• Prises entre le marteau et l’enclume, nous voilà passées au rouleau compresseur de postures

    idéologiques qui bloquent toute recherche impartiale, et ne permettent aucune réflexion.

    Après les propos de pompier pyromane d’un archevêque, qui nous promet une société apocalyptique (à lui aussi nous pourrions demander« sommes-nous en état de siège ? »), on nous signale les propos pour le moins surprenants d’une association pour l’homoparentalité.

    Dans une rubrique de questions-réponses, à l’interrogation « deux mamans, pourquoi pas ; mais deux papas ? », il est répondu entre autres ceci, pour justifier qu’un enfant puisse avoir  deux hommes comme parents : 

    « Rappelons nous que voici quelques décennies (sic), les mères bourgeoises confiaient leurs enfants à des nourrices, sans pour autant leur porter préjudice »

    Tout d’abord, quelques décennies, cela signifie 40, au plus 50 ans en arrière. Dans les années 1960, la pratique des nourrices avait totalement disparu, si ce n’est quelques nurses à domicile dans les beaux quartiers. Mais c’est l’absence prétendue de préjudice qui nous a donné envie d’effectuer un bref rappel historique du sort des enfants mis en nourrice :

     

    L’habitude de faire élever ses jeunes enfants en nourrice dés la naissance, commence discrètement en Europe à partir du Xème siècle, pour augmenter progressivement jusqu’au XIVème siècle, où apparaissent les premiers écrits concernant cette pratique.

    Mais au XVIème siècle, beaucoup de mères allaitent encore elles mêmes leurs enfants.

    En France, le plein essor des mises en nourrice se situe au XVIIIème siècle, avec une densité maximale au XIXème siècle.

    Notre pays a été celui où cette habitude a été la plus fréquente, et aussi celui où elle a causé un véritable « gâchis de vies humaines » peu à peu dénoncé par chroniqueurs, philosophes et médecins.

    Si la cause de cette pratique a d’abord été économique, touchant les épouses d’artisans, de commerçants, de maîtres ouvriers, qui avaient besoin de continuer à travailler avec leur mari pour la survie familiale ; le phénomène a bientôt touché toutes les classes sociales : des aristocrates, occupées par une vie mondaine, en passant par les bourgeoises, qui sans doute voulaient les imiter ; les commerçantes, et jusqu’aux épouses de compagnons ; toutes les jeunes accouchées des villes ont  massivement envoyé leurs bébés en nourrice.( Précisons qu’il n’existait à l’époque aucune alternative au lait de femme)

    A cela il faut ajouter les enfants illégitimes et abandonnés, envoyés en nourrice par des hospices souvent peu regardants sur les qualités des femmes recrutées.

    « Ce qu’on a appelé l’allaitement mercenaire », nous dit Emmanuel Le Roy Ladurie dans une étude sur le sujet, « est responsable d’une véritable hécatombe. Objectivement, c’est de l’infanticide ».

     En effet, les conditions sont telles que les enfants, dans une effarante proportion, meurent. Pourquoi ?

    Plus la famille était modeste, plus l’enfant était placé loin. Un nombre important de nourrices était recruté à la campagne. Philippe Aries (L’enfant et sa famille sous l’Ancien Régime) comme Elisabeth Badinter (L’Amour en Plus) ont décrit avec réalisme les charrettes de transporteurs de bébés vers les campagnes, qui circulent été comme hiver,  en laissant tomber quelques uns au passage, les laissant exposés au froid et aux intempéries diverses. Certains enfants sont déjà morts ou mourants à l’arrivée. Les nourrices campagnardes doivent continuer à vaquer aux travaux des champs, l’enfant ne leur procure qu’un petit revenu supplémentaire, aussi, elles le pendent souvent à un crochet à l’abri des animaux, où il croupit  dans son maillot jusqu’à la prochaine tétée…partagée avec le bébé de la nourrice.

    Certaines nourrices, dites « nourrices sèches », des veuves impécunieuses, souvent, nourrissaient les enfants de sortes de bouillies administrées par le moyen d’une corne (l’ancêtre du biberon), sans aucune hygiène, et les décès par maladie ou malnutrition étaient courants. On ignorait tout, à l’époque, des besoins des nouveau-nés et des règles d’asepsie.

    On peut imaginer aussi que la séparation brutale d’avec leur mère rendait les nourrissons encore plus vulnérables.

    Cependant, Rousseau a du être témoin de ces élevages meurtriers, car dans « l’Emile », il insiste bien sur la nécessité pour les mères d’allaiter leurs propres enfants, et le plaisir qu’elles en retireront. Il évoque la continuité entre la grossesse et l’allaitement, et les bénéfices que mère et enfant peuvent tirer de ce lien. Idées révolutionnaires qui ne remportent pas grand succès !

    En 1900, la moitié des enfants de France étaient encore élevés en nourrice ; 1/3 pour les enfants de parisiens, 1 sur 10 dans les petites villes.

    Pourtant, la surmortalité des enfants chez les nourrices campagnardes (au XVIIIème siècle, on avance le chiffre de 52% d’enfants français décédés entre la naissance et 6 ans !) finit par provoquer quelque émoi : en 1874, la loi Roussel « pour la protection et la vie des enfants de moins de deux ans » institue la surveillance des nourrices.

    Au XIXème siècle, la bourgeoisie renonce à l’envoi chez des nourrices mercenaires difficiles à contrôler. On recrute alors des nourrices à domicile, bourguignonnes ou bretonnes, trouvées soit par le bureau de placement des nourrices, soit par relations.

    Pour être plus sûre, cette pratique est aussi cruelle : la nourrice est obligée d’abandonner son propre nourrisson à une autre femme, elle même allaitante, et souvent plus pauvre. Certains y ont vu à juste titre un des aspects de l’exploitation d’une classe sociale par l’autre.

    L’enfant lui aussi s’attache à cette nourrice, parfois plus qu’à sa mère ; et la voilà renvoyée chez elle dés qu’il est sevré ! Beaucoup de témoignages concordent pour donner le récit de situations douloureuses, mais tellement banalisées que les protagonistes étaient dans l’incapacité d’exprimer leur désarroi.

    Peu à peu, une meilleure connaissance des besoins de l’enfant, des mécanismes physiologiques et psychologiques de l’allaitement, puis la découverte du lait en poudre,  ramèneront les enfants dans les bras de leur mère.

    Freud a été le premier médecin à évoquer la notion de plaisir réciproque de la mère allaitante et de son bébé.

    Malheureusement, médecins hygiénistes et moralistes transformeront vite ce plaisir en devoir, enfermant les mères bourgeoises au foyer, et tentant d’y faire rentrer les ouvrières. Mais n’était-il pas concevable qu’on veuille arracher ces femmes à la condition épuisante des travailleurs des manufactures ? De cette volonté viennent les lois de 1910 sur les congés de maternité et d’allaitement des travailleuses…

    La référence aux nourrices paraît pour le moins hâtive et hasardeuse si on veut affirmer qu’une mère n’est pas indispensable ; mais c’est surtout un immense pas en arrière quant aux découvertes scientifiques et psychanalytiques sur les relations in utéro et les relations mère-enfant.

    Alors, naïveté, ignorance ; ou tentative d’escroquerie intellectuelle ?

    A vous de juger…

    Michelle.C.Drouault

     


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  • Une catholique réagit aux propos de l’ancien archevêque de Paris, Mgr Vingt Trois, dont nous saluons le remplacement par Mgr Pontier, une personne résolument engagée aux côtés des exclus.

    Dans ce dernier discours, Mgr Vingt Trois estimait que la loi sur le mariage pour tous conduirait à une société violente, et engageait les chrétiens à faire leur examen de conscience, pointant du doigt leurs manquements ….

     

    Coupables ! Forcément coupables !

    Nous qui ne pensons que miséricorde et sommes sensibles à l’appel du pape François d’aller évangéliser aux périphéries, voici qu’on exige une adhésion totale et indiscutable à des thèses datées, excluantes et, notons-le, antiévangéliques.

    Encore une fois, prenons exemple sur Jésus, toujours aux côtés de ceux qu’on montre du doigt ! Et revenons à l’Incarnation : mystère accompli dans un temps donné, et court, et dans un espace géographique très circonscrit. Et pourtant pour le monde entier et de tous temps. Devons-nous  alors figer notre lecture ? Et figer les données sociales ? Assez déjà que les femmes soient écartées des responsabilités d’Eglise au motif qu’il y a 2000 ans, elles n’avaient pas le même rôle qu’aujourd’hui dans la société… Que dire aussi de l’indignation sélective[1] de l’Eglise[2] qui ne s’intéresse au libéralisme non régulé uniquement que lorsqu’il s’agit de morale familiale et sexuelle ?

    L’Eglise fait-elle semblant d’oublier que Jésus fut condamné au motif du blasphème certes, mais aussi parce qu’il était accusé de générer la violence sociale et de modifier radicalement l’ordre social ?[3]

    Les positions de l’Eglise veulent s’appuyer sur la Loi naturelle, oubliant qu’il n’y a pas plus anarchique que la loi naturelle ! Elles veulent s’adosser à la Tradition ; mais elles s’y engluent, car, comme le disait Jean XIII, celle-ci  s’élabore au fil du temps[4], comme la Création qui se construit jour après jour ; et de même que les progrès de toutes natures ont modifié la vie que nous menons, de même l’esprit humain, libéré par les enseignements de Jésus, se donne des libertés nouvelles.  Et pourquoi l’Homme, dans une relation toujours plus confiante avec son Dieu, ne serait-il pas capable de maîtriser les données nouvelles ? Dieu fait plus confiance à l’Homme que son Eglise !

     

    Clémence Cursol

    23.04.13


    [1] H.Lindell, la vie.fr  19.04.13

    [2] Même si les derniers papes ont pris des positions remarquables sur la défense des pauvres et  la condamnation du libéralisme à outrance.

    [3]  Ga 3,28 : Il n’y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni maitre, ni homme ni femme

    [4] Et d’ailleurs, peut-on considérer, par exemple que nos rituels, comme les règles d’organisation de l’Eglise, reproduisent ceux de la première Eglise ?


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  • Certains nous alertent sur la ressemblance périlleuse de la France d’aujourd’hui avec celle des années 30 : crise économique quasi mondiale ; chômage de masse ; manifestations de populations aux abois et en colère…d’autres évoquent la France des années 50, et des relents de poujadisme : défiance envers les politiques ; haine des « puissances de l’argent ».

    Je pencherais plutôt vers une France à la George Orwell : un pays qui se mobilise sur de purs fantasmes, et se laisse manipuler par ceux qui exploitent les peurs irrationnelles.

    Dans leur majorité, les opposants au mariage pour tous ont simplement peur. Leurs gesticulations sont totalement disproportionnées avec la réalité probable des futurs mariages tant redoutés : 1% des mariages !

    Ayant vite compris que la PMA et les « mères porteuses » suscitaient à juste titre inquiétude et hostilité, les organisateurs se sont tournés vers ce thème. Or, à l’heure actuelle, la PMA, qui concerne avant tout les couples hétérosexuels, relève, et c’est très bien, du Comité d’Ethique. Quant à la gestation pour autrui, le Président de la République a  réaffirmé publiquement son interdiction sous sa mandature. Dont acte.

    Ils réclament des débats ? Non seulement plusieurs centaines d’heures de débats parlementaires se sont déjà déroulés, mais la presse se fait l’écho de débats incessants de toutes les mouvances idéologiques et politiques sur le sujet.

    Alors ?

    Une professeure de Lettres et auteure (Florence Dupont)  nommait récemment « cauchemar identitaire » ce qu’évoquait pour elle ces images prédécoupées de « famille naturelle » brandies par les manifestants.(cette notion de quatuor normé ferait pouffer de rire n’importe quel anthropologue).

    Ils se disent exaspérés. Par quoi ? Qui les a lésés ? que leur a-t-on retiré ? que les empêche-t-on de faire ? Rien. La seule réponse à cette exaspération est une peur viscérale de voir disparaître la famille hiérarchisée, avec assignation genrée des rôles et des tâches.
    C’est pourquoi ils ont relancé la polémique moribonde sur l’inexistante « théorie du genre » (encore une invention fantasmée) ; tant les angoisse la possibilité que beaucoup de prétendues « aptitudes naturelles » ne soient des constructions sociales et culturelles. Ce qui n’abolit en rien la différence des sexes, que nul ne songe à nier.

    Cependant, là où nous retrouvons le fantasme, c’est que si 40% des enfants naissent à présent hors mariage, que leurs parents se marient ou non par la suite ; 70% d’entre eux vivent entre leur père et leur mère ! Il n’y a donc nullement péril en la demeure !

     

    Il en est de même de la panique causée par l’affaire de la crèche Babyloup dont nous parlions la semaine dernière.

    « Sommes-nous en état de siège ? » demande avec une certaine ironie Raphaël Logier, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques d’Aix en Provence.

    Dans un article intitulé « l’islamisation est un mythe », le sujet de l’affaire Baby Loup lui permet de dénoncer les fantasmes qui circulent en France sur l’Islam, et leur inflation galopante…

    En effet, on dirait que le simple port d’un foulard par une salariée est apparenté à « une catastrophe imminente qu’il faudrait éviter à tout prix, au prix même d’une violation des Droits de l’Homme ! ».  La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, de valeur constitutionnelle, protège dans son article 10 la liberté d’opinion Y COMPRIS RELIGIEUSE.

     

    Une pétition d’intellectuels, dont il fait partie, intitulée « NE STIGMATISONS PAS LES MUSULMANS »évoque une « laïcité dévoyée de son sens historique ».

     

    Vous trouverez ici ces deux textes, riches de réflexion/

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/28/ne-stigmatisons-pas-les-musulmans_3149730_3232.html

     

    http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/03/28/l-islamisation-est-un-mythe_3148954_3232.html 

     

    En conclusion, méfions nous des fantasmes. Si la plupart s’écroulent par la force de l’expérience empirique( le droit de vote des femmes, et la libéralisation de la contraception devaient amener le chaos !), d’autres déchaînent la violence.

    Monter en épingle des faits minimes, ou touchant des minorités, pour galvaniser les foules et exciter leurs craintes, est une tactique éprouvée.

    Souvenons-nous du « complot juif ». De la soi-disant « invasion » d’une immigration restée stable depuis 1931.

    Monseigneur Vingt Trois, archevêque de Paris, vient de nous prédire une société de violence…après avoir lui même allumé l’incendie d’un regain d’homophobie.

    Femmes et croyantes, résistons à cette France de science-fiction qui rejette, exclut, brandit des anathèmes, dresse des barrières.

     

    Michelle.C.Drouault

     


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  • Une polémique en chassant une autre, il semble que nos concitoyens français n’aient quitté les manifestations contre le droit au mariage pour tous, que pour crier au loup de la laïcité, avec….l’affaire de la crèche Baby Loup !

    Rappelons brièvement qu’une adjointe de cette crèche associative de banlieue parisienne avait été licenciée en 2008 pour avoir refusé d’oter son foulard pendant ses heures de travail.

    Si l’employeur,lors du jugement en tribunal des Prud’hommes, avait gagné en première instance ; la Cour de Cassation vient d’annuler ce jugement, estimant infondé le licenciement « pour faute lourde «  de la jeune femme, et le jugeant discriminatoire.

    Les employeurs ont déploré cette décision, qui, selon certaines personnalités intellectuelles et politiques, crée une « insécurité juridique » autour de la laïcité….

     

    Or, qu’est ce que la laïcité ? Elle est très strictement définie par la loi de 19O5 :

    Il s’agit de la laïcité de L’ETAT. L’Etat « ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte », par conséquent, les FONCTIONNAIRES de l’Etat sont tenus à une stricte neutralité religieuse.

    Les citoyens, eux , ont toute liberté d’exprimmer leurs convictions religieuses, liberté garantie par la Constitution de 1958.

    Les salarié-e-s d’entreprises privées ne peuvent en aucun cas être concerné(e)s par la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ! C’est ce qu’a déjà rappelé la HALDE, saisie de cette affaire, dans sa délibération d’Avril 2009.

    S’il existe une insécurité, elle est bien pour les salariés : en effet, après avoir avancé l’argument que certaines crèches ou garderies associatives sont en partie subventionnées par des fonds publics(mais les contrats de travail sont des contrats de droit privé)* ; on ne propose rien moins qu’une distorsion du Code du Travail pour rétablir le DÉLIT D’OPINION.

    Un projet de loi vient d’être déposé en hâte, visant à réglementer l’expression d’opinions, y compris religieuse, au sein des entreprises….

    Que stipule actuellement le Code du Travail ? L’article L 1121_1 indique que « Nul ne peut apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives, des restrictions

    qui ne seraient pas justifiées par la nature des tâches à accomplir ».

    Autrement dit, s’occuper d’enfants un foulard sur la tête nuit-t-il concrètement à cette tâche ?

    Certainement non. Voici vingt ans , beaucoup d’auxiliaires de crèches se serraient les cheveux dans un petit foulard blanc ou de couleur , afin d’aviter que les nourrissons ne se prennent les doigts dans leur chevelure, et ne portent des cheveux à la bouche…cette pratique est restée inaperçue !

    Le Code du travail ajoute qu’un règlement intérieur qui prévoirait une interdiction générale et absolue à tous ses salariés de tout signe religieux serait illicite, et puni par le code pénal(Art 225/1/4)…

    La loi semble juste et claire.

     

    Cette fièvre de laïcité conduit donc à envisager de bafouer des droits chèrement acquis,des dispositions législatives équitables, et de faciliter les licenciements « à la tête du client », en cette période de crise économique et de chômage massif !

     

    Les femmes sont déjà discriminées en raison de leur sexe et leur possibilité de devenir mères ; il va falloir y ajouter la ségrégation religieuse ! ( sans oublier les préjugés raciaux qui sévissent toujours en sous-main) .

     

    Pour « Baby Loup, qui a créé le scandale ?

    Dans cette banlieue à forte proportion de familles musulmanes françaises ou étrangères, il ne semble pas que des parents se soient plaints. L’employeur seul est monté au créneau.

     Mais on ne sera pas étonnée que figure dans le parrainage de la crèche une personnalité publique connue pour ses positions radicales sur certains sujets comme l’Islam ; et (bien qu’elle se proclame féministe) affichant des idées très anti-féministes sur la parité, la maternité, ou les mouvements de libération des femmes.

    Ce qui fausse considérablement la donne.

    Des pétitions ont été lançées, avec l’appui de journalistes, d’élus. Remettant en cause, jeu dangereux, la Loi, et la décision judiciaire alors que nul n’a été lésé….sauf la plaignante !!

    Ont suivi des sondages…

    Soi disant 83% des français seraient d’accord avec les nouvelles réglementations restrictives proposées. 

    Il ne s’agit évidemment que 83% des foyers INTERROGÉS, c’est à dire environ mille personnes,et nous ignorons comment la question a été posée.

    Mais la polémique a tant enflé que cette affaire de foulard à la crèche a même été évoquée dans l’interview du chef de l’Etat la semaine dernière !

    Comme pour la loi sur le niqab, qui ne concernait que 0,03% de la population; on légifèrerait, non pour l’interêt général, mais pour satisfaire des intêrets et des intolérances particulières, montés en épingle ? Sans ce que certains qualifient d’ » aéropage d’intellectuelles »(  une philosophe, une journaliste,une ancienne élue) cette affaire n’aurait absolument pas connu un tel tapage médiatique.

    Le résultat est qu’à l’intérieur de la crèche,l’ambiance parait très tendue, et préjudiciable aux enfants(dont encore une fois nul ne se soucie, sauf à fantasmer que l’on puisse faire du prosélytisme à un bébé de 18 mois !) L’avenir de cette structure est compromis, alors qu’elle était la seule à être ouverte 24H/24, pour faciliter la vie professionnelle et familiale des femmes.

    A l’extérieur, ce tapage augmente le racisme,la haine, la peur de la différence, la diabolisation de l’Islam….et par là même la crispation de ceux et celles qui s’estiment humiliés sans cesse.

     

    Le religieux serait il devenu obscène ? S’il était encore en vie, Roland Barthes se poserait sans doute la question avec délèctation.

    Mère française d’un militaire français tué par Mohamed Merah, Latifa IBN ZIATEN,* qui sillonne les banlieues pour y apporter  plus de paix et d’espoir, porte un foulard.

    Nul n’a encore eu, heureusement, l’outrecuidance de le lui faire remarquer.

    Saluons, au passage son combat.

     

    Michelle.C. Drouault.

     

     

    * en l’occurrence, aucuns moyens matériels ou financiers n’ont été fournis à la crèche par la municipalité

    *Mme IBN ZIATEN a publié recemment un ouvrage de témoignage :

    « Mort pour la France »

     

     


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  • « Notre espoir , c’est que l’égalité entre les sexes devienne une réalité au XXI éme siècle »

    C’est la déclaration récente de Michelle Bachelet, directrice exécutive d’ONU Femmes, et ancienne présidente du Chili.

    ONU Femmes est une nouvelle entité internationale, chargée de lutter contre toutes les violences et discriminations subies par les femmes, en faisant aux états des recommandations sur des législations et des pratiques non sexistes.

    ONU Femmes a demandé  que les états ne puissent plus avancer de traditions ou arguments d’ordre religieux pour justifier des violences ou des ségrégations….

    Pour en savoir plus :

    http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=29992&C=Bachelet&Cr1#.UVxlR5M9IU0


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  • Aujourd'hui, nous recevons Sabine H, qui nous explique comment son parcours de femme vers la liberté l'a amenée à passer du catholicisme au protestantisme. Il s'agit d'une démarche très personnelle, mais elle est intéressante.

     

    En Juillet 2010, Sabine H publie un manifeste intitulé « Pourquoi je vais quitter l’Eglise catholique romaine », suite au « Motu Proprio » de Benoit XVI,  proclamé le même mois.

    Ce texte a été le déclencheur d’une démarche qu’elle portait en elle depuis quelques années, « goutte d’eau qui a fait déborder le vase catholique romain » dans lequel elle baignait depuis plus d’un demi-siècle….

    Que contenait donc le vase, qui le mettait au bord du basculement ?

    La condamnation de la théologie de la libération, la remise au pas des prêtres ouvriers, la taxation de « relativisme » de certains champs de recherche, la volonté de déclarer « infaillible » la position du catholicisme en matière de mœurs, et la mise au ban des divorcés-remariés, et enfin l’écartement récent des petites filles du service de la messe.

    Le Motu Proprio a été le « trop ».

    Pourtant engagée dans son Eglise et sa paroisse du Sud de la France ( entre autres service celui des funérailles) Sabine a demandé à rejoindre l’Eglise Réformée. Pour vivre sa foi, elle affirme avoir besoin d’une communauté.

    A l’heure actuelle, elle fait partie du conseil presbytéral de l’Eglise Protestante Unie de France ( L’Eglise réformée et l’Eglise luthérienne viennent de s’unir)

     

    En substance, le « Motu Proprio » énonçait les « délits les plus graves » relevant de la Congrégation pour la doctrine de la Foi (

    Parmi ces délits, principal sujet de réglementation, les actes pédophiles. C’est un bien, et il faut savoir gré à l’ancien Souverain Pontife de sa volonté d’éradiquer la pédophilie au sein du clergé. MAIS AUSSI, était citée l’ordination des femmes, ou la tentative d’ordination d’une femme, qualifiée « d’atteinte à l’ordre sacré », tant de la part du donneur que de la receveuse.

    Et c’est là, pour Sabine, que le bât blesse, là que réside sa critique principale :

    La Bonne Nouvelle peut elle être réduite à l’ordre sacré ? demande-t-elle.

    Certes non !

    « Toute religion « païenne » a son sacré, sa caste d’hommes au pouvoir, ses rituels et ses sacrifices…..et une masse de « fidèles » qui ont obligation d’obéissance, et tremblent devant les châtiments annoncés de leurs fautes » explique Sabine dans son manifeste…

    « Or voici que le Fils d’un Dieu plein de tendresse vient proclamer « le shabbat est fait pour les humains ; et non les humains pour le shabbat » Toute sa vie publique, Jésus a lutté contre l’absolutisme des lois prises à la lettre et non dans un sens de vie ; l’emprise même de la famille ou des rites est recadrée  -« laissez les morts enterrer les morts »-.

    « Cet appel à l’ordre sacré pour excommunier toute personne ayant idée d’une prêtrise pour les femmes est pour moi le sujet d’une indignation profonde. C’est oublier que Jésus ressuscité est apparu en premier à Marie Madeleine, lui conférant le rôle de témoin et d’apôtre (« vas dire aux frères ») … Selon St Luc, les femmes ont été nombreuses à suivre Jésus ; et les plus présentes à la Croix, à l’ensevelissement, et au matin même de la Résurrection.

    Jésus n’a JAMAIS discriminé les femmes, louant même leur foi. »

     

    Quelle a été la conséquence pour Sabine de son passage à l’Eglise Protestante Unie de France ?

    « Maintenant, je suis libre » dit-elle « je ne suis plus responsable des positions du Pape (en tous les cas je ne les cautionne plus par ma présence dans l’Eglise catholique).

     Je crois que Dieu par le baptême m’a rendue libre, et je veux lui rendre hommage dans cette liberté là ! »

     

    Qu’a trouvé Sabine chez les protestants ?

    -La notion de « sacerdoce universel » : si le pasteur est absent, la communauté désigne un laïc (formé), et le culte est assuré ;

    -Une meilleure écoute des femmes : elles peuvent être pasteures depuis les années 50, et il existe un véritable essai de répartition des responsabilités hommes/ femmes.

    Néanmoins, s’il y a presque égalité numérique, l’égalité des fonctions n’est pas toujours atteinte, les hommes étant majoritairement dans des fonctions de pouvoir.

    Mais l’homélie de Madame la pasteure est accueillie avec autant de respect et d’attention que celle de son collègue masculin ;

    -la notion que la Vérité reste à trouver pour chacun dans la lecture de la Bible.

    -Chacun-e est justifié-e par la grâce, et non par les œuvres …

     

    Du nouveau Pape catholique, elle salue la simplicité, qui ouvre une brèche dans « l’ordre sacré », et elle espère un travail fructueux sur l’œcuménisme.

     

    Remercions Sabine pour le courage et la clarté de ses positions, et souhaitons lui, en cette période de Pâques, un cheminement dans la Foi que nous partageons avec elle…..et avec vous toutes, quel que soit le lieu spirituel où vous êtes croyantes !

     

    Michelle.C. Drouault

     

     


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  • Âgée de 8 ans, Naama M..s’en allait à l’école, dans une petite commune à l’ouest de Jérusalem, lorsqu’elle a été prise à partie et insultée par des ultra-orthodoxes juifs, sous le prétexte qu’elle n’était pas habillée « modestement », c’est à dire qu’elle n’avait pas les bras et les jambes intégralement couverts. C’était en Janvier 2012.

    Cet incident a été un des déclencheurs des manifestations qui ont eu lieu voici un an à Beith Semesh, en Israël, contre les diktats des « zélotes » qui avaient commencé d’instaurer une ségrégation de sexe dans les autobus(les femmes étant reléguées à l’arrière), et veulent qu’il en soit de même dans la rue ! Ils avaient aussi proscrit toutes les annonces ou publicités montrant des images de femmes, ne fut ce qu’un visage, interdisant l’espace public aux femmes jusque dans leur représentation.

    Les manifestations ont réuni plus de trois mille personnes, y compris des pratiquants orthodoxes qui s’estimaient discrédités par des opérations dignes des talibans.

    Le gouvernement Israélien a vigoureusement condamné ces pratiques discriminatoires.

     

    Si certains ont fait allusion aux tristement célèbres talibans, l’obsession de « modestie » des tenues vestimentaires des femmes avait aussi gagné quelques popes russes fondamentalistes, comme nous l’avions mentionné sur un autre site.

    Ce chorus hétérogène de religieux vise à déresponsabiliser totalement les hommes de leurs actes, en faisant porter le poids de leurs désirs, bons et mauvais, aux seules femmes.

    En supprimant les femmes, on supprimerait les mauvaises pulsions des hommes…

    Ce raisonnement est le même que celui qui conduit aux enquêtes sur les « mœurs » des victimes de viol en Occident, et sous-tendent toujours le même axiome : impures, les femmes conduiraient les hommes au péché ou à la faute.

    Cependant, ce qui nous a paru le plus grave est la discrimination supplémentaire qui s’établit entre les enfants : une fillette n’est pas une enfant comme les autres, elle est une femme en devenir, et à ce titre soupçonnée d’être mauvaise, et ne méritant pas la protection accordée à n’importe quel enfant-être vulnérable dans toutes les sociétés.

    Car enfin, qu’est ce qui peut pousser des hommes adultes à malmener une fillette, sinon une peur irraisonnée du Mal qu’elle est censée incarner, puisqu’une enfant de cet âge est en général habillée par sa mère ?

    Si le traumatisme subi par Naama continue de me préoccuper, c’est que je pense que toutes les discriminations envers les fillettes ont les mêmes racines, même si elles sont inavouées ou inconscientes, ou encore justifiées par de soi-disant louables intentions.

    Les petites servantes d’autel du rite catholique, écartées ou déguisées et reléguées, ne sont pas si loin de la fillette d’Israël. Il y a seulement des degrés dans les brûlures qu’on leur inflige.

    Atteinte au troisième degré, Naama mettra du temps à se remettre. Les manifestations qu’elle aura vues la réconforteront peut être. Effleurées au premier degré, les jeunes catholiques françaises éprouveront le même sentiment diffus : être considérées comme mauvaises ou dangereuses pour ce qu’elles sont.

    Récemment, début 2013, certains fondamentalistes ont suggéré que les petites filles devraient être couvertes dés trois ans…..*

    Le 1er Décembre 1955 en Alabama, Rosa Parks refusait de céder sa place à un blanc, et d’aller s’asseoir à l’arrière d’un autobus, espace réservé aux « personnes de couleur ».

    Arrêtée, elle déclenchait  l’immense vague du Mouvement pour les Droits Civiques.

    Espérons que les mouvements de protestation contre ces régressions insupportables servent de locomotive à un grand mouvement de prise de conscience de la dignité de tous les êtres humains sans distinction de sexe de race ou d’ethnie, qui amène davantage de paix.

    Michelle.C.Drouault 

    * Pour suivre : une érudite juive conteste les règles édictées par des religieux sur l’habillement des fillettes et des femmes, et interroge leur cohérence :

     

    http://www.modernorthodox.fr/article-rabbanim-cessez-de-vous-occuper-de-mon-corps-par-la-rabbanite-ayelet-livazone-113974027.html

     


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  • Pour les femmes chrétiennes, un « Conclave des femmes », parallèle au Conclave du Vatican pour élire un nouveau Pape, se réunira aujourd’hui 9 Mars à Paris.

    Beaucoup de femmes catholiques estiment en effet que le conclave du Vatican qui débutera le 12 Mars, ne réunit que « la moitié du Ciel », et qu’elles en sont l’autre moitié, jamais consultée. Elles veulent manifester qu’elles ont des choses à dire sur elles mêmes, et sur le chemin que peut prendre l’Eglise pour faire progresser toute l’humanité.

    Elles seront 72 femmes à siéger, comme les 72 disciples envoyés par Jésus en mission.

    L’Eglise doit inclure la voix des femmes, ces femmes sans qui elle péricliterait !

     

    Pour les femmes musulmanes, (et leurs sœurs coptes) ce combat : les femmes Egyptiennes ont décidé de lutter activement contre l’impunité dont bénéficient encore et toujours les auteurs d’agressions sexuelles, quel que soit le régime politique.

    En ce moment, les agressions menées contre des femmes manifestantes dans le secteur de la place Tahrir, sont incessantes.

    Les procédés sont malheureusement les mêmes que lors des manifestations contre le régime de Moubarak l’an dernier : un groupe d’hommes armés isole une femme des autres manifestants, la bouscule, et l’agresse sexuellement, ou tente de la déshabiller.

    Les hommes qui  essayent de défendre leurs compagnes ou leurs sœurs sont eux mêmes violemment agressés physiquement.

    Deux associations de défense des droits humains en Egypte : « Shoft Taharosh » (témoins de harcèlement) et « Opération Anti Sexual Harassment », sont intervenues auprès des pouvoirs publics. Elles exigent que soient menées des enquêtes approfondies pour déterminer qui sont les auteurs de ces agressions, et les traduire en justice.

    « Je ne me tairai pas »  a affirmé une militante, « Toutes les femmes d’Egypte doivent se réveiller ».

     

    Pour les femmes juives : chaque mois, depuis longtemps, les « Femmes du Mur » se rassemblent à Jérusalem devant le Mur des Lamentations, pour réclamer le droit de venir y prier dans les mêmes conditions que les hommes. Seule une minuscule part du Mur est actuellement réservée aux femmes, et elles ne peuvent prier qu’à voix basse (prétexte invoqué : la voix des femmes pourrait troubler les hommes dans leur prière !)

    Les « femmes du Mur » récitent à voix haute la Torah, et quelques unes portent un châle de prière ordinairement réservé aux hommes.

    Régulièrement, ces manifestantes sont arrêtées et interrogées par la police.

    Mais cette année en particulier, en février, la manifestation a été très importante.

    Y ont participé d’anciennes militaires de l’armée d’Israël, ainsi qu’une rabbin, madame le rabbin Susan Silvermann.

    Ces femmes en ont appelé à la Cour Suprême d’Israël. Il y va de leur dignité. Elles ne se laisseront pas faire !

     

    Partout, les femmes réclament de ne plus être exclues, reléguées, utilisées.

    Partout aussi, les femmes sont solidaires des exclus, et risquent leur liberté et leur vie pour les défendre : au Cambodge, depuis de longs mois, elles luttent contre les expulsions forcées et pour le droit au logement, ainsi qu’au Nigéria.

    Au Cambodge, deux militantes du droit au Logement ont été interpellées.

    Femmes, nous sommes courageuses et déterminées, femmes nous méritons le respect !

     

    Michelle.C. Drouault

     


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  • Heureux 8 mars

    à toutes

    et partout dans le monde

    Michelle Colmard-Drouault

    Michèle Jeunet

     


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  • Une jeune femme de 20 ans, vient d’être élue députée en Ouganda. 

    L’Ouganda a donc la plus jeune députée du monde. 

    Elle a été élue avec plus de 11 000 voix d’avance. 

    C’est une bonne nouvelle pour ce pays qui est encore largement gouvernés par des séniors. 

    Ce pays est à un rang honorable en termes de femmes ministres ( 15ème rang mondial) mais Proscovia

    Oromait devra surmonter le double handicap d’être jeune et femme 

    Vous pouvez avoir plus de renseignements en visitant le site suivant : femmesenresistancemag


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  •  Notre invitée est aujourd’hui Blandine de Dinechin, qui nous livre son commentaire d’un article du philosophe Michel Serres.

    Pour suivre, vous trouverez le commentaire du blog, car nous ne souscrivons pas totalement à la perception de l’auteure.

    Lire la suite...


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  •  LE V DAY, C’EST LE 14 FÉVRIER, JOUR DE LA ST VALENTIN, IL SIGNIFIE AUSSI LA VICTOIRE DE L’ARRÊT DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES !

    CE JOUR LA TOUTES LES FEMMES SONT INVITÉES À SE LEVER ET DANSER POUR DEMANDER UNE SOCIÉTÉ SANS VIOLENCE ENVERS ELLES !

    http://www.youtube.com/watch?v=gl2AO-7Vlzk 

     

    EVE ENSLER ET LE V. DAY !

    EVE ENSLER, auteure de théatre,créatrice d’évènements et activiste, est l’auteure des « Monologues du Vagin » ; pièce traduite en 48 langues , et jouée dans plus de 140 pays.

    L’œuvre se joue sans discontinuer depuis 11 ans à Paris , et à Mexico.

    Eve a été lauréate en 2002 de l’ »Olivier Award Nomination » à Londres.

    Son plus récent ouvrage « JE SUIS UNE CRÉATURE ÉMOTIONNELLE, LA VIE SECRÈTE DES FEMMES DANS LE MONDE »  est un livre publié en 2010 aux éditions « Random House » ; et le « New York Times a sélectionné ce livre comme « Best Seller «  de l’année.

    Eve Ensler est aussi l’auteure de beaucoup d’autres œuvres documentaires  et théatrales.

    Elle a écrit de nombreux articles pour « « The Guardian » (U.K) ; le « Washongton Post (USA), le Huffington Post, et en France le magazine Marie-Claire.

    Elle tient une chronique régulière dans « O Magazine ».

    En 2010, grâce au succés international de ses productions, elle a été nommée »l’une des 125 femmes qui ont changé notre monde ! ».

    L’expérience d’avoir monté « Les Monologues du Vagin » l’a incitée à créer le « V DAY »,

    Un MOUVEMENT GLOBAL POUR ARRÊTER LES VIOLENCES ENVERS LES FEMMES ET LES FILLES.

    Eve Ensler a voué sa vie à stopper la violence, et à envisager une planète où les femmes et les filles seront libres de se développer et réussir leur vie.

     

    V DAY est un mouvement mondial activiste pour faire cesser la violence envers les femmes et les filles. Il promeut les évènements créatifs permettant aux organisations anti-violence existantes de sensibiliser le grand public au viol, à l’inceste, la violence domestique, les mutilations sexuelles féminines, et l’esclavage sexuel.

    Les formes d’action sont nombreuses : représentations, lectures de textes, flasmobs ; groupes de discussion, évènements de bienfaisance.

    En 2012, plus de 5800 évènements ont eu lieu dans le monde.

    LE V DAY, C’EST LE 14 FÉVRIER !

    http://www.vday.org/fr/about 

     

    MCD

     


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  • Ces temps derniers, j’ai beaucoup entendu parler d’enfants.

    Mais il ne s’agissait pas des mêmes.

    A la Fondation Abbé Pierre, qui rendait publiques les conclusions de son travail sur le mal-logement en France, j’ai vu, dans des films d’enquête, des enfants entassés avec leur mère dans des logements exigüs où faire leurs devoirs était une gageure. Une petite fille dormait dans le même canapé-lit que sa mère et son frère ; deux jeunes garçons étaient contraints d’aller coucher dans un mobile-home fourni par les services sociaux pour ne pas continuer à vivre dans une maison sans chauffage. J’ai entendu, au cours de la réunion, des mères dénoncer le fait qu’elles étaient à la rue avec leurs enfants, et devaient chaque soir chercher un hébergement différent, épuisées et la peur au ventre ; des travailleurs sociaux découragés exprimer qu’ils n’avaient plus les moyens de protéger les enfants des expulsions locatives….

    Les familles monoparentales à la rue ou en habitat précaire ont augmenté de 60%  dans la population secourue par la Fondation. Qui dit familles dit, bébés, enfants, adolescents, dont l’avenir est compromis.

    Une ministre courageuse semble vouloir prendre le problème à bras le corps…

     

    Puis j’ai visionné un documentaire enregistré quelques jours plus tôt.

    Le sujet :les enfants élevés par des couples de même sexe, et leur vécu ; et les « combats » pour avoir un enfant, de couples également de même sexe.

    Là, les  maisons étaient vastes, confortables et chaudes. Chaque enfant disposait de sa chambre avec son bureau.

    Mais le discours des enfants donnait une curieuse impression de malaise.

    Une leçon bien apprise, pour certains. Malgré l’affirmation répétée de la normalité de la situation, la détresse se lisait sur plusieurs de ces petits visages, une détresse qu’ils ne se sentaient pas le droit d’exprimer. Une jeune fille disait être satisfaite de ses « trois mamans », mais on la devinait dubitative. Un tout jeune garçon ne pouvait cacher sa souffrance de s’entendre dire dans la cour du collège que son père était « une pédale ».

    Un bébé de trois ans s’entendait dire qu’elle « n’avait pas de papa », mais X, la compagne de sa mère.

    Plus tard, nous apprenions tout des tentatives d »insémination artisanale » de deux compagnes lesbiennes, qui n’hésitent pas à rencontrer dans un hôtel un complet inconnu.

    Pourquoi le recours à cette hasardeuse et périlleuse solution ? Une PMA à l’étranger revient à 50 000 euros. Une somme qu’elles n’ont pas.

    Beaucoup d’hommes semblent tirer profit de cette demande, et soit vendent leur semence, soit proposent une méthode « naturelle » aux candidates à la maternité, c’est à dire un rapport sexuel….Où se situe le consentement dans un tel rapport ?

    Un couple d’hommes a présenté son fils né en Inde de l’un d’eux et d’une donneuse d’ovocytes, par l’intermédiaire d’une mère porteuse. Un beau petit garçon, qui va à la crèche.

    Il  a été enlevé à sa mère dix minutes après sa naissance pour leur être remis. Le père et son compagnon s’indignent que le bébé soit sans papiers de résidence en France.

    Ensuite ,nous avons visité une clinique de mères porteuses en Russie.Une future mère y expliquait laborieusement que l’enfant qu’elle portait n’était pas le sien, et qu’elle ne voulait pas s’y attacher, ni le voir à la naissance. Rémunérée l’équivalent d’un an de salaire,elle n’avait pas le droit de voir l’échographie, qui était envoyée directement au « père ».

     

    Alors, je me suis demandé dans quel monde nous vivions.

    J’ai combattu avec force les discours homophobes de ces dernières semaines, et les manifestations de peur et de rejet. Certes. Je reste persuadée que la République s’honore en proclamant l’égalité de tous les citoyens à faire reconnaître son union par la société. Evidemment.

    Mais cela s’arrête là.

    Les dérives que nous voyons poindre sont terrifiantes.

    Nous ne pouvons ainsi jouer les apprentis sorciers quand le devenir d’enfants est en jeu.

    Remercions un député PS de l’avoir rappelé dans le débat qui a suivi le reportage.

    Comme l’a signalé un psychanalyste, l’égalité entre tous les enfants, c’est qu’ils sont tous issus d’un père et d’une mère ; et il faut qu’ils le sachent !

    Personne n’a « pas de papa », il a fallu un homme pour que tout enfant voie le jour.

    Personne non plus n’a « trois mamans »(il s’agissait en l’occurrence de la mère , de sa première compagne, et de la nouvelle). Il s’agit de « références maternelles », comme nous en avons souvent eu dans les familles élargies : des grand’mères, tantes, grandes sœurs ou cousines, qui nous « maternaient » ou avaient un rôle éducatif prépondérant, en relais avec notre mère.

    Mais la mère était une personne distincte, et chacun savait qu’il n’en avait qu’une ; même si les relations avec ces autres femmes étaient très fortes, et indestructibles.

    Quand au jeune garçon inquiet, à juste titre, des moqueries de ses camarades de collège ; on aurait aimé dire à son père que vouloir vaincre l’homophobie ne doit pas empêcher la lucidité; et qu’un peu moins de revendication ostentatoire eut été souhaitable . Ce jeune garçon avait une mère, chez qui il passait deux jours par semaine ; si c’était possible, y avoir sa résidence principale eut peut être été pour lui une situation plus confortable, et moins susceptible d’être questionnée. Avoir une mère divorcée est dans une cour d’école une situation banale. Cet enfant n’est peut être pas prêt à assumer sereinement la situation. Il n’a que dix ans !

    La marginalité de sa situation ne vient-elle pas de ce qu’on lui insinue qu’il a « deux papas » ?

    Or encore une fois, il ne s’agit pas de « deux papas », mais d’un papa et d’un beau-père, COMME CHEZ LES HÉTÉROSEXUELS. Les parents de cet enfant sont son père et sa mère, qui peuvent avoir chacun un conjoint. Peu importe leur sexe.

    La non-discrimination, c’est cela : tous les enfants logés à la même enseigne.

    Il semble en l’occurrence que les adultes fassent porter aux enfants leurs fantasmes : celui que deux personnes de même sexe peuvent faire un enfant ensemble. Ils peuvent en éléver un, mais pas le faire. La différence avec les enfants d’hétérosexuels, c’est qu’un enfant sait très bien que son beau-père n’est pas son père, ou que sa belle-mère n’est pas sa mère. Et les psychologues font  consensus pour dire que le beau-parent doit se garder de vouloir remplacer le parent d’origine. ( même si le père de naissance est un inconnu). Cela n’empêche ni l’affection, ni l’autorité.

    Dans tout cela, ces parents jouent un jeu dangereux :vouloir mêler leurs enfants à leur sexualité ; et parfois les mettre en toute bonne foi en position de porte-étendard de leur propre orientation sexuelle.

    La sexualité des parents ne regarde pas les enfants ; et vice-versa.

    C’est un tabou salutaire, malheureusement en voie de disparition. Les nombreux parents qui tolèrent sous leur toit les liaisons de leurs enfants font la même erreur. On en voit certains intervenir dans les ruptures et les réconciliations ! Je ne crains pas de dire que c’est absolument obscène, et irrespectueux de la vie intime de l’enfant/jeune adulte.

    Ceci est à différencier radicalement des générations qui cohabitent faute d’accessibilité au logement. Les jeunes couples qui ont une chambre chez leurs parents faute de logement indépendant expriment d’eux mêmes ce que cette solution a de gênant pour tous les occupants.

    C’est dire si toute ingérence involontaire dans l’intimité de ses ascendants ou descendants est douloureuse.

     

    Repensant à tous ces enfants, ceux de la rue et les mal-logés ; ceux des mères porteuses, et ceux nés d’un donneur anonyme, je me disais qu’ils étaient tous abandonnés, car nul ne s’identifie assez à eux pour écouter leurs besoins.

    Qui, des manifestants « anti-mariage » brandissant des images d’Epinal ;ou des couples d’hommes acceptant de payer 100 000 euros pour obtenir un enfant, se soucie vraiment du bien être de l’ensemble des enfants de ce pays ?

    Avant de penser à donner la nationalité française aux enfants nés de mères porteuses à l’étranger ; pourrait-t- on penser à tous les mineurs étrangers isolés, souvent traités comme des majeurs par commodité, ballotés, expulsés vers des pays qui ne leur offraient que la misère et leur barrait l’avenir ?  A tous les enfants dont les parents sont sans papiers, habitent des hôtels insalubres, qui souvent prennnent feu ? Ils devraient être les premiers prioritaires !

    Et si certains ou certaines ont des centaines de milliers d’euros à dépenser (mais surtout certains vu le clivage de ressources hommes/femmes),  qu’ils sachent qu’avec cent mille euros, on peut payer le loyer d’une famille pendant six mois, en parrainer les enfants, les accueillir chez soi, les aimer, les amener à un avenir meilleur.

    Vouloir faire le bonheur d’enfants à tout prix serait crédible dans ces conditions.

     

    L’interêt général est une notion républicaine précieuse. Et l’interêt de quelques uns, toujours les mêmes, les hommes blancs de classe aisée, est en train de vouloir subrepticement passer pour l’intêret universel ; laissant de côté l’absolu scandale de la misère de tant d’enfants en France. Dans certains départements d’Outre-Mer,  et dans certains arrondissements des grandes villes de métropole, des maladies jadis éradiquées font leur ré-apparition, et les premières victimes en sont les enfants.

    Avant de fabriquer des enfants par artifice, si nous nous promettions d’essayer d’assurer une vie décente à tous ceux qui sont là ?

     

    Michelle.C.Drouault

     

     

     


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  • Les représentations artistiques et graphiques de la famille au sein de son foyer, sont très récentes : elles prennent leur plein essor au XIXème siècle ; et on commence à en trouver en nombre certain à compter du début du XVIIème siècle.

    Les raisons en sont simples : jusqu’au XVIème siècle, il n’existe pas de délimitation nette entre la sphère publique et la sphère privée. Dans les villes européennes, les maisons communiquent entre elles, elles ouvrent sur les mêmes cours, les mêmes coursives, les galeries et les arcades où se pressent hommes, femmes, enfants vieillards, serviteurs, marchands. La vie est  avant tout sociale, dans la rue, dans le village ; et les diverses assemblées, fêtes saisonnières et religieuses rythment la vie collective, ne laissant qu’une faible part à l’intime.

    L’intimité n’est pas une valeur ; même la chambre conjugale est ouverte à tous vents…On vit sous le regard des autres.

                    L’école se fait au coin des rues et des places sur des bottes de paille, puis des bancs, à des assemblées d’ « écoliers » de tous âges : la notion de classe d’âge est totalement absente, ce qui compte, c’est le désir d’apprendre et de savoir ; nul ridicule à ce qu’un enfant de douze ans ait un niveau supérieur à un vieil homme qui souhaite s’instruire dans un domaine précis.

     

    Le concept d’ »enfance » est une découverte progressive.

    Jusqu’à la seconde moitié du XVIème siècle, les enfants sont considérés en êtres inachevés avant qu’ils n’aient l’usage de la parole ; puis, habillés en adultes miniatures, ils vivent au milieu d’eux, et sont priés de faire l’apprentissage des usages de leur milieu, et d’acquérir des capacités de discernement et de survie.

    Leur premier âge laisse indifférent-une indifférence de précaution, car ils peuvent si aisément être emportés par une maladie ou un accident-, irrité, ou encore amusé.

    Jugés incapables de comprendre ce qui les entoure, les jeunes enfants entendent tout des conversations et plaisanteries d’adultes, souvent à caractère sexuel ; ce n’est pas malséant. Sitôt sortis du berceau, ils n’ont pas de lit personnel, et dorment avec domestiques ou parents.

    Vers 7 ans, surtout pour les garçons, on commence à exiger d’eux décence et contrainte, afin de s’adapter à la vie collective, et de perpétuer la lignée, le commerce, le négoce ; en milieu rural le fermage et les cultures.

     

     La soi-disant « pureté » ou « innocence » de l’enfance, est une conception tout à fait nouvelle.

     Elle surgit au XVIIème siècle, avec les premiers traités d’éducation pour les deux sexes. (Jacqueline Pascal, Mme de Maintenon, diverses compagnies de Jésuites, les Oratoriens ; plus tard, Rousseau) Pour la première fois, on affirme l’utilité de séparer les enfants des adultes, pour ne pas « souiller » leur pureté initiale, et imprimer à leurs esprits mous comme de la cire, de bons principes.

    Si l’influence de l’Eglise n’est pas étrangère à ces changements, on note qu’en même temps, la sphère publique s’est rétrécie au profit du cercle privé.

    L’aristocratie et la bourgeoisie se retirent progressivement de l’espace et des réjouissances publiques, pour un « entre soi » de classe, *de salon ; coupé du « peuple », foule bigarrée et vivante qui occupe toujours les places les rues des  villes, bourgs et villages.

    C’est alors que la peinture représente davantage des portraits familiaux ou individuels  d’ « intérieur », marquant l’appartenance à une maisonnée.

    Néanmoins, la famille n’est pas encore nucléaire : cohabitent souvent deux générations (surtout en Europe du Sud) : le couple principal avec un père ou une mère veuf ou veuve, ou bien le couple et un frère ou une sœur encore célibataire. Bien souvent, les nombreuses morts des femmes en couches font cohabiter dans une famille les enfants issus de plusieurs lits.

    A cela s’ajoute la multiple domesticité ; Molière nous montre bien que le moindre quidam a toujours un valet. Cette domesticité n’est pas encore séparée des maîtres comme on le fera au XIXème ; elle participe pleinement à la vie familiale, et parfois est plus proche des enfants que leurs parents, qui conservent surtout un rôle d’autorité et de pouvoir.

    Cette demeure familiale, les enfants des classes aisées la quittent dés la naissance pour aller en nourrice, et y reviennent vers 7 ans, souvent pour repartir vers une institution religieuse, ou être confiés à une autre famille sous l’égide d’un « maître ». Les enfants des artisans et commerçants, bras indispensables, apprennent le métier soi chez eux, soit chez d’autres, pour revenir assurer la pérennité de l’entreprise.

    La famille, à taille variable, existe concrètement ; elle se resserre, pose des bornes, mais elle n’est pas encore exaltée, elle n’est pas un but ; le but principal est beaucoup plus la perpétuation d’une profession, d’un domaine, d’un lignage, d’une renommée, par le biais de la descendance.

    Pour notre grand bonheur, notre cher Molière a refusé de reprendre la charge de tapissier de son père….

     

    Peu à peu,  avec le concept de la spécificité de l’enfance, se fait jour le souci reconnu de leur éducation, au cours des XVII et XVIIIème siècles.

    C’est le développement de l’école par classe de sexe et d’âge, qui sert de viatique de passage vers l’âge adulte, et remplace l’apprentissage et le tutorat permanents de jadis.

    Les grands auteurs moralistes : Montaigne, Coulanges, Jean Baptiste de la Salle, ont réfléchi aux préceptes d’éducation nécessaires, relayés par les nombreux « traités », qui montrent une préoccupation grandissante de cette question, tant pour les garçons que pour les filles.

    En même temps, l’Eglise catholique a tourné la page du Sacré du Moyen Age pour se tourner vers les aspects moraux de la religion, sous l’influence des réformateurs.

    On rentre dans l’ère de « l’éducation chrétienne », sous la responsabilité des parents ; responsabilité qui est soulignée. Elle n’est plus dévolue à la collectivité, la socialisation passe du groupe à la famille : les bases de la famille moderne sont jetées.

    La représentation de la famille commence alors à être mise en exergue.

     

    Au XIXème siècle, la famille deviendra une véritable idéologie.

    Les raisons en ont été multiples : peur des ravages de l’industrialisation, découvertes scientifiques et début de l’hygiénisme, appels de pouvoirs politiques autoritaires à une morale religieuse, ou d’inspiration religieuse, pour limiter la contestation…des volumes entiers ont été écrits sur la question. Mais nous peinons à sortir de l’idéologie familialiste telle qu’elle s’est développée aux XIX et XXème siècle ; et certains ont tendance à confondre la « nature » avec cette construction issue des lentes évolutions successives de la pensée et des mœurs.

    La famille, et l’idée qu’on se fait du « bien des enfants », ou de leur intérêt, sont des notions mouvantes, datées, relatives.

    Cette relativité devrait nous amener à un peu de modestie ; et à éviter des proclamations naïves sur les « papas et les mamans » que les enfants devraient avoir constamment à leurs cotés pour bien se développer !

     

    Cependant, plusieurs questions paraissent dignes de réflexion :

    S’ils étaient loin d’être élevés dans la seule proximité constante de leurs parents, les enfants avaient en général la certitude leur filiation, réelle ou fictive. La honte de l’illégitimité, due au système patriarcal, semble avoir traversé les âges.

    Les questions de l’éducation et de la filiation sont donc distinctes.

    Enfin, ce regard permanent des autres, dans la vie sociale intense que nous avons observée précédemment, préservait- il davantage les enfants de la maltraitance ?

    Est ce que l’univers étouffant et triangulaire de l’époque moderne, de plus en plus réduit en raison du chômage et de la mobilité géographique, ne favorise pas la maltraitance par surcharge, exaspération, solitude ?

    Beaucoup de jeunes couples n’ont personne à qui confier leurs enfants pour faire des courses ou sortir,* et a fortiori peu de vie sociale. Nombre de jeunes mères n’ont plus l’étayage des autres femmes de leur famille pour les aider et les conseiller lorsqu’elles rentrent à la maison ; ce sont des professionnelles souvent débordées qui les remplacent, et pas systématiquement. On n’a jamais autant parlé d’ »aides à la parentalité » pour parents désemparés que depuis l’imposition de ce modèle familial.

    Surinvestis, surmobilisés, les parents de la famille nucléaire n’en peuvent plus…quand la famille n’est pas réduite à un seul parent, mère courage au sein d’un monde indifférent, et replié sur lui même.

    Voilà plutôt les enjeux de société sur lesquels nous ferions bien de nous pencher, au lieu de nous cramponner à des normes fluctuantes…

     

    Michelle.C. DROUAULT

     


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  • Bushra Almutawakel, est une photographe Yéménite qui vit et travaille à Sanaa.

    Née en 1969, elle est diplômée de l’Université d’Atlanta, en Géorgie, USA.

    Elle a travaillé pour des organisations internationales et humanitaires, avant de se consacrer à son propre travail photographique.

    En 1990, elle a été la première femme photographe au Yémen.

     

    A travers la photo,  le but de cette artiste est le questionnement des normes.

    Elle cherche à provoquer des débats sur les normes sociales. Ses images questionnent les manières dont les peuples les jugent, et ce qu’ils en font.

    Les questions d’identité sont un enjeu central de son travail.

    Ses principales œuvres sont : « Disparition » (2009), série de photos désormais devenues célèbres ; et récemment « What If », une autre série qui interroge le costume en fonction du genre des individus

    http://www.slate.com/blogs/behold/2012/11/29/boushra_almutawakel_photographingvariations_of_the_veil_photos.html

    http://www.slate.fr/grand-format/cinquante-nuances-de-voile-65983

     

     

    Le travail de Bushra m’a beaucoup intéressée, parce qu’il aborde la question du voile d’une façon particulière. On lui a reproché de critiquer et de défendre le voile, tout ensemble.

    Mais c’est plus complexe.

    Dans une de ses interviews, elle explique que « beaucoup de gens en Europe sont persuadés que les femmes voilées sont opprimées, arriérées, et non éduquées ; et c’est absolument faux ! »

    Ce qu’elle estime abusif, c’est de couvrir les petites filles (« il n’existe aucune recommandation à ce sujet dans l’Islam », précise-t-elle), ou les costumes de niqab qui ne laissent voir que les yeux, ou pire, obturent aussi le regard des femmes.

    Ne pas pouvoir voir les lèvres de celle qui parle, ou son regard, est pour elle une amputation, un effacement dramatique.

    Son approche de la dissimulation, du masque, est intéressante : elle établit un parallèle entre le voile intégral et le maquillage épais et stéréotypé en Europe : dans les deux cas, une femme est dissimulée derrière un masque social.

    A titre personnel, elle préfère les voiles traditionnels de couleur bariolée, qui ne couvrent pas totalement la chevelure ; et ont plutôt une connotation culturelle.

    Cependant, la loi française sur le voile intégral lui est apparu comme une interférence avec les droits humains de chaque individu de se couvrir ou se découvrir comme il (ou elle) veut, et de se vêtir à sa convenance.

    C’est aussi ainsi que je l’avais ressenti, et ma position avait énormément de difficulté à se faire entendre en France, tant les stéréotypes sur les Musulmans sont prégnants.

     

    L’humour de Bushra n’est pas compris de tout le monde.

    Elle interroge les normes de genre par une attitude ludique, en bousculant les attentes du spectateur.

    Sa deuxième série a été très mal comprise en Occident : certains croyaient qu’elle souhaitait le port du voile pour les hommes aussi !!!

    Pour le moment, elle travaille sur les poupées ; la poupée « Fulla », homologue orientale de la poupée Barbie, qui porte une garde-robe d’abayas, de hijabs, et de costumes traditionnels orientaux. A travers une poupée, dit-elle, on peut faire passer beaucoup de messages et de questions.

    Bienvenue à Bushra Amultawakel dans la ronde des femmes créatrices !


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  • Le mercredi 18 avril 2012, le Vatican avait décidé une réforme complète de la Conférence des religieuses des États-Unis, la Leadership Conference of Women Religious, (LCWR) l’organisme rassemblant plus des 80% des sœurs vivant aux États-Unis (plus de 50 000 membres).

    La Congrégation pour la Doctrine de la Foi du Vatican reprochait notamment aux sœurs de trop « axer leurs travaux sur la pauvreté et l’injustice économique » et leur  » absence de soutien aux enseignements de l’Église sur l’ordination des femmes et sur l’homosexualité. » Elle déplorait aussi « leur silence » concernant le droit à la vie de sa conception à la mort naturelle. De fait, le soutien des religieuses à la réforme de la santé du président démocrate qui comprend tout un volet de médecine reproductive et contraceptive – n’est certainement pas étranger à leur recadrage.

    Comment allaient-elles réagir ? Elles se sont retrouvées cette été et forte du soutien d’une grande partie de la population des USA, elles ont décidé, certes de rencontrer l’évêque délégué par Rome mais sans  aucune soumission,  elles gardent le cap fondé sur leur fidélité à l’Evangile et ont même la prétention de faire comprendre à Rome les raisons de leurs options !

     

    Pour prendre la mesure des options de ces religieuses américaines, vous pouvez  aller voir la vidéo du discours de Sr Simone Campbell, lors d’un meeting démocrate. C’est en anglais mais la traduction française est en dessous. Quelle fougue. C’est un moment de bonheur de voir l’engagement de cette religieuse, sa joie, son audace. Ce discours a été mis en ligne grâce au site du Comité de la Jupe que nous avons mis en lien de notre blog.

     http://www.comitedelajupe.fr/dans-la-presse/avec-soeur-simone-campbell-les-religieuses-sortent-de-l%E2%80%99ombre/

     

    Ci-dessous, vous trouverez aussi l’intégralité du discours de la Présidente de la LCWR, Sr Pat Farrel : un texte magnifique.

    Voici un extrait pour vous donner envie de tout lire :

    « Nous pouvons vivre dans la joie de l’espérance parce qu’il n’y a pas d’herbicide

    politique ou ecclésiastique qui puisse étouffer le mouvement de l’Esprit de Dieu. Notre

    espérance est dans la puissance de Dieu, une puissance absolument impossible à endiguer.

    Et c’est ainsi que nous vivons l’espérance joyeuse, prêtes à être de mauvaises herbes toutes

    tant que nous sommes. Nous vivons de la puissance de la mort et de la résurrection de Jésus.

    Je garde au coeur une expression de cette foi, qui remonte à l’époque de la dictature au

    Chili : Pueden aplastar algunas flores, pero no pueden detener la primavera. Ils peuvent

    écraser quelques fleurs, mais ils ne peuvent pas retarder le printemps. »

     

     

    Les virages et l’art de naviguer

    Pat Farrell, OSF

    Allocution de la présidente, Assemblée 2012 de la LCWR

    L’allocution que je vais vous donner n’est pas celle que j’avais imaginée. Après la sérénité

    contemplative de notre assemblée de l’été dernier, j'envisageais simplement de développer,

    du point de vue de la vie religieuse contemporaine, certains aspects de la nouveauté que

    Dieu continue de susciter. De fait, la nouveauté s’est imposée à nous. Mais je ne pensais pas

    vraiment à l’évaluation doctrinale.

    Il s’est manifestement produit un virage ! Un mouvement important dans l’Église, dans le

    monde, a atterri chez nous. Nous vivons un temps de crise, ce qui est déjà porteur d’espoir.

    Notre conférencière principale Barbara Marx Hubbard l’a bien montré, la crise précède la

    transformation. Il semblerait qu’une transformation ecclésiale, voire une transformation

    cosmique, cherche à percer. L’évaluation doctrinale que nous avons reçue nous donne

    l’occasion d’y contribuer. Nous n’avons pas recherché cette controverse. Mais je ne pense

    pas qu’elle nous soit arrivée par hasard. La visite apostolique a galvanisé la solidarité parmi

    nous. Notre réflexion sur la vie contemplative a fait mûrir notre profondeur spirituelle. Ce

    sera bientôt le 50e anniversaire de Vatican II. Pour nous qui avons pris à coeur le Concile et

    qui avons été façonnées par lui, c’est très important ! Autant de signes qui nous font

    reconnaître avec une clarté émouvante que nous vivons une heure bien différente. Je vois

    que ma prière, ces jours-ci, prend souvent la forme des lamentations. Oui, un déplacement

    s’est produit ! Et nous voici dans l’oeil d’un cyclone ecclésial, sous les projecteurs, un micro

    planté devant nous. À quoi sommes-nous invitées, où est l’occasion à saisir, la responsabilité

    à prendre? Notre énoncé de mission nous rappelle que le temps qui nous est donné est

    sacré, que l’autorité dont nous sommes investies est un don et que les défis qui se

    présentent sont des grâces.

    Je pense que ce serait une erreur d’accorder une importance démesurée à l’évaluation

    doctrinale. Nous ne pouvons pas la laisser accaparer une trop grande part de notre temps et

    de notre énergie, nous distraire de notre mission. Ce n’est pas la première fois qu’une forme

    de vie religieuse heurte l’Église institutionnelle. Et ce ne sera pas non plus la dernière. Nous

    avons vu une visite apostolique, la Commission Quinn, l’intervention du Vatican à la CLAR et

    chez les Jésuites. Plusieurs des fondateurs et des fondatrices de nos instituts ont dû lutter

    longuement pour obtenir la reconnaissance canonique. Certaines, certains ont même été

    réduits au silence ou excommuniés. Quelques-uns, comme Mary Ward et Mary McKillop,

    furent ensuite canonisées. Il y a une tension existentielle inhérente aux rôles

    complémentaires de la hiérarchie et des religieux, et il est peu probable qu’elle disparaisse.

    Dans un monde ecclésial idéal, ces différents rôles sont assumés sous une tension créatrice,

    dans le respect et l’appréciation mutuels, en un contexte de dialogue ouvert, pour

    l’édification de l’Église universelle. L’évaluation doctrinale semble indiquer que nous ne

    vivons pas aujourd’hui dans un monde ecclésial idéal.

    Je pense aussi que ce serait une erreur de sous-estimer l’importance de l’évaluation

    doctrinale. L’impact historique de ce que nous vivons est évident pour chacune de nous. Il

    ressort du soin avec lequel les membres de la LCWR ont su réagir et ne pas réagir, en

    s’efforçant de parler d’une seule voix. Nous l’avons perçu lors d’entretiens privés avec des

    prêtres et des évêques inquiets. Cela transparaît dans la vague d’appuis que nous recevons

    de nos frères religieux et des laïcs. De toute évidence, ils partagent notre inquiétude devant

    l’intolérance face aux opinions divergentes de personnes dont la conscience est éclairée, ou

    devant le rôle étriqué qu’on continue de réserver aux femmes. Voici quelques extraits de

    l’une des nombreuses lettres que j’ai reçues : « Je vous écris parce que j’observe ce qui se

    passe à ce moment charnière dans l’histoire spirituelle de notre planète. Je crois que tous les

    fidèles catholiques se doivent de se joindre à vos efforts et qu’il faut traiter cette crise

    comme le catalyseur qui déclenchera au 21e siècle un débat ouvert en lâchant un courant

    d’air frais sur toutes les verrières du pays. » Oui, les enjeux sont considérables. Dans tout

    cela, nous ne pouvons qu’avancer dans la véracité et dans l’intégrité. Espérons que nous

    saurons le faire dans un esprit qui contribuera au bien de la vie religieuse partout dans le

    monde et à la guérison de l’Église fragmentée que nous aimons tant. Ce n’est pas simple.

    Nous sommes sur la corde raide. Heureusement, nous avançons ensemble.

    À la lumière de la communication de Barbara Marx Hubbard, il est facile de voir dans ce qui

    se joue à la LCWR le microcosme d’un monde en évolution. Niché dans le vaste changement

    de paradigme en cours aujourd’hui. L’effondrement et la percée cosmiques que nous visons

    nous offrent un contexte plus large. Nombre d’institutions, de traditions et de structures

    semblent se dessécher. Pourquoi? Je pense que les assises philosophiques de notre façon

    d’organiser la réalité ne tiennent plus. La famille humaine est mal servie par l’individualisme,

    le patriarcat, l’obsession de la rareté ou la concurrence. Le monde fait éclater les structures

    dualistes (supérieur/inférieur, gagner/perdre, bon/mauvais, domination/soumission).

    Émergent à leur place l’égalité, la communion, la collaboration, la synchronicité,

    l’expansivité, l’abondance, l’intégrité, la mutualité, l’intuition et l’amour. Ce virage, quoique

    douloureux, est une bonne nouvelle ! Il annonce un avenir porteur d’espérance pour notre

    Église et notre monde. Élément naturel du progrès de l’évolution, il ne nie et ne sous-estime

    aucunement ce qui a précédé. Et il n’y a pas lieu non plus de craindre les mouvements

    cataclysmiques de la spirale du changement autour de nous. Il suffit de prendre conscience

    de ce mouvement, de s’y glisser et de se laisser porter par lui. En fait, toute la création gémit

    dans les douleurs d’un grandiose enfantement. L’Esprit de Dieu continue de planer sur le

    chaos. Ce qu’exprime le poème bien connu de Christopher Fry :

    Le coeur humain est capable d’aller jusqu’au bout avec Dieu.

    Il peut faire froid, il peut faire nuit

    Mais ce n’est pas l’hiver.

    La glace de la misère des siècles se fissure, se brise, se met en marche.

    Le tonnerre qui gronde est celui de la banquise.

    Le dégel, le déluge, l’éclosion du printemps.

    Dieu soit loué, ce temps est à nous:

    Le mal se dresse devant nous de toutes parts

    Il ne partira pas que lorsque nous aurons osé

    Faire le plus grand pas spirituel qu’on ait jamais fait :

    L’enjeu est désormais à la mesure de l’âme.

    Le projet, c’est l’exploration de Dieu… Christopher Fry – A Sleep of Strangers

    J’aimerais vous suggérer quelques façons de naviguer à travers les changements grands et

    petits que nous connaissons. Depuis l’avenir, Dieu nous appelle. Je suis convaincue qu’on est

    en train de nous préparer à une nouvelle irruption du Règne de Dieu. Qu’est-ce qui peut

    nous y préparer? Peut-être trouvons-nous des réponses dans notre ADN spirituel. Des outils

    qui nous ont servi pendant des siècles sont encore, me semble-t-il, une boussole capable de

    nous guider aujourd’hui. Examinons-en quelques-uns, un par un.

    1. Comment naviguer? Grâce à la contemplation

    Comment pourrions-nous aller de l’avant sinon en partant d’une prière profonde? Nos

    vocations, nos existences commencent et culminent dans le désir de Dieu. Pendant toute

    une vie, nous avons été attirées par l’union au mystère divin. La Présence est notre véritable

    demeure. Le chemin de la contemplation, que nous avons suivi ensemble, est la voie la plus

    sûre vers l’obscurité à travers laquelle Dieu nous guide. Dans l’impasse, seule la prière crée

    l’espace où puisse émerger ce qui veut se manifester. Nous sommes aujourd’hui dans

    l’impasse. Il nous faut recueillir notre sagesse collective. Elle germe dans le silence, comme

    nous l’avons vu pendant les six semaines qui ont suivi la publication du mandat de la

    Congrégation pour la doctrine de la foi. Nous attendons que Dieu sculpte en nous un savoir

    plus profond. Nous prions avec Jan Richardson :

    Tu nous évides, Seigneur, pour que nous puissions te porter, et tu ne cesses de nous

    combler pour nous vider à nouveau. Adoucis nos espaces intérieurs et rends-les

    vigoureux pour que nous puissions t’accueillir avec moins de résistance et te porter

    avec plus de profondeur et de grâce.

    Voici une image de la contemplation : 1 la prairie. Les racines de l’herbe des prairies sont

    extraordinairement profondes. L’herbe des prairies enrichit la terre. C’est elle qui produit le

    sol fertile des Grandes Plaines. Les racines profondes font respirer le sol et se décomposent

    en un humus aussi riche que fécond. Remarquez qu’une prairie en bonne santé doit être

    incendiée régulièrement. 2 Elle a besoin de la chaleur du feu et de la combustion de l’herbe

    pour faire remonter à la surface du sol les nutriments des racines profondes, qui

    alimenteront les nouvelles pousses. Ce brûlis me rappelle une autre image. Il y a en Australie

    une sorte d’eucalyptus dont la graine ne peut germer que lors d’un incendie de forêt. La

    chaleur intense fissure la coque de la graine et lui permet de se développer. Peut-être y a-t-il

    aussi en nous de profonds replis de notre être qui ne peuvent être activés que lorsque nous

    sommes dépouillées de couches plus superficielles. Nous sommes émondées et purifiées

    dans la nuit obscure. La contemplation et le conflit nous meulent tel un paillis pour nous

    rendre fécondes. Et comme l’incendie de la prairie fait remonter à la surface l’énergie

    emmagasinée dans les racines, la contemplation nous pousse à l’action fructueuse. C’est le

    semis, la pépinière de la vie prophétique. Dieu s’en sert pour nous façonner et nous affermir

    en vue de ce qu’il faut aujourd’hui.

    2. Comment naviguer? D’une voix prophétique

    La vocation à la vie religieuse est par nature prophétique et charismatique, elle offre un style

    de vie alternatif à celui de la culture dominante. L’appel de Vatican II, que nous avons

    entendu et suivi si consciencieusement, nous exhortait à répondre aux signes de notre

    temps. Pendant cinquante ans, les religieuses des États-Unis ont essayé de le faire, d’être

    une voix prophétique. Rien ne garantit, toutefois, que nous puissions être prophétiques du

    seul fait de notre vocation. La prophétie est à la foi un don de Dieu et le fruit d’une ascèse

    rigoureuse. Il faut que notre enracinement en Dieu soit assez profond et notre lecture du

    réel assez claire pour devenir voix de la conscience. Il est habituellement facile de

    reconnaître la voix prophétique authentique. Elle a la fraîcheur et la liberté de l’Évangile :

    ouverte, elle prend le parti des sans-droits. La voix prophétique ose la vérité. On l’entend

    souvent dans la remise en question de l’autorité établie, dans le dévoilement de la

    souffrance humaine et des besoins restés sans réponse. Elle conteste les structures qui

    excluent les uns au profit des autres. La voix prophétique appelle à l’action et au

    changement.

    En considérant de nouveau les virages grands et petits de notre temps, à quoi ressemblerait

    une réponse prophétique à l’évaluation doctrinale? Je pense qu’elle serait humble, mais

    sans servilité; enracinée dans la conviction de ce que nous sommes, mais sans pharisaïsme;

    sincère, mais dans la douceur et sans aucune crainte. Elle poserait des questions pertinentes.

    Sommes-nous invitées à un émondage nécessaire, et y serions-nous ouvertes? Cette

    évaluation doctrinale traduit-elle une inquiétude ou veut-elle être une reprise en mains?

    L’inquiétude naît de l’amour et appelle à l’unité. La reprise en mains par la peur et

    l’intimidation serait un abus de pouvoir. La légitimité institutionnelle que nous confère la

    reconnaissance canonique nous permet-elle de vivre de manière prophétique? Nous donnet-

    elle la liberté de poser les questions que se posent des consciences éclairées? Sait-elle

    accueillir les réactions d’une Église qui prétend respecter le sensus fidelium, le sens des

    fidèles? Comme le dit Bob Beck, « un corps social qui ne dispose pas de mécanisme pour

    enregistrer le dissentiment est comme un organisme qui ne sentirait pas la douleur. Il n’a

    aucun moyen de capter les réactions qui indiquent que ça ne va pas. Par ailleurs, un corps

    social qui ne vit que du dissentiment est aussi dysfonctionnel qu’un organisme en état de

    douleur constante : les deux ont besoin de soins. »

    Quand je pense à la voix prophétique de la LCWR, je me rappelle notamment la déclaration

    sur le discours civil de notre assemblée de 2011. Dans le contexte de l’évaluation doctrinale,

    elle prend à mes yeux une tout autre portée. Saint Augustin a décrit ce que doit comporter

    le discours civil : « De part et d’autre, renonçons à l’arrogance. Ne prétendons, ni les uns ni

    les autres, avoir déjà découvert la vérité. Cherchons ensemble quelque chose que nous ne

    connaissons pas. Car ce n’est que de cette façon que nous pouvons chercher, dans l’amour

    et la tranquillité, sans l’orgueilleuse présomption de la découverte et de la possession. »

    De même, à quoi ressemblerait une réponse prophétique aux grands changements de

    paradigmes de notre époque? J’espère qu’elle comporterait à la fois de l’ouverture et une

    pensée critique, tout en nourrissant l’espérance. Nous pouvons revendiquer l’avenir que

    nous désirons et agir en conséquence dès maintenant. Il y faut la discipline de choisir sur

    quel objet concentrer notre attention. Si, comme le suggère la neurologie, notre cerveau

    reçoit tout ce sur quoi nous nous concentrons comme une invitation à le faire advenir, les

    images et les visions avec lesquelles nous vivons revêtent une grande importance. Nous

    devons donc engager activement notre imagination pour qu’elle façonne des visions

    d’avenir. Rien de ce que nous faisons n’est insignifiant. La moindre décision courageuse,

    consciente, peut contribuer à la transformation du tout. Ce sera, par exemple, le choix

    d’investir notre énergie dans ce qui nous paraît le plus authentique, et de cesser de nous

    investir dans ce qui ne l’est pas. Ce genre d’intentionnalité est ce que Joanna Macy appelle

    l’espérance active. Elle est à la fois créatrice et prophétique. Dans la difficile période de

    transition que nous traversons, l’avenir a besoin de notre imagination et de notre espérance.

    Pour reprendre les mots du poète français Edmond Rostand, « C’est la nuit qu’il est beau de

    croire à la lumière; il faut forcer l’aurore à naître en y croyant. »

    3. Comment naviguer? Dans la solidarité avec les marginalisés

    Nous ne pouvons vivre une vie prophétique sans être proches de ceux et celles qui sont

    vulnérables et marginalisés. Avant tout, c’est là notre place. Notre mission consiste à nous

    donner dans l’amour, en particulier à ceux qui sont le plus dans le besoin. C’est ce que nous

    sommes en tant que religieuses. Mais en outre, le point de vue des marginaux est un lieu

    privilégié de rencontre avec Dieu, qui a toujours préféré les exclus. Il y a une sagesse

    précieuse à glaner de ceux et celles qui vivent dans la marge. Les êtres humains vulnérables

    nous mettent plus étroitement en contact avec la vérité de notre condition humaine, avec

    son désordre et ses limites, sa fragilité, son incomplétude et ses inévitables difficultés. Faite

    dans ce milieu, l’expérience de Dieu en est une de miséricorde absolument gratuite et

    d’amour libérateur. Les gens qui vivent dans la marge sont moins capables et moins soucieux

    de sauver les apparences, et ils ont souvent le don d’appeler les choses par leur nom. Le fait

    de vivre parmi eux peut nous aider à nous situer dans la vérité sans nous bercer d’illusions.

    Nous avons besoin de voir ce qu’ils voient pour devenir des voix prophétiques pour notre

    monde et notre Église en même temps que nous nous efforçons d’équilibrer notre vie à la

    périphérie avec notre fidélité au centre.

    Collectivement, les religieuses ont une expérience aussi vaste que variée du ministère dans

    la marge. N’avons-nous pas eu le privilège de nous tenir avec les populations opprimées? Ne

    nous ont-elles pas enseigné ce qu’elles ont dû apprendre pour survivre : la résilience, la

    créativité, la solidarité, l’énergie de la résistance et la joie? Ceux et celles qui vivent la perte

    jour après jour peuvent nous apprendre à vivre le deuil et à lâcher prise. Ils nous font aussi

    comprendre à quel moment il ne suffit plus de lâcher prise. Il y a des structures d’injustice et

    d’exclusion qu’il faut démasquer et éliminer systématiquement. Voici une image de

    démantèlement actif. Ces photos ont été prises à Suchitoto, au Salvador, le jour de la

    célébration des accords de paix. 4 5 Ce matin-là, les gens sont venus de chez eux avec des

    marteaux piqueurs et ils ont entrepris d’abattre les bunkers, de démanteler la machinerie de

    la guerre. 6

    4. Comment naviguer? Grâce à la communauté

    Les religieuses ont pu prendre plusieurs virages au fil des années parce qu’elles ont navigué

    ensemble. Nous sommes les unes pour les autres une grande force ! 7 Au cours des

    cinquante dernières années, depuis Vatican II, notre vie communautaire a changé de

    manière spectaculaire. Ça n’a pas été facile, et la situation continue d’évoluer, car aux États-

    Unis nous devons relever le défi de faire communauté au sein d’une culture individualiste.

    Néanmoins, nous avons appris de précieuses leçons.

    Nous qui assumons des fonctions d’autorité devons constamment relever le défi de

    respecter un large éventail d’opinions. Nous avons beaucoup appris sur la vie

    communautaire dans la diversité et sur la célébration des différences. Nous en sommes

    venues à faire confiance aux opinions divergentes qui nous ouvrent une voie puissante vers

    une plus grande clarté. Notre engagement envers la communauté nous oblige à le faire, car

    c’est ensemble que nous recherchons le bien commun.

    Nous sommes réellement passées, dans nos congrégations, d’un mode de vie hiérarchisé à

    un modèle plus horizontal. C’est vraiment étonnant, surtout si on se rappelle la rigidité que

    nous avions connue. Les structures de participation et les modèles de gouvernement en

    collaboration que nous avons élaborés ont été libérateurs [empowering] et porteurs de vie.

    Ces modèles pourraient bien être le don, le cadeau que nous avons à offrir aujourd’hui à

    l’Église et au monde.

    L’évolution de notre expérience communautaire nous a amenées à modifier notre façon de

    comprendre l’obéissance. Voilà qui revêt pour nous une importance primordiale au moment

    de discerner notre façon de réagir à l’évaluation doctrinale. Comment en sommes-nous

    venues à comprendre ce que signifie l’obéissance libre et responsable? Une réponse intègre

    au mandat doit naître de notre façon de comprendre ce qu’est la fidélité créatrice. La

    Dominicaine Judy Schaefer a remarquablement articulé les fondements théologiques de ce

    qu’elle appelle « l’obéissance en communauté » ou « l’attention des disciples ». Ces

    catégories reflètent l’expérience postconciliaire que nous avons faite du discernement et de

    la prise de décision communautaires comme formes d’obéissance dans la fidélité. « Ce n’est,

    dit-elle, que lorsque toutes participent activement à l’écoute active que la communauté peut

    être assurée qu’elle est restée ouverte et obéissance à la plénitude de l’appel et de la grâce

    de Dieu à chaque instant de son histoire. » N’est-ce pas ce que nous avons fait dans cette

    assemblée? La communauté est encore une boussole au service de notre navigation. Notre

    monde a changé. Je célèbre la chose avec vous en reprenant un poème d’Alice Walker, tiré

    d’un ouvrage intitulé Hard Times Require Furious Dancing [Les temps difficiles appellent une

    danse frénétique] :

    Le monde a changé

    Le monde a changé :

    Éveillez-vous et respirez

    tout ce qui est devenu possible.

    Le monde

    a changé :

    Il n’a pas changé

    sans vos prières,

    sans votre détermination

    à croire

    en la libération

    et en la bonté;

    sans votre danse

    à travers

    toutes ces années

    où il n’y avait pas

    de rythme.

    Le monde a changé :

    Il n’a pas changé

    sans votre présence,

    votre amour sauvage

    de vous-mêmes

    et du cosmos,

    il n’a pas changé

    sans votre force.

    Le monde a changé :

    Éveillez-vous !

    Faites-vous le cadeau

    d’un jour

    nouveau.

    8

    5. Comment naviguer? Sans violence

    L’effondrement et la percée d’un changement de paradigme massif forment un processus

    violent. Ce processus appelle la force intérieure d’une réponse non violente. Jésus est en

    cela notre modèle. Son inclusivité radicale a eu de graves conséquences. Il fut rejeté

    violemment parce qu’il menaçait l’ordre établi. Mais il n’y a personne qu’il ait déclaré son

    ennemi et il a aimé ceux qui le persécutaient. Jusque dans la défaite apparente de la

    crucifixion, Jésus n’est jamais devenu victime. Il s’est tenu devant Pilate en affirmant qu’il

    avait le pouvoir de donner sa vie, et que personne ne la lui arrachait.

    À quoi ressemble donc la non-violence pour nous? Ce n’est certainement pas la passivité de

    la victime. Elle nous pousse à résister, au lieu de collaborer avec le pouvoir abusif. Mais elle

    suppose qu’on accepte la souffrance au lieu de la refiler à d’autres. Elle refuse d’humilier, de

    condamner, de menacer ou de diaboliser. En fait, la non-violence exige de nous que nous

    apprivoisions notre part d’ombre et de fragilité au lieu de la projeter sur autrui. Ce qui nous

    renvoie à l’unité fondamentale qui nous relie les unes aux autres, même en situation de

    conflit. La non-violence est créatrice. Elle refuse d’accepter les ultimatums et les prétendues

    impasses sans faire appel à l’imagination pour les recadrer. Le cas échéant, j’ai bon espoir

    que nous saurons reconnaître le comportement dommageable et y résister sans rendre le

    mal pour le mal. Nous pouvons absorber un certain niveau de négativité sans en faire un

    drame, en choisissant de prévenir l’escalade et les coups en retour. Ce que j’espère, c’est

    qu’un certain niveau de violence au moins s’arrêtera grâce à nous.

    Voici un paratonnerre. 9 La foudre, la décharge électrique provoquée par le choc des

    masses d’air froid et d’air chaud, peut détruire pratiquement tout ce qu’elle frappe. 10 Le

    paratonnerre protège en attirant la décharge, en la canalisant et en la dirigeant vers le sol.

    Le paratonnerre ne retient pas l’énergie destructrice, mais lui permet de plonger vers la

    terre pour s’y transformer. 11

    6. Comment naviguer? En vivant la joie de l’espérance

    L’espérance joyeuse est la caractéristique du disciple authentique. Nous attendons un

    avenir plein d’espérance face à tout ce qui semble annoncer le contraire. L’espérance nous

    rend attentives aux signes de l’avènement du Règne de Dieu. Jésus décrit le règne à venir en

    prenant la parabole de la graine de moutarde.

    Arrêtons-nous un instant à considérer ce que nous savons de la moutarde. Même si on peut

    en faire la culture, la moutarde est une plante envahissante, une mauvaise herbe en somme.

    12 L’image que vous voyez représente une variété de moutarde qui pousse dans le Midwest

    américain. Certains exégètes nous disent que lorsque Jésus parle de la minuscule graine de

    moutarde qui devient un arbre assez grand pour que les oiseaux du ciel viennent y faire leur

    nid, il est probablement en train de badiner. 13 Il est ridicule d’imaginer des oiseaux en

    train de se construire un nid sur le frêle arbrisseau qu’est la moutarde. Ce que Jésus veut

    dire, c’est probablement quelque chose comme : Écoutez, ne vous imaginez pas qu’en

    venant à ma suite vous allez devenir comme de grands arbres. Ne comptez pas devenir des cèdres du Liban ou quoi que ce soit qui ressemble à un puissant empire. Mais même le plant de moutarde, flexible et courbé, peut porter la vie. La moutarde est le plus souvent une mauvaise herbe. 14 D’accord, la fleur est belle et c’est une plante médicinale. Elle est savoureuse et elle a des vertus thérapeutiques. 15 On peut la cueillir pour la guérison, c’est

    sa plus grande valeur. Mais la moutarde est habituellement tenue pour une mauvaise herbe.

    16 Elle pousse n’importe où, sans permission. Et le plus remarquable, c’est qu’elle est

    impossible à contenir. Elle prolifère et peut envahir des champs entiers de cultures. 17 On

    pourrait même dire que cette petite nuisance était illégale au temps de Jésus. Il y avait des

    lois qui prescrivaient où il fallait la planter, dans l’espoir dans contrôler la prolifération.

    Bien, que conclure en voyant Jésus recourir à cette image pour décrire le Règne de Dieu?

    Pensez-y. Nous pouvons vivre dans la joie de l’espérance parce qu’il n’y a pas d’herbicide

    politique ou ecclésiastique qui puisse étouffer le mouvement de l’Esprit de Dieu. Notre

    espérance est dans la puissance de Dieu, une puissance absolument impossible à endiguer.

    En nous engageant à vivre notre vie radicalement à la suite de Jésus, nous pouvons nous

    attendre à passer pour une mauvaise herbe qu’il faut absolument chercher à contenir. 18 Si

    les mauvaises herbes du Règne de Dieu sont sarclées quelque part, elles repoussent ailleurs.

    Il me semble entendre Monseigneur Romero : « Si on me tue, je ressusciterai dans le peuple

    salvadorien. »

    Et c’est ainsi que nous vivons l’espérance joyeuse, prêtes à être de mauvaises herbes toutes

    tant que nous sommes. Nous vivons de la puissance de la mort et de la résurrection de Jésus.

    Je garde au coeur une expression de cette foi, qui remonte à l’époque de la dictature au

    Chili : Pueden aplastar algunas flores, pero no pueden detener la primavera. Ils peuvent

    écraser quelques fleurs, mais ils ne peuvent pas retarder le printemps.

     

     

    RÉFÉRENCES

    Michael W. Blastic, OFM Conv., « Contemplation and Compassion: A Franciscan

    Ministerial Spirituality ».

    Robert Beck, Homélie pour le 15e dimanche du Temps ordinaire, le 15 juillet 2012,

    Mount St. Francis, Dubuque (Iowa).

    Judy Cannato, Field of Compassion: How the New Cosmology is Transforming Spiritual

    Life, Notre Dame (Indiana), Sorin Books, 2010.

    Barbara Marx Hubbard, Conscious Evolution: Awakening the Power of Our Social

    Potential, Novato (Californie), New World Library, 1998.

    Joanna Macy et Chris Johnstone, How to Face the Mess We’re in Without Going

    Crazy, Novato (Californie), New World Library, 1998.

    Jan Richardson, Night Visions: Searching the Shadows of Advent and Christmas,

    Wanton Gospeller Press, 2010.

    Judith K. Schaefer, The Evolution of a Vow: Obedience as Decision Making in

    Communion, Piscataway (New Jersey), Transaction Publishers.

    Margaret Silf, The Other Side of Chaos: Breaking Through When Life is Breaking

    Down, Chicago, Loyola Press, 2011.

    Alice Walker, Hard Times Require Furious Dancing, Novato (Californie), New World

    Library, 2010.


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  • « INTERDITS  D’ENFANTS » ?

    Une revendication bien discutable….

     

     

    Etait diffusé recemment sur une chaîne publique un docu-fiction  ainsi intitulé, inspiré d’une histoire réelle : celle d’un couple de français ayant eu recours à une mère-porteuse américaine aux Etats Unis, pour avoir des jumelles.

    Le ton est donné d’emblée, et le parti-pris, évident : ce couple est dans son droit ; et la justice française, qui lui a rappellé qu’il était hors la loi, archaïque et cruelle.

    Nous voici donc dans un film de propagande, qui évacue d’avance toutes les interrogations légitimes du spectateur.

    L’épouse est présentée comme stérile et sans utérus, en raison d’une malformation. Elle ne produit  à priori pas d’ovocytes. Avec quels ovocytes a été fécondé le sperme du père ?

    Nous ne le saurons pas.  Dans le cas d’une donneuse, cette épouse du père n’a aucun lien avec les enfants, encore moins que celle qui les a portés et leur a donné naissance.

    C’est là que le bât blesse en droit français. Jusqu’à nouvel ordre, la mère d’un enfant est  celle qui accouche de cet enfant ; et l’épouse du père peut adopter éventuellement ces enfants, mais certainement pas prétendre être leur mère.

    Le terme de mère porteuse déplait : il est à chaque fois vivement rectifié en « gestatrice » ou « gestation pour autrui ».  Cette novlangue n’empêche pas le réel, comme il est plus soft de dire « mal voyant » ou « décédé », cependant les sujets sont bien aveugles ou morts.

    La « gestatrice » justement, est peu évoquée, et son point de vue presque totalement occulté.

    C’est une mère de quatre enfants, mariée à un officier en retraite, époux soi disant enthousiaste de la générosité de sa femme.

    La fable naïve qui nous est servie est celle que l’on raconte aux enfants : Mary (la gestatrice) est une « bonne fée » qui a prêté son « sac à bébé » parce que Maman n’en avait pas !

    Ne serait ce pas la personne toute entière qui est réduite à être un « sac à bébés », et la maternité considérée comme un simple portage ? La disqualification du maternel  est ce qui menace le plus les femmes en ce moment.

    Générosité, donc ? Un silence pudique est fait sur la nature des 50 000 euros que le couple a déboursés pour cette opération. 50 000 euros, mais encore ? Voyage, certes, agence de « mères porteuses », frais de grossesse et d’accouchement ?....dédomagement, ou rémunération de Mary ? Aux USA, la rémunération de la « gestatrice «  n’est pas interdite, elle est même la norme. Il était peut être difficile d’élever quatre enfants avec une seule source de revenus, et comment trouver un emploi à quarante ans sans avoir de qualification ?

    On est en droit de s’interroger.

    Comme sur une image d’Epinal, on voit les enfants de Mary s’approcher  du ventre de leur mère, qui porte les jumelles des français. Que ressentent ces enfants ? Ont ils des craintes, des interrogations ? nous ne le saurons pas non plus.

    Le point de vue de la gestatrice, ou plutot sa motivation, est vaguement expliqué à la fin :

    Elle même et son mari sont des enfants adoptés. Mais du vécu de cette grossesse-porter deux enfants est fatigant et difficile- de la naissance, de sa relation avec son mari pendant cette période-comment ressent il que sa femme soit enceinte, mais pas de lui ?-de la séparation d’avec les bébés, nous ne saurons rien.  Rien.

    L’attention est entièrement focalisée sur le mal être  d’Elodie, et la malédiction qui pèse sur elle : la stérilité, vécue comme une infirmité honteuse.

    Nous voici dans une association qui regroupe ces malheureuses femmes.

    C’est là l’occasion d’accréditer les pires préjugés sexistes :

    Pour être une « vraie femme », une femme doit enfanter des bébés à elle, sinon, elle est infirme, incomplète , inutile….les hommes le savent bien, qui abandonnent dés qu’ils savent sa stérilité une jeune assistante sociale, pourtant belle et intelligente.

    Ainsi , on pourrait se demander si les femmes, contraintes de se conformer aux stéréotypes masculins-productrices à mammelles ou putains ?- ne sont pas prêtes à tout pour « donner » un ou des enfants à un homme, quitte à exploiter une autre femme ?

    Non seulement la question n’est pas posée, mais la jeune amie ne trouvera d’autre solution à ses maux que le suicide. Message : si vous ne légalisez pas la gestation pour autrui, vous condamnez les femmes stériles au suicide ….

    Jamais n’est remise en question cette obssession des femmes et des couples d’avoir des enfants « à soi », de les posséder en quelque sorte, et d’entrer dans la fiction juridique d’être les seuls parents à tout prix , le prix de l’invraissemblance et du déni.

    La solution de l’adoption est balayée d’un revers de main. Trop long. Nous sommes dans le domaine d’un désir qui doit être satisfait dans l’immédiat. On ne veut pas attendre, 9 mois top chrono, et abracadabra ! l’enfant surgit comme un lapin d’un chapeau, et on le porte sur son livret de famille…On ne le répétera jamais assez, tout ceci relève du fantasme, et nous sommes libres de fantasmer ; mais ce n’est réalisable qu’au prix de très grandes souffrances humaines, et c’est cela qui est condamnable.

     Qu’a l’adoption de si rebutant ?

    Pour adopter, il est nécessaire d’avoir des entretiens avec des psychiatres, des psychologues , des travailleurs sociaux, qui évaluent avec les futurs adoptants leurs capacités à accueillir un enfant. Que les critères retenus soient parfois trop rigides ou restrictifs est un autre problème.

    Ces évaluations sont indispensables dans l’interêt des enfants.

    Le système de la gestation pour autrui ne permet pas d’interroger son désir d’enfant ; il est juste une question de ressources : il suffit d’avoir les moyens de quitter temporairement sont travail , et de débourser entre 50 000 et 100 000 euros. Un simple critère de classe.

     

    Le « combat «  de notre couple-vedette se poursuit donc contre la justice française, qui persiste simplement à dire la loi : la mère de leurs petites filles est américaine, elles le sont aussi,et leur statut est dans un vide juridique qui pose problème. Les « parents » français ont enfreint la loi en voulant valider la fiction qu’ils sont les parents naturels de ces enfants.

    Or,cette justice est ridiculisée, montrée comme bornée, rigide ,inhumaine.

    Les arguments pourtant cruciaux qui leur sont opposés sur l’indisponibilité du corps humain, et la merchandisation du corps des femmes, sont énoncés par des personnages filmés en radoteurs grotesques.

    Disqualifiés d’avance.

    Rideau, la messe est dite. La « victoire » de ces parents doit être la nôtre, ou alors , nous sommes de méchants arriérés.

     

     

    Le débat qui a suivi sur le sujet de la « gestation pour autrui », tout aussi orienté, laissait une impression de malaise.

    Y étaient invitées des personnes triées sur le volet dont on a vite compris les positions favorables à la GPA ; plus deux contradicteurs, pourtant intéressants, auxquels l’animateur et ses alliés coupaient constamment la parole. Lorsque furent évoqués les drames du trafic de mères porteuses en Ukraine et en Inde, qui rentrent dans le cadre de la traite des êtres humains internationalement combattus,on a carrément essayé de les faire taire !  Et affirmer qu’on ne voyait pas de femmes riches porter des enfants pour des femmes pauvres, était indécent, et fut couvert par des bruits de voix !

    Ces personnes auraient elles eu la même attitude face au trafic d’organes ?

    Devant une telle mauvaise foi, et un tel aveuglement volontaire, on reste pantoise.

    Et inquiéte. Car le devenir de l’humanité est en jeu.

     

    Nota : la suite du débat fut heureusement plus nuancé, sur le sujet de l’homoparentalité.

    La présence de jeunes adultes élevés par des couples homosexuels, qui expliquaient avoir eu les mêmes joies et les mêmes difficultés que les autres enfants, était précieuse.

    Cependant, on ne peut que regretter ce « packaging » intellectuel qui se dessine : certains sont pour , tout-en –un, le mariage pour tous, la procréation assistée, et la gestation pour autrui ; ceux qui sont contre ces deux dernières possibilités semblent être aussi contre le mariage pour tous ? Oui, il existe une dramatique absence de  débat dépassionné sur ce que nous sommes en train de faire de L’Humain….

    Michelle Colmard-Drouault

     

     

     

     


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  • Appel à signer une pétition

    Voici le texte d’une pétition initiée par AVAAZ et publiée le 4 Janvier 

    2013


    « Elle n’était qu’une simple étudiante de 23 ans qui voulait prendre le bus le mois dernier, à Delhi,
     quand six hommes ont verrouillé les portes et l’ont violée sauvagement pendant plusieurs heures avec une barre de fer avant de la jeter, nue, dans la rue. Après s’être battue courageusement pour rester en vie, elle est morte samedi dernier.  


    Dans toute l’Inde, des citoyens organisent
     d’importants mouvements de protestation pour que ces agressions cessent. En Inde, une femme est violée toutes les 22 minutes, et seule une infime fraction d’entre elles voient ce crime condamné par des juges. Dans le monde, on estime que 7 femmes sur 10 seront agressées physiquement ou sexuellement au cours de leur vie. L’horreur du drame de Delhi est la goutte d’eau qui fait déborder le vase: aujourd’hui, en 2013, il est temps de déclarer la guerre aux agressions physiques envers les femmes. Nous pouvons gagner notre première bataille en Inde. 

    Le gouvernement, qui a convoqué une commission extraordinaire, est encore à l'écoute des propositions citoyennes pendant 24 heures.
     Il faut instaurer de toute urgence un meilleur suivi judiciaire et un programme de sensibilisation pour changer les comportements masculins qui engendrent des violences envers les femmes. Avec un million de signatures, nous pourrons faire en sorte que les tortures subies par cette jeune étudiante restent à l’avenir un cas isolé. »

     

    Signez cette pétition.

     

    http://www.avaaz.org/fr/inde_la_fin_des_violences_aux_femmes/?fp

     


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  • Des chrétiens, saturés de la surenchère de l’Eglise catholique institutionnelle contre le mariage pour tous, réagissent et appelle à signer une pétition.

    Pétition Trop c'est trop !
    Une manifestation hostile à la loi ouvrant le mariage à tous est prévue le 13 janvier prochain à Paris.
    L’ampleur que prend l’implication de l’épiscopat français dans la préparation de cette manifestation ne peut pas nous laisser indifférents.
    Tout d’abord, rappelons que les évêques n’ont aucun droit à parler au nom des catholiques, qu’ils n’ont jamais consultés. L’épiscopat dit vouloir un débat sur ce sujet pour faire entendre l’opinion publique française, alors qu’il ne tient aucun compte de l’opinion publique dans l’Eglise catholique, ni sur ce sujet, ni sur aucun autre.
    En effet, les chrétiens, catholiques ou d’autres confessions, sont divers dans leur approche de cette question comme des autres questions de société, et nombre d’entre eux étaient présents à la manifestation du 16 décembre 2012, avec leur parti politique ou leur syndicat, ou sous la banderole « Juifs, chrétiens, musulmans, croyants pour le mariage pour tous ».
    Rappelons aussi qu’aucune parole de Jésus dans l’Evangile ne donne d’indication sur ces problèmes de société : la seule urgence, la seule exigence, c’est l’amour du prochain, signe de l’amour de Dieu. Or l’Eglise catholique de Paris semble plus prompte à ouvrir ses bras et ses locaux aux manifestants du 13 janvier 2013 qu’aux SDF. Et, disant cela, nous tenons à saluer les chrétiens « de base » qui, dans les paroisses ou d’autres lieux, mettent activement et discrètement en œuvre l’amour du prochain le plus démuni.
    Il faut dire aussi à quel point les homosexuel-le-s sont blessés, humiliés par des arguments qui, tout en prétendant récuser l’homophobie, font d’eux des égoïstes prêts à saper les bases de la société en n’écoutant que leurs propres désirs. Ces caricatures, qui se multiplient à la faveur des appels à la manifestation, sont autant de douleurs pour ces personnes homosexuelles, et en particulier pour celles et ceux qui sont chrétien-ne-s et se sentent encore et toujours rejetés, comme se sentent rejetés beaucoup de parents chrétiens d’enfants homosexuels. Certaines interventions dans les paroisses ont fait beaucoup de mal.
    Enfin, rappelons qu’il s’agit ici d’une loi civile, qui concerne la République française et ses citoyens. Or la collusion de fait entre l’épiscopat et les partis politiques d’opposition, notamment l’UMP, dans la préparation de la manifestation du 13 janvier 2013, est une atteinte évidente et inadmissible à la laïcité.
    Pour toutes ces raisons, nous appelons les chrétien-ne-s catholiques à manifester clairement leur désaccord aux responsables de leur Eglise.
    Nous ne laisserons pas une hiérarchie qui ne nous représente pas confisquer notre liberté de pensée et de parole.

    Le Bureau de la fédération « Réseaux du Parvis »

     

    Vous pouvez la signer en cliquant sur le lien suivant :

    http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N33833Haut du formulaire

     

    Et pour plus d’infos sur les Réseaux du parvis, voici les coordonnées :

    Les Réseaux des Parvis
    68, rue de Babylone 75007 PARIS
    Tél : 01 45 51 57 13 Fax : 01 45 51 40 31
    Site Internet : http://reseaux-parvis.fr/chretiens-en-liberte/
    Page Facebook : http://www.facebook.com/FederationDesReseauxDuParvis
    Page Twitter : https://twitter.com/EgliseEnLiberte



    Bas du formulaire

     


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  • Les jugements prononcés lors du procès des viols collectifs de Créteil ont étonné la plus part des citoyens, accablé les victimes, et révolté les femmes et les associations pour les droits des femmes. C’est à juste titre. Les peines prononcées ne semblaient pas à la mesure de la gravité des faits : des crimes, commis sur des jeunes filles mineures pour certaines.

    Il ne s’agit pas de remettre en question les décisions de justice. Il est seulement nécessaire de s’interroger sur ce problème : qu’est ce que les membres des jurés populaires-et la majorité des citoyens –connaissent de la réalité du viol ?

    Les déclarations de personnalités publiques lors d’affaires de viol sont consternantes tout à la fois de bêtise et d’ignorance.  Entre ceux qui ont déclaré, au sujet de l’affaire DSK « Il n’y a pas mort d’homme »( !), le journaliste français qui a affirmé qu’il fallait une arme pour commettre un viol ; et le politicien républicain(USA) qui a prétendu, lors d’un discours de campagne, qu’il était impossible de devenir enceinte suite à un viol, parce qu’il existait un mécanisme matabolique qui l’empêchait (sic)… nous nageons certes dans le fantasme pur ; mais l’horreur du réel est évacué.

    Tout d’abord, le viol est assimilé au sexe. Ce qui est faux. Le viol est une manifestation de domination, d’assujetissement et de violence. L’erreur vient de ce que cette violence cause à son auteur une jouissance au niveau de son sexe. Mais à la victime, elle ne cause qu’humiliation, terreur, douleur intense, et traumatisme ; exactement comme la torture.

    Le fait que le viol soit devenu une arme de guerre dans certains pays devrait pourtant mettre en évidence la nature de ce crime, et lui ôter toute connotation sexuelle ou érotique.

    Malheureusement, le fait même que des jurés aient pu prêter l’oreille à l’assertion selon laquelle une des victimes « aimait ça », démontre que tout ce qui touche au vécu des femmes est encore un continent noir. Acquitterait-t-on un auteur de tortures sous le prétexte que sa ou ses victimes étaient masochistes ? Dés qu’il s’agit des femmes, les affirmations les plus absurdes, contredisant toute expérience humaine, trouvent un écho.

    Les descriptions concrètes des viols décrivent des actes de torture : pénétrations forcées vaginale, anale, fellations contraintes. On fait effraction dans le corps de la victime par tous ses orifices, de manière répétée, sans tenir compte de son refus et de ses cris.

    Lorqu’une des victimes de Créteil dit qu’elles avaient l’impression d’être de la viande, c’est exact.

    L’éducation des citoyens doit se faire dés l’école ; elle doit être aussi précise que pour les mutilations sexuelles : une femme violée a le vagin déchiré, plein d’hématomes et d’écorchures, et il peut en être de même de son anus ou de son périnée. La souffrance est intense. Cela peut rendre ultérieurement un accouchement plus douloureux.

    Les blessures psychologiques sont immenses, et durent beaucoup plus longtemps que les douleurs physiques, comme pour la torture. Elles vont de la dévalorisation au dégoût de son corps, en passant par la dépression grave et les bouffées suicidaires.

    Une des victimes décrit ce calvaire. Comment les jurés ont ils pu croire un instant qu’elle se laissait faire « par plaisir » comme le prétendent ses agresseurs ? Pourquoi alors aurait elle porté plainte ? Pourquoi a t-on attendu qu’elle ait le visage fracturé pour intervenir ?

    Cela défie toute logique, tout sens commun.

    En Inde, on a attendu « qu’il y ait mort de femme » pour réagir. Pourtant, les viols collectifs sont nombreux, mais les plaintes n’étaient jusqu’ici jamais prises en considération.

    Et la honte rejaillissait sur la femme et sa famille si le crime était dénonçé.

    Une prise de conscience de l’impérieuse necessité d’écouter la parole des femmes, et de ne plus juger les violences qui leur sont faites à l’aune de valeurs masculines misogynes, s’avère urgente et indispensable.

    Michelle.C.Drouault

     

     


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  • Dans un article paru dans la revue Croire aujourd’hui  A. Wenin traduit Adam par : « l’humain ». (A..WENIN, « Une rencontre manquée », Croire aujourd’hui, n°159 du 1er septembre 2003)

    Actuellement, dans la langue française, c’est ce que nous avons trouvé de mieux pour inclure féminin et masculin dans un même mot. Si nous adoptons cette traduction pour Gn 2-3, cela permet, de décrire l’homme et la femme comme formé-es de la glèbe, recevant une haleine de vie, posé-es dans le jardin, entendant ensemble la parole d’ouverture à tous les arbres et celle de l’interdiction de l’arbre à connaître le bien et le mal. 

    Si nous suivons la lecture inclusive d’A.Wenin, le verset 18 du chapitre 2 peut cependant nous arrêter et rendre difficile l’inclusion du féminin et du masculin dans cet-te Adam 

    Même si on traduit par : "Le Seigneur dit: il n’est pas bon que l’humain soit seul", on peut se demander qui était-il cet humain seul ? La réponse de l’auteur est de considérer Adam comme l’Humain dont l’être n’est pas encore différencié sexuellement. L’interpréter ainsi (et non comme un Adam masculin) comporte un enjeu important. Pourquoi ? Parce que Dieu s’adresse à lui-elle, fait de lui-elle un-e interlocuteur-trice,  lui donne un pouvoir de nomination. Dieu l’associe donc  à son pouvoir. En donnant un nom, il-elle en devient maître-maîtresse. 

    Si Adam est toujours cet-te humain indifférencié-e sexuellement, ce pouvoir est celui des deux sexes. 

    Si c’est l’Adam uniquement masculin, une lecture fondamentaliste peut se servir, s'est servi et se sert encore de lui, pour introduire une image du masculin différente du féminin, dans le sens d’un pouvoir de gouvernement qui n’est donné qu’à l’Adam masculin. 

    C'est en tout cas une lecture non avertie des exigences critiques d'une éthique de l'égalité homme-femme. Cette interprétation a prévalu pendant des siècles au point d’oublier ou d’occulter l’Adam mâle et femelle de Gn 1. 

    Telle n’est pas l’interprétation que suggère la traduction d’ A.Wenin. 

    « Dans le récit, il n’est ni homme ni femme. Ou les deux à la fois. Mais pour le Seigneur Dieu, un tel isolement n’est pas bon. C’est la relation qui fait vivre. » 

    Très beau commentaire qui dit bien l’enjeu et le bienfait de cette différenciation voulue par Dieu et qu’il va opérer. La suite de son commentaire est encore plus novatrice : 

    « La torpeur fait perdre  connaissance  à l’humain. C’est la  manière de dire que ce qui constitue un être dans sa singularité échappe forcément…Dieu prend un côté de l’humain puis ferme la chair à sa place. Cette opération signifie que seul un manque, une perte ouvre un être à l’altérité et qu’une relation authentique n’est possible que si le moi accepte d’être blessé, altéré. »  

    Dans une Bible traduite et commentée comme cela, nous pourrions avoir comme titre à partir du v.27 : « Le premier péché ». Il aurait pour premier auteur l’Adam masculin. 

    En effet ce qui est dit au v.23, à côté de son aspect positif, peut être questionné. Ce n’est pas une parole de dialogue, Adam ne dit pas : « Tu es os de mes os et chair de ma chair ». Il se parle à lui-même. La communication commence mal !  « Il en fait l’objet de son discours ». dit A.Wénin. Mais peut-être encore plus grave, il se donne comme l’origine de « issah » : « Car de ys a été prise celle –ci ». Il croit qu’elle vient de lui. 

    Cette déclaration se veut parole de savoir. Il croit savoir comment cela s’est passé et qu’elle vient de lui alors que le texte nous a bien dit que c’est Dieu qui est l’auteur de cette différenciation, que l’humain féminin comme l’humain masculin a été tiré comme lui de l’humain par séparation : lui, un côté, elle l’autre. Il croit savoir alors qu’il ignore tout puisque tout s’est passé dans un sommeil. 

    Quelle aurait dû être la parole juste ? Peut-être interroger Dieu sur ce qui vient de se passer, sur le mystère accompli, et s’adresser à cette autre maintenant devant lui ? Au contraire, poursuit A.Wénin : 

    « On le voit ainsi reprendre connaissance en gommant ce qu’il ignore, à savoir l’action divine qui a fait de la femme un être singulier, différent de lui. On le voit aussi prendre sur elle un pouvoir que Dieu avait donné à l’humain sur les animaux, le pouvoir de nommer. » 

    Si cette remarque est juste, elle devient un bon exemple de la manière dont une lecture biblique est toujours voilée par des présupposés. On va pointer le péché de la femme en Gn 3/6 et ne pas remarquer cet autre peut-être encore plus grave et qui n’a pas même besoin d’un tentateur extérieur ! 

    Premier péché donc mais qui est aussi celui de la femme. Celui-là aussi a été voilé et combien il est nécessaire qu’il soit  dévoilé. Le péché, ici, au féminin, est le silence. Elle ne dit rien, se laisse dire. Se laisse prendre dans ce refus d’une vraie altérité, au profit du même. Elle se laisse nommer par un autre. Ce mutisme est autant refus de dialogue que le « parler à soi même » de l’humain masculin. Il dit un péché de soumission à l’injustice dont on est victime et donc une possible complicité avec son propre malheur. La femme ici le commet : par son silence elle accrédite la parole qui fait d’elle un objet dont on parle, au lieu d’être sujet parlant. 

    Le texte même à partir du verset 25 à l’air d’entériner cette situation. En effet pour parler de l’humain masculin, le texte va simplement dire l’humain (l’Adam ou le Glébeux, ou l’homme selon les traductions). Comme si le masculin était simplement l’humain à lui tout seul. Simplement  et c’est bien là la faute. Au lieu d’accueillir l’altérité comme un don, le manque comme l’espace d’une vraie rencontre, l’Adam masculin va se vivre comme le sexe premier, parfait, exemplaire et le féminin comme dérivé de lui. Ceci est au fondement de toute l’anthropologie classique discriminente qui va s’élaborer à partir d’une interprétation de l’Adam au masculin. 

     


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  • J’aurais aimé passer sans arrière-pensée un Noël paisible en famille, entre ma crèche et mon sapin, avec la porte ouverte pour les amis qui vont et viennent ; Joyeux Noël, Joyeux Noël !

    Mais l’actualité et la lecture de la presse m’ont fait bouillir d’indignation ; et retrouver ma sérénité sera difficile…..

    Oui, aux Etats-Unis, il y aura tous ces petits qui ne verront pas Noël….

    Et dans mon pays ?

    La France serait-t-elle un champ de bataille idéologique perpétuel ?

    Toute intention de loi qui rentre dans le cadre d’un projet de société rencontre inévitablement un système binaire de deux camps irréductibles qui montrent les crocs sans vraiment débattre.

    Il y a les partisans et les opposants, sans nuances.

    Or le sort de l’Humain mérite des nuances !

    Depuis des mois, nous voilà sommés de choisir un camp au sujet du mariage pour tous ; et cela menace de récidiver avec la « mort assistée » que l’on est en passe de vouloir faciliter.

    Les favorables à l’un et à l’autre projet sont présentés comme « de gauche », et les opposants « de droite ».

    Mais être de gauche et mettre des bémols sur certaines des conséquences dérivées du mariage, comme l’adoption et la procréation assistée ; se positionner clairement contre la gestation pour autrui, tout cela est suspect : ne serait-t-on qu’un-e affreux-se réactionnaire masqué-e ?

    Etre de droite, et mettre en avant l’incontournable nécessité d’égalité des citoyens devant la loi, et la lutte contre l’homophobie par l’officialisation des unions , ne vous vaut pas meilleur traitement : ne serait -t-on qu’un-e horrible débauché-e aux tendances gauchisantes inavouées ?

    Les cases sont toutes prêtes, et voir que certains commençaient à ruer dans les brancards a été pour moi un soulagement !

    Les grands absents des polémiques ont été les enfants, auxquels les adultes ont encore et toujours le plus grand mal à s’identifier.

    De même il est à craindre que les absents de la seconde polémique qui commence à poindre soient les malades.

    Ayant travaillé en milieu hospitalier auprès de grands malades, je peux témoigner de l’insuffisance dramatique, voici encore quelques années, de structures de soins palliatifs.

    Des collègues médecins m’ont confié les lacunes de leur formation en psychologie. Appréhender la fin de vie, et sa signification pour le malade et sa famille, provoquaient chez certains des attitudes de défense, de rigidification, compréhensibles, mais évitables avec un bon soutien psychologique. Quant à la volonté du malade, comme elle est difficile à saisir ! Souvent la maladie grave est source de dépression ; le malade dépressif n’a plus la force de lutter contre sa maladie, c’est là qu’il peut réclamer une mort qu’il ne souhaitera plus du tout après un léger traitement antidépresseur et un entourage plus attentif et à l’écoute de ses angoisses…

    Et comme le disait un professeur d’un hôpital public, lorsque le malade ne peut plus s’exprimer, est ce que c’est aux demandes de la famille qu’on consent ? Or celle ci ne peut se substituer à la volonté du patient.

    Donner la mort est une facilité, et ne saurait être envisagé que si une politique antérieure de mise en place d’un soulagement véritable de la souffrance, et d’accompagnement de la fin de vie, a été fermement suivie.

    Tout cela nécessité des budgets. Alors, on est pris d’un doute, un doute que j’aimerais ne pas avoir : n’est ce pas plus économique de mettre fin délibérément à la vie ?

    Le film « Solient Green » a été rediffusé l’autre soir. Sans aller jusqu’à cette épouvantable science-fiction, le fait qu’une personne âgée puisse demander d’elle même à arrêter une vie dont elle a assez dans un centre spécialisé, à l’aide d’une simple piqûre, interroge. Le livre a été écrit dans les années 50 par un auteur qui voulait alerter sur un tel avenir.

    On ne cesse de nous rabâcher que nous vivons plus vieux , que la dépendance coûte cher : en même temps, dans beaucoup de pays européens, les retraites sont misérables :quelle vieillesse offrons nous aux aînés, quel espoir, quelle joie de vivre ?

    « Une mort douce » titrait un quotidien. La mort n’est jamais douce. C’est une violence inéluctable. Nous ne voulons pas la voir, nous détournons le regard.

    « Regarder la mort en face », sans nous bander les yeux, en osant poser le pied sur le chemin qui y mène, pour que lui soit plus doux, ce serait déjà pas mal…

     

    Retournons vers le sapin et la crèche, où chrétienne, je déposerai à minuit le symbole d’un enfant porteur d’un immense espoir.

    Joyeux Noël à vous toutes, c’est à dire, un bel Espoir pour vous toutes, même si pour vous ce jour n’est pas une fête religieuse !

     

    Michelle.C.Drouault.

     

     


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  •  Est parue l’an dernier, en collaboration avec Djénane Kareh Tager : Suis-je Maudite ?  La Femme, La Charia et le Coran, de Lubna Ahmad al-Hussein, journaliste soudanaise qui s’était fait connaître pour avoir porté un pantalon, à Khartoum, et risqué… 40 coups de fouet !

    Porte-parole de toutes les femmes musulmanes qui veulent résister à l’intégrisme, elle a recueilli de nombreux témoignages de femmes maltraitées au nom de l’Islam, avant de fuir son pays pour pouvoir continuer à diffuser ses idées.

     

    Son objectif est de lutter contre les discriminations envers les femmes par une analyse claire et rigoureuse des textes du Coran, débarrassé de tout ce qui le fausse. Le problème résiderait, selon l’auteure, dans la « seconde source » de la religion, les « hadiths », qui rapportent des propos, faits et gestes du Prophète Mohamed recensés pendant les deux siècles suivant sa mort.

    Les mille trois cent hadiths existants combleraient les silences du Coran sur des sujets de vie quotidienne. Certains peuvent être tenus pour authentiques, d’autres beaucoup moins et les différentes écoles coraniques (chiites ou sunnites) ne s’appuient pas sur les mêmes.

    Pour l’auteure, ils doivent toujours être pris avec du recul, car ce sont des compositions humaines (alors que la révélation faite au Prophète est, pour un musulman, la parole même d’Allah). Mais pour certains musulmans, ils auraient fini par supplanter le Coran lui même.

    D’une façon plus large, l’auteure met en doute le bien fondé de la charia, cet ensemble de normes doctrinales, morales et relationnelles (le mot désigne quasiment le droit musulman) de l’Islam. Elle  estime que ces règles, contraintes et diktats figés ne correspondent plus aux sociétés modernes, au concept de droits humains et au respect dû aux femmes.

     

    Enfin, certains hadiths sont en contradiction flagrante avec le Coran. Ils sont d’autant plus suspects que, paraît-il, le Prophète se méfiait de ce qu’on lui faisait dire. Un des hadiths les plus fiables relate son interdiction d’écrire à son sujet. Le travail de l’auteure a consisté à détricoter ce lacis de hadiths. 

     

     Chrétienne, j’ai été frappée de la similitude de procédés des êtres humains de sexe masculin pour asseoir leur domination sur les femmes en se prévalant d’ordres divins :

    -le découpage et le tronçonnage de textes sacrés

    -la tenue pour véridique de textes peu fiables dés l’instant qu’ils renforcent la toute-puissance masculine

    -l’omission de textes qui mettent en scène des femmes valeureuses et croyantes.

    Ainsi, explique l’auteure, tous les hadiths ordonnant la soumission des femmes ont été retenus comme fiables, surtout par les écoles hanbalites (les plus fondamentalistes), tandis que ceux qui prônent respect et égalité à leur égard ont été écartés, même si leur source était relativement sûre.

    Pourtant, le Coran (2, 79) maudit « ceux  qui, de leur propres mains, composent un Livre et le présentent comme venant d’Allah… »

    Les crimes d’honneur, la lapidation, l’enfermement des femmes viennent tous d’interprétations de hadiths peu fiables.

    Le Coran lui même contredirait l’usage de la violence envers les femmes, conseillant aux hommes : « Comportez vous convenablement avec elles (vos épouses). Si vous ressentez de l’aversion envers elles, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien ». C’est là reconnaître qu’en tout être humain existe une parcelle de divinité.

     

    Pensons aux fréquents découpages, lors des mariages catholiques de jadis, des textes de Saint Paul ! Tous les parallèles entre l’attitude de l’époux et de l’épouse étaient supprimés, pour que soit seule évoquée l’appartenance du corps de la femme à son mari, et non la réciproque qui suit. (Corinthiens, 7, 4)

    De même, dans la Lettre aux Ephésiens (5, 22 à 33), était retenu « femmes soyez soumises à vos maris comme au Seigneur », tandis que la suite « maris, aimez vos épouses comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré Lui même pour elle » était occultée. L’affirmation que les maris doivent aimer leurs épouses comme leur propre corps disparaissait souvent.

     

    Démarche extrêmement courageuse, ce livre est une bataille contre la confiscation par les hommes de la parole divine pour la remodeler à leur gré.

    L’image de l’Islam dans l’opinion publique ne peut ressortir que grandie d’une telle entreprise.

     

    Saluons les efforts de toutes nos sœurs qui travaillent pour la vérité des textes et  luttent pour les droits des femmes en se réappropriant leur religion.

    C’est au péril de sa vie que Lubla Ahmad al Hussein a amorcé sa recherche et répondu à ses détracteurs. La fin de son livre rejointLes pieds dans le Bénitier :

    « Je sais que ce livre me vaudra d’être accusée d’hérésie et de blasphème, mais je ne peux pas continuer à me taire. Ca suffit !».

     

     

    Michelle C. Drouault.


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  •  

    Texte qu’on peut trouver dans l’Evangile de Luc au chapitre 10 verset 38 à 42

     [38] Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. 

    [39] Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. 

    [40] Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : "Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m'aider." 

    [41] Mais le Seigneur lui répondit : "Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses ; 

    [42] pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée."

     

     Cet épisode de Marthe et Marie a été « lu » comme symbolique de la vie contemplative (Marie) et de la vie active (Marthe). C’était une lecture justificatrice de la supériorité de l’une sur l’autre.  C’est un bon exemple d’interprétation qui se fourvoie faute de connaissance du contexte historique mais aussi d’aveuglement plus ou moins conscient qui favorise des intérêts de certains au détriment d’autres. 

    Comment se fait-il que dans la situation  discriminatoire de la société où Jésus vivait, la parole scandaleuse de Jésus n’ait pas été perçu ? 

    Le scandale, c’était qu’une femme, dans cette société patriarcale, ne pouvait pas prétendre à être disciple d’un maître,  c'est-à-dire ne pouvait pas étudier, scruter les Ecritures, réfléchir sur la foi.  Sa place traditionnelle était à la cuisine ! Marie transgresse ce positionnement. Elle veut être assise au pied d’un maitre et l’écouter,  en position du disciple. Marie la prend et Jésus approuve son choix qui est une transgression du rôle dévolu aux femmes. 

    La meilleure part est donc, pour les femmes, et dans l’optique de Jésus, d’être disciple, une part à laquelle il les autorise, les appelle, auquel il leur reconnaît le droit d’aspirer. Il ne s’agit donc pas dans ce texte d’opposer la vie contemplative à la vie active mais  c’est un texte fort pour dire que les femmes de la même manière que les hommes, peuvent être disciples. 

    Jésus prend position ainsi contre les discriminations dont étaient victimes les femmes sur ce point à son époque.  

    Contemplons donc cette scène en nous attachant à cette relation étonnante entre Jésus et Marie. Regardons-la désirant cette place de disciple que seul Jésus à l’audace de lui accorder. Regardons-la briser les limites qu’on lui impose.  

    Laissons-nous étonner par la transgression que Jésus opère, similaire à tant d’autres qu’il a accomplies pour faire éclater tout ce qui limite, tout ce qui enferme, tout ce qui exclut.  


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  • Dans l’Eglise catholique romaine, des textes de la Bible sont lus durant des célébrations liturgiques. Pour tous les jours de l’année et pour les messes des dimanches.

     Depuis le Concile Vatican II, un nombre plus important de textes sont entrés dans la Liturgie.

    Mais pas tous. Les catholiques romains n’entendent jamais le chapitre 4 du Livre des Juges. Cet « oubli » de l’un d’entre eux me semble significatif.  Pourquoi ? Parce que c’est un texte de la Bible où l’on voit une femme en position d’autorité civile et religieuse. On fait mémoire d’elle non pas en tant que mère, non pas en tant qu’épouse. Non on fait mémoire d’elle en tant que personne ayant exercé  un gouvernement efficace, reconnu par le siens. Nous avons donc avec ce texte, un exemple de la capacité des femmes à gouverner. Cas unique retenu mais qui peut faire penser qu’il n’a pas été le seul.

    Pourquoi est-il occulté, obturé dans la liturgie catholique-romaine ? Parce qu’il donnerait à penser que des femmes pourraient très bien, dans l’Eglise, avoir des charges de gouvernement !

    Michèle Jeunet

     

    Ce texte, que je ne connaissais pas du tout, m’a paru intéressant sous plusieurs angles.

    C’est à mon sens un texte à teneur politique : la résistance à la tyrannie est possible, mais il faut être plusieurs, unis, pour y parvenir.

    Ensuite, la relation entre Baracq et Débora est assez contemporaine. 
    Il a besoin de courage. Il sollicite cette femme respectée, et reconnaît sa  propre faiblesse :

    « Si tu ne viens pas avec moi, je n’irai pas ».

    Elle accepte, mais le prévient : il ne peut pas retirer seul les honneurs de cette bataille qu’ils vont mener, car la tyrannie doit tomber par les mains d’une femme. 
    Il est probable qu’à l’époque déjà, la propension des hommes utiliser les femmes, pour ensuite se proclamer les seuls vainqueurs, était forte.

    Ils sont donc égaux et complémentaires, et c’est une bien meilleure complémentarité dans l’action pour la justice, que celle que l’on nous propose en tant que femmes chrétiennes en ce moment !

    Néanmoins, je reste un peu interrogative devant la violence de Yaêl avec son piquet.

    Fichtre !

    Mais est ce que cela ne fait pas tomber l’imagerie mièvre des femmes telle que l’Eglise tente de nous l’inculquer depuis deux siècles ?

    Michelle.C. Drouault

     


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  • Pour une indépendance spirituelle

    Il était important pour nous les femmes des années 70 qui avons pris le relais des suffragettes, et des premières féministes anglo-américaines, de proclamer notre totale volonté d’une véritable autonomie de pensée.

    Pour ce faire, il fallait se libérer de tous ceux qui voulaient penser à notre place, et nous assigner un rôle dont nous restions prisonnières. La fameuse position de « complémentarité » dont les Tunisiennes ont failli faire les frais voici peu de temps ; et qui heureusement, grâce à la pression d’hommes et de femmes déterminés, est restée à l’état de velléité….

    Les suffragettes avaient réclamé leur dignité avec leurs droits civils ; les mouvements de libération des femmes demandaient la libération des corps, les corps des femmes dont le patriarcat, allié aux religions, prétendait disposer.

    « Ils ne décideront plus pour nous », disait une affiche qui représentait un juge, un médecin, un prêtre.

    Seulement voilà, « jetant le bébé avec l’eau du bain », celles d’entre nous qui étaient croyantes ont du abandonner leur religion. Maîtrisant mal les textes et les sources, nous n’avions que l’interprétation des clercs à notre disposition, et ceux ci, que nous soyons chrétiennes, juives, ou musulmanes, nous répétaient « soumission, soumission, soumission ».

    A qui ? A l’homme censé représenter Dieu, l’être masculin seul étant son image, son clone.

    Le salut, c’était non pas être la « Servante du Seigneur », ou celle de son prochain, c’était servir un seul homme. Cela, c’était insupportable.

    Alors, nous avons quitté, bruyamment ou à pas de loup, les églises, les mosquées les synagogues.

    Mais peu à peu, en nous, s’est formée une déchirure, un manque. Un manque dont nous ne parlions pas. Etre croyante était devenue une aliénation ridicule.

    Peu à peu, la vérité s’est fait jour : on nous avait vraiment tout pris, car on nous avait confisqué Dieu. On nous L’avait rendu impossible à aimer, trop dur et intransigeant pour être suivi. On nous avait fait un chantage odieux : si nous voulions notre dignité, nous ne pouvions plus approcher Dieu, nous en étions privées. L’enfer est l’éternelle privation de Dieu, me disait on, alors, les clercs avaient ils condamné les femmes à l’enfer pour vouloir leur simple dimension humaine : ne plus être des femelles esclaves de leurs capacités reproductives, des objets qu’on viole et qu’on jette, des domestiques gratuites ?

    Aux quatre coins du monde, certaines d’entre nous ont repris les textes, étudié, rencontré des religieux ouverts et progressistes, fréquenté des théologiennes.

    Et nous avons vu que les textes sacrés avaient été instrumentalisés, tronqués, déformés, pour servir d’appui à ceux qui avaient une soif inextinguible de pouvoir.

    « Quand on ne peut plus taper sur la table pour dire aux femmes « je veux », m’a confié un jour un imam Africain, on clame « Dieu veut », ça marche mieux »…attitude qu’il désapprouvait, bien sûr !

    Et peu à peu, nous avons réconcilié ces deux parts de nous mêmes.

    Croyantes et féministes, ou femmes en devenir de liberté, c’est donc possible.

    Car en se libérant, les femmes libèrent aussi le monde de ses entraves pour appréhender l’altérité : l’autre est différent, et je peux l’aimer, le découvrir, sans l’asservir.

     

    Michelle.C. Drouault


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  • Dans l’Eglise catholique romaine, des textes de la Bible sont lus durant des célébrations liturgiques. Pour tous les jours de l’année et pour les messes des dimanches.

     Depuis le Concile Vatican II, un nombre plus important de textes sont entrés dans la Liturgie.

    Mais pas tous. Les catholiques romains n’entendent jamais le chapitre 4 du Livre des Juges. Cet « oubli » de l’un d’entre eux me semble significatif.  Pourquoi ? Parce que c’est un texte de la Bible où l’on voit une femme en position d’autorité civile et religieuse. On fait mémoire d’elle non pas en tant que mère, non pas en tant qu’épouse. Non on fait mémoire d’elle en tant que personne ayant exercé  un gouvernement efficace, reconnu par le siens. Nous avons donc avec ce texte, un exemple de la capacité des femmes à gouverner. Cas unique retenu mais qui peut faire penser qu’il n’a pas été le seul.

    Pourquoi est-il occulté, obturé dans la liturgie catholique-romaine ? Parce qu’il donnerait à penser que des femmes pourraient très bien, dans l’Eglise, avoir des charges de gouvernement !

    Michèle Jeunet

     

    Ce texte, que je ne connaissais pas du tout, m’a paru intéressant sous plusieurs angles.

    C’est à mon sens un texte à teneur politique : la résistance à la tyrannie est possible, mais il faut être plusieurs, unis, pour y parvenir.

    Ensuite, la relation entre Baracq et Débora est assez contemporaine.
    Il a besoin de courage. Il sollicite cette femme respectée, et reconnaît sa  propre faiblesse :

    « Si tu ne viens pas avec moi, je n’irai pas ».

    Elle accepte, mais le prévient : il ne peut pas retirer seul les honneurs de cette bataille qu’ils vont mener, car la tyrannie doit tomber par les mains d’une femme.
    Il est probable qu’à l’époque déjà, la propension des hommes utiliser les femmes, pour ensuite se proclamer les seuls vainqueurs, était forte.

    Ils sont donc égaux et complémentaires, et c’est une bien meilleure complémentarité dans l’action pour la justice, que celle que l’on nous propose en tant que femmes chrétiennes en ce moment !

    Néanmoins, je reste un peu interrogative devant la violence de Yaêl avec son piquet.

    Fichtre !

    Mais est ce que cela ne fait pas tomber l’imagerie mièvre des femmes telle que l’Eglise tente de nous l’inculquer depuis deux siècles ?

    Michelle.C. Drouault

     

     


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  • Les représentations artistiques et graphiques de la famille au sein de son foyer, sont très récentes : elles prennent leur plein essor au XIXème siècle ; et on commence à en trouver en nombre certain à compter du début du XVIIème siècle.

    Les raisons en sont simples : jusqu’au XVIème siècle, il n’existe pas de délimitation nette entre la sphère publique et la sphère privée. Dans les villes européennes, les maisons communiquent entre elles, elles ouvrent sur les mêmes cours, les mêmes coursives, les galeries et les arcades où se pressent hommes, femmes, enfants vieillards, serviteurs, marchands. La vie est  avant tout sociale, dans la rue, dans le village ; et les diverses assemblées, fêtes saisonnières et religieuses rythment la vie collective, ne laissant qu’une faible part à l’intime.

    L’intimité n’est pas une valeur ; même la chambre conjugale est ouverte à tous vents…On vit sous le regard des autres.

                    L’école se fait au coin des rues et des places sur des bottes de paille, puis des bancs, à des assemblées d’ « écoliers » de tous âges : la notion de classe d’âge est totalement absente, ce qui compte, c’est le désir d’apprendre et de savoir ; nul ridicule à ce qu’un enfant de douze ans ait un niveau supérieur à un vieil homme qui souhaite s’instruire dans un domaine précis.

     

    Le concept d’ »enfance » est une découverte progressive.

    Jusqu’à la seconde moitié du XVIème siècle, les enfants sont considérés en êtres inachevés avant qu’ils n’aient l’usage de la parole ; puis, habillés en adultes miniatures, ils vivent au milieu d’eux, et sont priés de faire l’apprentissage des usages de leur milieu, et d’acquérir des capacités de discernement et de survie.

    Leur premier âge laisse indifférent-une indifférence de précaution, car ils peuvent si aisément être emportés par une maladie ou un accident-, irrité, ou encore amusé.

    Jugés incapables de comprendre ce qui les entoure, les jeunes enfants entendent tout des conversations et plaisanteries d’adultes, souvent à caractère sexuel ; ce n’est pas malséant. Sitôt sortis du berceau, ils n’ont pas de lit personnel, et dorment avec domestiques ou parents.

    Vers 7 ans, surtout pour les garçons, on commence à exiger d’eux décence et contrainte, afin de s’adapter à la vie collective, et de perpétuer la lignée, le commerce, le négoce ; en milieu rural le fermage et les cultures.

     

     La soi-disant « pureté » ou « innocence » de l’enfance, est une conception tout à fait nouvelle.

     Elle surgit au XVIIème siècle, avec les premiers traités d’éducation pour les deux sexes. (Jacqueline Pascal, Mme de Maintenon, diverses compagnies de Jésuites, les Oratoriens ; plus tard, Rousseau) Pour la première fois, on affirme l’utilité de séparer les enfants des adultes, pour ne pas « souiller » leur pureté initiale, et imprimer à leurs esprits mous comme de la cire, de bons principes.

    Si l’influence de l’Eglise n’est pas étrangère à ces changements, on note qu’en même temps, la sphère publique s’est rétrécie au profit du cercle privé.

    L’aristocratie et la bourgeoisie se retirent progressivement de l’espace et des réjouissances publiques, pour un « entre soi » de classe, *de salon ; coupé du « peuple », foule bigarrée et vivante qui occupe toujours les places les rues des  villes, bourgs et villages.

    C’est alors que la peinture représente davantage des portraits familiaux ou individuels  d’ « intérieur », marquant l’appartenance à une maisonnée.

    Néanmoins, la famille n’est pas encore nucléaire : cohabitent souvent deux générations (surtout en Europe du Sud) : le couple principal avec un père ou une mère veuf ou veuve, ou bien le couple et un frère ou une sœur encore célibataire. Bien souvent, les nombreuses morts des femmes en couches font cohabiter dans une famille les enfants issus de plusieurs lits.

    A cela s’ajoute la multiple domesticité ; Molière nous montre bien que le moindre quidam a toujours un valet. Cette domesticité n’est pas encore séparée des maîtres comme on le fera au XIXème ; elle participe pleinement à la vie familiale, et parfois est plus proche des enfants que leurs parents, qui conservent surtout un rôle d’autorité et de pouvoir.

    Cette demeure familiale, les enfants des classes aisées la quittent dés la naissance pour aller en nourrice, et y reviennent vers 7 ans, souvent pour repartir vers une institution religieuse, ou être confiés à une autre famille sous l’égide d’un « maître ». Les enfants des artisans et commerçants, bras indispensables, apprennent le métier soi chez eux, soit chez d’autres, pour revenir assurer la pérennité de l’entreprise.

    La famille, à taille variable, existe concrètement ; elle se resserre, pose des bornes, mais elle n’est pas encore exaltée, elle n’est pas un but ; le but principal est beaucoup plus la perpétuation d’une profession, d’un domaine, d’un lignage, d’une renommée, par le biais de la descendance.

    Pour notre grand bonheur, notre cher Molière a refusé de reprendre la charge de tapissier de son père….

     

    Peu à peu,  avec le concept de la spécificité de l’enfance, se fait jour le souci reconnu de leur éducation, au cours des XVII et XVIIIème siècles.

    C’est le développement de l’école par classe de sexe et d’âge, qui sert de viatique de passage vers l’âge adulte, et remplace l’apprentissage et le tutorat permanents de jadis.

    Les grands auteurs moralistes : Montaigne, Coulanges, Jean Baptiste de la Salle, ont réfléchi aux préceptes d’éducation nécessaires, relayés par les nombreux « traités », qui montrent une préoccupation grandissante de cette question, tant pour les garçons que pour les filles.

    En même temps, l’Eglise catholique a tourné la page du Sacré du Moyen Age pour se tourner vers les aspects moraux de la religion, sous l’influence des réformateurs.

    On rentre dans l’ère de « l’éducation chrétienne », sous la responsabilité des parents ; responsabilité qui est soulignée. Elle n’est plus dévolue à la collectivité, la socialisation passe du groupe à la famille : les bases de la famille moderne sont jetées.

    La représentation de la famille commence alors à être mise en exergue.

     

    Au XIXème siècle, la famille deviendra une véritable idéologie.

    Les raisons en ont été multiples : peur des ravages de l’industrialisation, découvertes scientifiques et début de l’hygiénisme, appels de pouvoirs politiques autoritaires à une morale religieuse, ou d’inspiration religieuse, pour limiter la contestation…des volumes entiers ont été écrits sur la question. Mais nous peinons à sortir de l’idéologie familialiste telle qu’elle s’est développée aux XIX et XXème siècle ; et certains ont tendance à confondre la « nature » avec cette construction issue des lentes évolutions successives de la pensée et des mœurs.

    La famille, et l’idée qu’on se fait du « bien des enfants », ou de leur intérêt, sont des notions mouvantes, datées, relatives.

    Cette relativité devrait nous amener à un peu de modestie ; et à éviter des proclamations naïves sur les « papas et les mamans » que les enfants devraient avoir constamment à leurs cotés pour bien se développer !

     

    Cependant, plusieurs questions paraissent dignes de réflexion :

    S’ils étaient loin d’être élevés dans la seule proximité constante de leurs parents, les enfants avaient en général la certitude leur filiation, réelle ou fictive. La honte de l’illégitimité, due au système patriarcal, semble avoir traversé les âges.

    Les questions de l’éducation et de la filiation sont donc distinctes.

    Enfin, ce regard permanent des autres, dans la vie sociale intense que nous avons observée précédemment, préservait- il davantage les enfants de la maltraitance ?

    Est ce que l’univers étouffant et triangulaire de l’époque moderne, de plus en plus réduit en raison du chômage et de la mobilité géographique, ne favorise pas la maltraitance par surcharge, exaspération, solitude ?

    Beaucoup de jeunes couples n’ont personne à qui confier leurs enfants pour faire des courses ou sortir,* et a fortiori peu de vie sociale. Nombre de jeunes mères n’ont plus l’étayage des autres femmes de leur famille pour les aider et les conseiller lorsqu’elles rentrent à la maison ; ce sont des professionnelles souvent débordées qui les remplacent, et pas systématiquement. On n’a jamais autant parlé d’ »aides à la parentalité » pour parents désemparés que depuis l’imposition de ce modèle familial.

    Surinvestis, surmobilisés, les parents de la famille nucléaire n’en peuvent plus…quand la famille n’est pas réduite à un seul parent, mère courage au sein d’un monde indifférent, et replié sur lui même.

    Voilà plutôt les enjeux de société sur lesquels nous ferions bien de nous pencher, au lieu de nous cramponner à des normes fluctuantes…

     

    Michelle.C. DROUAULT

     

     

    *1 mais comprenant toujours une vie sociale très active

    *2 il suffit pour s’en convaincre, de fréquenter les supermarchés le samedi

     

     

     

     


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  • Etre féministe et croyante, c’est possible !

    Cependant, en France particulièrement cette double posture n’est pas des plus faciles.

    Les mouvements féministes ont été le plus souvent soit étrangers à toute démarche religieuse, soit  totalement opposés.

    On peut les comprendre tellement les religions ont participé d’une manière ou d’un autre à la dévalorisation du féminin.

     Cependant, être féministe et croyante est possible.

    Ce blog voudrait le montrer.

    Vous pourrez y lire des articles qui montrent une manière de croire qui est non-discriminante pour les femmes.

    Vous y trouverez des analyses qui participent à la déconstruction de modèles infériorisant pour les femmes.

    Il y aura des portraits de femmes qui brisent les stéréotypes enfermants.

    Nous vous mettrons aussi en lien avec des sites féministes de toutes tendances dans la mesure où leur pensée et leur action sont libératrices.

    Vous pourrez nous envoyez des articles, donc devenir avec nous co-auteures de ce blog.

    Nous ? Deux femmes chrétiennes qui veulent par ce blog aider des femmes croyantes à sortir de l’anonymat, participer au nom d’une foi libérée, au juste combat des femmes dans le monde.

    Féministes et croyantes. Ce blog est ouvert à toute croyance : chrétienne  juive, musulmane, bouddhiste etc.

    Car des femmes de toutes ces religions se battent pour que la « valence différentielle des sexes » perde du terrain dans toutes les parties du monde.

    Donc unissons nos forces pour que notre foi, dans sa diversité, servent les femmes, dans la mesure où elles sont libérantes et parce qu’elles peuvent l’être !

    Michelle.C. Drouault et Michèle Jeunet


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  •  Est parue l’an dernier, en collaboration avec Djénane Kareh Tager : Suis-je Maudite ?  La Femme, La Charia et le Coran, de Lubna Ahmad al-Hussein, journaliste soudanaise qui s’était fait connaître pour avoir porté un pantalon, à Khartoum, et risqué… 40 coups de fouet !

    Porte-parole de toutes les femmes musulmanes qui veulent résister à l’intégrisme, elle a recueilli de nombreux témoignages de femmes maltraitées au nom de l’Islam, avant de fuir son pays pour pouvoir continuer à diffuser ses idées.

     

    Son objectif est de lutter contre les discriminations envers les femmes par une analyse claire et rigoureuse des textes du Coran, débarrassé de tout ce qui le fausse. Le problème résiderait, selon l’auteure, dans la « seconde source » de la religion, les « hadiths », qui rapportent des propos, faits et gestes du Prophète Mohamed recensés pendant les deux siècles suivant sa mort.

    Les mille trois cent hadiths existants combleraient les silences du Coran sur des sujets de vie quotidienne. Certains peuvent être tenus pour authentiques, d’autres beaucoup moins et les différentes écoles coraniques (chiites ou sunnites) ne s’appuient pas sur les mêmes.

    Pour l’auteure, ils doivent toujours être pris avec du recul, car ce sont des compositions humaines (alors que la révélation faite au Prophète est, pour un musulman, la parole même d’Allah). Mais pour certains musulmans, ils auraient fini par supplanter le Coran lui même.

    D’une façon plus large, l’auteure met en doute le bien fondé de la charia, cet ensemble de normes doctrinales, morales et relationnelles (le mot désigne quasiment le droit musulman) de l’Islam. Elle  estime que ces règles, contraintes et diktats figés ne correspondent plus aux sociétés modernes, au concept de droits humains et au respect dû aux femmes.

     

    Enfin, certains hadiths sont en contradiction flagrante avec le Coran. Ils sont d’autant plus suspects que, paraît-il, le Prophète se méfiait de ce qu’on lui faisait dire. Un des hadiths les plus fiables relate son interdiction d’écrire à son sujet. Le travail de l’auteure a consisté à détricoter ce lacis de hadiths. 

     

     Chrétienne, j’ai été frappée de la similitude de procédés des êtres humains de sexe masculin pour asseoir leur domination sur les femmes en se prévalant d’ordres divins :

    -le découpage et le tronçonnage de textes sacrés

    -la tenue pour véridique de textes peu fiables dés l’instant qu’ils renforcent la toute-puissance masculine

    -l’omission de textes qui mettent en scène des femmes valeureuses et croyantes.

    Ainsi, explique l’auteure, tous les hadiths ordonnant la soumission des femmes ont été retenus comme fiables, surtout par les écoles hanbalites (les plus fondamentalistes), tandis que ceux qui prônent respect et égalité à leur égard ont été écartés, même si leur source était relativement sûre.

    Pourtant, le Coran (2, 79) maudit « ceux  qui, de leur propres mains, composent un Livre et le présentent comme venant d’Allah… »

    Les crimes d’honneur, la lapidation, l’enfermement des femmes viennent tous d’interprétations de hadiths peu fiables.

    Le Coran lui même contredirait l’usage de la violence envers les femmes, conseillant aux hommes : « Comportez vous convenablement avec elles (vos épouses). Si vous ressentez de l’aversion envers elles, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien ». C’est là reconnaître qu’en tout être humain existe une parcelle de divinité.

     

    Pensons aux fréquents découpages, lors des mariages catholiques de jadis, des textes de Saint Paul ! Tous les parallèles entre l’attitude de l’époux et de l’épouse étaient supprimés, pour que soit seule évoquée l’appartenance du corps de la femme à son mari, et non la réciproque qui suit. (Corinthiens, 7, 4)

    De même, dans la Lettre aux Ephésiens (5, 22 à 33), était retenu « femmes soyez soumises à vos maris comme au Seigneur », tandis que la suite « maris, aimez vos épouses comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré Lui même pour elle » était occultée. L’affirmation que les maris doivent aimer leurs épouses comme leur propre corps disparaissait souvent.

     

    Démarche extrêmement courageuse, ce livre est une bataille contre la confiscation par les hommes de la parole divine pour la remodeler à leur gré.

    L’image de l’Islam dans l’opinion publique ne peut ressortir que grandie d’une telle entreprise.

     

    Saluons les efforts de toutes nos sœurs qui travaillent pour la vérité des textes et  luttent pour les droits des femmes en se réappropriant leur religion.

    C’est au péril de sa vie que Lubla Ahmad al Hussein a amorcé sa recherche et répondu à ses détracteurs. La fin de son livre rejoint Les pieds dans le Bénitier :

    « Je sais que ce livre me vaudra d’être accusée d’hérésie et de blasphème, mais je ne peux pas continuer à me taire. Ca suffit !».

     

     

    Michelle C. Drouault.

     

     

     


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