhaite exprimer ma reconnaissance à l’Association des femmes catholiques du Salvador pour le Droit à Décider, pour m’avoir invité à  faire cette conférence pour l’inauguration de l’Ecole de Théologie Féministe, qui se déroulera de Juillet à Décembre 2013 ; avec un programme structuré autour de 3 axes fondamentaux :

    - L’Histoire de la Théologie Féministe,

    - les Droits Humains des femmes, un compromis éthique et théologique

    - Sexualité et Corporalité.

     

    Cette invitation constitue pour moi un honneur et un défi :

    Un honneur, parce que je suppose avoir le privilège d’assister à la fondation d’une des expériences théologiques les plus prometteuses, la naissance de la première école de Théologie Féministe au Salvador ! Elle enrichira sans doute la théologie latino –américaine de la Libération par de nouveaux apports dans une perspective d’études sur le genre ;

    Un défi parce que cette conférence introductive fait une analyse critique de l’attitude des religions envers les femmes, et établit les bases d’une théologie féministe de libération ; élaborée à partir des théories féministes : le genre, le patriarcat, l’autonomie, la subjectivité, l’alliance entre les femmes, la violence de genre, etc.

     

    Je vais développer systématiquement 5 idées maîtresses pendant cette conférence :

    - Les religions ne se sont jamais bien entendues avec les femmes ; c’est vrai encore aujourd’hui

    -Les religions ont exercé sur les femmes des violences de toutes sortes : violence physique, psychologique, religieuse, et symbolique

    -Cependant, les femmes sont les personnes les plus fidèles aux préceptes religieux, les meilleures éducatrices dans les différentes fois religieuses qui existent ; et, pour aussi paradoxal que cela paraisse, les meilleures reproductrices de la structure patriarcale des religions

    -Mais le nombre de femmes qui se rebellent contre les religions va croissant ; et sans abandonner l’espace religieux, elles s’organisent de manière autonome et vivent l’expérience spirituelle à partir de leur subjectivité propre, sans avoir à passer par l’intermédiaire des hommes

    -De cette rébellion a surgi DANS TOUTES LES RELIGIONS une nouvelle forme de pensée, et une reformulation des croyances et des pratiques religieuses : la théologie féministe !

    Les femmes sont les éternelles oubliées et les grandes perdantes en matière de religion !

    Les femmes dans les religions ne sont pas reconnues comme sujets, mais considérées comme d’éternelles mineures qui ont besoin d’être conduites par des guides spirituels masculins pour acquérir le sens de ce qui est moral ; ont besoin qu’ils leur disent ce qui est bien et ce qui est mal, ce qu’elles peuvent et ne peuvent pas faire ; surtout en matière de sexualité, de relation de couple, et d’éducation des enfants.

    Les normes morales auxquelles se conformer pour les femmes sont la plus part du temps éloignées, pour ne pas dire contraires, aux orientations égalitaires des fondateurs des religions.

    Elles sont dictées par les hommes, qui les imposent comme des obligations absolues.

    Dans l’imaginaire religieux patriarcal représenté par les prêtres, imams, rabbins, lamas, pasteurs et maîtres spirituels ; les femmes sont considérées comme tentatrices, de conduite légère ; sans morale, etc.

    Cette image s’est élaborée à partir de textes déterminés piochés dans les livres sacrés écrits(et traduits) en langage patriarcal, et considérés comme valides en tout temps et en tout lieu, et lus avec une optique fondamentaliste et une mentalité misogyne.

    Les femmes ne sont quasiment jamais reconnues comme sujets religieux.

    Dans la majorité des religions, la divinité est masculine, et tend à être représentée seulement par des hommes*. Et, en conclut Mary Daly, »je crois certainement que « Si Dieu est un homme, alors, un homme, c’est Dieu ! ».

    Ainsi, les hommes se sentent une légitimité divine pour imposer leur omnipotente volonté aux femmes ; et le patriarcat religieux- Dieu, en définitive- légitime le patriarcat de la société.

    Et précisément parce que seuls les hommes peuvent représenter Dieu, seuls les hommes peuvent accéder au summum du sacré, au monde divin ; entrer dans le saint des saints, monter à l’autel, offrir le sacrifice ; diriger la prière communautaire à la mosquée ; présider le service religieux à la synagogue… (avec quelques exceptions de nos jours).

    Seuls les hommes peuvent accéder à la fonction sacerdotale dans l’Eglise catholique, ainsi que les imams dans l’Islam, et les rabbins dans le Judaïsme orthodoxe ; et ce SANS QU’AUCUN TEXTE SACRÉ EXCLUE LES FEMMES !

    Dans l’Eglise catholique, l’ordination sacerdotale de femmes est considéré comme un délit grave au même titre que la pédophilie ; l’hérésie ; l’apostasie. Et elle est punie de façon aussi sévère que la pédophilie : avec l’excommunication !*

    Dans l’Islam, la prière communautaire du vendredi dirigée par une femme est qualifiée par beaucoup de profanation du sacré.

    Dans l’Eglise catholique, les femmes peuvent consacrer leur vie à Dieu, mais elles ne peuvent représenter Dieu.

    Dans les mosquées, on a l’habitude de séparer les hommes des femmes (pour éviter quoi ?) ; elles sont reléguées dans la partie supérieure derrière un paravent ; et parfois elles doivent aussi entrer par une porte distincte de celle des hommes.*

    Les femmes sont difficilement reconnues comme sujets théologiques.

    Les institutions religieuses ont l’habitude de dresser aux femmes toutes sortes d’obstacles pour l’étude de la doctrine théologique, l’interprétation des textes sacrés, la réflexion sur la foi, etc.

    Et quand elles décident de penser la Foi, et qu’elles osent faire de la théologie à partir de leur expérience de souffrance et de lutte, et interpréter les textes de leurs religions respectives depuis leur subjectivité propre et leurs expériences de vie, on se met à les accuser d’entrer sur un terrain qui ne leur correspond pas, et de faire du subjectivisme ! Comme si les hommes n’étaient pas subjectifs dans leurs lectures et leurs interprétations !

    Dans la majorité des religions, la théologie est écrite avec des caractéristiques masculines.

    L’organisation des religions se conjugue la plus part du temps patriarcalement : tous les prêtres catholiques et tous les imams sont des hommes ; le Dalaï Lama est un homme, la majeure partie des rabbins et les lamas sont des hommes.

    Pour eux la religion pourrait se définir comme une patriarchie parfaite.

    Il y a heureusement des exceptions dans les églises de tradition protestante qui ordonnent des pasteures, des diaconesses ou des évêques qui sont des femmes.

    Une pratique qui devrait se généraliser pour en finir avec la discrimination de genre pour l’accès aux ministères ordonnés.

    Les femmes accèdent avec beaucoup de difficulté aux postes de responsabilité dans les communautés religieuses.

    De coutume, le pouvoir peut seulement être détenu par les hommes. Ce qui correspond aux femmes, c’est d’obéir aux ordres. Ce qui tend à être justifié par le discours androcentrique des religions qui en appellent à la volonté divine : c’est Dieu qui transmet le pouvoir et l’autorité aux hommes. Dans le cas du christianisme, on en appelle à Jésus pour fermer le chemin de l’ordination sacerdotale des femmes. Le pape vient de l’affirmer dans une interview libre avec le journaliste Peter Seewald : »ce n’est pas que nous ne voulons pas ordonner de femmes ; ce n’est pas que cela ne nous plait pas. C’est que NOUS NE LE POUVONS PAS, parce que le Christ l’a établi ainsi, il a donné à l’Eglise le symbole des Douze Apôtres, et ensuite, pour leur succéder, les évêques et les prêtres. »

    En d’autres mots, on ordonne à la fonction de prêtre les seuls hommes.

    Le machisme pur et dur, et la lecture androcentrique de la Bible pour légitimer l’organisation patriarcale de l’Eglise !

    Et je me demande : les églises chrétiennes, chaque jour plus nombreuses, qui ordonnent des femmes, et leur reconnaissent des fonctions sacerdotales et épiscopales ; elles ont en train de transgresser le mandat du Christ ; ou bien elles appliquent dans leurs communautés le principe évangélique et démocratique d’égalité entre les hommes et les femmes ?

    Avec à la main la Bible chrétienne, et à partir d’une herméneutique de genre, il faut dire :

    a)    que ce qui met en marche Jésus de Nazareth, ce n’est pas une église hiérarchisée et patriarcale comme l’Eglise actuelle, mais un mouvement égalitaire d’hommes et de femmes,

    b)    que Jésus de Nazareth n’a ordonné personne ; ni hommes ni femmes. Tout au contraire : il a exclu expressément de la nouvelle religion le sacerdoce, et a éliminé le Temple comme lieu de culte, proposant comme alternative l’adoration « en esprit et en vérité ».

    c)     le Christianisme, comme le dirait lucidement Diez Alégria, est une religion éthique, prophétique, non ontologico-culturelle.

    Avec à la main l’histoire de l’Eglise, et diverses investigations archéologiques, on peut affirmer que durant plusieurs siècles, les femmes ont exercé des fonctions sacerdotales et épiscopales.

    Ce n’est pas l’Histoire, pour l’Eglise « maîtresse de la vie » ?

    * 1 (divinité représentée par un homme) = sauf dans l'hindouisme, où plusieurs divinités sont féminines*2  = exclusion de tous les sacrements

     

     

     

     

     


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  •  A LIRE POUR L’ÉTÉ….surtout si vous êtes à la mer ! …..

    « CERTAINES N’AVAIENT JAMAIS VU LA MER » (en anglais »the Buddha in the Attic »), est le deuxième roman de JULIE OTSUKA, Américaine d’origine Japonaise.

    Il est publié aux éditions Phébus.

     

    Cette écriture à plusieurs voix qui les symbolise toutes, est le récit des vies de jeunes japonaises-parfois de toutes jeunes filles de treize ans à peine-envoyées aux USA dans les années 1920 , pour y rejoindre des époux inconnus, immigrants japonais majoritairement cultivateurs.

    Toutes les facettes des vies de ces femmes se déroulent sous nos yeux : le travail harassant, qu’elles n’avaient souvent pas imaginé ; la vie conjugale ; les maternités ; le rejet des Américains, ou leur condescendance ; les enfants des narratrices devenus Américains ; puis, la guerre, et la politique d’internement des ressortissants japonais, ou d’origine japonaise.

    En refermant le livre, on se sent proche de Makyo, Hishiro, Urako ; on les imagine, et cette page d’Histoire mal connue s’éclaire…..

     

     

    MCD


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  • Un des slogans des manifestations de femmes des années 70 était « le machisme fait le lit du fascisme ».

    Effectivement, toutes les dictatures de droite commencent par restreindre les droits des femmes, et exalter le rôle de la femme au foyer/reproductrice de fils pour la Nation.

    Sans remonter à Hitler, pour qui la place de la femme se limitait à « kuche, kirshe,kinde » (la cuisine, l’église, les enfants ),ou au régime de Vichy qui a renvoyé les femmes mariées à la maison, Pinochet au Chili (1973) et la dictature des colonels grecs (1967) ont commencé par interdire le port du pantalon pour les femmes. C’est dire si la distinction de genre figée est vitale pour les idéologies fascisantes !!

    On comprend bien la « haine » des études de genre des idéologues d’extrême droite. Leur autoritarisme repose sur un ordre soi disant naturel où chacun a une place intangible, et aucune remise en question ne peut être tolérée, sinon c’est la place même du ou des dictateurs qui est interrogée.

    Ce qu’il faut se demander, disait Paul Nizan, c’est « Qui veut on persuader ; au nom de quels intérêts persuade t-on ? »

    En l’occurrence, la question actuelle est « Qui a peur du féminisme ? Qui a intérêt à le représenter comme dangereux et non conforme à la dignité et la sécurité des femmes ? »

    Réfugiée chez sa mère, la jeune femme de 29 ans assassinée récemment dans le Vaucluse ne voulait plus être l’épouse d’un mari qui la violentait. Leur fille de huit ans qu’il a tuée semble-t-il par strangulation, celle de deux ans qu’il a tuée par asphyxie, aimaient elles être avant tout les « filles de leur père » ?

     Nous nous sommes posé ces questions à la lecture du programme d’une bien étrange mouvance, les « Antigones ».

    Anti féministes, anti Fémen, ces jeunes filles disent vouloir être avant tout « les filles de leurs pères, les épouses de leurs maris, les mères de leur fils ».

    Retournons la question, que seraient de jeunes hommes qui voudraient se définir comme « les fils de leur mère, les époux de leur femme, les pères de leurs filles » ?? C’est en effet par la tactique du miroir que l’on perçoit le vide ce postulat.

    Ces jeunes filles veulent n’être rien, rien que des objets possédés et définis par d’autres, ce sont d’impossibles sujets.

    Mais c’est ce refus d’être possédée qui a mené à la mort, ainsi que tous ses enfants (il faut ajouter à l’hécatombe un garçonnet de 9 ans) la jeune femme du Vaucluse ; et ces meurtres ne sont que l’affirmation que cette femme n’était en effet, dans la logique du meurtrier que « l’épouse de son mari et la mère de ses enfants », enfants sur lesquels il se croyait également le droit de vie et de mort.

    Les jeunes filles en question se réclament d’Antigone, l’héroïne de Sophocle. Fille d’Œdipe, celle ci aurait victorieusement résisté à son oncle le tyran Créon, lui opposant l’obéissance aux lois divines….

    Pour nous, nous pencherions plutôt vers une ressemblance avec Ismène, la sœur d’Antigone, qui ne la suit pas dans sa résistance : « je n’ai rien à gagner à me rebeller ».

     En effet, il est plus facile d’être de dociles objets que de résister , non à ce qu’elles nomment la pensée unique moderne, mais à la véritable guerre contre les femmes qui ne dit pas son nom, et sévit dans le monde entier : selon l’Organisation Mondiale de la Santé, une femme sur trois est ou sera victime de violences au cours de sa vie, ce qui porte à 35% le taux de femmes violentées dans le monde si on inclut les violences sexuelles.

    En 2012, 174 femmes ont été tuées en France, majoritairement par un conjoint ou partenaire ; ou personne de leur connaissance. Il ne s’agit pas d’un phénomène marginal du à des rodeurs psychopathes !

    Ce mélange d’ignorance et de (fausse ?) naïveté des Antigones pourrait prêter à rire, comme étant synonyme de tous ceux et celles qui se tirent une balle dans le pied ;  qui préfèrent encore le connu de leur servitude à l’inconnu de la lutte pour la liberté ; bref , comme le disait une personnalité politique « les dindes qui votent pour Noël » (qu’on ne voit nulle intention sournoise à mon rapprochement avec les dindes…) On pourrait aussi être irrité(e)s qu’elles revendiquent une complémentarité avec les hommes que les Tunisiennes, voilées ou non, ont eu bien du mal à faire éliminer de leur Constitution ; se confrontant à une police moins tendre que celles des démocraties occidentales.

    Quand à la « haine du gender » qu’elles professent,(tiens, la haine ?) elles n’ont probablement pas lu une ligne d’études sérieuses sur le genre. Et elles croient encore que le féminisme consiste à rejeter les hommes !! Inculture ou mauvaise foi, peu importe….

    Oui, nous pourrions nous en tenir là et sourire, si l’interrogation sur la réelle indépendance de ce groupe à l’égard de l’extrême droite ne se posait pas(certains media avancent que plusieurs de ses membres adhéreraient ou auraient adhéré au GRECE ou au Bloc Identitaire ?)

    Si leurs « valeurs » affichées n’étaient pas le copié-collé de celles du catholicisme ultra traditionaliste ; bien que le symbole d’Antigone provienne d’une idéologie néo-païenne.

    Et enfin, si la France n’avait pas été ces temps derniers le théâtre d’événements inquiétants, très manifestement anti républicains :

     A Paris, dans le XVème arrondissement, on a remplacé le drapeau tricolore d’une école par le drapeau de la « manif pour tous », délégitimant ainsi l’enseignement républicain,

    Plus grave, à Lyon, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Jean Moulin (21 Juin), le discours du premier Ministre a été interrompu et hué, ainsi qu’un chant de déportés allemands.

    Qui sont ceux qui ne respectent même pas le symbole de la Résistance française ?

    Nous l’ignorons, mais l’émergence des Antigones arrive à bien mauvais moment….

    Les femmes n’ont rien à attendre de ces idéologies, si ce n’est la négation même leur dignité.

     Michelle Drouault

     

     

     

     

     


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  • Dans son homélie de Noël de 2009, Mgr Javiér Martinez Fernandez, archevêque de Grenade

     (Espagne), avait affirmé que les régimes totalitaires d’Hitler et de Staline avaient légalisé des crimes « moins répugnants »que la loi autorisant l’avortement sous certaines conditions qui allait être votée dans son pays.

    Même si nous sommes hélas habitués à ces comparaisons morbides et déplacées ; il convient de clarifier les propos de l’archevêque.

    En effet, le dernier numéro de « Courrier International » traduit un article d’un quotidien italien sur un revirement des soignants au sujet de l’interruption de grossesse, pourtant légalisée depuis 1978 !

    80% des gynécologues refuseraient de pratiquer cette intervention, se basant sur une « clause de conscience » , davantage encore dans la région de Rome.

    Il s’ensuit un nombre d’avortements illégaux(périlleux pour la santé des femmes) avoisinant le chiffre de 40 000 par an.

    Il est évident que L’Eglise tente de terrifier le corps médical et les femmes par de tels oukases.

     

    Les crimes d’Hitler et de son régime sont des crimes contre l’humanité.

    Un crime contre l’humanité consiste en un plan concerté pour éliminer une catégorie entière d’êtres humains POUR CE QU’ILS SONT(Juifs, Tziganes, Bosniaques, Tutsis, etc..).

    C’est la définition officielle.

    Les crimes du régime stalinien sont des meurtres de masse d’opposants politiques, ou supposés tels, et de leurs familles, par la déportation et l’exécution sommaire.

    Si l’idéologie amenant à ces atrocités diffère, elles sont égales en nombre et en horreur.

    Or la suppression médicale, demandée librement par une femme, d’un  embryon de moins de dix semaines situé à l’intérieur de son organisme, et n’ayant aucune autonomie en dehors de celui-ci, ni aucune conscience propre,  ne peut en aucun cas être comparable aux crimes de la Shoah.

    Seuls sont effectivement condamnables comme violences les avortements forcés pour des raisons politiques ou démographiques ; et les avortements sélectifs de fœtus féminins, que nous avons évoqués précédemment. On peut y ajouter les stérilisations forcées.

     

    Les crimes de la Shoah étaient si abominables qu’ils étaient non représentables par l’imagination ; il a fallu des films sur la libération des camps pour que le monde croie à leur véracité. Les images tournées par les nazis eux mêmes se sont avérées plus monstrueuses encore par leur distanciation inhumaine.

    Les  véritables meurtres d’enfants( l’archevêque espagnol emploie délibérément le terme « enfant », comme s’il s’agissait d’enfants de 10 ans avec une conscience et un ressenti), ce sont :

    -l’arrestation des 44 enfants d’Izieu, âgés de 4 à 13 ans, enfermés au fort de Montluc, avant d’être déportés à Drancy, puis à Auschwitz, d’où aucun ne reviendra ;*1

    -les enfants jetés vivants dans la chaux vive parce qu’il n’y avait plus de gaz ZyklonB*2

    -les enfants fusillés au bord des fosses, les bébés fusillés dans les bras de leur mère, par les « groupes mobiles d’extermination » du Reich*.3

    Une liste exhaustive est impossible.

    Dire publiquement qu’une opération médicale consentie-aussi moralement difficile qu’elle soit- est plus répugnante que ces crimes pour lesquels nous n’avons pas de mots, c’est insulter ces petites victimes, ainsi que toutes les victimes des camps d’extermination et de déportation, et des pogroms.

    C’est banaliser et relativiser leurs souffrances. Cela s’apparente à du négationnisme, et devrait être condamné comme tel.

     

    L’archevêque ne s’arrête pas là.

    La deuxième partie de son homélie avait crée le scandale :

    « Tuer un enfant sans défense, et que ce soit sa propre mère qui le fasse ! Cela donne aux garçons une décharge absolue pour abuser  sans limites du corps de la femme (…) »

    Certaines traductions tendancieuses ont présenté cette phrase comme un appel au viol.

    Non, ce n’en est pas un. Mais c’est une justification du viol. C’est la justification de la « punition » des femmes, pratiques barbares allant des coups de fouet pour avoir porté un pantalon, aux viols « correctifs « de lesbiennes, sans parler des viols systématiques comme armes de guerre, qui eux, sont des crimes contre l’humanité.

    Voici les viols de femmes avortées !

    C’est l’éternelle rengaine de la responsabilité des femmes dans les comportements des hommes : si les femmes n’étaient pas si mauvaises, elles ne seraient pas maltraitées …

     

    Un peu plus loin, pour justifier ses propos, le prélat cite l’adage du Moyen Age » seuls les couards s’attaquent aux faibles ». Mgr Martinez ferait bien se s’appliquer cet adage à lui même.

    Il est plus facile de terrifier des femmes dans une église, que de s’opposer à ceux qui commettent de véritables crimes.

    Si cet archevêque est si concerné par le respect de la vie, que ne le voyons nous courir pour demander que s’arrêtent les massacres du gouvernement  syrien de Bachar Al Assad, dont l’armée prend pour cible les enfants ? Amnesty International fait état depuis de longs mois de cas d’enfants torturés à mort, ou arrêtés dans les hôpitaux … Que fait il pour protéger ces innocents ? A-t-il fait une dénonciation publique de cet état de fait ?

     

    Il est temps que les femmes chrétiennes démystifient ce type de discours.

    Pendant que les hommes commettent des violences  incessantes dans le monde entier, dans une spirale de destruction dont nous avons bien du mal à sortir,  en luttant avec les hommes pacifistes et de bonne volonté ; ce sont les femmes qu’on accuse de crimes !! ce sont elles qu’on montre du doigt, elles qui maintiennent la vie au sein de tous les conflits, souvent au péril de la leur ; elles que l’on livre à plus de violences encore en dédouanant ceux qui les commettent !

    ASSEZ .

     

    Michelle Drouault.

     

     

    *1 P.J.Biscarat : « Les enfants d’Izieu, Avril 44, un crime contre l’humanité », Veurey Ceder,    2003

     

    *2 Témoignage de Mme Vaillant-Couturier, rescapée des camps, au procès de Nuremberg 

     

     

    *3 Raul Hilberg « La destruction des Juifs d’Europe », Fayard, 1988, (1ére édition)


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  • SAVITA HALAPPANAVAR, décédée à 27 ans en Octobre 2012 à la suite d’un refus d’avortement en Irlande ; et FENG JIAN MEI, chinoise victime d’un avortement forcé à 7 mois de grossesse, sont les deux tristes facettes d’une même évidence : nulle part en ce monde le corps des femmes n’est à elles.

    Outils de reproduction, et non êtres humains ; elles sont considérées comme de simples réceptacles. Leur contenu doit être gardé par contrainte, ou expulsé de force, au gré des idéologies, ou des planifications démographiques des pouvoirs masculins.

    Dans les deux cas, il y a eu meurtre, l’un pour non assistance à personne en danger ; et l’autre par infanticide. Mais les pouvoirs masculins dominants n’en ont cure : le corps des femmes relève du champ politique, ou du domaine politico-religieux.

    Les hommes se réservent toujours le droit de vie et de mort sur les femmes et les enfants.

    Le dire passe pour une outrance.

    Si on examine les faits, cela s’avère exact.

     

    Enceinte de 17 semaines (4 mois et une semaine), Savita s’est présentée aux urgences d’un hôpital irlandais, alors qu’elle souffrait d’hémorragie, de fièvre et de douleurs lombaires et était en train de faire une fausse couche.

    Un tel tableau pouvait faire penser d’emblée à une fausse couche par suite d’infection(listériose ou autre infection bactérienne), et aurait du, les médecins en ont convenu par la suite, être traité comme une urgence obstétricale ; c’est à dire par un curetage immédiat. Or les médecins ont refusé de mettre un terme à la grossesse sous le prétexte qu’il existait encore un rythme cardiaque fœtal.

    Le mari s’est entendu répondre qu’ils étaient dans un pays catholique.

    Quelques jours plus tard, Savita est décédée de septicémie, faute d’intervention et de soins adéquats.

    C’était une jeune femme heureuse de vivre et d’attendre ce bébé.

    Pourtant , depuis 1992, la loi Irlandaise prévoit que l’avortement peut être pratiqué lorsque la vie de la mère est en danger. Mais les décrets d’application n’ont jamais été promulgués.

    Déjà, en 2010, la Cour Européenne des Droits de L’Homme avait condamné l’Irlande pour un refus d’avortement envers une femme atteinte d’un cancer, la grossesse risquant d’aggraver son état.

    Voilà ce que recouvre le « respect de la vie ». Une posture totalement idéologique et hiérarchisée :le cœur d’un fœtus non viable a plus de poids que la santé et la vie d’une femme.

     

    Venons en à Feng Jian Mei. Cette jeune Chinoise était enceinte d’un deuxième enfant.

    Vu la politique de l’enfant unique en Chine, elle et son mari auraient du payer une amende conséquente : l’équivalent de plus de 4000 euros.

     Ils n’avaient pas cet argent.

    Alors , les agents du planning familial l’ont emmenée de force à l’hôpital, et l’ont avortée contre son gré d’un enfant de 7 mois de terme, qui serait né viable. Feng Jian Mei s’est réveillée traumatisée.

    Désespéré et révolté, son époux l’a prise en photo allongée à côté de son bébé mort dans une enveloppe de cellophane. Cette photo a fait le tour du monde, et les autorités chinoises ont du s’excuser et mener une enquête.

    Cependant, la presse britannique a révélé qu’il s’agissait de pratiques courantes.

    Les Chinoises incapables de payer l’amende essayent de se cacher, mais elles sont traquées par les agents du planning. Lorsqu’on les retrouve, leur grossesse est déjà souvent avancée, mais qu’importe ! Les impératifs socio-économiques du pays ont priorité sur leurs souffrances et la vie de leur bébé.

    Malgré une promotion certaine de la femme au travail en Chine Populaire, le pouvoir et les instances de décision demeurent majoritairement aux mains des hommes.

     

    En Inde, les politiques d’incitation à la stérilisation des hommes déjà pères dans les années 70, ont cédé le pas à la sélection de sexe.

    Ce n’est pas le pouvoir étatique qui est en cause, mais le pouvoir familial et marital. Les hommes pauvres veulent en priorité des garçons pour avoir de la main d’œuvre, les riches veulent transmettre leur nom et leur fortune.

    Ainsi , l’échographie est détournée de son but, la surveillance prénatale, pour devenir un terrible instrument d’avortement forcé des fœtus féminins.

    L’Etat est impuissant à intervenir efficacement sur ce qui devient un déséquilibre démographique inquiétant.

    Est ce vraiment un paradoxe, l’Inde héberge un business de mères porteuses en pleine expansion….

     

    En Amérique latine, les restrictions aux interruptions volontaires de grossesse sont telles que plus de quatre millions d’IVG sont pratiquées clandestinement, causant environ 1000 décès par an.

    En Amérique du Nord, l’avortement est devenu un enjeu politique ; comme l’a montré le retournement subit de Mick Romney au moment des élections présidentielles américaines.

     

    Partout, les femmes sont sectionnées, tronçonnées. La communication entre leur cerveau , leur psychisme et leur corps, bafouée et forclose.

    Objet et instrument, la femme est clivée, l’unité de son être est détruite.

    Or, le clivage du Moi rend fou, disaient en substance les psychanalystes Bergeret et Lacan…

    Les troubles mentaux résultant de toutes ces maltraitances sont certainement non-quantifiables et sous-estimés.

    Les hommes continuent à détourner les découvertes scientifiques à leur profit, et à nier celles qui les dérangent.

    Dénoncer sans relâche ces réalités, exiger le respect de nous-mêmes, est un combat de chaque jour, sur tous les continents.

    http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/breves/53-nouvelles-breves/2842-salvador-avortement-interdit-meme-pour-sauver-vie

     

    Michelle. C. Drouault

     

     

     

     

     

     


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  •  

    J’ai appris avec stupeur qu’un de mes anciens amis, accompagné de son épouse, était allé manifester dernièrement contre la loi permettant le mariage pour tous.

    Un homme à priori cultivé et réfléchi, ayant fait comme sa moitié des études supérieures ; et d’habitude doué de sens critique.

    Qu’est ce qui avait pu pousser ce couple à une telle décision ?  Intriguée, je leur donnai rendez vous dans un café, et les pressai de m’expliquer leur position.

    Ils reconnurent avoir longuement hésité. Ils n’avaient quasiment jamais manifesté.*

    Mais cette loi était dangereuse pour notre civilisation.

    L’argumentaire qu’ils développèrent ensuite me permit de constater avec tristesse que, s’agissant de catholiques pratiquants, ils avaient visiblement été influencés et poussés par les discours publics de certains évêques, et du curé de leur paroisse. Curé qui avait l’an dernier incité ses ouailles à signer la pétition « contre la théorie du genre dans les manuels scolaires ».  

    Tous les clichés sans nuances des familialistes resurgirent, de la loi naturelle à la fausse évidence de la « minorité » que constituaient les personnes homosexuelles, devant s’incliner devant la loi de l’hétérosexualité numériquement triomphante…

     

    Ils se défendirent vigoureusement de toute homophobie. Je les crois sincères.

    Où commence l’homophobie ? Elle ne signifie pas forcément haine des homosexuel-les, mais certitude que ces personnes sont d’une espèce différente, ne partagent pas l’universalité des expériences humaines ; et peuvent être traités à une aune différente du commun des mortels.

    Tout comme l’antisémitisme ne recouvrait pas obligatoirement une haine idéologique des Juifs ; mais plutôt le sentiment d’une différence irréductible mêlée de dangerosité, qui faisait trouver évident qu’ils ne puissent avoir accès à certaines professions.

    Tout comme certains blancs d’Afrique du Sud réprouvaient le régime violent d’apartheid, mais estimaient vraiment impossible de mélanger enfants noirs et blancs dans les écoles.

    Cette conversation me permit de comprendre qu’ils ne connaissaient pas de personnes homosexuelles,( ou alors, des amis d’amis…) et qu’ils étaient dans l’incapacité de comprendre la nature de leur amour : exactement la même que la leur, celle de l’amour humain.

    Poussés dans leurs derniers retranchements (Dieu n’était t-Il pas, justement, la source de tout amour humain ?) ils avancèrent  avec angoisse la PMA.

    La PMA concerne pour le moment les hétérosexuels seuls, on ne le répétera jamais assez.

    Que n’avaient ils été manifester à l’époque contre son autorisation ? ce procédé, quelle que soit l’orientation sexuelle,  aboutit à la fiction juridique qu’ils dénoncent avec vigueur.

    « Pas du tout ! » affirmèrent- ils, « la PMA pour les hétérosexuels pallie un problème de stérilité ». Un peu embarrassés, ils avouèrent même avoir songé à ce recours si la nature ne leur avait donné une petite Estelle longuement attendue.

    « Les femmes lesbiennes ne sont pas stériles » ajouta la dame avec bonne conscience.

    Non, Madame. Pas plus que beaucoup de femmes hétérosexuelles dont le couple a recours à la PMA parce que le mari seul est stérile.

    On trouve alors légitime que, ne voulant pas tromper son conjoint  avec le premier venu pour devenir mère, l’épouse ait recours à un tiers donneur de gamètes.

    Je demandai alors à ce couple au nom de quoi une femme lesbienne irait tromper la femme qu’elle aime avec un homme pour lequel elle n’éprouve rien (que de la répulsion peut être), dans le but d’avoir un enfant ?  Ce qu’ils avançaient me semblait profondément immoral.

    Ils admirent n’y avoir jamais pensé !!

    Quelle sorte de personne extra-terrestre était donc pour eux une femme lesbienne ? Une femme sans morale, sans exigence de fidélité, sans émotions, puisqu’elle pouvait bien supporter un rapport sexuel non vraiment consenti pour avoir un enfant ?

    Et s’il s’agissait de leur fille ? La mener ainsi « au taureau » serait concevable ?

    Mais non, il ne POURRAIT PAS  s’agir de leur fille.

    Emmenée dés 6 ans à la manifestation, Estelle comprendrait sans doute vite que l’homosexualité n’est pas le bon choix…

    Voilà donc des catholiques à qui leur clergé a fait abandonner le fondement même de leur Foi : voir en leur frère ou leur sœur le visage de Dieu, aimer son prochain comme soi même, c’est à dire s’identifier à elle, à lui.

    A en juger par beaucoup de sites chrétiens, les catholiques sont ceux qui se sont montrés les plus suivistes des discours d’intolérance. Protestants et orthodoxes n’ont soufflé mot.

    Les protestants célèbrent déjà, dans certains pays des unions de personnes de même sexe, reconnaissant par là la totale similitude de leur engagement.

    Alors, on est en droit de se poser cette terrible question : Etre catholique abolirait-t-il le discernement ?

    L’Eglise a la mémoire courte : son obsession du familialisme traditionnel lui avait fait applaudir la venue de Pétain, pour se ressaisir ensuite. Son honneur fut sauvé par les prêtres résistants, et les nombreux religieux qui cachèrent des enfants au péril de leur vie.

    Maintenant, la voilà bien ennuyée d’avoir joué les apprentis sorciers pour ce qui devient clairement un front anti républicain.

     

    Michelle .C. Drouault

     

     

    * Est-ce ce manque d’expérience du politique qui cause la naïveté de certains manifestants devant leur proximité avec l’extrême-droite ?


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     « Des incidents ont éclaté près du mur des Lamentations, vendredi 10 mai à Jérusalem, des ultraorthodoxes tentant de franchir un cordon de police entourant un groupe de militantes féministes venues prier sur le lieu le plus sacré du judaïsme. »

    Journal le Monde du 10 mai 2013

    http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2013/05/10/israel-echauffourees-devant-le-mur-des-lamentations_3175248_3218.html

     

    Cette violence vis à vis des femmes, cette volonté d'exclusion de l'espace sacré de la part des ultra-orthodoxes juifs, est de même nature essentielle que l'exclusion des ministères dans le catholicisme romain. (Voir notre article "Malheur à celui qui blesse une enfant")

    Cependant, pour le catholicisme romain, la violence est évidemment de l'ordre du symbolique. On doit la distinguer de la violence physique que reflètent ces images....qui nous montrent aussi le courage de celles qui la bravent.

    Néanmoins, le résultat est identique: la confiscation par le masculin de l'espace de communication avec Dieu.

    Michèle Jeunet

    Michelle Colmard-Drouault 


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