• Aujourd’hui dans ma paroisse des Alpes maritimes, je n’ai pas regretté d’être « montée » à la messe (la basilique est haut perchée).

    En effet, j’y ai entendu une homélie inhabituelle et très intéressante sur la place des femmes au temps de Jésus.

    Les femmes de cette époque, expliquait le chanoine, n’étaient personne ! Considérées comme des marchandises qu’on pouvait acheter, et dont on pouvait disposer à sa guise, destinées au service, la procréation de la descendance et le service de l’époux; elles étaient bien loin d’avoir une place d’êtres humains à part entière. Une place qu’elles ont mis des siècles à  conquérir. L’occupation romaine de la Palestine -l’homme romain avait droit de vie et de mort sur sa famille- n’a nullement amélioré cette situation.

    L’Evangile du jour, a précisé l’orateur, nous présente une femme dans une position de dénuement et de désespoir absolus : elle est veuve, sans homme pour la défendre et la faire vivre ; et son fils unique vient de mourir. En surcroit de son chagrin, elle est donc réduite à la mendicité selon les codes de la société de son époque. (1)

    Par ailleurs, personne ne la plaint, car le judaïsme de ce temps considérait le malheur comme la punition du péché, commis par l’individu, ou sa famille. Bien fait pour elle !

    C’est cette femme que Jésus va relever en tirant son fils de la mort ; « redresse-toi ! » dit il au

    jeune homme. En grec, les verbes redresser et ressusciter sont similaires.

    C’est à dire qu’où que nous soyons tombés, nous pouvons renaître.

    Jésus, a poursuivi le chanoine, a fait l’impensable pour ses contemporains : donner aux femmes une place d’égale dignité, s’adresser à elles, les traiter en amies (Marthe et Marie) remettre en question les codes qui les maintenaient en servitude (la répudiation) ou les ravalaient à des objets de mépris (les femmes prostituées) ou encore les condamnaient à mort sans jugement (la femme adultère).

    D’où le « scandale » qu’il a causé, les « blasphèmes »  dont on l’a accusé : la remise en cause de l’ordre moral de son temps n’était pas pardonnable….

    Or les hommes (de sexe masculin), conclut enfin le prêtre, pratiquent depuis bien longtemps une politique qui ne sert que leurs intérêts et leurs désirs.

    Mais la Parole de Jésus, malgré toutes les déformations qu’on a tenté de lui faire subir, est restée, et les femmes (du Haut Moyen Age en particulier) ont pu s’appuyer sur elle pour commencer à exiger leur dignité.

    Dans la prière Universelle, le diacre a demandé à l’assistance de prier pour tous ceux et celles qui travaillent à l’égalité des sexes !

    Cela m’a beaucoup touchée, car c’était la première fois de toute ma vie que j’entendais une telle prière !

    Une prière appuyée sur des actes : un garçon et une fille servants de messe, portaient la même tenue ; et une religieuse donnait la communion aux côtés du prêtre en bas de l’autel.

    Me voici renforcée dans mon combat : être féministe et croyante !

     

    Cependant, pour pousser plus loin la réflexion, peut-on considérer que la rigidité à l’égard de codes sociaux inégalitaires et discriminants, l’invention de la « place de la femme différente et complémentaire », les discours « sur » LA femme, sans laisser aux femmes plurielles la possibilité de s’exprimer, sont des résidus du paganisme et d’un judaïsme archaïque ?

    Probablement.

    Jésus n’a jamais évoqué aucune complémentarité, mais a laissé à chaque femme à laquelle Il s’adresse sa pleine place, sa liberté d’être elle-même. Il n’en a jamais exclu aucune.

    Il n’a jamais abordé le sujet de la fécondité des femmes et de la maîtrise de leur corps. Cela leur appartient. Mais les religieux se bouchent les yeux et les oreilles.

    Et, dans la société civile, les véritables conservateurs, les « réactionnaires » au sens de ceux qui réagissent à toute tentative de changer les places et les rôles, ne sont-ils pas ceux qui, y compris sous le manteau d’un progrès soi-disant toujours en marche, veulent continuer à ravaler les femmes au rang de chair à consommer ou de couveuse vivante ?

    Certains athées moqueurs ou détracteurs des religions qu’ils assimilent à l’obscurantisme, veulent en fait revenir à cette époque bénie où une femme n’était personne. Ils veulent pouvoir continuer à acheter des services sexuels sans sanction ; ils veulent pouvoir louer le corps d’une femme pour se fabriquer une descendance selon leurs désirs ; ils veulent pouvoir répudier une femme rapidement quand ils en ont assez. D’autres encore ne veulent pas leur laisser la liberté de se vêtir comme elles le souhaitent, ou de se réunir entre elles, elles doivent être accessibles et disponibles.

    La course en avant du « progrès », la levée des « tabous », ne serait-elle  que l’inflexible tour de roue d’un retour en arrière ? Un bond de deux mille ans…..

     

     

    Michelle .C. DROUAULT

     

    (1)  Le statut de »non-personne » et d’exclue des veuves a encore cours dans certaines régions de l’Inde contemporaine : vêtues du blanc du deuil, nombreuses sont les veuves qui vivent de la charité publique si un fils ou un gendre ne les prend pas à sa charge. Des organisations caritatives, alertées sur ce problème, tentent de leur venir en aide. Et cela ne fait pas si longtemps encore (un siècle), les veuves de certaines provinces indiennes devaient se jeter vivantes dans le bûcher d’incinération de leur défunt époux : preuve irréfutable que sans époux, elles n’existaient pas !

     

     


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  • L’Eglise catholique de France vient d’être ébranlée par un scandale dont elle se serait bien passée :

    Suite à un dépôt de plainte d’anciennes victimes en mai 2015, le père Bernard Preynat, du diocèse de Lyon, a été placé en garde à vue le 25 janvier 2016, puis mis en examen le 27,  pour agressions sexuelles sur mineurs. Les faits remontent aux années 1980/1991.

    Constitués en association, « La Parole Libérée », les plaignants, anciens scouts, ont enfin trouvé la force d’agir, et de rendre public leur traumatisme, refoulé pendant de longues et douloureuses années.

    Cependant, leur action ne semble pas être la bienvenue dans l’Eglise et pour cause !

    Elle éclabousse le Cardinal Barbarin, archevêque de Lyon depuis 2002, qui, au courant des faits depuis 2007, date à laquelle il a convoqué et reçu le prêtre suite à un nouveau signalement d’atteinte sexuelle, n’a absolument rien fait d’autre que de le déplacer dans un autre département en 2011 (c’est son adjoint qui a pris cette initiative), puis de  « promouvoir »le père Preynat à la tête du doyenné de Roanne, en 2013.

    Entre 2007 et 2015, date de la plainte, le père Preynat n’a pas été écarté du contact d’enfants.

    On croit rêver.

    L’examen attentif des faits montre que c’est depuis 1991 qu’il existe des signalements au diocèse, puis des aveux écrits du prêtre lui-même dans des échanges de courriers avec les parents des victimes. En 1998, nouvelles plaintes, nouveaux échanges de courriers qui contiennent des aveux explicites. Dans ces deux circonstances, le seul résultat des plaintes a été la mutation du prêtre (à Neulise, puis à Cours la Ville) et son changement de nom d’usage.

    Publiés par l’Association d’anciens scouts, ces courriers de l’intéressé aux parents des victimes, s’ils contiennent des formules de repentir, dénotent aussi une terrible inconscience de la gravité de ses agissements :

    Il « s’étonne » qu’on exige de lui un départ précipité, qu’il appréhende de devoir annoncer à sa famille, et demande « Comment pourrais-je quitter du jour au lendemain la paroisse comme un voleur ? » Un voleur ? Comme si un vol simple était plus grave que le vol d’une enfance qu’il a accompli maintes fois pendant des années ! Comme si sa réputation était plus importante que la souffrance des victimes.

    Quand à la défense de Mgr Barbarin, elle est pathétique, et tout aussi irresponsable : le regard porté sur la pédophilie n’aurait « pas été le même » dans les années 90, ce qui expliquerait l’inertie du diocèse ? Et en 2007 ?  Comment explique t-il de n’avoir pas écarté ce prêtre immédiatement du contact d’enfants ? Il ne l’explique pas. Il se borne à se raccrocher au code pénal : il n’aurait selon lui « couvert » aucun fait de pédophilie. ( Qu’a t-il donc fait d’autre ?) Une telle défense joue habilement sur les mots : les plaintes concernent des agressions sexuelles (c’est à dire des délits) et non des viols-il n’y aurait pas eu de pénétration des victimes- Ainsi, persuadé d’échapper à la « non dénonciation de crimes » qui l’emmènerait en Cour d’Assises, l’archevêque reste droit dans ses bottes.

    Les témoignages des anciennes victimes sont terribles, et ils dénoncent par de simples phrases l’enfance souillée (« il m’a appris des mots et des actes que je ne connaissais pas ») ;

    l’enfance terrifiée (« il était le Père B, il avait l’autorité, il fallait le respecter ») ; et l’innocence et la foi dupées (« c’était un prêtre, il ne pouvait pas être mal intentionné »).

    Trente ans après, ces hommes racontent le malaise, la peur, l’appréhension des agressions, et la duplicité de leur agresseur, qui nommait ses favoris servants de messe pour avoir l’excuse de les emmener préparer la messe à l’avance dans sa voiture, et procéder à des attouchements. Ces actes n’étaient donc pas des « impulsions » ; nous pouvons présumer qu’ils étaient prémédités.

    Certaines victimes, dont il faut saluer la grande foi, se soucient de savoir si les sacrements donnés par le prêtre étaient bien valides.

    Alors, la question est la suivante : les prêtres et prélats de l’Eglise catholique, qui se prétendent experts en humanité, sont-ils totalement ignares en matière de sexualité , de déviations sexuelles, de psychologie de l’enfant ? Comment ignorent-ils les souffrances physiques et psychiques causées par les abus en tous genres sur des enfants et leurs répercussions ? Ces enfants devenus adultes, époux et pères, disent pudiquement leurs difficultés, leurs blessures, et comment leurs compagnes ont du les approcher avec précaution et un amour sans faille pour qu’ils parviennent à se construire malgré tout.

    Mgr Barbarin a été un des plus farouches opposants au mariage entre personnes de même sexe, soi-disant au nom de la « protection des enfants ». Il avait tenu des propos d’une grande violence. Ses lectures sont donc à géométrie variable ! Ou bien est-il si ignorant, si peu instruit, qu’il confond la pédophilie, qui est l’incapacité à se sentir attiré par des adultes, que l’on soit hétérosexuel ou homosexuel, et l’amour entre deux personnes adultes et consentantes de même sexe ?  A ce moment là, est-il vraiment en mesure de guider des croyants ?

    Le plus grave nous semble être le soutien dont il bénéficie parmi les fidèles : Mgr Barbarin a célébré la messe des Rameaux à Lyon dans une église pleine ; et des journalistes se sont entendus confirmer ce soutien à la sortie de l’office.

    L’archevêque, comme ceux qui le soutiennent par ignorance ou aveuglement, contribuent à discréditer l’Eglise, à faire fuir loin d’elle nombre de croyants dégoutés ou désemparés.

    Ils finissent par douter, et par écouter les sirènes de ceux qui disent « comment Dieu peut-Il permettre de telles ignominies ? ».

    Comment des hommes peuvent ils les commettre ? C’est plutôt là la question.

    Le repli traditionaliste sur les seuls servants de messe masculins ne fait que prêter le flanc aux tendances prédatrices de prêtres pédophiles : il est beaucoup plus facile, comme le démontrent ces témoignages, de prétendre « initier » de jeunes garçons à un service réservé à leur sexe pour les approcher et prendre de l’ascendant sur eux. Un environnement mixte coupe court à ces secrets d’initiés.  Dans un environnement mixte, les jeunes garçons apprennent progressivement et joyeusement des relations de respect et de camaraderie avec l’autre sexe.

    Il n’existe pas de logiques excluantes.

    Rappelons qu’au Québec, depuis quelques années, les servants et servantes de messe sont uniquement des adultes.

    Le mouvement « La Parole Libérée » a écrit au Pape François  le 14 Mars, pour exprimer sa préoccupation, et demander au Saint Père de l’aide pour que les victimes puissent obtenir réparation.[1]

    Nous ne pouvons qu’espérer une parole forte, et le réconfort qu’elles attendent.

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

     

     



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  • Cette année encore, nous entendrons le mot « femme » toute la journée, car aucun organe de presse ne veut passer pour réactionnaire et passéiste en ignorant cette date symbolique.

    Alors, chacun y va  de son couplet admiratif (quelques femmes célèbres, la regrettée Florence Arthaud, par exemple) ou de son lamento (tant de chemin reste à parcourir !).

    Mais la journée est toujours, à quelques exceptions prés, présentée comme « la journée de LA femme », abstraction, généralité, concept éthéré et imaginaire qui nous nie toutes ensembles dans nos diversités :

    Femmes nous sommes Noires, Blanches, Asiatiques, Amérindiennes, Inuits, Africaines du Nord ou du Sud, Perses ou Moyen Orientales… Nous sommes mères par choix ou par contrainte ; homosexuelles, hétérosexuelles, bisexuelles ou transgenre ; libres de nous montrer ou obligées de nous cacher. Nous sommes une multiplicité de visages et de courages, car nous sommes aussi :

    MUTILÉES : si l’excision régresse, grâce surtout à la ténacité de femmes africaines qui forment des sages-femmes pour faire des interventions itinérantes dans les villages, elle reste une pratique majoritaire en Egypte, où elle est médicalisée pour les plus fortunées : seul est supprimé le traumatisme de la souffrance, mais reste celui de la non-jouissance ; d’une sexualité atrophiée et vide de sens demeure. Une médicalisation proposée, au mépris du serment d’Hippocrate, par certains médecins américains, dans le but de « limiter les dégâts » tout en conservant le rite. Or l’excision n’est plus un rite de passage, puisqu’elle n’est plus pratiquée à l’adolescence, avec les rites de passage qui les accompagnaient, mais sur des fillettes de plus en plus jeunes, voire des bébés ! Le but réel de l’opération est alors montré dans toute sa cruauté : contrôler les femmes, et les empêcher d’avoir une sexualité épanouie et des désirs. Elle va souvent de pair avec des MARIAGES FORCÉS, de plus en plus précoces ; c’est à dire des VIOLS DE PETITES FILLES. (Yémen, Soudan, Mali, Mauritanie, Somalie, entre autres)

    Félicitons les hommes et les femmes qui s’obstinent à montrer que dans notre diversité nous sommes toutes égales, et qu’aucune « exception culturelle » ne justifie des mutilations ou des crimes. Bravo au clip  de Julie Gayet montrant le mariage forcé d’une petite blondinette parisienne avec un vieil homme ; merci à Linda Weil-Curiel  d’avoir clamé, voici des années déjà , que Noires ou Blanches, les petites filles avaient les mêmes droits, et d’avoir impulsé les premiers procès pour excision sur le sol français, sensibilisant ainsi l’opinion. Car auparavant on pouvait encore voir des films sur « l’excision rituelle en Afrique », présentée comme un quelconque rituel folklorique et exotique… Merci aux médecins-des hommes pour la plus part- qui effectuent des chirurgies réparatrices sur les femmes excisées, et leur permettent une meilleure vie. Ils sont pour nous l’image de la solidarité humaine, et de l’entente des sexes, la démonstration vivante de l’abandon de la soif de pouvoir pour le respect et la compassion…

    APPAUVRIES : dans le monde occidental, aucun pays ne parvient à une égale représentation politique et économique des hommes et des femmes.

    En FRANCE, les chiffres sont effarants, rappelons-les : 26% d’écart de salaires entre les hommes et les femmes ; 73% d’hommes dans les instances parlementaires ; aucune femme à la tête d’une entreprise du CAC 40 ; mais 80% des personnes gagnant moins que le SMIC sont des femmes, le plus souvent avec enfants…

    ASSERVIES : nous effectuons 89% des tâches ménagères, 60% des tâches liées aux enfants, sans aucune rémunération ;

    HARCELÉES : plus de 90% des femmes ont reconnu avoir subi des attouchements, ou des intrusions ou interventions brutales ou humiliantes dans les transports français.

    Il se produit  un viol toutes les 6 minutes, et pour seulement 10% d’entre eux, une plainte est déposée. Mais les agresseurs sont loin d’être tous des anonymes ! Dans 37% des cas, il s’agit du conjoint ou ex-conjoint ou partenaire !

    TUÉES : une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son partenaire de vie.

    Mais surtout, dans notre pays comme ailleurs, nous sommes sujettes au DÉNI de notre vécu et de notre expérience : les insultes sont de l’humour, le harcèlement est de la galanterie, le viol est une « relation trouble » ou un « non qui veut dire oui » ; les coups sont de la jalousie et de l’amour ; le meurtre est « passionnel », et justifié par la « douleur de la séparation »….Ce sont les errements linguistiques de media eux aussi essentiellement masculins, où ne s’expriment (péniblement), que 30% de femmes.

    Dénier à une personne ce qu’elle vit, c’est lui retirer une partie de son humanité profonde, c’est induire une souffrance psychique énorme. Quelques femmes se prétendant « féministes », mais ayant totalement intériorisé l’idéologie dominante, veulent faire taire les doléances en se gaussant du « féminisme victimaire » qui aurait fait « fausse route » !

    Cette stratégie ne s’applique bizarrement qu’aux femmes, car je n’ai jamais entendu parler de « lutte anti-apartheid victimaire », par exemple.

    Nommer l’oppression est la première étape vers la transformation des mentalités et des sociétés. Une démarche qui provoque souvent des réactions extrêmement violentes de la part de ceux qui ont intérêt au maintien du patriarcat, fut il enrobé ou déguisé. Cette violence (verbale en général) a le mérite de lever les masques. (1)

    Nos filles, nos petites-filles, ont encore du pain sur la planche….

    Dés demain 9 mars, on nous remise aux oubliettes jusqu’à l’an prochain.

    En attendant, ne lâchons rien !

     

    Michelle. C. DROUAULT.

     

    (1) La violence récente d’hommes se prétendant « bons chrétiens » en commentaires d’un article sur les discriminations vestimentaires  et de fonction des petites filles dans l’Eglise Catholique (au mépris de la parole des Papes) est édifiante….

     

     

     


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  • Baby blues, enfants migrants

     

    Ozan Kose, photographe turc de l’AFP[1], a été le témoin du naufrage d’embarcations de migrants entre la Turquie et la Grèce. Il a vu les corps de tous ceux qui n’avaient pu être sauvés, dont de nombreux enfants.

    Impuissant et plein de douleur, il relate dans un article poignant sa découverte du corps d’un bébé. Dans un cliché très pudique, il n’a photographié que son bonnet sur la plage.

    Ce qu’il dit avoir trouvé de mieux à faire au milieu de cette désolation, c’est de veiller le corps de cet enfant avec respect jusqu’à ce qu’un gendarme, très ému lui aussi, ne l’emporte.

    Lui même père de deux enfants de 8 ans et 5 mois, le photographe se demande « QUE FERAIS JE SI CE BÉBÉ ÉTAIT À MOI ? »

    C’est cette question que nous devrions TOUS nous poser, à commencer par les politiques européens, dont certains ferment les yeux sur cette tragédie, quand ils n’appauvrissent pas encore les malheureux réfugiés comme au Danemark. Rappelons que ce pays a décidé de confisquer les biens des migrants/ réfugiés au delà de 1300 euros, ce qui évoque sans surprise les spoliations dont avaient fait l’objet les Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.

    Cet argent est à eux, ce sont peut être les économies de toute une tranche de vie, et il était probablement destiné à faire survivre la famille.

     

     Ils étaient Irakiens, Syriens, Afghans….300 ENFANTS sont décédés depuis Septembre prés de Farmakonisi, Lesbos, Samos, (Grèce) dans le naufrage d’embarcations surchargées par des passeurs peu scrupuleux. Les survivants  racontent qu’ils menacent avec des armes ceux qui ne veulent plus embarquer, jugeant le voyage trop dangereux.

    Sur le seul mois de Janvier 2016, 244 victimes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été recensées[2].

    Ce lundi 8 Février encore, les garde -côtes turcs ont tenté de rescaper un bateau de 33 migrants en détresse. 27 d’entre eux sont morts.

    Un cimetière pour les migrants noyés non identifiés a été crée.

    Mais l’Europe reste sourde.

     

    Et lorsque le scandale de la misère des réfugiés atteint notre sol, à Calais, à Dunkerque, seules les associations, les bénévoles se mobilisent, car les pouvoirs publics détournent le regard, ou veulent envoyer l’armée !!!

    Alarmés depuis longtemps par la situation des mineurs isolés dans la « jungle » de Calais, le Secours Catholique et Médecins du Monde ont encore une fois saisi la justice mercredi dernier 3 Février : suite à une première intervention, le Conseil d’Etat avait ordonné en novembre aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie des personnes migrantes à Calais. Les deux organismes ont constaté que RIEN n’avait changé depuis cette injonction, laissant les mineurs isolés dans des situations parfois dramatiques et inhumaines : particulièrement vulnérables, ceux-ci ont besoin d’être protégés, soignés, encadrés par des dispositifs adaptés. Ceux-ci font totalement défaut.

    Des mesures de justice adéquates devraient permettre aux jeunes qui ont des proches au Royaume Uni de les rejoindre, et non de stagner, sans éducation, dans un environnement préjudiciable à leur santé et leur sécurité. Ces enfants ne sont pas différents des nôtres !

    Dans un article cinglant publié par le journal « UN », daté du 10 Février, et intitulé « CALAIS  UNE HONTE FRANÇAISE » l’écrivain Laurent Gaudé (prix Goncourt 2004) qui s’est rendu sur place dénonce des conditions de vie indignes d’une démocratie dite civilisée : « La République a laissé tomber un peu d’elle même dans la boue », dit-il , décrivant une vision d’enfer boueux sous une pluie froide, un « amas de pauvreté, de saleté (…) la misère démunie, nue grelottante ». Et toujours des enfants qui jouent au milieu des déchets.

    « Je n’aurais jamais pensé voir cela en France », déclare-t-il

    Conseillons à tous cette lecture, qui rejoint l’indignation du photographe. Ils réveillent, comme le dit le Pape François « notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté ». A ceux qui, dans leurs pantoufles au chaud osent parler de naïveté et d’angélisme, proposons une nuit sous la tente aux côtés des migrants.

    A ceux qui osent manifester « contre » la vie même de ces personnes qui fuient la guerre, rappelons qu’ils manifestent contre des enfants en danger.

    « Que ferais-je si cet enfant était à moi ? », c’est la seule question chrétienne qui vaille ; une interrogation qu’une société obsédée par l’éradication des religions ne veut pas avoir.

     Le danger, ce ne sont pas d’éventuelles intrusions du religieux, mais la dureté de cœur, l’absence d’empathie pour nos frères, qui nous feront juger par l’Histoire.

     

     

    Michelle C. DROUAULT

     

     

     

     

     


    [2] A ce jour de publication, 11 Février 2016, 409 personnes au total ont trouvé la mort en essayant de traverser la Méditerranée depuis le 1er janvier

     

     

     

     

     


    [2] A ce jour de publication, 11 Février 2016, 409 personnes au total ont trouvé la mort en essayant de traverser la Méditerranée depuis le 1er janvier


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  •                                     

     

    Un numéro spécial de « Charlie-Hebdo » pour la commémoration des attentats de Janvier 2015, vient de sortir.

    Il présente un Dieu tiré de l’imagerie classique judéo-chrétienne (robe longue, barbe blanche, et œil qui regarde Caïn), armé et maculé de sang, avec le commentaire : « l’assassin court toujours ! ».

    Que l’on caricature Dieu ne me choque pas. En tant que chrétienne, je pense que le Christ comme figure de Dieu a été suffisamment moqué, jusqu’aux dernières heures de sa vie, pour que nous ayons dépassé cela.

    Non, ce qui me désole, c’est la déresponsabilisation des humains dans cette affaire, le mythe que si les religions n’existaient pas, les violences de toutes sortes s’arrêteraient.

    Sortis de la catégorie des humains, les assassins n’ont pas été comptabilisés parmi les morts de Janvier 2015. Tous les media ont évoqué 17 morts. Ils sont 20. Ces hommes se sont donnés la mort par leurs actes, mais ils étaient comme nous issus d’un homme et d’une femme, ils avaient une mère qui les pleure quelque part, peut être des enfants, nous n’en savons rien.

    Leurs familles ne sont en aucun cas responsables de leurs terribles dérives.

    En faire des monstres, des non-humains, est facile : nous ne sommes pas concernés, ce ne pourrait pas être nous, ou nos enfants.

    On entend dire que cette forme de terrorisme est le nazisme moderne. Les nazis étaient- ils des monstres ? La question fait encore débat.

    Notons pour mémoire que le nazisme était profondément athée, et que le christianisme était sa bête noire.

    Il me semble que l’idéologie suprémaciste nazie a fait surgir ce qu’il y a de pire en l’Humain : c’est la preuve de ce que des humains peuvent infliger à leurs semblables. Elle a libéré les pulsions sadiques d’un Barbie ou d’un Mengele. Mais souvent, les nazis n’étaient que des bureaucrates ordinaires, plus rigides que d’autres, obéissants aveugles reproduisant ad libitum la « banalité du Mal » si bien nommée par Hannah Arendt. Ils étaient par ailleurs pères de famille. C’est là toute l’immense contradiction de la condition humaine. Déshumaniser les bourreaux, c’est  se précipiter dans un déni que nous croyons salvateur, nous exonérer par avance du Mal. Qui sait ce dont nous nous serions capables dans des circonstances x ou y ?

     

    Cette déshumanisation a atteint son paroxysme dans des commentaires sur les obsèques plus que discrètes d’un des kamikazes des attentats de Novembre : « Comment, aucune déchetterie n’en a voulu ? » ironise un internaute sur le site d’un quotidien, se croyant peut être drôle…

    Que cet homme n’ait pas eu de respect pour la vie des autres n’en fait pas un déchet.

    Une fois les bourreaux déshumanisés, il faut alors chercher un coupable : Dieu.

    Et un remède : la suppression de toute manifestation de spiritualité dans la société.

    L’injonction aberrante de « faire rentrer la religion dans la sphère privée » fait recette.

    Ainsi vivrons-nous soi-disant en Paix…

    C’est absurde, parce que les messages prophétiques des 3 monothéismes concernent les relations des humains entre eux, et les modifications que cela peut entraîner sur la marche du Monde.

    Si St Vincent de Paul, l’Abbé Pierre, Mère Térésa, Gandhi et tant d’autres, étaient restés prier et méditer dans leur chambre, le monde en serait il meilleur ?

     

    Je ne ferai pas à ceux qui professent ces théories l’injure de les croire ignorants de ce qu’était la vie dans les pays où près de 70 ans durant, on a interdit toute manifestation religieuse, toute réflexion théologique…

    La laïcisation forcée et drastique de l’URSS et des pays sous sa tutelle n’a pas empêché les goulags, les répressions et les persécutions arbitraires. L’idéologie généreuse du partage des biens et des richesses a pu être détournée par quelqu’un comme Staline, parce que la soif de pouvoir est simplement humaine. L’Eglise est tombée dans ces simplifications : avant 89, le communisme était l’ennemi à abattre, et tout irait bien !  Mais après la chute du régime soviétique, les passions humaines se sont réveillées.

    Car ce qui court toujours, c’est notre orgueil, notre soif de domination, notre capacité de violence, notre volonté d’anéantir ce qui fait obstacle à nos désirs. Dieu est là au contraire pour nous en sauver. Mais Il n’est pas à l’abri des instrumentalisations : Dieu étant à et pour tout le monde, il existera toujours des humains qui prétendront parler et agir en Son nom pour justifier leurs actions mortifères.

    Et s’il existe un combat à mener d’urgence, c’est celui contre nos égoïsmes, nos lâchetés, notre manque de lucidité ; les reniements de nos convictions par opportunisme ou suivisme.

    Notre difficulté d’aimer.

    L’assassin est en nous, mais il ne tient qu’à nous de le faire sortir.

    « Dieu », disait Etty Hillesum, « c’est ce qu’il y a de meilleur en moi.. »

     

    Michelle C. Drouault

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Ce texte, écrit par l‘ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire « la Vie », arrive à point nommé.

    En effet, dans certaines régions, et en PACA en particulier, une banalisation redoutable du Front National fait que des catholiques ne perçoivent pas l’incohérence qui existe entre le message chrétien, qui appelle sans cesse à la fraternité et la tolérance, et celui du Front National, fait de rejets et de replis identitaires.

    Pire encore, dans quelques paroisses, des membres de l’équipe pastorale sont officiellement sur des listes frontistes ; et ils sont demeurés sourds aux appels à choisir entre leurs deux engagements, qui sont incompatibles. Le clergé, par manque de courage, laisse faire.

    S’agit-t-il, de la part des intéressés, d’une tactique pour « infiltrer » et orienter l’électorat catholique, nous n’en savons rien. Mais la gravité de telles situations demeure, et elle ternit considérablement l’image de l’Eglise catholique.

    En effet, pour les anticléricaux, le signe est clair : si tous les musulmans sont des terroristes en puissance, et tous les catholiques des fascistes en puissance, il faut éradiquer les religions et leurs manifestations dans l’espace public, et nous respirerons !

    Réagissons,  montrons que la Bonne Nouvelle, ce n’est pas renvoyer les migrants dans des pays sinistrés, ce n’est pas stigmatiser des personnes pour ce qu’elles sont ; ce n’est pas le recul des droits humains !

    Michelle C.  DROUAULT

     

     

    Le vocabulaire de la haine n’est pas compatible avec l’Évangile 

    Citoyens français attachés aux valeurs de la République, en même temps que chrétiens de toutes confessions qui mettons au cœur de notre foi le message évangélique de justice, de paix et d’amour universel, nous éprouvons aujourd’hui une immense tristesse et une profonde inquiétude pour l’avenir de notre pays face à la spectaculaire poussée du Front national.

    En effet, au moment même où la barbarie du terrorisme nous menace tous et n’a d’autre objectif que de nous diviser, ce parti politique, à son tour, met au centre de son projet la détestation de l’autre jusqu’à son rejet, osant même assimiler les migrants illégaux à une « métastase dans la société ».

    Dans ces heures d’une extrême gravité, porteuses d’un danger mortel pour notre démocratie et notre vivre-ensemble, citoyens et croyants nous ne pouvons pas rester silencieux.

    Citoyens nous n’accepterons jamais que la fraternité, valeur fondamentale de notre République, soit mise en péril par un parti qui use quotidiennement d’un vocabulaire d’exclusion et de haine. C’est pourquoi nous appelons nos compatriotes à se joindre à nous pour lui faire barrage par leur vote.

    Croyants, nous rappelons à nos frères et sœurs chrétiens de toutes confessions que le discours du Front National n’est d’aucune façon compatible avec le message d’amour du Christ dans l’Évangile qui est le cœur de notre foi commune :

    « J'étais étranger et vous m’avez accueilli. » 

    « Ce que vous avez fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » 

    Nous n'avons pas oublié ce passage essentiel du document « Politique, Église et foi » adopté en octobre 1972 par l'assemblée plénière des évêques de France, réunie à Lourdes sous la présidence du cardinal Roger Etchegaray et de Mgr Gabriel Matagrin. (Texte intégral publié par les Editions du Centurion ) :

    « Il est clair que la Bible manifeste un certain nombre d’exigences éthiques qui sont tracées de façon tout à fait nette : le respect des pauvres, la défense des faibles, la protection des étrangers, la suspicion de la richesse, la condamnation de la domination exercée par l’argent, l’impératif primordial de la responsabilité personnelle, l’exercice de toute autorité comme un service, le renversement des pouvoirs totalitaires. La vigueur mobilisatrice de l’Évangilecontre les situations de défi et d’abus – qui sont encore le lot de notre actualité – peut, certes, s’exprimer au travers de choix politiques différents, mais aucun chrétien n’a le droit, sous peine de trahir sa foi, de soutenir des options qui acceptent, prônent, engendrent ou consolident ce que la Révélation, tout comme la conscience humaine, réprouvent. » 

    Ce texte dans lequel les chrétiens de toutes confessions peuvent retrouver l'écho direct des exigences évangéliques sonne aujourd’hui pour tous les croyants comme un appel à résister aux sirènes du repli sur soi. Cet appel, il faudra le traduire demain dans notre vote, et après demain, dans une réflexion collective indispensable pour relever le défi qui nous est lancé par la progression apparemment irrésistible du Front national dans les urnes, mais aussi dans les esprits. Cette réflexion implique d'ouvrir le débat dans toutes les couches de la société, dans les associations, les Églises, les universités, les syndicats et les formations politiques. Pour notre part, nous sommes décidés à y participer activement.

     

    Aimé Savard

     

    Il faut faire vite ! Une adresse : aime.savard@wanadoo.fr
    Aimé Savard, ancien rédacteur en chef de La Vie, se propose de centraliser nos signatures pour cet appel rédigé par des chrétiens de plusieurs régions. Chaque signataire est invité à indiquer : nom, prénom et ville de résidence, puis, s’il le veut, profession et fonction. Cet appel et les signatures parvenues demain soir seront publiés sur le site de « La Croix », dans plusieurs journaux régionaux et sur d’autres sites chrétiens.

     

    Article paru dans :

     

    http://www.baptises.fr/content/urgent-non-au-fn-signons


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    Je continuerai à croire, même si tout le monde perd espoir. 

    Je continuerai à aimer, même si les autres distillent la haine. 

    Je continuerai à construire, même si les autres détruisent. 

    Je continuerai à parler de paix, même au milieu d’une guerre. 

    Je continuerai à illuminer, même au milieu de l’obscurité. 

    Je continuerai à semer, même si les autres piétinent la récolte. 

    Et je continuerai à crier, même si les autres se taisent. 

    Et je dessinerai des sourires sur des visages en larmes. 

    Et j’apporterai le soulagement, quand on verra la douleur. 

    Et j’offrirai des motifs de joie là où il n’y a que tristesse. 

    J’inviterai à marcher celui qui a décidé de s’arrêter… 

    Et je tendrai les bras à ceux qui se sentent épuisés. 

     

    Abbé Pierre. 


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  • «  NO PASARAN ! » (Dolorès Ibarruri, dite « La Passionaria », 1937)

    (Ils ne passeront pas)

     

    « WE WILL NEVER SURRENDER ! »( Winston Churchill, 1940)

    (Nous n’accepterons jamais de nous rendre !)

     

    «  EL PUEBLO, UNIDO, JAMAS SERA VENCIDO ! » (Peuple du Chili, 1973)

    « Uni, le Peuple ne sera jamais vaincu ! »

     

    « JE SUIS DEBOUT BIEN QUE BLÉSSÉ (…) JE SUIS LE MAÎTRE DE MON DESTIN,

     JE SUIS LE CAPITAINE DE MON ÂME ! »

     (Poème favori de Nelson MANDELA,  années 1980)

     

     

     «FEMMES ET HOMMES, MOBILISONS NOUS !

     LA SOLIDARITÉ, LE COURAGE ET L’ESPRIT DE RÉSISTANCE SONT NOS      ARMES ! »

    (Alliance des Femmes pour la Démocratie,  14 Novembre 2015)

     

     

    Nous sommes féministes parce que militantes des droits humains ; nous sommes croyantes parce que témoins de l’amour de Dieu ; et l’amour de Dieu , ce sont tous ceux, toutes celles, qui ont sauvé ou tenté de sauver leur prochain en ces jours sombres ; tous ceux et toutes celles qui résistent à la barbarie de toutes les manières possibles !

     

     

     

    Michelle .C. Drouault et Michèle Jeunet


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  • RACISME ET FÉMINICIDE,

    LA SITUATION DES FEMMES AUTOCHTONES D’AMÉRIQUE DU NORD

    Dans la préface du livre magnifique d’Emmanuelle WALTER « Sœurs Volées, enquête sur un féminicide au Canada », Widia Larivière* explique :

     

    « Les femmes autochtones assassinées ou disparues au Canada ne sont pas victimes de faits divers. Elles sont victimes de crimes, mais il ne s’agit pas uniquement de meurtres et de séquestrations. Il y a un autre crime, c’est l’indifférence… »

    1181 femmes autochtones ont été assassinées ou portées disparues au Canada entre 1980 et 2012.

    Proportionnellement au nombre total d’amérindiens d’Inuits*ou de métis du pays, c’est énorme.

    Cela équivaut, explique la co-auteure, à 30 000 femmes canadiennes non autochtones.

    Il est évident qu’un phénomène de cette ampleur aurait mobilisé les pouvoirs publics, or

    ceux-ci  se sont manifestement fait tirer l’oreille pour diligenter des enquêtes rapides et efficaces. Comme pour les femmes de Ciudad Juarez au Mexique.

    Quant à la couverture médiatique, elle est deux fois moindre que pour les femmes blanches.

    Double peine, donc, pour les femmes autochtones : être femme, et d’une ethnie dévalorisée.

     

    Emmanuelle WALTER enquête dans cet ouvrage sur la disparition de deux jeunes amérindiennes du Canada en Septembre 2008 : MAISY ODJICK  et SHANNON ALEXANDER, deux Anishnabées disparues à l’âge de 15 et 16 ans.

    Elle a rencontrés leurs familles, leurs amis ; les journalistes qui ont (imparfaitement) couvert ces tragédies.

    Elle établit méticuleusement des comparaisons entre les moyens déployés par la police et la gendarmerie, l’impact médiatique faible d’articles maigres et mal documentés, et les efforts et l’audience donnée à des évènements semblables concernant des jeunes filles blanches.

    Elle dénonce les stéréotypes tant racistes que sexistes, qui désignent systématiquement les autochtones comme des marginales ayant des vies « dissolues », ou des toxicomanes ou des prostituées. Donc ne « méritant pas » qu’on s’intéresse à leur sort.

    Or certaines familles autochtones ont déclaré que leur fille n’était aucunement dans un circuit de drogue ou de prostitution, et menait une vie familiale ordinaire.  Les premières heures décisives dans tous les cas d’enlèvement ont été dépassées et négligées, sous le prétexte qu’il s’agissait d’une « fugue » ; alors qu’une alerte était en général immédiate pour les non autochtones… la disparition de Maisy et Shannon n’a été prise en considération qu’au bout de quatre jours.

     

    Analysant les causes de ce système dévastateur pour les victimes, elle décortique avec soin  l’héritage colonial, qui a, entre autres, dépossédé les femmes amérindiennes des pouvoirs qu’elles exerçaient dans leurs communautés autochtones, et a remplacé les conseils de clan ou de village mixtes par des formes d’autorité exclusivement masculines, à la suite de traités inégaux. Un Algonquin raconte comment sa tribu a été contrainte de se replier dans les réserves, à force d’être privée de ses moyens habituels de survie (chasse et pêche) par des incarcérations injuste et répétées sous l’inculpation de « braconnage ».

    Les Réserves étant situées dans des territoires extrêmement éloignées des structures sociales (écoles , collèges, administrations, soins), les jeunes filles sont souvent obligées d’employer l’auto-stop pour se déplacer, faute de transports en commun adéquats aménagés pour y accéder depuis une Réserve.

    L’auto-stop est une des premières causes de violence sexuelle dans beaucoup de provinces :

    Une autoroute de Colombie Britannique  a été surnommée « l’autoroute des Larmes »…

     

    Point par point, nous voyons les spoliations historiques, les préjugés, les négligences, s’accumulés pour que des milliers de femmes meurent dans l’indifférence.

    Elles ont été assassinées parce que femmes, parce qu’autochtones, dans une double haine.

    Parmi les victimes, il y a des femmes jeunes abusées avant leur assassinat, et des femmes âgées, laissées pour mortes après un accident, comme un animal…

     

    Pour en sortir, il a fallu  que le mouvement autochtone « IDLE NO MORE » (traduction : arrêtons de paresser ), puis les « Sisters in Spirit » (Sœurs en Esprit ), interpellent directement le gouvernement, campant dans un tipi devant le Parlement, pour que le problème soit enfin pris au sérieux.

     

     Les liens puissants entre colonialisme, racisme et sexisme sont ici démontrés.

    Ces systèmes ont une constante : la négation de l’altérité, le mépris de l’Autre.

     

    Pour ne pas qu’on les oublie, même au delà des mers, souvenons nous de

    Maisy et Shannon, mais aussi de Sandra, Minnie, Kelly, Tiffany, Léah, Francesca, Jane, Linda, Marlène ; et toutes les autres,

    Soutenons les campagnes d’Amnesty International pour le respect des femmes autochtones.

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

     

     

     

     

     

     

    *Widia Larivière, co-fondatrice de la branche québécoise du mouvement « Idle No More ,

    québécoise et mohawk.

     

    * 11 nations Inuits ont été recensées au Canada

     

     


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  • Sociologue et chercheuse au CNRS, Christine Delphy a également été une des co-fondatrices du Mouvement de Libération des Femmes français, et, se démarquant des autres tendances du Mouvement, a fondé en 1977 avec Simone de Beauvoir la revue « Questions Féministes », puis « Nouvelles Questions Féministes ».

    Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages, en particulier «  l’ennemi principal » et « Un universalisme si particulier », qui traite du dévoiement de la notion de laïcité en athéisme d’Etat.

     

    Elle tient un blog, où elle invite divers intervenants.

    Les analyses qui y sont développées sont toujours très intéressantes, précises, et elles pourfendent avec bonheur les idées reçues.

    Nous joignons 2 liens vers des articles que nous vous invitons à lire ; l’un sur la prostitution ;

    l’autre  qui présente l’ouvrage d’un auteur homme pro-féministe, et évoque la juste place des hommes-la leur- d’où ils peuvent parler, au lieu de le faire sempiternellement à la place des femmes…

     

    Michelle. C. Drouault

    https://delphysyllepse.wordpress.com/2015/07/05/prostitution-et-engagement-profeministe/

     

     

    https://delphysyllepse.wordpress.com/2013/03/26/preface-au-livre-de-john-stoltenberg-refuser-detre-un-homme-pour-en-finir-avec-la-virilite/


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    Emoi et conclusions hâtives après l’agression d’une femme en bikini dans un parc de Reims en ajoutant: à lire dans le journal le Monde en cliquant:

     

    http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2015/07/26/l-agression-d-une-jeune-femme-dans-un-parc-a-reims-enflamme-les-reseaux-sociaux_4699350_1653578.html


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  • Voici quelques décennies, nul n’aurait eu l’idée d’expliquer le comportement d’une personne, ou le mobile d’un de ses actes, par son appartenance, réelle ou supposée, à une confession.

    Cette époque semble révolue.

    Véritable tarte à la crème qui dispense de toute recherche sur la réalité des drames humains, l’appartenance confessionnelle est désormais brandie par la presse comme l’argument suprême qui, soit insinue l’évidente culpabilité des individus, soit est une entité explicative en elle-même, et fait fi de toute autre considération.

    Les musulmans et les chrétiens catholiques payent un lourd tribut à cette conception manichéenne de la nature humaine, et à ces fausses lapalissades.

     

    C’est « forcément » parce qu’ils sont musulmans que des individus en rupture sont soupçonnés d’être « en voie de radicalisation » ; et on interroge l’entourage avec angoisse : cet homme était il très religieux ? Un imam faisait remarquer à juste titre qu’une grande dévotion ne signifiait EN AUCUN CAS un début de radicalisation, qui elle, relevait du fanatisme ou de la dérive sectaire ; et qu’on ne pouvait placer un espion derrière chaque fidèle…

    Faire Ramadan est un mauvais point, qui rend d’emblée une personne plus suspecte que d’autres.

    L’appartenance à l’Islam comme preuve de tendance à la violence prend le pas sur les difficultés sociales, familiales, ou professionnelles d’un individu. Coupable, forcément coupable, parce que musulman, aurait dit Duras…

     

     Dans un autre registre, il en est de même des catholiques. Etre une personnalité politique notoirement catholique est extrêmement difficile, car toutes les prises de position de cette personne seront ramenées à sa foi, sans qu’il soit du tout tenu compte des mouvances diverses du catholicisme auxquelles elle peut se rattacher, et des prises de distance qui existent avec le magistère concernant des sujets de société.*

     

    Dernièrement, l’affaire Vincent Lambert nous a paru le modèle même de cette grille de lecture simpliste et obsessionnelle, qui explique tout par le fait religieux.

    Rappelons que Vincent Lambert, âgé aujourd’hui de 38 ans, a été victime en 2008 d’un grave accident de la route. Tétraplégique, il se trouve depuis dans un état que les médecins du CHU de Reims qualifient de « pauci-relationnel». Une partie de sa famille, dont son épouse, souhaite un arrêt des soins, ce qui entraînerait sa mort ; l’autre, et en particulier ses parents s’y opposent avec fermeté.

    Qu’est ce qu’un état pauci-relationnel ? Il ne s’agit pas, comme l’écrivent certains journaux, d’un état végétatif. C’est un état dans lequel le patient garde une conscience de son environnement, mais ne peut pas répondre aux stimulations de manière cohérente.

    Il peut ressentir de l’émotion et de la douleur.

    Par ailleurs, Vincent Lambert n’est pas relié à une machine qui le maintient artificiellement en vie. Il est seulement nourri et hydraté artificiellement, car un manque de réflexes, semble t-il, l’empêche de déglutir.

    Il ne nous appartient pas ici de prendre parti.

    Mais seulement de déplorer la partialité des media, qui ne voient qu’une explication à ce drame qui multiplie les rebondissements judiciaires : les parents sont des « catholiques convaincus », ou des « catholiques traditionnalistes ». Certains organes de presse les présentent même comme « liés à la fraternité St Pie X «, sans en avoir aucune preuve.

    Il ne leur vient pas à l’esprit que le sujet n’est pas la religion supposée de ces parents, mais leur douleur extrême de voir mourir leur enfant ; leur peur panique que cette mort soit douloureuse, enfin tous les tourments insupportables de parents confrontés à la maladie grave de celui ou celle qu’ils ont mis-e au monde.

    Faire le deuil d’un enfant est pour certains quelque chose de pratiquement impossible.*

    Il semblerait surtout que dans cette panique de voir son fils mourir de faim et de soif (c’est la dure réalité d’un tel arrêt de soins), Madame Lambert se soit entourée de conseilleurs qui en ont profité pour instrumentaliser l’affaire dans le sens d’une vitrine pour une idéologie rigide sur la fin de vie.

    La douleur de cette mère et de ce père n’est ni respectée, ni entendue. Elle ne l’a pas été dès le départ. Rappelons que la première décision d’arrêt de soins du CHU avait été prise sur simple consultation de l’épouse du patient, en excluant parents et famille, et a été annulée de ce fait.

    La polémique a fait rage.  Oubliant toute compassion, certains journalistes se sont érigés en donneurs de leçons sur le fait qu’être mère signifiait se détacher un jour de son enfant, et le laisser partir…

    Cette femme a besoin de soutien. Et elle n’en a apparemment trouvé que dans des mouvements catholiques. Deux évêques qui n’ont rien d’intégristes viennent d’appuyer sa démarche dans une réflexion assez raisonnable sur notre peu de maîtrise de la vie et de la mort.

    L’affaire est complexe. Pour l’épouse de Vincent Lambert, il est sans doute également intolérable de continuer à voir l’homme qu’elle a aimé dans cet état.  Peut être se voit-elle acculée à une vie sans issue.

    Nous n’avons pas la réponse. Les débats se poursuivent. Aucune décision n’a pu actuellement être prise.

    Mais quand un quotidien titre : « Affaire Lambert, la menace intégriste », sous-entendant que seule une appartenance confessionnelle et idéologique est le moteur de ce refus obstiné de la mort d’un enfant que nul ne peut juger, cela frise l’indécence.

    Une menace, qui est menacé ? De quoi ? L’enjeu de la vie d’un être humain mérite qu’on se pose quelques bonnes questions :

    Est-ce une telle victoire d’avoir le droit d’arrêter la vie de quelqu’un alors qu’il est vulnérable et incapable de se faire entendre ? Que savons-nous de la volonté de Vincent Lambert ?

    Il ne s’agit pas d’une personne en fin de vie qui réclame que l’on abrège ses souffrances, comme cela s’est déjà produit. C’est la toute la complexité et la délicatesse de cette dramatique histoire.

    On peut aussi s’interroger sur le sens du refus de l’hôpital de laisser le patient être transféré dans un autre établissement.

    Mais une chose est certaine : les simplifications sur le « religieux » sont en train d’obscurcir le jugement de nos contemporains.

     

    Michelle .C. DROUAULT

     * 1 Protestants et orthodoxes échappent à ce processus, par quelque mystérieuse alchimie des classifications arbitraires…Quant aux Témoins de Jéhovah, bien que leur prosélytisme soit internationalement connu,  les media leur laissent une paix royale !

     

    * 2 Récemment, de jeunes parents d’une petite fille prématurée sont également revenus sur leur décision  d’arrêt de soins, au grand « étonnement » de l’équipe médicale… Comme si prendre une telle décision était simple !

     

     


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    ÔTEZ CE VOILE QUE JE NE SAURAIS VOIR …

     

    Injonction « laïcarde »

    ou manière de se demander quelle liberté il convient de défendre ? 

     

    L’article de Xavier Théry (pour Causeur), publié par le blogue Garrigues et Sentiers le 15 mai rappelle opportunément, à l’appui des constats et réflexions qu’il expose, que nous sommes appelés à vivre durablement avec des musulmans à nos côtés : 10 à 15% de la population à l’horizon de 2050 (pour 6 à 8% aujourd’hui), en regard de 10 % de catholiques (mais pour eux l’estimation avancées est peut-être basée sur des critères un peu minorants) - protestants, juifs et bouddhistes déclarés continuant à ne compter respectivement pour pas plus de 1%[1].

     

    Il en découle que la laïcité qui agence notre société en tant que mode de protection de la liberté de conscience et d’organisation du pluralisme religieux, doit être recadrée pour qu’elle réponde aux situations nouvelles que font apparaître cette présence permanente d’une nouvelle religion et cet équilibre interconfessionnel inédit. Et d’autant plus si l’intégration du fait religieux dans la république est désormais à envisager en se représentant « une France composée de 80% d’athées ou de sans religion » (contre probablement plus de 50% actuellement).

     

    Recadrée, mais non révisée, car l’histoire séculaire de nos affrontements religieux (ou sur la question des religions) et le parcours de pacification qu’avait été emprunté la république au début du XXème siècle attestent, pour l’une, de l’impérieuse nécessité de mettre en avant dans nos lois fondamentales la liberté de croyance et de non croyance et, pour l’autre, de la pertinence de la ‘’laïcité à la française’’ comme instrument de régulation juridique et sociale de la diversité des appartenances et des convictions.

     

    Une pertinence que deux raisons invitent à garder à l’esprit. La première tient à ce que si les revendications confessionnelles ne font plus couler le sang, elles demeurent porteuses d’une radicalité qui est susceptible de passer du demi-sommeil à la virulence en à peine quelques semaines - les manifestations dites ‘’pour tous’’ en ont fait la démonstration. La seconde renvoie à la violence qui est contenue dans tout antagonisme qui traverse la société française - une violence qui pour être ordinairement verbale à présent, n’en atteint pas moins un degré incomparablement élevé par rapport à ce que les nations voisines donnent en exemple -  et qui suggère que les passions et l’acharnement propres aux conflits religieux d’autrefois sont passés dans nos oppositions politiques et peut-être plus encore dans nos débats sur les questions de société, auxquelles au demeurant est aujourd’hui renvoyé le sujet de la coexistence des cultes.

     

    Ceci étant, le constat des polémiques incessantes sur le triptyque islam-immigration-intégration a tout pour donner à penser que s’agissant du recadrage de nos normes laïques qui s’impose, on est malheureusement devant un exercice des plus incertains. Le voile, en ce qu’il est d’abord abcès de fixation pour ces polémiques, y a sa large part.


     

    Dans ces polémiques, la thématique du voile s’est vu affecter

    la place de la ‘’mère des batailles’’.

     

    Pour les mauvaises fois de tous bords qui s’en sont saisies, le sujet du voile était singulièrement propice pour convoquer à l’encontre des musulmans les images qui donnent libre cours aux pulsions xénophobes et au racisme. Pour les bonnes volontés qui tentent de contrebalancer l’effet de leurs discours, il fallait par contrecoup privilégier également cette thématique, en mesurant par avance qu’elles auraient à faire face à une somme d’ignorance, de confusion, de préjugés et de contre-vérités. Le contre-message qu’il leur appartenait, et qu’il leur appartient, de marteler est des plus clairs : marquer ce qui sépare irréductiblement la laïcité républicaine, de par les valeurs et les principes auxquels elle se réfère, du déni de la liberté de croyance, de la discrimination ou de la ségrégation d’un culte et de la stigmatisation systématique et obsessionnelle de ses pratiquants et de son assise civilisationnelle, tout en réaffirmant que la République est indivisible et partant qu’elle ignore tout sectionnement communautaire de la nation et ne connaît que des citoyens égaux entre eux.

     

    Concernant l’islam ‘’de France’’, la démarche authentiquement laïque se définit par le but auquel elle s’arrête : faire en sorte que le pacte républicain inclue pleinement, et voie s’attacher à lui à la même mesure, tous les français musulmans - en leur prouvant d’abord qu’il est leur espace naturel, comme la configuration de la laïcité qui en est l’un des piliers fondamentaux est le cadre protecteur de leur foi, cadre dessiné et fortifié par la république au bénéfice de toutes les confessions et de toutes les libertés de pensée.

     

    Autrement dit, le régime et les dispositifs de la laïcité ont en l’espèce pour raison d’être de dégager les conditions grâce auxquelles la présence du culte musulman sera en quelque point du territoire que ce soit, aussi banale que peut l’être celle de la religion réformée - croyance minoritaire moins ‘’exotique’’ mais qui fut elle aussi jugée séparatiste et, au sens propre, intolérable - et son exercice individuel et collectif tout autant dépourvu de difficultés ou de tensions que l’est devenue la pratique de la foi protestante par celles et ceux qui la professent.

     

    Au regard du passé de guerres civiles, de persécutions et d’exclusion qu’on traversé les protestants - entrecoupé de 1598 à 1685 par l’apaisement relatif en vigueur sous l’empire de l’Edit de Nantes -, entre les premières condamnations prononcées à leur encontre sous le règne de François 1er et l’Édit de Tolérance accordé par Louis XVI en 1787, puis la proclamation de la liberté d’opinion religieuse par la Déclaration des droits de 1789, il ne semble pas que l’arrangement du culte musulman à la république présente des obstacles beaucoup plus insurmontables que ceux dont il a fallu triompher à la fin de l’Ancien Régime pour incorporer le protestantisme à un Etat catholique où la très grande majorité des populations, tous ordres et toutes couches sociales confondus, n’avait jamais seulement entrevu par le passé que l’unité de la foi, fût-elle maintenue par la force des armes et la fureur du feu, pût être battue en brèche. Et pour instaurer un pluralisme religieux dans une France qui communiait jusque là dans son statut de ‘’Fille aînée de l’Eglise’’ et où la légitimité des rois reposait sur la conformité de leur désignation à un ordre divin dont cette Eglise, dispensatrice de l’onction du sacre, était l’incarnation au sein du royaume, vis à vis des souverains successifs et parmi leurs sujets.

     

    La question du voile renvoie bien d’abord à l’arrangement des diverses confessions avec la république. Arrangement dont pour le catholicisme et pour le judaïsme les modalités ont été définies respectivement sous la III ème République et sous le Premier Empire ; pour les deux monothéismes qui font partie du patrimoine confessionnel français, si l’Histoire a amplement montré que rien n’était jamais acquis, il procède à présent d’un ajustement continu et en quelque sorte ordinaire. En revanche, pour le culte musulman tout reste pratiquement à inventer, et au regard de cet impératif, et donc du recadrage de notre laïcité qui en fait son premier enjeu, le voile souligne l’obligation d’en passer par une prise de conscience des contradictions à assumer et à s’efforcer de résoudre.

     

     

    Que dire encore du voile qui n’a déjà été débattu ? . . .

     

    Et d’où partir pour cerner la véritable nature et les enjeux de ce débat, sinon du cas des collégiennes ou lycéennes de confession musulmane qui dans l’espace scolaire, sont confrontées à l’interdiction du port des signes religieux ostensibles. C’est bien à leur propos, et dans cet espace parce que l’école est devenue après la Révolution le champ de bataille naturel des discordes et des luttes civiles autour du fait religieux, que les polémiques sur les marqueurs confessionnels sont nées et qu’elles resurgissent régulièrement sur des situations ponctuellement conflictuelles. Ces polémiques s’étendent naturellement au cas de toutes les femmes musulmanes qui ont affaire avec la prohibition du voile dans les activités publiques auxquelles elles apportent leur concours - les sorties scolaires en premier lieu. Et qui ont à compter avec la réprobation, voire l'animosité que leur valent le port du voile dans l’espace public - transports en commun, commerces divers, bureaux de postes, ou tout simplement terrain banal de la rue.

     

    Ces jeunes filles et ces femmes reçoivent cependant des soutiens provenant de milieux très divers : une syndication informelle et composite en faveur d’une tolérance ou d’une acceptation du voile où se distinguent notamment des représentants des sensibilités chrétiennes qu’on aurait naguère, du temps des mobilisations anti colonialistes, qualifiées de progressistes, des militantes féministes qui privilégient la libre détermination des intéressées à se voiler et des porte-parole de courants d’inspiration libertaire, ainsi que des individualités qui, par conviction personnelle, prennent a priori le parti de la liberté sans vouloir le mettre en balance avec d’autres considérations et engagements. Et outre l’encouragement qui leur est naturellement garanti de la part des fondamentalistes de leur propre univers religieux, elles trouvent dans d’autres confessions des appuis au sein des différentes variétés d’intégrisme où les contempteurs de la laïcité peuvent voir dans la défense de leur choix de porter le voile une occasion d’en découdre avec celle-ci et avec les principes républicains auxquels elle renvoie.

     

    Ces soutiens pèsent bien peu face à une vague de fond qui réunit dans l'acharnement mis à bannir les affichages publics d’une adhésion la religion musulmane, et au-delà dans l’antipathie ou l’hostilité qui s’adressent à n’importe quelle forme de visibilité de cette religion - pour l’hostilité, cela va des menus servis par les cantines scolaires aux constructions de mosquées -, tous les types de motivations et de partis-pris ligués contre l’islam en tant que tel. Une coalition que fédère l’intention d’ostraciser celui-ci et ses fidèles considérés pareillement comme des corps étrangers dont l’implantation sur le sol français (variante : en terre chrétienne) serait contre nature et funeste, et qui à force de cibler le voile dans le discours de ses partisans et de le citer à comparaître en témoin du bien fondé de son appel à la discrimination, conforte la position de celles et de ceux qui de bonne foi regardent la question du port du voile exclusivement en tant qu’enjeu de la liberté de conscience.

     

     

    . . . le vrai sujet étant l’islam dans la république,

    pour autant que ce ‘’dans’ soit traité comme la solution

    et non comme le problème.

     

    Pour l’islam de France, aux obstacles d’ordre culturel, économique et social qui viennent ralentir ou entraver le cheminement de son insertion dans la citoyenneté et dans les territoires de la république, s’ajoute cette coalition de rejets qui, fondamentalement, lui dénient d’un même mouvement - même si c’est à des degrés divers - le droit d’être présent au milieu des ‘’Français de souche’’. Et a fortiori dans un rapport d’égalité entre les croyants musulmans et ceux des religions convoquées par cette logique d’exclusion pour délivrer à la France le label attestant de ses ‘’racines chrétiennes’’ irréductiblement distinctives.

     

    Des rejets dont la matrice - les dénonciateurs d’une islamisation rampante fussent-ils ou non éclairés sur l’origine de leur phantasme - se situe dans le positionnement séculaire des religions musulmane et chrétienne en ennemis déclarés, dans la sanctification que chacune a accordée à l’aversion et aux guerres dirigées contre l’autre - aversion irrémissible engendrant des guerres impitoyables, des Croisades à Al-Qaïda et Daech.

     

    La disqualification de son concours à la francité qui est signifiée à l’islam de France se décline, pour une partie de la population française qui ne cesse de gagner en nombre et en hargne, sur l’ensemble des spécificités cultuelles propres à l’islam ‘’visible’’, toutes interprétées comme autant de sujets de discordance insurmontable avec la communauté française - celle-ci étant référée à la fois dans la configuration ‘’historique’’ qui est lui dessinée par le roman national et dans les traits qu’elle présente au début du deuxième millénaire.

     

    Ces causes de discordances sont pour partie identifiées dans les rituels et le calendrier attachés à la pratique de la religion musulmane, dans les obligations auxquelles les fidèles se conforment (les prescriptions alimentaires n’étant pas les moins mal tolérées), et dans l’origine géographique de la majorité de ces fidèles - une origine qui les désigne à l’un des racismes les plus enracinés sur notre ‘’autre bord de la Méditerranée’’ et qui leur a toujours valu d’être en butte sur notre sol ou sous l’ombre de notre drapeau à un mélange de défiance, de mépris et de dérision, et à une ségrégation inentamable.

     

    Quand elles n’appartiennent pas simplement à un imaginaire vénéneux, les discordances cataloguées dans le répertoire des récusations dont la naturalisation de l’islam est l’objet, en appellent à des craintes non fondées ou très exagérées que l’avenir a tous les moyens de dissiper - en considération notamment des intégrations qui derrière nous ont été des succès en dépit de particularismes confessionnels fortement marqués[2].

     

     

    Le parcours qui va de ‘’l’islam en France’’ à ‘’l’islam de France’’.

     

    En revanche, c’est à bon escient que les thématiques du débat autour de ‘’l’islam en France’’ se concentrent sur le point d’entrée par lequel cette naturalisation a la nécessité de passer.

     

    Point d’entrée (ou d’étape) qui pour ‘’l’islam de France’’, et pour qui individuellement y adhère, se confond avec le ‘’tri’’ qu’il leur revient d’effectuer dans le patrimoine de traditions assemblé sur les terres où l‘islam est implanté depuis des siècles, et avant tout  parmi les normes sociales et les modes de comportement privé et familial qui, souvent très antérieurs au monothéisme musulman ou non directement sourcé dans son message originel, sont incorporés à ce patrimoine. ‘’Tri’’ qui dans l’inventaire des codes qui régissent les différentes sociétés de l’aire musulmane, et dans les référentiels qui y façonnent les mentalités, requiert de procéder au partage entre ce qui est et ce qui n’est pas susceptible de s’accorder aux droits en vigueur et aux libertés consacrées dans l’Europe occidentale d’aujourd’hui.

     

    L’objet de ce partage ne doit laisser place à aucune ambiguïté : l’intellection et la prise de conscience qui ont à en décider ont pour borne le but qui lui est assigné - écarter tout ce qui dans lesdits codes et référentiels porte une incompatibilité avec les droits et libertés instituées dans nos sociétés -, et se voient strictement contenues dans la limite qui lui est impartie - ne disqualifier rien d’autre que ce en quoi s’affirme une incompatibilité avérée.

     

    En notifiant à ‘’l’islam en France’’ l’exigence de départage normatif, on ne méconnait pas que toute civilisation, toute culture et toute société attendent d’être respectées - et, dans le principe, indéniablement à juste titre ; mais cette intimation ne crée assurément pour ses destinataires aucune obligation de la satisfaire sans conditions. Sauf à tomber dans un relativisme culturel qui ne serait rien d’autre qu’un indifférencialisme éthique. Un indifférencialisme qui se refuserait à faire une distinction, par exemple, entre les états qui ont librement adhéré à la Charte des droits fondamentaux de l’UE et l’Arabie saoudite régentée par la législation et par l’arriération des mœurs qu’y impose le wahhâbisme ; ou, encore, qui renverrait dos à dos, comme investies d’une égale dignité, les sociétés démocratiques, libres et égalitaires de Scandinavie et l’Afghanistan sous l’emprise des talibans (et probablement vouées à y revenir), ou la Suisse ou la Norvège et les zones tribales du Pakistan[3].

     

    Certes, presser ‘’l’islam en France’’ de se détacher de codes et de normes multi séculaires qui traversent les sociétés incluses dans l’espace de la religion musulmane, faire de la démonstration de ce progressisme consenti la condition de sa reconnaissance comme ‘’l’islam de France’’, c’est prendre le risque de sur activer parmi les (jeunes) citoyens musulmans les tendances au repli communautaire. D’autant plus qu’à toutes les méfiances, aversions et discriminations que valent à ceux-ci le particularisme de leur religion, s’ajoute l’expérience qu’ils font par eux-mêmes du statut inférieur qui lui est réservé à tous égards dans une société dont on ne cesse de leur rappeler qu’elle est entièrement ce qu’en a fait son passé chrétien et qu’elle appartient aux seuls héritiers de ce dernier.

     

    Et l’appartenance a la religion musulmane, effective ou présumée, valant ainsi déjà à elle seule relégation - une relégation entretenant chez ses fidèles un fond grandissant de frustrations -, l’incitation à l’intégration dans la nation assortie d’une exigence de mise en conformité avec le corpus juridique et culturel dans laquelle celle-ci se reconnaît, s’expose à provoquer une résistance ‘’du faible au fort’’ ; une résistance qui conduirait en particulier à ce que l’injonction adressée par la république aux musulmans de France de renoncer à des représentations et à des critères de conduite enracinés dans l’étendue et dans l’histoire de l’aire islamique, aboutisse seulement à dresser face à face deux résolutions antagonistes qui tiendront les obligations que respectivement elles invoquent pour identiquement non négociables.

     

    Toutes ces objections sont évidemment sérieuses, mais au risque d’aller au devant de critiques attendues, on soutiendra qu’aucune n’est finalement recevable : si prises une à une, rien ne les infirme directement, elles tombent en effet d’elles-mêmes dans leur ensemble pour la simple raison qu’il n’y a en réalité pas matière à débat. On peut le regretter selon ses options philosophiques ou politiques, suivant la conception qu’on a de la société, mais la France étant ce qu’elle est, la république et la nation y étant conceptualisées comme elles le sont, ‘’l’islam de France’’ ne sera jamais admis comme tel si outre évidemment sa conformation à la loi, il ne se fond pas dans le pacte républicain - comme le catholicisme y est venu -, non seulement en souscrivant à ses clauses les plus affirmatives de la neutralité religieuse de l’Etat et des institutions publiques, mais également en déférant aux codes du vivre ensemble qui en découlent.

     

    Et si, au-delà de l’acquiescement à ces codes, il ne s’aligne pas sur les libertés et les droits dont le corps social s’est doté - un alignement qui lui est bien sûr demandé en premier lieu concernant les libertés et les droits qui ont été solennellement légués par la Révolution et par l’histoire post révolutionnaire, mais de façon encore plus significative peut-être, vis à vis de ceux bien plus récents qui ont été difficilement conquis sur les ‘’questions de société’’ : on touche là sans doute, pour l’islam, au facteur décisif s’agissant de son incorporation à la société française dans la mesure même où les bases des comportements personnels sont intiment en cause.

     

    S’aligner signifiant en l’espèce pour l’islam de France se mouvoir au milieu de ces libertés et de ses droits en percevant que dans la citoyenneté française, ils ont pris rang et acception d’acquis, à l’instar de toute garantie posée par la loi, et de constituants de l’ordre social légitimés par un consentement démocratique. Et en les considérant comme partie intégrante de la normalité de la société au sein de quelle il s’est implanté. Banalisation du regard et du jugement dont on peut escompter qu’elle agira en sorte que progressivement, les français musulmans en viennent à se servir des lois correspondantes à peu près comme le font leurs concitoyens ; à cet égard également l’exemple des catholiques et de leur rapport aux lois porteuses d’émancipations combattues par leur Eglise fournit probablement le référent le mieux approprié.

     

     

    Le voile, un débat inutile,

    ou une occasion bienvenue de réapprendre les bases de la laïcité ?

     

    Dégagée de la problématique de l’insertion de l’islam dans la société française et de sa naturalisation en tant qu’islam de France, la question du ‘’droit au voile’’ se resserre sur la contradiction que l’affirmation de ce droit est susceptible de porter au corpus républicain du vivre ensemble, à travers l’idée de la laïcité qui s’y intègre, ainsi qu’aux valeurs que nous partageons avec les sociétés démocratiques d’Europe occidentale.

     

    Vis à vis du corpus républicain, la revendication du port du voile s’analyse hic et nunc sous l’angle de la polémique qui s’est installée dans le débat civil et politique et qui met globalement en cause l’affichage en public de signes d’appartenance religieuse.

     

    Ces signes d’identification ont presque perdu toute visibilité dans les confessions chrétiennes, les religieuses catholiques constituant à cet égard l’exception la plus souvent rencontrée - du moins pour celles qui ne sont pas ‘’en civil’’ ; mais comme pour les clercs qui se signalent également dans l’espace public par leur habillement, la tenue qui s’accorde à leur état est très majoritairement perçue comme un vêtement professionnel distinctif, à l’instar des uniformes des facteurs, pompiers, policiers …

     

    Cette visibilité est présente en revanche pour la religion musulmane et pour le judaïsme. Toutefois, concernant ce dernier, on observera qu’à l’opposé du traitement réservé à l’islam, l’exposition de ses pratiques vestimentaires est curieusement occultée dans les controverses actuelles : les violences en lien avec le port de la kippa sont certes régulièrement dénoncées par les institutions juives, et leur augmentation entre pour beaucoup dans la perception qu’ont les juifs ‘’religieux’’ d’une aggravation de l’insécurité qu’ils subissent au quotidien, mais, indirectement, elles attestent aussi de ce que l’observance de cette prescription est largement offerte à la vue là où le judaïsme orthodoxe est le plus présent ; il en va de même, quoique ce soit à une échelle plus réduite, pour les autres prescriptions en lien avec l’habillement, et l’hypothétique conciliation entre cet affichage confessionnel très contrasté (et le plus souvent incompris) et la perception dominante de la laïcité n’est pratiquement jamais mise en question.

     

    Ceci étant, le problème qui est passionnellement agité sur le sujet des signes religieux ostensibles possède cette étrangeté de n’avoir pas de raison objective de se poser.

     

    Affirmation qui a sûrement tout pour étonner et déranger, mais qui argue de ce que ‘’la laïcité à la française’’ dispose sur ce sujet de toutes les réponses aux interrogations de portée générale comme aux cas particuliers, ou de toutes les références et repères sur lesquels une réponse accordée aux valeurs républicaines peut s’appuyer. Ses normes, les jurisprudences qui les ont précisées et enrichies, et la doctrine sur laquelle elle se guide pour réguler l’économie des droits qui en appellent à son arbitrage, sont en effet infiniment plus clairs que les disputes continues à son propos ne le laissent entendre - l’impression contraire venant de l’ignorance qui domine le débat ou des arrière-pensées qui le confisquent, et des arguments que l’une ou les autres font prospérer.

     

    Le principe que cette laïcité met au-dessus de tous les autres (cf. la loi de séparation de 1905 et son article premier) est la liberté de conscience - la liberté d’opinions ‘’même religieuses’’ (même ayant ici, historiquement, le sens d’y compris) proclamée par la déclaration des droits de 1789 et que la république a toujours considéré comme son legs le plus précieux parmi ceux reçus de la Révolution. Seule la manifestation de ces opinions est soumise à une réserve, qui tient dans la seule condition « (qu’elle) ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

     

    Le moyen qu’elle a mis en œuvre pour garantir la protection de la liberté de conscience - et le libre exercice des cultes qui en est le corollaire - et tout autant la reconnaissance du droit à l’abstention de toute croyance religieuse, réside, à travers la séparation des églises et de l’Etat, dans la notification que ce dernier se fait à lui-même de sa neutralité absolue en matière religieuse. Vis à vis de toutes les confessions, cette neutralité assure qu’aucun culte ne sera ni favorisé ni discriminé, et plus encore qu’aucun d’entre eux ne sera en capacité de tourner à son avantage ni d’influencer la législation de la république, la loi étant par essence l’expression de la volonté générale et n’ayant d’autre source que la souveraineté nationale qui formule cette volonté.

     

     

    De la codification d’un vivre ensemble

    à l’usage raisonné d’un savoir-vivre.

     

    Rapportés au traitement de la question des signes religieux, ce principe et ce moyen dégagent le cheminement de la réflexion qui s’accorde au pacte républicain par sa cohérence avec les contours et avec l’esprit de la laïcité que ce dernier a validés.

     

    La loi - élevée au niveau où elle proclame les droits constitutionnels - dicte le respect de la liberté de conscience ; il découle de cet impératif qu’elle ne peut interdire le port volontaire de signes d’identification religieuse, ou perçus comme tels, qu’aux agents de la république dans l’accomplissement de leurs fonctions où ils sont soumis à l’obligation de neutralité des autorités publiques, et dans le cadre scolaire en vertu des dispositions qui sont venues trancher la longue bataille entre cléricaux et républicains sur l’école.

     

    Pour le reste - entendu comme recouvrant tous les autres aspects de la problématique du signalement confessionnel dans l’espace public -, la réponse aux contradictions qui, par la force des choses, apparaissent dans la recherche d’un agencement consensuel entre normes laïques édictées par la loi d’une part et prescriptions respectivement attachées à chaque culte d’autre part, renvoie à une notion totalement absente dans les débats actuels : celle de civilité, traduction citoyenne de la courtoisie ordinaire entre particuliers.

     

    Une civilité républicaine, qui est complémentaire (et quelquefois accommodante sur des points relativement secondaires) par rapport aux dispositions légales et aux diverses règles qui concrétisent le caractère laïque de la république, et en même temps constitutive d’une politesse civique qui enjoint de ne pas projeter dans l’espace partagé avec ses concitoyens les marques fortement et indiscrètement distinctives d’une appartenance religieuse. Ou, à tout le moins, de ne pas se déterminer à le faire sans avoir envisagé l’impact de cette projection sur les sensibilités des concitoyens visés ni les effets en retour qu’on risque d'entraîner : appréciation qui sera bien sûr nuancée selon le contexte où elle aura à se former-  moment, conjoncture, tensions qui s’y font jour - et en fonction de considérants tels que le signe d’identification concerné et le cadre ou le milieu où ce dernier sera affiché. Et qui exclut a fortiori de manifester de façon ostentatoire, c.a.d. outrancière, voire provocatrice, cette appartenance religieuse.

     

    Mieux encore qu’un vivre-ensemble accordé au pluralisme confessionnel et philosophique, cette notion de civilité détermine un savoir-vivre républicain qui en appelle à la mesure et au tact en tant que premiers garants et  régulateurs de la tolérance. Et dont le partage trace sans doute la dernière ligne de défense face aux passions qui interagissent au service de la ségrégation et de l’exclusion et qui menacent de tout emporter.

     

    Didier Lévy

     

     

     


    [1] Sachant que toute statistique ne rend évidemment compte de la réalité que sous la forme que lui donnent les données qu’elle se consacre à mesurer à partir des critères et des catégories que respectivement elle se fixe et délimite au départ. En l’espèce, il manque sans doute au décompte présenté la catégorie des catholiques "croyants-non croyants", chez qui coexistent la foi dans une transcendance de configuration judéo-chrétienne et un rapport aux dogmes et aux codes moraux enseignés par l'Eglise qui leur fait tenir l’énoncé des uns et des autres pour complètement inaudibles (observation valant par conséquent pour le pourcentage d’athées ou de sans religion donné au paragraphe suivant).

    [2] cf. l’acculturation à une France laïque de migrants originaires de catholicités aussi ‘’typées’’ que pouvaient l’être respectivement celles de Pologne ou de l’Europe du sud, ainsi que la discrète adjonction à notre paysage cultuel du bouddhisme et d’autres confessions non chrétiennes des réfugiés d’Asie du sud-est ou associés à l’immigration chinoise.

    [3] La confrontation avec le système de valeurs et de droits des états européens étant tout autant signifiante si on l’élargit à une société américaine qui perpétue les exécutions capitales.


    2 commentaires
  • Des migrants bien dérangeants

    DES MIGRANTS BIEN DÉRANGEANTS !

     

    Depuis plus d’une semaine, une petite centaine de migrants campe dans des conditions précaires à la frontière italienne prés de Vintimille.

    Ils viennent du Soudan, d’Erythrée, du Darfour, de Syrie.

    Arrivés par bateau en Italie, après un voyage éprouvant où ils ont craint pour leur vie, ils veulent pour la plupart simplement traverser la France, pour gagner d’autres pays d’Europe.

    Mais ils ne le peuvent pas. Les gendarmes et la police française sont là, qui les en empêchent impitoyablement, et les ramènent à leur point de départ italien quand ils essayent de passer en France par train. Tous les trains sont fouillés tous les jours.

    Ils ont payé leur billet, parfois cher (107 euros jusqu’à Paris, 7 euros jusqu’à Nice).Ils ne sont pas contrevenants. Par ailleurs, la libre circulation entre les pays d’Europe existe. Non, leur seul crime est d’être en situation « irrégulière ».

    Une véritable traque aux migrants, une chasse à l’être humain honteuse, sévit en PACA, nous en sommes témoins.

    Sur place, sur les rochers à la frontière, la situation est difficile. Il y a là des hommes, et quelques couples, dont une femme enceinte, signalait un médecin bénévole.

    Les femmes et les enfants étaient regroupés jusqu’il y a quelques jours en gare de Vintimille, dans deux ailes inoccupées du bâtiment. Faute de point d’eau, la situation sanitaire n’est pas brillante, malgré tous les efforts louables de médecins italiens, de bénévoles, et de la population italienne, qui aide particulièrement les enfants.

    Sur les rochers, des particuliers et des associations ont apporté peu à peu des parasols, des couvertures, des matelas ; et distribuent eau et nourriture. Il n’existe que trois WC chimiques pour tout ce monde, et les réfugiés sont contraints de se laver dans l’eau de mer.

    Dénonçant une « urgence humaine », ils ne désarment pas.  Ils ne comprennent pas cette hostilité. La France est un des pays européens qui a accueilli le moins de réfugiés.

    Alors que 57 000 sont arrivés en Italie depuis janvier.

    Le Ramadan a commencé, et, malgré leur fatigue, ceux qui sont musulmans jeûnent dans la journée.

    C’est à nos portes, ici « près de chez nous », ce n’est pas un énième camp de transit vu à la télévision, les pieds dans ses pantoufles.

    Si une manifestation de soutien a eu lieu récemment, elle n’a réuni en France qu’une centaine de personne environ, peut être faute de bonne diffusion de l’information. Et en Italie, un millier.

    Ce que les migrants et les ONG demandent est simple : l’ouverture de l’Europe, et un débat public sur ce problème ; un partage numériquement équitable des migrants dans des conditions dignes et humaines.

    Mais il nous faut bien regarder les choses en face : une majorité de français de la région détournent le regard ; et plus grave, c’est le cas de beaucoup de chrétiens !

    Malgré un appel vibrant de l’évêque de Nice, qui clamait ce 18 Juin : « la dignité des personnes ne se marchande pas », et invite les catholiques à un effort particulier de dons de produits alimentaires et d’hygiène(gérés par le Secours Catholique), estimant que leur place est là, au secours de ces naufragés, les églises ne semblent pas retentir d’homélies et d’interventions vigoureuses, entraînant les paroissiens à aller à la rencontre de leurs frères , pourtant si proches…

    Nous n’avons pas entendu d’exhortations, d’appels à aller manifester ; nul car n’a été affrété pour permettre aux paroissiens éloignés de se rendre manifester sur les lieux, comme dans les récentes manifestations contre le mariage pour les personnes de même sexe.

    Le clergé aurait-il mis moins de zèle à relayer ces propos que la fameuse « prière du 15 Août » de Mgr Vingt Trois en 2013, contre le vote de la loi ?

    Pour être objectives, notons que les mouvements LGBT sont également très discrets…

    « Leur présence (celle des migrants) demande sûrement de nous déranger ! » dit encore Mgr Marceau dans son appel.

    L’évêque a raison.  Est-ce que les catholiques ne veulent pas être « dérangés » dans leur ronron dominical ? Aucune allusion à ce problème, qui pourtant s’étale aux yeux de tous, lors des communions solennelles de la semaine passée…Quel appel stimulant à la foi ce serait pour des communiants, que de leur montrer que la foi n’est pas faite de prières abstraites, mais du souci premier du prochain ! Il semble qu’à Nice, des scouts se soient mobilisés…tant mieux !

    Respectueusement interpellé à la sortie de la messe, un prêtre, visiblement gêné, nous a renvoyés sur le Secours Catholique.

    Le résultat de cette valse-hésitation ne s’est pas fait attendre : des non croyants militants font observer que l’indignation des catholiques est à géométrie variable ; et qu’ils semblent plus se soucier de qui le voisin a dans son lit, que de ce qu’il a, ou pas, dans son assiette, et de ses libertés fondamentales…

    Voici deux jours, le Pape François a lui aussi donné de la voix, et appelé l’Europe à : « ne pas traiter les migrants comme des marchandises ».

    En attendant, les migrants prient comme ils peuvent sur des serviettes de bain…..

     

    Michelle. C .DROUAULT

     

    * Dans un rapport circonstancié, l’ONU vient d’établir qu’elle suspecte l’Erythrée de crimes contre l’humanité . Il n’est donc pas surprenant que l’on cherche à fuir ce pays à n’importe quel prix….

     

    http://france3-regions.francetvinfo.fr/cote-d-azur/2015/06/19/l-eveque-de-nice-et-la-situation-des-migrants-ne-peut-se-satisfaire-de-parquer-des-humains-751953.html

     

    http://www.paris.catholique.fr/declaration-du-conseil-permanent.html

     

     

     


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    « Le  tout n’est pas d’avoir une jupe ! » avait assuré l’Archevêque de Paris en 2008, en évoquant la place des femmes -et des laïcs- dans l’Eglise catholique …

    Il avait ainsi provoqué la fondation du célèbre « Comité de la Jupe », destiné à lutter contre les discriminations envers les femmes dans l’Eglise.

    Nous pourrions le paraphraser, en ajoutant : « une jupe…encore faut il qu’elle soit de la bonne longueur ! »

    En effet, peut-on parler d’un harcèlement des jeunes filles sur leur apparence et leurs codes vestimentaires ?

    La semaine passée, une jeune fille de 15 ans a été exclue des cours (pas de l’établissement) d’un collège de Charleville Mézières, en raison du port d’une jupe noire « trop longue », que les autorités de l’établissement avait jugée constituer un signe religieux.

    Pourtant, la jeune fille retirait bien son voile à l’entrée de l’établissement.

    Nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissants de ce conflit ; il est seulement probable que cette jeune personne et ses camarades-elles ont été plusieurs à arborer des jupes longues- ont voulu protester ainsi de façon pacifique contre une directive inefficace et contestable : la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école.

    Inefficace sur le fonds, car enfin s’il s’agit de ne pas laisser voir son appartenance religieuse dans l’enceinte de l’école, mais que chacun peut vous croiser dans le quartier, jusqu’à l’entrée même de l’établissement, avec un voile ou une kippa, cette appartenance est sue de tout le monde. La laisser au vestiaire dans l’espace scolaire est alors purement symbolique.

    Ce symbole est il important ?

    Depuis plus de dix ans qu’elle existe, cette loi semble n’avoir rien résolu. Le port du voile n’a pas régressé. Au contraire. Les violences diverses envers les femmes ont régulièrement augmenté, quelle que soit leur tenue. On a infligé des amendes à des femmes portant un « niqab » ; mais les faits d’agressions parfois mortelles sont toujours le fait d’hommes dans les quartiers où elles se produisent.

    Contestable, car on peut estimer que la loi de 2004 contrevient à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui stipule que nul ne peut être inquiété pour ses opinions philosophiques ou religieuses ; et que chacun est libre de manifester ses croyances, y compris au sein de l’espace public, du moment qu’il ne trouble pas l’ordre public. En cela, la loi récente peut être considérée comme discriminatoire.  Nous l’avons déjà mentionné, des mères d’élèves ont été ouvertement discriminées pour leur appartenance à la religion musulmane.

     

    Mais si nous revenons à la jupe, dans quelle situation ubuesque se trouvent donc les jeunes filles actuellement ?

    Si leurs jupes sont estimées trop courtes par leurs camarades, elles se font traiter de « salopes », voire de « putes ». (Ce qui ne serait jamais arrivé dans les années 60/70 avec la mode de la mini-jupe).

    Si les jupes sont trop longues, cette longueur est suspecte ; les enseignants les blâment pour port de « signes religieux ».

    Encore une fois, on réduit les filles à leur apparence physique, et on conditionne leur accès au savoir et leur tranquillité d’esprit pour étudier, à des normes, édictées par des assemblées majoritairement masculines*, ou par le groupe dominant des élèves de sexe opposé. Situation qui n’est aucunement celle des garçons.

    « La patrie est en danger », ironise le « Canard Enchainé » (… )» on va droit à la guerre civile (…) « Sara et ses camarades ont promis de porter des pantalons, mais de quelle forme ?

    Bouffants ? A pinces ? (….) « Il est urgent de saisir le Conseil Constitutionnel »…

    Merci à l’hebdomadaire de son ironie mordante, qui  démontre bien l’absurdité d’une telle polémique.

    « Est ce qu’on n’a vraiment pas autre chose à faire que de s’occuper des jupes des filles ? » demande à son tour un internaute retraité. 

    Hélas, Monsieur !

    Le « jeu de dupes » de « voir sous les jupes des filles » (selon la chanson d’Alain Souchon) est une des grandes affaires de ce monde, parce que le contrôle des femmes est un des grands enjeux du patriarcat.

    Le contrôle sur l’apparence des jeunes filles n’a pratiquement jamais cessé :

    Ma mère ne pouvait sortir du lycée sans gants ; je ne pouvais y rentrer en pantalons, sauf si il gelait ; ni porter de talons ou de maquillage … trente ans plus tard un professeur a réprimandé une élève de la classe de ma fille parce qu’elle portait un vernis à ongles voyant… (Seule nouveauté, la demoiselle aux ongles vernis a rétorqué calmement que cela ne l’empêchait pas d’étudier, et refusé de sortir).

    Récemment, des femmes politiques expliquaient dans un excellent documentaire sur France 5 comment leurs tenues étaient systématiquement commentées par leurs confrères députés ou sénateurs, et par les journalistes, avant même qu’on ne les questionne sur leurs idées ou leur programme.

    Pour exemple, la colère légitime de Nathalie Kokiuzco-Morizet , interviewée sur sa coiffure, et non sur son programme comme candidate à la Mairie de Paris…

    Nous pouvons en conclure que, de l’adolescence à la vieillesse, les filles et les femmes sont regardées avant d’être écoutées ; jaugées, cataloguées, accusées, par le regard de ceux là mêmes qui veulent continuer à avoir des droits sur elles, des droits sur leur corps et leur vie.

    Et l’énergie qu’elles dépensent à contrer ces manifestations de domination est au détriment de celle qu’elles pourraient mettre dans les projets, les recherches, les actions, les œuvres, dont elles sont les inventeures, et dont pourrait profiter davantage l’humanité.

     

    Un remarquable manifeste intitulé «  Laissons les filles tranquilles », signé par plusieurs groupes et personnalités féministes, demande l’arrêt de toutes ces tracasseries stigmatisantes et inutiles dès l’école :

     

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/03/24/laissons-les-filles-tranquilles_4599912_3232.html

     

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

    * L’assemblée Nationale comprend 73% d’hommes…

     

     Sur le sujet, le film « Jacky au royaume des Filles » renverse la vapeur, et nous tend un miroir grinçant sur la domination masculine…


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    Etre un enfant en France semble être une situation aléatoire, assortie d'une protection à géométrie variable. La vulnérabilité de l’enfance ne paraît pas mettre à l’abri de l’intolérance ; et cela depuis fort longtemps.

    Les enfants Roms, expulsés sans ménagements de leurs campements avec leurs familles ; les enfants des banlieues, traités par la police comme d’éternels suspects potentiels ; les enfants sans papiers, traités comme des majeurs si ils sont isolés, ou placés en centre de rétention si ils sont avec leurs parents, dans une criminalisation grandissante de l’illégalité administrative : tous subissent une discrimination insupportable dénoncée depuis des années par les associations, tant laïques que confessionnelles.

    Sans que leur situation évolue beaucoup.

    Si le racisme actuel s’exerce surtout envers les immigrés africains, maghrébins, ou roumains, et les français antillais ou d’origine arabe, il fut une époque ou au contraire, mieux valait pour un enfant ne pas être trop blond…

    Un ouvrage remarquable paru en 2004, « Enfants maudits », de Jean Paul Picaper et Ludwig Norz,* retrace le calvaire vécu entre 1942 et 1960 par les enfants nés pendant la seconde guerre mondiale d’un père allemand et d’une mère française, et surnommés « enfants de Boches ».

    En 2004, on les estimait à 200 000.

    La paternité, réelle ou supposée, d’un allemand, exposait un enfant à quolibets, insultes, coups, brimades, de la part de beaucoup de ses camarades, souvent de son instituteur, et dans la majorité des cas, d’une partie de sa famille. Ainsi, une femme raconte comment, jusqu’à l’adolescence, elle avait été maltraitée par son grand père, vétéran de la guerre de 14/18, qui reportait sur elle sa haine des allemands, ennemi « héréditaire ».

    La blondeur éclatante, les yeux très bleu, attiraient une suspicion immédiate si le père était inconnu.

    Un tel ostracisme est le résultat du dogme patriarcal de l’appartenance de l’enfant au père, au seul sang du père. Car enfin, ces enfants avaient des mères françaises, ils étaient aussi fils et filles de françaises, autant qu’enfants d’allemands !

    Ces enfants ont grandi avec un tel sentiment de honte que la plus part n’ont pas osé parler de ces maltraitances, ni de leur cause, à leur conjoint  une fois mariés.

    C’est très tard qu’ils ont entamé des recherches, encouragés par les auteurs de cet ouvrage, et par l’association « Cœurs sans Frontières ».*

    En 2010, la Chancelière Allemande a décidé d’accorder aux enfants de couples mixtes qui connaissaient l’identité de leur père, la nationalité allemande en sus de leur nationalité française : ils sont devenus bi-nationaux. Certains ont même changé de patronyme ; ou bien accolé celui de leur père à celui de leur mère. Souvent, ils ont fait connaissance de leur famille allemande, oncles, tantes, demi frères et sœurs, plus rarement, de leur père si il était encore en vie.

    Ces récits font trembler :

    Le régime de Vichy s’en est pris aux enfants juifs, en les  forçant à porter l’étoile jaune dès l’âge de 7 ans , en les interdisant de jardin public, d’école, de loisirs et même de bicyclette  ; puis en les raflant pour les livrer aux allemands qui les envoyaient à la mort ; et la majorité des français n’a réagi que devant cette dernière atrocité.

    A la Libération, la France plongée dans le mythe de la Résistance massive a tourné sa haine vers les plus impuissants ; elle a tondu des femmes, et stigmatisé d’autres enfants, les « enfants de Boches ».

    C’est à dire que la notion de l’irresponsabilité des enfants devant leur origine n’était pas acquise ; celle de leur vulnérabilité, et des dégâts psychologiques irréversibles causés par les discriminations et la violence dans l’enfance, non plus. Malgré l’expérience de la guerre.

    L’est elle vraiment de nos jours ?

    Certes, une minorité éclairée par quelques psychanalystes et pédopsychiatres passionnés par l’enfance en a conscience.

    Cependant les faits de répression injustifiée envers des mineurs que nous citions plus haut permettent de douter  de la diffusion réelle des impératifs d’une véritable protection du statut d’enfant.

    L’actualité récente a de tristes échos : des politiques exhibent comme programme le fait de discriminer les enfants en vertu de la religion de leurs parents, et de supprimer une pratique vieille de trente ans : proposer aux enfants juifs ou musulmans des menus alternatifs sans porc dans les cantines scolaires.

    Après avoir vu leurs mères voilées interdites d’accompagnement de sortie scolaire, nul doute que certains enfants ne développent un fort sentiment d’exclusion et  peut être, de haine.

    Comment s’étonner qu’ensuite, ils aient la tentation de se jeter dans les bras de sectes qui jouent sur l’identité religieuse ?  Ce n’est qu’hypocrisie.

    Nous le rappelions dans un autre article : « malheur à celui qui blesse un enfant » ! 

    Mais les blesseurs d’enfants sont prêts à en piétiner des troupes entières si cela peut leur assurer le pouvoir…

    Le plus inquiétant a été la réaction des internautes sur les sites des journaux numériques : un large consensus de lecteurs se dégage en faveur de cette mesure aussi discriminatoire qu’inutile.  A gauche, des laïcards fanatiques crient victoire devant la disparition d’un « symptôme » religieux de plus qui « empoisonnerait » l’atmosphère. A droite, d’autres prétendent que la suppression des menus alternatifs favorisera le « vivre ensemble » ?

    Rendons grâce à ceux qui soufflent dans la soupe : un internaute fait une intervention remarquable en demandant le sens exact d’une telle mesure : le fait que chaque élève puisse choisir son repas a-t-il  créé des bagarres scolaires ? Evidemment, non ! Le fait de manger du porc est-il un élément de neutralité ? Et il fustige -à juste titre- les « interdits gratuits non fondés par une loi ». Le plus intéressant dans ce commentaire, est la remarque que les français possèdent une étrange capacité à DÉTOURNER LE SENS DES VALEURS.

    Ce qui est tout à fait juste.

    En attendant, il semble que l’on soit plus attentif à de telles futilités purement idéologiques, qu’à la sécurité des enfants à l’école, et à leur intégrité physique et morale : les autorités judiciaires n’avaient pas jugé opportun de renseigner l’Education Nationale sur les tendances pédophiles et les condamnations antérieures d’un enseignant du primaire, qui se trouve actuellement mis en examen pour viols sur mineurs…

    Etre enfant en France ? Courage, on finit toujours par grandir…..

     

    Michelle C. DROUAULT

     

    *1 Jean-Paul PICAPER, Ludwig NORZ, « Enfants Maudits », Editions des Syrtes, 2004

     

    *2 Cœur sans Frontières, Herzen ohne Grenzen,

     

         association franco-allemande des Enfants de la Seconde Guerre Mondiale


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    A l’occasion du 8 mars, ma réflexion s’est porté sur des évènements en apparence sans aucun lien entre eux, mais participant inexorablement du même système de domination d’une moitié de l’humanité sur l’autre.

    Le procès DSK nous a montré le visage particulièrement odieux de la version occidentale de cette domination, fait de mépris, d’injustice, et d’une violence symbolique inouïe :

    Nous y avons appris que n’importe quel homme (blanc de préférence) du moment qu’il a de l’argent et du pouvoir, peut acheter un ou des corps dont il peut user à discrétion (du moment qu’il ne va pas jusqu’à les tuer), et que la Loi ne trouve pas cela condamnable.

    Au tribunal, le prévenu de proxénétisme aggravé faisait face à des personnes prostituées, qui indiquaient la rémunération perçue pour une soirée avec l'intéressé, et décrivaient des relations extrêmement brutales,  et imposées. C’est à dire que même à l’intérieur de la relation « marchande » de la prostitution, il existe un code des services que le ou la prostitué-e accepte ou n’accepte pas, et que ce code n’avait même pas été respecté !

    Il est difficile de comprendre comment le discours du prévenu a pu être entendu par le tribunal : selon lui, il ignorait que ces personnes étaient prostituées ; elles auraient été simplement « libertines ». Si ces personnes étaient libres, et que certaines formes de relations leur ont été imposées par la force ou l’intimidation, alors il s’agirait d’agressions sexuelles caractérisées. Mais le tribunal n’a pas retenu cette notion.

    Nous avons vu face à face un homme qui manipule des millions, et des femmes qui ont raconté avoir été contraintes de se prostituer pour nourrir leurs enfants « parce qu’un jour elles ont ouvert le frigo, et qu’il était vide ». Cet homme, comme les autres, a donc profité de leur misère, mais à la misère, a ajouté l’humiliation. Une femme s’est décrite comme « empalée de l’intérieur » par un rapport de sodomie imposé.

    Cette femme a été violée. Nous soutenons qu’on peut violer une personne prostituée, parce que son corps n’appartient pas au client de manière complète et permanente, mais pour un temps et des services déterminés, et qu’il existe un consentement, même au sein de la relation prostitutionnelle.

    L’indulgence générale d’une partie de la presse, et d’une partie de la classe politique, envers DSK a brillamment démontré que les intérêts de classe et la solidarité masculine primaient sur les soi-disant idéaux humanistes professés par ailleurs par certains de ses défenseurs.

    Cerise sur le gâteau, les « Femen » venues seins nus clamer leur position abolitionniste de la prostitution, ont été vigoureusement interpellées. Foin de libertinage, il était question de les inculper d’ « exhibition sexuelle », mais à ma connaissance, les pouvoirs publics n’ont pas à ce jour sombré dans ce ridicule… La répression ne s’exerce donc jamais à l’encontre  des dominants, mais seulement contre les dominé-es qui se révoltent.

     

     

    Voici quelques jours, à l’autre bout du monde en Inde, Mukesh Singh, l’un des accusés du viol en réunion d’une jeune étudiante dans un bus en décembre 2012 a, depuis sa prison, exprimé son point de vue, et dit tout haut ce que certains hommes pensent tout bas :

    « Une fille convenable ne se promène pas dans les rues à 21 heures. Les filles sont beaucoup plus responsables des viols que ne le sont les garçons. Filles et garçons ne sont pas égaux.

    Les filles doivent faire le ménage et s’occuper de la maison, pas aller en discothèque et dans les bars la nuit, à faire des choses inconvenantes en portant des tenues « mauvaises ».

    Il n’y a que 20% des filles qui sont correctes  ».

    Puis, il a clairement expliqué que si la jeune Jyoti ne s’était pas défendue, et n’avait pas appelé à l’aide, ils l’auraient juste « laissée après se l’être faite. » Elle aurait du se taire et se laisser faire. »

    La suite est d’une violence considérable, mais au risque de choquer nos lectrices et lecteurs elle est importante : « Les 15 ou 20 minutes qu’ont duré l’incident, je conduisais le bus…La fille criait « au secours, au secours, aidez-moi ! » Un des jeunes a tiré quelque chose d’elle, c’étaient ses intestins qui sortaient…alors nous l’avons trainée à l’avant du bus, et jetée dehors ».*

    Rien ne pourra nous faire croire qu’il s’agit de « pulsions sexuelles ».

     Jyoti a été violée à l’aide d’une barre de fer rouillée, jusqu’à l’éviscération, et elle est morte de ses blessures. Son fiancé, qui a essayé de l’aider, a été battu sévèrement et blessé. ( Ce qui prouve qu’être accompagnée d’un homme ne sert à rien, c’est le seul fait d’être dehors qui est un crime !)

    Nous sommes devant des actes de haine et de barbarie.

    En Inde, les manifestations qui ont suivi la mort de Joyti ont été massives, et mixtes !

    Les coupables ont été condamnés à mort pour cinq d’entre eux. Hélas, la peine de mort ne résoudra pas le problème des violences envers les femmes.

     

    Quelle différence entre la personne « empalée de l’intérieur » par un homme sans respect, et la malheureuse Joyti, violée jusqu’à la mort ? Juste une question de degré.

    L’une a survécu pour témoigner, l’autre pas.

    Mais en France, à part les Femen, pas de manifestations.

    Pour la France, ceux qui méprisent les droits des femmes, ce sont toujours les « autres », les sous développés, les sans culture, les immigrés, les étrangers, les musulmans.

    Et les religions sont les grandes accusées de tous les maux.

    Aucun des deux hommes dont nous venons de parler n’est musulman ; et DSK est le parfait exemple de l’ « homme de gauche éclairé » qui ne se réclame d’aucune confession.

    La domination masculine est un fléau qui tue. Elle est internationale et trans-idéologique.

    Alors, en ce 8 mars, nous avons encore fort à faire !

    Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras….

     

     

    Michelle. C. DROUAULT

     

     

     

    *source : Reuters, article de Shelly Walla, traduction personnelle.


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    Les auteures de ce blog sont heureuses de répercuter l’information de la Marche Mondiale de Femmes

    dont le mouvement « Osez le féminisme » est partie prenante.

    http://www.osezlefeminisme.fr/

    MARCHE MONDIALE DES FEMMES
    a l'occasion de la journée internationale des droits des femmes    
    RDV 8 mars 2015
    14h30 Place de la REPUBLIQUE


    L’égalité femmes-hommes dans les faits et dans les mentalités ne va pas de soi : harcèlement dans les transports, inégalités salariales, viols, violences dans le couple… Pour progresser, mesures politiques et moyens financiers sont les seuls à même de mettre en œuvre les changements à grande échelle au sein de la société. En France et partout dans le monde, la journée du 8 mars est l’occasion de pointer les difficultés d’accès à l’égalité et de mobiliser pour de réelles améliorations pour toutes les femmes !
     
    Si ces derniers mois des avancées ont été obtenues (vote d’une loi en août 2014 sur l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, annonce d’un plan IVG le 16 janvier dernier, mise en place d’un groupe de travail national pour lutter contre les violences dans les transports en commun…) force est de constater que la situation des femmes a peu évolué et qu’elle reste fragile. La politique menée par le gouvernement, notamment en matière économique a profondément dégradé les conditions de vie de beaucoup de femmes. Allongement de la durée de cotisation pour les retraites, fin de l’universalité des allocations familiales, travail du dimanche, toutes ces mesures ont ou vont particulièrement toucher les femmes et en particulier les plus précaires.
     
    Aujourd’hui plus que jamais, Osez le féminisme !  appelle toutes les femmes et les hommes à se mobilier et à descendre dans la rue pour avancer vers l’égalité réelle !

    Cette année, Osez le Féminisme est partenaire de la Marche Mondiale des Femmes. Pour en savoir plus:
    https://marchemondialedesfemmes2015.wordpress.com/

    Si vous voulez être militant-e dans la préparation de la manifestation du 8 mars à Paris 14h30 République, voici quelques propositions de distribution de tracts et collage. Merci de vous y inscrire en répondant au formulaire : https://docs.google.com/forms/d/1G21e0E74JO8DTZISTc0Vc5AlnBMUBTdlgozoj3rYQgo/viewform  

    en urgence!

    Anne-Cécile Mailfert

    Co-porte-parole d'Osez le Féminisme

     

     

     


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  • NOUS AVONS BESOIN DE VOUS !

     

    Les appels n’ont pas manqué, depuis les attentats de Janvier, pour exhorter les responsables religieux musulmans, ainsi que les simples fidèles, et même toutes les personnes de confession ou de culture musulmane, à un véritable « aggiornamento » de l’Islam.

    Chacun a donné de la voix et du geste.

     

    Un AUTRE DÉFI attend ceux qui sont de religion catholique, ou de culture catholique, qu’ils et elles soient fidèles, croyants, ou simples baptisés, mais non-croyants :

    Le Pape François tente une réforme de l’Eglise en profondeur, en donnant lui même l’exemple, pour qu’elle soit plus proche des démunis, plus conforme à l’Evangile, et plus ouverte.

    Par ses gestes envers les réfugiés de Lampedusa ; ses discours publics sur l’accueil de toutes les personnes quelle que soit leur orientation sexuelle, ou la « paternité responsable », il a donné le ton d’une autre image de l’Eglise.

    Or, à l’occasion du Synode sur la Famille, pour lequel François a pris soin de distribuer un questionnaire pour les fidèles pour connaitre leur sentiment(ce qui est une première !), et qui aura lieu en Octobre 2015, le Pape est l’objet d’une fronde pernicieuse et déclarée de prélats conservateurs et archaïques, appuyés par une partie de la Curie Romaine, soucieux de garder des privilèges et d’exercer un certain pouvoir, en particulier la domination et le contrôle des femmes.

    Vous trouverez en lien une interview du chef de file de cette contestation, le cardinal américain Burke, qui entend « viriliser » le catholicisme par l’E-mangelization( !), et considère que les divorcés remariés commettent l’adultère…Quant aux exclus et aux pauvres, il n’en parle même pas.

    Que le message de l’Evangile soit ainsi dévoyé est aussi grave que la radicalisation de l’Islam ou les rigidités misogynes du judaïsme orthodoxe.

    Nous ne pouvons tolérer qu’en notre nom, on présente au monde une vision de Dieu étriquée, infantilisante, désespérante.

    L’ouverture des religions au monde moderne par la réflexion et la concertation est un enjeu  indispensable pour la justice et la paix sociale.

    Que nul ne se permette plus de juger, de stigmatiser, d’exclure, de violenter, au nom de Dieu.

    Nous en sortirons grandis.

    Aussi, à cet effet, nous vous invitons, que vous soyez proche ou éloigné-e- de l’Eglise, à signer les pétitions de soutien au Pape François :

     

     

    Michelle C.DROUAULT et Michèle JEUNET

     

    http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/cafouillage/sexisme-ordinaire/4149-raymond-burke-un-cardinal-comme-une-caricature

     

    http://www.baptises.fr/content/je-soutiens-le-pape-françois

     

     

    http://www.parvisquebec.com/pape.htm


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  • C’est un hasard si nous avons publié hier, avant de prendre connaissance de l’attentat contre « Charlie Hebdo », l’article sur « une musulmane engagée ». Mais ce hasard est opportun :

    Il montre que , comme l’a dit le recteur de la Mosquée de Paris, ces attaques n’ont rien à voir avec l’Islam, ni avec l’ensemble des musulmans et musulmanes de France.

    La liberté de conscience, d’expression, de contestation, et même d’irrévérence lorsque c’est nécessaire, sont des valeurs que nous défendons sur ce blog.

    Femmes, nous savons ce qu’est la volonté de réduction de la pensée.

    Nous n’étions pas forcément d’accord avec eux, mais NOUS AUSSI, NOUS SOMMES CHARLIE !

     

     

    MCD et MJ


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  • « Très tôt j’avais remarqué que les hommes utilisaient les arguments religieux pour dominer les femmes. J’ai compris qu’il fallait passer par la connaissance approfondie des textes religieux pour contrecarrer ces abus. »….

    «  On peut utiliser les arguments théologiques pour casser les préjugés traditionnels »

     

    C’est ainsi que s’exprime Sabiha Husic, théologienne de l’Islam, psychothérapeute bosniaque, et directrice depuis 2007 du centre « MEDICA ZENICA », premier centre de thérapie pour les femmes victimes de traumatismes et de viols pendant la guerre de Bosnie.

    « Durant la guerre de Bosnie », explique-t-elle sur son site, « je suis devenue une réfugiée, et pour la première fois,  j’ai réalisé l’impact des traumatismes des femmes découlant de la guerre » (…) « En essayant de me guérir, j’ai voulu aussi guérir les autres femmes ; particulièrement  les survivantes de viols de guerre » (…)

    Sabiha réunit des groupes de femmes informels, puis travaille au centre « Medica Zenica ».

    Ensuite, elle devient diplômée de l’Université Islamique, et psychothérapeute.

    Le 19 Novembre 2014, l’organisation pour les droits des Femmes « Women For Women » (des Femmes pour les Femmes) lui décerne le prix 2014 de « Femme du Monde » pour son action efficace et acharnée, et ses programmes d’aide aux femmes victimes de viols de guerre massifs en Bosnie, sous forme d’aide juridique et médicale.

    Sabiha a mobilisé des femmes de toutes les religions, et a également été nommée :

    « Bâtisseuse de paix Interreligieuse ».

     

     Elle fait le constat qu’hélas, s’est établie dans les procédures juridiques une sorte de « hiérarchie du traumatisme » ; le viol vient en dernier, après les victimes de l’épuration ethnique et les victimes de torture. Et les femmes sont contraintes pour poursuivre leur plainte, d’apporter des preuves (!) et d’être confrontées à leurs agresseurs. Il n’existe pas pour elles de programme de protection spécifique.

    Beaucoup de victimes de viols ont amèrement reconnu leurs bourreaux qui mènent une vie paisible, et ont des pages facebook, tandis qu’elles doivent affronter l’indifférence ou la pression de leur famille pour taire ce qui leur est arrivé.

    Cela doit changer. Et l’impunité des violeurs doit cesser.

     

    La communauté islamique a aidé à l’acceptation par les familles et l’entourage, des problèmes et difficultés des femmes traumatisées : elle a fourni des médiateurs.

    Notons qu’une « fatwa » de 2008 a déclaré les femmes violées dans le cadre de la guerre de « shahida », martyres de l’Islam. Ce qui a contribué à assurer leur dignité.

     

    Nous ne pouvons que saluer, non seulement le courageux travail de SABIHA HUSIC, mais aussi la finesse et la perspicacité de ses analyses, que nous partageons :

    Les religions peuvent être un instrument de libération de femmes si elles se les approprient, et non un prétexte de domination.

     

    Michelle .C. DROUAULT

     

     

     


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  • D’après une récente émission télévisée, (les dossiers de Téva, Téva magazine, le samedi 13 décembre,)  l’hostilité à l’invisible « théorie du genre », aux A B C D de l’Égalité et  autres « Manifs pour Tous » en rose et bleu, ne seraient en fait que la concrétisation de stratégies de marketing…Oui, oui !

    En effet, à celles qui disaient « nous voici revenues 50 ans en arrière », je répondais « pas du tout, ça vient de sortir ! » Car si on se réfère aux catalogues et vitrines des années 50 et 60, et à nos souvenirs pour ceux qui le peuvent, les jouets n’étaient pas présentés comme « genrés » et étaient mixtes dans leur présentation : on y voyait classiquement un petit garçon et une petite fille, qui jouaient ensemble, souvent. A la stricte exception des poupées, j’en conviens.

    Cette émission bien documentée le confirme.

    La distinction n’a commencé à s’opérer que vers les années 80.

    Juste au moment où deux lois emblématiques venaient de renforcer la dignité des femmes (la loi Veil sur l’IVG, et celle sur le divorce par consentement mutuel). Est ce un hasard ?

    Cela n’a pas grand chose à voir, affirment plusieurs sociologues et chercheurs.

    Par contre les « stratégies de communication » et les « techniques de marketing se sont intensément développées.

    On s’est alors aperçu que des jouets mixtes et de bonne qualité pouvaient servir indifféremment à un frère ou une sœur plus jeune l’année suivante ; et aussi être offert collectivement à deux enfants ensemble (des jumeaux, par exemple, ou très proches par l’âge). Mauvais pour le chiffre d’affaires, mot magique dont on nous rabat les oreilles chaque Noël : la Bonne Nouvelle des chrétiens s’est transformée en bon résultat du chiffre d’affaires !

    Les commerciaux se sont peu à peu attelés à produire des catalogues séparés, des codes couleurs très tranchés, et à « fabriquer du désir genré » chez les enfants, si j’ose m’exprimer ainsi.

    C’est ce que dénonce avec humour le dessin rose et bleu « touche pas à mes stéréotypes de genre », avec un Zorro bleu et une fée rose.

    Il est comique de penser que l’Eglise catholique, qui vitupère à juste titre contre la société de consommation, se serait simplement engouffrée « à l’insu de son plein gré » dans le béni-oui-oui du marketing…

     Des expériences de testing sur des enfants de 3 à 6 ans, montrent qu’il n’existe aucun penchant « naturel » des enfants des deux sexes pour l’une ou l’autre catégorie de jouets.

    Ce sont les jeunes parents qui en ont été parfois les plus gênés : ils n’auraient pas imaginé que leur garçonnet adore jouer avec un baigneur et une poussette, ou que leur fillette se passionne pour les astronautes…il leur a bien fallu se confronter à cette réalité.

    Alors, les « Manifs pour Tous » orchestrées en sous-main par des industriels du jouet ?

    Nous n’en savons rien ; par contre, cette avalanche de rose et de bleu est surtout américaine.

    Et  elle introduit très précocement (trop) chez les enfants une conscience rigide de leur sexe, et une limitation de leur humanité.

    Autre bonne nouvelle : la cinéaste Agnès Varda s’est elle même définie comme une « féministe joyeuse » lors de sa distinction par l’European Film Academy.

    Est-ce que ce n’est pas formidable ? Malgré les humoristes de « la Barbe », et les militantes des « Femen », on dépeint souvent les féministes comme de tristes bonnets de nuit sans imagination…

    Joyeuses fêtes à toutes et à tous !

    Et à l’année prochaine !

    Dés 2015, nous recommencerons à vous parler de qu’est ce qu’être une femme en ce monde, et du rapport des femmes à la spiritualité.

     

    Michelle. C. Drouault

     

     

     

         

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    Les bonnes nouvelles de fin d’année !

    D’après une récente émission télévisée, (les dossiers de Téva, Téva magazine, le samedi 13 décembre,)  l’hostilité à l’invisible « théorie du genre », aux A B C D de l’Égalité et  autres « Manifs pour Tous » en rose et bleu, ne seraient en fait que la concrétisation de stratégies de marketing…Oui, oui !

    En effet, à celles qui disaient « nous voici revenues 50 ans en arrière », je répondais « pas du tout, ça vient de sortir ! » Car si on se réfère aux catalogues et vitrines des années 50 et 60, et à nos souvenirs pour ceux qui le peuvent, les jouets n’étaient pas présentés comme « genrés » et étaient mixtes dans leur présentation : on y voyait classiquement un petit garçon et une petite fille, qui jouaient ensemble, souvent. A la stricte exception des poupées, j’en conviens.

    Cette émission bien documentée le confirme.

    La distinction n’a commencé à s’opérer que vers les années 80.

    Juste au moment où deux lois emblématiques venaient de renforcer la dignité des femmes (la loi Veil sur l’IVG, et celle sur le divorce par consentement mutuel). Est ce un hasard ?

    Cela n’a pas grand chose à voir, affirment plusieurs sociologues et chercheurs.

    Par contre les « stratégies de communication » et les « techniques de marketing se sont intensément développées.

    On s’est alors aperçu que des jouets mixtes et de bonne qualité pouvaient servir indifféremment à un frère ou une sœur plus jeune l’année suivante ; et aussi être offert collectivement à deux enfants ensemble (des jumeaux, par exemple, ou très proches par l’âge). Mauvais pour le chiffre d’affaires, mot magique dont on nous rabat les oreilles chaque Noël : la Bonne Nouvelle des chrétiens s’est transformée en bon résultat du chiffre d’affaires !

    Les commerciaux se sont peu à peu attelés à produire des catalogues séparés, des codes couleurs très tranchés, et à « fabriquer du désir genré » chez les enfants, si j’ose m’exprimer ainsi.

    C’est ce que dénonce avec humour le dessin rose et bleu « touche pas à mes stéréotypes de genre », avec un Zorro bleu et une fée rose.

    Il est comique de penser que l’Eglise catholique, qui vitupère à juste titre contre la société de consommation, se serait simplement engouffrée « à l’insu de son plein gré » dans le béni-oui-oui du marketing…

     Des expériences de testing sur des enfants de 3 à 6 ans, montrent qu’il n’existe aucun penchant « naturel » des enfants des deux sexes pour l’une ou l’autre catégorie de jouets.

    Ce sont les jeunes parents qui en ont été parfois les plus gênés : ils n’auraient pas imaginé que leur garçonnet adore jouer avec un baigneur et une poussette, ou que leur fillette se passionne pour les astronautes…il leur a bien fallu se confronter à cette réalité.

    Alors, les « Manifs pour Tous » orchestrées en sous-main par des industriels du jouet ?

    Nous n’en savons rien ; par contre, cette avalanche de rose et de bleu est surtout américaine.

    Et  elle introduit très précocement (trop) chez les enfants une conscience rigide de leur sexe, et une limitation de leur humanité.

    Autre bonne nouvelle : la cinéaste Agnès Varda s’est elle même définie comme une « féministe joyeuse » lors de sa distinction par l’European Film Academy.

    Est-ce que ce n’est pas formidable ? Malgré les humoristes de « la Barbe », et les militantes des « Femen », on dépeint souvent les féministes comme de tristes bonnets de nuit sans imagination…

    Joyeuses fêtes à toutes et à tous !

    Et à l’année prochaine !

    Dés 2015, nous recommencerons à vous parler de qu’est ce qu’être une femme en ce monde, et du rapport des femmes à la spiritualité.

     

    Michelle. C. Drouault

     

     

     

     


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  • LES VIOLENCES MACHISTES SONT LA PREMIÈRE CAUSE DE MORTALITÉ DES FEMMES ENTRE 15 ET 44 ANS.

    EN FRANCE, CHAQUE HEURE, 10 FEMMES APPELLENT LE 3919 pour signaler un cas de violence,

    Ces violences mobilisent ici un budget de 25 millions d’euros par an…..

    Les violences envers les femmes sont internationales, constantes, et touchent aussi bien des enfants de sexe féminin que des femmes âgées.

    Elles recouvrent la sélection des fœtus féminins, l’infanticide, l’excision, le mariage forcé, le viol, les crimes d’honneur, les violences de couple, le manquement au droit à l’éducation et à la santé ; la prostitution, la discrimination salariale, le harcèlement au travail, la misère des veuves contraintes à mendier dans certains pays…..

    Elles ont pris depuis les années 90 un visage nouveau et particulièrement barbare : LE VIOL MASSIF COMME ARME DE GUERRE.

    Pratique reconnue avec beaucoup de difficultés (car personne ne voulait y croire) durant la guerre de Bosnie en ex-Yougoslavie, elle s’est étendue en Afrique, et s’y ajoute à présent l’enlèvement de fillettes et de jeunes filles.

    Les gouvernements semblent dépassés par la recherche des coupables.

    Réclamons que ces viols de masse soient qualifiés en CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ, et passibles du TPI : des témoignages précis montrent que ces viols touchent des enfants de moins de 8 ans, des femmes enceintes sur le point d’accoucher, des femmes âgées : il s’agit d’atteindre une ethnie ou un groupe tout entier au travers des femmes, qui transmettent la vie.

    Récemment, 80 femmes maliennes survivantes de ces viols au cours du conflit du Mali en 2012, se sont dressées pour réclamer justice.

    Nous sommes la moitié du Monde, résistons !

     

    Michelle. C. Drouault et Michèle Jeunet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    En Septembre dernier, les internautes norvégiens ont pu découvrir un blog bien insolite :

    Tout en rose et blanc, c’est celui de THÉA, 12 ans, qui annonce « Je m’appelle Théa, j’ai douze ans, et je vais me marier dans un mois ! »

    Suivent des photos des préparatifs, qui semblent amuser et émerveiller l’héroïne : bague de fiançailles, alliance, bijoux, maquillage, essayages de la robe de mariée, faire parts….c’est là que le malaise s’installe : le futur marié, GEIR, est âgé de 37 ans, et Théa ne le connaît pas, elle ne l’a encore jamais rencontré ; elle a juste vu des photos.

    Entre les pages euphoriques, se glissent des questions inquiétantes : Théa n’aura plus besoin d’aller à l’école, ni de travailler plus tard : son mari gagne assez d’argent pour deux….bien sûr, elle devra dormir avec lui : devra-t-elle avoir des relations sexuelles avec lui ?.. pour le moment, elle dort avec une peluche !.Suit le catalogue de lingerie « sexy » pour la nuit de noces, que la jeune fille dit consulter, et nous voilà de plus en plus mal à l’aise.

    Enfin, voici la vidéo du mariage à l’église. La petite mariée de douze ans entre, tremblante, seule dans l’église où son mari l’attend à côté du prêtre.

    Mais au dernier moment, lorsque celui-ci lui demande si elle veut bien prendre pour époux Geir, Théa secoue la tête et répond : « Non ! »

     La caméra se dirige alors vers l’assistance : des manifestants brandissent des pancartes »NON AUX MARIAGES FORCÉS ! » : Il s’agit d’un vrai-faux mariage.

     Les fiancés sont en fait une apprentie comédienne et un membre d’une ONG, qui ont accepté de jouer le jeu pour mobiliser le public. Car tant que la supercherie n’était pas découverte, les norvégiens se sont réellement mobilisés pour arrêter ce mariage ; un hash tag « stop the wedding » s’était même créé.

    Cette campagne intervient après le court film réalisé par Lisa Azuelos  à l’occasion du 8 Mars 2014 :« 14 millions de cris ».

     Julie Gayet y joue un rôle peu gratifiant : celui de la mère d’une petite française de douze ans Emma, qui rentre de l’école pour être mariée contre son gré à un sexagénaire, avec la complicité de tous les invités. Le film s’achève dans l’horreur d’un viol qu’on devine.

    Selon le Fonds des Nations Unies pour la population, ce sont en effet 14, 2 millions de jeunes filles par an qui sont mariées de force avant leurs 18 ans dans le monde.

     

    Fallait il montrer des fillettes occidentales pour être sûrs de sensibiliser le public européen à la réalité que recouvrent les mariages forcés en Afrique du Nord, de l’Ouest, au Moyen Orient … ? Oui, disent les militants ; tant que cela se passe ailleurs, on se réfugie derrière la « culture », la « différence », pour ne pas voir que des fillettes ne sont pas des femmes.

    Elles peuvent être biologiquement pubères, mais n’ont ni la capacité physique, ni la capacité psychique de supporter des relations sexuelles, dont elles ignorent tout et qu’elles ne désirent pas, et des grossesses, qui meurtrissent leurs corps ou peuvent les conduire à la mort.

    Au Yémen, une fillette de douze ans enceinte est morte après trois jours de travail et de douleurs, faute de prise en charge par des personnes compétentes.

    Non, un tel subterfuge n’était pas nécessaire, répondent d’autres personnes : notre capacité d’identification est elle si faible ?

    Les mariages forcés existent aussi en Europe. Ils concernent des filles majeures ou mineures, et ont lieu sur le territoire des pays européens, ou dans le pays d’origine.

    La fondation suisse « SURGIR » a recensé en 2006 1700 mariages forcés sur le territoire helvétique. (Source : journal »Le Temps » du 17/ 12/ 06) Certaines jeunes filles avaient la nationalité suisse, et appartenaient à la deuxième génération de migrants.*

     1/3 avaient entre 13 et 18 ans, 2/3 entre 18 et 30 ans. Seules 6 d’entre elles ont accepté de témoigner. Les services judiciaires et sociaux semblent s’être trouvés démunis devant ce phénomène, dont ils n’avaient mesuré ni l’ampleur, ni les rouages. Ils ont tenté d’établir la frontière difficile entre mariage arrangé et forcé.

     La conclusion qui s’est imposée est qu’un mariage forcé est un mariage auquel il est impossible d’échapper.

    Certains hommes subissent aussi des mariages arrangés sous pression, mais les conséquences sur leur santé, leur corps et leur psychisme sont moins dramatiques. Même lorsqu’un mariage forcé n’a finalement pas lieu, le stress émotionnel encouru par la victime est immense, car elle a eu peur pour son intégrité physique.

    Nous avons visionné et lu beaucoup d’enquêtes sur les mariages forcés, après avoir reçu dans un cadre professionnel nombre de femmes et de jeunes filles concernées.

    Ces mariages ne peuvent se produire que dans un contexte de total manque d’autonomie des filles ainsi fiancées. Quel que soit leur milieu de vie, elles sont conditionnées à ne pas prendre de décisions pour elles mêmes, à ne pas élaborer de projet de vie personnel, à obéir.

    Celles qui ont la force de se rebeller sont menacées de mort par leur père, leur frère, leur oncle. Ce sont les hommes de la famille qui semblent avoir intérêt à ces mariages. Ils sont souvent conclus pour honorer une dette, financière ou morale.

    En Europe, les hommes n’ont aucune hésitation à essayer de venir retrouver et harceler les filles dans les structures d’accueil où les dirigent les services sociaux.

    Les fiancées contraintes peuvent être originaires d’ex-Yougoslavie, de Roumanie, de Lituanie, de Turquie.

    Les parents peuvent « jouer le jeu » de la scolarité obligatoire, ou de l’âge légal du mariage à la majorité comme en France, mais c’est uniquement un minimum, honoré par peur de représailles des pouvoirs publics.

    Alors, est ce vraiment si éloigné ?

     

    Contrairement à ce que croit l’opinion publique, la religion n’a pas grand chose à voir avec les mariages forcés.* Il s’agit de TRADITIONS, extrêmement anciennes, parfois ante-islamiques ou chrétiennes, mais qui perdurent car elles maintiennent la domination masculine.

    Même quand ils sont interdits par la loi, ces mariages persistent.

    En Ethiopie, des chrétiens marient leurs filles dés quatorze ans.

    Au Kyrgyztan, ancienne république soviétique, la pratique des enlèvements et kidnappings pour épouser une fille, vient de la tribu des Manas.

     Elle a fait un retour en fanfare après la chute du communisme. Le Kyrgyztan est musulman, et les imams disent eux mêmes que ces mœurs violent l’Islam, et violent la loi. (ce serait pour enrayer ce genre de pratique que le Prophète aurait réglementé le mariage) Beaucoup de jeunes femmes ainsi mariées se suicident. Mais on ne parvient pas à éradiquer cette coutume.

    La situation est plus complexe qu’il n’y paraît : il s’agit souvent d’une mise en scène, où chacun tremble de ne pas assumer son rôle : la jeune fille sait très bien qui va venir l’enlever, et quel jour ; la fête est déjà préparée chez les parents du garçon. Mais il y va de son honneur, de sa réputation de « pureté » de se débattre et de crier, de refuser plusieurs fois de mettre le foulard de mariée que lui passe sa belle-mère, pour finir par céder. De même , le garçon a peur que les camarades qui procèdent à l’enlèvement pour lui ne soient trop violents.

    Personne n’est heureux, mais on se cramponne à cette tradition.

    Enfin, en Inde, les mariages d’enfants sont illégaux, mais ils continuent. La police peut intervenir, mais si elle le fait, les familles ont stigmatisées pour plusieurs générations.

     C’est également ce qu’expliquent des policiers afghans ; est ce la solution, demandent ils ? (reportage du « National Geographic » par Stéphanie Sinclair et Cynthia Gowney)

     

    Changer les mentalités est très long, cependant des millions de fillettes et de jeunes filles sont exclues par un mariage précoce de l’éducation et du savoir, de l’autonomie et de la possibilité d’un métier.

    Il s’agit d’un cercle vicieux : en raison de ces mariages précoces, il n’existe pas de professeures femmes qui puissent assurer l’enseignement dans certaines régions, aussi les filles ne vont pas à l’école. Et leur seul avenir est le mariage.

    Des campagnes audio visuelles comme celles que nous avons citées sont nécessaires pour que le monde entier comprenne que les femmes ne sont pas des sous-êtres humains, et qu’elles ont droit à l’enfance.

     

     

    Michelle .C. DROUAULT

     

    2 liens :

    http://theasbryllup.blogg.no

    http://www.lepoint.fr/culture/video-julie-gayet-dans-un-film-bouleversant-pour-la-journee-de-la-femme-07-03-2014-1798566_3.php

     

     

    Notes

     *1 les mariages de mineures étaient coutumiers, et avaient été conclus hors territoire suisse, à l’occasion de vacances. Néanmoins, la victime était obligée de cohabiter avec son « époux », le mariage civil étant prévu à sa majorité.

     

    *2

     

    certains théoriciens d’un Islam fondamentaliste mettent en avant le mariage du Prophète avec Aïcha, qui n’aurait eu que 9 ans…..mais aussi celui du même Prophète avec Khadidja, qui avait 15 ans de plus que lui ; pour dire que le mariage ne doit pas connaitre de limites d’âge.


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    AASIYA NOREEN BIBI (connue en Europe sous le nom d’Asia BIBI), jeune femme Pakistanaise de 37 ans, mariée et mère de quatre enfants, a été condamnée le 8 Novembre 2010 à la peine de mort par pendaison par un tribunal du Pendjab en vertu de la loi sur le blasphème.

    Chrétienne, elle aurait répondu à des voisines qui lui reprochait d’avoir souillé l’eau d’un puits en y puisant de l’eau, qu’elle n’était pas sûre que le Prophète aurait approuvé ce comportement…Accusée de blasphème, il lui a été demandé de se convertir à L’Islam pour « racheter » ses paroles ; ce qu’elle a refusé.

    Depuis, elle croupit dans une prison du Pendjab, dans des conditions sanitaires déplorables et dangereuses pour sa santé et sa vie.

    La loi de 1986 sur le blasphème au Pakistan touche aussi des Musulmans : depuis cette date, 452 d’entre eux ont été touchés, sur plus de mille condamnations, pour 456 Ahmadis, 132 Chrétiens et 21 Hindous.

    Mais pour le moment, Aasiya est la seule femme condamnée à mort à ce titre. S’étant vu dénier le droit à un défenseur, elle s’en est vu fournir un par la Fondation Mashihi, qui a fait appel.

    Le « Jinnah Institute » , ( en référence au fondateur du Pakistan , Muhamad Ali Jinnah, qui souhaitait un Pakistan laïc) qui s’occupe de son cas a relevé des irrégularités dans son arrestation et les dépôts de plaintes.

    Cependant, il est devenu héroïque de défendre publiquement la jeune femme : SALMAN TASEER, gouverneur du Penjab, a été assassiné le 4 Janvier 2011 pour l’avoir soutenue, puis SHABBAZ BHATTI, Ministre Chargé des Minorités Religieuses, lui même catholique, a été abattu le 2 Mars 2011.

    L’appel déposé par l’avocat d’Aasiya Bibi VIENT D’ÊTRE REJETÉ PAR LE TRIBUNAL CE JEUDI 16 Octobre 2014.

    Certains religieux fondamentalistes parlent déjà d’une victoire pour l’Islam !

    Une pétition de l’ACAT ( Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) circule, et a déjà recueilli plus de 5000 signatures en deux jours.

    La peine de mort est inacceptable ; la liberté religieuse des citoyens et citoyennes doit être garantie partout dans le monde ; la haine des femmes doit cesser !

    SAUVONS AASIYA BIBI, signez la pétition !

    http://www.acatfrance.fr/action/condamnation-a_mort_confirmee_pour_asia_bibi

     

     


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  • Dans une interview publiée dans le magazine « Télérama » de fin Juillet, Delphine Horvilleur, rabbin, ancienne journaliste, constate  « qu’il n’est plus possible que, dans un monde où hommes et femmes partagent leur érudition dans toutes les sphères de la société, synagogue, mosquée et église, soient les seuls lieux où la femme est réduite à sa fonction de mère et d’épouse »

    Nous recommandons à nos lectrices la totalité de l’article, dans lequel une des rares femmes rabbins qui existent en France reprend pour les contester les interprétations de la Genèse qui justifient soi-disant la « complémentarité » de la femme par rapport à l’homme : être relatif réduit à son sexe biologique. C’est à partir de l’hébreu qu’elle re-situe le véritable sens des termes, comme l’ont déjà fait plusieurs auteur-es catholiques

    ( voir le livre de André.WENIN, D’Adam à Abraham ou les errances de l’humain, Paris, cerf, 2007 p 57et suivantes ;

    voir aussi l’article de Michèle JEUNET sur le site du Comité de la Jupe : http://www.comitedelajupe.fr/du-grain-a-moudre/reflexions-bibliques-et-theologiques/adam-etait-il-un-homme-par-s-m-jeunet/ 

    ou sur son blog : http://aubonheurdedieu-soeurmichele.over-blog.com/article-une-interpretation-non-sexiste-du-2eme-chapitre-de-la-genese-87465317.html

     

    De même, avec beaucoup de finesse, elle pose la question du voile dans l’Islam, sans y répondre, bien sûr : s’agit-il d’une revendication de sujets autonomes, ou d’une lecture masculine des textes coraniques ?

    En fait, sommes-nous, femmes croyantes des trois monothéismes, l’objet d’immenses escroqueries intellectuelles et théologiques, visant à conserver aux hommes le pouvoir et la domination, ainsi que les décisions politiques ?

    Cet état de fait est-il en soi une violence supplémentaire envers les femmes ou encourage-t-il  simplement les violences faites aux femmes en général ?

     

    Irene Zeilinger,  auteure autrichienne, a publié en 2008 un « manuel d’auto défense à l’usage des femmes, « NON, c’est NON », dans lequel elle énumère toutes les formes de violence auxquelles elles sont sujettes, et elle les détaille :

    -la violence physique

    -la violence psychologique ou morale (qui a mis longtemps à être reconnue, et inclut la négation des perceptions de la victime) 

    -la violence sexuelle : agressions, viol (y compris conjugal), mutilations génitales

    -la violence économique (contrôle abusif sur les biens ou le salaire d’une femme, faire peser sur elle de manière inégale les charges du ménage, exploiter une femme âgée et vulnérable)  la violence émotionnelle (manipulation) ;

    -la violence sociale (isolement) ;

    -la violence intellectuelle ;

     et la VIOLENCE SPIRITUELLE.

    Elle définit celle-ci comme « tout comportement qui stigmatise les croyances religieuses ou culturelles d’une femme », mais aussi toute coercition : tentatives de conversion forcée à une religion différente, et « PRATIQUES COERCITIVES EXERCÉES OU JUSTIFIÉES DANS LE CADRE RELIGIEUX ». Elle y ajoute le fait, par ces pratiques ou discours, de nuire à l’estime de soi des femmes, et de véhiculer des stéréotypes d’infériorité genrée.

    C’est la première fois que nous voyons ce type de violence listée et reconnue, et nous ne pouvons qu’en féliciter l’auteure.

    Mais il nous appartient d’aller plus loin : quand nous sentons nous violentées dans le cadre de notre religion, quelle qu’elle soit ?

    Il m’est arrivé de me sentir brûlante de colère à la lecture de certains textes écrits par des responsables religieux masculins, pour dire une fois de plus aux femmes ce qu’elles doivent être, faire et croire.
    Peut-on une minute imaginer l’inverse ? Qu’une femme rabbin, ou évêque, tienne de grands discours publics sur le comportement, l’habillement ou les devoirs de ses coreligionnaires masculins ? Les femmes n’ont pas cette suffisance !

    Nous sommes également nombreuses à être sorties furieuses et humiliées d’une église ou d’une salle de prière, après avoir entendu des homélies ou des prêches qui nous traitaient en moitiés d’êtres humains, ou niaient tout simplement le respect du à nos vies, (comme les homélies catholiques qui soutiennent qu’un avortement ne doit être autorisé en aucun cas, même celui de danger pour la mère)

    La violence intellectuelle comprend l’empêchement de l’accès aux textes sacrés et à leur étude (femmes juives empêchées d’étudier la Torah dans le judaïsme orthodoxe par exemple), et le détournement des textes qui est une violence autant intellectuelle que spirituelle.

     

    Dernièrement, la nomination de femmes au titre d’évêques dans la religion anglicane a défrayé la chronique. Des évêques anglicans africains se sont opposé à cette réforme avec un argument théologique absurde : la Cène (le dernier repas du Christ) n’aurait compris comme « invités » (il ne s’agit pas d’un salon !) que des hommes… Sous leur apparente absurdité, ces propos sont extrêmement violents, et c’est ce genre d’arguments qui sont utilisés dans l’Eglise catholique romaine pour exclure les femmes de la prêtrise et de l’épiscopat avec l’autre argument similaire que Jésus n’auraient appelé que des hommes à être apôtres. Nous renvoyons, pour contredire ces arguments à l’excellent article du Père Joseph Moingt :

    http://femmes-ministeres.org/?p=202

     

    La violence spirituelle s’exerce envers nous chaque fois qu’au lieu de trouver la paix de Dieu et le moyen de nous améliorer et d’apporter cette paix aux autres en lisant un texte, en assistant à un office ou une prière, nous sommes confrontées à des propos qui nous trahissent ; nous renvoient une mauvaise image de nous mêmes ; rejettent la responsabilité des erreurs et fautes des  personnes de sexe masculin sur nous ; nous assignent une place obligatoire de servante(qui n’a rien à voir avec le service volontaire des autres),malmènent nos corps ; ou nous culpabilisent d’avoir voulu préserver nos vies en quittant un mariage toxique, ou en ayant recours à une interruption de grossesse indispensable.

    Que ces beaux parleurs sacrifient leur propre vie ! Ceux-là ressemblent aux pharisiens et aux légistes dont Jésus parle dans l’évangile de Luc 11/46 : «  Vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes ne touchez pas à ces fardeaux d’un seul de vos doigts »

    La violence spirituelle s’exerce à notre encontre chaque fois qu’on tente de nous persuader que des contraintes humiliantes ou absurdes nous conduisent au salut : une proche musulmane m’expliquait comment dans certaines régions on endoctrinait de très jeunes femmes afin qu’elles portent un niqab et des gants, des bas et des chaussures fermées, même par des chaleurs accablantes : chaque goutte de sueur les rapprocherait du Paradis !!

    De même, toutes les théories qui nous proclament « impures » à certaines périodes du mois parce que nous saignons, ne sont que des héritages de superstitions païennes, et d’ignorance du fonctionnement du corps humain. Rien de ce qu’a pu créer Dieu n’est impur.

    Le sang des menstrues est simplement celui qui n’a pas servi à implanter un embryon dans notre utérus. Celui de l’accouchement est le résultat d’un processus normal. Il n’existe aucune raison de se « purifier » après un accouchement. Le retour de couches est lui aussi un évident retour du corps de la femme à son fonctionnement ordinaire.

    Nous décréter impures ou dire que nous allons faire tourner la mayonnaise en cuisinant ces jours là relève de la même absurdité. Cela n’a rien à voir avec l’Amour de Dieu.

    Bien malheureusement, certaines femmes se font les courroies de transmission de telles pratiques, soit pour être bien intégrées dans leur communauté ; soit pour se venger sur leurs filles de ce qu’elles ont elles-mêmes subi, en espérant illusoirement se décharger du poids de leurs souffrances. Une jeune amie juive s’est trouvée très humiliée de se voir infliger par sa mère un bain rituel après une IVG.

    La violence spirituelle est un écran : elle empêche, au contraire les femmes de se rapprocher de Dieu, car elle les fait fuir les églises , les mosquées et les synagogues ; elles peuvent se laisser attirer par les philosophes athées qui énoncent que les religions ne sont que des empêcheuses de tourner en rond et de vivre, et qu’elles doivent être éradiquées.

    Ce qui doit être éradiqué, c’est la domination d’un genre sur l’autre, car la source de la violence spirituelle est là. Dans des sphères où les religions ne sont pas en cause, les

    présupposés sur la faiblesse, l’incapacité, ou la duplicité des femmes sont semblables.

    Il n’est qu’à relire les débats parlementaires sur le vote des femmes, chaque fois que ce sujet a été proposé au suffrage. C’est la religion, au contraire, qui a été accusée d’influencer les femmes et les rendre inapte à des droits civils, par des députés laïques et souvent athées qui leur niaient toute capacité de discernement.

    Quand ce n’était pas la religion, c’était leur Nature, leur conformation, leur devoir*….un véritable florilège d’incantations terrorisées par le simple concept d’égalité tant prêché par la Révolution.

    La violence spirituelle, c’est cette image d’un Dieu-Père Fouettard, de genre masculin évidemment, dont une des volontés premières serait de maintenir éternellement les femmes sous le boisseau par le biais de rites et de soumissions encastrés les uns dans les autres comme des poupées russes. Une volonté qui se serait manifestée uniquement à des hommes, dotés d’une sorte de téléphone rouge spirituel…

     

     

     

    Michelle.C.DROUAULT et Michèle JEUNET

     

     

     

     

     

     

    * Le philosophe René Rémond relève, dans son ouvrage sur l’antichristianisme contemporain, que dans les débats parlementaires sous la III éme République, l’Eglise a été accusée de soustraire les femmes, dans le secret de la confession, au « plus sacré des devoirs »….le devoir conjugal ! Les confesseurs semblaient conseiller en effet l’abstinence aux femmes qui ne voulaient pas enfanter chaque année ; abstinence qui obligeait leurs époux à porter un autre regard sur elles, peut être ? Dans le même temps, au Québec, le clergé enseignait aux épouses que se refuser à son mari était un pêché mortel…pour raison politique : il s’agissait de faire davantage d’enfants que les anglophones.


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  •  La presse européenne dans son ensemble  a diffusé l'information d'un charnier de 796 cadavres. C'est une erreur.

     

    Seuls 20 squelettes ont été trouvés(ce qui est déjà trop!)  CEPENDANT les actes de décès de 796 bébés et enfants , portant effectivement mention de malnutrition ou de maladie, ont été retrouvés sans être accompagnés de permis d'inhumer , ou d'indication de sépulture. Où sont ils ? cela crée un distinguo que nous nous devons de rétablir, bien que le restant de l'article comporte des questions essentielles qui demeurent.


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  • Le drame récent de la découverte d’un charnier de bébés et d’enfants dans le jardin d’un ancien couvent à Tuam, en Irlande, a provoqué la révolte de beaucoup d’européens.

    796 bébés et jeunes enfants, âgés de 0 à 9 ans et issus de mères célibataires, ont été jetés dans une fosse, enveloppés d’un sac de toile, sans véritable sépulture, ni moyen d’identification.

    Les causes de leur décès vont de la négligence à la malnutrition ou la maladie sans soins.

    Il s’agit d’actes d’une profonde déshumanisation, comme on a pu en voir durant la Seconde guerre mondiale, ou les génocides modernes de Bosnie ou du Rwanda : déchoir la vie humaine jusqu’à n’être plus qu’un détritus sans nom.

     

    Cependant, s’il est évident que ces actes odieux doivent être jugés avec rigueur ; leur traitement médiatique laisse perplexe.

    En effet, la plupart des hebdomadaires et quotidiens français, par exemple, présentent ce drame comme un énième méfait de l’Eglise catholique Irlandaise, exonérant ainsi la société qui, pendant plus de quarante ans, a réduit les mères célibataires et leurs enfants à la misère et à mendier la charité de religieux bornés ou fanatiques.

    Si des jeunes filles entre 12 et 25 ans ont été recueillies enceintes dans ce couvent entre 1926 et 1961, c’est que leurs enfants avaient des géniteurs qui se sont totalement désintéressés de leur sort et de celui de leur mère, tout en connaissant le rejet dont ils seraient l’objet.

    Si elles étaient parfois si jeunes, c’est probablement que nombre d’entre elles ont été violées ou abusées, parfois par des membres de leur famille. Rappelons que le viol et l’inceste sont des crimes. Certains de ces hommes sont peut être encore en vie.

    Enfin, les familles ont préféré jeter ces jeunes filles et femmes à la rue que les accueillir, comme le recommandait leur foi chrétienne.

    L’Etat qui finançait en partie ces foyers pour « filles-mères », a fermé les yeux, et n’a exercé aucun véritable contrôle sanitaire ou social sur ces établissements.

    Il est aisé de jeter la pierre à l’Eglise en la désignant comme source de ces mauvais traitements et de ces meurtres déguisés ; alors que c’est une société toute entière qui a fait porter aux victimes le poids de l’inconscience ou des abus d’hommes en général adultes, en  rejetant les mères non mariées comme des parias.

    Omettant le fait que les mères célibataires étaient aussi victimes de rejets violents dans l’Angleterre anglicane voisine, on a beau jeu de plaider « l’influence »paralysante de l’Eglise : chacun dispose son libre arbitre ; et garder à la maison sa fille enceinte et son enfant n’aurait mené personne à la prison.

    On oublie enfin que chaque baptisé reçoit la Parole de Dieu qui n’est que miséricorde et générosité, et qu’il relève de sa conscience de se laisser, ou non, persuader du contraire par des clercs sadiques et frustrés.

     

    Par ailleurs, le rejet des mères non mariées n’est nullement une caractéristique de la seule Eglise catholique, mais un problème universel et très ancien, qui relève de la TRADITION patriarcale ou tribale, et non de la religion, qu’elle appelle en général en renfort pour asseoir sa légitimité. Voici quelques mois, le film « Wajma, une fiancée afghane »  montrait le calvaire d’une toute jeune fille enceinte d’un amoureux peu fiable, qui voit toute sa vie bouleversée, et est l’objet de la violence aveugle de son père, qui la frappe, l’enferme, la prive de nourriture, lui retire le droit d’étudier, simplement en raison de « la honte » que constitue une maternité célibataire pour l’honneur de la famille, et finit par la contraindre à avorter contre son gré.

    Dans sa lutte contre les viols comme armes de guerre, le sénateur John Kerry rappelait que malheureusement, les jeunes filles ou femmes ainsi violées sont souvent rejetées par leur famille.

     

    Voir la barbarie ailleurs que dans son pré carré est une tentation, mais la barbarie envers les femmes est omniprésente, sous toutes les formes, dès qu’elles sortent de la zone de contrôle des hommes. Certaines femmes y contribuent par peur, ou intériorisation aliénante des codes dominants.

    Saluons la phrase magistrale de la journaliste Martina Devlin de l’ « Irish Indépendant », qui dans son article « The lost children of Galway » clame sa révolte devant ce que toutes les religions, toutes les traditions , affirment: « le péché n’est JAMAIS celui des hommes ! »

    Il nous appartient à tous et toutes de faire cesser cela.

    Michelle DROUAULT

     

     

     


    1 commentaire
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    Une bonne analyse, parue dans les  « Nouvelles News, l’autre genre d’info » de la tuerie de Santa Barbara du 23 mai.

     

    http://www.lesnouvellesnews.fr/index.php/civilisation-articles-section/civilisation-categorie/3682-elliot-rodger-assassin-misogyne

     

    Un jeune homme conduisant une voiture noire a délibérément ciblé des jeunes femmes qu'il a tué par balles avant d'échanger des tirs avec les forces de l'ordre. Il a été retrouvé mort dans son véhicule.
    La presse américaine mentionne le nom d'Elliot Rodgers. Il s'agirait donc du fils du directeur adjoint de la série de films «The Hunger Games», Peter Rodgers.
    Le bilan de la fusillade est de sept morts, dont le tueur. Selon les autorités, ses actes semblent avoir été « prémédités ».

    L’assassin a laissé une video où il déclare :

    « Je vais prendre un grand plaisir à toutes vous massacrer. Vous allez enfin voir que c’est en réalité moi qui suis supérieur. Le vrai Mâle Alpha. »

    (Article paru dans la Voix de l’Amérique du 27 mai)


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